Après une semaine de combats (info # 010301/9) [Breaking]
© Metula News Agency
Sdérot, 16h, 15h (à Paris)
La pluie et l’état des sols ne sont plus une raison pour ne pas lancer l’attaque terrestre contre le Hamas. Ce samedi il fait relativement beau ; hier, les rayons du soleil avaient également prédominé. Le sable est sec, et les tankistes de Tsahal l’ont testé ce matin en effectuant des manœuvres dans un terrain qui était détrempé mardi et mercredi.
A noter que, jusqu’à ce matin, les bulletins de la météorologie israélienne ne mentionnaient plus la couverture nuageuse et les prévisions des précipitations. Ce samedi, les bulletins sont redevenus complets.
La parole est désormais à l’échelon politique, qui, s’il veut tenir son engagement de changer la réalité dans cette région du pays, et d’amener le Hamas à un niveau de nuisance où il ne pourrait plus tirer des roquettes sur Israël, devrait incessamment donner le feu vert aux militaires.
Les tractations diplomatiques se multiplient. Elles atteindront leur point crucial lundi, avec la réunion du Conseil de Sécurité et la visite de Nicolas Sarkozy à Jérusalem. Le Président Bush a également déclaré vendredi œuvrer pour un cessez-le-feu.
On doit prendre en compte que la pression internationale sur le gouvernement hébreu va augmenter au cours de la semaine à venir, et fixer – à moins d’une surprise – une ligne rouge mettant un terme à la liberté d’action israélienne autour de samedi-dimanche prochains.
Les militaires prévoient qu’il faudrait deux jours – avec une marge de manœuvre confortable – pour couper la Bande en plusieurs lignes Est-ouest. Une opération longitudinale, quant à elle, durerait entre une et trois semaines, dépendant de l’objectif poursuivi.
En principe, les campagnes militaires débutent à l’aube ou un peu avant elle, afin de donner au belligérant qui en prend l’initiative le plus grand nombre possible d’heures diurnes lors de la première et cruciale journée de combats.
Toutefois, il ne s’agit pas là d’une règle intransgressible, certainement pas dans l’armée israélienne. Il faut remarquer, au titre des inconvénients de l’attaque à l’aube, que c’est précisément ce à quoi s’attendent les miliciens de la Résistance Islamique.
Au chapitre des avantages d’un assaut lancé en soirée ou de nuit, on inclura la plus grande adaptation des Israéliens au combat nocturne, et le plus grand nombre de moyens de vision à infrarouge dont ils disposent.
Le résultat stratégique et politique d’une opération terrestre nous semble prédominant. Même s’il ne s’agit que de réaliser le premier des trois buts prévisibles que nous avons retenus – isoler la frontière égyptienne, morceler le Califat et déposer le Hamas – le seul avantage d’une présence de Tsahal sur le terrain est considérable.
Dans l’état actuel des discussions d’arrière-scène, les USA, l’Egypte et Israël envisagent la construction d’un mur de sécurité high-tech par des ingénieurs américains, tout le long des 15 kilomètres de la frontière égypto-gazéenne, côté égyptien (ce qui comporte l’avantage évident de ne pas devoir être négocié !).
Cette barrière artificielle aurait pour fonction de rendre impossible la contrebande d’armes et de munitions en provenance du Sinaï, et, partant, d’empêcher le réarmement du régime islamiste.
Reste qu’en étant présents sur le terrain, en coupant l’accès à l’Axe Philadelphie, et en ne retirant leurs troupes que lorsque l’accord aura été finalisé ET le mur réalisé, les Israéliens s’assureraient ne pas avoir à dépendre du bon vouloir d’autrui pour garantir leur sécurité.
Observons encore qu’au cas où le Hamas ne pourrait plus compter sur les tunnels pour s’armer, sa capacité à mener une guerre d’usure contre l’Etat hébreu disparaitrait rapidement. Compte-tenu qu’il s’agit de la raison d’être de cette organisation djihadiste, on peut se demander ce qu’il adviendrait de Gaza.
Probablement, cela obligera l’organisation d’Hanya et de Mashal à s’entendre avec l’Autorité Palestinienne.
C’est en tout cas ce qu’espèrent les trois Etats à l’origine du projet du nouveau mur de sécurité ainsi que l’AP de Mahmoud Abbas.
L’Egypte, se faisant de plus en plus claire quant à son intérêt dans la défaite des islamistes armés et soutenus par Téhéran. Le ministre cairote des Affaires Etrangères, Ahmed Aboul-Gheit, a ainsi expliqué que ce que le Hezbollah et son sponsor perse désirent, c’est que son pays ouvre le point de passage de Rafah au Hamas. Non pas uniquement pour y faire passer de l’aide humanitaire, selon M. Aboul-Gheit, ni de la nourriture et du carburant, mais aussi des armes et des combattants. De telle manière, a conclu le ministre, que la sécurité du pays des pharaons se trouverait elle-même menacée.
Le Président Moubarak est monté lui-même, par deux fois, aux barricades, en cette fin de semaine, accusant à nouveau le Hamas d’être à l’origine des affrontements et justifiant la demande israélienne pour un contrôle des marchandises à destination de Gaza.
D’autre part, des émissaires du Caire ont conseillé à des responsables du ministère israélien de la Défense "de ne pas s’attaquer à des mosquées à Gaza, même si elles regorgent d’armes et de munitions", expliquant que "la destruction de mosquées avait un effet incendiaire sur les populations musulmanes".
Cette démarche a le mérite de démontrer aux observateurs que le Caire connaît parfaitement la nature des édifices pris pour cibles par l’aviation israélienne et qu’il reconnaît, au moins implicitement, la nécessité de ces frappes.
Les lignes qui précèdent dégagent les raisons pour lesquelles les intérêts et représentations égyptiens au Liban, au Yémen, en Jordanie, en Syrie, en Iran, et dans d’autres pays arabes ou musulmans ont été visés par les manifestations pro-islamistes.
Pendant ce temps, à Gaza, la Hel Avir poursuit ses raids : 900 en une semaine, une quarantaine hier. Les F-16 s’en prennent désormais plus particulièrement aux groupes de lanceurs de roquettes et aux maisons des dirigeants du Hamas.
Dans le cadre de cette seconde mission, Tsahal met en usage la règle qu’elle a inventée et intitulée "frapper au toit", paraphrasant "frapper à la porte".
Dans un premier temps, un responsable des renseignements de l’armée appelle sur son portable la personnalité du Hamas dont l’habitation est visée. Il l’informe que sa maison sera l’objet d’une attaque dans le quart d’heure qui suit et l’invite très poliment à s’en éloigner avec sa famille et ses proches.
Un quart d’heure plus tard, les pilotes hébreux lancent sur l’objectif désigné un petit missile (c’est lui qui frappe au toit), non pas destiné à détruire l’édifice, mais à confirmer le sérieux de l’avertissement qui a été lancé.
Quelques minutes plus tard intervient l’attaque proprement dite, qui réduit la maison du chef terroriste à l’état de ruine.
C’est exactement cette règle du "frapper au toit" qui a été utilisée jeudi contre Nizar Rayane, un leader fondamentaliste connu pour sa barbarie, à l’origine du décès de nombreux civils israéliens. Le fanatisme islamique de Rayane était tel, qu’il envoya son propre fils perpétrer une mission suicide mortelle contre les habitants d’un kibboutz de la région.
Jeudi, Rayane, qui avait reçu les avertissements de "frapper au toit", a décidé de demeurer chez lui, malgré les risques qu’il connaissait. S’ensuivit sa mort, ainsi que celle de ses quatre épouses et de dix de ses enfants.
La raison qui pousse l’armée israélienne à détruire les maisons des grosses légumes fondamentalistes réside en ce que, la plupart du temps, elles hébergent des stocks d’armes, de munitions, et, parfois, des ateliers de fabrication de roquettes.
Lorsque c’est le cas, à l’instar de la frappe contre la demeure de Rayane, on observe une double, voir une triple explosion : la première, résultant de l’attaque aérienne, les autres, de la mise à feu des stocks de munitions. Lors de ces occurrences, les explosions de répliques causent des dégâts considérables à leur environnement immédiat et dégagent un gigantesque champignon noir au-dessus de l’impact.
La majorité des chefs terroristes du mouvement islamiste n’attend pas que les Israéliens frappent à leur toit. Les leaders les plus importants se sont réfugiés dans des abris souterrains – ce qui fait dire aux Egyptiens qu’ils se protègent au dépens de la population dont ils n’ont cure et qui, pour eux, peut bien crever jusqu’au dernier Gazaoui.
Quant aux sous-chefs, largement plus nombreux, ils ont trouvé refuge dans les mosquées et surtout dans les hôpitaux, sachant parfaitement que les "génocidaires juifs", comme ils les appellent, ne tirent pas sur les hôpitaux.
Depuis le début de Plomb fondu, les miliciens fondamentalistes ont lancé 400 roquettes sur Israël, tuant trois civils et un militaire. Dans les circonstances qui prédominent une semaine après le début de la campagne, les miliciens ne sont plus à même que de tirer entre 30 et 50 projectiles quotidiennement.
De plus, ils ont pratiquement cessé de recourir aux obus de mortier, réservant sans doute ceux qui leur restent pour l’éventualité d’une confrontation terrestre.
Si cette dernière a lieu, nous n’assisterons pas à un combat de front entre deux forces armées : pour les Israéliens, il s’agira, faisant usage de leur extraordinaire puissance de feu, de parvenir sans encombre et le plus rapidement possible à la mer, tout en mettant hors de combat le plus grand nombre possible de miliciens.
Pour lesdits miliciens, l’objectif sera de mener des actions de guérilla, de tendre des embuscades, et de mettre en action ceux des pièges qu’ils ont préparés depuis des mois et qui ont résisté au travail d’amollissement mené par l’aviation de leurs ennemis.
Dans l’hypothèse où les Israéliens entendraient également prendre Gaza et/ou des camps de réfugiés, nous verrions, dans un second temps, se développer des combats urbains, rue par rue, maison par maison.
Dans l’attente des prochains développements, on peut d’ores et déjà affirmer que la capacité de nuisance du Hamas est très inférieure à ce que l’on avait connu lors de la Seconde Guerre du Liban.
En été 2006, les terroristes de Nasrallah tiraient fréquemment 200 projectiles par jour sur l’Etat hébreu. Tous étaient des Grad-Katiouchas, hormis certaines roquettes de 80 kilos d’explosif, comme celles qui avaient atteint Hadera et celle qui avait provoqué un carnage dans un atelier de réparation ferroviaire de Haïfa.
Il était fréquent que 50, voire 70 Katiouchas s’abattent en une seule journée sur les villes de Tzfat ou de Kiryat Shmona.
Lors de Plomb fondu, plus de 90% des roquettes sont des Qassam et des Super-Qassam, des armes à la charge létale et à la porté inférieures à celles des Grad-Katiouchas. Ceux-ci sont ceux qui touchent Ashdod, Beer-Sheva et Netivot.
La différence vient de ce que la Bande d Gaza est entourée de mer, d’Egypte et d’Israël – pays hostiles aux islamistes – tandis que le Hezbollah, au Liban, a bénéficié d’un approvisionnement continu en provenance de Syrie et d’Iran.
Facétie de la guerre électronique : hier, Khaled Mashal, le chef de la Résistance Islamique en exil à Damas, s’est adressé aux Gazaouis sur les ondes de la télévision du Hamas. Mais voilà qu’à plusieurs reprises, le son original a été remplacé par la voix grave d’un homme, qui rejetait la responsabilité de la misère des habitants sur Mashal et Hanya, et faisait l’apologie du comportement des Israéliens.