Interdire le « Parti anti sioniste », le combat de Meyer Tangi
Par Sarah Dray pour Guysen International News
12 juillet 2009 22:07
« Quand les gens critiquent les sionistes, ils veulent dire les juifs, votre propos est antisémite ». Cette déclaration de Martin Luther King datant de 1968, est plus que jamais d’actualité dans un contexte de résurgence de l’antisionisme incarné par le parti extrémiste de Dieudonné. Depuis le 8 mai 2009, date de la présentation de la liste du « Parti anti sioniste » aux élections européennes en Île-de-France, les acolytes du « comique » n’ont eu de cesse de provoquer par leurs déclarations. Leur slogan « lutter contre le sionisme, c’est lutter contre l’antisémitisme », a d’ailleurs de quoi choquer.
Ce choc, Meyer Tangi, professeur à l’Institut de recherche francophone d’Histoire Juive, l’a ressenti en découvrant les affiches du « Parti anti sioniste » dans la rue. Meyer Tangi dévoile son projet de faire interdire la formation politique de Dieudonné.
Le combat de M. Tangi, c’est de faire interdire juridiquement le « Parti anti sioniste ». Ce parti, malgré ses statuts outrageants, est autorisé en France sous couvert de la libre expression. Pour le faire censurer, il s’agit donc, en premier lieu, de prohiber juridiquement l’antisionisme en faisant adopter une loi.
Vitrine de l’action de l’enseignant, un site Internet (www.loi-contre-antisionisme.org), lancé le 3 juin dernier. Son but : sensibiliser les élus de la République et les citoyens français aux dangers de l’antisémitisme exprimé à travers l’antisionisme. Le Comité, dont Meyer Tangi est le porte-parole, a dernièrement écrit une lettre au Président de la République, consultable sur le site.
Meyer Tangi a également pris langue avec les leaders de la communauté juive : « J’ai écrit et téléphoné à un grand nombre de responsables communautaires et je leur ai demandé aide et soutien juridique », explique M. Tangi. Car si la communauté juive est consciente du problème qu’est l’antisémitisme, elle est comme « tétanisée », et ne réaliserait pas l’ampleur du problème, estime-t-il, « rien n’avait encore été entrepris pour éradiquer les mouvements antisionistes ».
Le but de Meyer Tangi « ne sera atteint que lorsque le Parti anti sioniste sera interdit et que seront condamnés les barbares qui boycottent les produits israéliens ». Pour y parvenir, il a décidé de réunir quatre avocats qui seront chargés de faire interdire l’antisionisme, en s’aidant, entre autres, du rapport Ruffin, rédigé en 2004, et qui visait à lutter contre le racisme et l’antisémitisme.
« Le but, juste et louable, que nous nous sommes fixés réclame une mobilisation à plein temps : il ne sera pas atteint sans appels téléphoniques aux députés, sans rencontres et exposés d’arguments à nos partenaires, et surtout sans achats d’espaces dans la presse nationale et campagnes d’affichage, afin d’alerter nos concitoyens du danger qui menace la paix civile en France ».
M. Tangi a pour l’heure recueilli plus de 1000 signatures sur son site Internet, et reçu le soutien de personnalités telles que Christophe Barbier, directeur de la rédaction du magazine « L’Express ». Ce dernier avait d’ailleurs consacré un éditorial condamnant sévèrement le parti anti sioniste de Dieudonné à la veille des élections européennes.
Avec l’apparition du Parti anti sioniste, accompagnée d’actions en France contre l’Etat juif comme le boycott de ses produits, « la situation est devenue alarmante », note Meyer Tangi. Alarmante parce qu’être antisioniste ce n’est pas, selon la loi française, être antisémite. Et pourtant..., de Léon Poliakov à Pierre-André Taguieff, historiens et sociologues ont montré que l’antisionisme et l’antisémitisme participaient d’une seule démarche, visaient un même but et servaient une même cause, celle de la haine des Juifs.
C’est bien la théorie antisémite du complot que l’on retrouve dans les discours de Dieudonné qui affirment notamment que les « sionistes » occupent les postes les plus influents dans les médias français…
Comme l’a souligné Christophe Barbier, la France est certes un lieu de liberté d’expression, mais il y a des limites à cette liberté. Proférer des insultes à l’égard des sionistes c’est dépasser cette limite, c’est entrer dans la haine : celle du juif.
[
www.guysen.com]
