Bienvenu(e)! Identification Créer un nouveau profil

Recherche avancée

Torah et Science

Envoyé par lapid 
Re: Torah et Science
18 septembre 2010, 16:49
- Par Victor Sitbon*

2005 a été célébrée comme l’année de la Physique. En quoi notre communauté a-t-elle été particulièrement concernée ?

2005 marque le centième anniversaire du célèbre article d’Albert Einstein sur la théorie de la relativité restreinte suivi dix ans plus tard de celle sur la relativité générale. Ces deux théories allaient bouleverser de façon durable la vision que les hommes de science avaient de l’espace et du temps, ainsi que de celle de l’Univers.

Par ailleurs, environ 20% des prix Nobel de physique décernés au XXème siècle ont été attribués à des savants ayant des racines juives : de A. Michelson à C. Cohen-Tannoudji.

Une telle proportion trouve son explication dans le fait que la majorité de ces hommes soumise aux grands totalitarismes du siècle, s'est réfugiée dans les sciences. L’entraînement à l’étude, au questionnement et à la recherche auquel leurs parents proches les avaient habitués, a fait le reste. Certains d’entre eux étaient pratiquants, d’autres, à l’extrême, athées. Rappelons qu’en 2004, deux israéliens, A. Hershko et A. Ciechanover ont reçu le Prix Nobel de chimie.

Le premier paragraphe de Berechit (la Genèse) constitue le point de rencontre du spirituel et des sciences, en particulier la cosmologie.

L’OBJET DE LA COSMOLOGIE

La cosmologie porte sur l’étude de l’Univers sous ses différents aspects. Elle analyse le comportement de tous les objets qui le composent (planètes, étoiles, nébuleuses, trous noirs, galaxies, amas), leur contenu, leur origine et leur évolution. Contrairement à la cosmogonie qui fait appel à des mythes, elle s’appuie sur des faits avérés ou des modèles physico-mathématiques.

La tradition grecque d’un univers statique a fortement influencé les savants jusqu’au milieu du XXème siècle, y compris A. Einstein. Décrivons brièvement ce que nous savons aujourd’hui.

Notre Terre n’est qu’une infime poussière dans l’immensité du Cosmos. Elle fait partie du système de neuf planètes gravitant autour du Soleil, une étoile parmi 200 milliards d’autres au sein de notre galaxie, la Voie Lactée. Les étoiles naissent dans des espèces de pépinières que sont les nébuleuses. Les trous noirs sont le résultat de l’effondrement sur elles-mêmes de grandes étoiles massives parvenues à la fin de leur vie, après avoir consommé tout leur carburant nucléaire. La densité des trous noirs est alors telle que la lumière passant à leur voisinage est captée, d’où leur nom.
Imaginons que le Soleil corresponde à une orange placée au milieu de la place de la Concorde, la Terre aurait alors la dimension d’une tête d’épingle…

Au-delà, comme le disait E. Kant, nous entrons dans des «univers îles » que sont les galaxies regroupées en amas. L’unité de mesure dans ces espaces est l’année-lumière, c'est-à-dire la distance parcourue par la lumière (vitesse (c) = 300.000 km / seconde environ), en une année. Pour donner une petite idée de la signification de cette distance, imaginons que le Soleil corresponde à une orange placée au milieu de la place de la Concorde, la Terre aurait alors la dimension d’une tête d’épingle et serait située à un mètre du soleil. L’année-lumière serait équivalente à la distance Paris-Evreux. La lumière émise par le soleil met environ 8 minutes pour nous parvenir.

Les galaxies se rassemblent dans des amas. On dénombre environ 150 milliards de galaxies dans l’Univers dont la dimension est estimée à 15 milliards d’années-lumière. Son âge est évalué à environ 15 milliards d’années. Compte tenu de la vitesse limitée de la lumière, plus l’observation est lointaine, plus la vision est celle du passé : le nombre d’années-lumière est en même temps celui du passé observé.

Comment peut-on alors parler d’âge de l’Univers si celui-ci n’a jamais eu de commencement et est statique, donc éternel, comme le pensaient les philosophes grecs (Ptolémée, Aristote, ..) ?

LES CONNAISSANCES RECENTES EN COSMOLOGIE

Pour comprendre les évolutions récentes, il convient de résumer en quelques phrases, l’extraordinaire apport des théories de la relativité.

La relativité restreinte explique tout un ensemble de problèmes que la physique classique ne sait pas résoudre. Ses deux grands postulats sont les suivants :

- toutes les lois de la physique sont inchangées dans un référentiel se déplaçant à vitesse constante
- aucun objet ne peut dépasser la vitesse de la lumière qui constitue une vitesse limite infranchissable.

De ces deux postulats, il résulte que quand un objet approche la vitesse de la lumière (c), sa longueur se contracte et son temps propre se dilate. Cette conclusion a été maintes fois vérifiée.

En fait, le rapport intime qui existe entre le temps et le déplacement dans l’espace fait que nous vivons dans un espace d’évènements à quatre dimensions, appelé « espace-temps ».

L’autre grande conclusion est l’équivalence de la matière (de masse m) et de l’énergie (E) qui se traduit par la célèbre formule E = mc2 qui fonde le principe de base de l’énergie nucléaire. La relativité restreinte a éclairé d’une vision nouvelle le monde de l’infiniment petit.

La relativité générale concerne l’infiniment grand, c’est à dire l’espace cosmique, et a permis de comprendre des observations non expliquées par la mécanique classique de Newton (exemple : le comportement anormal de l’orbite de Mercure autour du Soleil) et d’anticiper sur des phénomènes tels que la déviation de la lumière à proximité de grandes masses comme les galaxies et les étoiles denses, ou encore l’existence des trous noirs. La relativité générale consiste en un système d’équations complexes. La déduction principale de ce système est que toute présence de matière ou d’énergie importante courbe le tissu de l’Univers.

La recherche de solutions au système d’équations a conduit de façon concomitante deux physiciens, l’un russe juif, Friedman, l’autre, belge, l’abbé Lemaître, à des solutions qui ont abouti à la conclusion que l’Univers est en expansion perpétuelle. Cette conclusion a décontenancé Einstein lui-même imprégné, comme tout européen cultivé, de la pensée grecque d’un univers statique. Il refusa ces solutions, quitte à modifier ses équations par l’introduction d’un artifice appelé « constante cosmologique » pour obtenir une solution « statique ».
La démonstration de l’expansion de l’Univers par Hubble conduisit Einstein à réviser sa position.

En 1929, l’astronome Hubble démontra la réalité de cette expansion. Les galaxies s’éloignent les unes des autres, et plus elles sont distantes et plus la vitesse d’expansion est importante. En fait, les galaxies ne se déplacent pas, c’est le tissu même de l’Univers qui se dilate, elles sont comme des points sur un ballon que l’on gonfle. Finalement, A. Einstein en convint et avoua que « Ce fut la plus grande erreur de sa vie ».

Mais alors si l’Univers est en expansion, c’est que dans le passé, il était plus petit. La loi d’expansion de Hubble aboutit à ce que, il y a environ quinze milliards d’années, l’Univers était plus petit qu’un atome ; il avait la plus petite taille que la physique moderne peut concevoir, la longueur de Planck qui est la limite de connaissance de la physique actuelle, appelée aussi « point singulier » ou « mur de Planck ». Aller au-delà de ce mur est, aujourd’hui et probablement à jamais, hors d’atteinte des possibilités humaines, si ce n’est par de pures spéculations mathématiques.

On se trouve alors dans le domaine de l’unification complète des quatre forces de la nature (la gravitation, les ondes électromagnétiques, la force électronucléaire faible, la force électronucléaire forte). A l’instant zéro, le temps ne s’écoule pas. Seul le vide quantique contenant une énergie considérable existe. L’univers, représenté par un point singulier est d’une parfaite symétrie (super-symétrie). Les fluctuations du vide quantique se manifesteraient au travers des cordes (concept physico-mathématique théorique) par les particules les plus élémentaires (électrons, quarks, photons, bosons, etc.) et de leurs anti-particules. C’est encore une bouillie, à densité infinie, où sont confinées et unifiées les quatre grandes forces de la nature.

La vision de l’infiniment grand s’identifie ainsi à celle de l’infiniment petit. Mais alors Qui a brisé cette parfaite symétrie et Qui a déployé l’espace et le temps (le Big Bang) ?

Au fur et à mesure de l’expansion (inflation), l’Univers se refroidit, la densité baisse. Les premières particules élaborées de la matière (protons, neutrons) apparaissent. Au bout de trois cent mille années (mesure rétroactive à partir de la loi de Hubble), les ondes électromagnétiques dont la lumière, sont libérées et inondent l’Univers. Le télescope Hubble a pu percevoir et préciser l’image radio de cette « lumière » primordiale, appelée fonds diffus cosmologique. Cette découverte est à rapprocher de la lumière créée au premier jour de la Création (voir les ouvrages de Nathan Aviezer, Au commencement …, et de J. Goldberg, Science et tradition d’Israël). Le mot Yom au début de Béréchit, a été malencontreusement sorti de son contexte et a été traduit par « jour ». En fait, sa signification serait plutôt celle de phase dans le processus de la Création. Ce qui n’enlève rien au caractère sacré du Chabbat (voir le livre de Moïse Sibony, Le jour dans le judaïsme)

QUE DIT BERECHIT ?

La première phrase de Berechit (Genèse) est :

« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. Et la terre était tohou et bohou … ».

Le mot est un hapax, c'est-à-dire un mot unique introuvable ailleurs dans le Tanakh (la Bible hébraïque). En fait, il s’agit probablement d’un mot construit dont le sens courant, chaos, est problématique, dans son contenu comme dans sa construction. En effet, la notion de chaos n’est pas essentielle dans les commentaires de nos Sages. Tout en respectant l’autonomie de ces commentaires,qui procèdent d’un autre mode de pensée (plus le pourquoi que le comment), il convient de noter que la science elle-même, dans ses évolutions récentes, semble plutôt s’orienter vers l’idée d’un ordre primordial.

Analysons de près le terme « tohou et bohou ». Au milieu, nous trouvons une conjonction de coordination. Si on l’ignore, il reste . Une traduction littérale de ce dernier terme signifierait « par Lui, dans Lui ». Le sens ici est que Dieu Se suffit à Lui-même. La logique cause-effet ne Le concerne pas

Le Tav du « par Lui » est aussi la première lettre du mot Torah,le du « dans Lui » est la première lettre de Berechit, le principe même de la Création traditionnellement traduit par « Au commencement.. ». La Torah précède ainsi la Création.

Si on enlève les lettres et , que reste-t-il ? . La racine du tohou et bohou est ainsi un ordonnancement, un ordre (ou encore une anti-symétrie) qui interpelle quand on pense à la super-symétrie du point singulier du début de l’Univers. Cet ordre s’exprime par une entropie (mesure de désordre) nulle et par une information infinie, c'est-à-dire celle de la certitude absolue. D.ieu S’ennuyait-Il ? Toujours est-il qu’Il a voulu créer une certaine distanciation par l’action (concept d’Elokhim : ), imposer un désordre nécessaire à la Vie laquelle est, en fait, un ordre local auto-organisé, de plus en plus complexe, dans le désordre croissant que génère l’expansion de l’Univers. En quelque sorte, Dieu a accepté de se départir d’une étincelle de son infinité (Tsimtsoum) pour donner le libre arbitre à l’Homme, sommet de la Création.

L’autre nom de Dieu dans la Bible est : double Yod de Sa transcendance et de Son immanence (thème récurrent dans la Kabbale). L’action se traduit par la brisure de symétrie qui peut s’interpréter comme l’apparition du Yod de l’immanence et, par ailleurs, l’éloignement ou la disparition, dans , du dernier Vav , à gauche, symbole, ici, de l’antimatière, laquelle interdit toute vie possible, pour donner le tétragramme, signature de Dieu . L’autre Yod, la transcendance, n’est à peine perceptible pour l’Homme que par une forte ascèse dans l’étude de la Torah.

Le tétragramme n’apparaît qu’au chapitre 2, verset 4 de Berechit, au moment où Dieu crée l’homme et la femme, comme si toute la Création était centré au final sur l’Humain.

Plutôt que le Hasard, le principe anthropique adopté par plusieurs cosmologistes, principe selon lequel l’Univers n’existe que parce que l’homme existe, rejoint ainsi le principe torahnique.

QUE DIT LE ZOHAR ?

On trouve dans le Zohar, dans les commentaires des chapitres de Berechit, des passages qui montrent des analogies troublantes par rapport à la vision de la cosmologie moderne.

En effet, voici les passages -traduction de Charles Mopsik- que l’on peut lire et interpréter (nous pouvons lire, entre parenthèses et en italique, les rapprochements que l’on peut envisager) :

«Une flamme obscure jaillit du frémissement de l’Infini (infiniment petit), dans l’enfermement (atomes, noyaux, électrons et force nucléaire faible) de son enfermement (quarks et force nucléaire forte). Telle une forme (certitude et ordre) dans l’informe, inscrite sur le sceau, ni blanche, ni noire, ni rouge, ni verte, ni d’aucune couleur. Quand ensuite, Il régla le commensurable (quatre dimensions de l’espace-temps et la métrique), Il fit surgir des couleurs (forces électromagnétiques et la lumière) qui illuminèrent l’enfermement (fonds diffus cosmologique) » …

« Jusqu’à ce que, par l’insistance de sa percée (force de l’expansion contre la gravité), elle mette en lumière UN POINT TENU (point singulier), enfermement suprême. Par delà ce point, c’est l’inconnu (mur de Planck), aussi est-il appelé Commencement, autrement dit la primauté de Tout. »

« Alors ce commencement se déploie et se construit un Palais (expansion de l’univers) pour Sa gloire et Sa louange. En ce palais, est semée la semence de Sainteté, féconde pour le monde (la Vie et l’Homme) »

« Ce sont les lettres qui ont été gravées, le sens intime de la Torah, qui jaillirent du point. »

Rappelons enfin, les commentaires sur les premiers versets de Berechit de Nahmanide qui parle d’une création en-nihilo du « yesh mi'ayin », de cette substance ténue originelle « dak, ein bo mamach » qui recèle toute l’information nécessaire à la Création et à la Vie.
Après lecture de ces passages, on ne peut que se poser la question suivante : Si A. Einstein, juif laïc, avait été un lecteur du Zohar ou de Nahmanide, et avec toute l’admiration et le respect qu’on lui doit, aurait-il commis « la plus grande erreur de sa vie » ?

On se retrouve à ce niveau devant la question fondamentale : le rapport entre information et énergie (et donc matière) qui a été souligné par le spécialiste de la théorie de l’information dans le domaine quantique, L. Brillouin. Va Omer Helohim ..., Ve Daber Adonaï … = Et Dieu dit ..

INTERPRETATION GUEMATRIQUE

Quand on calcule les chiffres attachés respectivement au tétragramme- - (26) et à la racine du Tohou va-Bohou- - (22), la différence est de quatre, valeur de Daleth qui signifie porte, pour porte du Palais.
Ce chiffre, pour A. Steinsaltz, est aussi le symbole de la diversité de la matière et de la vie.

Selon la théorie des cordes (tentative théorique d’unification de la relativité générale et de la mécanique quantique), l’Univers aurait 11 dimensions dont 7 enroulées sur elles-mêmes. Les 4 dimensions déployées-3 d’espace, 1 de temps-sont nécessaires et suffisantes pour qu’il y ait la vie (démonstration établie par P. Ehrenfest).
C’est aussi le nombre de forces d’interaction (voir ci-dessus) nécessaires pour que la chimie et donc, la Vie apparaissent.

De nombreuses autres occurrences fondamentales existent faisant intervenir le chiffre 4, en particulier,

- les quatre équations de Maxwell de l’électromagnétisme
- les quatre constantes universelles : c, vitesse de la lumière dans le vide,
h, constante de Planck dans la mécanique quantique,
g, la constante de gravitation de Newton,
k, la constante de Boltzmann (physique statistique)

- les quatre principes de conservation (quantité de mouvement, moment cinétique, énergie, charge électrique) et ceux (4) de symétrie (homogénéité de l’espace, isotropie de l’espace, homogénéité du temps, symétrie de jauge) d’Amélie Noether, scientifique et humaniste juive longtemps méconnue. Elle a été la première femme professeur à entrer, en 1918, à la prestigieuse Université de Göttingen, en acceptant pour cela de ne pas être rémunérée. Elle en a été exclue en 1933 par les Nazis et a émigré aux USA.

En conclusion, nous espérons qu’au travers de ce texte, nous avons d’une part honoré les grands scientifiques qui ont fait avancer l’Humanité, et d’autre part rendu un peu plus compréhensible, la traduction particulière du Tohou va-Bohou, donnée par Rachi de Troyes (XIIème siècle), le grand commentateur de la Torah : « étonnement, stupéfaction »


* Victor Sitbon est ingénieur de l'Ecole Centrale de Paris, Docteur en sciences physiques, licencié en sciences économiques et diplômé du CPA (centre de perfectionnement dans l'administration des affaires). Il a été, pendant 40 ans, dirigeant d'entreprise. Il est professeur au CNAM depuis 20 ans et continue à conseiller des dirigeants.
Re: Torah et Science
23 septembre 2010, 06:15
La traversée de la Mer Rouge expliquée par la science - Par Yves Miserey - Le Figaro - 23 septembre 2010



Une étude affirme que le phénomène relaté dans la Bible serait d'origine naturelle.

«Moïse étendit sa main sur la mer, et l'Éternel fit reculer la mer, toute la nuit par un vent d'est impétueux, et il mit la mer à sec, et les eaux furent divisées. Les enfants d'Israël entrèrent au milieu de la mer, dans son lit desséché, les eaux se dressant en muraille à leur droite et à leur gauche» (Exode, versets 21 et 22).

La sortie d'Égypte est assurément un des épisodes les plus grandioses de l'Exode et sans doute l'un des plus difficilement explicables. Deux chercheurs américains affirment pourtant être en mesure de retracer les circonstances et le lieu où la mer aurait pu naturellement s'ouvrir devant Moïse et ses compagnons, il y a près de trois mille ans. L'événement se serait produit non pas en mer Rouge à l'occasion d'un tsunami, comme le prétendaient certains chercheurs, mais dans le delta du Nil, sur une lagune peu profonde, après une nuit entière de vent fort continu. «Nos simulations collent bien avec le récit de l'Exode», assurent Carl Drews et Weiqing Han, de l'Université du Colorado.

ANIMATION VIDÉO - Simulation du retrait des eaux :




L'argumentation n'est pas entièrement nouvelle. Elle s'appuie sur un phénomène physique et météorologique bien connu que deux chercheurs russes avaient déjà avancé. Quand un vent fort souffle de façon continue au bord d'un étang, d'un lac ou d'un océan, il pousse la surface de l'eau perpendiculairement vers la droite dans l'hémisphère Nord, vers la gauche dans l'hémisphère Sud. Le phénomène est connu en anglais sous le terme de wind setdown. C'est ce qui se serait passé il y a trois mille ans en Égypte : la mer en s'écartant aurait laissé apparaître une langue de terre, créant ainsi un passage. «Le phénomène est observable à moindre échelle dans le sud de la France. Les vents d'est ont tendance à faire monter le niveau de la mer le long de la côte au point que, parfois, le Rhône a du mal à s'écouler», explique Guy Caniaux, de Météo France. À l'inverse, s'il y avait des vents d'ouest - ce qui n'arrive jamais dans la région -, le niveau de la mer aurait tendance à baisser.

Au XIXe siècle, un officier britannique avait observé dans la lagune de Menzalé, dans le delta du Nil, un phénomène comparable à celui raconté dans l'Exode. Le vent qui avait soufflé très fort pendant une longue période avait vidé une partie du lac, l'eau s'était retirée au loin et les personnes pouvaient le traverser à pied.

Le lac de Tanis

À partir de ce témoignage, les deux universitaires ont examiné la carte du delta du Nil établie à partir du texte de l'historien grec Hérodote. La mer Rouge est en effet trop profonde pour avoir pu s'ouvrir par la seule force du wind setdown. Il leur fallait trouver un lac peu profond où un vent orienté à l'est aurait pu écarter les eaux, exactement comme le rapporte la Bible. Le lac de Tanis qui était alors bordé au sud par une langue de terre offrait une configuration idéale. Les deux chercheurs ont donc modélisé plusieurs scénarios pour savoir quelles conditions météo auraient pu permettre l'exode des Hébreux, ces derniers n'ayant que quelques heures pour franchir les fonds sableux et vaseux du lac (voir infographie). «Leur étude est scientifiquement très sérieuse», estime Guy Caniaux. Des travaux complémentaires devraient toutefois permettre d'explorer plus sérieusement cette piste.

En abandonnant la piste de la mer Rouge, les chercheurs ne sont pas isolés. Des interprétations récentes de la Bible préfèrent en effet traduire par «mer de joncs» ou «mer de roseaux».


Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter






HARISSA
Copyright 2000-2024 - HARISSA.COM All Rights Reserved