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Salon du livre de Paris

Envoyé par Camus 
Re: Boycott du Salon du livre de Paris
14 mars 2008, 10:15
Mon boycott français

Sayed kashua Arabe israélien, journaliste et écrivain (en hébreu).

QUOTIDIEN : mercredi 12 mars 2008

Quelque chose a mal tourné. Je n’arrive pas à mettre exactement le doigt dessus, mais j’ai l’absolue certitude que quelque chose ne va pas. Je me sens plus stressé et plus hésitant que jamais. Maintenant, assis devant mon ordinateur pour écrire après avoir remis toujours au lendemain, je suis pris d’angoisse et du sentiment oppressant que je dois faire attention et bien peser mes mots.

«Quel est votre public cible ?» est la question qu’on me pose toujours. Là-dessous, il y a l’hypothèse que le public cible influencerait mon style d’écriture. Mais est-ce vrai ? Un écrivain pense-t-il vraiment à son public, à le définir, se le représenter, et alors seulement, s’adresser à lui en conséquence ? D’ailleurs, comment fait-on pour définir un public ? Je n’ai pas fait l’armée et n’ai jamais eu ni cible ni objectif. Ou bien, en ce qui me concerne, les gens qui posent cette question ne font-ils qu’en poser une autre, moins politiquement correcte : «Alors, vous écrivez pour les Arabes, ou pour les Juifs ?»

Alors, pour qui écris-je ? Le fait que l’hébreu et moi nous nous soyons mutuellement choisis atteste-t-il automatiquement un certain public cible ?

Qu’écrit-on pour les Juifs ? Suis-je censé être le département des relations publiques chargé des affaires de la minorité arabe d’Israël, ou bien me montrer agressif et menaçant, faire honte à mon public cible et modifier sa façon de penser ? Et qu’écrit-on pour les Arabes ? Des condoléances, des mots qui renforceront leur sentiment d’être des victimes, ou des promesses d’un avenir radieux ?

Quoi qu’il en soit, je me retrouve ces derniers temps à devoir terminer des tâches trop lourdes dont je ne suis pas persuadé qu’elles ont quelque chose à voir avec l’écriture. Déjà, cela dépasse le sentiment de persécution que j’éprouve depuis toujours. C’est un fait : ils sont après moi. En ce moment même, alors que j’essaie de choisir soigneusement mes mots, je tente en même temps de faire plaisir aux deux types à lunettes noires qui me surveillent par la fenêtre, et aux deux autres types armés de revolvers qui croient que je ne les ai pas remarqués, cachés derrière la porte de mon studio.

Où passe exactement la frontière entre l’écriture et l’opinion politique ? Où est exactement la frontière entre la Palestine et Israël ? Où finit exactement le Palestinien et où commence l’Israélien ?

Excusez-moi une seconde, j’ai un appel. Je dois le prendre, c’est un numéro de l’étranger avec plein de zéros. «L’étranger», cela éveille l’espoir, là-bas, loin des frontières floues, il doit y avoir un refuge prometteur pour la liberté de pensée.

«Bonjour. Monsieur Kashua ? (1)» demanda la voix lointaine.

«Lui-même», répondis-je, empli de joie. La France. J’adore la France. Ils accordent immédiatement le droit de séjour aux artistes, ils ne font aucune difficulté. Je me suis renseigné.

«Bonjour.» La voix passe à un anglais à fort accent français. «Je voulais vous demander si vous veniez au Salon du livre de Paris cette année.

- Bien sûr, répondis-je joyeusement. J’ai été invité pour des lectures et des interviews. C’est pour moi une magnifique occasion de me faire mieux connaître en France, et je voudrais vraiment remercier mon éditeur en France, et le ministère français de la Culture…» Je me lançai dans un discours, interrompu par une autre question.

«Saviez-vous que plusieurs écrivains boycottent le Salon parce que Israël fait partie des pays invités ?

- Non, je ne savais pas.» Je commençai à transpirer. «Oui, dit le journaliste français. Et je voulais vous demander : que pensez-vous du boycott ?

- Le boycott est très bien. Pourvu qu’il y ait encore plus de boycotts de l’entité sioniste. En fait, je pense qu’on devrait enfermer tous les écrivains israéliens dans un hôtel, les mettre sous couvre-feu, boucler leurs œuvres… Mettez-les dans la pire aile de l’hôtel le plus miteux de Paris, empêchez-les de sortir de leur chambre. Et puis coupez-leur l’électricité. Comme ça, ils auront une petite idée de ce qui se passe à Gaza.

- Mais vous venez, non ? C’est ce que vous avez dit.

- Sûrement pas. Je ne savais pas qu’il y avait un boycott. J’adore le boycott. Demandez à mes enfants. Je fonce, dans ces cas-là. Si vous me dites qu’il y a un boycott, je m’associe immédiatement, peu importe sur quoi est le boycott, et si c’est un boycott littéraire, raison de plus.

- Je vois, dit le Français. Donc, vous ne pensez pas qu’un événement comme celui-là pourrait représenter une bonne tribune pour parler des problèmes du Moyen-Orient, et que ces rencontres pourraient contribuer à promouvoir la coopération dans la région ?

- Si, si, vous avez absolument raison, dis-je avec un parfait accent français. Surtout les écrivains des deux peuples, qui peuvent avoir une influence sur leurs citoyens et lecteurs, chez eux. Le dialogue entre écrivains vaut mieux que le dialogue entre politiciens. Bien sûr, là, j’essaie d’être optimiste, mais ces rencontres sont importantes, absolument.

- Attendez, je ne suis pas certain de comprendre.»

Je pouvais entendre le Français se gratter la tête. «Alors, vous venez au Salon du livre ?

- Bien sûr.

- Mais vous me disiez il y a une minute que le boycott des écrivains était important ?

- Oui. Boycotter ces tarés qui ne font que souffler sur les braises du racisme et du nationalisme dans leur pays. Le Salon du livre en France est une occasion en or pour les intellectuels éclairés de montrer leur mépris pour l’apartheid israélien.

- Merci, monsieur.

- De rien.»

(1) En français dans le texte.

Texte publié dans Haaretz le 26 février 2008, traduit par Gérard Eizenberg pour la Paix maintenant.

Livres parus en français :Les Arabes dansent aussi (10/18) ; Et il y eut un matin (l’Olivier, février 2006) paraît en poche au mois de mars (Points).

[www.liberation.fr]
© Libération


[Sayed kashua fait partie des 39 écrivains israéliens invités qui participent au Salon du Livre sur le stand d'Israël
[www.salondulivreparis.com]]
Re: Salon du livre de Paris
16 mars 2008, 05:15
Les écrivains gauchistes israéliens ont été bien servis par le boycott de leurs con fréres arabes du salon du livre, eux qui défendent les thèses palestos.

Certains d'entre eux ont avalé bien des pilules amères et ils ne comprennent toujours pas pourquoi.

C'est pourtant facile à le comprendre.

Gauchiste ou pas, un israélien est un juif.
Donc pas fréquentable.

Les écrivains gauchistes israéliens ont t’ils bien compris le message de ce boycott... ????

Re: Boycott du Salon du livre de Paris
16 mars 2008, 12:19
MeYeR a écrit:
-------------------------------------------------------
> Mon boycott français
>
> Sayed kashua Arabe israélien, journaliste et
> écrivain (en hébreu).
>
> QUOTIDIEN : mercredi 12 mars 2008
>
...
> Je me sens plus stressé et plus hésitant que
> jamais. Maintenant, je suis pris d’angoisse et du sentiment
> oppressant que je dois faire attention et bien
> peser mes mots.
>
> «Quel est votre public cible ?» ...

Reponse a Sayed Kashua :

Un ecrivain se doit a son public, toutefois, il ne choisit pas son public, son public le choisit.
Vous etes angoisse et vous pesez en hesitant, les mots.
Faites comme d'autres : dites votre verite sans hesitation et il y aura
un public qui vous conviendra.

Quand un homme de lettres essaie de choisir une cible, il rate son but. Soyez donc naturel et parlez de votre coeur et non pas de votre
tete. Ne soyez pas arriviste et ne cherchez pas le plus grand denominateur commun, la plus grande population potentielle.
Comme en Maths, en litterature le denominateur commun doit etre le plus petit : l'elite. Cette elite s'elargira petit a petit.

Ne cherchez pas a descendre au niveau de votre public, tachez que vos lecteurs s'elevent a votre niveau.

Pas d'hesitation, dites ce que vous pensez. Pour un dialogue, il faudrait que chaque cote dise ce qu'il pense, afin d'arriver a un accord. Il faudrait arretter cette hypocrisie dans laquelle une partie honore l'autre par politesse et se voit offensee en retour.
Comme ce boycott, par exemple.

Je regrette tellement que des auteurs Israeliens sont pour le boycott. Comme M. Kashua.


Re: Boycott du Salon du livre de Paris
16 mars 2008, 12:29
16 mars 2008

Le Salon du livre évacué

Il n’était pas tout à fait 17h tout à l’heure quand les forces de police ont fait évacuer le Salon du livre, porte de Versailles à Paris, et empêché ceux qui faisaient la queue d’entrer. “Contrôle technique mais… tout de suite !”précisaient les policiers afin de hâter la lente transhumance vers la sortie d’une nombreuse population avide de lectures, de dédicaces et de conférences qui ne cédait vraiment pas à la panique bien qu’elle fut pas trompée par la litote désignant soit une alerte à la bombe soit un sac piégé. Pour autant, si ça râla un peu comme de juste, ce ne fut jamais politique. L’arrivée des démineurs alimentait la rumeur tandis que des milliers de visiteurs se retrouvaient sous une pluie fine sur le parvis dans le ferme espoir de rentrer à nouveau dans l’enceinte. Ce qui fut fait une bonne heure après par petits groupes dûment contrôlés. Les gens avaient patienté parfois une demie-heure sinon davantage plus tôt dans la journée pour payer leur droit d’entrée dans “la plus grande librairie de France” et ils avaient bien l’intention d’en profiter. D’autres, qui avaient fait la queue pendant quatre heures pour faire signer leur exemplaire de La Consolante par Anna Gavalda, stakhanoviste de la dédicace et détentrice incontestée du record de signatures au salon, avaient bien l’intention de la retrouver. Mais si les lecteurs pouvaient espérer récupérer les auteurs un stylo à la main, et les libraires leur caisse trop imprudemment abandonnée, la tenue des débats, elle était plus hasardeuse. Car l’alerte s’étant produite juste avant 17h, elle n’a pas seulement perturbé l’initiation au manga qui se préparait. Elle a carrément coupé le sifflet à Alain Finkielkraut qui devait dialoguer avec Aharon Appelfeld, à Etgar Keret qui devait s’entretenir avec Arnaud Cathrine, à Patrick Rambaud qui devait lire sa savoureuse chronique du règne de Nicolas 1er et à des débats qui s’annonçaient passionnants sur le combat commun qui serait celui du “Livre 2.0 et Web 2.0″, sur “Evolution et obscurantisme” avec le paléoanthropologue Pascal Picq, sur le rôle de la critique intitulé “Qui fait lire aujourd’hui ?” et sur la persistance de l’esprit rock dans la BD contemporaine. On remet ça demain ? Difficile. La journée du lundi est traditionnellement réservée aux professionnels.

Le blog de Pierre Assouline

[passouline.blog.lemonde.fr]
Re: Salon du livre de Paris
16 mars 2008, 13:04
Suite...

Le Salon du livre évacué pendant une heure à la suite d'une alerte à la bombe augmenter la police diminuer la police imprimer En ce moment à la une

Martin Bureau AFP ¦ Un homme feuillette un livre, au Salon du livre de Paris, le 13 mars 2008


Les 20.000 à 25.000 visiteurs et exposants du Salon du livre de Paris, dont Israël est l'invité d'honneur, ont été évacués dimanche après-midi pendant plus d'une heure à la suite d'une alerte à la bombe, a constaté un journaliste de l'AFP.

L'ambassadeur d'Israël à Paris, Dany Shek, a qualifié d'incident "malheureux, mais pas grave" l'alerte à la bombe, en soulignant qu'il ne fallait "pas se laisser intimider". "Ce genre d'incident d'un emmerdeur ne pourra pas perturber ce qui est une grande fête de la littérature. C'est malheureux, mais pas grave", a-t-il déclaré au cours d'un point de presse après la réouverture du Salon.

Le Salon restera ouvert dimanche jusqu'à 21H alors qu'il devait fermer à 20H00, pour compenser le temps perdu durant l'alerte, ont indiqué les organisateurs.

Selon Jean-Daniel Compain, directeur de Reed expositions, organisateur du Salon, un appel anonyme a fait état d'un risque d'"attentat" peu avant 17H00.

"Nous avons pris la décision d'évacuer et de vérifier qu'il n'y avait aucun colis suspect. On ne peut pas prendre le moindre risque", a-t-il ajouté. Il a souligné que les mesures de sécurité étaient "à un niveau très élevé".

L'évacuation, qui a débuté peu avant 17H00, s'est déroulée dans le calme et assez rapidement: en un quart d'heure, la plupart des exposants et visiteurs avaient quitté le bâtiment, porte de Versailles.

Les exposants avaient regagné leurs stands vers 18H30, suivis un peu plus tard par les visiteurs.

Comme les jours précédents, les visiteurs doivent franchir un portique de sécurité et faire fouiller leur sac avant de pouvoir pénétrer dans le Salon.

De nombreux visiteurs ont renoncé à retourner au Salon et ont quitté les lieux au moment de l'évacuation.

Les services de déminage s'étaient rendus sur place, une fois le Salon entièrement évacué. Les organisateurs avaient demandé aux visiteurs d'évacuer le salon pour effectuer un "contrôle technique". La préfecture de police a indiqué ultérieurement qu'il faisait l'objet d'une alerte à la bombe.

Inauguré jeudi soir par le président israélien Shimon Peres et ouvert au public vendredi, le Salon du livre se déroule sous haute sécurité et sur fond d'appels au boycott de pays arabes et musulmans.

Plusieurs pays, comme le Liban, l'Iran, l'Arabie saoudite, mais aussi l'Union des écrivains palestiniens, des éditeurs algériens, marocains ou égyptiens, ont appelé à le boycotter pour protester contre la politique d'Israël envers les Palestiniens.

Une quarantaine d'écrivains israéliens, parmi lesquels de grandes figures de la gauche israélienne comme Amos Oz ou David Grossman, ont été invités au Salon qui se tient jusqu'à mercredi.

Martin Bureau AFP ¦ Un homme feuillette un livre, au Salon du livre de Paris, le 13 mars 2008
Re: Salon du livre de Paris
25 mars 2008, 14:27
Pour tous ceux et celles qui n'ont pas pu se rendre au Salon du Livre 2008 de Paris, où la littérature israélienne était à l'honneur, le site AKADEM permet de faire connaissance avec les 39 écrivains israéliens invités, à l'aide d'un diaporama (belle musique d'accompagnement) et de vidéos d'entretiens avec eux.
[sdl.akadem.org]

On peut également visionner les conférences thématiques qui se sont déroulées pendant le salon.
[sdl.akadem.org]
Re: Salon du livre de Paris
26 mars 2008, 11:49
Re: Salon du livre de Paris
29 mars 2008, 15:36
Chaque maison a besoin d’un balcon

Par Rina Frank - 28/03/08

Le Salon du livre à Paris, qui s’est déroulé du 13 au 19 mars, et dont l’invité d’honneur était Israël, nous a permis de découvrir une littérature israélienne riche, dynamique et diversifiée. Parmi ces écrivains de talent, figure Rina Frank. Née en 1951 à Wadi Salib dans un quartier pauvre de Haïfa, elle a tout d’abord été ingénieur en bâtiment, puis directrice commerciale et finalement productrice à la télévision. A la suite de la mort de sa sœur dans un accident de voiture, elle décide de se mettre à l’écriture. C’est justement à elle qu’elle dédicace son livre en écrivant : « Aurais-tu ri ou pleuré en lisant ce livre, si tu étais toujours parmi nous ? »
Dans « Chaque Maison a besoin d’un balcon », son roman, largement autobiographique, qui s’est vendu à 100 000 exemplaires en Israël, Rina Frank nous plonge avec nostalgie dans les souvenirs d’enfance d’une petite fille dont la famille, originaire de Roumaine, est venue s’installer à Wadi Salib. Avec humour et légèreté, on découvre l’intimité d’une famille aimante qui fait face aux difficultés financières connues de beaucoup de nouveaux immigrants. On sourit et on rigole des espiègleries de cette fillette et de sa grande sœur, Yosepha, de leur innocence et de leurs effronteries. Parmi ses souvenirs familiaux, Rina Frank évoque le colis de vêtements envoyé des Etats-Unis, l’occasion d’avoir de nouveaux habits, ce qui est considéré comme une « bénédiction à cette époque où les petits Israéliens avaient à peine de quoi manger » ; ou bien l’eau du bain dans lesquelles se lavent à tour de rôle, les deux sœurs puis leur mère. Enfin cette dernière la recycle (sans la changer) pour la lessive puis pour laver le sol de la chambre… Rina Frank cherche aussi à « raconter le quotidien d'une classe moyenne défavorisée dans un quartier populaire, qui vit avec beaucoup de difficultés et qui aspire au bien-être ». Il s’agit d’une population composée de nouveaux immigrants, venus pour beaucoup de Syrie ou du Liban, les derniers arrivés qui souffrent de la comparaison avec les fondateurs, c’est-à-dire les premiers résidents et qui cherchent une identité sans pour autant masquer leurs origines. « Le balcon est évidemment la métaphore de ces vies solidaires. Le balcon est l'occasion de se montrer, de mélanger les langues, les nécessités, les aspirations », précise l’auteur.
A chaque chapitre, Rina Frank alterne entre un souvenir et l’histoire d’amour de cette fille – racontée avec distance puisqu’elle emploie le pronom sujet « elle » pour parler de son personnage et dont on ne connaîtra le prénom qu’à la fin du roman – devenue une femme et une mère. Tel un conte de fée, elle rencontre « l’homme idéal ». Mais cette vie qui s’annonçait belle s’assombrit peu à peu.
Une histoire pleine de tendresse et d’émotion.

Stéphanie Lebaz

Rina Frank, “Chaque Maison a besoin d’un balcon”, Michel Laffon, Paris, 2008, 236 p. 20€

[www.crif.org]
Pièces jointes:
Rina Frank-Maison-balcon.jpg
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