Bienvenu(e)! Identification Créer un nouveau profil

Recherche avancée

SOYONS CLAIRS...PAR HEDI BOURAOUI.

Envoyé par breitou 
SOYONS CLAIRS...PAR HEDI BOURAOUI.
15 octobre 2011, 11:08
Le monde entier se souvient de la Révolution Française, 1789, parce qu’elle a aboli la monarchie et installé la république et la démocratie. Et surtout les Droits de l’Homme devenus valeurs universelles. Mais l’on ne se souvient pas de la Révolution américaine de 1776 qui a, en réalité, inspiré les Français. Cependant, il ne faut pas oublier que les Américains eux-mêmes ont été influencés en premier lieu par le Siècle des Lumières français et ses philosophes, Voltaire, Montesquieu, Rousseau dont le Contrat Social, à tendance romantique, a été une véritable source des théories démocratiques. Thomas Paine était le lien fondamental entre la Révolution américaine et la française.



À notre époque, on constate même dans les pays occidentaux que le rôle de la femme est toujours subordonné à celui de l’homme. Quand on pense que même pour le Président américain Barack Obama, tout le monde sait que son épouse Michelle est nettement plus populaire que son époux. De même Hillary Clinton, qui est nettement reconnue comme « plus intelligente » que Bill.



Tout le monde sait que la Tunisie moderne a misé sur deux dimensions essentielles : l’Éducation et le Code du Statut Personnel. Les prérogatives et les droits de celle-ci ont été dûment inscrits dans la Constitution du pays. Il y a eu au début de la Révolution du 14 janvier 2011 une tentative d’instaurer l’égalité/ parité femme/ homme, l’un des facteurs essentiels à ajouter aux acquis de la condition féminine tunisienne. Il est regrettable que, dans les discussions récentes, les partis politiques, et plus particulièrement les Islamistes, veulent plutôt une régression au lieu d’une progression.



Revenir en arrière pour ne pas dire à l’obscurantisme, et abandonner ce qui a été conquis de haute lutte sera absolument catastrophique. Progresser et améliorer le Statut de la femme en établissant l’égalité et la parité avec l’homme pourrait donner à la Tunisie la même dimension universelle, sinon mieux, que les Droits de l’Homme ou, comme disent les Québécois, les Droits de la Personne.



C’est peut-être un rêve ! Un idéal ! Et pourquoi pas ?



La Révolution tunisienne est un jalon historique pour presque le monde entier. Elle marque le fait que tout gouvernement totalitaire ou démocratique ne peut plus gouverner avec impunité. Un jour ou l’autre, il devra rendre des comptes ! Voir la Révolution de l’Égypte, le Yémen, Bahreïn, la Libye, la Syrie… mais aussi celle des « indignés » d’Espagne, d’Italie… Le jasmin et sa révolution ont été pris comme symbole en Chine !



Nous devons cette Révolution aux jeunes cybernautes qui ont su rallier toutes les couches sociales du pays. Mais avant cela, il a fallu tant de sacrifices humains et matériels pour atteindre ce point de non-retour. Élan splendide, révolutionnaire, pacifique, auquel nous avons tous cru, car il marquait un changement spontané et inattendu des mentalités cloîtrées dans un silence coupable. La parole était bâillonnée, n’osant pas lever le nez ni de ses consonnes, ni de ses voyelles. Après la Révolution elle s’est déchaînée à tel point que l’on ne pouvait plus s’entendre parler. Logorrhée, cacophonie ! La liberté d’expression subitement accaparée par les partis politiques qui n’en finissent pas de se concurrencer dans une course effrénée pour acquérir le pouvoir.



Dans notre passé nous avons eu deux Présidents :



Habib Bourguiba : dictateur plus ou moins éclairé. Égocentrique, mégalomane,

en fin de compte, honnête, qui n’a rien pris des deniers publics. Il est décédé dans la maison de ses parents.



Zine - el Abidine Ben Ali : dictateur, voyou, inculte, revanchard, sans scrupule, mafieux et roublard, a dévalisé les Tunisiens, tout en spoliant l’héritage et le patrimoine mondial. Il a fini par fuir comme un voleur, lâche et crapuleux, se réfugier dans un pays se glorifiant de posséder les lieux sacrés de l’Islam, et qui refuse de l’extrader !



Ce rappel historique n’a pour but que pour rappeler la concentration de pouvoir dans les mains d’une seule personne. Plus de ce dicton mondial : « Le roi est mort, vive le roi ! » Plus de Père, fût-il Père de la Nation. Comme nous l’avons vu, toute figure paternelle infantilise et brime ses enfants. Le peuple tunisien s’est montré adulte en renversant le despote subjuguant toute la nation.



Durant la période trouble des gouvernements transitoires, plusieurs dangers menacent la sécurité et la stabilité. Trop de confusions et de manque de communications claires et distinctes ! Des idéologies surgissent comme herbes folles après la pluie, ce qui bafoue la raison et les acquis positifs de la Constitution. D’innombrables partis, plus d’une centaine, essaient d’avancer leurs programmes flous et ambigus pour l’obtention de voix alors qu’on ne prévoit jusqu’à présent pas plus de 2 à 3 millions et demi d’électeurs. Les partis politiques sont un mal nécessaire pour toute démocratie, mais leur profusion ne peut mener qu’aux débâcles. Certains partis très structurés, comme les partis religieux, s’associent à d’autres sur tout l’éventail/ l’échiquier politique de la gauche au centre à la droite. Les chiffres sont ahurissants : « 11 333 Candidats en 1570 listes dans 33 circonscriptions dont 6 à l’étranger à se disputer 217 sièges de l’Assemblée nationale qui sera élue le 23 octobre 2011, »



De très grands intellectuels et penseurs ont fait entendre leurs voix, clarifiant les enjeux à tous les points de vue.



Je vous recommande vivement le positionnement sur l’Islam de :



Si Mohamed Talbi, son livre Goulag et Démocratie. Le grand penseur historien et islamologue n’hésite pas à déclarer dans une interview de La Presse, « L’Islam est laïcité, démocratie et liberté. »



Pour l’économie : voir le livre «De l’Indépendance à la Révolution», et les articles de Si Mansour Moalla, les articles de Si Rachid Sfar. Articles publiés dans Leaders.com



Pour être clair et bref :



Établir une nette séparation du religieux et du politique.



L’un relève du domaine privé et individuel, l’autre du public et du collectif.



Quel régime politique faut-il choisir : présidentiel ou parlementaire ? Peut-être une combinaison des deux pour limiter le pouvoir du Président, et pour éviter les atermoiements de tout groupe dirigeant. Ainsi, on pourra peut-être atténuer les dangers et les dérives de chaque régime.



Les Britanniques et les Canadiens ont un système parlementaire avec, à la tête, un Premier Ministre et non un Président. Quand un vote de non-confiance est déclaré, le Parlement est dissous et une nouvelle élection est annoncée. Dans le système qui combine le présidentiel et les parlementaires, il y a la soupape de sécurité des « checks and balances, » un équilibrage qui peut cependant coincer le Président.



Assainir le plus rapidement possible les malversations et la corruption de l’ancien régime. Celles-ci doivent être réglées par les commissions à cet effet. Que justice soit faite. Pas de vengeance ni de revanche. Faire attention à ce que le dogme religieux ne phagocyte pas les courants laïques et démocratiques. Dans les hautes sphères du pouvoir, s’assurer que la religion ne s’immisce pas dans la politique. Et la politique ne s’immisce pas dans la religion. Ces deux domaines doivent coexister dans le respect de tous et de toutes. Les pratiques religieuses relèvent de la sphère individuelle, assurant par là le choix et l’adhésion d’une personne à une croyance donnée. Donc à chacun(e) de faire son propre chemin spirituel / mystique dans la vie. La séparation du religieux et du laïque permet un assainissement de l’exercice du pouvoir, soulignant en premier lieu, l’intérêt collectif de toute la nation. Donc à toute la population de contribuer à construire un monde meilleurs pour le pays.



Last but not least, le Code du Statut de la Femme dont les droits acquis doivent être renforcés par l’égalité des sexes et leur parité, comme nous l’avons suggéré dès le début de ce texte. Et ce n’est qu’en accomplissant ce changement que nous pourrons tous dire qu’une grande partie des objectifs de la Révolution du jasmin a été une réussite. Un succès nous orbitant au premier rang du concert des Nations.



Hédi Bouraoui.



[www.leaders.com.tn]
Re: SOYONS CLAIRS...PAR HEDI BOURAOUI.
15 octobre 2011, 11:43
Chez nous juifs tunes et même chez les musulmans, l’expression ‘…Sabac el khir… !’ Traduit textuellement signifie avance le bonheur, où soit optimiste.

Nous sommes des communautés qui avançons tjs l’espoir, oui l’espoir lorsque l’horizon parait bouché. Cet espoir ne peut venir que par des gens, des membres dépourvus de haine et d’obscurantisme qu’ils soient pratiquants ou pas.

Nous juifs tunisiens, sommes viscéralement attachés à notre ancienne patrie et notre fibre envers lui n’a jamais souffert de doutes ou de malentendus. Nous sommes sincères et sans aucun partie prix. Dépourvus de calcul et de faux semblants.

Il n’y a qu’à lire les commentaires de tous nos compatriotes juifs tunisiens sur les divers forums qui vont dans le sens du bien être de la Tunisie. Le contraire serait renier notre identité et laisser la porte ouverte à toutes sortes de réflexions allant à l’encontre de notre ressenti.

Il y a bien sur aussi des revanchards, comme partout ailleurs, qui souhaiteraient bien que s’installe le chaos là bas. C’est à vous et à vous seulement PEUPLE DE TUNISIE que revient le rôle de démentir les propos de ces oiseaux lugubres.

Si après soixante ans notre Tunisie trouve enfin l’opportunité de remettre les choses en place sans ambigüité, grâce à l’esprit ‘révolutionnaire’, ces révolutionnaires épris de paix , de justice et de stabilité, ils doivent cependant se méfier des comploteurs barbus sortis de l’ombre assujettis à des groupes ou à des puissances dont le but avéré est de profiter de l’occasion pour imposer leur dikta.

Il faut que ces premiers se battent becs et ongles contre l’obscurantisme dont nous parle SI HEDI BOURAOUI. La démocratie c’est l’ouverture aux vraies valeurs universelles longtemps mises sous scellées par des pouvoirs de profit et d’égoïsme archaïque.

Cet esprit de la liberté qui tend à s’étoffer chaque jour un peu plus, ne doit pas faire oublier que d’autres fils de la Tunisie, dite moderne et vivant ailleurs, sont concernées.

Il y a dans notre pays des valeurs sures déjà acquise comme le rôle de la femme tunisienne à tous les échelons de la vie sociale ou politique, les ignorer aujourd’hui porterait un coup fatal au processus de la démocratie.

Alors ‘…SEBCOU EL KHIR… ! Tous ensemble.



Re: SOYONS CLAIRS...PAR HEDI BOURAOUI.
20 octobre 2011, 12:32

Par Hédi Bouraoui

La nature est le vert sans perversité. Sauf celles qu’il subit à son insu ! A chaque saison, il prend, en poussant, diverses tonalités jusqu’à la récolte finale. Nourriture substantielle d’où les célébrations de l’Action de Grâce en Amérique du nord. Action qui rend à César ce qui n’appartient qu’au végétal bénin. Avant la chute des feuilles, l’arbre s’habille de ses couleurs les plus chatoyantes, les plus spectaculaires de l’automne. Il se prépare alors à l’hibernation ! Une fois complètement dénudées, les branches gardent une autre splendeur, admirable par sa sérénité !



Et si l’on observe la nature humaine, on se rend compte que l’Homme dévie presque toujours de l’élan naturel. Il s’en déconnecte, souvent sans le savoir ! Contorsion de cette nature qui expose les torts et les travers plus que de montrer les bienfaits qui, quoiqu’il en soit, sont parfois secondés par une certaine spiritualité. Je ne parle pas des dogmes religieux de n’importe quelle croyance. La spiritualité et la moralité sont des facteurs qui nous indiquent les chemins épineux, tortueux, ou paisibles d’une droiture, remis sans cesse en question. Je n’ai nullement l’intention de légiférer ce qui est bon ou mauvais même dans ma propre conduite. Car le naturel suit son cours. Ne dit-on pas « Chassez le naturel, il revient au galop ? » Puis je n’ai jamais été un « donneur de leçon » même si ma profession m’en donnait le droit. J’ai toujours expliqué ma façon d’interpréter un texte, tout en encourageant les étudiant(e)s à trouver leurs propres approches. Se libérer du « modèle critique » du Professeur, et les incite ainsi à inventer des moyens personnels d’aborder telle ou telle problématique. C’est apprendre à voler de ses propres ailes. L’enchantement de la liberté acquise !



Cette deuxième semaine d’octobre, j’ai vécu, de loin, deux évènements marquants : l’incendie des locaux de Nessman TV, et la violence des manifestants à Tunis et à Sousse. Ce qui m’a profondément attristé. Et l’autre, l’émission de France 2 du 10 / 10 / 11 et l’intervention d’Arnaud Montebourg sur les résultats des Primaires socialistes pour l’élection présidentielle. Ce qui m’a donné un peu d’espoir non seulement pour les Français, mais aussi pour les Tunisiens. Des discussions de ce genre pourraient servir d’éclairage sur les moyens de bien nous conduire vers une véritable démocratie. Nous connecter aux vraies valeurs de nos rapports quotidiens et agir en conséquence.



Des Islamistes ont attaqué la chaîne de télévision Nessma parce qu’elle a osé présenter un film franco-iranien, Persépolis, avec une séquence qui montrait la figure d’Allah, tenant un petit bonhomme tout vêtu de noir. Or aucune représentation du divin n’est admise en terre d’Islam. D’après la scène que j’ai vue, le portrait était sous-entendu et non littéralement défini. J’ai appris le lendemain, que le Directeur de la chaine, Nabil Karoui s’est excusé d’avoir heurté la sensibilité des Tunisiens. Mais l’attaque a bien eu lieu. Et l’excuse aussi ! Je ne sais pas si l’on peut qualifier cette erreur de jugement de blasphème ou pas ? Si la neutralité de ce média a été maintenue ? Ou si la liberté d’expression a dépassé la ligne rouge ? Cependant, le désaccord n’aurait pas dû déclencher de violence. Il aurait pu être résolu par le dialogue. Les points de vue des partis politiques et celui de la télé en opposition caractérisée auraient gagné à une confrontation pacifique et équitable pour tout le monde. Pas de provocation contre les uns ou les autres ! Dans la tempête qui continue de plus belle, il faudrait trouver les moyens de calmer les esprits.



Les Islamistes ont aussi manifesté violemment à Tunis et à Sousse parce que les universités de ces deux villes ont refusé l’inscription à une jeune fille portant le voile intégral. Mais comment une étudiante peut-elle s’inscrire en Faculté si l’administration ne voit pas son visage et donc se trouvre dans l'impossibilité de vérifier son identité ? Dans ce cas comme dans le précédent, l’intolérance a pris le dessus et la confrontation a causé des dégâts psychologiques et matériels. Ceci fait rayonner, au pays, un sens d’insécurité qui découragera non seulement les touristes, mais aussi les investisseurs éventuels. Personne n’aime se trouver pris dans des émeutes ! Il faudrait que le pays se déconnecte de la violence pour cultiver une civilité généreuse et accueillante qui a fait notre réputation. Mentionnons qu’Ennahda a condamné l’attaque des locaux de la Télé, ainsi elle s’est déconnectée de la violence. Mais est-ce une véritable condamnation ? Où est-ce un moyen politique, pour ne pas dire machiavélique, pour rassurer les électeurs ? Et pour Karoui est-ce un mea-culpa sincère ou une enfreinte à tout devoir de neutralité dans l’information ?



Ajoutons à cela des provocateurs de toutes sortes qui sèment la zizanie par amour d’anarchie, de besoins d’argent, de vandalisme, de règlements de comptes, de clans de mafieux, d’anciens sbires du régime précédent… Personne ne le sait ! Récemment, la rumeur court que Sfax est devenue la Chicago de la Tunisie ! Triste sort où l’on assiste à des petites guerres de bandes, empoisonnant l’atmosphère de la capitale du sud, nerf névralgique de l’économie du pays !



Ironique, l’affirmation du Premier Ministre, Béji Caïd Essebsi, aux Américains, quelques jours avant, de « ne pas avoir peur des Islamistes ! » Juste pour plaire et obtenir quelques millions d’aide ! Non seulement, l’Amérique fait face à un endettement colossal, mais elle n’est plus la première puissance mondiale (c’est la Chine) et elle aura toujours peur de l’Islam ! Il suffit de se rappeler le discours de Barak Obama au Caire et de son positionnement au Moyen-Orient, en Irak, et en Afghanistan. Là, il n’a fait que défendre le statut quo de la vente des armes, et du complexe militaire pour que les Musulmans continuent à s’entretuer. Ce président a soulevé l’enthousiasme du monde entier lors de son élection. Mais franchement, il a déçu. Au lieu de poursuivre son portrait d’humaniste et ses discours faisant rêver tout en donnant de l’espoir aux exclus, il s’est reconnecté à la politique désastreuse de son précédent. L’enlisement dans sa politique militaire et la réélection pour un second mandat l’ont déconnecté de ses premières intentions, ce visage de l’humain qui a tant plu au début.



De la Globalité



Aujourd’hui, l’on ne peut pas parler d’un pays dans évoquer le contexte mondial ! Et plus précisément de tout ce qui se passe dans les régions et les continents avoisinants. Le sort de la Tunisie est lié d’abord à son propre sol, au Maghreb, à la Méditerranée, à l’Afrique, au « village global ». Remercions le Gouvernement transitoire actuel et la Haute instance qui ont essayé de préparer les Tunisiens aux élections d’une Constituante. Même si leur but a été éteint avec pas mal de hauts et de bas, des embuches nécessaires pour avancer. Constatons la profusion de partis, de candidats, de prétendants… de programmes politiques plus ou moins bien concoctés. Impression que tout un chacun n’a en tête que l’obtention d’un siège au pouvoir, celui-là même qui sera mis en place. Peu importe son importance, même si c’est un strapontin ! Une course effrénée au pouvoir qui donne le vertige ! Et plus d’un ou d’une est perdu dans cette confusion généralisée. Puis le lavage de cerveau se poursuit en toute impunité. Ceux qui ont subi l’exil dans des pays démocratiques pendant une vingtaine d’année ne semblent pas avoir appris grand-chose sur le déroulement démocratique et ses exigences. Affolantes enchères qui ne profiteront qu’aux Happy Few ! Ces privilégiés auront sans doute conquis ce pouvoir tant adulé, mais qui oublieront vite la dictature, subie pendant plus d’un demi-siècle, pour imposer la leur ! Même si elle est diluée dans des slogans libertaires !



J’avoue avoir des appréhensions concernant les Salafistes, surtout s’ils veulent imposer la Charia. J’ai été amplement persuadé par la démonstration de Si Mohamed Talbi à leur égard. Ce grand penseur de l’Islam s’en méfie ! Imaginez qu’aujourd’hui même, avant les élections, certains menacent d’égorger tous les intellectuels qui sont des « mécréants ». Alors que ces savants sont des autorités mondiales dans les domaines religieux ! Quelle ignorance ! Quelle stupidité ! Voilà bientôt trente ans, j’avais écrit dans «Vers et l’Envers» : « La culture est le chemin de la tolérance. / Et l’ignorance ne peut être que source de violence. » Je continue à croire que le peuple tunisien se ressaisira et suivra la voie saine du bon sens. Cette véritable sagesse qui nous a été inculquée par nos mères, fussent-elles analphabètes. Qui ne se souvient pas d’avoir été grondé par sa mère lorsque gamins nous jetions un morceau de pain ? « Ma tlaouahch na’amet Rabbi ! » (Ne jette pas la nourriture qui appartient à Dieu !) Un autre exemple du respect porté à la nourriture : un parent diabétique qui réclamait haut et fort de manger de tout sans restriction aucune, peu avant sa mort : « A’atini Enna’ama ouKhallini Na’ama ! » (Donne-moi de la nourriture et laisse-moi devenir aveugle ! » Tout cela pour dire que nous croyons tous au Mektoub (ce qui est écrit, sous-entendu dans notre destinée). « Illi mektoublik, It choufou » (Ce qui est écrit pour toi, [dans ta destinée] tu le verras) Ce n’est pas un fatalisme pur et simple. Mais chacun de nos destins est régi par une Spiritualité supérieure, fondement de l’unicité de Dieu. Ce qui n’empêche pas le libre arbitre de jouer complètement son rôle de décideur. Ne dit-on pas encore : « Illi mach y mout fi sitta ma y mout fi sittine, ou illi mach y mout fi sittine ma y mout fi sita » (Celui qui doit mourir à 6 ans ne mourra pas à 60 et celui qui doit mourir à 60 ne mourra pas à 6.)



Je réitère ces exemples du parler tunisien qui contient en lui-même un art de vivre. La langue parlée – considérée malheureusement comme un dialecte et donc inférieure à l’arabe classique – est la seule qui unit tout le peuple. Par-delà ses frontières ! Pensons à ceux et celles qui parlaient le judéo-arabe tunisien… et qui continuent de le parler. Dommage que les appétits de pouvoir personnel viennent perturber la réconciliation nationale, la paix et la joie du vivre ensemble. Nous sommes loin d’être gouvernés par une démocratie digne de ce nom. Car la confusion générale règne. Une « Khoumadha » (une confusion) carabinée et la résurgence de la violence ne prédisent rien de bon, du moins pour la situation d’aujourd’hui à la mi-octobre.



Il me semble que l’intolérance, source de haine et de parti-pris, ne devrait pas avoir lieu pendant les moments troubles de reconstruction. La démocratie revendiquée par la Révolution du jasmin ne peut se faire en peu de temps. Il s’agit de la laisser murir en lui bâtissant des bases solides. Si nécessaires pour le bien être de la population et les intérêts du pays.



On me rétorquera que les démocraties européennes ou américaines ont pris de nombreuses années avant de donner leurs fruits. Et c’est bien vrai ! Il est urgent pour la Tunisie d’entamer une démocratie ouverte, tolérante vis-à-vis des minorités, dotée d’une justice sociale, de la liberté d’expression, de la neutralité des médias… ceci pour ne citer que quelques données.



J’ai eu le plaisir de regarder le Journal télévisé de France 2 qui rendait compte des résultats des Primaires socialistes pour l’élection présidentielle. Si François Hollande a remporté 38% des voix, Martine Aubry 30%, la surprise a été les 17% d’Arnaud Montebourg. S’il a réussi à obtenir ce score, c’est surtout parce qu’il a plaidé la cause des chômeurs, des paysans, des fonctionnaires, brefs de tous les laissés-pour-compte dans une mondialisation à outrance qui étouffe les pauvres et renchérit les plus riches. Son programme est de lutter contre toute corruption dans les rouages de l’Etat, d’augmenter le pouvoir d’achat, de réduire la fracture sociale, de faire rêver les Français en leur rendant leur dignité due au labeur bien récompensé.



A plusieurs reprises, David Pujadas a essayé de le pousser à se déclarer pour l'un des deux candidats. « Ne vous sentez-vous pas dans la position de faiseur de roi ? ». :Le journaliste lui a même soufflé le nom de Martine Aubry. Arnaud Montebourg de répondre :



« Je ne vois pas de grande différence entre les programmes des deux Secrétaires du Parti. Martine Aubry avait déclaré auparavant que la différence entre eux n’est qu’une question de tempérament. On ne fait pas de politique avec du tempérament, mais en proposant un programme de justice sociale, une sortie de la mondialisation, une lutte contre la corruption.



Et de conclure : « Je compte leur écrire une lettre et c’est en fonction de leur réponse que je déciderai. Quelques jours plus tard, il laisse ses supporteurs libres de voter selon leur âme et conscience, et leur penchant. Quant à lui, il donnerait sa voix à François Hollande.



Acte de clarté et de réflexion qu’on voudrait voir chez tous les politiciens. Non pas se lancer à l’aveuglette, mais assumer son rôle dans la transparence et en parfaite connaissance de cause. En parcourant les discours des leaders tunisiens la réflexion se fait rare autour de la croissance, de pouvoir d’achat, du chômage, du développement durable du pays… toutes ces questions préoccupantes dans un monde en crise. Enlisés dans « la binarité infernale » : religion / laïcité, ils n’arrivent pas à en sortir. Ils sont parfois connectés aux problématiques du jour sans en expliquer les défis et les enjeux. Et surtout : comment sortir le pays du marasme de la violence et de l’insécurité où il est plongé depuis la révolution ?



Homme global et technologie de pointe



L’Homme / Femme global(e) s’est superlativement et merveilleusement connecté à la technologie de pointe. Temps et espace ont été incroyablement bouleversés. A tel point que la communication entre les personnes, les pays, les continents est devenue un jouet facile entre les mains de tout un chacun(e) dans l’univers. « Le Village global » annoncé par le Canadien Marshall McLuhan s’est superbement accompli. Il a même dépassé toutes les prévisions. Lorsqu’il avait lancé la formule « Le medium est le message », il ne savait pas que, par cet acte de foi, il a vidé toute la substance du message à communiquer. A quoi sert alors d’avoir tous les moyens à sa disposition quand le contenu de la communication ne vaut pas toujours la chandelle ? Ou du moins, n’est pas apte à satisfaire le besoin fondamental de connaissances ?



Bill Gate (Microsoft /Windows) et Steve Jobs (Mac / Apple) nous ont ouvert le monde entier à la Toile du WWW. Avec des systèmes de réseaux si complexes et si performants ! Nulle communication ne peut leur résister. Seulement voilà, le contenu est passé à un rôle plus ou moins secondaire, laissé un tant soit peu à la périphérie du savoir et des fluctuations conditionnelles de la Nature humaine. Bien sûr que les connaissances peuvent se trouver par Internet / explorer et tutti quanti. Mais la chaleur du contact humain, l’affection visible sur les visages, les élans du cœur qui se manifestent autour d’une phrase, d’une expression ou d’un geste se retrouvent au second plan. La mécanique du vivant ne peut se saisir dans le figé de la technique !



Se connecter et se déconnecter sont devenus à la portée de tous et à l’échelle de tous les continents. Un peu comme si on allumait la télé et que l’on se mettait à zapper des centaines de chaînes. Et il n’y a plus de différence entre les pays dits développés, ceux en voie de développement ou même sous-développés. Parfois, comme pour la révolution tunisienne, les cybernautes ont déjoué toutes les censures du régime dictatorial. Et ils ont ainsi pu se rallier tout le public nécessaire aux manifestations de masse. Indéniable donc l’apport extraordinaire de ces moyens de communications dans les relations publiques. Voir aussi tous ces mouvements des Indignés en Europe (Espagne, Portugal, Italie, France, Allemagne…) en Amérique, à Wall Street, au Canada, à Toronto… La contagion est planétaire ! Avec la différence, ce n’est pas une maladie, mais un moyen de revendiquer son mécontentement dans les affaires sociales et étatiques. Tout soulèvement de masse dans la paix fait honneur au pays qui le pratique. Mais quand cela dégénère en violentes confrontations, et en débordements incontrôlables, il y a de quoi s’inquiéter !



Les téléphones mobiles et leurs gadgets, Internet et autre iPhone, iPad… se sont révélés d’une utilité considérable. Surtout quand ils nous ont connectés aux besoins fondamentaux de la Nature humaine : communications, liberté d’expression, justice sociale, solidarité, dignité, égalité des sexes, cohésion du pays, tempérer l’appétit vampirique des banques, différentes luttes contre la corruption, endettements d’état, mondialisation pour un partage équitable des richesses….



Quand les connections / déconnections encouragent l’enfermement en soi ou l’isolement derrière des écouteurs plantés dans les oreilles, au métro ou lorsqu’on marche, leurs effets me semblent nuisibles. Ainsi la technologie coupe les gens de l’environnement où ils vivent. Ceux-ci ne font plus attention ni aux personnes qu’ils croisent, ni au paysage qui les accueille. C’est donc une forme d’aliénation aux conséquences désastreuses, nous privant d’une bonne partie de notre humanité. Il faudrait ainsi reconsidérer ces moyens de communications pour remettre au centre l’humain dans ses croisements culturels à tous les niveaux. Ce qui rendrait la dignité aux vivants dans toutes leurs pérégrinations réelles et imaginaires.



Dans cet article, je ne plaide pas pour une imitation pure et simple de la Nature naturante qui, elle, est fixe, ne poussant qu’en hauteur et / ou à l’horizontale comme le lierre sur les murs ou le chasselas sur les tonnelles. Par contre, la Nature humaine possède des atouts essentiels parmi lesquels, la parole, la réflexion, l’intelligence, l’intuition, la mobilité… Ce qui permet à l’Homme / Femme non seulement de dépasser la Nature naturante, mais de la maîtriser, de l’exploiter… Enfin de compte, Nature naturante et Nature humaine se rejoignent dans leur condition de fluidité en Naturel majeur. Chacune d’elle suit inexorablement la Nature du Naturel ou le naturel de la nature qui en fait l’essence et le fondement.




Hédi Bouraoui
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter






HARISSA
Copyright 2000-2024 - HARISSA.COM All Rights Reserved