Bienvenu(e)! Identification Créer un nouveau profil

Recherche avancée

L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris

Envoyé par MeYeR 
L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
24 mars 2009, 06:38
Affaire Fofana : la famille d'Ilan veut un procès public

Stéphane Durand-Souffland
23/03/2009

La mère de la victime souhaite que l'audience fasse oeuvre de pédagogie afin que son fils, enlevé et torturé par une bande en 2006, ne soit pas «mort pour rien».

Le procès de Youssouf Fofana et de ses complices présumés du «gang des barbares», qui répondent du meurtre d'Ilan Halimi, doit s'ouvrir le 29 avril prochain devant la cour d'assises des mineurs de Pa ris. Bien que la mère de la victime souhaite que les débats soient publics, ils risquent de se tenir à huis clos. Et ce, en raison de la présence, parmi la trentaine d'accusés, de J. et E., mineurs à l'époque des faits. Récemment, en effet, E. a fait savoir à la partie civile qu'elle voulait comparaître sans observateurs.

«Pour Mme Halimi, un procès public aurait une vertu pédagogique. Il permettrait de mieux comprendre l'engrenage criminel, de faire réfléchir parents et adolescents. C'est la loi du silence qui a tué son fils, il serait intolérable qu'elle s'impose encore aux assises, en cas de huis clos», s'indigne son avocat, Me Francis Szpiner.

Or, un mineur devenu majeur peut obtenir la publicité des débats : «Je pensais, renchérit Me Szpiner, qu'E. répondrait favorablement à l'unique requête de Mme Halimi car, en février 2008, cette jeune femme avait écrit une lettre aux parents d'Ilan. Si elle est sincère, elle doit accepter la demande de ma cliente : la publicité des débats peut faire réfléchir ceux qui pourraient se laisser entraîner dans ce type d'entreprise criminelle, et si cela pouvait dissuader ne serait-ce qu'une personne, Mme Halimi aurait le sentiment que son fils n'est pas mort pour rien. Pour Ilan, on ne peut plus rien, hélas. Mais la médiatisation d'une audience aussi particulière pourrait sans doute éviter d'autres drames. E. a jusqu'au 29 avril pour changer d'avis.» Le Figaro n'a pas pu joindre, lundi, Me Dominique Attias, avocate de E.

Me Martine Scemama, conseil de J., explique qu'elle n'a pas encore abordé la question avec son client, à qui revient le dernier mot. Mais à titre personnel, elle est partisane de la publicité des débats, au motif que le «huis clos a aussi pour but de protéger la police, qui ne répondrait pas publiquement d'une enquête ratée». Pour autant, Me Scemama déplore la « perversité» de l'institution, qui cherche à faire porter la responsabilité de la décision finale à J., à E., et à leurs avocats.

Plusieurs semainesde détention

Ilan Halimi avait été attiré dans un guet-apens, le 20 janvier 2006. Ses ravisseurs, dirigés selon l'accusation par Fofana, réclamaient 450 000 euros à ses proches. Dé tenu pendant plusieurs semaines sans que quiconque ne donne l'alerte, le jeune homme avait été retrouvé le 13 février, agonisant, près d'une voie ferrée.

La bande aurait choisi d'enlever un jeune Juif car, dans son esprit, les membres de cette communauté ont de l'argent, sont solidaires et donc susceptibles de réunir la rançon exigée. Cette motivation, nourrie des pires clichés antisémites, a été retenue à charge dans l'or donnance de mise en accusation, de même que les actes de torture et de barbarie. Plusieurs mis en cause encourent la réclusion à perpétuité.

[www.lefigaro.fr]
Enlevé dans le but d'obtenir une rançon, Ilan Halimi avait été retrouvé agonisant près d'une voie ferrée le 13 février 2006.
Crédits photo : AP

Pièces jointes:
Halimi Ilan.jpg
L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
01 avril 2009, 01:12
"Gang des barbares" : Un procès public ? - Par EJP - Jerusalem Post en francais - 30 mars 2009 -

Le Bureau National de Vigilance Contre l'Antisémitisme (BNVCA) soutient la requête de la mère d'Ilan Halimi qui réclame un procès public pour les assassins de son fils et non le huis clos.

Le procès de Youssouf Fofana et de ses 26 complices présumés du "gang des barbares", qui répondent du meurtre sauvage du jeune Ilan Halimi, doit s'ouvrir le 29 avril prochain devant la cour d'assises des mineurs de Paris. Il devrait durer jusqu'au 3 juillet.

En raison de la présence, parmi la trentaine d'accusés, de mineurs à l'époque des faits, les débats risques de se tenir à huis clos.

Mais Ruth Halimi, la maman d'Ilan, souhaite un procès public qui dit-elle aurait une vertu pédagogique exemplaire.

"Il permettrait de mieux comprendre l'engrenage criminel, de faire réfléchir parents et adolescents. C'est la loi du silence qui a tué son fils, il serait intolérable qu'elle s'impose encore aux assises, en cas de huis clos", a déclaré son avocat, Francis Szpiner.

La mère de la victime souhaite que l'audience fasse oeuvre de pédagogie afin que son fils, enlevé et torturé par une bande en 2006, ne soit pas "mort pour rien".

Vendeur de téléphones portables à Paris, Ilan Halimi, était âgé de 23 ans lorsqu'il a été kidnappé le 20 janvier 2006 par un gang de banlieue dirigé par Youssouf Fofana, 29 ans.

Il était tombé dans un piège après avoir été appâté par des jeunes femmes puis séquestré et sauvagement torturé pendant trois semaines par ses geôliers avant d'être laissé agonisant le 13 février 2006 le long d'une voie ferrée, près de la gare de Sainte-Geneviève-des-Bois dans l'Essonne.

Il est décédé peu après lors de son transfert à l'hôpital. L'autopsie a mis en évidence des marques de lacérations ainsi que des brûlures couvrants 80% de son corps.

La bande aurait choisi d'enlever un jeune juif pour réclamer une rançon de 450.000 euros car, dans son esprit, les membres de cette communauté "ont de l'argent, sont solidaires et donc susceptibles de réunir la somme exigée".

Clichés antisémites

Cette motivation, nourrie des pires clichés antisémites, a été retenue à charge dans l'or¬donnance de mise en accusation, de même que les actes de torture et de barbarie.

Youssouf Fofana, considéré comme le "cerveau" de l'enlèvement, est notamment mis en examen pour "actes de tortures et de barbarie commis en raison de l'appartenance de la victime, vraie ou supposée, à une ethnie, race ou religion" même s'il a toujours nié avoir agi pour des motifs antisémites.

Il avait été extradé de Côte d'Ivoire où il s'était réfugié.

Il a déjà écopé à la fin 2007 d'un an de prison ferme pour outrages à magistrat : selon son avocat d'alors, il ponctuait lettres et procès-verbaux d'insultes contre ses juges et de diatribes anti-sionistes, comme "Israël doit disparaître".

Le BNVCA considère qu'un procès public "serait de nature à avertir l'opinion sur l'antisémitisme tel qu'il est, sur ses dangers, sachant qu'il a été le précurseur et l'antichambre de la Shoah".

"L'antisémitisme n'a pas cessé pour autant. Les violences des agressions physiques et verbales touchent toute une partie de la communauté nationale, la communauté juive qui subit ce fléau depuis 9 ans. Ces citoyens aujourd'hui expriment leur exaspération," ajoute-t-il.

Plusieurs des prévenus encourent la réclusion à perpétuité.

Source : [fr.jpost.com]

ava
Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
03 avril 2009, 05:01
A NE PAS RATER CE SOIR SUR FRANCE2
A quelques semaines de l’ouverture du procès du "Gang des barbares", retour sur une tragédie. llan Halimi, jeune homme enlevé, séquestré et torturé à mort en 2006. Daniel Picouly , dans son emission "CAFE LITTERAIRE"ce soir, reçoit :
EMILIE FRECHE
co-auteur avec RUTH HALIMI de "24 jours. La vérité sur la mort d’’Ilan Halimi"(Le Seuil Editions)

ALEXANDRE LEVY
"Le gang des barbares. Autopsie d’un fiasco policier" (chez Hachette)
Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
03 avril 2009, 22:27
La mère d'Ilan Halimi raconte le martyre de son fils - Par Cécilia Gabizon - 1 Avril 2009

Ilan était issu d'une famille modeste et travaillait dans un magasinde téléphonie. « Appâté » par une jeune fille complicede ses tortionnaires, il a été enlevé puis torturé.
Ilan était issu d'une famille modeste et travaillait dans un magasinde téléphonie. « Appâté » par une jeune fille complicede ses tortionnaires, il a été enlevé puis torturé. Crédits photo : AFP
Dans un livre à paraître jeudi, Ruth Halimi regrette les manquements de la police et le silence des 29 personnes qui, en dénonçant les criminels, auraient pu sauver son enfant, massacré par le «gang des barbares».

La France a découvert son sourire après sa mort. Un sourire que rien ne semble atteindre, ni la haine, ni les tortures. Pourtant, Ilan Halimi, 23 ans, a été séquestré trois semaines puis massacré par un gang dont les préjugés tenaient lieu de pensées. «Des jeunes pour qui les Juifs sont forcément riches», dit Ruth Halimi, sa mère qui publie jeudi le récit terrible des 24 jours * de détention. Qui, sinon ces dévoyés, aurait songé à enlever un gamin vendeur de téléphone portable aussi joyeux que désargenté ? Qui aurait pu en vouloir à Ilan, dont la petite amie était asiatique et les deux meilleurs copains prénommés Karim et Jérémy ? Loin du repli communautaire, des guerres de religion, loin de l'image fatale du Juif nanti, membre implicite d'une communauté prospère et forcément solidaire, qui alignerait 450 000 euros de rançon un matin pour récupérer l'un de ses enfants.

Parce que le procès du «gang des barbares», qui démarre fin avril, se tiendra probablement à huis clos, Ruth Halimi a décidé de dévoiler ce calvaire. « Pour que la mort d'Ilan ne soit pas vaine… »« Parce que vingt-neuf personnes savaient et qu'aucune n'a sauvé Ilan. Parce que des parents, pour protéger leur fils des démêlés judiciaires, ont sacrifié le mien. Parce que j'ai rêvé pendant des nuits que l'appât aurait pitié d'Ilan, que cela ne s'est pas produit. Vingt-neuf personnes, c'est beaucoup. » Elle les voit comme des enfants perdus, sans «totem, sans racines réelles. Rien ni personne ne compte pour eux sauf l'argent».

« Je maintiens un dialogue avec lui »

Ruth Halimi veut pourtant croire que les mots peuvent changer les destins. Que le livre restera, qu'il entrera dans les classes. «Si ce témoignage touche ne serait-ce qu'une personne, ce sera suffisant.» Des mots comme des commandements. « Je suis croyante, heureusement. Parfois, je pense qu'Ilan a bravé les interdits (en sortant un vendredi soir). Je maintiens un dialogue avec lui, c'est ma façon de survivre.» Car les regrets ne laissent guère de répit. L'enlèvement découvert, la famille s'est confiée à la police. Pas de paiement, c'est la règle, d'autant que la rançon ne garantit pas le dénouement. Et pourtant.

Le livre dessine subtilement les manquements de la police, qui «en niant le caractère antisémite n'a pas cerné le profil du gang», assure Émilie Frèche, l'écrivain qui a rédigé le témoignage. «Si j'avais eu l'argent, j'aurais payé, dit maintenant Ruth, mais c'était plutôt les agios sur mon compte. On ne pouvait pas chercher d'aide. Les policiers nous avaient confinés dans le silence. La peur nous a immobilisés.» Le père, jugé plus solide psychologiquement, devient l'interlocuteur des ravisseurs. Mais en coulisses, les policiers dictent toutes les réponses. Il recevra plus de 600 appels souvent insoutenables. Des revendications mouvantes, 450 000 euros, puis 50 000, puis 300 000, un jour 5 000. Le père doit temporiser, pour localiser les ravisseurs. «Vous êtes le plus fort, c'est vous qui êtes le plus fort», lui répète la psychologue qui accompagne les négociateurs. Jusqu'à ce matin où Ilan est retrouvé, nu, tondu, brûlé à l'essence, blessé au couteau, le corps abîmé par les tortures, agonisant au bord d'une voie ferrée. «Tous les jours, je demande à mon fils de me pardonner.»

* 24 jours, Ruth Halimi, Émilie Frèche, Seuil, 184 pages.

Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
28 avril 2009, 15:19
Chat
"Ilan Halimi était délibérément ciblé parce qu'il était juif"

LEMONDE.FR | 28.04.09

L'intégralité du débat avec Alexandre Lévy, journaliste et auteur du "Gang des barbares. Chronique d'un fiasco policier", mardi 28 avril, à 12 h .


ingam : L'antisémitisme du gang des barbares est-il avéré ?
Patch : Pouvez-vous revenir sur la dimension antisémite de cette affaire ?

Alexandre Lévy : La circonstance aggravante d'antisémitisme a été retenue dans ce dossier, le 20 février 2006, par les deux juges chargés de l'affaire. A l'époque, les magistrats ont motivé leur décision sur la base des dépositions de certains membres du gang qui expliquaient qu'Ilan avait fait l'objet de mauvais traitements d'un des geôliers qui "n'aimait pas les feujs". Dans plusieurs autres dépositions transparaissent les motivations antisémites de ce gang dont le chef était persuadé que les juifs ont de l'argent, et, s'ils n'en avaient pas, qu'ils font partie d'une communauté suffisamment solidaire pour que d'autres juifs paient pour pouvoir récupérer l'un des leurs.

Cette question de l'antisémitisme est lancinante et douloureuse, surtout pour la mère d'Ilan Halimi, Ruth. Selon elle, elle est également centrale dans le destin tragique de son fils, et dans son livre elle accuse notamment les policiers de ne pas avoir tenu suffisamment compte du fait qu'Ilan était juif.

Yaël F.: On a beaucoup dit que la police avait sous-estimé le gang des barbares et sa violence haineuse. Est-ce vrai ?

Alexandre Lévy: Cette question fait partie de la longue liste des reproches que la mère d'Ilan adresse à la police. Après enquête, je peux affirmer qu'à aucun moment les policiers de la brigade criminelle n'ont sous-estimé le danger auquel était exposé l'otage. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'ils n'ont communiqué qu'à minima sur cette affaire, faisant le pari que moins il y avait de bruit autour de cette séquestration, plus on avait de chances de retrouver Ilan vivant. C'est pour cela que les médias ont été tenus à l'écart et que les portraits-robots, notamment d'une des filles-appâts, n'ont pas été diffusés, alors que la police les avait dès la première semaine de l'enquête. Ensuite, les policiers se sont rapidement rendu compte qu'ils avaient affaire à un gang très sophistiqué pour ce qui concerne les moyens de communication, mais "minable" pour ce qui est de récupérer la rançon.

lingam: De quel milieu sont issus les membres du groupe ? Comment était organisé le gang ? Fofana était-il leur leader ? De quelle manière s'exerçait sa domination ?
Alexandre Lévy: Au départ, le gang des barbares est une petite bande de banlieue, basée à Bagneux. Ses membres habitent deux barres HLM de la commune. Ils sont âgés de 16 à 32 ans et vivent de petits boulots, de trafics et de larcins. Les jeunes qui composent ce groupe sont de toutes origines. Les policiers diront un "melting pot" du crime. Ils sont tous français.

Sous l'autorité de Youssouf Fofana, qui reconnaît être le chef de la "bande de quartier", ce groupe protéiforme a tenté plusieurs opérations de nature criminelle, l'extorsion de fonds, et ensuite le kidnapping. Le "caïd" met également en place un système très efficace de cloisonnement des tâches et des équipes chargées de les effectuer. Il apparaît comme le seul ayant une vue d'ensemble de l'entreprise criminelle en cours.

Au fil des différentes tentatives de kidnapping, la bande s'"améliore" constamment. Elle apprend très vite de ses erreurs et adapte constamment son dispositif en le perfectionnant jusqu'à l'affaire Ilan, qui est sa première tentative de rapt concluante.

wilfried : Fofana est-il quelqu'un de violent ?

Alexandre Lévy : Plusieurs complices de Fofana ont fait état de violences exercées par celui qu'ils appellent le "boss" à l'égard de l'otage. Il est également accusé par un autre membre du gang d'avoir porté les coups de couteau et aspergé d'essence Ilan dans la nuit de sa mort. Plus généralement, l'ultraviolence de ce gang, leur absence de morale et de repères existentiels ont beaucoup choqué l'opinion publique au moment de l'affaire.

Patch : Dans son livre, la mère d'Ilan Halimi accuse les voisins d'avoir été au courant et de n'avoir rien fait. Qu'en est-il ?

Alexandre Lévy: Je me suis rendu à plusieurs reprises à Bagneux dans la cité de la Pierre-Plate, pour essayer de voir de mes propres yeux cet endroit qui a servi de geôle à Ilan. Depuis, cet ensemble de cités a été repeint, rafraîchi, comme pour oublier le drame qui s'y est joué. A Bagneux, j'ai rencontré des gens simples et modestes, des retraités, des familles d'origine africaine comme de toutes autres origines, pour qui cette affaire reste un traumatisme. Je ne peux pas affirmer que "toute la cité savait et s'est tue", comme cela a pu être dit.

En revanche, il y a un grand nombre de gens mis en cause dans l'affaire d'Ilan (vingt-sept en tout), à qui il faut ajouter les amis, les petits-amis et petites-amies et parfois les parents. On arrive à une quarantaine de personnes qui, elles, savaient pertinemment qu'un jeune homme était détenu, nourri à l'aide d'une paille, ficelé, baillonné, voire frappé. Et toutes ces personnes se sont tues.

Les policiers continuent de s'arracher les cheveux à l'évocation de cette réalité. Pour eux, un simple coup de fil anonyme aurait mis en quelques heures fin au calvaire d'Ilan Halimi.

lingam: A la veille de l'ouverture du procès, quelle est la ligne de défense des accusés ?

Alexandre Lévy : Il est important de savoir, que même dans une affaire de criminalité organisée, il n'y a pas de responsabilité collective, mais individuelle. Chacun des membres du gang devra répondre de ses propres actes, qui vont de la non-dénonciation de crime jusqu'à l'assassinat.

Concernant le principal accusé du procès, Youssouf Fofana, c'est un peu la grande inconnue. Pendant les trois années d'instruction du dossier, Fofana a "usé" les services d'une quarantaine d'avocats. Un temps, il a envisagé de se défendre seul. Aujourd'hui, il semble avoir changé d'avis. Lors des auditions, il a endossé les habits de l'antisioniste et du défenseur des Palestiniens, des musulmans et du "peuple noir". Il a violemment insulté les magistrats instructeurs, verbalement ou par courrier, ce qui lui a valu une condamnation pour outrages en 2007.

Maintenant, dans les faits, il sera certainement sommé de donner des explications sur ce qui s'est passé pendant ces trois semaines, et surtout dans la nuit du 12 au 13 février, lorsqu'Ilan est mort de façon atroce. Dans des déclarations antérieures, il a tout mis sur le dos de son complice, Craps, un jeune homme qui aurait joué le rôle de gros bras dans l'enlèvement d'Ilan. Craps, qui s'est livré de lui-même à la police, nie avoir donné la mort à Ilan Halimi.

lingam : Que veulent les parties civiles ?

Alexandre Lévy : Les parties civiles veulent surtout que justice soit faite et que les débats précédant le verdict puissent être publics. La mère d'Ilan a déjà déposé une requête en ce sens. Elle estime que "le silence a déjà tué une fois son fils" et elle espère qu'un procès public permettra que de tels agissements ne se reproduisent plus. Cette question sera certainement débattue le jour de l'ouverture du procès, le 29 avril.

balneolais : Pourquois la justice a-t-elle choisi de tenir ce procès à huis clos ?

Alexandre Lévy : La loi sur la délinquance des mineurs prévoit le huis clos. Deux des personnes jugées étant mineures au moment des faits, cette mesure s'applique à l'ensemble des prévenus. En revanche, si les personnes mineures consentent à lever le huis clos - et c'est l'espoir de la mère d'Ilan et de son avocat -, le procès sera public. Et on peut s'attendre à ce que le premier jour du procès la question leur soit posée avec beaucoup d'emphase par la mère d'Ilan.

jose : Ne pensez-vous pas qu'un procès public risquerait encore plus de stigmatiser ceux que les médias et les politiques appellent "les jeunes" de banlieue ?

Alexandre Lévy : Je ne pense pas que le gang des barbares représente ces "jeunes". Moi-même, j'habite en banlieue, mes enfants y sont nés, y vont à l'école, et honnêtement, je ne crois pas qu'il puisse y avoir une seule et unique banlieue et que celle-ci soit la même que celle de la bande de Bagneux.

Je pense en revanche qu'un procès public permettra de mieux faire la différence, justement, entre ces agissements extrêmes et une vie somme toute assez paisible. Lorsque je me suis promené à Bagneux, devant les immeubles de la Pierre-Plate, ou de l'allée Prunier-Hardi, j'ai été frappé par le côté village, voire coquet, de l'endroit.

Girafe : Y a-t-il des doutes sur l'issue du procès ?

Maroussia : Quelles sont les peines encourues ?

Alexandre Lévy : On ne peut jamais prévoir un verdict. Une chose est sûre : la majorité des personnes jugées sont accusées de faits extrêmement graves pour lesquels la législation prévoit de lourdes peines. Cela peut aller de six ou sept ans jusqu'à la perpétuité.

joben75 : Ne craignez-vous pas que cette affaire "donne des idées" à d'autres personnes ?

Alexandre Lévy : Je veux insister sur un point : le gang des barbares a lamentablement échoué dans le sens où il n'a récupéré aucune rançon tout en se rendant coupable du crime le plus odieux. Même si certains - et cela a déjà été le cas depuis trois ans - ont visiblement été inspirés par le côté "Orange mécanique" du gang, il faut rappeler que de telles pratiques n'ont aucune chance d'aboutir.

Ça a été d'ailleurs une des questions pour lesquelles la police a été critiquée : pourquoi ne pas avoir versé ne serait-ce qu'une petite somme aux ravisseurs ? Dans les affaires de prise d'otage, c'est une règle d'airain : on ne paie jamais de rançon, et si on le fait, c'est uniquement dans le but de monter un piège pour récupérer à la fois l'otage et appréhender les ravisseurs. Les policiers n'ont pas dérogé à cette règle dans cette affaire.

blabla : Pensez-vous que ce crime aurait eu une telle répercussion s'il ne comportait pas précisément une dimension antisémite ?

Alexandre Lévy : Rarement une affaire criminelle aura tant bouleversé l'opinion publique française. Et pas uniquement à cause du fait qu'Ilan était visiblement et délibérément ciblé parce qu'il était juif. Cette affaire est dramatique pour la simple raison que dans une société avancée, civilisée et démocratique, nous avons été témoins de pratiques "barbares". Ce n'est pas pour rien que le gang a pris ce nom. Cette violence et ces pratiques crapuleuses se sont exercées entre fils et filles de la République qui ont pratiquement le même âge. L'amoralité dont ont fait preuve ces jeunes, somme toute assez banals, continuera de nous tourmenter tous.

Sur l'aspect antisémite, il faut essayer de comprendre les motivations de la mère d'Ilan, même si on ne partage pas jusqu'au bout ses convictions. Tous les symboles entourant la mise à mort de son fils n'ont pas manqué de lui rappeler, et c'est normal, les pires moments de l'histoire de France et d'Europe : Ilan a été tondu, poignardé, brûlé, et abandonné le long d'une voie ferrée. Tout est là.

Chat modéré par Elise Barthet

[www.lemonde.fr]

Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
30 avril 2009, 00:16
Me Dominique Attias,
l'avocate de la jeune fille, a demandé et obtenu le huis clos!

Ilan Halimi, retour à la case silence


Ce que vous avez peut-être entendu, ou lu, ou vu, depuis un mois, c’est ce que demandent la mère d’Ilan Halimi, et la compagne du jeune homme : un procès public, « qui permettrait de mieux comprendre l’engrenage criminel, de faire réfléchir parents et adolescents », à visée pédagogique, comme dit Ruth Halimi.

Vous ne saurez rien, ou presque, du procès de l’auto-proclamé Gang des barbares, à savoir Youssef Fofana et 26 autres accusés qui répondent de l’enlèvement, la séquestration, la torture et la mort d’Ilan Halimi, début 2006. Huis clos. Ni public, ni presse. Il y a pourtant beaucoup à apprendre. Mais la justice elle-même a organisé l’omerta.


[www.mediapart.fr]
Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
30 avril 2009, 10:47
et ça n'est qu'un extrait...
Extraits du procès-verbal (PV) de l'interrogatoire de Samir Ait Abdelmalek, l'un des geôliers d'Ilan Halimi, à la Brigade criminelle de Paris, le 18 février 2006 : « J'ai sorti la lame du cutter et après qu'il a mangé et bu j'ai cherché un endroit où lui mettre un coup de cutter pour que ça saigne sans lui faire trop mal. Je ne voulais pas toucher à l'adhésif. Sans prévenir Ilan pour qu'il ne stresse pas je lui ai mis un coup de cutter sur cinq ou six centimètres sur la joue gauche. Malgré le sparadrap cela a saigné vite dans sa barbe qui n'avait pas été rasée. [...]


A ce moment Ilan avait réussi à relever son bandage sur les yeux. Il avait donc vu Ilan le regarder droit dans les yeux et du coup Youssouf avec un couteau lui a mis un coup dans la gorge vers la carotide puis un coup de l'autre côté de la gorge. Ensuite il a essayé de lui couper le bas de la nuque. Puis il lui a mis un coup de couteau dans le flanc. Il avait sûrement dû revenir avec un bidon d'essence car il m'a dit qu'il avait utilisé un bidon pour asperger Ilan avec ce combustible et l'a incendié sur place. À ce moment il m'a dit "cela a fait une grande flamme et je suis parti" »
L’autopsie d’Ilan Halimi : Réalisée le 14 février à l’hôpital d’Evry (Essonne), a révélé des « brûlures » sur 80 % du corps, de multiples « hématomes et contusions », « une plaie à la joue » faite au cutter et « deux plaies à l’arme blanche sous la gorge ».


Pièces jointes:
ilan.jpg
Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
03 mai 2009, 01:06
Procès d'Ilan Halimi : Qu'en dit la presse?

Par Raphaelle Elkrief pour Guysen International News
30 avril 2009 17:12

Plus de deux ans après l'agression et le meurtre d'Ilan Halimi, au moment de l'ouverture du procès de Youssouf Fofana et du " Gang des barbares ", la presse française et internationale revient sur l'historique de ce crime antisémite, ainsi que sur le déroulement du procès.

A l'heure de l'ouverture du procès des bourreaux d'Ilan Halimi, la presse française revient très largement sur l'attitude provocatrice du leader du « gang des barbares », Youssouf Fofana. Le Point, qui consacre un très large dossier au traitement de l'affaire Halimi, insiste sur le comportement tendancieux de l'accusé qui, interrogé sur sa date de naissance a crié « le 13 février 2006 à Saint Geneviève des Bois », date de découverte du corps mourant d'Ilan.

Dans le Figaro également, on rapporte le ton que Y. Fofana entend donner tout au long du procès : « Mon nom: Africaine armée barbare révolution salafiste ».

Un comportement provocateur qui donne l'occasion aux média français de revenir sur la personnalité de l'homme à la tête du crime. Le Point dresse de lui le portrait d'un homme « paranoïaque, mégalomane et pervers », déjà connu des services de police, refusant de se défendre et qui, menacé de réclusion criminelle à perpétuité, pourrait également être inquiété pour outrage à magistrat.

Insistant largement sur les personnalités au centre de cette affaire, Le Point offre également, et pour la première fois, l'interview de la petite amie d'Ilan. Sous le pseudonyme de « Mony », le journal livre le témoignage d'une jeune femme détruite. Elle annonce se porter partie civile au procès, « au nom de [son] amour pour Ilan ». Dans cette interview elle raconte les premiers coups de téléphone, les détails des négociations, ses rapports avec la police...

Le Figaro, lui, consacre un article à l'ensemble du « gang », rappelle les origines, le milieu, le quotidien de ces individus de 17 à 32 ans, qui de « chauffeur de bus, livreur, chômeur, étudiant ou encore à l'école au moment des faits » se sont retrouvés impliqués dans le cauchemar d'Ilan.
Le journal propose également de s'intéresser de plus prêt à la jeune fille qui a servi ‘d'appât’ et a entraîné le jeune homme à sa perte. Elle y est décrite comme une jeune femme presque orpheline, à tendance suicidaire, « aimant plaire et être valorisée » qui raconte sans émotion avoir servi ‘d'appât’ pour « rendre service », et contre 5000€.

Des commentaires plus « pratiques » se trouvent dans le quotidien Le Monde, qui s'intéresse notamment à la tenue du procès. Ses articles éclaircissent le choix de faire paraître les accusés à la cour d'assise des mineurs, ou mettent en lumière la question du huis clos. Il rappelle que les institutions juives, ainsi que la famille voudraient un témoignage ouvert, à vertu pédagogique, pour que « cela ne se reproduise plus ».

Enfin Libération, dans un article bouleversant de précision, revient sur le déroulement des événements. Témoignages des acteurs, description des actes de maltraitance sur Ilan et chronologie des événements l’article « Du guet-appens au meurtre » le lecteur dans le cauchemar du jeune juif.

Le journal en profite pour rappeler la composante antisémite du crime. Avec l'interview du sociologue Didier Lapeyronnie, Libération entend dépasser le simple fait divers afin de créer une réelle réflexion sur le thème de l'antisémitisme en France. Selon le sociologue, « l'antisémitisme soude le groupe ». La rencontre d'un « leader charismatique et d'un monde social faible » conduit à un antisémitisme qu'il appelle « le socialisme des imbéciles ».

Il est étonnant de noter que l'histoire Halimi est largement absente de la presse Israélienne. Dans son édito au Jérusalem Post, Caroline Glick estime qu'Israël s'est très peu mêlé de cette affaire, tant au niveau politique que médiatique. Selon elle, ceci n'a rien de surprenant aux vues de la situation en Israël. Il apparaitrait que « ce qui arrive aux Juifs de France n'a rien à voir avec nous ».

Enfin à l'international, le traitement du meurtre d'Ilan est plus largement axé sur le caractère antisémite du meurtre. Crainte d'enflammer les passions? Crainte de la polémique? Les médias français semblent en effet avoir évité la question, tout en reconnaissant unanimement, plus de deux ans après la mort d'Ilan, que le jeune juif a été tué pour des raisons religieuses.

Pour le journal anglais Times, cependant, il ne fait aucun doute : les journalistes anglais expliquent que cette « histoire qui horrifie la France » met en avant l'antisémitisme latent chez les personnes issues de l'immigration, dans un pays « hanté par le spectre de la collaboration nazi ».

Le journal révèle également que Fofana, qui aime à se faire appeler « Osama », avait déjà tenté de s'en prendre à des médecins juifs en particulier.

Le Times rappelle enfin que le corps d'Ilan a été enterré en Israël selon la demande de sa mère : « J'ai dû l'envoyer là bas parce que vous auriez pu bruler sa tombe ». Là où les médias français sont plus frileux, le journal anglais n'hésite pas à rappeler que ces attaques antisémites sont nombreuses en France.

Le journal Arabe Al-Jazeera traite lui aussi du « procès du meurtre du jeune juif à Paris ». Il parle de la montée de l'antisémitisme en France, et du débat occasionné par l'histoire Halimi, lorsque la police a longuement hésité sur les composantes antis juives du crime. Le journaliste va même plus loin, en rappelant que le meurtre d'Ilan a eu lieu peu après la période de violence dans les banlieues en 2005.

[www.guysen.com]
Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
22 mai 2009, 06:19
Youssouf Fofana a congédié son avocate

REUTERS | 20.05.2009 | 13:51
PARIS (Reuters) - Youssouf Fofana, accusé de l'enlèvement et du meurtre du jeune juif Ilan Halimi en 2006, a congédié son avocate car il pense qu'elle est de confession juive, apprend-on auprès de cette dernière.

Il a qualifié "d'ennemie intérieure" Me Isabelle Coutant-Peyre à l'audience de lundi de ce procès ouvert fin mai et qui se déroule à huis clos, selon une source judiciaire présente à l'audience.

L'accusé s'est interrogé sur sa confession, la consonance de son nom laissant penser selon lui qu'elle était juive et a décidé de la congédier.

Malgré cet incident, Me Isabelle Coutant-Peyre a déclaré à Reuters qu'elle trouvait la ligne de défense de son client "très intelligente" et a déploré le "lynchage médiatique" dont il est, selon elle, l'objet.

Youssouf Fofana, Français d'origine ivoirienne, conserve trois autres avocats, Me Emmanuel Ludot et deux autres commis d'office par la cour.

Ce procès est sensible en raison des accusations d'antisémitisme portées contre Youssouf Fofana, accusé d'avoir mis à mort Ilan Halimi parce qu'il était juif, après 24 jours d'une séquestration émaillée de sévices.

L'accusé reconnaît l'enlèvement et la séquestration mais nie l'assassinat. La cour doit juger 26 autres accusés, membres présumés du groupe baptisé le "gang des barbares".

Thierry Lévêque, édité par Sophie Louet

[www.lefigaro.fr]
Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
22 mai 2009, 06:54
Procès Fofana. Réflexions sur la barbarie antisémite.

Par Guy Senbel pour Guysen International News
Jeudi 21 mai 2009 à 22:25

Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur le procès de Youssouf Fofana, accusé de l’enlèvement et du meurtre d’Ilan Halimi le 13 février 2006, et pour lequel il est jugé par la cour d’assises des mineurs depuis le 29 avril dernier. Déféré devant la justice pour avoir mis à mort un homme parce qu'il était juif, Youssouf Fofana a fait vivre à Ilan Halimi vingt-quatre jours d’enfer, vingt-quatre jours de séquestration, vingt-quatre nuits de sévices, pour le faire mourir.
L'accusé, un français d’origine ivoirienne qui revendique son appartenance à l’Islam, comparaît au côté de vingt-six autres membres présumés du « gang des barbares ». Il reconnaît l'enlèvement et la séquestration, mais il nie l'assassinat.

C’est un procès à huis-clos qui a été décidé par les juges, contre l’avis de la famille de la victime et des principales organisations juives qui rappellent que « c’est la loi du silence qui a tué Ilan », craignant que le procès n’ait pas le retentissement espéré… Un homme est mort, en France, parce qu’il était juif.

Les huis-clos sont réservés aux procès sensibles. Celui de Youssouf Fofana l’est assurément : la crainte d’attiser les braises des émeutes dans les banlieues, sans doute, le souci raisonnable de ne pas réveiller un antisémitisme en ébullition dans des cités pauvres où croupissent d’inquiétants ressentiments. Mais la justification du procès à huis-clos, pour l’heure, est d’ordre technique : certains accusés étaient mineurs au moment des faits... Fermé au public, le procès n’en est pas moins théâtral, et il bénéficie d’une couverture médiatique au gré des rebondissements singuliers, parfois curieux, des déclarations injurieuses de l’accusé, souvent outrageux, qui suscitent l’indignation, ajoutent à l’effroyable, et attirent le s médias.

Fait rarissime, le parquet s’est associé à la demande de la famille d’Ilan Halimi pour retirer des kiosques le magazine « Choc » qui présente en page de couverture Ilan Halimi agenouillé, pistolet sur la tempe, le visage masqué par un épais scotch argenté, les poignets entravés, un quotidien posé sur le torse. On devine son visage tuméfié, les narines gonflées par les coups, du sang. Clichés voyeuristes ou atteinte à la dignité humaine, la justice a compris que pour la famille de la victime, cette photo est particulièrement intolérable.

Alors que la presse occidentale suit l’affaire avec intérêt et n’hésite pas à présenter le procès Fofana comme celui de la « barbarie antisémite », décrivant avec souci du détail des scènes qui ressemblent à la séquestration de Daniel Pearl, d’aucuns parmi les journalistes français ont parfois hésité à affirmer clairement le caractère antisémite du meurtre, comme si ce crime pouvait ne pas être un crime antisémite. La présence de Jacques Chirac à la cérémonie religieuse organisée à la mémoire d’Ilan Halimi en 2006 avait pourtant marqué la reconnaissance par la France que le crime avait bien été commis parce qu’Ilan était un juif.

Le déroulement du procès met un terme à la distinction opérée entre crime crapuleux et crime antisémite. Fofana a d’abord voulu montrer qu’il était une crapule. Au deuxième jour de son procès, il avait menacé de mort les jurés et la présidente de la cour d’assises. Mercredi 20 mai, l’accusé a récusé l’une de ses avocates, convaincu qu’elle porte un nom à consonance juive. Le chef du « gang des barbares » l’a congédiée au motif qu’elle serait de religion juive… C’est au cours de son procès que l’accusé montre ce qui anime sa haine et motive ses actes, la recherche permanente d’un « ennemi intérieur », expression qu’il a d’ailleurs employée pour qualifier son « avocate juive&nbs p;» au cours d’une audience, lundi 18 mai.

L’antisémitisme de Youssouf Fofana, celui qu’il incarne désormais pour avoir choisi la violence et le crime, n’est pas un antisémitisme d’un genre nouveau. Il convient certes de s’interroger sur la filiation possible avec l’idéologie islamiste. Ranimés par les propos d’un humoriste passé de mode ou par l’Iran qui a appelé à détruire Israël, les préjugés antisémites de Youssouf Fofana s’inscrivent dans l’imaginaire antisémite d’un âge ancien. Nocifs, objet de prédations, Fofana s’est inventé une nouvelle légitimité, celle qui consiste à déposséder les Juifs de leurs biens. Tout fut permis pour atteindre l’objectif, toucher la rançon, y compris les actes de sauvagerie qui consistent à torturer un homme pendant 24 jours. Acte de d&eacu te;chaînement organisé, signe de résistance des haines maudites qui ne disparaissent donc jamais, le crime commis contre Ilan Halimi ressemble à celui commis contre les Juifs en Pologne au nom des meurtres rituels inventés jusqu’aux lendemains de la Shoah. Ilan Halimi a été tué en 2006 comme on brûlait les Juifs en France au temps de Saint-Louis, comme ceux que les nazis fusillaient en Ukraine ou ailleurs dans l’Est de l’Europe.

Non, le procès Fofana n’est pas un procès de fait-divers, c’est le procès des préjugés qui tuent, ceux qu’il faut combattre dans la vie de tous les jours. Selon un sondage commandé par SOS-Racisme, et publié au mois de mars 2009, 38% des personnes interrogées considèrent que « les Juifs ont une influence particulière dans la finance et les médias »…

Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, citoyen français et soldat de Tsahal, otage du Hamas à Gaza depuis 1063 jours.

A la semaine prochaine,

Guy Senbel.

[www.guysen.com]
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter






HARISSA
Copyright 2000-2024 - HARISSA.COM All Rights Reserved