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Géopolitique

Envoyé par ladouda 
Re: Géopolitique
04 avril 2010, 09:21
Gaza et les "bien-pensants..." - Par Hélène Keller-Lind - 4 avril 2010

France, Royaume Uni et États-Unis mettent sur pied d’égalité les tirs du Hamas sur des civils israéliens et les répliques ciblées israéliennes et confondent Judée Samarie et Bande de Gaza

Point de presse au Quai d’Orsay du 2 avril :

Question : « Avez-vous des commentaires sur le bombardement par l’armée israélienne de Gaza ? »

Réponse : « Notre position est double. Tout doit être mis en œuvre pour éviter les tensions, pour apaiser les tensions lorsqu’elles se produisent et pour que la situation sur le terrain soit calme. C’est notre préoccupation. Deuxièmement, il va de soi que nous continuons à travailler, à être mobilisés pour la reprise d’une dynamique de paix. C’est cela qui est important, c’est ce qui doit prévaloir aujourd’hui. Il est évident que toute initiative susceptible de faire monter la tension n’est pas opportune, n’est pas la bienvenue, pas constructive par rapport à l’objectif qui est le nôtre, qui est celui de l’Europe, qui est celui des Nations unies, qui est celui de nos partenaires américains qui sont particulièrement mobilisés. Le président de la République en a encore parlé à Washington il y a quelques jours. La priorité est de faire redémarrer le processus de paix. Dans ce cadre-là, toute tension pouvant surgir ne contribue pas à cet objectif. »

Point de presse au Département d’Etat américain du 2 avril

A propos du Moyen-Orient, Philip J. Crowley, sous-Secrétaire d’État, :
« Les Israéliens ont droit à l’auto-défense mais, finalement la solution ne sera pas militaire, il faut parvenir à des négociations de proximité. »

Foreign Office britannique le 2 avril :

Déclaration du Foreign Office reprise par la presse britannique : « les frappes de ce jour et l’escalade de la violence à Gaza et au Sud d’Israël cette dernière semaine nous inquiètent. Nous encourageons les Israéliens et les Palestiniens à concentrer leurs efforts sur des négociations et à entamer des conversations de proximité préconisées par les États-Unis. » Les médias britanniques soulignent souvent que des tracts ont été largués par les forces israéliennes près des cibles qui allaient être frappées pour que les populations civiles palestiniennes s’éloignent et qu’il n’y ait pas de victimes


On appréciera les nuances...Pour la France, le mot d’ordre est « apaisons, apaisons, » et peu importe que près de 40 roquettes aient été tirées depuis la Bande de Gaza sur les populations civiles du sud d’Israël en mars. Il n’y a pas eu de victimes, rétorquerons certains, oubliant déjà cet ouvrier thaïlandais de 30 ans tué le 18 mars dernier. D’ailleurs, quand bien même...comment quiconque pourrait « comprendre » que des populations soient ainsi soumises à des tirs « au petit malheur la chance »...Ce qui en clair signifie courir aux abris dès que retentit une sirène qui ne laisse que bien peu de temps à ceux qui se trouvent à l’extérieur ou même dans des pièces non sécurisées de leur logement... Israël a donc répliqué par des frappes ciblées sur des objectifs militaires comme des caches d’armes et avertit le Hamas.

Les Américains reconnaissent le droit à l’auto-défense d’Israël, ce qui est un minimum, mais cela est dit.

Quant aux Britanniques, ils parlent en premier lieu de la « violence à Gaza, » citant en second celle qui frappe « le sud d’Israël, » alors que la séquence des événements est l’inverse, ceci provoquant cela. La nature des violences n’est d’ailleurs pas la même, la violence palestinienne frappant des populations civiles au hasard, les répliques israéliennes prenant pour cible des objectifs militaires après que la précaution ait été prise d’avertir la population, ce qui est suffisamment exceptionnel pour être souligné.

Tous mélangent d’une manière surprenante ce qui est pourtant bien différent. En effet, ces « négociations de proximité » que refuse pour l’heure Mahmoud Abbas, prétextant des constructions à Jérusalem Est qui, jusqu’ici n’avaient jamais été présentées comme obstacle à de telles négociations, ne sauraient concerner la Bande de Gaza où règne le mouvement terroriste du Hamas. Ces fins experts ignoreraient-ils que le Hamas a arrêté, torturé, assassiné des membres du Fatah dans la Bande de Gaza ? Ont-ils oublié ces faits, exactions qui ne sont pas isolées ? Dans ces conditions, comment des négociations avec les tenants du Fatah en Judée Samarie pourraient-ils avec un quelconque effet sur ce que font le Hamas ou ses acolytes dans la Bande de Gaza ?

Les anti-israéliens, à l’humanisme sélectif, qui ne déplorent pas les luttes fratricides dans la Bande de Gaza s’indignent que le Vice-premier ministre israélien mette en garde le Hamas. Selon eux, Israël menacerait « le Hamas d’une nouvelle opération punitive. »

On sait que les centaines de tirs semblables en 2008, plus de 3.000 pour être précis, avaient provoqué l’opération Cast Lead Opération qui vaut à Israël d’être mis en accusation par le biais d’un rapport qui ne tient pourtant pas debout et ne résiste pas à un examen sérieux

Alors, à quoi joue le Hamas qui contrôle parfaitement ce territoire ? Ne s’agirait-il pas de détourner l’attention de l’Iran, le maître à penser et fournisseur d’armes du Hamas ? Et ces conseils « d’apaisement » prodigués par des responsables qui n’hésitent pas à employer la violence en Afghanistan, par exemple, n’encouragent-ils pas le Hamas ?
Re: Géopolitique
04 avril 2010, 09:42
Sarkozy, Obama, Medvedev et Singh face à la Terreur : de nouveaux équilibres émergents ? - Par Marc Brzustowski - Pour lessakele.over-blog.fr et www.aschkel.info - 4 avril 2010

De nombreux observateurs s’alertent des risques que le fossé entre Washington et Jérusalem se creuse. On passe des pressions incessantes à un boycott virtuel sur certains matériaux sécuritaires sensibles. Peut-on transformer la crise avec l’Amérique et l’Europe en opportunités ?

Le Général Petraeus a démenti les propos qu’on lui a prêtés, selon lesquels la politique d’Israël mettrait la vie des soldats américains en péril. Qu’à cela ne tienne, la proposition grotesque rebondit dans les déclarations de Nicolas Sarkozy. Comme si on venait de le lui souffler, celui-ci affirme que l’absence de paix entre Israël et ses voisins est la cause du terrorisme global.

Ce n’est pas une erreur de diagnostic, c’est une faute politique. Il conforte ainsi l’assistanat diplomatique palestinien. Epigone de Raymond Barre après l’attentat de Copernic, le terrorisme selon Sarkozy deviendrait légitime, tant qu’il n’aurait pour cible que des représentations israéliennes ou juives. Le Jihad mondial en veut à Israël d’exister, tout simplement. Mais que ces Présidents se rassurent, les islamistes leur en veulent, au moins, autant d’être les dirigeants de sociétés « impies » aux mœurs licencieuses, hostiles à la Shari’a. Selon le Jihad, leurs politiques ne sont fondées que sur le seul appât du gain, l’hédonisme et le relativisme moral et culturel. A leurs yeux, le grand crime d’Israël est d’avoir introduit des comportements d’origine occidentale, susceptibles de dissoudre leurs structures traditionnelles.

Le discours de Sarkozy est advenu à contre-emploi, le lendemain d’un double-attentat à Moscou et le jour même d’un autre au Daghestan. Des actes similaires interviennent, chaque jour, à Kaboul ou Bagdad, sans la moindre référence aux soi-disant « colonies », chères au Quai d’Orsay.

Lors du sommet de la Ligue Arabe, à Syrte, en Libye, 13 pays présents sur 22 ne parviennent pas à se mettre d’accord. Les deux grands absents, l’Arabie Saoudite et l’Egypte, ont rejeté toute idée de « dialogue » avec l’Iran. Récemment, les Irakiens ont voté et marginalisé les partis pro-iraniens. Au grand soulagement des pays sunnites. Le poids des Kurdes, amis d’Israël, minorité influente en Turquie et en Syrie, sera déterminant.

Que constate t- on ? Les solutions que proposent Obama, Sarkozy et bien d’autres Européens, ne correspondent à aucune grille de lecture moyen-orientale. Lorsque Sarkozy et Obama se rapprochent de la Syrie, ils renforcent les craintes des pays alentours. Le vote irakien est un caillou dans la chaussure de l’arc chi’ite, constitué par l’Iran, via le Liban, la Syrie et, aujourd’hui, le ralliement turc. En cajolant Assad, ces mêmes occidentaux ont favorisé l’extension de cet axe de Téhéran à Istanbul. Leurs négociations oiseuses renforcent le poids du Hamas et des Frères Musulmans en Egypte et Jordanie, du Hezbollah au Liban. Ils contribuent à étouffer les oppositions démocratiques à ces régimes totalitaires.

L’actuel alignement des pays arabes porte moins sur une résolution immédiate du conflit israélo-palestinien que dans les moyens urgents de faire échec à l’influence perso-chi’ite, de Bagdad jusqu’à Rabat et le sud de l’Europe. Le conflit entre Abbas et le Hamas est un bras-de-fer régional en miniature entre l’Arabie Saoudite et l’Iran.

L’incitation européo-occidentale à ce que les Palestiniens réclament toujours plus au détriment d’Israël permet de s’excuser auprès des pays arabes du manque d’avancée décisive sur le dossier iranien. Ils disposent d’un « joker » antisioniste auprès de ces populations, lorsque celles-ci commenceront à paniquer face à leur immobilisme.

Les pays occidentaux gagneraient sûrement à se concentrer sur l’essentiel plutôt que de faire diversion. Les menaces du Hezbollah ou de la Syrie sont en lien direct avec l’agenda de Téhéran plutôt que celui de Ramallah. L’absence de résolution avec l’Autorité Palestinienne engage des désaccords de fond, une contestation populaire et diplomatique, mais pas de conflit arabo-israélien.

Serguei Lavrov a exigé du Hamas qu’il cesse ses tirs de roquettes sur Israël. Ce souhait a, au moins, été aussi bénéfique pour la paix, que les cadeaux empoisonnés de Sarkozy et Obama. Il était bienvenu, au lendemain des attentats du Daghestan et de Moscou, et suite à la mort de deux soldats de la brigade Golani en lisière de Gaza. Ce geste traduisait une fugace, mais bien réelle communauté d’intérêts charnelle face au terrorisme.

Cela n’empêchera, sans doute, pas la duplicité moscovite de fournir, via la Syrie et l’Iran, des matériaux de grande létalité au Hezbollah ou au Hamas. Mais un geste en amène un autre, assorti d’accords économiques et technologiques stabilisants. C’est ainsi qu’une négociation indirecte s’engage. Israël n’a, du reste, aucune culture anti-terroriste commune avec les méthodes employées par Moscou et le FSB.

Dans le même esprit, des représentants du Ministère de la Défense indien étaient en déplacement à Jérusalem pour finaliser un accord d’achat de drones et systèmes de surveillance des frontières de l’Inde avec le Pakistan. La raison en et fort simple : Washington compte transférer des drones Predator à Islamabad. L’Inde ne croit guère en la volonté des Pakistanais de combattre sérieusement le terrorisme qu’ils ont eux-mêmes enfanté au Cachemire.


Le premier ministre indien, Manmohan Singh.

Loin d’être un « fardeau » pour l’Occident, Israël n’est pas seulement un atout, mais un facteur précieux de rééquilibrage des forces, au Moyen-Orient et en Asie centrale. Même lorsque la bien-pensance soutient des pays vecteurs du terrorisme comme la Syrie et le Pakistan.

Au-delà des échanges d’information sensible avec leurs homologues de l’OTAN, les Israéliens ont la capacité d’anticiper les menaces. L’Inde est devenue le premier client militaire et industriel d’Israël. Renforçant ce pôle, il s’est acquis des parts de marché agricole et technologique avec la Chine, ou la Russie. Ces échanges marchands occasionnent des traités informels de non-agression. Ils ne sont pas étrangers à la réduction de 40% de ses importations de pétrole iranien par la Chine, au cours des premiers mois de 2010.

Israël doit, néanmoins, demeurer sur ses gardes : les puissances résurgentes comme la Chine et la Russie peuvent réclamer leur part du gâteau aux Etats-Unis, dans la résolution du conflit israélo-arabe et les questions nucléaires régionales. Le risque est une tentative de neutralisation des uns par les autres, remettant Israël au centre de la cible. Il convient de s’assurer de contre-pouvoirs efficaces pour ne pas perdre l’initiative de la décision.

Sarkozy et Obama n’aiment pas Avigdor Lieberman. Pourtant, il est précieux, lors de déplacements en Amérique du Sud, en Afrique, en Azerbaïdjan ou en Russie. Là où se joue l’extension du Jihad. Savoir mener une discussion de fond, aux nuances lexicales près avec des représentants russes, contribue à rapprocher les deux cultures. Cela participe d’une entente partielle sur certains objectifs partagés. Le report de fourniture de S-300 à Téhéran, s’il est fragile, en est illustratif.

Si la paix est lointaine, des processus de régulation des conflits se mettent en place.

Dans ce contexte, le « processus de paix » tient du mythe ou de la fiction nécessaire. Ce qui fait sens, en revanche, c’est la façon dont les problèmes de sécurité commune sont gérés, avec les proches pays arabes comme l’Egypte, la Jordanie ou à travers des parrains comme la Russie, la Chine, et bien sûr, les Etats-Unis. Les approches européennes sont ambiguës, par dénégation des conflits réjetés à leurs périphéries, à travers le Jihad global ou l’islamisation des comportements, notamment.

L’image de « faiseur de guerre » que tiennent à lui coller les potentats américains et européens, aggrave le conflit. Prenant à contre-pied ces imageries démagogiques, Israël peut occuper cet espace diplomatique sensible entre les axes et endosser le rôle que lui intime sa tradition juive : celui de « passeur » improbable vers des solutions innovantes face aux risques, enjeux et menaces du XXIè siècle. Celles-ci ont vocation à permette à des pays qui le désirent vraiment, d’émerger comme des contre-pouvoirs au totalitarisme islamique ou au libéralisme opportuniste, recouvert d’un vague vernis marketing de conscience superficielle, mais dénué de courage politique.

Il y trouvera, plus certainement, l’indépendance et la liberté créatrice que lui refusent ses maîtres-censeurs occidentaux.


Source : [lessakele.over-blog.fr]
Re: Géopolitique
05 avril 2010, 12:34
lundi 5 avril 2010
Le pari d'El Baradei


Il tente de rompre le cercle vicieux dans lequel est enfermé le monde arabe. Pas à pas, l’ancien président, égyptien, de l’Agence internationale pour l’énergie atomique, Mohammed El Baradei, tente d’imposer sa candidature à l’élection présidentielle qui aura lieu, l’an prochain, dans son pays et, s’il y parvenait ce serait une première au Proche-Orient.

A l’exception du Liban et de l’Irak, maintenant peut-être, les régimes arabes de la région sont des dictatures, monarchiques ou républicaines, sans possibilité d’alternance car leurs seules réelles oppositions sont islamistes. Ce n’est pas qu’il n’y ait pas de laïcs dans le monde arabe. C’est encore moins que tous les Arabes soient des musulmans fanatiques mais, durant la Guerre froide, tous les courants de l’opposition modérée, tous les partisans d’une démocratie pluraliste, ont été éliminés au Proche-Orient, au nom de la résistance à l’impérialisme américain ou de la lutte contre le communisme.

Etats-Unis et Union soviétique en tête, les grandes puissances avaient laissé faire, voire prêté la main à cette éradication des oppositions arabes et, dans le vide qui s’est ainsi créé, seuls les islamistes ont survécu, se développant à partir des mosquées et trustant la colère populaire, celle de la jeunesse notamment, contre l’impéritie, la corruption et la brutalité de pouvoirs inamovibles. Vinrent alors al Qaeda, le 11 septembre, les attentats aux quatre coins du monde et, après la Guerre froide, les régimes arabes trouvèrent, là, leur seconde assurance vie. « C’est nous ou les djihadistes », ont-ils pu dire non seulement aux puissances occidentales mais également à ces pans entiers de leurs populations qui préfèrent encore des dictatures corrompues à la folie des barbus et c’est ainsi que ces pays, l’Egypte comme l’Arabie saoudite, la Jordanie comme la Syrie, se sont enfermés dans un statu quo pervers qui ne profite qu’aux islamistes et à ces régimes.

En Egypte comme ailleurs, ce qui manquait au déblocage de cette situation, c’était un démocrate qui puisse faire, par son autorité morale, l’unanimité des courants oppositionnels en incarnant un espoir de changement. Prix Nobel de la paix, juriste de stature internationale et diplomate chevronné, l’ancien président de l’AIEA n’a pas seulement l’étoffe d’un chef d’Etat. Il a également pour lui d’avoir souvent tenu tête aux Etats-Unis, dans les mois, surtout, qui avaient précédé la guerre d’Irak. Il en bénéficie d’un préjugé favorable dans son pays et il est bien trop connu, enfin, pour que le pouvoir égyptien puisse simplement le jeter en prison.

Il est pratiquement intouchable. Il s’est déjà assuré le soutien tacite de tous les courants de l’opposition, y compris des Frères musulmans, et se fait, chaque jour, plus présent sur la scène égyptienne, à coup de pétitions, d’interviews et, désormais, de meetings. Cet homme plaît à l’Egypte. Il lui plaît tellement que le pouvoir a commencé d’arrêter ses proches. On veut faire le vide autour de lui mais cela ne suffira pas à le faire taire. Quelque chose se tente au Caire qui concerne toute la région.
Re: Géopolitique
05 avril 2010, 23:51

COMMUNIQUÉ DU 5 AVRIL 2010
M. SARKOZY ENTRE CYNISME ET LÉGÈRETÉ
SUR LE PROCHE-ORIENT,
Tout fut pourtant clairement annoncé lors de son passage à la Knesset !



Se proclamer ami d’Israël et adopter les exigences de ses ennemis, c’est, semble-t-il, la notion que notre Président de la République se fait de la politique au Proche-Orient, à en juger d’après les propos qu’il a tenus le 30 mars 2010 lors de sa conférence de presse à Washington avec le Président Obama.

Quand M. Sarkozy condamne « le processus de colonisation … qui n’amène rien à la sécurité d’Israël », il substitue son jugement à celui d’Israël qui est pourtant un État souverain, le seul au monde auquel les autres se permettent de dicter la politique. Pour Israël comme pour tout autre, la sécurité est une prérogative régalienne et il fera ce qu’il entend faire des territoires de Judée et de Samarie. Il n’appartient à personne, sauf à prôner le premier acte d’une extermination, de pousser Israël à accepter des frontières qui, au nord de Tel-Aviv, passeraient à moins de 15 km de la Méditerranée et qui mettraient l’aéroport international Ben Gourion sous le feu de ses ennemis. « La frontière stratégique d’Israël est sur le Jourdain », a dit Rabin après les Accords d’Oslo.

Implicitement, derrière ses mots sur la « colonisation », M. Sarkozy appelle au retour aux frontières de 1967, lesquelles n’ont pas plus de valeur juridique que des lignes de cessez-le-feu. En outre, il adopte le raisonnement de l’irrédentisme arabe : nous avons le droit d’attaquer Israël et, si nous perdons notre guerre d’agression, nous avons le droit de récupérer les territoires perdus. Autrement dit, on efface tout et on recommence. Jamais, le monde n’a traité un vainqueur sur des agresseurs, comme il traite Israël. Le principe de l’échange de la terre contre la paix est à la fois pervers, immoral et dangereux.

Derrière le mot de « colonisation », il y a aussi l’acceptation d’une épuration ethnique, comme si, au temps des Accords d’Helsinki garantissant la libre circulation des personnes, tout homme avait le droit de se trouver en Judée sauf les Juifs !

« L’absence de paix au Moyen-Orient … entretient le terrorisme partout dans le monde », a dit M. Sarkozy. C’est hélas la reprise d’une des pires contre-vérités des discours arabo-Quai d’Orsay. Justifiant le terrorisme, elle a pour principal effet de perpétuer le conflit, d’enflammer la violence arabe et d’enfoncer la population palestinienne dans l’état de victime instrumentalisée.

Nos dirigeants n’ont pas compris que l’affirmation d’une solidarité avec Israël rendrait les Français plus fiers, plus courageux, plus entreprenants à l’exemple d’Israël, plus confiants dans leur avenir. Ils n’ont pas compris qu’ils ne peuvent exiger le civisme des citoyens quand ils donnent au sommet l’exemple du cynisme et de la légèreté.


° ° °


Michel DARMON
Ingénieur général du Génie maritime (cr) mdarmon@club-internet.fr

Président d’honneur de France-Israël
Re: Géopolitique
06 avril 2010, 22:27
mardi 6 avril 2010
Le rendez-vous de Prague


Cela fait vieillot, voire franchement anachronique. Aux seuls mots de « réduction des armements stratégiques », on se croit revenu aux dernières décennies de la Guerre froide, coexistence pacifique et détente, Kissinger, Gromyko, marchandages sur un volcan, mais non.

Lorsqu’ils se retrouveront à Prague, jeudi, pour y signer ce nouveau traité Start, acronyme anglais de « traité sur la réduction des armements stratégiques », les présidents américain et russe auront des préoccupations tout ce qu’il y a de plus contemporaines à l’esprit. Bien au-delà du plafonnement à 1550 du nombre de leurs ogives, d’une diminution des deux tiers de leurs arsenaux nucléaires qui est pourtant tout, sauf négligeable, Dmitri Medvedev et Barack Obama penseront au rapprochement diplomatique de leurs pays après une décennie de désaccords croissants, à l’Iran, à la Corée du Nord, aux dangers d’obsolescence du Traité de non prolifération et au renforcement, enfin, de leur stature personnelle sur leurs scènes intérieures – tous sujets qui ne se posaient pas dans les années 70-80.

Outre la satisfaction de ne pas devoir financer la modernisation d’un arsenal russe vieillissant, Dmitri Medvedev pourra se féliciter de s’affirmer face à son mentor et rival, Vladimir Poutine, non seulement en s’affichant d’égal à égal avec le président américain mais en enregistrant, surtout, son premier vrai succès sur la voie d’un ancrage occidental de la Russie qu’il prône depuis son élection.

Stratégique et politique, pour lui, la partie est importante mais elle l’est encore plus pour Barack Obama qui avait beaucoup voulu ce nouveau traité comme symbole d’un redémarrage des relations américano-russes qui lui permettra d’espérer le soutien de Moscou dans le bras de fer avec l’Iran, la difficile partie afghane ou, moins brûlant mais pas moins important, la question nord-coréenne. A moins d’une semaine du sommet sur la sécurité nucléaire, autrement dit sur l’Iran, qu’il organise lundi prochain à Washington, ce rendez-vous de Prague sera, pour lui, une étape capitale.

Avec ce traité _ qui devra encore être ratifié par le Congrès et la Douma _, Barack Obama va, de surcroît, enregistrer son deuxième grand succès après l’adoption de sa réforme de la couverture médicale. Un succès international succède à un succès intérieur et ce président que l’Amérique et le monde avaient quasiment enterré au bout d’un an de mandat revient solidement en scène, soudain paré de toutes les vertus, calme et persévérance, courage et patience.

Repris, hier, à la une du Herald Tribune, un article du New York Times constate ainsi que Barack Obama mène à bien tout ce que Bill Clinton avait souhaité sans y parvenir. La liste dressée est longue, très diverse, et peut-être faudra-t-il y ajouter, un jour, de vrais progrès sur la question israélo-palestinienne car ce président est en train, sans éclats mais avec constance, d’acculer Benjamin Netanyahou à de vrais choix.
Re: Géopolitique
07 avril 2010, 01:32
Avant d'acculer Benjamin Netanyahou, il faudrait d'abord trouver qqun qui veuille bien faire la paix, car quels interets les dirigeants palestiniens auraient-ils s'il y aurait la paix? aucun , ils seraient obliges de fournir des comptes, aujourdh'ui ils recoivent de l'europe des USA, de certains pays arabes des aides qu'ils detournent a leur profit, et cela fait des decenies que cela dure, et le monde entier n'a pas encore compris, ou fait semblant de ne pas comprendre.
Arafat a detourne des millions de dollars, sa veuve vit dans les grands palaces, et tout cela sur le compte des "idiots donateurs"
Yom tov
Re: Géopolitique
08 avril 2010, 13:50
jeudi 8 avril 2010
L'autre région de tous les dangers


Aucun événement d’Asie centrale n’est plus secondaire. Crise locale, pourrait-on se dire de cette tourmente qui a fondu, hier, sur le Kirghizstan, de ces violentes manifestations dans la capitale qui ont fait plusieurs dizaines de morts avant de provoquer la fuite, en province, du chef de l’Etat et d’ouvrir une période d’incertitude, mais ce petit pays de 5 millions d’habitants n’est pas une île perdue d’un lointain océan.

Il est l’un ces cinq Etats d’Asie centrale, tous issus de l’effondrement soviétique, qui constituent aujourd’hui une nouvelle région stratégique, riche, instable et convoitée, enjeu d’une rivalité entre les grandes puissances qui, pourtant, y nourrissent une peur commune, celle de l’islamisme, force montante en ces terres d’islam.

Le premier problème de ces pays est qu’aucun d’eux n’était mûr pour l’indépendance. L’intelligentsia y était développée, souvent brillante, mais la classe politique s’y réduisait à des marionnettes promues de Moscou et, lorsque l’URSS s’est défaite, ce sont ces anciens cadres locaux de l’appareil soviétique qui ont, presque partout, pris le relais, installant des régimes autoritaires et corrompus quand ils n’étaient pas franchement ubuesques. Parce qu’il n’était pas ce qui avait de pire, parce que la terreur n’y régnait pas, seulement la peur, le Kirghizstan avait ainsi connu, en 2005, une première révolution, dite « des tulipes », qui avait renversé son premier président, accusé de népotisme, de corruption et d’impéritie, exactement comme son successeur l’était depuis.

L’histoire vient de se répéter à Bichkek, l’ancienne Frounze, mais cette absence d’élites et de traditions politiques, commune à toute la région, pose le deuxième problème de l’Asie centrale qui est que dans ce vide, dans cette absence de repères et cette détestation justifiée des pouvoirs en place, les islamistes sont seuls à constituer une opposition résolue, sûre de son identité et de son propos, réputée honnête puisque religieuse et ouvrant une perspective enivrante pour beaucoup, celle de l’unité de l’Asie centrale dans un califat que les islamistes promeuvent.

Après 70 ans de soviétisme, les peuples de cette région sont peu pratiquants et nettement laïcs. L’islamisme n’y emporte pas une adhésion massive mais il progresse suffisamment, à partir de la vallée du Ferghana, aux confins de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Kirghizstan, pour que les grandes puissances s’en inquiètent – la Russie à cause de ses difficultés avec les islamistes du Caucase, la Chine parce que sa partie musulmane est limitrophe de l’Asie centrale et les Etats-Unis parce qu’ils ont une base aérienne au Kirghizstan, indispensable à leurs troupes d’Afghanistan, pays qui s’étend au sud de l’Asie centrale.

Normalement, les grandes puissances devraient se battre pour le sous-sol de cette région, son or, son uranium, son gaz, son pétrole. Elles le font, Europe comprise, mais prudemment, sans trop jouer avec le feu, car il y a ces barbus dont aucune d’elles ne voudrait qu’ils ne viennent s’adjoindre en nombre à ceux du Caucase, de la Chine et de l’Asie du sud-ouest, Pakistan et Afghanistan.
Re: Géopolitique
13 avril 2010, 03:15
vendredi 9 avril 2010
Le bras d'honneur de la Turquie


Quand on repousse un prétendant, il finit, forcément, par aller voir ailleurs. Après avoir accepté la candidature de la Turquie, l’Union européenne fait traîner les négociations en longueur, multiplie obstacles et réticences pendant qu’Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, au mépris des signatures allemande et français, martèlent qu’ils ne veulent pas de cet élargissement. L’Union n’en finit plus de marquer à quel point elle regrette sa décision et, après un moment de stupeur incrédule, la Turquie en tire ses conclusions.

Tout en maintenant sa candidature, comme son Premier ministre vient de le répéter à l’occasion de sa visite en France, elle développe une nouvelle politique étrangère, tournée vers le monde musulman et particulièrement ambitieuse. Héritière d’un empire, l’Empire ottoman, qui s’était étendu de l’Asie centrale aux frontières marocaines en passant par l’ensemble du Proche-Orient, la Turquie veut, aujourd’hui regagner ces territoires perdus, non pas par la force bien sûr, non pas, évidemment, par la reconquête, mais par l’influence économique et politique.

Ce n’est pas chez elle une lubie. En plein croissance, dotée de groupes industriels puissants et dynamiques, chaque année plus innovante et en bons termes avec tous ses voisins, la Turquie a les moyens financiers et diplomatiques de cette politique. Investissements et bons offices à la clé, elle a donc décidé de se poser en sage de la région, toujours prête à s’entremettre et faire passer les messages, ce que ce pays, membre de l’Otan et lié à Israël par une alliance militaire, est très bien placé pour faire puisqu’il est, en même temps, un interlocuteur de confiance pour la Syrie et l’Arabie saoudite, l’Iran et toute l’Asie centrale dont les langues restent souvent très proches de la sienne.

Mois après mois, la Turquie s’affirme en puissance régionale, de plus en plus populaire dans tout le Proche-Orient car elle parvient à se faire de plus en plus critique de Benjamin Netanyahu sans rompre ses relations privilégiées avec Israël, à défendre l’Iran contre toute nouvelle sanction tout en restant très appréciée des Etats-Unis – bref, à réussir cette quadrature du cercle, occidentalisation et connivence musulmane, modération politique et solidarité régionale face aux Occidentaux, dont rêverait tout le Proche-Orient. Snobée par l’Europe qui n’avait pas su voir son potentiel, repoussée parce que musulmane et, croyait-on, archaïque, la Turquie concurrence désormais les diplomaties et les industries de l’Europe qui, stupéfaite à son tour, voit ce pays qu’elle avait éconduit lui damer le pion sur tous les terrains.

Devant ce retournement de situation, il y a deux réactions possibles. Certains diront que c’est très bien ainsi, que la Turquie s’inscrit dans son monde qui n’était pas l’Europe et y exerce une influence modératrice. D’autres se diront, au contraire, que l’Union est en train de rater, là, une formidable occasion d’étendre son rayonnement à une région qui est, par l’histoire et la géographie, son aire d’influence naturelle. Le débat n’est pas clos. Il ne fait que s’ouvrir car la Turquie est, toujours, candidate.
Re: Géopolitique
13 avril 2010, 03:58
Le probleme est que Erdogan se rapproche de plus en plus des islamistes avec toutes ses declarations, et comme en Iran, il risque de se heurter a l'opposition de son peuple qui c'etait a l'epoque libere de la religion, et ne voudrait certainement pas y retourner.Ses relations etroites avec l'Iran et la Syrie le mettent hors-candidat d'intermediaire pour les negotiations de paix entre Israel et la Syrie.
Re: Géopolitique
13 avril 2010, 11:11
lundi 12 avril 2010
La malédiction de Katyn


Imaginons. Imaginons un instant que deux des candidats à une élection présidentielle française, celui de la gauche et celui de la droite, le président sortant, périssent ensemble dans un accident d’avion. On imagine l’émotion, le choc, que la France ressentirait et c’est exactement ce qui s’est passé, samedi, en Pologne.

C’est ce qui s’y est passé, mais en pire encore car, dans cet avion, il y avait également les plus hauts représentants de tous les corps constitués et toutes les plus grandes figures de la droite. L’Etat polonais vient d’être décapité mais ce n’est pas encore tout car il y a, en plus, une tragédie dans la tragédie qui est, elle, proprement inimaginable. Cet avion n’allait pas n’importe où. Il conduisait le président polonais, Lech Kaczynski, à Katyn, pour y commémorer le massacre, il y a soixante dix ans, de 22 000 officiers polonais assassinés d’une balle dans la nuque, sur ordre de Staline, dans cette forêt, proche de Smolensk, dans l’Ouest de la Russie, là-même, où s’est écrasé, samedi, l’avion présidentiel.

Ce crime était resté d’autant plus douloureusement gravé dans la mémoire polonaise que l’URSS l’avait nié pendant un demi-siècle, l’attribuant à l’Allemagne nazie. Même après que Mikhaïl Gorbatchev eut reconnu la réalité des faits, en 1990, il avait encore fallu vingt ans pour que la Russie fasse un geste de contrition en organisant mercredi dernier, sur les lieux de la tuerie une cérémonie à laquelle son Premier ministre, Vladimir Poutine, avait invité celui de la Pologne, Donald Tusk. A la tragédie de 1940 s’est ainsi ajoutée celle de 2010 dans une unité de lieu que le théâtre lui-même aurait trouvée invraisemblable, excessive, et qui a frappé de stupeur la Pologne entière, tétanisée depuis deux jours.

C’est encore le temps du deuil, bien sûr, mais le plus inouï est que ce cycle sanglant ferme symboliquement une période. Quelque chose change si profondément en Pologne que personne, rigoureusement personne, n’a vu dans cet accident du au brouillard le complot russe, l’attentat, auquel tant de Polonais auraient immédiatement pensé il y a peu d’années encore. La Pologne est enfin devenue assez sure d’elle-même, de ses frontières et de sa sécurité, pour n’avoir pas cédé à la paranoïa et, toujours plus stupéfiant, cette droite et cette gauche qui se retrouvent privés de leurs candidats, amoindries, étaient l’une et l’autre d'ores-et-déjà en déclin. Dans les funérailles des jours à venir, on enterra aussi une droite nationaliste, étatiste, plutôt sociale, qui était allée chercher ses racines dans le traditionalisme de l’entre deux guerres et une gauche issue de l’ancien parti communiste, deux forces antagonistes, marquées par l’histoire et devenues profondément anachroniques dans la Pologne d’aujourd’hui, en plein boom économique, jeune, dynamique, urbaine et incroyablement moderne.

Décapitée, ces deux forces laissent la place à une formation de centre-droit, très europhile et attrape-tout, modernisatrice et modérément libérale, la Plateforme civique, le parti qui gouvernait déjà la Pologne et lui donnera son prochain président. Dans le sang, deux Pologne se seront affirmées à Katyn, celle du communisme et celle d'aujourd'hui.
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