Bienvenu(e)! Identification Créer un nouveau profil

Recherche avancée

L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris

Envoyé par MeYeR 
Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
02 juin 2009, 04:29
Youssouf Fofana reconnaît avoir tué Ilan Halimi


LePoint.fr

Youssouf Fofana a confirmé jeudi avoir tué seul le jeune juif Ilan Halimi en 2006, à l'issue de trois semaines d'une séquestration ponctuée d'actes de torture, a-t-on appris auprès de sources concordantes.

Jugé à Paris depuis un mois, le chef présumé du gang des Barbares n'avait pas contesté les faits au cours de l'instruction mais c'est la première fois qu'il les reconnaît à ce procès devant les assises des mineurs, où il comparaît à huis clos avec 26 coaccusés depuis le 29 avril.


Alors que témoignaient à la barre deux médecins légistes ayant examiné le corps de la vicitime, l'accusé principal a répondu à une question de la partie civile : "Oui c'est moi qui l'ai fait, vous savez bien que je l'ai fait !", selon une source proche du dossier.

"Il a reconnu avoir versé un liquide inflammable (sur le corps d'Ilan) et l'avoir allumé avec un briquet", a par ailleurs déclaré une source présente à l'audience.

Ilan Halimi, séquestré et torturé durant trois semaines dans un appartement puis une cave d'une cité HLM de Bagneux (Hauts-de-Seine), avait été abandonné au bord d'une voie ferrée dans l'Essonne le 13 février 2006. Il est mort lors de son transfert à l'hôpital.

L'autopsie de son corps avait révélé des brûlures, vraisemblablement causées par de l'alcool à brûler, sur l'ensemble du thorax et du dos, sur le front, les cuisses, les mollets, les bras et les mains.

Le corps portait aussi trace de quatre plaies au cou, dont une à la veine jugulaire, ainsi qu'une "plaie pénétrante" à la hanche gauche, "causées par un instrument tranchant et piquant", d'après l'acte d'accusation.

Selon d'autres sources, Youssouf Fofana n'a apporté aucune précision sur les coups de couteau qu'on lui reproche d'avoir donnés.


Il doit répondre d'assassinat car l'accusation a retenu la thèse de la préméditation.

L'enquête avait démontré qu'au moment de déplacer l'otage le 13 février, de l'alcool à brûler avait été apporté par Fofana et dissimulé par lui dans une voiture.
Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
03 juin 2009, 05:33
«Après la mort d'Ilan, nous avons mieux travaillé avec les opérateurs de téléphonie»

Propos recueillis parD. Ch.
29/05/2009
INTERVIEW - À la suite de l'échec de cette enquête, les leçons ont été tirées. L'ex-directeur de la PJ explique avoir amélioré les moyens contre la cybercriminalité.

François Jaspart était directeur de la police judiciaire de la Préfecture de police de Paris au moment de l'enquête sur la séquestration d'Ilan Halimi. Il a conduit, en 2007 et 2008, une réflexion sur l'amélioration de la lutte contre la cybercriminalité.

LE FIGARO. - Devant la cour d'assises, le chef de la brigade criminelle Noël Robin a dénoncé le comportement « peu coopératif » des opérateurs de téléphonie mobile. Partagez-vous ce constat ?

François JASPART. - Il est vrai que les opérateurs n'avaient pas, à l'époque, les moyens humains et techniques suffisants pour répondre à leurs obligations légales. Je me souviens notamment que la PJ avait été obligée de hausser le ton parce qu'un technicien avait répondu aux policiers qu'il avait « autre chose à faire », avant de leur raccrocher au nez… D'une manière générale, les enquêteurs se plaignaient de la longueur des délais pour remonter les lignes. Mais la fin tragique de l'enquête Halimi a donné lieu à une vraie prise de conscience des limites des méthodes policières face à la cybercriminalité. À la suite de cet échec, nous avons noué un dialogue avec les opérateurs et les fournisseurs d'accès à Internet. Ils se sont engagés à améliorer leur système d'exploitation. Il a fallu apprendre à travailler ensemble.

Quelles limites techniques aviez-vous rencontrées à l'époque ?

D'abord, la multiplicité des opérateurs et de leurs sous-traitants a beaucoup compliqué les recherches techniques. Cela nous a souvent retardés. Notre plus grand problème était de remonter jusqu'à l'ordinateur utilisé par les ravisseurs, qui envoyaient leurs mails depuis un cybercafé. C'était une véritable course contre la montre, comme fut la localisation des cabines téléphoniques dans les années 1970. C'est la raison pour laquelle nous avons demandé les conseils techniques d'experts en informatique, dont ceux de la DGSE. Par deux fois, nous avons réussi à repérer le cybercafé, mais nous sommes arrivés trop tard… De la même manière, les maîtres chanteurs utilisaient des numéros de téléphone mobile passant par des pays étrangers, au point de nous laisser penser qu'ils n'étaient pas en France.

Les leçons de la mort d'Ilan ont-elles, selon vous, été tirées ?


Oui. Les premières mesures concrètes issues de la mission de réflexion viennent d'ailleurs d'être reprises dans la loi présentée mercredi par Michèle Alliot-Marie au Conseil des ministres : blocage des sites pédopornographiques, lutte contre l'escroquerie par Internet ou encore interception de la téléphonie par Internet. Il faut cependant bien avoir à l'esprit que la technologie a toujours un train d'avance sur la réglementation. Et la police est déjà confrontée à de nouveaux enjeux. Les bornes Wi-Fi qui permettent de se connecter dans n'importe quel jardin public parisien sans être identifié ou l'anonymisation toujours croissante sur Internet en sont deux exemples.

[www.lefigaro.fr]
Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
05 juin 2009, 06:24
Youssouf Fofana avait bien l'intention de tuer Ilan


Ce vendredi, Youssouf Fofana est revenu sur ses motivations, sa vision de l'affaire.

Il a tenu de nombreux propos, bien souvent peu clairs.

Fofana articule mal, avale la moitié de ses mots, bégaie parfois. A propos de la mort d'Ilan Halimi, Fofana en invoque d'autres, il cite les « drames » africain et palestinien.

Il a dit qu'à Gaza et en Côte d'Ivoire, « des mères qui perdent leurs enfants, il y en a tous les jours ». Qu'ainsi, toujours selon lui, ce n'est pas parce qu'une victime est juive que l'on doit en faire un drame particulier.

Youssouf Fofana a ensuite cité en exemple l'Irak : « Quand on y enlève un militaire, qu'on le tue, il y a 1000 hommes qui partent ». En Côte d'Ivoire, où l'armée française est présente, c'est justement comme ça que Fofana pensait libérer le pays, en procédant à des enlèvements.

Le matin, les deux policiers, Mario M. et Patrick M., partis interpeller et interroger Youssouf Fofana fin février 2006 en Côte d'Ivoire étaient appelés à la barre.

Ils y ont raconté ce que Fofana leur avait dit à l'époque. Qu'il était, avec Jean-Christophe S., alias « Craps » ou « Crim », l'instigateur des enlèvements.

Que l'idée leur était venue à tous les deux alors qu'ils étaient en prison à Nanterre, dans la même division C.

Ainsi Fofana a-t-il déclaré le 23 février 2006 aux enquêteurs français : « Fin 2005, nous avons décidé de faire des enlèvements, nous avons visé la communauté juive car pour nous c'est une communauté qui a de l'argent et qui est soudée ».

Quand les policiers lui ont demandé où et comment les victimes avaient été choisies, Fofana a chargé « Craps », en disant que c'était lui qui choisissait les victimes.

Quand Mario M. et Patrick M. ont ensuite demandé à Youssouf Fofana, toujours en février 2006, quand il avait décidé de se débarrasser d'Ilan, Fofana a répondu : « le dimanche 12 février 2006, j'ai compris que nous n'aurions jamais aucune rançon et de plus, tout le monde en avait assez de garder Ilan.

J'ai donc appelé mon copain crim et nous avons convenu que le lundi 13 février au petit matin, je (...) prendrai en charge Ilan, (...) qu'il serait mis à l'arrière de mon véhicule et que je rejoindrai Crim derrière le Cora à Bagneux.

C'est ce que j'ai fait. (...) Dans l'après-midi, je me suis rendu à la cité de l'Etoile à Bobigny. (...) J'ai appris que Crim et son copain s'étaient rendus à Sainte-Geneviève-des-Bois, qu'ils avaient déposé le corps dans un petit bois et qu'ils avaient versé de l'acide sur l'ensemble du corps, qu'ils y avaient mis feu, et qu'une boule de feu s'était formée. »

Une version dépassée et encore contredite par Fofana lui-même dès jeudi devant la cour d'Assises, puisqu'il a bien insisté : c'est lui qui a tué Ilan.

Ce vendredi, Youssouf Fofana en a dit encore un peu plus. Il a expliqué pourquoi il avait ainsi chargé « Crim » lors de son interrogatoire en Côte d'Ivoire : « c'était pour faire écran de fumée, parce que je savais bien que Jean-Christophe S. ne se rendrait jamais ».

Interrogé à son tour par la cour, Jean-Christophe S. a répété qu'il assumait sa participation à l'enlèvement d'Ilan Halimi comme il l'indique depuis le début de ce procès.

Il a ajouté qu'il ne savait même pas qu'Ilan Halimi était de confession juive.

Enfin, celui qui se faisait appeler « Crim » à l'époque a raconté son affolement lorsqu'il a appris qu'Ilan était mort.

D'abord, a-t-il raconté, il a pensé fuir, puis il s'est senti l'obligation « d'assumer », et il est allé se rendre au commissariat. Jean-Christophe S. a dit à la cour : « payer, ou pas payer, peu importe, ça ne vaut pas de tuer un homme ».

Puis il a tenu à préciser ce qu'il a déjà dit à l'audience : « Les pensées de Fofana ne sont pas les miennes ».

Youssouf Fofana a aussi confié quelque chose de capital à la cour ce vendredi. Il a en effet déclaré que son intention de tuer Ilan ne datait pas du 13 février 2006. Mais « de bien avant », ce qui impliquerait qu'il a prémédité son acte.

C'est maître Karine De Carvalho, collaboratrice de Didier Seban, et conseil d'un des présumés geôliers, qui a finalement demandé davantage d'explication à Fofana. Lequel a répondu à la présidente (puisqu'il n'adresse plus la parole qu'à trois personnes dans la salle) : « l'intention de le tuer est venue à partir du moment où les policiers ont coupé toute relation avec moi ».

Après plus de 600 appels passés au père, et une fois qu'il a compris le refus obstiné de la police à négocier, Fofana a senti la haine monter en lui et il a pris sa décision.

En finir avec Ilan Halimi. L'avocat du principal accusé, Maître Emmanuel Ludot, déclare même, hors audience : « Il existe, selon Youssouf Fofana, un coup de fil où Didier Halimi, à bout, lui dit « tue-le, tue-le ! ».

Conversation qu'on ne retrouve pas dans le dossier. Donc, je pose la question : la police, qui interdisait à la famille de payer, aurait-elle fait le tri dans les échanges téléphoniques rapportés ? »

Le beau-frère de Youssouf Fofana, Zoumana, était convoqué à la barre vendredi après-midi. La présidente a entamé devant lui la lecture d'un courrier envoyé par Fofana à la juge d'instruction, où ce dernier accusait Zoumana, et son propre frère Daouda, de lui avoir fourni arme et voiture pour l'enlèvement d'Ilan.

La présidente n'a pas pu finir qu'une voix venue des bancs dans la salle, a crié : « Espèce de bâtard, tu veux me mettre dans des histoires comme ça ! » Youssouf Fofana, d'ordinaire froid et ironique dans ses provocations, a cédé à son tour à la colère, hurlant aussi : « Espèce de bâtard !».

Daouda Fofana, qui, comme l'a précisé la présidente avec mécontentement, n'avait rien à faire dans la salle alors qu'il n'a pas encore témoigné, a immédiatement été évacué par les gendarmes.


Fofana a ensuite expliqué avoir écrit cette fameuse lettre à l'époque, sans fondement véritable, mais seulement pour obtenir une confrontation avec Zoumana et Daouda.

Il voulait « juste les voir », pour leur dire qu'en ayant aidé la police à le retrouver, « ils ont violé les liens du sang pourtant sacrés dans le Coran ».

L'audience s'est terminée sur l'audition de Claude M. Youssouf Fofana qui, depuis la Côte d'Ivoire en février 2006, avait appelé un certain Kamel F., demandait à ce dernier de joindre Claude M. pour qu'il lui fasse parvenir de l'argent.

A son arrivée dans la salle d'audience, ce Claude M. aurait envoyé un sourire et un clin d'œil à Fofana. A la barre, ensuite, il n'avait "rien à dire". Il était à la limite de l'outrage, un comportement « désagréable », que lui a fait remarquer l'avocat général, Philippe Bilger. Il a dit qu'il était « toujours comme ça ». La cour n'a rien tiré de lui, il est reparti.

Pont oblige, l'audience reprendra mardi matin.

P.S : Le procès se tient à huis-clos. Aussi ce blog est-il écrit à partir d'informations recueillies auprès de personnes qui assistent à l'audience, et dont, bien entendu, nous taisons les noms.


Par Elsa Vigoureux, reporter au Nouvel Observateur
Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
08 juin 2009, 23:22
LA HONTE DU FRÈRE DE FOFANA.


Le jour de l'enlèvement d'Ilan Halimi, des étudiants ont été témoins de ses cris. « Au secours, aidez moi ! », a hurlé le jeune homme. C'est ce qu'ils sont venus raconter à la barre ce mardi. Ils ont aussi expliqué avoir eu des doutes ce jour-là, ignorer s'il s'agissait d'une véritable détresse ou s'il était question d'un jeu. Une jeune femme a même expliqué à la cour avoir vu quelqu'un qu'elle pensait être « une femme », portée par dessous les aisselles par une personne, et par les pieds par une autre. Certains ont appelé la police. Il était trop tard lorsque celle-ci est arrivée sur les lieux.


Dans l'après-midi de ce mardi, la cour a entendu Daouda Fofana, frère aîné de Youssouf. Celui qui s'était trouvé dans la salle d'audience alors qu'il n'avait rien à y faire, puisqu'il n'avait pas encore témoigné. Il est arrivé à la barre très en colère, regardant son frère droit dans les yeux. La Présidente Nadi Ajjan a dû le rappeler à la règle, on s'adresse à la cour, pas à l'accusé. Youssouf Fofana a rigolé, pendant que Daouda déclarait : « Que voulez vous que je vous dise ? C'est une honte, une honte pour ma famille, une honte pour tous les Fofana du monde. » Youssouf Fofana a pris la parole, pour répéter cet antisémitisme qu'il assène impunément depuis des jours : « Moi, je suis fier. J'ai tué un juif ». Daouda a raconté quel genre de petit garçon avait été son frère, « un bon petit » qu'il emmenait de temps en temps au parc. Puis un adolescent que personne dans la famille n'avait jamais entendu tenir de propos antisémites. Il a situé le changement, la véritable fracture, à sa sortie de prison en 2001. « Ca l'a changé, après son séjour, ce n'était plus le même. » Youssouf Fofana est encore intervenu pour dire que sa famille l'avait trahi, en le dénonçant à l'époque de l'enlèvement et du meurtre d'Ilan Halimi. Il a soutenu que Daouda l'avait même appelé, alors qu'il avait fui en Côte d'Ivoire. Sur quoi, le frère aîné a bondi : « Tu as les preuves que je t'ai appelé ? C'est pas moi qui t'ai appelé, c'est le diable. Et tu vas le rejoindre, le diable ! Tu vas brûler en enfer comme tu as brûlé ce pauvre innocent. Tu es un assassin, crève, tu vas crever. Bâtard ». En échange de quoi, l'accusé, persuadé qu'un comité de soutien à son sort s'est constitué de par le monde entier, a menacé son frère : « Je vais mettre ta photo sur internet et tu vas crever aussi. »


Entre-temps, Tifenn G et Yalda ont redit à la cour comment elles ont participé à l'enlèvement d'Ilan Halimi. Tifenn G. a dit que Fofana lui avait demandé une fille. Qu'elle a repensé à Yalda. Qu'elle se sentait le devoir de la soutenir, la sentant très angoissée après l'enlèvement. C'est pour ça qu'elle l'avait alors rejointe, pour la rassurer. Une semaine plus tard, elle a raconté à la cour avoir demandé des nouvelles du jeune homme à Youssouf Fofana. Tout allait bien. Et plus tard, elle avait su que les choses duraient, en entendant Yahia K. confier son ras-le-bol, son désir de tout laisser tomber, dans une cage d'escalier.


Yalda, elle, a dit avoir trouvé Ilan Halimi « sympa » au rendez-vous. Et même : plus ça allait, moins elle avait envie de le conduire jusqu'au lieu de l'enlèvement. Sauf qu'elle l'a fait. Ensuite, elle est allée dîner au restaurant, avec un type rencontré sur internet. Ils ont fini à l'hôtel. Fofana a tout payé. Et Yalda ne se souvient de rien, juste s'être réveillée avec des verres près d'elle. A la barre, le type lui s'est rappelé un peu gêné avoir eu un rapport avec la jeune femme, qui lui avait effectivement vaguement parlé de son plan pour se faire de l'argent, de l'enlèvement. Ca ne l'intéressait pas beaucoup.


Jean-Christophe S. a à son tour raconté que Fofana était venu le trouver pour lui demander de participer à un coup, l'enlèvement d'un commerçant aux riches parents. A l'époque, Jean-Christophe S. avait conquis le territoire de Bagneux pour son trafic de stupéfiants, il avait réussi à s'y imposer facilement. Il pense que c'est devant ce constat que Youssouf Fofana a pensé qu'il pouvait compter sur lui, s'est dit qu'il assurait suffisamment. Le jour de l'enlèvement d'Ilan, il s'est caché derrière des buissons, et quand Yalda a prononcé le mot-clé, Jean-Christophe S. a bondi sur Ilan Halimi. Il se souvient avoir donné un coup pour le maîtriser. L'avoir mis dans le coffre de la voiture. L'avoir déposé dans l'appartement, à Bagneux. C'était dans la nuit du vendredi au samedi, et il a dit à la cour qu'il était alors prévu avec Fofana qu'il revienne le lundi. Pour récupérer son argent, et relâcher Ilan dans un lieu public.




(le NouvelObs du 03/06/2009)


Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
08 juin 2009, 23:25
FOFANA REFUSE DE PARLER (Le NouvelObs du 04/06/2009)

Ca l'amuse beaucoup d'être au centre des débats. Hier, Youssouf Fofana avait décrété qu'il ne parlerait pas, alors que la cour lui donnait la parole sur les conditions de l'enlèvement d'Ilan Halimi. Il a précisé que son avocat l'avait conseillé en ce sens. La présidente a demandé à maître Emmanuel Ludot si c'était vrai. Celui-ci a répondu qu'outre le secret professionnel, qui normalement n'autorise pas une telle question, il n'en était rien. Fofana ne joue pas sur conseil, mais seul. La présidente a insisté auprès de lui, il a répété qu'il n'avait pas envie de parler. A Philippe Bilger, il a lancé : « Monsieur l'avocat général, je sais que vous allez bientôt m'attaquer (...). Vous êtes quelqu'un de sournois. »

En début d'après-midi, la cour a examiné l'un des derniers curriculum vitae, celui de Fabrice P. Il a raconté sa vie en Martinique jusqu'à l'âge de 18 ans, lui et ses trois sœurs, élevés par leur mère seule. Un père qu'il connaît à peine, découvert sur le tard. S'est ensuite posé la question de sa venue en métropole, comme pour les aînées, pour continuer des études. Il a entamé un BTS en région parisienne, dit avoir souffert d'une intégration difficile. Fabrice P. avait un fort accent martiniquais, et le regard des autres lui pesait. Dans l'affaire Halimi, il a raconté que Fofana lui avait un jour demandé de lui rendre un service, sans plus de précision. Lui l'a suivi. Et Fabrice P. s'est retrouvé face au jeune homme retenu dans un local technique, attaché, la tête scotchée. Il a dit s'être ainsi trouvé mis devant le fait accompli, ne pouvant plus refuser.

La cour a ensuite entendu Isabelle M., amie et collègue d'internat de Yalda. Elle a raconté qu'après un week-end difficile chez son père, elle avait décidé de ne pas y retourner la fin de semaine suivante. Isabelle M. a demandé à Yalda si elle pouvait l'héberger chez elle. Yalda a dit oui. Entre-temps, elle lui a confié avoir des choses à faire le vendredi : Yalda devait draguer un garçon. Le jour venu, Yalda a dit à Isabelle M. que le garçon serait enlevé, mais qu'il ne s'agissait de rien de grave, que c'était juste une manière de se faire de l'argent. Isabelle M. s'est souvenue devant la cour de ce vendredi, où Yalda, Tifenn G et elle sont allées au centre commercial. Ce vendredi où Fofana est venu les chercher en voiture. Ce vendredi où, dans le véhicule, elle a encore entendu parler de l'enlèvement. Youssouf Fofana a déposé Isabelle M. chez son petit copain. Auquel Isabelle M. a raconté cette histoire d'enlèvement. Il lui a répondu que c'était n'importe quoi, de laisser tomber. Dans la fin de cet après-midi là, Isabelle M. n'a plus réussi à joindre Yalda. Elle a passé la nuit chez une autre copine. C'est le lendemain, quand elle a retrouvé Yalda, que cette dernière lui a raconté l'enlèvement. Yalda a dit que c'était horrible, qu'Ilan Halimi avait hurlé de peur. A la barre, Isabelle a confié n'avoir pas vraiment cru Yalda, qui a toujours eu tendance à inventer des histoires.
Et puis l'avocat de la famille Halimi, Me Francis Szpiner, a voulu poser quelques questions à Isabelle M. La jeune femme a craqué. Crise d'hystérie. Elle a hurlé très fort dans la salle d'audience : « Mais j'm'en fous pas ! J'm'en fous pas ! J'm'en fous pas !!! »

Des amis de Yalda ont ensuite été appelés à témoigner. Le premier est arrivé en baillant, les mains enfoncées dans ses poches. La deuxième, plus volubile, a raconté ce que Yalda lui avait confié à l'époque : qu'elle avait subi un viol. Et puis le troisième, Ismaël, est venu dire qu'il avait été le petit ami de Yalda. Qu'il l'aimait bien. Il avait bien senti qu'elle était rompue, qu'elle traînait un drame. Elle était très craintive physiquement. Tous deux n'avaient pu avoir de rapport qu'au bout d'un an. Pour lui, Yalda était une fille naïve et influençable, qui a fini par se découvrir un pouvoir de séduction et s'en est amusé. Après son interpellation, Ismaël a continué à aller la voir au parloir. Il avait de l'estime pour Yalda, a-t-il confié à la cour.

(Le NouvelObs du 04/06/2009)



Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
11 juin 2009, 02:22
11.06.2009
Par Elsa Vigoureux, reporter au Nouvel Observateur

De l'antisémitisme de Youssouf Fofana

L'audience a commencé à 14 heures ce mercredi. Maître Emmanuel Ludot a apporté des chips à son client, Youssouf Fofana. Rien d'autre, les gendarmes ayant refusé la veille qu'il lui fasse passer des fruits. La cour a consacré l'après-midi à l'audition de Youssouf Fofana et Jean-Christophe G. sur la circonstance aggravante que constituerait le caractère antisémite de leurs actes.

Jean-Christophe G. a déclaré à la cour qu'il n'était pas antisémite. Qu'il n'adhère pas aux propos tenus par Youssouf Fofana à ce sujet.

La présidente Nadia Ajjan a rappelé un courrier envoyé par Youssouf Fofana à l'avocat de la famille Halimi, maître Francis Szpiner, où l'accusé « déclare au nom d'Allah, du prophète de l'Islam, des salafistes, des musulmans, des martyrs de l'Islam, des femmes et des enfants qui sont morts et qui souffrent et qui mourront du capitalisme juif... Le sang d'un juif vivant doit être côté en bourse et son cadavre encore plus. »

La présidente a demandé ce mercredi à Youssouf Fofana si c'était la religion d'Ilan Halimi qui avait été un critère déterminant à son enlèvement ? Fofana n'a pas répondu directement, il préfère commencer ses interventions par « ce que je voulais dire... » Youssouf Fofana a donc déclaré que si Al Qaïda voulait de lui, il était partant. Que ses modèles à lui, c'est justement Al Qaïda et le FPLP (Front Populaire de Libération de la Palestine), etc.

L'avocat de la famille Halimi, Francis Szpiner, a interrogé le principal accusé. Il lui a demandé si son antisémitisme était plutôt politique ou religieux? Réponse : Les deux. Si Fofana était plutôt sunnite ou chiite ? Réponse : « Vous avez trouvé des documents salafistes chez moi ». Et Me Szpiner a voulu entrer dans les détails, en demandant à Youssouf Fofana quelle est la sourate du Coran qui dit qu'il faut tuer des juifs pour être un bon musulman. Fofana n'a pas su répondre, il a juste dit qu'il ne prétendait pas être un bon musulman, mais qu'il allait se documenter, s'il fallait. L'avocat a aussi interrogé Fofana sur sa connaissance de son pays d'origine : quelle est l'ethnie dominante en Côte d'Ivoire ? Youssouf Fofana n'a pas su répondre. Comme il n'a pas su expliquer le lien qu'il fait souvent entre la souffrance en Afrique et les gens de confession juive.

Youssouf Fofana a aussi déclaré avoir « gagné » quelque chose dans cette affaire : « Maintenant, chaque juif qui se balade en France se dit dans sa tête qu'il peut être enlevé à tout moment ». Quand l'avocat général Philippe Bilger lui a fait remarquer « l'énormité » de son propos, Fofana a insisté : « Je pense ce que je dis ».

Son avocat, maître Emmanuel Ludot, a dénoncé un débat idéologique, qui va bien au-delà de la question qui doit préoccuper la cour, à savoir celle de l'antisémitisme dans le cadre exclusif des faits qui sont reprochés à son client, à savoir la séquestration, les actes de torture et de barbarie, le meurtre d'Ilan Halimi. C'est l'avocat général, Philippe Bilger qui a voulu savoir ce qui a guidé Youssouf Fofana dans la perprétration de ses violences à l'encontre d'Ilan Halimi. L'accusé a répondu qu'il s'agissait de faire comprendre à la famille qu'il fallait payer. Il avait indiqué un peu plus tôt à la cour : « Si j'avais vu un africain avec beaucoup d'argent, je l'aurais enlevé aussi. »

P.S : Ce procès se tient à huis-clos. Aussi ce blog est-il écrit à partir d'informations recueillies, entre autres sources, auprès de personnes qui assistent à l'audience, et dont, bien entendu, nous taisons les noms.

[elsa-vigoureux.blogs.nouvelobs.com]
ava
Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
11 juin 2009, 11:24
Fofana expulsé de son procès pour la journée après un lancer de chaussures

Youssouf Fofana, assassin présumé du jeune juif Ilan Halimi en 2006, jugé depuis six semaines avec 26 coaccusés à Paris, s'est fait expulser du procès jeudi pour la journée, après avoir lancé ses chaussures en direction des parties civiles, selon des sources concordantes.

La présidente l'a sommé de demeurer à la "souricière" du palais de justice pour la journée après l'incident survenu dans la matinée.

Seuls trois avocats étaient présents à ce moment-là sur le banc des parties civiles. La famille d'Ilan Halimi était absente et personne n'a été atteint par les chaussures.

"Il y a tous les juifs du monde dans le box (des parties civiles, ndlr), ce sont mes ennemis. C'est un attentat arabe à la chaussure piégée", a affirmé Fofana pour ponctuer son geste, selon ses propos rapportés à l'AFP par ces trois avocats témoins, un acte évoquant le jet de chaussures le 14 décembre d'un journaliste irakien visant le président américain George W. Bush.

Le procès se déroule à huis clos depuis le 29 avril devant la cour d'assises des mineurs de Paris.

L'incident s'est produit en deux temps jeudi matin. Après une suspension d'audience consécutive au premier lancer, le chef présumé du "gang des barbares" a répété son geste avec sa deuxième chaussure, entraînant l'expulsion.

D'après les avocats des parties civiles, un coaccusé était alors malmené par les questions de l'accusation et Fofana aurait cherché à faire diversion pour maintenir "la loi du silence" qui prévaut dans le box des accusés.

Une explication démentie par Me Emmanuel Ludot, un des défenseurs de Fofana.

"Il n'était absolument pas embarrassé par ce qui se disait à l'audience", a assuré l'avocat, attribuant le lancer de chaussures à la "stratégie de communication" de son client.

"Il veut que son discours soit bien relayé à l'extérieur, il a réussi", a ajouté Me Ludot en confirmant avoir entendu les mêmes propos que ses confrères des parties civiles.

Ilan Halimi, 23 ans, séquestré dans le but d'obtenir une rançon et torturé trois semaines dans une cité HLM de Bagneux (Hauts-de-Seine), avait été abandonné au bord d'une voie ferrée dans l'Essonne le 13 février 2006. Il est mort lors de son transfert à l'hôpital.

Le procès doit durer jusqu'au 10 juillet.
Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
12 juin 2009, 10:54
Y . Fofana voulait des photos GORE d'Ilan ! !
Aujourd'hui à 15:29
Cinq photos d'Ilan Halimi ont été prises pendant sa séquestration. La première, le samedi 21 janvier 2006, le lendemain de l'enlèvement. Elle était destinée à suivre le premier message envoyé à la famille Halimi, où Youssouf Fofana demandait 450 000 euros de rançon. Sur le cliché, Ilan se retrouve avec un pistolet braqué sur la tempe, une réplique de Beretta appartenant à Fofana, apportée et laissée sur place la veille. Sur la photo, Ilan a le visage recouvert de scotch, ses mains entravées devant lui, avec le trousseau de clef de son appartement entre les doigts, et un exemplaire du Parisien daté du jour même.

C'est Youssouf Fofana qui prend alors la photo, pendant que Nabil M. tient le flingue, et que Yahia K. et Jean-Christophe G. hissent un drap en arrière-plan pour empêcher toute reconnaissance des lieux. Jérôme R. est là aussi.
Hier, Nabil M. a reconnu avoir tenu l'arme, et précisé que ça n'avait pas été facile, mais qu'il avait fait ce que Fofana exigeait de lui. L'avocat Général, Philippe Bilger, lui a demandé s'il n'aurait rien fait dans l'hypothèse où Youssouf Fofana aurait tué la victime devant lui ? Nabil M. a répondu que non, qu'il a toujours cru qu'Ilan s'en sortirait vivant.

Pour la deuxième photo, Youssouf Fofana a donné des ordres à Samir A.A, lequel s'est fait prêté un appareil photo numérique par un copain. Et le mardi 24 janvier 2006, Samir A.A a retrouvé les mêmes geôliers dans l'appartement. Même mise en scène, avec l'arme pointée contre le visage de l'otage, qui cette fois portait juste un peignoir. La photo, envoyée à la famille, a été retouchée sans que les ravisseurs ne s'expliquent aujourd'hui pourquoi. Ce serait donc une mauvaise manipulation qui aurait incrusté sur l'image et tout autour du visage d'Ilan Halimi des petits ballons de baudruche colorés accompagnés de l'inscription « happy birthday ».

Contrarié par les négociations financières qui n'aboutissent pas, Youssouf Fofana décide la mise en scène d'un troisième cliché. Ils demandent à Samir A.A et aux autres de prendre cette fois une photo « gore, avec du sang, qui marque les esprits ». On pouvait par exemple sectionner un doigt, ou « autre chose » à Ilan Halimi, indique-t-il à l'époque aux autres. Samir A.A est réticent, il envisage d'autre solution, propose l'usage de faux sang pour un effet semblable. Fofana dit préférer « qu'on le saigne vraiment, pour faire impression ». Samir A.A s'oppose à cette idée. Fofana propose alors autre chose : un cliché représentant Ilan Halimi sodomisé avec un manche à balai. Samir A.A accepte, parce qu'il va pouvoir mettre en scène une simulation de sodomie, et n'entend pas réellement introduire le manche à balai dans l'anus d'Ilan Halimi. Pour ce faire, Samir A.A se tourne vers Jérôme R. qui parle beaucoup avec la victime. Ce dernier explique à Ilan ce qui va se passer, lui promet que le manche à balai serait juste posé entre ses fesses. Le jeudi 26 janvier 2006, la photo est prise. L'autopsie confirmera que la victime n'a pas subi de violence sexuelle.
A la cour, Jérôme R. a dit hier se sentir très mal à l'aise par rapport à cette scène. Il a confié sa honte. Et pleuré.

Cinq jours plus tard, c'est Fofana lui-même qui se charge de prendre une nouvelle photo. Nabil M. est présent. Sur le cliché, Ilan Halimi est assis, le visage scotché, les mains entravées, en peignoir, un numéro du jour de L'Equipe est posé sur lui, ses parties génitales exhibées. Ilan Halimi a voulu résister, s'opposer à ce cliché. Fofana lui a mis une gifle.

Youssouf Fofana a expliqué hier avoir agi de la sorte parce qu'il en avait besoin. Ce qui comptait pour lui, c'était récupérer l'argent. Il cherchait à effrayer ses interlocuteurs, pour qu'ils cèdent, et versent l'argent. S'il avait fallu faire sourire Ilan pour que la famille paie, il l'aurait fait, a-t-il confié. Il a aussi indiqué que si les photos n'étaient pas toutes prises en sa présence, il a toujours eu le dernier regard dessus. Et comme il l'avait déjà fait la veille, Youssouf Fofana a de nouveau comparé les conditions de séquestration d'Ilan Halimi dans le local technique des sous-sols de la rue Prokofiev à celles de la prison d'Abou Ghraïb en Irak.

Le dernier cliché est pris le mardi 7 février 2006, alors que les négociations avec la famille échouent, que les modalités de fixation et de remise de la rançon n'ont pas abouti. Cette fois, Fofana veut une photo sanglante. Il n'arrive pas à joindre Samir A.A, qui en a marre de ses appels et a cassé la puce de son téléphone portable espérant ainsi ne plus être joint par Youssouf Fofana. Mais ce dernier joint du coup Fabrice P. pour formuler sa demande. Fabrice P. ne répercute pas l'ordre aux autres, Fofana lui met la pression, Fabrice P. refuse de toucher à la victime. Cédric B.S.Y et Fabrice P. s'en vont finalement retrouver Samir A.A, qui leur conseille alors d'acheter du faux sang. Ils n'en trouvent pas.

Samir A.A a raconté hier comment il s'y est finalement pris. Il a rejoint Cédric B.S.Y et Fabrice P. au local technique de la rue Prokofiev. Il avait sur lui un cutter, lavé, qu'il avait emporté sans encore savoir comment il s'en servirait, a-t-il expliqué à la cour. Il a regardé Ilan Halimi, toujours à la même place dans ce local. Il a demandé aux deux autres de lui donner son sandwich. Une fois qu'il a eu fini de manger, Samir A.A s'est approché de lui, discrètement, et rapidement, il lui a entaillé la joue au cutter. A la présidente, il a dit qu'il avait agi ainsi parce qu'il ne voulait pas qu'Ilan Halimi ait peur. Et puis, il s'est effondré en larmes.

Aux accusés présents lors de cette dernière prise de cliché, l'avocat général Philippe Bilger a demandé jusqu'où ils auraient accepté de suivre Youssouf Fofana ? Est-ce qu'ils l'auraient tué s'il l'avait exigé ? Ils ont répondu non.

Enfin, l'avocat de la famille Halimi, maître Francis Szpiner, a insisté sur une précision apportée à l'audience par Samir A.A. Celui-ci a en effet évoqué l'idée que Yousosuf Fofana risquait de se faire enlever lui aussi, par deux personnes de Bobigny, qui exigeaient d'être payées pour leur participation à l'enlèvement d'Ilan Halimi. Deux personnes mystérieuses qui ne sont pas dans le box aujourd'hui, a déploré maître Szpiner.
Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
21 juin 2009, 03:08
Youssouf Fofana ne s'est pas fait supplier ce vendredi pour assister à l'audience. Il était là, dans le même jogging gris que la veille, pour une journée courte, mais importante. La cour a commencé par lire les dépositions des témoins qui n'ont pas répondu, ou n'ont pas pu honorer leur convocation.

Il y avait les déclarations du père de Youssouf Fofana. Il a raconté aux enquêteurs qu'il est arrivé en France en 1973, seul, alors qu'il avait déjà trois enfants. Sa femme l'a rejoint quatre ans plus tard, les enfants des années après. A l'époque, il dit qu'il venait pour une « aventure ». Il a vite trouvé un travail comme vitrier. Quand sa femme est arrivée, ils se sont installés dans le 12ème arrondissement de la capitale. C'est là que Youssouf Fofana a grandi. Son père a raconté aux policiers se souvenir que lorsque son fils était petit, il avait un problème au cœur, qu'ils ont fait des examens, que ce n'était pas si grave en fait. « Nous n'étions pas riche, mais avec le peu d'argent qu'on gagnait, on arrivait à s'en sortir ». Le père de Youssouf Fofana a confié que son fils avait eu « une enfance sans problème », il « travaillait bien ». Il a aussi dit avoir fait ce qu'il pouvait pour que ses enfants soient heureux, ils ne manquaient de rien, il les envoyait même en colonies de vacances. Son fils a bien fait « quelques bêtises », de la prison, « pour avoir volé une moto, après on a dit que c'était pas lui, moi je n'ai rien compris à cette histoire ». Youssouf Fofana et son père parlaient peu ensemble, « je partais tôt le matin et quand je revenais le soir je me couchais ». Les amis de son fils, il ne les connaissait pas, il ne les a même jamais vus, ils ne venaient jamais à la maison.

Quant à la mère de Youssouf Fofana, elle a dit aux policiers que son fils était un « enfant sage, obéissant et respectueux : « Il était bien élevé, comme tous les enfants d'Afrique ». Après son séjour en prison, sa mère lui a payé son permis de conduire, son permis de cariste, pour qu'il trouve plus facilement du travail. A propos de la haine que Youssouf Fofana nourrit pour les juifs, la mère interrogée a dit « respecter lles religions des autres. J'ai travaillé pendant 14 ans pour des juifs. Nous ne sommes pas racistes dans la famille, Youssouf n'est pas raciste, il n'a jamais tenu de propos racistes ou contre les juifs devant nous. Je ne comprend pas. Youssouf ne peut pas être raciste, c'est pas possible, je n'y crois pas. » Et elle a ajouté : « Tout le village en Afrique l'a vu à la télé, tout le monde pleure pour nous ».

La présidente a aussi lu l'interrogatoire d'un ami de Jean-Christophe S, avec qui ce dernier semblait avoir passé du temps dans la nuit du 12 au 13 février 2006. Leurs téléphones ont « borné » à Bagneux, tard ce soir là. Puis plus tard encore, le même soir, à Paray-Vieilles-Postes. Pas loin d'Orly. Pas loin surtout de Sainte-Geneviève-des-Bois, où Ilan Halimi a été déposé mourant un peu plus tard dans la nuit par Youssouf Fofana. Jean-Christophe S. a répété ce vendredi à la cour ce qu'il avait déjà dit au policiers pendant l'enquête : Il n'était pas avec Youssouf Fofana le 12 février 2006, et il ne sait rien du meurtre d'Ilan. Et si son portable a été capté par des bornes à Bagneux, c'est sûrement parce qu'il faisait un tour dans la cité de Youssouf Fofana ce soir là, lequel lui devait de l'argent. Ensuite, s'il est passé par Paray-Vieilles-Postes pour rejoindre Bobigny, c'est parce qu'il y avait des travaux. Youssouf Fofana a pris la parole ce vendredi pour mettre hors de cause Jean-Christophe S., précisant qu'il n'aurait eu aucun intérêt à venir à Sainte-Geneviève-des-Bois.


La cour a ensuite pris connaissance de la déclaration d'un ancien co-détenu de Youssouf Fofana à la maison d'arrêt de Lille. Un certain David, qui avait fréquenté Youssouf Fofana, et qui avait fait part de ses échanges avec ce dernier à l'administration pénitentiaire en janvier 2007. Youssouf Fofana lui aurait dit à l'époque qu'il n'aimait pas les juifs, que c'est pour ça qu'il avait choisi Ilan Halimi. Il lui aurait aussi confié qu'il avait peur de deux choses, la mort, et le Mossad. Selon ce détenu, Fofana assurait qu'après sa condamnation, un prisonnier qui se ferait incarcérer exprès, le tuerait. Et son souhait, toujours selon cet ancien co-détenu, c'était de retourner en Afrique, où il s'imaginait devenir un grand chef de guerre, et rejoindre la zone rebelle.

Quand Youssouf Fofana a pris la parole ce vendredi pour expliquer son geste, le meurtre d'Ilan Halimi, il a répété que son objectif, c'était d'aider l'Afrique. Que « derrière chaque problème, il y a un juif... Regardez la misère dans le monde, bah le Fonds monétaire international (FMI), son président, c'est Dominique Strauss-Kahn. » Quand on lui a demandé en quoi Ilan Halimi pouvait être responsable des problèmes en Afrique, Fofana a répondu « c'est un juif ».
Puis il a répété qu'il avait décidé de tuer Ilan Halimi parce que sa famille n'avait pas payé. Il a ensuite dit qu'il comprenait la douleur de la famille, et même la malheureuse situation de tous ses co-accusés dans le box. Mais voilà, « j'ai fait ce que j'avais à faire », a-t-il indiqué.
Et Youssouf Fofana avait préparé son intervention, cette fois. Il ne voulait pas se faire avoir comme la semaine dernière, quand l'avocat de la partie civile, maître Francis Szpiner, l'avait interrogé sur le Coran, et qu'il n'avait pas su quoi répondre. Fofana avait un petit papier sur lui ce vendredi, des notes. Il a cité des sourates du Coran pour justifier son antisémitisme.

A ce moment là Christophe M. s'est énervé, a demandé à Fofana de cesser de dire n'importe quoi. Youssouf Fofana a répondu qu'il ne savait pas ce que leurs avocats avaient dit à certains des accusés : « Y'en a qui pleurent, mais ça sert à rien ». Et à l'attention de Christophe M : « De toute façon ce que tu racontes, c'est de la merde ». Et Christophe M. a expliqué à la cour qu'il pratiquait un islam de paix, qui n'avait rien à voir avec ce que Youssouf Fofana racontait, qu'il ne fallait par conséquent pas tout mélanger.


Ce vendredi, Youssouf Fofana n'a donné aucun détail supplémentaire concernant les derniers instants d'Ilan Halimi. Quand Francis Szpiner lui a demandé pourquoi il avait choisi Sainte-geneviève-des-Bois pour se débarrasser d'Ilan Halimi, Fofana a dit qu'il n'y avait aucune raison particulière. Et l'avocat de la famille Halimi a commencé a demandé : « le produit inflammable... », quand Youssouf Fofana l'a coupé pour répondre tout de suite : « Il n'était pas dans la voiture, c'est moi qui l'ai apporté ». Youssouf Fofana a prémédité le meurtre d'Ilan Halimi.
Re: L'assassinat d'Ilan Halimi devant les assises des mineurs de Paris
01 juillet 2009, 05:37
30.06.2009
Procès Fofana: plaidoiries des parties civiles

Ce lundi, il est monté à l'audience. Youssouf Fofana a écouté les plaidoiries des parties civiles. La salle était bien pleine, lorsque les avocats de la famille Halimi ont plaidé.

La mère d'Ilan, ses deux sœurs, son beau-frère étaient là. Manquait seulement son père. Maître Caroline Toby a demandé aux jurés de sanctionner les accusés à la hauteur de la gravité des faits commis. Elle a aussi fait le rapprochement entre le processus nazi et la manière dont le « gang des barbares » a traité la victime : Ilan Halimi a été dépouillé de ses effets personnels, il a été torturé, il a été tondu, il a été brûlé vif, Ilan Halimi a été tué. L'avocate a dit aux jurés qu'ils avaient une question à se poser : Seraient-ils désormais prêts à croiser une de ces personnes, l'un de ces accusés, dans la rue ?

L'avocat Francis Szpiner, toujours pour la famille Halimi, a plaidé plus d'une heure. Pour que l'affaire Halimi ne se reproduise plus. Il en appelé à la République. A confié avoir mal vécu la décision de Ruth Halimi d'enterrer son fils en Israël, parce que la commune de Bondy ne pouvait conserver le corps. Il pensait que la République pourrait, se devait de protéger Ilan Halimi, sa sépulture. Il a déploré que deux accusés seulement soient poursuivis pour antisémitisme. Me Szpiner a aussi beaucoup dit que si Fofana était effectivement le grand organisateur dans cette affaire, tous les accusés ont été acteurs à leur façon de ce crime. Youssouf Fofana s'est permis plusieurs fois pendant la séquestration de partir à l'étranger, ce qui signifiait bien qu'il pouvait compter sur d'autres.

Sur quelqu'un qui dirigerait les troupes : Samir A.A, le deuxième chef, selon l'avocat. L'accusé s'est énervé quand Francis Szpiner l'a ainsi présenté : « Je ne vous permets pas de dire ça, ça suffit maintenant ! Arrêtez de mettre des disquettes... ! »
Me Szpiner a dit que le 17 janvier 2006, la mort était entrée dans le magasin de téléphones mobiles où travaillait Ilan Halimi. La mort, c'est Yalda, cette jeune fille qui a accepté de servir d'appât pour enlever le jeune homme. L'avocat l'a accablée, assurant ne pas croire à ces viols qu'elle évoque, et qui la placent en victime. Il a insisté, Yalda n'est « pas naïve du tout », elle sait bien ce qu'elle fait, tout ce qu'elle a fait.

Et puis il y a cet homme auquel l'avocat a dit en vouloir particulièrement, parce que c'est un adulte, parce que parler vaut toujours mieux que se taire. C'est Alcino R., le père de Jérôme, qui a su ce qui se passait, qui n'a rien fait. A son sujet, Francis Szpiner a dit à la cour qu'en le condamnant elle montrerait que la peur doit changer de camp. Parce qu'il n'est pas question, dans une République, de craindre les délinquants.

Maître Francis Szpiner a aussi évoque l'affaire de la jeune Sohane immolée à Vitry. Et dont il a défendu la famille. Il a raconté que lors d'une reconstitution des faits, les habitants de la cité avaient exprimé leur soutien aux accusés. Comme pour cette jeune femme, brûlée vive, l'avocat a demandé à la cour qu'elle rende une décision exemplaire. Qu'elle se souvienne qu'à Bagneux, ce mois de juin aux élections européennes, la liste de Dieudonné a emporté 231 voix, soit 3% des votes. Ce qui montre le danger, la popularité d'un type comme Fofana.
L'avocat s'est enfin tourné vers le principal accusé, pour lui dire que contrairement à ce qui le réjouit, les juifs n'ont pas peur lorsqu'ils se promènent dans la rue : « Les juifs ont été immunisés pendant 2000 ans, ce n'est pas vous qui allez aujourd'hui faire peur à toute une communauté ». Me Szpiner a regardé Fofana droit dans les yeux pour lui dire aussi qu'il regrettait vraiment que l'audience n'ait pas été publique. Tout le monde aurait ainsi pu constater quelle vision totalement erronée de l'Islam anime Youssouf Fofana.

L'avocat a aussi indiqué à la cour que la famille d'Ilan Halimi ne serait pas présente le jour du délibéré, le 11 juillet. Parce que c'est un samedi, jour de Shabbat.

Le matin, Maître Eric Morain avait lui plaidé pour son client, Zouhair W., victime en octobre 2005 de Youssouf Fofana accompagné de Franco L. et Sabrina F. Il a soulevé ce qu'il a nommé « le paradoxe Zouhair W. », cible de Youssouf Fofana. Lui n'était pas juif, mais musulman et africain.

P.S : Ce procès se tient à huis-clos. Aussi ce blog est-il écrit à partir d'informations recueillies, entre autres sources, auprès de personnes qui assistent à l'audience, et dont, bien entendu, nous taisons les noms.

[elsa-vigoureux.blogs.nouvelobs.com]
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter






HARISSA
Copyright 2000-2024 - HARISSA.COM All Rights Reserved