ANCIEN CORRESPONDANT DU " MONDE " À JÉRUSALEM André Scémama est décédé
Par J.-P. P.-H. - Le Monde
Correspondant de Radio-France à Jérusalem, ancien correspondant du Monde (de 1955 à 1977) et ancien directeur des programmes francophones de la radio israélienne, André Scémama est mort lundi 2 août, à Jérusalem, des suites d'un cancer. La direction et la rédaction du Monde ont adressé un message de sympathie à la femme et aux trois enfants d'André Scémama, dont son fils, Dan, l'un des journalistes en vue de la radio-télévision israélienne.
Il avait affronté le mal qui le frappait avec le même cran et aussi la même pudeur qui avaient caractérisé les différentes étapes, parfois mouvementées, de son itinéraire professionnel et personnel. De même qu'il se faisait prier pour conter sa longue expérience journalistique (commencée en 1937, à dix-neuf ans, à Radio-Tunis et à Tunis-Soir, et poursuivie ensuite à la R.T.F. à Paris, avant le départ sans retour pour Israël), dès les premières atteintes de la maladie il s'était retiré dans sa petite maison de Jérusalem, voisine de l'ancienne ligne coupant la ville en deux, continuant à travailler par téléphone mais préférant ne pas se montrer dans un état diminué à ses amis.
Né en 1918 dans une vieille famille Israélite d'une Tunisie où l'on pouvait, de bonne foi encore, croire définitif le protectorat français, Il avait, avant l'indépendance de son pays natal, choisi de vivre l'expérience de la renaissance de la patrie juive, apprenant l'hébreu tout en défendant fermement les positions culturelles françaises dans le nouvel État.
Vite remarqué pour sa connaissance des problèmes israéliens, il avait collaboré au Monde dès 1951, en devenant le correspondant particulier en 1955, avant son intégration comme membre de la Société des rédacteurs du journal en 1968. À la fin de 1977, après le voyage de Sadate à Jérusalem, qui avait suscité son enthousiasme, lui d'habitude si sceptique, il avait préféré, avec une grande honnêteté, quitter le Monde, ne se sentant pas à l'aise avec la position réservée du journal à l'égard de l'initiative de paix du raïs. Cela n'avait point empêché qu'il demeurât pour nous un confrère apprécié et souvent un ami proche.