Par Alain Chouffan
LA COMMUNAUTÉ JUDÉO-TUNISIENNE AU CINÉMA - GRAND SUCCÈS DE L'ÉVÉNEMENT CINÉ-”TUNES”
3 JOURS DE RÉTROSPECTIVE DE FILMS
Quelle belle idée ! Et quel succès ! 3 journées de films et de documentaires, qui témoignaient de la vie commune et pacifique de deux communautés les plus représentées à la belle époque ! Et quels magnifiques débats animés entre Serge Moatti et Férid Boughedir après avoir vu ensemble Villa Jasmin, et Michel Boujenah et Ariel Zeitoun pour leur film Le Nombril du monde. Que de souvenirs entre eux sur les films qu’ils avaient réalisés ensemble ! Des rencontres qu’il ne fallait rater ! Découvrez, plus bas, le programme de ces trois jours .
Il y avait 100.000 juifs en Tunisie. Il n’en reste plus aujourd’hui que 1.500. La nouvelle génération ignore ce passé qui remonte à l’antiquité. Il était bon de la rappeler, et de la ressusciter. C’était le but des organisateurs notamment celui de Pierre Mamou, la cheville ouvrière et l’organisateur en chef de cette programmation. Ces journées ont été non seulement suivies devant un public nombreux mais aussi réussies par une participation massive du public. La communauté tunisienne expatriée, musulmane, juive (dont les membres se donnent entre eux en France le surnom festif de « Tunes »), ou chrétienne, garde un lien très fort avec sa patrie d’origine. Des individus collaborent, travaillent ensemble sur tous les terrains, aussi bien économiques que culturels, ces liens doivent être entretenus et renforcés. C’était aussi l’objectif de ces journées. (1)
Face à l’oubli par « effacement de traces », toutes les formes de mémoire sont convoquées. Des films font partie de ces traces. Le sens le plus profond que pourrait assumer ce patrimoine serait de contribuer à renouer le dialogue entre les cultures, entre les religions, à maintenir la conscience de la pluralité.
La communauté juive dans le cinéma tunisien est une constante sur laquelle se sont penchés des critiques et des cinéastes tunisiens. Dans son film autobiographique Les jasmins de la véranda, Serge Moati a fixé, à l’occasion de son retour dans son pays natal, les réminiscences de sa mémoire d’enfant, lorsqu’il vivait encore à Tunis. Dans «L’homme de cendres » de Nouri Bouzid, une longue séquence chargée d’émotiontraduit la relation privilégiée qu'entretient un jeune tunisien avec son maître artisan de confession juive. Le cinéaste Férid Boughedir a exprimé à l’Unesco en 1994 à la suitede la projection de ces deux films, la perte pour sa génération de cette dimensionculturelle d’eux-mêmes qu’était l’apport de la communauté juive de Tunisie.
« C’est en évoquant les déchirures, les cloisonnements, tout ce qui est arrivé entre les deux communautés tunisiennes, juive et musulmane, que nous arriverons à les dépasser. (…) Je suis fier en tant que Tunisien de cette volonté aujourd'hui clairement et officiellement exprimée de panser ces blessures et de marcher à nouveau les uns vers les autres. (…) Ce moment que nous vivons est très important car nous sommes en train de réécrire une partie de notre histoire. (…) Le dialogue intercommunautaire et interconfessionnel en Tunisie semble bouger de manière significative, entre autres, peut-être, grâce au cinéma… »
