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REVUE DE PRESSE - ARTICLES INTERESSANTS

Envoyé par jero 
PREPARONS NOUS A UNE RIPOSTE IRANIENNE
22 septembre 2007, 23:49
PREPARONS NOUS A UNE RIPOSTE IRANIENNE

L’expérience du passé nous montre que l’Iran va vraisemblablement réagir à l’incident Syrien.

Par Zaki Shalom, maître de conférence à l’Université Ben Gourion et chercheur à l’Institut National d’Etudes sur la Sécurité.

Paru dans www.YnetNews.com – 17 septembre 2007

Traduit par Stéphane Teicher



Le 16 Février 1992, des hélicoptères de combat Israéliens attaquaient un convoi circulant au Sud Liban, qui transportait notamment le secrétaire général du Hezbollah Abbas Musawi, sa femme, son fils de six ans, et plusieurs gardes du corps.

Tous furent tués dans l’attaque. Le plan initial était d’enlever Musawi dans le cadre des efforts destinés à assurer la libération du pilote des Forces Aériennes d'Israël Ron Arad. Cependant, il apparut évident rapidement qu’une opération d’enlèvement était impossible. En conséquence, le Chef d’Etat Major de l’époque, Ehud Barak, décida d’assassiner Musawi.

Israel admit être derrière cette attaque. Au même moment, Musawi était rapidement remplacé par un jeune religieux nommé Hassan Nasrallah.

L’Iran, qui se considère comme le patron du Hezbollah, ne pouvait voir l’opération de Tsahal autrement que comme une provocation et un défi. Et donc, semble-t-il, ce pays décida d’engager l’escalade, probablement en accord avec ses alliés la Syrie et le Hezbollah. Le 17 Mars 1992, plusieurs semaines après l’assassinat de Musawi, une sérieuse attaque terroriste visait l’ambassade d’Israël en Argentine. Au total, 29 personnes trouvaient la mort et plus de 240 étaient blessées.



Le 21 Mai 1994, un commando de Tsahal enlevait Mustafa Dirani. D’après les informations en possession d’Israël, il était la dernière personne à retenir Ron Arad prisonnier au Liban, tout en dirigeant une petite organisation terroriste liée à l’Iran et appelée la Résistance des Fidèles.

Le 2 Juin1994, les avions de l’armée de l’air attaquaient un camp d’entraînement du Hezbollah près de la frontière Syrienne. L’attaque intervint alors que les Shiites, dans les principales villes du Liban, y compris Beyrouth, célébraient la fête de l’Ashura, par de grandes cérémonies. Cinquante terroristes furent tués dans ce bombardement, et plusieurs douzaines blessés. La radio du Hezbollah qualifia cette attaque de "barbare" et promit "une vaste réponse à tous les niveaux".

A peine près deux mois plus tard, le 18 Juillet1994, une énorme explosion dévastait le centre communautaire Juif de Buenos Aires. Au total, 86 personnes qui se trouvaient dans le bâtiment ou à proximité furent tuées par l’explosion, et on dénombra près de 240 blessés. Une grande partie du bâtiment s’effondra et plusieurs bâtiments du voisinage furent sérieusement endommagés. Là aussi, tous les indices désignèrent l’Iran.



La crédibilité de l’Iran est défiée



Nous devons rappeler ces deux évènements au moment d’examiner l’opération menée par Israël en Syrie la semaine dernière. La nature de cette action est toujours enveloppée d'un brouillard, mais il semble toutefois clair que des avions de l’armée de l’air ont profondément pénétré l’espace aérien Syrien pour procéder à une action offensive. Cette fois, et contrairement aux précédents, les leaders Israéliens ont montré une approche plus mûre et sophistiquée en s’abstenant de revendiquer une responsabilité directe, tout en évitant des déclarations enthousiastes. Toutefois, il était difficile pour les décisionnaires Israéliens de dissimuler des signes de jubilation et de satisfaction. Pour le moment, la Syrie à choisi d’éviter une réponse "appropriée" à l’opération de Tsahal. Mais je crains qu’au milieu de la "célébration d’une victoire", nous ayons tendance à ignorer la possibilité d’une réponse Iranienne. Si la Syrie peut "faire le dos rond", supporter cette insulte, et poursuivre ses activités, il sera difficile pour l’Iran de faire de même.

L’expérience du passé nous montre qu’il est hautement probable que l’Iran ne laissera pas passer cette opération Israélienne et trouvera un moyen d’y répondre par une action qui ne laissera aucun doute sur ses commanditaires, même si en réalité il évitera d’en assumer la responsabilité.

La crédibilité de l’Iran comme allié de la Syrie a été mise à l’épreuve. Les dirigeants Iraniens se sont clairement engagés à défendre la Syrie en cas d’attaque Israélienne. Maintenant, l’Iran devra agir sur la base de ces déclarations, afin que l’alliance de Téhéran avec la Syrie reste stable. Si l’Iran s’abstenait de répondre, la Syrie et peut être aussi le Hezbollah pourraient en déduire que l’Iran n’est pas un allié fiable. – L’Iran va probablement faire tout son possible pour ne pas être affublé d'une telle image.



Prepare for Iranian response

Past experience shows Iran likely to retaliate for Syria incident

Zaki Shalom

YnetNews- 9.17.07



On February 16, 1992 Israeli gunships attacked a convoy travelling in south Lebanon that included Hizbullah secretary-general Abbas Musawi, his wife, six-year-old son, and several escorts. All of them were killed in the attack.

The initial plan was to abduct Musawi in the framework of efforts to secure the release of Air Force navigator Ron Arad. However, it quickly became apparent that an abduction operation was impractical. Therefore, then Chief of Staff Ehud Barak decided to assassinate Musawi.

Israel admitted it was behind the attack. Meanwhile, Musawi was quickly succeeded by a young cleric called Hassan Nasrallah.

Iran, who views itself as Hizbullah's patron, could not have seen the IDF's operation as anything but a provocation and challenge. Therefore, so it seems, it decided to escalate matters, likely in consultation with its allies Syria and Hizbullah. On March 17, 1992, several weeks after Musawi's assassination, a serious terror attack targeted Israel's embassy in Argentina. A total of 29 people were killed and more than 240 were wounded.



On May 21, 1994 an IDF force abducted Mustafa Dirani. Based on information available to Israel, he was the last person to hold Ron Arad as a captive in Lebanon, while heading a small terror organization connected to Iran called The Faithful Resistance.

On June 2, 1994, Air Force jets attacked a Hizbullah training camp near the border with Syria. The strike took place while Shiites in major Lebanese cities, including Beirut, held large ceremonies to mark the Ashura holiday. Fifty terrorists reportedly killed in the bombing and dozens were wounded. Hizbullah's radio stations characterized the strike as "barbaric" and promised "a broad response on all levels."

About two months later, on July 18 1994, a huge explosion devastated the Jewish community center in Buenos Aires. A total of 86 people who were in the building or near it were killed as a result of the explosion and about 240 were wounded. A large part of the building collapsed and other buildings in the vicinity were seriously damaged. In this case too, all signs led to Iran.



Iran's credibility put to the test



We must recall those two incidents as we look into the operational activity undertaken by Israel in Syria last week. The nature of this activity is still shrouded in fog, yet it is clear that Air Force jets penetrated deep into Syrian airspace and executed an offensive act. This time, in contradiction to past experience, Israel's leadership displayed a more mature and sophisticated approach and refrained from claiming direct responsibility while avoiding enthusiastic statements. Yet it was difficult to hide the signs of glee and satisfaction among Israeli decision-makers. Up until now, Syria chose to refrain from an "appropriate" response to the IDF's operation. However, I am afraid that amid the "victory celebration" we tend to ignore the possibility of an Iranian response. While Syria may "cave in," sustain the insult, and move on, Iran will find it difficult to conduct itself in a similar manner.

Past experience shows there is a high probability that Iran will not ignore this Israeli operation and will find a way to respond through an act that would not leave any doubt as to those behind it, even if in practice it would refrain from claiming responsibility.



Iran's credibility as Syria's ally has been put to the test. Iranian leaders have made clear their obligation to defend Syria in case of an Israeli attack. Now, Iran will have to act on these declarations so that Tehran's alliance with Syria remains stable. Should Iran refrain from responding, Syria and perhaps Hizbullah as well would realize that Iran is an unreliable ally – Iran will likely do everything in its power so that it is not tainted by such image.



The writer is a senior lecturer at Ben Gurion University and a research fellow at the Institute for National Security Studies
Le volcan du Moyen-Orient prêt à entrer en éruption ?
22 septembre 2007, 14:23
Le volcan du Moyen-Orient prêt à entrer en éruption ? - Par Charles Krauthammer - Pour Jewish World Review - 21 Sept. 2007 / 9 Tishrei 5768

Source : [jewishworldreview.com]

Adaptation française de Sentinelle 5768

Le 6 septembre, quelque chose d'important est arrivé dans le Nord de la Syrie. Le problème est que personne ne sait exactement quoi. A l'exception des participants, et ils ne parlent pas.

Nous savons que Israël a réalisé une frappe aérienne. Comment savons-nous que c'était important ? Parce que en Israël, où laisser " fuiter " est une forme d'art, même les mieux informés n'ont aucun indice. Ils me disent qu'ils n'ont jamais vu de secret aussi bien gardé.
Ce qui suggère que, quoi qu'il se soit produit près de Dayr az Zawr, ce n'était pas une intrusion accidentelle dans l'espace aérien syrien, pas un vol d'essai pour une attaque sur l'Iran, pas une frappe sur quelque cible conventionnelle telle qu'une base des Gardes de la Révolution iranienne, ou une cargaison d'armes destinée au Hezbollah au Liban.
Une preuve indirecte souligne que c'était une attaque sur une installation nucléaire fournie par la Corée du Nord.

Trois jours avant, un cargo battant pavillon nord-coréen a mis à quai dans le port syrien de la ville de Tartous un chargement de " ciment ". Longue route pour du ciment ! Pendant ce temps, un officiel de rang très élevé au département d'Etat a prévenu que "iI pourrait y avoir eu des contacts entre la Syrie et certains fournisseurs secrets d'équipement nucléaires". Trois jours plus tard, la réunion à six partenaires sur le démantèlement des installations de la Corée du Nord, programmée pour le 19 septembre a été soudain retardée, officiellement par la Chine, et très certainement sur l'ordre de la Corée du Nord.

A l'exception des suspects habituels - la Syrie, l'Iran, la Libye et la Russie - seuls deux pays ont manifesté de fortes protestations contre la frappe israélienne : la Turquie et la Corée du Nord. Pour la Turquie, on peut comprendre. Son armée peut avoir autorisé un corridor de survol à Israël sans même l'avoir déclaré au gouvernement islamiste civil. Mais la Corée du Nord ? En quoi cela concerne-t-il la Corée du Nord ? A moins que ce n'ait été l'installation nord-coréenne qui ait été frappée.

Ce qui provoque des alarmes pour plusieurs raisons. D'abord cela saperait tout le processus de désarmement nord-coréen. Pyongyang pourrait bien vendre son truc à d'autres Etats voyous ou peut-être le cacher juste le temporairement à l'étranger, en autorisant ostensiblement le retour des inspections à domicile.

Ensuite, il y a des implications menaçantes pour le Moyen-Orient. La Syrie a depuis longtemps des armes chimiques - Lundi dernier, l'hebdomadaire de défense " Jane " a rapporté un accident qui a tué des douzaines de Syriens et d'Iraniens chargeant une tête balistique de gaz innervant sur un missile syrien - mais Israël ne tolèrera pas une Syrie nucléaire.

Les tensions sont déjà extrêmement élevées du fait que l'Iran se précipite la tête la première vers le nucléaire. En repoussant les sanctions et une possible action militaire, le président Mahmoud Ahmadinejad a choisi une campagne radicalement agressive pour assembler, déployer, afficher et activer en partie les vassaux de l'Iran au Moyen-Orient arabe.

(1) Le Hamas lançe des roquettes sur les villes et les villages israéliens au-dessus de la frontière depuis la bande de Gaza. Son intention est de provoquer la réaction israélienne, avec de préférence une attaque terrestre sanglante et télégénique.

(2) Le Hezbollah lourdement réarmé de roquettes iraniennes, transférées à travers la Syrie, pour se préparer au prochain round de combat contre Israël. La troisième guerre du Liban, désormais inévitable, attend juste l'ordre de Téhéran.

(3) La Syrie, seul Etat arabe client de l'Iran, rassemblant ses forces à travers les Hauteurs du Golan de l'autre côté de la frontière avec Israël. Et mercredi dernier, un autre membre anti-syrien du Parlement libanais a encore été assassiné lors d'un énorme attentat à la voiture piégée.

(4) La force al-Qods des Gardiens de la Révolution iranienne forme et équipe les milices extrémistes shiites à l'utilisation des 'dispositifs explosifs improvisés' [IED] et des roquettes contre les troupes américaines et irakiennes. L'Iran aide aussi les Taliban à attaquer les forces de l'OTAN en Afghanistan.

Pourquoi l'Iran fait-elle cela ? Parce qu'elle a l'oeil dans une seule direction : la bombe. Elle a besoin d'un peu plus de temps, sachant que dès qu'elle maîtrisera le nucléaire, elle sera la superpuissance régionale et aura l'hégémonie sur le Golfe persique.

Les atouts de l'Iran à Gaza, au Liban, en Syrie et en Irak sont plein d'assurance et prêts. Le message d'Ahmadinejad est celui-ci : si quiconque ose attaquer nos installations nucléaires, nous activerons totalement nos vassaux, déclenchant une destruction sans freins sur Israël, les Arabes modérés, l'Irak et les intérêts des USA - en plus du 'banal', comme le minage du Détroit d'Ormuz, et le déclenchement d'une crise pétrolière aiguë et d'une récession mondiale.

C'est un jeu avec des périls extrêmement élevés. Le délai de la fenêtre d'opportunité est étroit. En certainement moins de deux ans, Ahmadinejad aura la bombe.

Le monde n'est pas du tout prêt à acquiescer. Le nouveau Président français a déclaré un Iran nucléaire " inacceptable ". Le Ministre français des Affaires Etrangères a prévenu que : " il est nécessaire de se préparer au pire " et " le pire, c'est la guerre, monsieur ".

Ce qui rend pour le moins urgent que des sanctions puissantes frappent le régime iranien. Des sanctions n'arrêteront pas Ahmadinejad. Mais il y en a d'autres parmi l'élite iranienne qui pourraient l'arrêter, ainsi que le programme nucléaire, avant que le volcan n'explose. Ces élites rivales peuvent bien être radicales, mais elles ne sont pas suicidaires. Et elles croient, avec raison, quels que soient les dommages que la folie apocalyptique d'Ahmadinejad peuvent infliger à la région et au monde, aux 'Croisés' et aux Juifs, aux infidèles et aux croyants, que le résultat certain d'une telle éruption sera l'enterrement de la république islamique d'Iran sous les cendres.
Re: REVUE DE PRESSE - Raid israélien sur la Syrie
23 septembre 2007, 01:57
D'après le Sunday Times de Londres, qui se base sur des informations en provenance de Washington et de Jérusalem, un commando israélien de l'unité d'élite Sayeret Matkal avait opéré auparavant au sol au nord de la Syrie pour saisir des équipements. L'opération aurait été personnellement dirigée par Ehoud Barak, ministre de la Défense..

Il s'agissait pour Israël de montrer aux Etats-Unis que ces matériels étaient d'origine nord-coréenne, pour preuve de la collaboration syro-coréenne dans un programme nucléaire. C'était un préalable pour que les Etats-Unis donnent leur accord et leur aide au raid aérien qui s'est déroulé par la suite.

From The Sunday Times

September 23, 2007

Snatched: Israeli commandos ‘nuclear’ raid

Uzi Mahnaimi, Tel Aviv, Sarah Baxter, Washington, and Michael Sheridan

ISRAELI commandos from the elite Sayeret Matkal unit – almost certainly dressed in Syrian uniforms – made their way stealthily towards a secret military compound near Dayr az-Zawr in northern Syria. They were looking for proof that Syria and North Korea were collaborating on a nuclear programme.

Israel had been surveying the site for months, according to Washington and Israeli sources. President George W Bush was told during the summer that Israeli intelligence suggested North Korean personnel and nuclear-related material were at the Syrian site.

Israel was determined not to take any chances with its neighbour. Following the example set by its raid on an Iraqi nuclear reactor at Osirak 1981, it drew up plans to bomb the Syrian compound.

But Washington was not satisfied. It demanded clear evidence of nuclear-related activities before giving the operation its blessing. The task of the commandos was to provide it.

Today the site near Dayr az-Zawr lies in ruins after it was pounded by Israeli F15Is on September 6. Before the Israelis issued the order to strike, the commandos had secretly seized samples of nuclear material and taken them back into Israel for examination by scientists, the sources say. A laboratory confirmed that the unspecified material was North Korean in origin. America approved an attack.

La suite dans

[www.timesonline.co.uk]
Ahmadinejad sur le Ground Zero !
23 septembre 2007, 02:11
Iran : Ahmadinejad sur le Ground Zero !
23.09.2007


Ahmadinejad doit se rendre à New York le 29 septembre à l’Assemblée générale de l’ONU. Il a souhaité déposer une gerbe (de fleurs) sur le site du World Trade Center.


Les Américains ont pensé qu’il s’agissait d’une opération média et ils ont refusé la permission à Mahmoud. La police new-yorkaise a rejeté la demande en raison des constructions en cours et des problèmes de sécurité à Ground Zero. Le président Bush a défendu hier cette décision des autorités de New York. Mahmoud ne désespère pas d’obtenir cette permission pour y faire un discours anti-guerre en compagnie des pacifistes américains qui réclament des négociations avec les mollahs sans qu’il n’y ait aucune pression ou sanction.

Pour se consoler, Ahmadinejad se rendra à l’université de Columbia à New York à l’invitation de Gary Sick, ex-assistant de Brzezinski pour le projet d’établissement d’une république islamique en Iran (Projet : Crescent of Crisis|Arc de Crise) et lobbyiste universitaire au sein du Think Tank pro-mollahs « Middle East Policy Council ». Mahmoud y participera à une session de questions-réponses avec les étudiants de l’université de Columbia.
La France refuse de sanctionner les Pasdaran
23 septembre 2007, 02:07
Iran : La France refuse de sanctionner les Pasdaran
23.09.2007


On le sait, le couple Franco-américain est en pleine renaissance et le ministre français des affaires étrangères n’a pas manqué de formules amicales pour nous le rappeler. Cependant, nous y voyons une opération cosmétique qui cache de profondes mésententes entre les deux nouveaux amis notamment à propos des sanctions hors ONU à imposer aux mollahs. Sur ce sujet Paris est en désaccord sur tout avec les Etats-Unis.


Le premier désaccord est à propos d’une proposition de loi américaine de pénaliser sur le territoire américain toute entreprise présente en Iran. Kouchner a exprimé son refus de cette loi qui pénalisera lourdement les entreprises Francaises (actives en Iran).

Le second désaccord est le refus Français d’inscrire les Gardiens de la Révolution, les Pasdaran, sur la liste des orgnisations terroristes. Selon Kouchner, « déclarer une organisation terroriste, c’est s’interdire de parler avec elle. » Les Pasdaran sont les parrain du Hezbollah et nous l’avions écrit, il y a bien longtemps, puisque Paris refuse de classer le Hezbollah comme une organisation terroriste, il nous parraissait impossible de vouloir s’attaquer à ce pilier du régime des mollahs qui est chargé par le régime de gérer les opérations terroristes du Hezbollah et d’autres mouvements comme le Hamas ou encore les chiites irakiens que Paris chouchoute.

Ce second point de désaccord rend suspect les propositions Françaises de sanctionner les institutions bancaires et financières du régime : elles sont toutes liées aux Pasdarans. Pour dissimuler son refus de sanctionner ce pilier terroriste du régime, les différents analystes Français évoquent évoquent le refus de la Chine et la Russie à s’aligner sur la France et les Etats-Unis pour imposer des sanctions contre les mollahs. Tous les journalistes lauréats du prix Albert Londres, prix remis par le Quai d’Orsay aux journaliste les plus fidèles à cette institution, sont désormais qualifiés d’analystes et émettent le même avis : c’est la faute à ces deux Etats (la Chine et la Russie) qui refusent un projet d’unanimité pour sanctionner Téhéran. C’est encore et toujours les petites ruses Chiraquiennes du Quai d’Orsay et le même refus d’entrer en conflit avec Téhéran avec des sanctions efficaces.

Pas étonnant que Bernard Kouchner se félicite d’avoir Ali Larijani au télépohne plusieurs fois par semaine ou par jour. Larijani est un ancien dirigeant des Pasdaran et un élément important du Hezbollah, il a été à l’origine des télévisions anti-sémites et négationnistes qui ont été interdites en France sous la présidence Chirac. Alors que la France se met en quatre pour défendre des terroristes coupables d’avoir tué des soldats français et des civils libanais, argentins ou israéliens, à Téhéran on se moque de la France et on la qualifie de « Vieille édentée qui se sent mieux quand Israël lui prête son dentier ».

Cette nouvelle politique pro-Hezbollah est la suite logique de la diplomatie chiraquienne. Nous l’avions prédit au moment où l’on parlait de l’adoption d’une nouvelle résolution. Paris jouera la carte du Statu Quo en espérant neutraliser son ami américain.
Re: La France refuse de sanctionner les Pasdaran
23 septembre 2007, 15:36
RAID CONTRE L'AXE DU MAL - PAR MICHEL GURFINKIEL -

Plus on dispose d'informations sur le raid israélien du 6 septembre contre la Syrie, plus les enjeux semblent élevés.

En 1973, la guerre du Kippour avait terni la réputation d'invincibilité d'Israël. Trois ans plus tard, le raid d'Entebbe rétablissait cette réputation. En 2006, la seconde guerre du Liban a suscité, à nouveau, des doutes sur le niveau réel de la défense nationale israéliennne. Un an plus tard, le raid exécuté par Tsahal en Syrie les dissipe.

C'est tout d'abord la gestion politique et médiatique de cette opération qui retient l'attention. Traditionnellement, en matière de défense, Israël agit beaucoup et parle peu. L'opération du Sinaï, en 1956, la guerre des Six Jours, en 1967, Entebbe en 1976, le raid sur la centrale nucléaire irakienne de Tammouz, en 1981, la première guerre du Liban, en 1982, l'opération Rempart en 2002, avaient été préparés dans le plus grand secret et menés dans une salutaire opacité. Les victoires n'étaient pas proclamées, mais constatées. En 2006, face à un Hezbollah dont les services de renseignement avaient pourtant signalé la puissance et l'éventuelle résilience en cas d'affrontement, le gouvernement et l'état-major israéliens ont eu une conduite différente, avec les résultats décevants que l'on sait.

Aujourd'hui, avec le même gouvernement qu'en 2006, mais un nouveau chef d'état-major, le général Gaby Ashkenazy, les vieilles habitudes ont été remises à l'honneur. Israël n'a pas rendu le raid public : elle a laissé la Syrie en faire état la première. Et quand celle-ci a cherché à le minimiser en parlant d'un simple « survol aérien » de son territoire, Jérusalem s'est contenté de distiller des informations plus précises, en commençant par la presse arabe internationale et en remontant vers la presse occidentale, notamment anglaise (The Observer, The Sunday Times) ou américaine (The Washington Post). Au fur et à mesure que ces informations paraissaient, la véritable dimension stratégique et tactique de l'opération est apparue : quelque chose qui combinerait Entebbe et Tammouz.

Selon le Sunday Times de ce week-end, Israël aurait appris au mois d'août que la Syrie était sur le point de recevoir des éléments d'armes nucléaires opérationnelles (ogives ou lanceurs, ou les deux) de provenance nord-coréenne. Le dossier aurait été transmis aux Etats-Unis. Après vérification, ceux-ci auraient accordé leur feu vert début septembre à une éventuelle action israélienne.

Damas, qui dispose à la fois d'un arsenal chimique et bactériologique important et de missiles, a récemment menacé Israël d'une « surprise terrible » : peut-être une allusion à l'acquisition de l'ultime échelon non-conventionnel, le nucléaire. Mais les experts américains et israéliens n'excluent pas une autre hypothèse, selon laquelle la livraison nord-coréenne serait en fait destinée à l'Iran. Un transit par la Syrie, via Lattaquié, serait moins repérable qu'un acheminement direct, via le golfe Persique.

Le 6 septembre, Israël attaque. En recoupant les diverses versions mentionnées à ce jour par les médias arabes et anglo-saxons, un raid aérien aurait d'abord détruit la surveillance aérienne dans le nord de la Syrie : des appareillages d'origine russe, et peut-être entretenus par un personnel russe. Une autre attaque aurait détruit diverses installations, ou un convoi motorisé, à la base militaire secrète de Daïr az-Zwar. Il semble que cette dernière ait été menée par une unité aéroportée, ayant parallèlement pour mission de collecter des preuves matérielles d'une implication nord-coréenne. Les Israéliens – un commando du Sayereth Mathkal, la force chargée des missions de choc - auraient tué des « dizaines » de Syriens et de Nord-Coréens, mais n'auraient pas eu, eux-mêmes, de pertes.

Conclusions provisoires :

Premièrement, l'efficacité de l'outil militaire israélien a été à nouveau démontrée, et la capacité de dissuasion d'Israël largement restaurée.

Deuxièmement, on peut présumer que la Syrie viole le traité de non-prolifération nucléaire, dont elle est signataire, et prépare délibérément une guerre d'extermination contre Israël.

Troisièmement, l'axe du Mal dénoncé par les Etats-Unis depuis 2001 (Syrie, Iran, Corée du Nord) est une réalité.

Quatrièmement, ce qu'Israël peut faire en Syrie, une coalition de la liberté dirigée par les Etats-Unis peut le faire en Iran.

Cinquièmement, une opération plus ambitieuse, allant jusqu'à l'annihilation complète du potentiel critique, peut sans doute être menée en Iran par Israël, jusqu'à un certain point, ou par une coalition de la liberté.

Sixièmement, l'opération israélienne semble avoir bénéficié du soutien turc. Ce qui peut signifier, au choix, que le gouvernement néo-islamiste turc dirigé par Recep Tayyip Erdogan s'oppose, comme d'autres gouvernements musulmans, à l'extrémisme syro-iranien, qu'il a décidé de se comporter dans cette crise en allié fidèle des Etats-Unis, sinon d'Israël, contrairement à ce qui s'était passé en 2003 lors de la guerre d'Irak, ou que l'armée turque, de tradition nationaliste laïque, conserve une marge d'indépendance vis-à-vis du gouvernement.

Septièmement, ces événements renforcent en France ceux qui, autour du président Nicolas Sarkozy et du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, prennent au sérieux les menaces non-conventionnelles iranienne et syrienne.

Michel Gurfinkiel, 2007
Iran : Arrestation complexe d’un membre des Pasdaran en Irak
24 septembre 2007, 10:18
Iran : Arrestation complexe d’un membre des Pasdaran en Irak
24.09.2007


Le 20 Septembre, l’armée américaine a annoncé l’arrestation à Souleimaniyeh dans le nord de l’Irak d’un iranien accusé d’être un agent de la force de Qods, la branche chargée des opérations terroristes au sein de la milice des Pasdaran. Le régime des mollahs entend utiliser cette arrestation pour confirmer son influence en Irak.


Dans un premier temps, le ministère iranien des affaires étrangères a présenté les raisons officielles de la présence de cet homme (colonel milicien Mahmoud Farhadi, commandant local des Pasdaran) sur le territoire du Kurdistan irakien : selon Téhéran, il serait le responsable des « échanges transfrontaliers » de la province de Kerman-shah, région frontalière du nord de l’Irak. Selon les mollahs, le milicien Farhadi se trouvait en Irak sur l’invitation des autorités locales de Souleimaniyeh. Le régime des mollahs a donc protesté et demandé sa libération.

Pour confirmer son influence en Irak, le régime des mollahs a menacé de rompre ses relations commerciales avec le Kurdistan Irakien et a fait appel au président irakien, le kurde Jalal Talabani qui a longtemps vécu en Iran aux frais des mollahs.

Les mollahs avaient également fait appel à son autorité pour la libération de 5 hauts membres de la Brigade Qods arrêtés au Kurdistan irakien en janvier 2007. Talabani avait alors exigé leur libération malgré le fait que l’un d’eux avait tué un célèbre dirigeant Kurde. Malgré les annonces presse affirmant que Talabani avait obtenu leur libération, les 5 hommes sont encore en prison en Irak.

Cette fois, Talabani a changé de discours, il a publié une lettre de protestation pour demander la libération du détenu iranien au nom de la souveraineté Irakienne ! Selon lui, les Américains ont humilié le gouvernement régional en ignorant son autorité. L’intervention de Talabani est d’autant plus incongrue que les mollahs ont récemment bombardé le Kurdistan irakien pendant des semaines en tuant des dizaines de kurdes et en détruisant plus de 150 villages sous leurs tirs d’obus.

Dans sa lettre, Talabani n’évoque pas ces tirs d’obus et se concentre sur deux registres populistes : l’impact d’une interruption des relations commerciales avec l’Iran, mais aussi l’humiliation de l’autorité locale, c’est d’ailleurs le thème principal de la communication publique du régime des mollahs dans cette affaire. Téhéran a souligné la violation [1] de la souveraineté Irakienne !

La démonstration de l’influence des mollahs en Irak est faite, même si Talabani échoue dans son action. L’un des hommes sélectionnés par Washington pour prendre le pouvoir en Irak s’aligne régulièrement sur les positions anti-américaines et pro-mollahs.

Ce positionnement est le résultat de l’efficacité de la présence milicienne des mollahs en Irak et la supériorité de cette petite présence sur l’armada américaine de 160,000 hommes. Les mollahs disposent d’une cinquantaine de commandants de Qods en Irak qui sont chargés d’encadrer des miliciens étrangers, entraînés en Iran, payés en faux dollars iraniens et équipés de bombes mises au point pour Téhéran par des ex-terroristes de l’IRA. Ce sont ces groupes mobiles composés de djihadistes étrangers « ni sunnites-ni chiites » qui s’attaquent sans distinction aux convois de l’armada américaine pour briser leur morale ou organisent des attentats contre les civils irakiens (sunnites ou chiites) pour saper l’autorité officielle (les américains et le gouvernement).

Cette dernière arrestation d’un agent iranien ne désorganisera pas cette guérilla bien huilée : en janvier dernier, les Américains ont arrêté les 5 chefs présumés des opérations et ont intercepté des cartes de répartition des effectifs, des carnets secrets ou encore des ordinateurs, mais ce coup n’a pas désorganisé la guerre asymétrique des mollahs en Irak. Elle est même devenue de plus en plus efficace et meurtrière puisque ces groupes ont réussi à éliminer le principal allié arabe des Américains, le chef tribal, Abdoul Sattar Abou Risha.

Cette dernière arrestation est inefficace pour une deuxième raison : actuellement les Américains cherchent à accuser spécifiquement la force de Qods qui n’est qu’un exécutant. Nous avons eu d’autres exemples d’arrestations de ce genre, mais après toutes ces arrestations, pas un seul des dirigeants iraniens n’a été explicitement accusé par les Etats-Unis. L’objectif des Américains est d’affaiblir le régime sans inculper les vrais donneurs d’ordres. Les affaiblir pour les convaincre d’accepter un Deal Régional (une entente).
Iran : L’affaire Kouchner plaît aux mollahs !
24 septembre 2007, 10:23
Iran : L’affaire Kouchner plaît aux mollahs !
24.09.2007


Téhéran affirme que Bernard Kouchner a appelé Larijani au téléphone pour lui présenter ses excuses. C’est pourquoi le régime des mollahs ne voit « aucun obstacle » à la venue à Téhéran du chef de la diplomatie française.


« Il a évoqué son désir (de venir en Iran). Nous n’y voyons aucun obstacle. Nous pensons que de telles rencontres et échanges politiques aident à mieux comprendre les réalités de la région », a déclaré le porte-parole du ministère, Mohammad Ali Hosseini, lors de son point de presse hebdomadaire et dominical.

Les mollahs entendent exploiter au maximum aussi bien les excuses téléphoniques de Kouchner que ses déclarations à propos des plans militaires pour une attaque de l’Iran.

La réponse positive au désir de Kouchner de se rendre en Iran est l’une de ces exploitations et nous sommes certainement au début de la campagne pour la surmédiatisation de ce voyage, mais à la veille de ce oui médiatique, Téhéran a mandaté son lobbyiste n°1 à Paris pour organiser une manifestation de protestation de la « communauté iranienne à Paris ».

Ce lobbyiste est Ali Rastbin qui avait précédemment organisé en 2006 une manifestation pro-mollahs avec la présence de Dieudonné. Rastbin est le directeur de l’Institut International d’Etudes Stratégiques de Paris, un centre de réflexion dont l’objectif est de tisser un réseau d’auteurs préférentiellement occidentaux qui pourraient le moment venu participer à des conférences, séminaires ou publications qui comme par hasard traitent des bons choix politiques du régime des mollahs.

C’est ainsi que Rastbin (ou Rastbeen) a organisé une conférence pour justifier le programme nucléaire des mollahs. Rasbin s’est également incrusté dans un organisme Strasbourgeois nommé Ecole de la Démocratie, où il évoque sans doute le modèle démocratique de la république Islamique et où il côtoie Bronislaw Geremek, un grand partisan de la poursuite du dialogue avec les mollahs sans recours à des sanctions au sein du Conseil de sécurité.

La force des mollahs est la gestion des réseaux : réseaux terroristes, réseaux d’intellectuels ou encore réseaux d’artistes iraniens (Shirin Neshat, Satrapi, Jafar Panahi) qui militent pour la paix et le dialogue, mais jamais contre la charia et ses méfaits (spécialement en Iran).
SOUS LE SIGNE D'ORANGE MECANIQUE
24 septembre 2007, 11:06
SOUS LE SIGNE D'ORANGE MECANIQUE
De l'esthétique de la barbarie à la reddition politico-religieuse



Par Laurent Murawiec
[jjri.net]
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La sensibilité post-moderne adore la souffrance et les victimes. Elle déteste le héros, elle lui oppose la beauté de la faiblesse et la jouissance de l'effondrement. Elle aime le néant, la guenille, et leur spectacle. Il faut être pauvre ou misérable, membre de la Cour des Miracles, exhiber les cicatrices et les cautères, faire partie de la Sainte Théorie des Opprimés et des Exploités.
A cette condition, et à celle-là uniquement, on peut tuer, égorger, mutiler : tous les droits vous sont acquis, vous qui n'en aviez aucun. Vous êtes un Damné de la Terre. Vous êtes purifié par la souffrance, la rédemption est vôtre ; nul n'est innocent que vous, tous les autres sont coupables de n'être pas vous. Il faut avoir été crucifié avant de postuler aux dignités d'être humain. C'est seulement parce que vous avez été esclave que vous existez, ce qui réduit les autres à l'état de zéros manqués, puisque vous êtes le Grand Zéro.

C'est dans l'abjection, comme Saint Jean Genet, dans le meurtre rédempteur, comme Saint Frantz Fanon, que vous retrouvez l'Identité perdue ou plutôt, volée : il faut qu'il y ait un coupable puisqu'il y a une victime. Généralement, c'est « la société » qui a l'obligeance d'être portée volontaire comme coupable désigné. Non seulement le Mal existe-t-il, mais il est incarné, c'est « la société » dont la culpabilité absout les individus de toute responsabilité ; réciproquement, s'il un a un Mal, il doit y avoir un Bien non moins incarné : la Victime. Nous sommes ici dans une théologie implicite, quoique infantile, du Bien et du Mal : elle est manichéenne au sens propre, elle interprète tout au nom d'une réalité supérieure que seuls savent interpréter ses prophètes.
Cette Cour des Miracles permanente, qui promeut un engagement radical en faveur de la Victime, ne peut pas être considérée comme allant de soi, comme si une génération spontanée avait par miracle engendré une sensibilité aussi contraires aux affects qui prédominaient naguère. On n'est pas passé naturellement de John Wayne aux mignonnettes vedettes masculines qui dominent Hollywood aujourd'hui (le « super-héros »-surhomme est hors-classe, il ne compte pas au rang des humains mais des demi-dieux au sens grec du terme). Pour la sensibilité d'époques antérieures les caractères décrits ici n'allaient pas de soi, au contraire.

Les prédilections de la génération de 1945, de celle de 1968, sans parler de celle de 1918, n'inclinaient pas dans cette direction, quels qu'aient été leurs propres errements. L'époque vous persuadait de devenir soldat héroïque, résistant ténébreux, rebelle indomptable, militant exemplaire; les modèles de comportement explicite que l'on glanait chez Jules Romains parlaient de grands collectifs et de morale, ceux de Romain Rolland d'exaltation panthéisto-artistique, ceux de Sartre reposaient sur l' « engagement », Camus proposait le Dr Rieux de La Peste, modèle honorable d'action personnelle et morale, le père des « Médecins sans frontières » en quelque sorte, ou c'était un René Char, résistant-poète.

Pour sortir des étroites limites de l'Hexagone, une génération entière d'écrivains, anglo-américains en particulier, avait fait de la Guerre d'Espagne le vivier de ses personnages et l'archétype de son engagement, avant que la Deuxième Guerre mondiale vienne fournir le théâtre où les romanciers campaient leurs personnages. On croyait, on agissait, on se voulait acteur.
Mais aux yeux un peu embrumés qui furent ceux de la génération « neutraliste », celle du Monde des années 50 qui refusait en pinçant le nez, l'air dégoûté, de choisir entre les Etats-Unis et Staline, la Guerre froide comportait trop d'ambiguïtés pour être honnête. Ce fut la « fin des idéologies. » Elle réduisit singulièrement le champ d'action possible : puisqu'on avait eu tort de trop croire, on ne croirait plus ; il fallait un degré zéro de la croyance, où l'on ne risquait plus de s'engluer.

Au trop-plein de « cru » il fallait substituer un creux de scepticisme protecteur : pâtir et non agir ou, à défaut, se faire empathique aux effets pervers du monde sans plus vouloir ni l'interpréter comme les philosophes ni le « transformer » comme l'avait voulu le théoricien passé de mode Karl Marx. Ce n'était donc plus le combat qu'il fallait porter au pinacle, ni le combattant, ni leurs motifs ; il fallait vénérer la cicatrice, le pansement taché, le membre mutilé. On passait du Christ vainqueur à la Madone souffrante. C'était la « théologie de la libération » qui abolissait tout ce qui n'était pas strictement humain dans le Christianisme, remplaçant ce dernier par la Christologie, une Christologie de la souffrance et non plus de la rédemption. La victime qui n'existe qu'en vertu de sa victimité offre une croyance pleine de gloire et des lendemains qui chantent sans danger.
La sensibilité qui fait époque n'est pas tramée d'un seul fil. Ce n'est jamais un seul Werther qui crée le Romantisme. Pour tisser la tapisserie, il faut beaucoup de Pénélope qui passent leurs jours à tresser sans rien défaire la nuit. La sensibilité de l'époque, c'est en particulier son art qui la cultive. L'idéologique conditionne, l'artistique imprègne. Une œuvre fera saillie plus que d'autres pour incarner le changement de tonalité, et sera quelquefois reconnue comme telle.

A cet égard, Orange mécanique, le film-culte, comme on dit, tiré par Stanley Kubrick du roman d'Anthony Burgess en 1971, me semble important ; je ne sais, énigme aux allures de cliché, s'il reflétait les changements en cours ou s'il leur donna une nouvelle impulsion, mais si, comme il est probable, il participait des deux, il marqua un changement tectonique de la sensibilité.
Dans un avenir pas si éloigné, Alex, joué par Malcolm McDowell, est un jeune voyou ultra-violent et bien fait de sa personne, qui viole et cogne aux accents esthétisants de la IXè symphonie de Beethoven. Attirant, incarnation d'une jeunesse libérée du passé, de toute conscience et de tout lien social autre que celui de son gang, il vit sans temps mort et jouit sans entraves, il tue comme ça lui vient, avant d'être emprisonné et soumis par un Etat policier à un traitement qui s'apparente à un lavage de cerveau psycho-chimique. Désormais incapable de commettre un acte de violence ou de se livrer à un acte sexuel, ses anciennes victimes prennent leur revanche, montrant qu'ils ne valent guère mieux que la vermine qu'il fut. Après d'autres aventures, guéri, Alex se retrouve – en rêve, en réalité ? – à s'envoyer en l'air avec une blonde alléchante sous les applaudissements de la bonne société, aux accents de sa symphonie favorite. La roue a tourné. Le crime a été assimilé et intégré : il est devenu socialement acceptable.
Une scène se détache fortement d'un film aux images frappantes et à l'esthétique violente : Alex et ses amis les nervis ont forcé l'entrée d'une confortable demeure où ils maltraitent brutalement l'occupant des lieux, écrivain de profession, en chantant Singin' in the rain avant de violer sa femme, dont on nous montre la rose peau, les seins innocents et le doux corps qui va être violenté. Ce n'est plus Lucrèce dont le viol provoque l'expulsion des rois étrusques de Rome, ce n'est certes pas Jeanne d'Arc ou, pour un Anglais, la Reine Vierge, l'énergique Elizabeth I.
Le mari enrage, comme castré par le viol de sa femme par le voyou. Un sentiment trouble envahit l'écran : la laideur est celle de cet impuissant intello ; la beauté du diable est celle du criminel attentatoire. Le choix de la profession de la victime – écrivain – est significatif : il incarne l'intelligentsia incapable de se défendre, violée dans son intimité profonde. Ce n'est plus le Lucifer de Milton, celui des Romantiques en mal de négativité, ce sont les Bas-fonds qui envahissent la réalité et la déterminent. C'est l'intellectuel qui, s'identifiant au corps de la femme violée, accepte et embrasse sa propre débilité. Subliminalement, l'intellectuel « devient la femme », figure de la soumission.

De quoi est-il question ? Un bref détour dans la filmographie de Stanley Kubrick servira de piste : cinéaste de grand talent, auteur de films de haute qualité, Les Sentiers de la gloire (1957) avait établi celle de Kubrick qui y mettait en scène de façon critique la répression des mutineries de 1917 dans l'Armée française. Spartacus (1960), super-production hollywoodienne, fut dans l'instant un classique du cinéma de gauche, révolte des esclaves, etc., alors que montait le mouvement des droits civiques : le film l'installait fermement au pinacle de la Gauche hollywoodienne.
Avec Dr. Folamour ou : comment j'ai appris à vivre avec la bombe (1964), Kubrick se lança résolument dans la critique sociale. Le film remporta un formidable succès : au plus fort de la guerre froide, cette comédie-cauchemar nucléaire mettait en scène la machine infernale qui va déclencher, hors tout contrôle humain, la guerre nucléaire généralisée. On voyait le général Léventreur (Jack Ripper), le général Turgidson et le commandant Kong rivaliser avec le savant « ex- » nazi passé aux Américains, le Dr. Folamour (Strangelove en anglais), pour s'assurer au nom de leurs caprices idéologiques ou caractériels que « la bombe » aurait sa chance.
Les derniers plans mettent effectivement en scène de multiples explosions nucléaires. Le côté soviétique est présenté comme tout aussi infantile que l'Américain, quoique beaucoup plus lointain – les Américains sont là, les Soviétiques sont loin, c'est donc aux premiers qu'on s'intéresse, les seconds disparaissant presque de l'équation. Les Américains sont des militaristes mécaniques et forcenés, avec un fort relent nazi (inspiré par Werner von Braun, l'un des pères du programme spatial américain).

Le film n'envisage pas un instant qu'existent dans la Guerre froide de véritables enjeux : il s'en contre-fiche. Le signe d'égalité nivelle dingues américains et dingues soviétiques, les Américains sont pires puisque nous les voyons de près, par un effet de perspective d'une formidable malhonnêteté intellectuelle. Pas d'enjeu, pas de contenu, pas de réalité, mais uniquement la fausse fenêtre : puisque l'un et l'autre se sont engagé dans la course aux armements et la « Destruction mutuelle assurée » (MAD), ils sont donc l'un et l'autre destructeurs et dangereux. Tout est déshistoricisé et décontextualisé. On ne juge pas, pardi ! On n'arbitre pas entre les fous ! On est dans le neutralisme. Kubrick se plaçait à pieds joints dans la contre-culture, qui embrassa la thèse avec délices ; c'était la sienne de toute manière.

Dans un monde politiquement absurde où il est vain de vouloir « choisir » entre deux antagonistes également destructeurs et essentiellement analogues, quelle voie s'ouvre-t-elle à l'intellectuel, à l'artiste ? C'est ce choix qu'opère symboliquement Orange mécanique : tout le raffinement de l'artiste, le talent de l'intellectuel, sont incapables de le protéger de l'agression et de l'intrusion commise par un monde en folie qui frappe aveuglément même qui se cantonne dans son chez soi. La barbarie viole l'intimité, celle du couple, celle de l'innocence. Tout est perdu. La vengeance (exercée plus tard dans le déroulement du drame) n'amène rien. Le retrait dans la sphère privée ne sert de rien.
Pour se défendre, conclut tacitement et symboliquement Kubrick-le-narrateur, il faut, en esthétisant le crime, devenir membre honoraire du Syndicat du Crime en épousant la criminalité. Il faut applaudir Alex devenu – oh ! comme l'expression est juste – politiquement correct, et cette société qui intègre viol et violeur, meurtre et tueur. Dans le film précédent, Kubrick avait appris, certes avec ironie, à « aimer la bombe. » Dans celui-ci, sans ironie aucune, la victime apprend à aimer le crime, le criminel et la criminalité. C'est ce que dans d'autres circonstances on a nommé le « syndrome de Stockholm », d'après ces otages brutalisés par des terroristes, et qui finirent par s'identifier avec leurs tortionnaires.

L'intelligentsia contemporaine, dégoûtée de sa propre impuissance – les générations précédentes furent nazies ou bolchevik, comme les jumeaux fraternels Aragon et Drieu la Rochelle, pile et face de la même pièce -, ne voulant plus « croire » parce qu'elle s'est « fait avoir », soucieuse avant tout de ne pas sembler se « faire avoir » une nouvelle fois (c'est, je crois, la clé du succès du risible et pompeux Guy Debord, celui qui fit le mieux le malin et fit le mieux craindre aux autres de se « faire avoir » ce qui lui permit de s'installer au firmament des malins et des habiles), s'agenouilla devant la Victime.
Mais il faut malgré tout faire des choix. On ne peut aimer tout le monde. Brigitte Bardot défendait les bébés phoques, si mignons, mais elle ne protégeait pas les rats : pour être espèce en danger, il faut être moelleux, doux au toucher, et surtout, esthétique. On aime et on protège un Renoir bien pomponné, pas un Egon Schiele. De même, il fallait opérer des distinctions entre les Victimes : après un temporaire consensus couvrant les « Boat People » vietnamiens, l'intelligentsia renonça à défendre la Victime du communisme, et se remit à adorer les « Victimes du capitalisme. » On ignora résolument ceux qu'écrasaient différentes formes de communisme : c'étaient là de moindres victimes. Les vraies victimes devaient être des victimes du capitalisme, du colonialisme, de l'impérialisme, de l'exploitation, du racisme, du fascisme. Victime du communisme ? Oh ! mais la santé et l'éducation à Cuba sont libres ; il y a des circonstances atténuantes ! Et Michel Foucault d'aller péleriner chez les Ayatollahs vainqueurs. Victimes du capitalisme (etc.) – aucune atténuation : on n'amoindrit pas la culpabilité du Diable.

On opéra d'autres choix. La victime militante devenait plus attirante encore. On avait, au moins aux débuts du génocide cambodgien, applaudi Pol Pot. On vénérait toutes sortes de monstres pathologiques qui exerçaient leurs ravages au nom d'un socialisme ou de l'autre. Epouser une version quelconque de la Sainte Doctrine vous valait blanc-seing, passe-droit, vous étiez vêtu de lin blanc. L'intelligentsia épousa ses nouvelles causes : plus la Victime était, que l'on me pardonne l'expression, victimeuse, plus elle pouvait être aimée et protégée. Plus le Palestinien se transformait en bébé-phoque, plus l'aimaient les Brigitte Bardot vieillissantes de l'intelligentsia.

Tout en même temps, il fallait manifester la grande reddition à la barbarie : qui renonce à agir consent à pâtir. La logique de cette prise de position vous force à rejeter quiconque, qui, refusant de pâtir, agit : l'action est mauvaise en elle-même, seule la réaction com-patissante est acceptable. L'action militaire, par exemple, est mauvaise en soi (« Quelle connerie la guerre »). Les porteurs de l'action militaire le sont donc également ; oh ! cela ne concerne pas les armées chinoise ou russe ou iranienne, trop éloignées pour qu'on s'en soucie. Les porteurs occidentaux de valeurs militaires sont coupables : Américains, Israéliens. J'avoue un rare moment de sympathie pour François Mitterrand quand il cingla le visage de la Verdure gauchiste allemande en déclarant au Bundestag : « Les missiles sont à l'Est, les pacifistes sont à l'Ouest. »

L'identification (« syndrome de Stockholm ») au tortionnaire fonctionne à plein : de même que Drieu la Rochelle et ses amis voulaient se vautrer dans les couches de ces beaux SS si puissants, si musclés, (voir à ce sujet « Les Damnés », film du Prince Visconti, cinéaste communiste), de même qu'Aragon scandait « nous voulons un Guépéou » au nom des mêmes principes, et faisait de son mieux pour en hâter l'avènement, tout en épousant une informatrice dudit Guépéou, et en allant dénoncer les petits copains, on admira ces criminels si courageux, si décidés, si héroïques : la racaille mafieuse de l'IRA, les racistes communisto-nazis de l'ETA, les psychopathes des Brigades Rouges, la RAF allemande de Baader-Meinhof à la fois gauchiste et néo-nazie; on n'était pas vraiment amoureux du « chef d'orchestre » - le KGB – mais on tomba amoureux fou de ses flûtistes arabes: le mouvement palestinien.
Assassins criminels et victimes absolues (dans la mythologie concoctée par le KGB et les services secrets égyptiens et syriens), les Palestiniens étaient l'idéal. Leur « oppresseur » lui aussi était idéal puisqu'il était capitaliste, soutenu par les Etats-Unis : le Juif d'Israel, de plus, rompait le pacte tacite de l'après-guerre. Le Juif victime (celui du Sartre des Réflexions sur la Question juive) passe encore ; le Juif armé n'est plus un « vrai » juif, c'est nécessairement un danger public. La preuve – le Palestinien.

L'intelligentsia s'est agenouillée devant le crime. Elle le vénère. Elle en a tant fait la Victime qu'elle ferme les yeux devant toutes ses turpitudes et ses monstrueuses violations de la plus commune humanité et de la simple décence.
Au nombre des Justes parmi les Nations, on compte des sauveurs qui n'étaient pas particulièrement philosémites, mais qui, révoltés par le déchaînement de l'injustice, en sauvèrent les victimes, au péril de leur vie. L'intelligentsia dont je parle s'est mise au service du crime par peur de sa propre impuissance, pour incarner sa propre reddition à la barbarie. Ne risquant que ses ongles manucurés, elle rejoint ses grands anciens, Drieu et Aragon, dans la génuflexion triomphante devant la bestialité. Orange mécanique était moins prophétique que partie prenante de l'évolution qui menait une intelligentsia à se prostituer ainsi.
Je vois dans le film de Kubrick, mais j'en ai choisi un parmi d'autres, l'esthétisation symbolique de la barbarie : une fois acquis le renoncement, il faut se choisir des maîtres : à tout prendre, cette vague de l'avenir, cette religion conquérante, ne valent-ils pas mieux que la corruption américaine de la culture, son invasion de nos écrans, de notre bouffe, son mépris de notre exception, son impérialisme économique, ses prétentions unilatéralistes ? Plutôt Hitler et Staline que la démocratie, cette gueuse. L'Islam nous laissera en paix, le jihad nous contournera, nous avons donné, et nous donnerons tant de preuves de notre bonne volonté, nous collaborons. Comme l'écrit dans son récent best-seller l'écrivain israélo-allemand Henryk Broder, Hop là ! Nous capitulons !

Ces rappeurs des banlieues qui braillent à tue-tête jà niquer la France et les Français, ces pauvres victimes qu'on n'a pas su comprendre, ces illettrés fiers de l'être, n'ont-ils pas tous les droits, droit à l'émeute, droit au trafic de drogue, droit à la tournante, droit à kidnapper et torturer un juif (un seul ! Comme le disait un commentateur égyptien il y a un an environ : pourquoi donc les Israéliens font-ils un tel raffût pour un seul soldat kidnappé !?) Par-ci, un juif par-là ? D'ailleurs, c'est Sarkozy qui les a provoqués, c'est la police raciste qui les a contraints à la violence. Dieu ! Que le jihad est joli !

© Laurent Murawiec & Institut Jean-Jacques Rousseau, 2007
REVUE DE PRESSE - ARTICLES INTERESSANTS - Si vis pacem, para bellum
24 septembre 2007, 12:49
Si vis pacem, para bellum

Source : URL = [www.libertyvox.com]

Si tu veux la paix, prépare la guerre”.

Petit état des lieux de la guerre qui s’annonce par Martin Birnbaum.


Si vis pacem, para bellum. Voilà un adage vieux de deux millénaires que Bernard Kouchner a eu l’imprudence de citer pour expliciter la position de la France vis-à-vis de l’Iran. Propos, tous comptes faits, anodin si on le compare avec l’alternative énoncée par notre président pour le même pays, «la bombe ou le bombardement». Depuis deux semaines tous ceux qui lavent les cerveaux de notre bon peuple, les journaleux de toutes les feuilles i-monde(s), maîtres à penser donneurs de leçons de RTL («on refait le monde» avec le concours d’un communiste même pas repenti, caricature qui devrait faire le bonheur des chansonniers …), toutes les radios et télévisions françaises (y compris France 24 «La voix de la France») n’arrêtent de déverser des tombereaux de bave sur notre pauvre Ministre des Affaires Etrangères. Et s’accorder avec M. Ahmedinejad pour considérer que «La France n’est pas sérieuse» … Pendant que les journaux iraniens publient une photo de Bernard Kouchner avec une kippa (probablement prise à Yad Veshem) pour souligner que son père était juif.

Bien entendu, on ne s’occupe pas de ce qui est essentiel : interdire, par tous les moyens, l’accès à la bombe à un régime totalitaire qui menace l’existence de l’état juif en attendant de menacer celle de plusieurs états arabes sunnites de la région. Le tout avec la complicité patente de la Russie qui, dans un passé récent, semblait prendre la voie de la démocratie en rupture d’avec son propre régime totalitaire.

Essayons de regarder deux des composantes les plus actives d’une situation géopolitique qui se complique de jour en jour : la Russie et la France. En effet, si l’Iran est devenu ce qu’il est et s’il s’arroge le droit d’ingérence dans les affaires des pays du Proche-Orient, il a réussi cela en bénéficiant de la complicité de la Russie et de l’incapacité de la France de se doter d’une politique autre qu’arabe pour être présente dans cette région du monde.

La Russie est un rébus enveloppé de mystère au sein d'une énigme (W. Churchill). Exsangue au moment de l’implosion de son système économique et social, ayant disposé de l’aide (immense et encore utilisée) des Etats-Unis et de l’Allemagne pour démanteler une partie de son arsenal nucléaire obsolète et devenu dangereux, mais profitant depuis une dizaine d’années d’une augmentation faramineuse des coûts des matières premières (pétrole, gaz, minerais divers) la voilà requinquée. Avec la complicité active et irresponsable de l’Europe elle est devenue incontournable dans l’approvisionnement en gaz de celle-ci (30 % de ses besoins) et, partant, capable d’imposer ou au moins d’infléchir les positions politiques de celle-ci dans le sens qui lui convient. En ajoutant cette contrainte à l’esprit d’apaisement de l’Europe qui, de toute manière, lui rendait service. Retrouvant son statut de puissance impériale elle fait face aux Etats-Unis partout où elle le peut. En particulier au Proche-Orient. Non seulement elle fournit à l’Iran un réacteur nucléaire, mais elle lui donne aussi la possibilité de défendre ses sites (soupçonnés d’être actifs pour fabriquer une bombe) contre des éventuelles actions militaires. Ce n’est pas tant le réacteur qui pose problème mais, surtout, la formation d’ingénieurs et techniciens à des connaissances nécessaires pour avancer vers l’option militaire du nucléaire. Que cherche la Russie ?

Voilà quarante ans, elle a été un facteur important du déclenchement de la guerre des six jours. Le porte-parole en chef de l'Armée de l'Air Russe, le colonel A.V. Drobyshevsky, vient de le confirmer, en l’écrivant pour la première fois, que c'étaient des pilotes soviétiques avec les avions russes les plus avancés de l’époque, les MiG-25 « Foxbat », qui avaient exécuté des vols provocateurs au-dessus de l'installation nucléaire d’Israël de Dimona en mai 1967, juste avant la guerre de six jours. L’idée poursuivie était relativement simple : provoquer Israël à déclencher une guerre, intervenir pour stopper «l’agresseur» et détruire, à l’occasion, Dimona. Les choses ont marché trop bien (Nasser ayant annoncé le blocus du Détroit de Tiran, voie d’accès d’Israël à la Mer Rouge) sauf que … Israël a détruit, au sol, pratiquement tous les appareils russes ou égyptiens se trouvant en Egypte. La chose était relativement connue, ce qui surprend c’est le moment où le porte-parole de l’Armée de l’Air Russe la confirme. Ceci pourrait ne pas être fortuit. Mais il y a quarante années de cela...

Un historien tchèque, ayant eu accès aux documents déclassifiés des années 60 – 90, vient de publier, à Prague, un volumineux ouvrage par lequel on apprend que le Pacte de Varsovie, ayant assigné à la Tchécoslovaquie la tâche de conquérir une partie du Sud-Est de la France en cas de conflagration, avait prévu, aussi, «130 tirs nucléaires pour atteindre Lyon». Le plan de marche est resté en vigueur jusqu’en 1986 et ce n’est qu’après l’implosion de l’Union Soviétique qu’il a été mis à l’index en 1990 à la demande de Vaclav Havel devenu président de la Tchécoslovaquie. Pour Petr Lunak, l’historien tchèque, les documents mis à jour «révèlent la vraie nature du régime soviétique qui a élaboré cette stratégie très agressive au début des années soixante en dépit d'une détente relative entre l'Est et l'Ouest et alors que l'Otan n'avait jamais envisagé d'offensive terrestre sur le territoire du pacte de Varsovie». La nature du régime soviétique n’est autre que la nature du régime russe actuel.

En mars 1991, les 2 milliards de dollars reçus par la Syrie des Etats-Unis pour sa participation à la première guerre du Golfe, sont arrivés dans les caisses russes via la Corée du Nord : plus de 150 missiles Scud-c et une vingtaine de lanceurs ont été fournis à ce pays que personne ne menaçait. Depuis 2004, sous prétexte de reconstruire une nouvelle base navale dans le port syrien de Tartus, la Russie installe non seulement des missiles à courte et longue portée, mais crée des unités d’assemblage pour le même armement et de rajeunissement des fusées Scud (d’origine russe ou coréenne). Enfin, en 2006 des contrats de fourniture de systèmes d’armes «défensives» sont conclus avec la Syrie (et l’Iran). Ces systèmes sont en train d’être installés de manière telle qu’ils puissent, de loin, attaquer des cibles situées à n’importe quel endroit en Israël.

Trois exemples qui montrent que depuis plus de quarante ans la Russie fait tout ce qu’elle peut pour rendre crédibles les menaces des pays arabes visant la destruction d’Israël, tout en constituant une menace latente pour l’Europe (on pourrait parler du reste du monde si on évoquait la crise des fusées à Cuba ou l’Angola …). La montée en première ligne de l’Iran en tant que liquidateur potentiel d’Israël n’a pas posé problème à la Russie bien qu’un cinquième de la population d’Israël soit constituée par des anciens ressortissants russes… mais juifs. La politique de la Russie menace non seulement Israël mais aussi, de toutes les manières possibles, la sécurité des pays européens : la reprise des vols des bombardiers stratégiques porteurs de bombes nucléaires à la limite de l’espace aérien des pays de l’OTAN en est la dernière preuve.

C’est avec ce pays qu’un escroc, Jacques Chirac, ci-devant président de la France (qui, s’il n’avait occupé le Palais de l’Elysée, aurait aussi bien pu occuper une cellule à la Santé …) s’est acoquiné pour s’opposer aux Etats-Unis. Un pays dont le rôle déstabilisateur n’a cessé et ne cesse de peser sur le sort du monde et, en premier lieu, sur le sort du Proche-Orient.

La France, en vertu de sa «politique arabe» n’a cessé, à son tour, depuis le renversement d’alliance opéré par le Général de Gaulle en 1967, d’être un facteur déstabilisateur au Proche-Orient. Non seulement en s’opposant à toutes les tentatives de règlement du conflit israélo-arabe (exemples : Giscard d’Estaing et son opposition à l’accord de paix Sadate – Begin, Jacques Chirac conseillant à Yasser Arafat de ne pas accepter les conclusions de Camp David ni celles de Taba, «paramètres Clinton», en le poussant à «obtenir mieux»). Non seulement en participant à l’armement de pays que personne ne menaçait ou ne menace mais en agissant avec une irresponsabilité inouïe : la vente d’un réacteur nucléaire à Saddam Hussein a été l’occasion pour ce dernier de déclarer «c’est le premier pas concret vers la fabrication de l’arme atomique arabe». La France qui a fourni à l’Irak des avions (peints en blanc …) qui ont participé aux bombardements avec des gaz des populations kurdes. Et le même Jacques Chirac, premier ministre en 1980, qui donna instruction à l’ambassadeur de la France auprès de l’ONU «de faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher la condamnation de Saddam Hussein après l’utilisation d’armes chimiques contre les Kurdes» (Pierre-Louis Blanc, ancien ambassadeur de France auprès de l’ONU, «La Valise Diplomatique»).

Des années après, s’érigeant en spécialiste du nucléaire et des fusées, Chirac déclarait («on» ? «off» ?) au New York Times et au Nouvel Observateur à propos des menaces de l’Iran «s’ils l’envoient sur Israël, la bombe ne fera pas 200 mètres et Téhéran sera rasé». Passons sur le fait d’envisager froidement que le régime des mollahs puisse envoyer une bombe atomique sur Israël, passons sur le fait que Téhéran (8 millions d’habitants) puisse être rasé (par qui ?) mais comment a-t-il calculé les 200 mètres ? Si on prend en charge un vol supersonique de la fusée porteuse de la bombe, soit 1km/seconde … selon notre spécialiste en fusées, Téhéran sera rasé dans deux dixièmes de seconde ! Un tel processus de décision, sans compter le temps nécessaire à l’action, ne fait pas partie de ce qui est connu aujourd’hui. Et si l’on se place dans l’hypothèse d’un vol subsonique (soit 800 km/heure donc 220 m/seconde) il faudrait quand même une seconde pour accomplir le programme de Chirac. Son environnement s’étant ému, à la stupéfaction du monde entier, Chirac a rectifié ses propos le lendemain en ajoutant -entre autres palinodies- une nouvelle de poids : si la bombe est lancée par l’Iran, elle serait détruite avant qu’elle quitte le ciel iranien car plusieurs pays ont la possibilité de le faire. Qui ? Comment ? En combien de temps ? Ce qui est important c’est que la France a donné le sentiment qu’elle peut vivre avec un Iran nucléaire et si celui-ci attaque nucléairement Israël, eh bien, la France n’aura rien à faire : débarrassée d’Israël et de Téhéran pour le même prix … Israël ? Bon débarras, plus personne n’en parlera plus. Téhéran ? Enfin les pays arabes sunnites, amis et sponsors de Chirac seront débarrassés d’une crainte existentielle. C’est cette politique qui est suivie encore aujourd’hui. Nicolas Sarkozy sait ne pas pouvoir se libérer de l’emprise des pays arabes (les ventes d’armes à la Libye ne sont que le sommet de l’iceberg) ni ne veut attiser les feux dans les «cités» prêtes à s’enflammer à la demande de leurs frères de l’autre côté de la Méditerranée. S’opposer à la bombe iranienne veut dire pour la France garder son hinterland arabo-musulman.

Alors ? Pourquoi s’en prendre à Bernard Kouchner ? Négocier avec l’Iran ? On le fait depuis sept ans. Celui qui en a la charge (Javier Solana) n’hésite pas cependant à dire «l’Iran avance de façon constante vers l’acquisition des armes nucléaires et les négociations ne progressent pas… Mais ceci ne signifie pas la guerre…. On doit résister à la tentation de décider des frappes militaires qui pourraient créer une situation plus mauvaise que la possession d’armements nucléaires par l'Iran». Tout le monde peut résister à la tentation des frappes militaires. Mais écoutons les pays du Golfe dire, in petto, «si l’Iran est bombardé on va avoir des problèmes avec ce pays pendant 18 mois ; si l’Iran n’est pas bombardé on aura des soucis pendant trente ans …». L’Iran qui vient d’être élu comme vice-président de la Commission de l’ONU pour le désarmement, co-président (avec la Libye) du Conseil de l’ONU pour les Droits de l’Homme et qui, nonobstant ses nombreux appels pour la destruction d’Israël en niant aussi l’Holocauste, vient d’être choisi par les Nations Unies pour faire partie du comité qui préparera la conférence mondiale contre le racisme en 2009.

Mais Israël ? Le monde entier fait semblant de croire que ce que l’Iran veut (la disparition d’Israël), il ne le tentera pas une fois la bombe en sa possession. Mais Israël a du mal à attendre pour voir d’autant plus que la chaîne du nucléaire se rapproche dangereusement de ses frontières. Selon Sunday Times, l’incursion récente d’Israël en Syrie a permis non seulement la destruction d’un site nucléaire irano-syro-nord-coréen mais aussi la récupération de composantes destinées spécifiquement au nucléaire miliaire. Relisons dès lors Montesquieu, L’Esprit des Lois : «Entre les sociétés, le droit de la défense naturelle entraîne quelques fois la nécessité d’attaquer lorsqu’un peuple voit qu’une plus longue paix en mettrait un autre en état de le détruire et que l’attaque est, dans ce moment, le seul moyen d’empêcher cette destruction … »

La Russie, suivant en cela la politique de l’ancienne Union Soviétique, pour des raisons qui lui sont propres, œuvre à la déstabilisation du Proche-Orient en général et à la destruction d’Israël en particulier. On annonce la visite de M. Poutine en Iran courant octobre : les mollahs reçoivent un brevet d’urbanité de la part d’un ancien du KGB qui ramène la Russie, sur le plan des libertés, vingt cinq ans en arrière. Pense-t-on qu’il leur dira qu’il est inacceptable qu’ils plaident pour la destruction d’Israël ? Quelle importance quand en France même, des éditorialistes du Figaro, tirant leurs références confuses de l’antiquité ou de ce qui s’est passé il y cent ans, mais auréolés de leurs statut de politologues-philosophes et spécialistes de tout, titrent «Il ne faut pas désespérer de l’Iran». La France, «depuis deux siècles sa diplomatie est aux mains d’une sorte de clan qui fonctionne par cooptation et évolue entre la mégalomanie, une idée boursouflée de la grandeur de la France » et de sa mission civilisatrice», l’antisémitisme, la condescendance anti-américaine et l’idée que pour maintenir sa grandeur» elle doit s’affirmer en tant que puissance musulmane» (DPJ, National Review cité par I. Lasserre, « L’Impuissance Française »). La France «puissance musulmane ? «Jacques Chirac fut un grand chef d’Etat arabe. Aucun chef d’Etat au monde n’a fait autant pour les causes arabes que Chirac. Les Arabes le regretteront beaucoup (KK, Courrier International, même référence).

Et Israël, pauvre pays rempli de juifs et qui, devenu le Juif des Nations, devrait de plus (Yom Kippour oblige) demander pardon à tous pour le tracas qu’elle leur cause de par son existence …

Martin Birnbaum pour LibertyVox

Ci-dessous : Migs russes detruits au sol en juin 1967 au debut de la Guerre des six jours
Pièces jointes:
Migs russes detruits au sol en juin 1967.gif
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