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La terre d'Israël fait relâche pour un an - La Chmita

Envoyé par claudia 
La terre d'Israël fait relâche pour un an - La Chmita
07 septembre 2007, 08:54
La terre d'Israël fait relâche pour un an

Par Matti Friedman AP - Vendredi 7 septembre, 13h52


KIBBOUTZ SDE ELIYAHOU, Israël - A compter de la semaine prochaine, les agriculteurs d'Israël vivent à nouveau leur drôle de dilemme: comment éviter la faillite tout en respectant le commandement biblique leur ordonnant de faire relâche aux champs pendant un an tous les sept ans... Une jachère sabbatique prônée par la Torah, qui fait fleurir les solutions de substitution byzantines.

Toujours en vigueur aujourd'hui en Israël, la "shmita", ce "shabbat en l'honneur de l'Eternel" réclame aux paysans juifs de laisser reposer les champs chaque septième année. La prochaine "shmita" s'ouvre au soir de Rosh Hashana, le Nouvel an juif, le 12 septembre cette année, et dure jusqu'à l'automne 2008.

Car Israël est une "terre sainte et particulière qui n'est pas comme les autres pays", selon le petit guide officiel édité par le Grand Rabbinat d'Israël destinée aux agriculteurs. Une terre qui "appartient au Créateur de l'Univers".

Cette obligation déclenche des querelles interminables entre Israéliens moyens et juifs ultra-orthodoxes, pousse à des arrangements avec les agriculteurs palestiniens à Gaza, et a forcé les rabbins à inventer des contournements byzantins pour ne pas violer l'esprit du dogme. Car, histoire de ne pas perdre leur clientèle orthodoxe, même les fermiers non-religieux respectent la "shmita".

Au kibboutz Sde Eliyahou, on cultive des épices, et 80% de la production est vendue à des sociétés de produits kacher respectant les règles édictées par les orthodoxes les plus stricts: ces clients-là se refusent à consommer ou vendre quoi que ce soit cultivé sur la terre d'Israël pendant la "shmita".

Pour éviter la faillite, la ferme collective a dépêché l'un des siens, Shaul Ginzberg, en tournée à l'étranger pour y trouver des épices produites ailleurs et commercialisables sous la marque Sde Eliyahou. Il n'a pu signer qu'un seul accord, avec une société néerlandaise qui fournira des épices au kibboutz tandis que ce dernier exportera ses produits vers l'Europe. Malgré cela, la "shmita" s'annonce difficile: "cette année, nous risquons de ne travailler que six mois, contre 12 d'habitude", explique Ginzberg.

Pour éviter la faillite aux agriculteurs, et ce depuis les débuts du sionisme au XIXème siècle, les rabbins chargés d'adapter les textes à la modernité ont inventé une solution arrangeante: l'interdiction ne concernant pas les champs ou vergers appartenant à des non-juifs, on procède à la vente symbolique le temps d'une année, les agriculteurs continuant à travailler une terre "appartenant" à quelqu'un qui n'est pas lié par la loi hébraïque... Pratique avalisée par le Grand Rabbinat et à laquelle ont recours la majorité des agriculteurs du pays.

Sauf les haredis, les plus orthodoxes des religieux, qui se refusent à acheter, vendre ou consommer légumes ou fruits produits sous ce système. Ils sont en revanche prêts à payer plus pour des produits importés, ou achetés à des agriculteurs arabes.

A Edah Haredit, le groupe chapeautant ces ultras, le rabbin Meir Bergman explique doctement: "la Torah dit qu'un agriculteur doit laisser ses champs reposer cette année, et que Dieu pourvoiera à ses besoins". "Malgré ma sympathie pour les difficultés des agriculteurs, cela ne nous autorise pas à briser les lois de la Torah". Et de suggérer que le gouvernement crée un fonds pour aider les paysans à tenir le coup.

Du coup, les ultra-orthodoxes se retrouvent à commercer avec une Bande de Gaza désormais sous contrôle du Hamas, le Mouvement de la résistance islamique.

A Gaza, Ali Khalil, qui dirige une association de plus de 200 agriculteurs, la "shmita" est un cadeau du ciel: son groupement a été contacté par des sociétés israéliennes pour leur fournir fruits et légumes pendant cette année sabbatique. Un contrat pour 110 millions d'euros.

"Nous n'avons cette chance que tous les sept ans", note Khalil, ajoutant: "c'est aussi la meilleure période, car les prix sont au plus haut". Il s'inquiète cependant de savoir comment assurer les livraisons, du fait de la fermeture des postes de passage entre Gaza et Israël depuis la prise du pouvoir du Hamas.

Selon Shlomo Dror, porte-parole de l'armée israélienne, Tsahal examine les moyens de laisser entrer les produits de consommation nécessaires pendant la "shmita".

Enfin, selon certains, le véritable esprit de l'année sabbatique a été perdu: dans les temps anciens, elle concernait toute la population, mais ne touche plus aujourd'hui directement que les 3% de juifs vivant de l'agriculture. Ils aspirent à une "shmita" modernisée, envisagée comme un impératif d'implication sociale, via une année de volontariat ou une prise de conscience écologique.

"Il faut voir ce qu'il y a derrière ce commandement", note Alon Tal, professeur à l'Université Ben Gourion et l'un des écologistes-phare du pays. "Dans le judaïsme, les gens ont une journée de repos, les animaux aussi, et la terre aussi a le droit au repos, et c'est une chose magnifique". AP
Re: La terre d'Israël fait relâche pour un an - La Chmita
14 septembre 2007, 09:29
Les ultra-orthodoxes israéliens exigent le respect de la shmita, année sabbatique pour les cultures
LE MONDE

Le célèbre rabbin séfarade Ovadia Yosef a approuvé, mardi 10 septembre, la vente de 2 millions de dunams de terres (200 000 hectares) à un Arabe d'Abou Gosh, non loin de Jérusalem. Et il n'est pas le seul. Des dizaines de rabbins ont donné leur accord, ou vont le faire, pour que des millions d'hectares de terres juives soient revendus à des Arabes, musulmans, druzes ou chrétiens. Ces ventes, très inhabituelles, sont dues à l'observation rigoureuse des règles de la Torah.




Ce texte sacré, qui conditionne la vie de la communauté juive, impose d'observer tous les sept ans une année sabbatique pendant laquelle les terres doivent être laissées en jachère. Elles doivent se reposer comme le font les humains le septième jour de la semaine. La loi rabbinique est la loi et il convient de la respecter. Cela s'appelle la shmita.

A l'occasion du Nouvel An juif, jeudi 13 septembre, jour où débute la 5 768e année du calendrier hébraïque, la question de l'année sabbatique se pose à nouveau. Jusqu'à présent, les arrangements étaient facilement acceptés. Il suffisait, en fait, de procéder à des ventes fictives de terrains à des non-juifs et le tour était joué. Cela permettait aux juifs de continuer à cultiver leurs champs et surtout d'obtenir le certificat de kashrout nécessaire pour vendre les produits et les consommer en accord avec les préceptes de la religion juive. L'année suivante, les terres étaient restituées aux propriétaires et personne n'y trouvait vraiment rien à redire. Sauf quelques orthodoxes ultras qui estimaient que ces tours de passe-passe ne respectaient pas la lettre des textes.


"LES LOIS DE LA TORAH"


Cette année 5768, les choses sont différentes. Les orthodoxes juifs, les haredim, font une énorme pression sur le grand rabbinat d'Israël pour que ces petits arrangements cessent et que l'on s'en tienne à la Halakha, le droit rabbinique. "Pas question de contourner les lois de la Torah même si l'on a beaucoup de sympathie pour les difficultés des paysans", explique le rabbin Meir Bergman, chef d'un groupe ultraorthodoxe. Et d'ajouter : "Dieu pourvoira à leurs besoins."

En fait, ces religieux fondamentalistes, dont le poids est de plus en plus important dans les institutions juives, menacent de ne pas acheter les produits qui seraient le fruit d'une violation des textes sacrés. Ce qui mettrait en difficulté de nombreux agriculteurs et ferait augmenter le volume des importations dommageables pour la balance commerciale. Et, paradoxalement, les producteurs arabes qui sont en mesure de tirer avantage de cette année sabbatique en vendant le fruit de leur labeur en Israël seraient, eux aussi, pénalisés.

Comme l'explique le rabbin Jacquot Grunewald : "Auparavant, tout le monde pensait que la Shmita aurait été une catastrophe, aujourd'hui, les haredim pensent que ce n'est plus le cas et qu'Israël peut supporter de respecter la Torah et que les compromis ne sont plus de mise."

Une requête a été déposée devant la Haute Cour de justice afin qu'une solution soit trouvée à cet épineux problème. Cette juridiction a donné une semaine au grand rabbinat pour qu'une décision collective soit prise à l'échelon national afin d'éviter que des rabbins locaux refusent les certificats kashrout en fonction de leur degré d'orthodoxie.

Le difficile dilemme est désormais entre les mains du grand rabbin ashkénaze Yona Metzger et du grand rabbin séfarade Shlomo Amar.

Michel Bôle-Richard
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