Juste parmi les Nations
Jean Philipe dit Basset Dossier Yad Vashem : 6426
Remise de la médaille de Juste : 02/01/1995
Sauvetage : Toulouse 31000 - Haute-Garonne
Beaumont-de-Lomagne 82500 - Tarn-et-Garonne
Profession: Commissaire de police à Toulouse
Qualité: Résistant au sein du réseau Alliance
Date de naissance: 14/11/1905-01/03/1944
Jean Philipe*, né le 14 novembre 1905 à Lyon, commissaire de police depuis 1937, est affecté à Lourdes. En 1940, il adhère au réseai belge Sabot, travaillant aussi pour un réseau Polonais et pour le 2e Bureau.
En 1941, il s'engage dans le réseau Alliance, dirigé par Marie-Madeleine Fourcade.
Jean Philippe* dirige le réseau pour les sept départements du Sud-Ouest. Il participe au sauvetage de nombreux Juifs et en intègre dans son réseau.
Fin 1942, il est nommé commissaire de police pour le 7e arrondissement de Toulouse.
Il aide la résistance en Haute-Garonne, en les prévenant des arrestations prévues et fourni des faux papiers à des Juifs.
Il refuse en janvier 1943 de remettre aux Allemands la liste des Juifs de son quartier, refus accompagné d’une lettre de démission.
Rentré dans la clandestinité, aidé par Marie-Madeleine Fourcade, il s’établit à Beaumont-de-Lomagne et collabore aux activités de la Sixième.
Découvert suite à l’imprudence d’un de ses collègues complice, il est arrêté par la Gestapo le 28 janvier 1943, torturé, puis emprisonné à Karlsruhe en Allemagne, il est exécuté le 1er mars 1944 avec 14 membres de son réseau réseau, allant à la fusillade un tissu rouge à l’emplacement du cœur et chantant la Marseillaise.
Une rue de Toulouse porte son nom. Sa femme, qui l’assistait, fut arrêtée avec lui et déportée (elle en revint), alors qu’ils venaient d’adopter une petite fille. Jean Philippe a été homologué dans le grade de capitaine, et décoré à titre posthume de la Légion d’Honneur et de la Médaille de la Résistance.
Lucien David Fayman était membre de la Sixième, réseau de résistance des Éclaireurs israélites de France (cache d'enfants) et du réseau Buckmaster (parachutage d'armes et attentats contre l'occupant nazi). Il sera arrêté par la Gestapo à Toulouse, torturé, emprisonné à Fresnes puis à Compiègne. Déporté à Buchenwald, Dora, Hartzungen jusqu'à la libération.
Lucien David Fayman, attestera après la guerre que Jean Philipe* a fournit des faux papiers pour les jeunes Juifs de la Sixième ce qui leur permit de se cacher en France ou de passer en Suisse.
Cette notice est réalisée avec le concours du Comité français pour Yad Vashem
Histoire
Témoignage de Marie-Madeleine Fourcade
Jean Philippe* commissaire de police en poste du 7e arrondissement de Toulouse, s'engage sous l'alias de "Basset" dans Alliance et en devient en 1942 le dirigeant pour les sept départements du Sud-Ouest, participant notamment au sauvetage de plusieurs juifs. En janvier 1943, après l'occupation par les allemands de la zone libre, il est sollicité par les autorités de Vichy afin d'établir la liste des juifs de l'arrondissement dont il a la charge: ne voulant pas obéir à un tel ordre, il démissionne de son poste et rentre dans la clandestinité.
Il informe de sa décision son chef de réseau, Marie-Madeleine Fourcade, alias Hérisson, qui en fera le récit suivant :
"Je travaillais à un plan de recherche résultant des derniers questionnaires anglais, lorsque Pie, qui tambourinait à la fenêtre, me sortit brutalement de mes cogitations.
- Regardez ce qui arrive, dit-il.
Je regardai et frissonnai de terreur. Une voiture de police se rangeait le long du perron. En descendait un commissaire en grande tenue encadré de deux solides gaillards. Alors que je croyais déjà entendre "Au nom de la loi...", le commissaire cria :
- Ouvrez! Ici "Basset".
C'est un piège, pensions-nous devant l'incongruité de la visite.
- Je le reconnais, dit Pie. Et il courut ouvrir.
- Pardonnez-moi de vous importuner, madame, dit le commissaire Jean Philippe*, s'apercevant à ma pâleur que j'avais failli tourner de l'œil. Je voulais que ma dernière mission, dans l'uniforme de mes fonctions, soit pour vous présenter mes hommages.
Recouvrant péniblement mon sang-froid, je le fis assoir au coin du fourneau, l'endroit le plus confortable de la maison, pendant que ses gardes du corps bavardaient avec Pie.
- Vous allez tous finir par me coller l'infarctus, dis-je encore sous le choc.
- Encore pardon, madame, mais c'est à vous que j'ai pensé tout de suite.
- Que vous est-il arrivé, Basset ?
- A moi rien, mais ce matin est arrivé une circulaire qui nous ordonne de traquer les Juifs et de les livrer à l'ennemi. Jusqu'à présent, j'avais considéré que mes fonctions de commissaire de police étaient compatibles avec mon activité clandestine; non seulement compatibles, mais utiles. J'avais réalisé le tour de force de n'arrêter aucun compatriote depuis 1940. Maintenant je vais être soumis à une contrainte de tous les minutes. Je viens donc vous demander la permission et l'honneur d'entrer dans la clandestinité. J'estime trop mon uniforme pour la souiller."1
Jean Philippe* a l'intention de poursuivre son action dans la Résistance en continuant à animer ses agents dans la clandestinité.
Il sera arrêté à à Beaumont-de-Lomagne et fusillé par les Allemands le 1er avril 1944 à Karlsruh.
"En honorant ceux qui ont refusé de se plier à la fatalité de la volonté exterminatrice de l´idéologie nazie, la médaille des Justes contribue à rétablir l´Histoire dans sa vérité."
Simone Veil
Les « Justes des Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ».
Au 1er janvier 2006, le titre avait été décerné à 21 308 personnes à travers le monde, dont 2 646 en France. Mais le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.
Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité.
Tous considèrent n'avoir rien fait d'autre que leur métier d'homme.
Ils doivent servir de phares aux nouvelles générations.
Oskar Schindler
Sa tombe est située dans le cimetière chrétien sur le Mont Sion à Jérusalem, Israël
Oskar Schindler (né le 28 avril 1908 à Zwittau-Brinnlitz en Moravie1 et mort le 9 octobre 1974 à Hildesheim, en Allemagne) était un industriel allemand qui a sauvé durant l'Holocauste plus de 1 100 personnes en les faisant travailler dans sa fabrique d'émail et de munitions située en Pologne (actuellement en République tchèque). Sa vie a été le sujet d'un roman de Thomas Keneally et d'un film de Steven Spielberg. Il est enterré au cimetière chrétien du Mont Sion à Jérusalem.
Industriel allemand sudète, membre du parti Nazi, Oskar Schindler a fait fortune dans la fabrication de batteries de cuisine en émail à Cracovie en profitant du travail obligatoire des Juifs en dirigeant la Deutsch Emailwaren Fabrik.
Interpellé par leur sort, il prend parti pour eux et, aidé de sa femme Émilie, ainsi que de son comptable juif Itzhak Stern, il sauve ainsi la vie de plus de 1 100 d'entre eux en les rachetant et en les amenant en Tchécoslovaquie pour les faire travailler dans une usine d'armement à Brněnec (Zwittau-Brinnlitz). Il orchestre alors la faillite de cette nouvelle usine, notamment pour sauver ses travailleurs juifs et ne pas ralentir l'avancée alliée par sa production d'armes.
Il se rendit également jusqu'à Auschwitz pour récupérer ses ouvrières juives dirigées vers le camp par l'administration nazie. Il joua parfaitement de son charisme, de son savoir-faire pour mener à bien ses actions de sauvetage et il y consacra aussi ses biens personnels.
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, il émigre en Argentine où il devient fermier. Ne prospérant pas, il revient en 1958 en Allemagne. Là, il essaye de se relancer dans l'industrie et échoue constamment.
Même après la guerre, il se tient au courant de la vie des personnes qu'il a sauvées et reste en contact avec elles.
Le titre de Juste parmi les nations lui a été remis en 1963.
Un roman de Thomas Keneally, Schindler's List (La liste de Schindler, 1982), adapté au cinéma par Steven Spielberg sous le même titre (1993), a fait connaître son action au grand public (cf ci-dessous).
Il a été arrêté trois fois, dont une fois sans mandat, en 1942, pour avoir embrassé l'une de ses ouvrières Juives. Son emprisonnement ne dura que quelques semaines. La troisième arrestation eut lieu quelque temps après l'emprisonnement de Amon Göth, le commandant du camp de travaux forcés juifs de Plaszow en Pologne, en raison de l'amitié liant les deux hommes, tous deux membres du parti Nazi, celle-ci ne dura que huit jours.
Un film réalisé par Steven Spielberg sorti en 1993 retrace son histoire durant la Seconde Guerre mondiale et les méthodes qu'il a employées pour sauver des juifs : La Liste de Schindler. Ce film a remporté 7 oscars dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur ainsi que toutes les principales récompenses dans la catégorie meilleur film, ainsi qu'un nombre exceptionnel de prix.
Parmi eux : 7 british Academy Awards, un Christoper Awards et 3 Golden Globes. La Liste de Schindler a été désigné meilleur film par : the New York Film Critics Circle, the National Society of Films Critics, the National Board of Review, the Producers Guild, the Los Angeles Films Critics, the Chicago, Boston and Dallas Film Critics. Steven Spielberg a également été récompensé par the Directors Guild of America Awards. Le rôle d'Oskar Schindler y est interprété par Liam Neeson.
ABADIR Alfred Résistant, ABADIR PONCY Suzanne
Egriselles-le-bocage, Yonne, Bourgogne
Claude Avram est né le 19 mai 1939 à Montereau (Seine et Marne) de parents originaires de Roumanie, mais habitait depuis sa naissance dans un village de l’Yonne à Courlon-sur-Yonne En 1938, son père est naturalisé français. Il est mobilisé comme médecin militaire en 1939. Après la démobilisation, il continue d’exercer la médecine dans l’Yonne avec de plus en plus de difficultés, étant donné les lois du régime de Vichy. Sur dénonciation du maire, le père et l’oncle maternel de Claude Avram sont arrêtés, puis enfermés à la prison de Sens. L’oncle sera déporté à Auschwitz où sa trace disparaît en novembre 1942.
L’ancien maire du village, Monsieur Mazieres, fait libérer Monsieur Avram sous le prétexte que la présence d’un médecin est absolument nécessaire pour soigner la population.
Le 2 février 1944 dans la nuit, l’ordre est donné au commandant de la gendarmerie de Sergines, chef lieu du canton dont dépend Courlon, d’arrêter la famille Avram. Le commandant Tillet de la brigade de gendarmerie fait avertir le docteur Avram afin qu’il prenne la fuite sur-le-champ, par l’intermédiaire du docteur Bonnardot. Le docteur Bonnecaze, chirurgien à Sens, contacte le docteur Vernant, médecin à Provins, Par son intermédiaire, les parents Avram seront cachés à l’hôpital général de la ville, où ils resteront jusqu’à la fin de la guerre.
Le docteur Bonnecaze confie Claude Avram à un jeune couple, les Abadir qui habitent à Egriselles le Bocage, village de l’Yonne. Alfred est médecin généraliste, il est en contact avec la Résistance. Suzanne Abadir ira chercher Claude Avram à Sens et fera avec lui les kilomètres jusqu’au village, avec tous les risques que cela implique. La famille Abadir héberge le petit Avram jusqu’à la fin de la guerre, et avec l’aide de l’employée de la maison, Mariette Infanger, le protège à deux reprises de rafles de la Gestapo et de la gendarmerie du canton.
bravo Ladouda, tout ceci est passionnant, surtout en ce moment , ou l'on va de dérapages en dérapages !!!
il est bon de se rapeller qu'il existait des gens de courage et de bonne volonté !!
continue , nous sommes plus de 600 personnes a aimer ca !!
Roland de Pury est un pasteur protestant suisse connu pour son engagement en faveur des Juifs lors de la Seconde guerre mondiale à Lyon où il était pasteur. Durant sa vie entière, R.de Pury s'est indigné et a combattu au nom des droits de l'homme, par un engagement spirituelle et fort contre le nazisme.
Roland de Pury est né à Neuchâtel en Suisse en 1907. Après des études en lettres à l'université de Neuchâtel, Roland de Pury songe à devenir écrivain. Avec son ami Denis de Rougemont, il fonde la revue Hic et Nunc. Suite à une conversion, il étudie la théologie protestante. En 1932 il étudie à Bonn chez Karl Barth et devient son disciple.
Sa résistance spirituelle et l'aide aux réfugiés juifs.
Après un poste de pasteur dans une paroisse réformée en Vendée, en 1938 Roland de Pury s'installe à Lyon au temple réformée de la rue de la Lanterne. En 1940, avec son épouse Jacqueline, il prend la tête d'un mouvement de résistance spirituelle et aide les juifs persécutés à quitter la France en direction de la Suisse. Le 14 juillet 1940 Roland de Pury fait une prédication dans laquelle il s'oppose fermement au nazisme, au maréchal Pétain et à la collaboration de l'Ėtat français. Ce prêche intitulé «Tu ne déroberas point» est très probablement la première action de résistance chrétienne en France. En effet, il faudra attendre septembre 1941 pour que soient élaborées les Thèses de Pomeyrol.
Après l'occupation de la zone "libre" par les forces allemandes en novembre 1942 et l'installation de la Gestapo à Lyon très vite les Allemands repèrent le discret va-et-vient des réfugiés juifs dans le presbytère. Roland de Pury est arrêté au milieu d'un culte. Il est détenu durant plusieurs mois par les Allemands au Fort Montluc de Lyon, où il rédige son Journal de cellule. Relâché contre des espions allemands arrêtés en Suisse, le pasteur se réfugie à Neuchâtel avec sa famille. Dès la libération, il retourne à Lyon et retrouve sa chaire.
Les années après-guerre:
Roland de Pury entre alors dans une période d'intense activité littéraire.
Dans les années 60 et 70, le pasteur devient missionnaire. Il séjourne, entre autres, au Cameroun et à Madagascar. Il s'élève contre la colonisation et dénonce la torture pratiquée pendant la guerre d'Algérie.
En 1976 l'association juive Yad Vashem, qui travaille à la reconnaissance de la Shoah, lui a décerné, ainsi qu'à Jacqueline son épouse, la médaille des Justes parmi les Nations.
Il est décédé en 1979.
La drôle de guerre et l'occupation
Après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, le 1er septembre 1939, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l'Allemagne le 3 septembre 1939.
520 000 français sont évacués des zones frontalières comprises entre la ligne Maginot et l’Allemagne.
L'Allemagne nazie envahit la France, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas le 10 mai 1940.
Le gouvernement désemparé se replie à Bordeaux dès le 11 juin. La France est envahie. C’est l’exode vers le sud. Le président du Conseil : Paul Reynaud, est contraint de démissionner. Le maréchal Pétain forme alors un nouveau gouvernement et obtiendra les pleins pouvoirs le 10 juillet 1940. La République est abolie.
Le 22 juin 1940, la France écrasée signe l'Armistice. Les Allemands mettent en place toute une série de mesures pour limiter sur le territoire la circulation des personnes et des marchandises et le trafic postal entre deux grandes zones délimitées par la ligne de démarcation qui sépare la zone libre où s’exerce l’autorité du gouvernement de Vichy, de la zone occupée par les Allemands.
La ligne de démarcation traverse treize départements sur 1 200 km : Ain, Allier, Charente, Cher, Dordogne, Gironde, Indre-et-Loire, Jura, Landes, Loir-et-Cher, Pyrénées-Atlantiques, Saône-et-Loire, Vienne.
A partir de novembre 1942, la zone dite libre est occupée par les Allemands, et une partie de cette zone est sous occupation italienne : les Alpes-Maritimes, le Var, les Hautes et Basses-Alpes, l'Isère, la Drôme, la Savoie et la Haute-Savoie.
Cette zone passera sous occupation allemande à compter du 8 septembre 1943, date à laquelle les persécutions s'intensifient envers les juifs réfugiés dans la région.
La guerre et la paroisse d'Annemasse
La guerre, suivie bientôt par l'occupation italienne et allemande, perturbe à nouveau la paroisse. Le pasteur Bach a été mobilisé. En son absence le pasteur Burnat le remplace, cependant que le pasteur de Ferney assure les cultes à Saint-Julien. Lors des permissions du pasteur Bach, le Conseil est souvent convoqué précipitamment par téléphone. Le vice-président était à cette époque M. Perrier. La municipalité a ouvert une garderie, car les femmes doivent travailler en l'absence de leurs maris mobilisés.
1940 : le Synode régional a lieu à Livron dans la Drôme, et le pasteur émet le vœu qu'il soit ouvert à des délégués laïcs responsables dans les paroisses. On forme des comités pour structurer les annexes de la paroisse, à Reignier, à Saint-Cergues, à Collonges, à Saint-Julien.
1941 : Plusieurs pasteurs de Genève remplacent tour à tour le pasteur Bach, en particulier les pasteurs Bovet et Burnat. Les paroissiens organisent l'envoi de colis aux prisonniers et aux évadés. Le pasteur Bach rentré dans la paroisse présente au Conseil ses diplômes universitaires de Théologie, et il passe de suffragant à pasteur de l'église Réformée de France d'Annemasse.
On continue de chercher un lieu de culte à Saint-Julien, on étudie la possibilité de fêter le cinquantenaire du Temple. Les horaires de l'enseignement religieux sont fixés par une loi du régime de Vichy au matin de 8 heures à 8 h 45. Mais surtout il y a les nombreux problèmes de la guerre, de l'occupation, des réfugiés, de la Résistance, des dissensions entre paroissiens...
La guerre à Armemasse, fut comme ailleurs, une période complexe et qui souleva des passions. La Savoie faisait partie de la zone libre laissée à la France par l'armistice signé par Pétain, lequel effectua, à Annecy, en septembre 1941, un voyage officiel qui déplaça un grand public. Comme ailleurs, on dut y appliquer les lois iniques du régime de Vichy contre les Juifs. La Savoie fut envahie sans coup férir par les troupes italiennes, à la suite du débarquement allié en Afrique du Nord. Les Allemands, dès 1942, prirent place en Savoie, mais ne firent que transiter par la Haute Savoie. Ils s'y déployèrent en septembre 1943, après l'armistice entre Badoglio et les forces Alliées.
A Annemasse quatre hôtels furent réquisitionnés par les SS, dont le tristement célèbre "Fax Hôtel". La famille Bach, aidée de quelques amis fut très active de 1941 à 1943. Elle fit passer de nombreux Juifs pourchassés par Vichy, puis par la Gestapo, à travers le presbytère, et de là en Suisse voisine. La chaire du Temple servait de boite postale clandestine. Environ 150 Juifs ou résistants passèrent ainsi en Suisse grâce au point de passage qu'était le temple d'Annemasse.
Voici ce qu'écrivait à ce sujet Mme Bach, qui joua un grand rôle en cette période. "Depuis mon retour j'ai été et je suis encore submergée, cela n'arrête pas, les gens, les problèmes se succèdent dans la maison à une allure que je n'arrive plus à dominer. On dirait que la maison les attire. Puis, chaque soir, il y a mes évadés. Ma petite lumière dans la nuit."
Lettre de Jeanne Bach, en date du 9 février 1940. Cité d'après En souvenir de Jeanne Bach (1891-1949).
Mais, déjà en 1942, le pasteur Bach, arguant d'un surmenage dû à ses études, interrompt momentanément ses activités, il est à nouveau remplacé par des pasteurs venus de Genève (Mottu et de Benoît de Roulet). En réalité il s'était engagé dans la Résistance et dirigeait un maquis. Son épouse restait seule au presbytère, poursuivant courageusement l'action de sauvetage, mais devait bientôt se réfugier à Morzine, et enfin, après la déportation par les Allemands de leurs amis protestants Bailly, partait se cacher dans le Nord de la France, au Gâteau.
Naturellement tout le monde n'était pas d'accord avec la transformation du presbytère en lieu de passage pour réfugiés et en filière d'évasion pour juifs. Voici encore ce qu'écrivait Mme Bach le 23 juin 1943 à une amie:
"Je t'ai dit que la coupe était pleine. Ces jours-ci j'ai fait l'expérience de la dureté, d'une certaine incapacité de comprendre certaines choses, et de l'abîme qu'il peut y avoir entre la charité chrétienne dont on parle, que l'on prêche, qui fait partie du discours d'usage lorsque l'on serre la main à quelqu'un qui est dans la difficulté, et la réalité. Ce refuge que nous avions dans le presbytère gêne, il faut le supprimer.(...) J'ai aussi trouvé dans cette paroisse des amitiés fidèles et douces qui resteront le souvenir lumineux des années d'ici."
Les filières d'évasion en question impliquaient en général un pasteur de l'intérieur, en particulier le pasteur Theis, du Chambon - sur-Lignon. Il envoyait au presbytère d'Annemasse (ou aux cures de Douvaine, de Collonges...) des groupes d'enfants juifs qui étaient aussitôt confiés à des passeurs, on passait la frontière principalement du côté de Juvigny.
Les passeurs furent presque tous déportés, et périrent, tels M. et Mme Bailly (un square, rue Fernand-David, rappelle leur mémoire). L'action des Bach à Annemasse s'inscrivait dans un mouvement plus vaste, celui de la CIMADE (Commission Inter-Mouvement auprès des évacués), né en 1939, dirigé par le pasteur Marc Boegner, et qui organisa le sauvetage de nombreux Juifs. Le pasteur Chapal d'Annecy avait organisé toute une filière depuis Marseille jusqu'en Suisse.
En janvier 1993 Israël lui conféra à titre posthume la Médaille des Justes. Du côté catholique les dévouements poussés jusqu'au sacrifice suprême ne manquèrent pas non plus, comme en témoignent, entre autres, les destins du père Louis Favre, du petit séminaire de Ville-la-Grand, fusillé le 13 juin près d'Annecy, ainsi que ceux de l'abbé Jean Rosay de Douvaine, mort en déportation, lui aussi titulaire de la Médaille des Justes, mais à titre posthume, ou de l'abbé Marius Jolivet, curé de Collonges-sous-Salève...
Tous témoignent de ce que l'Ambassadeur de France Jean-Marie Soutou, un des fondateurs de Témoignage Chrétien, a dans une cérémonie organisée à Douvaine en mémoire de l'abbé Rosay, appelé "l'insurrection chrétienne contre le totalitarisme".
Cependant la vie paroissiale se poursuivait, et devait se poursuivre, même si, selon des témoignages reçus, Mme Bach devait veiller lors de tel repas de paroisse à ce que les "pro-Résistants" soient dans une salle, et les autres dans une autre. Le pasteur Westphal, président du Consistoire, rend alors visite à la paroisse et il est décidé de proposer la création d'un deuxième poste pastoral pour les disséminés, car il y a maintenant plus de 800 foyers protestants, sans doute en raison d'un afflux de réfugiés venus du nord du pays.
1943: La Région entérine la création d'un second poste, et le pasteur Thenet, de Livron, dans la Drôme, est candidat. Le pasteur de Roulet assure l'intérim du pasteur Bach, dont la paroisse a pris congé après un culte d'adieu très émouvant. Mais, n'ayant pu obtenir l'autorisation d'exercer en France, il doit regagner Genève après onze mois de service dans la paroisse. Un étudiant en théologie, M. Michel, seconde le pasteur Thenet.
Il faut nommer un nouveau pasteur dans le secteur d'Annemasse. Le pasteur genevois Grandchamps, pressenti, doit renoncer faute d'une autorisation. On élit alors le pasteur Schneider, un Alsacien qui a occupé le poste de Cannes, mais ne s'est pas bien adapté au Midi. Il définit son rôle devant le Conseil, comptant avant tout miser sur les visites et sur une action au niveau de la jeunesse. On loue un appartement à Ambilly pour le pasteur Thenet.
On crée un fichier des paroissiens. On envisage la création d'un poste de diacre pour l'aide sociale aux familles nécessiteuses. Le pasteur Schneider veut faire une conférence publique sur le protestantisme. Un différend éclate entre lui et le pasteur Thenet, dont le style était plus "classique", ce qui l'amène à démissionner le 11 novembre 1944, après une séance exceptionnelle à laquelle prend part le président du Consistoire. Il sera remplacé par le pasteur Gruner, un Suisse, ancien pasteur à Chancy (Genève), puis sur le plateau ardéchois, à Mars, et qui restera en poste jusqu'à 1950. Avec son épouse, le pasteur Gruner a beaucoup oeuvré pour la jeunesse, et pour la chorale.
Une histoire émouvante
"La Postière courageuse "
Pendant la seconde guerre mondiale, des "juifs" ont trouvé un refuge provisoire à Clans. Les villageois tentent de les protéger contre les rafles en mettant en place un service d’alerte.
Plusieurs personnes s’étaient organisées pour prévenir les "juifs" afin qu’ils aient le temps de se cacher avant l’arrivée des Allemands. Paul Isoart, affilié à la Résistance surveille la route qui passe devant l’usine EDF de Bancairon. En cas de danger, il prévient le cafetier du Pont de Clans qui avertit à son tour Edwige Isoart, receveuse des PTT. Le message transmis par téléphone, très simple « le lait monte », signifie qu’il y a une visite de la Gestapo. Ce stratagème permettait aux juifs de se mettre à l’abri avec la complicité active des habitants. Malheureusement, il y eut quelques fausses alertes, ce qui les rendit moins vigilants. Le lundi 25 octobre 1943, les allemands arrivent brusquement à Clans, sans que personne n’ait pu être averti. Lors de cette rafle organisée par Aloïs Brünner, 27 réfugiés juifs sont arrêtés, mais une trentaine d’autres ont pu être sauvés. La police allemande, rendue furieuse par son échec partiel, traîne Edwige Isoart sur la place du village, sous la menace d’un revolver, mais elle parvient à se disculper et n’est pas arrêtée.
Paul Isoart, maire de Clans pendant de nombreuses années et son épouse Edwige, ont obtenu la médaille des Justes. En 1993, une plaque commémorant le cinquantième anniversaire de la rafle a été apposée sur le mur de la mairie.
Le village de Clans est situé dans les Alpes Maritimes entre mer et montagne. A 50 kms de Nice et 50 kms des stations de ski du Mercantour (Auron, Isola 2000, La Colmiane et Roubion), c'est un village de moyenne altitude (700m) de la vallée de la Tinée
--> Quand cette plaque a été apposée, se tenait à Nice le Congrés des Etudiants Juifs, le dirigeant du Crif de Nice eut l'idée de faire monter à Clans environ 600 étudiants qui, par leurs présences, sont venus dire merci à la population courageuse de ce village. (qui doit avoir moins d'habitants qu'il n'y avait d'étudiants ce jour là).
Inoubliable.
En lisant tout ca, je ne peux m'empecher de me dire, que la nature humaine est bonne, il suffit de regarder du BON cote, du cote positif des choses.
Ma mere m'avait raconte, que c'etait une femme ARABE qui avait aide mon pere lorsqu'il avait ete "requisitione" pour le travail oblgatoire en Tunisie,il n'y avait pratiquement rien a manger, et cette femme l'avait aide pour ne pas qu'il ne meure de faim.
Yom nifla le coulam.
Les Justes… d’Espagne / Los Justos… de España
Des vies bien remplies Antoine BEILLEdécédé le 13 octobre 2007 était président national de l’Amicale des Anciens du 21e Régiment de Marche de Volontaires Étrangers. Et aussi membre de notre Amicale : voir commentaire page ci-contre. Né le 30 août 1917 à Nissan (Hérault), il préparait l’agrégation d’espagnol quand intervint la mobilisation de septembre 1939. Aspirant-officier en décembre, incorporé à sa demande dans le 21° Régiment de Marche de Volontaires Étrangers, il fut grièvement blessé en mai 1940 dans les Ardennes.
De retour dans l’Hérault, il intégra l’AS (Armée secrète) en 1941 puis rejoignit le Front national en octobre 1942 à SaintPons. Il participa à la création d’un maquis FTPF, qui prit le nom de Jean Grandel, l’un des fusillés de Châteaubriant. Dès 1941, il adressa des amis juifs à ses parents ; son village de Nissan accueillit au total une trentaine de juifs auxquels furent fournis de faux papiers.
Antoine Beille, ses parents et son épouse, ont reçu la Médaille des Justes décernée par Israël.
Président départemental de l’ARAC de l’Hérault, Antoine Beille était titulaire de la croix de guerre avec palme, de la médaille militaire, de la croix de guerre avec étoile d’argent, officier de la Légion d’honneur, officier du Mérite national, officier des Palmes académiques. A sa famille, à ses amis, nous exprimons toute notre sympathie.
Référence : [ mer47.free.fr]
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