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Cacherout des poissons

Envoyé par Lu_sur_Adra 
Cacherout des poissons
11 décembre 2006, 22:44
Par Cacouboulou (Cacouboulou) le mercredi 06 décembre 2006 - 00h48:
L'autopsie d'un thon pratiquée par divers poissonniers, tendrait à prouver que ce poisson ne serait pas cacher !
Qui serait suffisamment informé pour démontrer le contraire ?
Merci d'avance pour l'info,

Par Albert (Albert) le mercredi 06 décembre 2006 - 08h13:
'...En effet Cacouboulou à cause du Télè-Thon...!'
Bien à vous...!

Par Henri (Henri) le mercredi 06 décembre 2006 - 11h45:
Le thon.
Il existe differentes sortes de thons, et la plupart sont cacher.
Mais il existe une sorte de thon qui ne possede pas d'ecailles et ce qui fait que ce thon specifique n'est pas cacher.
Yom tov.

Par Toufiq (Toufiq) le mercredi 06 décembre 2006 - 15h39:
beaucoup de rumeurs circulent sur le thon,bref,un cas de qu'en dira-thon.
pas de quoi hausser le thon.

Par Henri (Henri) le mercredi 06 décembre 2006 - 15h59:
Chalom Toufik,
Tu es le plus serieux des harissiens, tu as toujours le mot pour rire,cela nous change un peu de la morosite des specialiste en bolitik.
N'est ce pas Thonfik?

Par Cacouboulou (Cacouboulou) le mercredi 06 décembre 2006 - 20h42:
Salut Henri et merci de ta réponse, mais pourrais tu me donner les noms des espèces de thons dont tu as de visu constaté, qu'ils avaient des écailles ?
As tu demandé une fois au poissonnier de te présenter, une écaille de thon ?

Albert (Albert) le mercredi 06 décembre 2006 - 21h21:
Y' a aussi le THON THON flingeur...!
On en trouve pas mal ici...!

Par Toufiq (Toufiq) le jeudi 07 décembre 2006 - 00h24:
chalom henri,biber et tous,athonssion chers amis, pour la continuation sur le meme thon rendez- vous en bas au pitibi.

Par Meyer (Meyer) le jeudi 07 décembre 2006 - 02h11:
Pour compléter la réponse de Henri relative à la cacherout du thon, on peut rappeler les trois conditions pour qu’un poisson soit cacher : il doit posséder à la fois des arêtes, des nageoires et des écailles.
Les poissons comme le requin, la raie et l’esturgeon (d’où on extrait le caviar) ne sont pas cacher car ils n’ont pas d’écailles.
Le doute sur le thon provient du fait qu’il possède peu d’écailles et qu’il en perd la plus grande partie lorsqu’il est pêché.
A ma connaissance tous les bureaux de certification de produits cacher reconnaissent le thon comme poisson cacher. Cependant ils exigent une surveillance dans les conserveries pour vérifier que d’autres types de poissons ne sont pas conditionnés sous le nom de thon : espadons, requins ou autres.
Personnellement j’ai souvent trouvé une ou plusieurs écailles sur les tranches de thon frais que j’achète.
On peut trouver des explications plus détaillées sur la cacherout du thon dans les sites suivants :
[www.cheela.org] et surtout
[www.mk.ca]
Dans le site [www.sididaoud.com] on lit «Les écailles du thon sont toutes petites.»
[www.chazallet.com]
« Le thon est un poisson pélagique de grande taille, il appartient à la famille des scombridés espèces des thunidés, caractérisés par de vives couleurs, un corps fuselé recouvert de petites écailles.»

Par Bazooka (Bazooka) le jeudi 07 décembre 2006 - 15h55:
Merci Meyer pour ses infos pleinement documentees.
Le prochain qui m'escagasse sur adra se fera traiter "d'espece de thunide scombride !"
Bazooka / Capitaine Haddock

Par Meyer (Meyer) le jeudi 07 décembre 2006 - 17h25:
Bazooka ces discussions ne nous empêcheront jamais de nous régaler avec un complet-thon ou un sandwich tunisien.

Par Emile_Tubiana (Emile_Tubiana) le vendredi 08 décembre 2006 - 06h47:
Merci thon thon pour ta description et ta presentation des hauteurs des echelles en bois.
Tu nous fais rire, disent quelques femmes, gardez-vous de pleurer ! Repond Breitou. A bientot Thon Thon, tu merites ton sandwich avec des capres et de l'harissa et du THON de Sidi Daoud, evidement arose d'huile d'olive et quelques Zeitoun Akhder et des Zeitoun noires.
Bechffa! Saha et Bonne appetit.

Email (Email) le mardi 12 décembre 2006 - 18h54:
Bonjour,
J'ai suivi la discussion sur la cacherouth du THON et j'ai une question :
- Quand on dit d'une personne qu'elle ressemble a un thonnnnn, est-ce que cela veut dire que cette personne est cachere ?
Roger Gozlan
Raanana
(desole je ne sais pas comment enregistrer)

Re: Cacherout des poissons
12 décembre 2006, 01:23
Cacouboulou (Cacouboulou) le samedi 09 décembre 2006 - 01h57:

Salut Meyer,

Merci de tes info sur le thon (et ses écailles), cependant et selon le lien suivant

[www.dfo-mpo.gc.ca]

L'esturgeon aussi posséde des écailles dites "ganoïde ".

Les écailles ganoïdes se retrouvent sur le corps de poissons plus primitifs, comme les lépisostés et l'esturgeon. Ces écailles sont de forme rhomboïdale. Les rangées de scutelle osseuse qui recouvrent le corps de l'esturgeon sont des écailles ganoïdes modifiées.

Alors pourquoi, si l'esturgeon a des écailles, il n'est pas casher ?

Maurice (Maurice) le dimanche 10 décembre 2006 - 09h23:

Cacouboulou Ne donne pas trop à Tele THON ils peuvent t'écailler pour s'encailler eux meme vu le prix de la PUB et des organisations

Par Cacouboulou (Cacouboulou) le dimanche 10 décembre 2006 - 12h09:

Mais oui Maurice,
La vrai question à propos de l'esturgeon, c'est de savoir, si ce poisson ne souffrait pas d'une injustice, car à l'époque où fut pondu le Lévitique, on ne connaissait peut être pas l'esturgeon et ses écailles ganoïdes...
De ce fait, et à cause de cette ignorance, il nous est interdit de nous régaler de caviar, sauf bien sur, pour ceux qui le consomment en cachette, loin des surveillances indiscrètes.
Si tu peux nous apporter ta science en la matière, cela pourrait contribuer à faire avancer le progrès

Par Maurice (Maurice) le dimanche 10 décembre 2006 - 15h55:

Faites pour manger du caviar comme les rabins font le Shabbat.Pour allumer la Synagogue il faisait appel à un employé musulman ou mettait en marche une montre programée qui allumait ou etteignait .Nous quand on invitait un rabin ma mere connaissait mal la Cacherout mais comme ils etaient servis par une Juive si il y avait erreur le peché etait sur le responsable de l'erreur donc faites vous inviter , pour en manger

Albert (Albert) le dimanche 10 décembre 2006 - 17h04:

Après le THON, nous voici dans le CAVIAR....!
Et l'esturgeon....! Bientôt la RAIE...! Laquelle au fait....?

Par Meyer (Meyer) le lundi 11 décembre 2006 - 23h44:

Salut Cacouboulou,

" Alors pourquoi, si l'esturgeon a des écailles, il n'est pas casher ? "

Tu te trompes d’adresse. Tu dois consulter un rabbin ou le Beth Din le plus proche pour obtenir une réponse.
Je n’aurais pas l’orgueil de me déclarer possek (décisionnaire en halakha) alors que les règles prises dans ce domaine sont le résultat de siècles d’observations, d’études et de commentaires. Il n’y a que quelques poskim par génération, reconnus unanimement par leurs pairs pour leur savoir et leur expérience.

Chacun a l'entière liberté de se conformer ou pas à ces règles qui, dans le détail, ne sont pas toujours les mêmes pour toutes les communautés.

Si j’ai répondu à ton affirmation erronée relative au thon c’est uniquement pour rétablir les faits. As-tu résolu le problème de ton thon sans écailles ? Est-ce vraiment du thon que te vend ton poissonnier ? Pour confirmation le mien m’a montré comment les petites écailles de thon s’enlevaient facilement avec le doigt.

Pour ce qui concerne l’anatomie de l’esturgeon une partie de la réponse concernant les écailles se trouve dans le site que tu as indiqué, si seulement tu avais bien voulu tout citer.

[www.dfo-mpo.gc.ca]

« Les vrais poissons osseux ont des écailles cténoïdes ou cycloïdes. Les écailles cténoïdes ont une texture rugueuse en raison de leur bordure dentelée. Par contre, les écailles cycloïdes ont une surface lisse. Certains poissons tels que l'achigan, la perche et le vivaneau sont dotés d'écailles cténoïdes (leur peau est rugueuse au toucher). D'autres, tels que la carpe, le saumon, le hareng et la sardine, ont des écailles cycloïdes.
Les écailles ganoïdes se retrouvent sur le corps de poissons plus primitifs, comme les lépisostés et l'esturgeon. Ces écailles sont de forme rhomboïdale. Les rangées de scutelle osseuse qui recouvrent le corps de l'esturgeon sont des écailles ganoïdes modifiées.

On a des informations complémentaires à ce sujet :

[www.ifremer.fr]

L’écaille ganoïde : c’est une plaque osseuse recouverte d’émail. Elle recouvre l’esturgeon.

[www.aquatechnobel.be]

Une allure archaïque
L'esturgeon qui peut atteindre 4 m de long, se distingue des autres poissons par sa forme allongée, son corps dépourvu d'écailles, et son squelette peu ossifié.Il se caractérise encore par un rostre relativement long et pointu, une bouche ventrale protractile mais démunie de dents, une lèvre inférieure largement fendue, quatre courts barbillons sensoriels et une nageoire caudale asymétrique lui donnant, quelque peu, des allures de requin. A la place des écailles, il porte 5 rangées de larges écussons osseux (ou scutelles) 1 sur le dos, 2 sur les flancs et 2 sur le ventre.

[www.metro.ca]

Dépourvu d’écailles, l’esturgeon est recouvert de cinq rangées de plaques osseuses, ce qui, effectivement, lui confère un aspect plutôt préhistorique.

[www.dec.state.ny.us]

Instead of scales, five rows of large bony plates or shields (called scutes) cover the sturgeon's leatherlike skin. The scutes provide protection against predators and add to the fish's primitive appearance.

Il existe des dizaines d’espèces d’esturgeon. Certaines ne comportent pas du tout d’écailles à l’état adulte.

[www.monbassin.com]

L'histoire de l'Esturgeon remonte à l'époque du Haut Calcaire c'est-à-dire il y a 100 millions d'années avant JC. Il se distingue des autres poissons par son corps dépourvu d'écailles et son squelette incomplet ou peu ossifié.

On peut trouver beaucoup d’autres références à ce sujet.

En résumé : l’esturgeon est un animal marin primitif qui a peu changé depuis des dizaines de millions d’années, à l'aspect préhistorique. Son squelette est peu ossifié. Ce n’est pas un vrai poisson osseux. Quand il a des écailles, elles ont la consistance d’ongles ou d'os et sont fixées sur la peau; elles ne peuvent pas être enlevées sans la déchirer.

Ce que j’ai pu apprendre en quelques clics, les poskim l’ont découvert depuis longtemps et ont décidé de façon continue au cours des siècles, jusqu’à nos jours, que l’esturgeon ne correspondait pas aux critères des poissons cacher prescrits dans le lévitique.

Ce serait d’une grande vanité de vouloir remettre en cause leurs décisions sans avoir aucune qualification pour le faire. Et surtout sans aucune chance d'être suivi par qui que ce soit.

L'affaire est close en ce qui me concerne.

Par Bazooka (Bazooka) le mardi 12 décembre 2006 - 07h36:

Une petite question en passant, sur le sujet du poisson casher:
Meyer, vous nous dites que l'esturgeon est dote d'une nageoire caudale.
Sachant que le poisson casher doit avoir a la fois des ecailles et des nageoires (voir post de Cacouboulou du 10/12 20h52), une seule nageoire (a fortiori caudale) suffit-elle a en faire un poisson casher ?
Bonne journee.

Par Meyer (Meyer) le mardi 12 décembre 2006 - 08h56:

Bazooka, je ne suis pas en mesure de répondre à cette question. Il faut consulter une personne compétente dans ce domaine.

Par Henri (Henri) le mardi 12 décembre 2006 - 09h28:

Bazooka chalom,
Je ne suis pas competent en la matiere comme le dit Meyer, mais il est "admis" qu'en general, un poisson qui a des ecailles est cacher car il a aussi des nageoires.
Je pense qu'un rab specialiste dans ce domaine pourait nous eclairer.
En attendant, on peut se rabattre sur l'adam-hout qui, pour nous Tunes,vaut bien mieux que la caviar, c'est le caviar du caviar, surtout accompagne de Bouhka.
Yom tov lecoulam.

Par Bazooka (Bazooka) le mardi 12 décembre 2006 - 10h00:

Merci a vous deux.
Pas de pbm pour l'adam-khout, j'en fait mon regime hebdomadaire ...
J'avais bien compris qu'il faut DES ecailles et DES nageoires, le point que je soulevais est que l'esturgeon a UNE nageoire.
Je suppose d'ailleurs que depourvu de nageoires (a part la caudale), il doit nager en ondulant comme un serpent ou une anguille...

Par Cacouboulou (Cacouboulou) le mardi 12 décembre 2006 - 10h47:

L'esturgeon,

Voici l'image de l'esturgeon :

Tous peuvent constater de visu que ce poisson, possède des nageoires, de plus le site de l'Ifremer affirme que ses écailles sont ganoïdes, et à ce sujet le texte du Lévitique (11.9 à 11.12) concernant la casheroute des poissons, ne donne pas de précisions au sujet du type d'écailles à considérer, l'esturgeon répond donc positivement aux prescriptions de ce texte.

Point n'est besoin d'avoir recours à quelque poskim que ce soit, pour reconnaître une évidence.

Cacouboulou (Cacouboulou) le mardi 12 décembre 2006 - 11h01:

L'esturgeon,

Voici l'image de l'esturgeon :

J'espère que cette fois l'image sera bonne ?


Par Rd (Rd) le mardi 12 décembre 2006 - 10h57:
sachant que la transformation du foie par le gavage est une steatose, c'est a dire une degenerescence graisseuse pathologique, le canard ou l oie ainsi préparée est malade.
le foie gras est il cacher?

Re: Cacherout des poissons
25 juillet 2013, 09:14
l esturgeon a aussi une longevite hors de l eau pendant des heures
Re: Cacherout des poissons
14 août 2013, 13:18
LES FAUX FRÈRES DE LA GASTRONOMIE 3/6

15 août 2013
Le rouge et le blanc, thon sur thon

FRED LEBAIN POUR " LE MONDE "

Ile-d'Yeu (Vendée) Envoyé spécial

L'un, menacé, alimente les passions, l'autre remplit les conserves

Il y avait du sang partout. Sur les cirés des marins, sur le pont des bateaux et sur les quais. Même la mer rougissait, ce jour-là sur le port de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), où les thoniers débarquaient leur marée dans le vacarme des machines et les cris des hommes. Le gamin que j'étais n'a jamais oublié cette introduction sanglante à l'univers du thon rouge. Le lendemain, je n'ai pas mangé le thon en boîte - pourtant de bonne maison - servi au pique-nique, refusant d'admettre que ce poisson-là n'était pas celui qui saignait la veille sur le port. " Du thon, c'est du thon, un point c'est tout ! "

A cet âge-là, on connaît mal Thunnus thynnus, le thon rouge, et Thunnus alalunga, le thon blanc ou germon. Deux lascars qui parcourent en bancs serrés mers et océans, nourrissent le monde entier et défraient régulièrement la chronique. Ils appartiennent tous deux à la famille des scombridés, ont l'instinct grégaire et fréquentent les mêmes eaux de surface, le blanc les préférant à 15-20 oC.

On les distingue par la couleur, le germon étant le seul de la famille des thonidés à la chair claire, presque blanche, alors que les autres ont le teint sombre. Plus petit (1,30 m et 45 kg au maximum) que le rouge, qui peut dépasser les 2 mètres et les 300 kg, il est principalement destiné à la conserverie, alors que l'autre se consomme frais. Ils sont chacun les meilleurs dans leur catégorie, mais sur les 4,5 millions de tonnes pêchées chaque année dans le monde, ils ne sont que poussière.

Thunnus thynnus est un sanguin. Il aime la bagarre, et sortir de l'eau une pièce de 100 kg nécessite une belle partie de manivelle. Peu d'espèces suscitent autant de passion que ce thon rouge de Méditerranée, aussi recherché que menacé. Quelque 80 % atterrissent au Japon, où le toro, la ventrèche moelleuse, est apprécié par les amateurs de sushi et sashimi. Ils sont vent debout contre les quotas et les restrictions. Celui que les Anglo-Saxons appellent bluefin tuna n'est pas insensible à l'argent. Régulièrement, une pièce atteint des prix extravagants sur le marché aux poissons de Tsukiji, à Tokyo : 565 000 euros pour un spécimen de 269 kg, en janvier 2012. Pour lui, on trafique, on triche et on viole (les quotas).

Jusqu'au début des années 2000, la pêche industrielle a prélevé sans vergogne au mépris des règles et des avis d'experts. Gros navires, gros filets et gros profits, renforcés par la contrebande. Il a fallu l'activisme des ONG (Greenpeace, WWF, etc.) et la reconnaissance comme espèce menacée par l'ONU, en 2009, pour que les instances compétentes engagent une politique de restriction des volumes de pêche, indispensable à la reconstitution des stocks menacés.

Jamais scientifiques et pêcheurs ne se sont accordés sur l'état de la ressource. Etudes et analyses d'un côté, savoir-faire et expérience de l'autre, la bagarre est permanente. Lorsque, au bout de vos baguettes, vous trempez ce sashimi de thon dans la sauce soja, vous ignorez tout du drame qui a précédé le service de cette délicatesse. Thunnus thynnus est en effet un comédien confirmé avec un seul titre à son répertoire : suis-je ou ne suis-je pas là ?

Sa dernière représentation durant la saison 2013 fut remarquable. La France disposait d'un quota de 2 471 tonnes, réparties en 2 199 tonnes pour la Méditerranée et 247 tonnes pour l'Atlantique, le reste étant pour la plaisance (25 tonnes). Après des années de tricheries, pas question de mollir sur le règlement. Les onze thoniers senneurs qui sont partis de Sète le 20 mai pour pêcher les 1 300 tonnes qui leur étaient allouées devaient embarquer un observateur indépendant, localiser en permanence leur position, déclarer quotidiennement le volume de leurs captures et ne débarquer que dans des ports désignés par les préfets de région en prévenant à l'avance de leur arrivée. Six patrouilleurs de haute mer, 22 patrouilleurs côtiers et 11 patrouilles aériennes avaient été mobilisés par l'Agence européenne de contrôle des pêches.

En dépit de ces contraintes, les thoniers sétois sont rentrés au port ravis, quinze jours plus tôt que prévu. Ils avaient atteint leur quota en quatre à cinq jours. Le thon rouge était au rendez-vous. " C'est bien simple : en trente ans de pêche, je n'avais jamais vu ça. Il y avait des thons partout. Et du gros poisson, en plus ", affirme Généreux Avallone, important armateur sétois, qui n'en revient pas. Après une campagne aussi rapide et fructueuse, le public, perplexe, s'interroge : le thon rouge est-il de retour, alors qu'on annonçait sa disparition pour 2012 ? Thunnus thynnus en rigole encore.

Le thon blanc est plus taiseux. Reconnaissable à la longueur de ses nageoires ventrales (alalunga) et présent dans toutes les mers, Thunnus alalunga n'a jamais cherché la polémique. Dédaigné avant l'invention de la conserve, il était salé grossièrement à bord des bateaux, coupé en tranches et mariné dans l'huile ou le vinaigre pour les gens du littoral. Sa vie a changé après l'invention d'Appert et la multiplication des conserveries alimentées par la pêche industrielle.

En 2010, le marché français de la conserve de thon représentait 112 000 tonnes et plus de 50 % des volumes d'achat de produits aquatiques en boîte. L'interdiction, en 1998, du filet maillant dérivant ayant sonné le glas de la pêche au germon, le millier de tonnes débarquées bon an mal an dans les ports français ne suffit pas à la demande. La mondialisation y remédie. Nous importons environ 100 000 tonnes de conserves par an. Il en arrive de partout : 18 000 tonnes d'Espagne, 19 000 de Côte d'Ivoire, 13 000 des Seychelles, 12 000 d'Equateur (Agrimer). De toutes les espèces et sous toutes les formes.

Selon une étude de Greenpeace (2010), 30 ‰ de ces conserves testées dans une douzaine de pays étaient mal étiquetées ou contenaient des espèces différentes, voire plusieurs espèces mélangées. Au premier rang, le listao ou bonite à ventre rayé (Katsuwonus pelamis), qui n'est pas vraiment un thon mais qui y ressemble et qui abonde dans les eaux tropicales. Il est suivi par l'albacore, yellowfin pour les Anglo-Saxons, aussi familier des tropiques. A eux deux, ils représentent 85 % du volume de la pêche et l'essentiel du carburant de la conserverie industrielle.

Beaucoup de ces produits vendus pour du thon blanc sont destinés à l'agroalimentaire. Ils finissent en miettes dans les salades et autres plats préparés, mais on les trouve aussi en grande surface. Témoin, cette nouvelle gamme lancée par Saupiquet " Pour un été tout en couleur ". En cherchant bien, on découvre que ce " thon entier cuit à coeur au naturel " annoncé sur le couvercle est de la bonite (listao, 57 %). Sans compter que le propre du thon au naturel est justement de ne pas être cuit.

Rien n'est plus simple que cette conserve. Acheté frais et entier, le germon doit passer une nuit au froid pour raffermir. Il est ensuite paré à la main, le ventre réservé pour les filets et le reste découpé en tronçons de la taille du contenant choisi. Désarrêté, rincé dans la saumure, emboîté et recouvert d'eau salée, il est serti et stérilisé. C'est ainsi qu'il est le meilleur, et les gens du métier savent bien que les épices, aromates et autres sauces ne servent qu'à donner du goût à une matière première de seconde qualité. En sashimi ou en boîte, le rouge et le blanc s'apprécient nature.

J.-P. Géné

Deux livres de Bernard Groisard pour comprendre la pêche au thon :

" Pêcheur, une vie, un métier, une passion " (2009). " L'Ile-d'Yeu, cinquante années de pêche au thon " (2006).

Editions Héron & Héron, 02-51-39-54-50.

Prochain article : les lentilles.

© Le Monde

FRED LEBAIN POUR " LE MONDE "


Pièces jointes:
Thons-LM-150813.jpg
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