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Victor Hugo

Envoyé par ladouda 
Victor Hugo
29 mars 2009, 16:58
Victor Hugo un être partagé entre la foi et l'anticléricalisme.


En 1822 Victor Hugo a 20 ans et il prend la décision de se marier, or il n'avait pas été baptisé, alors comment fait il pour faire son mariage religieux, parce qu'à l'époque on ne pouvait se marier qu'à l'église, comment il a fait ?, et bien il s'est arrangé avec Lamenais, qui malgré tout n'a certainement pas manqué de conscience, Victor Hugo lui a tout simplement raconté une histoire en lui disant : "Mon père était officier, et il a eu tellement de déplacements de garnisons, qu'il ne se souvient plus à quel endroit il m'a fait baptiser".

Il était né à Besançon, lui le petit Victor Hugo, mais le père avait été envoyé dans diverses garnisons, alors le père s'est arrangé pour faire une déclaration à l'église disant : "J'atteste que mon fils a été baptisé par mes soins, mais je ne me rappelle pas où ça c'est passé".

Ça c'est passé comme ça, et le mariage religieux de Victor Hugo s'est fait.

On a, par bonheur, les lettres qu'il a écrites à sa fiancée, et c'est très intéressant d'analyser ces lettres d'un point de vue philosophique, où on s'aperçoit bien que le problème religieux n'existe pas pour le jeune HUGO.

Avant 1822, quant il commençait à publier à droite et à gauche des textes, et si on se reporte à ces textes, on s'aperçoit que ce jeune homme est au fond assez Voltairien.

Mais nous sommes en 1822, nous sommes sous Louis 18, sous la Restauration, c'est à dire à un moment où l'Eglise a une grande puissance officielle en France, il serait très imprudent de se montrer éloigné de la " Vérité catholique ", alors Victor Hugo est prudent.

Mais comme c'est un être très attentif à tout ce qui se passe autour de lui, et qu'il s'aperçoit très vite que le mouvement des esprits sous la Restauration, le mouvement de la jeune France, la plupart des jeunes gens autour de lui, les intellectuels parisiens par exemple, s'écartent de plus en plus du christianisme. et du catholicisme.

C'est le moment où on voit se multiplier les défections même, pensez que Lamenais, le grand convertisseur Lamenais, celui qui avait écrit en 1817 " L'essai sur l'indifférence en matière religieuse ", va lui aussi bientôt quitter l'Eglise.

La première fois que Michelet va publier quelque chose : dans L'introduction à l'Histoire Universelle, il dira clairement : "Le Christianisme c'est une affaire dépassée!".

Et bien ça correspond tellement bien à la pensée de Victor Hugo, qu'il entre avec satisfaction dans ce mouvement, en disant : " Tiens, autour de moi on pense comme moi ", et même au moment de la révolution de Juillet 1830, vous savez quand Louis Philippe vient sur le Trône, il y a une poussée violente d'anticléricalisme en France qui connaît du reste un extraordinaire cléricalisme de la Restauration sous Charles 10, et Victor Hugo est à la pointe de cette violence anticléricale.

Dans son roman Notre Dame de Paris, il y avait un chapitre qu'il avait rédigé mais qu'il n'avait pas oser publier, tant ça lui paraissait un peu raide, dans la première édition, il l'a mis cependant dans une édition suivante, il s'intitulait : "Ceci tuera Cela", et Ceci s'était quoi?, c'était l'imprimerie c'est à dire la diffusions de l'esprit, et Cela c'était le Christianisme, c'était le catholicisme en tous cas.

Donc Victor Hugo de la manière la plus simple, la plus loyale, la plus directe disait : "La pensée philosophique diffusée par l'imprimerie, tuera la superstition religieuse".

Les années passent et il y a devant nous un Victor Hugo assez ambitieux de faire de l'argent et de faire de la gloire, un Victor Hugo qui tente trois fois et qui réussit la quatrième fois, d'entrer à l'Académie française, il est tout de même bon à ce moment là sous Louis Philippe de ne pas paraître un esprit trop avancé, alors vous avez sous Louis Philippe ce grand bourgeois de Victor Hugo, qui s'établit dans une position "d'éloignement respectueux", à l'égard de l'Eglise Catholique, ou encore d'une espèce d'indulgence protectrice si vous voulez.

Bien sur qu'un esprit libre comme lui ne va pas aller à la messe, mais comme c'est un grand bourgeois, et qu'à ce moment là la bourgeoisie tient à ce que les enfants soient élevés dans l'esprit de la religion catholique, ce Hugo qui n'a pas fait de première communion, tient à ce que ses enfants fassent leur première communion.

Lorsqu'en 1842 sa fille aînée Léopoldine fait sa première communion, il se conduit comme un grand notable, comme un bourgeois bien élevé, et pour célébrer la communion de sa fille, il va faire cadeau de deux bénitiers en forme de coquille, qu'il va donner à la paroisse, je n'ose pas dire sa paroisse, puisqu'il ne mettait jamais les pieds à l'Eglise.

Il y a encore aujourd'hui dans l'église St.-Paul, dans le quartier St.-Antoine, 2 bénitiers qui sont dons de Mr. Victor Hugo 1842.

Nous arrivons maintenant à 1848, et on peut dire qu'en 1848 Victor Hugo avait reçu un très gros choc étant donné ce qui s'était passé, nationalement, et socialement, c'est à dire la révolution de juin.

Lorsque que les affamés des faubourgs se sont soulevés, Victor Hugo qui venait d'être élu député, député du reste par accroc, parce qu'il avait échoué aux élections du 23 avril, mais gagné les élections complémentaires du 4 juin 1848, Hugo est du bon côté c'est à dire du côté de l'ordre, et il va participer à la répression d'une insurrection non pas communiste, non certes pas, mais d'une insurrection d'affamés du mois de juin.

Mais cette insurrection le fait beaucoup réfléchir: "Mais enfin ces gens dont on dit que c'est des Communistes", c'était un mot déjà à la mode, "Des Communistes et des Anarchistes !", ça l'avait beaucoup frappé de penser que ces ouvriers Communistes et Anarchistes s'étaient simplement enfermés et barricadés chez eux, dans leurs quartiers de la misère, et qu'à aucun moment il n'avaient essayé de se précipiter sur les quartiers bourgeois, pour les livrer au pillage, pas du tout !

Il s'est dit : "Mais c'est des drôles de révolutionnaires, mais enfin qu'est ce qu'on leur a fait ?". Peu à peu il va finir par comprendre, il avait écrit ces mots qui frappent beaucoup : "On a réduit l'insurrection de juin, ça y est les gens sont tranquilles, c'est tout de même une drôle de méthode que de régler la question par l'écrasement du problème !".

C'est à peu prés ça, ils s'étaient révoltés et on les avait écrasés à la mitraille, mais s'ils s'étaient révoltés c'est qu'ils avaient des raisons de le faire, parce qu'ils étaient des souffrants, des asphyxiés. Alors quelle indignation pour Victor Hugo !, lorsqu'il a vu que les députés conservateurs ne voulaient même pas accepter le plan d'assistance, d'ailleurs ça n'était même pas un plan de réforme des structures, c'était tout juste un plan d'assistance tout juste bon pour essayer de panser les plaies sociales, et ce qui l'avait bouleversé du point de vue de ce qui nous regarde maintenant, c'est qu'il s'était aperçu, c'est que ces députés conservateurs dont il faisait partie, et qui pour les trois quarts se déclaraient au moins officiellement des chrétiens, étaient absolument indifférents à la misère des autres, et qu'ils n'avaient qu'une seule préoccupation, c'était celle de se procurer un régime de force, un régime de police et d'armée qui fasse tenir tranquille les misérables.

Alors il avait commencé à se dire Victor Hugo : "Mais c'est tout de même de drôles de chrétiens, puisque ces gens là n'ont aucune pitié, la simple pitié humaine, je ne parle même pas d'ordre social, la pitié humaine pour ceux qui vivent dans des conditions d'asphyxie". Il y participera bientôt et enfin il va essayer de faire la distinction entre les "Cléricaux" et les "Catholiques. En particulier au point de vue de la nouvelle loi d'enseignement que Mr. de Faloux voulait faire voter, "Loi établissant le principe de la liberté dans l'enseignement".

Faloux c'était une des têtes de l'extrême droite catholique bien entendu, Faloux disait à peu prés cela : "La société était menacée par l'insurrection, bien entendu nous les avons fait tenir tranquille, maintenant il y a eu une saignée qui va ôter pour un certain nombre d'années aux prolétaires le goût des revendications", mais quant on est
intelligent, il ne faut pas penser à l'avenir immédiat, il faut penser un peu plus loin.

L'avenir un peu plus lointain, et bien c'est les gosses, il ne faut pas que les enfants des pauvres soient élevés dans une mauvaise doctrine. Alors quand on veut agir sur la jeunesse qu'est ce qu'on fait?, on fait une loi d'enseignement, alors Mr. de Faloux fait une loi d'enseignement telle que tous les enfants français, et en particulier surtout les enfants des pauvres, leur éducation sera remise entre des mains ecclésiastiques.

Mais, mais à cette condition absolue que le clergé fasse son devoir, et quel est le devoir du clergé selon ces bien pensants, c'est qu'avant tout le clergé apprenne aux pauvres la résignation.

Que le clergé leur dise évidemment : "Vous êtes en situation un peu difficil, mais vous savez justement, plus on souffre sur cette terre, plus on est récompensé dans l'Au Delà !". Voilà dans la pensée des bien pensants ce que le clergé doit enseigner.

Ça a été un scandale vous savez cette histoire de la loi Faloux, des hommes comme Lamartine, comme Lamenais aussi ont voté contre, parce que ce qui était parfaitement ridicule, et vraiment indigne c'est la ruée, la ruée des Voltairiens dans la direction de cette loi. Des gens qui n'y croyaient pas, des gens qui se moquaient de l'église, des gens qui disaient : "Ho, le Christ c'est des blagues !", et bien ces gens étaient tous prêts à devenir des cléricaux, d'un cléricalisme sans dieu si vous voulez, afin que les imbéciles y croient et préparent les générations de résignés.


Un jeune homme qui était très sérieux qui s'appelait Ozanam, qui était à la Sorbonne professeur de littérature comparée, mais lui c'était un catholique pour de bons, enfin un vrai chrétien, Ozanam disait dans une lettre : "Il n'est aujourd'hui Voltairien affligé de 50.000 livres de rente, qui ne veuille envoyer tous le monde à l'église à condition de n'y pas mettre personnellement les pieds !".

Je voudrais vous apporter encore un détail qui est trop peu connu et qui est très éclairant la dessus, Vigny en a parlé abusivement, Vigny vous le savez était agnostique puisqu'il déclarait : "Le Juste opposera le dédain à l'absence ( à l'absence de Dieu ) et ne répondra plus que par un froid silence, au silence éternel de la divinité !". Bon c'est clair c'est un agnostique, il a parfaitement le droit de l'être, mais ce qui parait invraisemblable et vraiment repoussant, c'est ce qu'a fait Mr. de Vigny en 1849, Vigny a été terrifié par l'insurrection de juin, qui mettait soit disant en cause la propriété, il y avait à ce moment là à Genève un pasteur, qui s'appelait le pasteur Bungener, et qui avait lancé un petit libelle contre le pape, et bien ce pasteur qui attaquait le pape car c'était un anti-papiste, figurez vous que Mr. de Vigny écrit une lettre incendiaire à Bungener et lui dit : "Ce que vous avez fait, c'est abominable, ce n'est pas le moment d'attaquer le pape, car il faut qu'il y ait une sorte d'écuménisme catholique - protestant, pour se prémunir contre le danger , et qu'est ce que c'est le danger d'aujourd'hui, le socialisme : Il n'est pas trop aujourd'hui de toute l'armée du Christ pour faire face à la barbarie qui vient de sortir de ses repères!".

Toute l'armée du Christ ?, il s'en moque bien du Christ Mr. de Vigny, mais il lui faut que toute l'armée catholique et protestante enfin dite chrétienne, s'oppose à ce qui lui semble être l'atrocité des atrocités, c'est à dire un mouvement socialiste et révolutionnaire.

Hugo a vu ça, ça l'a plutôt écœuré, alors il s'est mis à distinguer entre les cléricaux et l'Eglise, et le 15 janvier 1850 au moment où on discutait cette fameuse loi Falloux, Victor Hugo avait prononcé les paroles que voici, il s'était tourné vers ses ex amis conservateurs et il leur avait dit : "Ah je ne vous confonds pas avec l'Eglise, vous êtes les parasites de l'Eglise, vous êtes la maladie de l'Eglise, ne l'appelez pas votre mère pour faire d'elle votre servante, vous vous faites si peu aimer que vous finirez par la faire haïr !", c'était vraiment des paroles prophétiques.

Alors vous voyez qu'en 1850 Victor Hugo essaie encore de distinguer ceux qui abusent de l'Eglise et l'Eglise elle même, mais cette position intermédiaire, il ne pourra pas s'y maintenir après le coup d'état du 2 décembre 1851. Il faut rappeler ce qui s'est passé, le Président de la République avait fait un serment devant Dieu de respecter laconstitution républicaine, ce Président parjure avait essayé d'assassiner, d'étrangler dans un coup de force la République le 2 décembre 1851, et comme il s'était aperçu que l'opinion publique marchait plus ou moins, et que son coup d'état ne réussissait pas, le 3 décembre il avait non pas peut-être ordonné, mais il avait permis que les troupes tirent sur la population de Paris, ça s'était terminé par un carnage, et il s'était imposé par la terreur et par l'épouvante puisqu'il ne pouvait pas s'imposer autrement.

Et bien cette chose atroce qui fait qu'un homme imposait sa volonté à la nation par un moyen de parjure et par un moyen sanglant, savez vous ce que Victor Hugo a vu ?

Il a vu avec un coup au coeur, il a vu spontanément, l'Archevêque de Paris le 1er. janvier 1852 chanter à Notre Dame chanter un Tédéum en l'honneur de cet homme qui avait commis un crime. Alors cette fois il n'y avait plus moyen de distinguer, le bien pensants, les cléricaux, les députés sois disant conservateurs, et l'Eglise, puisque c'était L'Archevêque de Paris qui se mettait à bénir lui même un criminel. Alors c'est fini maintenant complètement fini, de la distinction de Victor Hugo, il est désormais irréconciliable à l'égard de l'Eglise Catholique.

Quelle va être sa position maintenant, et bien vous savez il s'est mis à réfléchir beaucoup, il a écrit un livre qui s'appelait Napoléon le Petit en 1852, dans le quel il va poser la question fondamentale. D'abord il accuse dans le texte qui est peu connu et qui est plein de saveur, il accuse tous les catholiques français de s'être ralliés à ce coup d'état abominable, et il écrit ceci : "Le coup d'état a pour lui, Mrs. les Cardinaux, Mrs. les Archevêques, Mrs. les Evêques, Mrs. les Chanoines, Mrs. les Curés, Mrs. les Vicaires, Mrs. les Archidiacres, Diacres et Sous Diacres, Mrs. les Marguilliers, Mrs. les Sacristains, Mrs. les Bedeaux, Mrs. les Suisses de Paroisse, et les hommes religieux
comme on dit, race précieuse, ancienne, mais fort accrue depuis la terreur des propriétaires de 1848.

Lesquels prient en ces termes : O mon Dieu faites hausser mes actions de Lyon, Doux Seigneur Jésus faites moi gagner 25% sur mes Certificats Rothshild, Saints apôtres vendez mes vins, Bien Heureux Martyrs doublez mes loyers, Sainte Marie Mère de Dieu daignez jeter un regard favorable sur mon petit commerce, Tour d'Ivoire faites que la boutique d'en face aille mal !".

Bon ça c'est de la politique, seulement il s'est posé la question des questions, "Voyons pourquoi est ce que je suis si indigné, dit il contre Louis Napoléon Bonaparte? Parce que c'est un homme qui est maintenant le chef de la France, et un chef est un homme qui se réfère à un certain nombre de valeurs spirituelles, mais un homme qui a fait un crime. Il y tout de même deux choses dans le monde disait Victor Hugo: il y a le bien, et il y a le mal, mais voilà que spontanément moi j'ai pris parti contre ce Napoléon, pourquoi est ce que je l'ai fait ?".

Or ça n'était pas son intérêt effectivement de faire ce qu'il avait fait Victor Hugo, parce que tous les adroits, tous les intelligents, se précipitaient du côté de l'Elysée où il y avait ce nouveau despote, en se disant : "Plus on le flattera, plus notre situation personnelle sera avantageuse !". Or Victor Hugo lui prenant tous les risques, puisqu'il a pris le risque suprême, puisqu'il avait exposé sa vie, dans les rues de Paris, il se dit mais : "Ce que j'ai fait, je sentais bien que je ne pouvais pas ne pas le faire, qu'est ce que j'ai oublié ?", or il se connaît bien Victor Hugo, il sait très bien que ses évolutions précédentes en politique avaient toujours été commandées par le vent qui
soufflait, et par ses intérêts personnels, or c'était la première fois qu'on le voyait prendre parti pour une cause perdue.

Alors il s'analyse, il dit : "Pourquoi est ce que j'ai fait ça ? et je sens que j'étais déterminé à le faire, mais probablement que je subissais je ne sais quelle attraction, probablement qu'il y avait en moi quelque chose qu'on appelle la conscience, et qui m'avait obligé à prendre cette position, probablement que j'ai obéi à ce qu'on appelle Dieu !", et bien savez vous qu'à partir de cette date de 1852 et jusqu'à sa fin en 1885, nous avons devant nous avec Victor Hugo un homme qui tourne et retourne ce problème.

"Qu'est ce que c'est ce mot Dieu, qu'est ce qu'on peut mettre d'assimilable à notre raison sous cette syllabe, vertigineuse ?". Un homme qui se pose la question, et il se dit : "Qu'est ce que c'est, enfin qu'est ce que ça peut bien signifier ?".

Regardez le, regardez le agir, regardez le penser, il va en écrire des choses là dessus, or on pourrait dire que Rimbaud mis à part, c'est l'écrivain du 19eme. siècle qui a été le plus préoccupé, le plus hanté, le plus obsédé par le problème religieux.

Et bien Victor Hugo est un homme lucide, limpide aussi dans son expression et qui vous dit : "Je reconnais que c'est pas facile de concevoir et de définir Dieu ".

Il y aura même sous sa plume un rapprochement de mots assez inattendu, et que voici : "Dieu c'est l'incompréhensible, l'incontestable !". Pourquoi incontestable, oh certainement pas à cause du spectacle de la nature. Si on se réfère à la pensée de religieuse Pascal, Pascal est aussi quelqu'un qui dit : "Oh c'est pas par le cours des planètes, ou par la Lune, ou par la beauté du Monde que l'on peut voir Dieu !", et Victor Hugo est quelqu'un qui certes sait que le Monde est beau, mais il y a des tas de textes de lui où il parle de l'atrocité de la nature, de ce côté mystérieux, de ce côté funèbre, de ce côté ronce, de ce côté hostile, or pire, il sait très bien que le spectacle de la nature à lui tout seul n'indique pas que Dieu existe.

Mais c'est il faut le souligner, le même mouvement philosophique, que vous retrouvez dans la pensée de Pascal, dans la pensée de J. J. Rousseau, le même que vous retrouvez dans la pensée de Victor Hugo. A savoir que si le spectacle de la nature ne prouve rien à l'égard de Dieu, il suffit à l'homme de rentrer en lui même, pour sentir pour pressentir au moins qu'il a au fond de lui, au centre de lui, dans sa substance même, une présence et que cette présence c'est celle que l'on appellera dans le vocabulaire balbutiant qu'est le notre, qu'on appellera Dieu : "Dieu dit Victor Hugo, s'il est inaccessible à notre esprit ne l'est pas à notre coeur, et s'il se dérobe à notre connaissance, il n'échappe pas à notre contact !".

Qu'est ce qu'il veut dire par là ?, et bien il y a un très beau texte de lui et qui est ceci: "L'aveugle dit Victor Hugo, c'est quelqu'un qui ne voit pas le soleil mais il le sent, il sait très bien à cause de la chaleur de quel côté il se lève, nous sentons sans le voir l'être absolu, il y a une chaleur de Dieu !".

Il dit encore à propos des religieux et des parlementaires : " Ces gens n'ont rien compris, et alors qu'ils devraient être avant tout des missionnaires, ils n'ont pas transmis le message, ils l'ont trahi et moi Victor Hugo qui ne suis qu'un laïque je vais essayer de me faire missionnaire à leur place !, et ce que l'humanité attend, enfin cette affirmation chaleureuse et vivante du vrai et de la justice, c'est moi pauvre Victor Hugo, moi qui ne suis rien dit il, c'est moi qui vais essayer de le faire à leur place !".

Donc bataille du côté du catholicisme, mais aussi bataille et on ne le dit pas assez du côté de l'athéisme, du côté de ses propres amis républicains, ce qui fait qu'il y a beaucoup de gens parmi ses camarades, ses amis, ses complices républicains qui faisaient la grimace, qui jetaient un voile sur cette pensée de Victor Hugo et même, on peut dire qu'il y a eu au moment de ses funérailles, quelque chose que l'on oserait appeler comme un détournement de cadavre.

Parce que quand on l'a enterré en 1885 et que l'on a transporté son corps au Panthéon, qui avait cessé d'être une église pour devenir un temple laïque, on a vu des bannières diverses, dont une bannière celle des "Athées du 18ème. arrondissement", les Athées alors que Victor Hugo avait passé son temps à lutter contre l'Athéisme, et qu'est ce qu'il leur disait aux Athées ? : "Qu'il y a deux domaines de connaissance, le scalpel fouille à sa manière, et le rayon, le rayon de l'esprit aussi mais ailleurs, ne leur demandez pas de trouver la même chose !", il parle aussi du simplisme de ces myopes hautins qui proclament : "Cramponnons nous aux réalités immédiates, deux et deux font
quatre, hors de là pas de salut !".

Alors que la raison dit Victor Hugo, la raison qui est absolument nécessaire est insuffisante, et allant à la fois contre le Pape Pie 9 et contre Taine qui entrait à l'Académie Française, et un Taine qui était un matérialiste et un déterministe Victor Hugo écrivait : "Ta petite raison, comme tes petits temples, ne sont pas des maisons où tient l'éternel", il leur en veut à ces péremptoires de l'Athéisme, à ces gens qui désespère la créature, et qui sont fiers semble-t-il d'avoir encore à ajouter aux ténèbres humaines, et encore il écrit : "Et l'Institut vous montre avec un air de gloire l'énigme plus opaque, et la source plus noire !", écoutez encore ce qu'il leur dit et je trouve que ça a encore une certaine actualité, aux matérialistes : "Les forces ne sont pas encore débouchées, quand l'homme aura débouché les forces il sera stupéfait du résultat !", ces mots qui changeaient la face du globe ne sont plus une façon de parler, est ce que ça ne paraît pas prophétique de l'énergie atomique ? ou encore : "La matière, amalgame d'énergie incommensurable où parfois on distingue comme une intention ".

Ce que l'on peut dire maintenant pourrait s'appliquer à un livre de Mr. Monnod : "Ces choses déconcertantes que nous appelons le hasard, est ce que ça ne serait pas dit Victor Hugo, plutôt des tronçons de lois entrevues, et ces phénomènes mystérieux comme la transmission de pensée, la vision à distance, toutes ces choses si faciles à railler, veulent être examinées !, on a vite fait de dire c'est puéril, ce qui est puéril écrit Victor Hugo c'est de se figurer, qu'en se bandant les yeux devant l'inconnu, on supprime l'inconnu !".

"Misère dit il, misère d'un certain esprit scientifique ou scientiste qui n'est pas moins étroit que l'obscurantisme religieux !". Texte : "L'erreur fait peau neuve simplement, elle était fétichiste, elle devient idolâtre ". Et comme si Victor Hugo voulait se corriger lui même puisqu'il a très violemment attaqué le clergé, il se tourne vers les athées et leur dit : "Ah bien sur le prêtre, voilà votre sinistre argument ! Vous dites quand je parle de spiritualisme, quand je parle de Dieu, mais regardez les prêtres ils sont abominables, comme si dit Victor Hugo la trahison du messager prouvait quelque chose contre la vérité du message !".

Savez-vous ce que le vieux Tolstoï excommunié à la fin de sa vie, disait à sa fille Sacha qui ne voulait plus aller à la messe : "Non mon petit ne fais pas ça, ça me fera un chagrin affreux, si tu ne fais pas au moins ce geste, parce que quelque soient les prêtres, quelque soit leur faute, et quelque soit leur trahison, ils représentent une certaine idée !", et bien ça ! ça aurait pu être du Victor Hugo.

Parce que ce même Victor Hugo qui avait été si féroce, si sévère contre le Pape, va oser écrire ce qui suit à propos des prêtres : " A travers les plus noirs la vérité flamboie ", et comme à l'égard du Christ il était incertain il écrit encore ceci : "Vous voyez le Christ était un homme, mais c'est un homme qui avait montré toute la quantité de Dieux, qui peut tenir dans un homme ".

Quand à la prière, on sait bien que c'était un prieur, la nuit quand il ne dormait pas, il faisait comme un gosse, il joignait ses mains même quand c'était un vieillard, et quand son fils Charles qui était extrêmement antireligieux, lui disait : "Oh je t'en prie Papa ! ", et Victor Hugo lui répondait : "Je ne puis voir les mains d'un petit enfant sans chercher à les joindre vers Dieu !, et la voilà ma prière : mon Dieu accordez moi en lumière et en amour, tout le possible de votre infini et ensuite je prie en détail ce qui semble inutile, mais non ! trop prier n'est pas plus possible que trop aimer, votre prière en sait plus long que vous !"

Et pour finir je vais vous dire ceci : Ce Victor Hugo c'était quelqu'un selon tous les témoignages, quelqu'un qui quand on le connaissait bien, quand on s'approchait de lui, quelqu'un qu'il était impossible de ne pas aimer, sa femme qui l'avait trahi qui avait été vraiment très dure et méchante avec lui, sa femme les deux dernières années de sa vie était revenue, et c'était une pauvre vielle femme dévorée par un cancer, elle s'était mise à l'aimer spirituellement, elle était aimante de tout son coeur. Une fille qu'il avait plus ou moins violée, parce que hélas il se conduisait très mal avec ses servantes, il aurait été une des victimes de Zola qui dans "Pot Bouille", dénonçait ces maîtres qui utilisent leurs servantes, cette servante, elle s'appelait Henriette Leclanché, et Victor Hugo l'a plus ou moins contrainte, et bien non seulement elle ne lui en a pas voulu, mais elle est restée à son service, elle s'est attachée à son service, restant jusqu'à l'extrême limite avec lui.

Voilà la dernière histoire : Il s'agit d'une petite qui s'appelait Marie Mercier, qui était une communarde et qui s'était réfugiée à Luxembourg traquée elle aussi, il avait 69 ans, elle avait 20 ans, et elle était devenue sa maîtresse, quelques mois, les années ont passé et nous sommes maintenant vers 1905 - 1906, des journalistes l'ont repérée, elle tenait un petit kiosque de journaux aux Champs Elysée, alors les journalistes sont allés interviewer cette Marie Mercier, et lui ont dit : "Il paraît que vous avez été bien avec Victor Hugo autrefois, répondez nous-quelque chose !", cette pauvre grosse femme leur a dit : "Fichez moi la paix, ça ne vous regarde pas !", et puis comme il insistaient alors elle s'est risquée : "C'est vrai, oui c'est vrai, j'ai été la maîtresse de Victor Hugo, mais vous savez on ne faisait pas tout le temps que ce que vous pensez. Il me parlait Victor Hugo, il me parlait de la Justice, il me parlait de la République, il me parlait du Bon Dieu !".

Ainsi était Victor Hugo

Pièces jointes:
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