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Etude sur "Les berceuses" par viviane scemama lesselbaum

Envoyé par Viviane L. 
Etude sur "Les berceuses" par viviane scemama lesselbaum
16 décembre 2009, 00:00
Les berceuses


L’origine du mot berceuse


L’origine du mot berceuse vient probablement du terme gaulois « berz », action de bercer et relevé au 12ème siècle : « dès qu’il fu petiz en berz ». Il est, aussi attribué à la nourrice dont la fonction principale est de bercer l’enfant.

Au cours des siècles il s’est attaché à l’objet qui est utilisé au bercement du bébé : berceau, berçante, bercelet ou petit berceau, bercelonnette berceau à baldaquin cerné d’un tulle et très utilisé dans les pays chauds pour éviter l’agression des mouches et des moustiques. (Voir « Le tableau » œuvre de Berthe Morisot).

Le berceau est confectionné d’osier ou d’un bois léger précieux. Il s’articule sur des roulettes ou de lattes arrondies fixées de chaque côté pour faciliter le bercement. Pendant les premiers mois de sa vie, le bébé y fera ses siestes comme ses nuits.

Dans bon nombre de pays, le berceau, proprement dit, est inexistant.

Aux Indes, en Chine et au Japon, l’enfant est placé dans un hamac approprié et permet un balancement aisé. En Afrique noire, la mère endort son bébé tout contre elle sur ses genoux, le tapotant vigoureusement ou l’enserrant d’un pagne, sur le dos, pendant les activités domestiques ou travaux des champs. En Afrique du Nord, la mère offre une dernière tétée et dépose l’enfant délicatement dans son lit ou alors le bébé s’octroie, en désespoir de cause, une place privilégiée entre le père et la mère. La plupart du temps la fonction d’endormissement est confiée à la grand-mère qui tapote légèrement le dos du bébé, tout en s’accompagnant d’onomatopées à peine audibles.

Dans les pays industrialisés, sur les recommandations de Pasteur, l’usage du berceau a pratiquement disparu au profit du lit aux montants sécurisés compliquant ainsi le désir de reprendre l’enfant et les bercements. Le lien maternel se délite avec l’apparition de la tétine en caoutchouc à l’odeur désagréable, emplie d’eau sucrée en remplacement des bras de la mère ou encore récemment du « doudou » ancêtre de la pièce en coton qui, il n’y a pas si longtemps, faisait office de couche que par souci d’hygiène nous faisions bouillir à l’eau javellisée sans qu’aucune berceuse ne parvenait à apaiser les irritations causées par l’abus de Javel ou enfin de la tristounette et répétitive boite à musique.


Découverte de la berceuse


A partir du 4ème mois le fœtus réagit aux musiques qui proviennent de l’extérieur, si la mère chantonne, accompagne des rythmes, ce qui va constituer un repère sécurisant dans son univers fœtal et qu’il reproduira dans son langage, au sortir, sous forme de cris ou de pleurs.


Berceuse pour un enfant à naître de Mannick, auteure-interprète.


Je sens que tu es là, enveloppe de nuit

J’écoute sous mes doigts mon ventre qui frémit

Je ne sais pas encore où cognera le fruit

Ni le cri de mon corps, en m’arrachant ta vie


Refrain :


Reste au creux de moi, mon enfant, mon tout petit

Reste au creux de moi, le voyage n’est pas fini


Je suis ton horizon, ta bouche et ta chaleur

Ma plus belle chanson, c’est le pas de ton cœur

Et quand revient le soir, tu m’offres la douceur

De tes sursauts bavards, et je t’apprends par cœur


Refrain


Tu glisses à travers moi jusqu’à l’orée du jour

Où tu t’échapperas à force d’être lourd

Tu es le prisonnier de mon toit de velours

Et je ne peux manquer ton rendez-vous d’amour


Dès la sortie du cocon maternel, où il a sévi quelques neuf mois, le bébé s’approprie les cris, la voix de la mère. Cette précocité à acquérir les sons prépare l’enfant à l’écoute des berceuses qui lui sont susurrées à voix basse qui sont accompagnées, la plupart du temps, de paroles sécurisantes, parfois terrifiantes ou d’onomatopées couvrant les cris ou les pleurs du bébé, allant decrescendo jusqu’à l’endormissement de l’enfant.


Pour revenir au doudou, Philippe Gransenne, pédiatre, auteur de « Bébé, qui tu es » paru aux éditions Marabout rappelle dans son ouvrage que l’enfanta besoin de cet objet transitionnel pour se détacher de sa mère.

Dans la même veine, le pouce que le fœtus porte dans sa bouche lorsque l’on observe une échographie, ou le sein. Ces facteurs rassurants, nécessitent rarement l’accompagnement d’une berceuse.

La berceuse tend à disparaître d’avec la communication privilégiée avec la mère à partir de l’intervention du père dans la relation avec l’enfant.


Construction de la berceuse


La berceuse est rarement construite sur une dimension culturelle, mais plutôt biologique. Comme une ritournelle, elle se décline à conduire progressivement le bébé de l’état de veille vers le sommeil et ce, selon le tempérament de l’enfant et pour certains au niveau d’excitation où il se trouve, ralentir la berceuse dès qu’un certain apaisement est perçu. L’intonation plus que les paroles exprime l’émotion et rassure l’enfant.

La tradition orale l’emporte sur l’écrit et se perpétue de mère en fille.

Pratiquement toutes les berceuses ont été exprimées, chantées ou écrites par les femmes, seule plage où elles peuvent exprimer leurs peines, leurs angoisses, leurs attentes, leurs espoirs et se rassurer en chantant, en murmurant, à la limite se confier à l’enfant sorti de ses entrailles. Rappelons que la berceuse nous ravit, nous émeut, nous interpelle, unique objet affectif qui nous accompagne tout au long de notre vie jusqu’à notre dernier soupir.


La vie toute entière n’est qu’une chanson

Chanson triste ou chanson joyeuse

Dis-nous de ta voix merveilleuse

Les mots dont nous nous berçons

Quand bébé s’endort

Et quand vient le soir

Quand bébé s’endort

Lentement un doux chant s’élève

C’est la maman qui, pour son trésor

Appelle les anges en rêve

Ecoutez, près des berceaux

Les voix qui chantent

Fais dodo mon chérubin

Jusqu’à demain

Pour calmer les petits chagrins

Chantait maman aux voix dolentes

Plus tard, quand on est grand

On n’oublie pas la chanson de maman.


Berceuses du Maghreb et du Moyen-Orient

Envoi sur Internet signé : Futurpapa


Au Maghreb et au Moyen-Orient, les allusions à la nuit sont rares. Contrairement aux berceuses françaises, la nuit représente l’inquiétude. Elle est plutôt réservée aux chansons d’amour pour adultes. Les berceuses évoquent plutôt les jardins, le paradis, la lune, les gazelles, la rose, le lys, l’eau, les parfums, etc.


Berceuse tunisienne


Nani Nani, le sommeil vient

Ta mère est comme la lune

Ton père comme les étoiles

Et toi, la plus belle rose du jardin

Ta mère est en argent, ton père en cuivre.


Berceuse kabyle (Algérie)


Dors, dors mon bébé

Dors, dors ma toute douce

Grandis mon bébé

Sois la plus belle de toute


Berceuse libanaise et syrienne


Dors, dors ô mes yeux

Ma fille est une graine dans un champ

Ô Salima, l’intelligente

Aux cheveux noirs sans pareil

Celui qui t’aime t’embrasse

Celui qui te déteste va avoir des problèmes

Allez, dors Salima, allez dors

Pour te sacrifier un pigeon.

Va Ô pigeon, ne me crois pas

Je mens à Salima pour qu’elle dorme.


Quelquefois, nous rencontrons dans les berceuses orientales des marques d’attachement tenant à la personne qui les susurrent telles que : mon cœur, ma vie, mon foie, la lumière de mes yeux, mon souffle. D’autres, sont rattachées aux mets et aux sucreries.


Berceuse marocaine


Dors, mon bébé

Jusqu’à ce que le repas soit cuit

Et s’il n’est pas cuit

Celui des voisins le sera

Dors, mon bébé

Jusqu’à ce que ta mère arrive

Le pain est sur la table

Les bonbons sont sur le plateau.


Berceuses européennes


Berceuse islandaise de Johann Sirgurjõnsson (1880-1919)


Dors, mon jeune amour.

Dehors, la pluie pleure.

Maman range tes petits osselets

Dans ta boite à trésors.

Nous ne devons pas veiller

Par les nuits sombres.


Il y a beaucoup de choses

Que l’obscurité connaît.

Mon cœur est lourd.

Souvent j’ai vu le sable noir

Brûler la prairie verte.

Dans les glaciers résonnent

Des craquements profonds comme la mort.


Dors calmement.

Dors profondément.

Il vaut mieux dormir longtemps.

Le chagrin t’apprendra vite,

Tandis que le jour

Décline rapidement

Que les hommes aiment,

Perdent, pleurent et languissent.


Berceuse française


Doucement, doucement

Doucement s’en va le jour

Doucement, doucement

À pas de velours.


La rainette dit

Sa chanson de nuit

Et le lièvre fuit

Sans un bruit.


Doucement, doucement

Doucement s’en va le jour

Doucement, doucement

À pas de velours.


Dans le creux des nids

Les oiseaux blottis

Se sont endormis

Bonne nuit.


Berceuse américaine (U.S.A.)

Summertime, de Georges Gershwin (1898-1937)


C’est l’été et la vie est facile

Les poissons bondissent et le coton est haut

Oh ! Ton papa est riche et ta maman est belle

Alors chut ! Petit bébé, ne pleure pas.


Un de ces jours

Tu te lèveras en chantant

Puis tu déploieras tes ailes

Et tu te réfugieras dans le ciel

Mais d’ici là

Il n’est rien qui puisse te faire du mal

Avec papa et maman à tes côtés.


Espagne

Fédérico Garcia Lorca (1899-1936)


Tu t’endors déjà

Près de la rive, ta barque est de bois

Blanche princesse de nulle part, Dors dans l’obscurité de la nuit

Corps et terre de neige.

Dors jusqu’à l’aube, dors !

Ton sommeil t’éloigne déjà.

Près de la rive, ta barque est de brume et de rêve.


Berceuses iraniennes


Deux auteurs iraniens Gadamali Sarâmi et Mahnâz Rezaï se sont intéressés à la signification des berceuses. Voici leur analyse extraite de « La revue de Téhéran ».

« Les berceuses sont généralement basées sur l’admiration de la mère pour son enfant.


Comme tes mains sont belles

Tes lèvres sont comme un bouton de fleur

Tes yeux sont très beaux.


Des promesses sont faites au bébé, le rythme des vers est le même, seul le contenu diffère.


Si tu dors tôt, si tu es sage

Je t’achèterai un bracelet ou une boucle d’oreille en or.


Dans les berceuses villageoises, les promesses sont différentes.


Tu seras un bon cultivateur

Tu auras un grand champ

Tu seras chef de village

Tu auras un troupeau de moutons et de vaches.


Dans le passé, les mères ne travaillaient pas hors de la maison. Parfois les plaintes étaient confiées à l’enfant.


Ton père est absent

On ne sait pas ce qui nous arrivera

On ne sait pas s’il peut pêcher un poisson

Et l’apporter à la maison

On ne sait pas s’il peut vendre le bois qu’il a fendu

Nous n’avons pas, toi et moi,

D’étoile dans le ciel.


Dans ce cas, la mère, qui sait que l’enfant ne comprend rien à ce qu’elle dit, parle avec elle-même.

La berceuse, cette littérature miraculeuse, apaisante et somnifère est la première littérature pour l’enfant. Il profite de sa forme, de son rythme et de sa musicalité bien avant d’apprendre à parler et de commencer à marcher ».


Berceuses juives (Yiddish) de l’Europe de l’Est

Par Mireille Natanson, Docteur en musicologie. (Allemagne)


Près de soixante ans après la Shoah, les berceuses yiddish nous chantent aujourd’hui encore l’histoire et la culture d’une communauté disparue.

Leur contenu sociologique, psychologique, éducatif et leur couleur musicale spécifique en font un trésor exceptionnel.

Dans cette culture populaire, essentiellement orale, les mots portent en eux une force puissante et sont l’outil de la transmission. Ils traduisent les émotions, surtout dans les chansons, à plus forte raison dans les berceuses.


Les objets ici nommés forment des rimes amusantes avec les parties du corps.


Dors, dors, dors, ton père va aller au village

Il te rapportera une pomme et ta tête sera guérie.

Il te rapportera une noix et ton pied sera guéri.

Il te rapportera un canard et ta main sera guérie.

Il te rapportera un lapin et ton nez sera guéri.

Il te rapportera un oiseau et tes yeux seront guéris.


Souvent les promesses et les menaces alternent, selon que la mère sait intuitivement doser.


Dors, mon enfant, dors,

Dors, mon enfant, dors.

Là-bas dans la ferme

Il y a un mouton blanc

Il veut mordre mon enfant.

Le berger arrive avec son violon

Il rassemble les moutons.


Dans les berceuses, les cadeaux qu’on promet à la fille sont alors du linge, des vêtements, une bonne dot, voire même une robe de mariée. Sa vie future lui est décrite, avec le travail de la maison et des enfants. Souvent, elle devra gagner de l’argent en travaillant dans une boutique ou en faisant de la couture chez elle, car son mari qui étudie longtemps ne rapporte rien à la maison.

L’exemple suivant montre les préoccupations de la mère pour l’avenir de sa fille.


Tu auras une bonne réputation,

Tu sauras prier, lire, et écrire en yiddish,

Lire des livres en yiddish,

Coudre et broder des foulards, Tisser des foulards

Et donner à tous de bons conseils.

Le fiancé de Sarah sera un sage du Talmud,

Un érudit aux grandes facultés.

Le fiancé de Sarah saura résoudre des problèmes savants,

Il saura tous les résoudre.

A son mariage, il tiendra un discours,

Il s’avancera avec dignité vers le baldaquin de mariage

Et il plaira à tous les invités.


Si vous me le permettez, je fais digression sur le sujet.

Pour compléter le souci de la mère envers ses filles plus particulièrement, je rappelle cette berceuse insolite, à consonance chrétienne et qui a bercé notre sommeil ; encore aujourd’hui, les mères juives tunisiennes prétendent fredonner cette berceuse qui s’est immiscée, on ne sait comment, dans notre culture judéo-arabe. V. Scemama-Lesselbaum.


Dodo Ninette

Sainte Elisabeth

Endormez-moi cette enfant

Jusqu’à l’âge de quinze ans

Quinze ans se sont passés

Il faudrait la marier

Une chambre pleine d’amandes

Un marteau pour les casser

Et Ninette pour les manger.


A la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle on assiste à un changement de contenu et de tonalité dans les berceuses qui correspond à un appauvrissement de la population juive, vouée souvent à une existence précaire.


« Garde tes larmes » de Mordechaï Gebertig (1877-1942)


Ne pleure pas, ne pleure pas, petit orphelin,

Garde tes larmes même si tu es malheureux.

La vie ne t’apportera que des souffrances,

C’est pourquoi il n’est pas bon que les larmes manquent.

Garde tes larmes comme des diamants.

Tu auras un jour bien besoin

Quand ton cœur sera prêt à déborder

Laisse couler de tes yeux une larme.


Quand l’étau se resserre sur les communautés des Juifs des pays de l’Est, menacés dans leur existence même par les persécutions, les berceuses qui nous sont transmises restent très nombreuses. Comme si l’enfant devenait l’objet particulier de l’attention, des soucis, de la pitié de la mère. Elles n’ont pas le droit de garder leurs bébés avec elles. Ceux-ci sont cachés et les mères chantent le danger : l’enfant doit se taire sous peine d’être découvert.


Mordchai Gebirtig est né à Cracovie en Pologne le 4 mai 1877. Il est mort au ghetto de cette même ville le 4 juin 1942 abattu d’une balle dans la nuque pour avoir refusé l’ordre de déportation.

Nul ne peut rester insensible à l’émotion qui se dégage du Ponar lied : « schtiler, schtiler ». Personnellement, je relèverai cet extrait qui concerne plus particulièrement l’enfant.

La « Chanson de Ponar » évoque l’assassinat de 70 000 juifs du ghetto de Vilnius, la Jérusalem du Nord, dans la forêt de Ponar situé à huit kilomètres de Vilnius en Lituanie. Schtiler veut dire : silence, demandé aux enfants dans les camps.


Silence, silence des sources éclosent dans mon cœur.

Jusqu’à ce que les portes soient fermées

Nous devons être muets.

Ne te réjouis pas mon enfant, ton rire pourrait nous trahir.

L’ennemi ne doit pas survivre au printemps,

Pas plus qu’une feuille ne survit à l’automne.

Laisse les sources couler tranquillement,

Sois silencieux et espère

Que la liberté ramènera ton père.

Dors, mon enfant, dors,

Comme la Wilia libérée,

Comme le renouveau des arbres,

C’est la lumière de la liberté

Qui illumine ton visage.




Berceuses désagréables, menaçantes ou traumatisantes


Certaines berceuses sont parfois négatives ou désagréables. Elles évoquent des êtres méchants, effroyables comme le croquemitaine en France ou le Babaou en Tunisie, personnage non identifié jusqu’à nos jours, sinon dans l’imaginaire ou par le ton menaçant que prend la mère en prononçant ce mot.


Dors enfant noir, d’Atahualpa Yupanqui 1908-1992 (Argentine)


Dors, dors enfant noir,


Pendant que ta mère est aux champs, enfant noir.

Elle va apporter des cailles pour toi,

Elle va apporter des fruits savoureux pour toi,

Elle va apporter de la viande de porc pour toi,

Elle va apporter plein de choses pour toi,

Et si le noir ne s’endort pas,

Viendra le diable blanc,

Et zas, croquera tes petites pattes.

Chacapumba,chacapumba,chacapumba.


Dors, dors enfant noir,


Travaillant, travaillant durement (travaillant oh oui !)

Travaillant habillée de deuil (travaillant oh oui !)

Travaillant en toussant (travaillant oh oui !)

Travaillant sans être payée (travaillant oh oui !)

Pour l’enfant noir tout petit (travaillant oh oui !)

Habillée de deuil oh oui !

En toussant oh oui !

Sans être payée oh oui !

Durement oh oui !


Dors, dors enfant noir.


Berceuse (brève) russe


Dodo, dodo, dodo

Ne te couche pas au bord du lit

Sinon un grand loup viendra

Et il te mordra.


Fais dodo Colas mon petit frère (1ère version)

Fais dodo Colas mon petit frère

Fais dodo tu auras du lolo


Maman est en haut

Qui fait des gâteaux

Papa est en bas

Qui fait du chocolat


Refrain


Si tu fais dodo

Maman vient bientôt

Si tu ne dors pas

Papa s’en ira.


Fais dodo Colas mon petit frère (2ème version)


Fais dodo Colas mon petit frère

Fais dodo tu auras du lolo


Maman est en haut,

Qui fait du gâteau,

Papa est en bas,

Qui fait du chocolat


Refrain


On fait la bouillie

Pour l’enfant qui crie,

Et tant qu’il criera

Il n’en n’aura pas.


Pour terminer avec ce genre, assez particulier, de berceuses, voici l’une des plus fameuses du poète russe Mikhaïl Lermontov (1814-1841) dédiée, apparemment, aux enfants et dont le plus célèbre passage est le suivant : « Le méchant tchétchène rampe sur la berge, aiguise son couteau ». Les passages quelque peu guerriers et qui n’ont rien à voir avec une berceuse ne sont pas chantés dans cette version. Néanmoins, ils sont fréquemment cités.


Dors, mon enfant, dors, mon joli,

Do-do, do-do.

Doucement la lune se penche

Sur ton berceau.

Je vais te dire des légendes,

Chanter pour toi.

Mais dors, ferme tes petits yeux,

Do-do, do-do.


Passages omis (extraits) :

Le tchétchène, sournois, aiguise sa lame. Mais ton père, le vieux guerrier est endurci. Dors, mon petit, dors, n’aie point peur. Tu apprendras à guerroyer. Hardi, tu chausseras l’étrier, tu t’armeras. J’ornerai ta selle de guerre de soie brodée. Dors, mon enfant, dors, mon chéri. Do-do, do-do.


Héros d’aspect, sois dans ton âme

Un vrai Cosaque !

Je sortirai. Tu me feras

De loin adieu.

Ah ! Que de pleurs amers, secrets,

Cette nuit-là !

Dors, mon ange, sans bruit, tout doux.

Do-do, do-do.


Terminons par un sourire :


Berceuse vénézuélienne chantée…Sur l’hymne national !


Dors, mon enfant, car j’ai à faire

Laver les langes, te donner à manger.

Dors, mon enfant, car j’ai à faire

Laver les langes et te donner à boire

Cet enfant veut que ce soit moi qui l’endorme,

Que l’endorme la mère qui l’a porté

Cet enfant veut que ce soit moi qui l’endorme

Que l’endorme la mère qui l’a porté.


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Mélodies du sommeil


La mélodie d u sommeil est chantée par une seule personne, qui n’est pas accompagnée d’un instrument. Son mouvement est régulier, son rythme simple et exprimé dans une tessiture plutôt grave. Une mélodie descendante ramène la détente. Les tonalités sont essentiellement mineures, signe de repos, de mélancolie, voire de tristesse. Elles peuvent être empruntées aux mélodies des contrées où vivent les communautés, d’où en général, leur caractère slave ou oriental.


Les berceuses à travers les musiciens classiques


Les grands musiciens ont su composer des berceuses pour leurs enfants et ceux de leurs proches.

Si le nom de »berceuse » fait immédiatement penser à la berceuse en Ré bémol Majeur de Chopin, la berceuse sur un vieil air de Bizet, la berceuse de Donizetti, « le marchand de sable » de Brahms, la berceuse de Solveig de Grieg, « dors ami » de Massenet l’on découvre vite qu’il y en a bien d’autres.

Certains mouvements d’œuvres classiques tels que la romance de « la petite musique de nuit » de Mozart, les adagios des concerti pour piano et orchestre de Mozart et de Beethoven, sans oublier le « somnifère » adagio d’Albinoni peuvent apaiser les petits, même les plus agités.


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BIBLIOGRAPHIE


Etablie par Viviane Scemama Lesselbaum (Netanya)


- Gransenne Philippe : « Bébé, qui tu es ». Editions Marabout

- Comptines et berceuses juives du jardin d’Eden, collectage : Nathalée Soussana. « Comptines du monde ». Editions Didier Jeunesse.

- La revue de musicothérapie. Vol.XVII N°2/3. 1997.

E. Stork : « Berceuses et bercements à travers les cultures ».

- Berceuses yiddish, images d’enfances et miroir d’une culture perdue.

Par Madame Mireille Natanson, Docteur en musicologie, diplômée de kinésiologie musicale. Dionysiusstr.2a D-34431 Marsberg (Allemagne).

- « La berceuse iranienne, une littérature féminine » par Gadamali Sarâmi et Mahnâz Rezaï. La revue de Téhéran. (Voir Google).

- Berceuses des musiciens classiques. Editions Bayard.


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R
Re: Etude sur "Les berceuses" par viviane scemama lesselbaum
16 décembre 2009, 02:17
Berceuse du Nord (France) en patois avec traduction


Dors mon p'tit Quinquin
Dors min, min ptit kinkin,
Min ptit pouchin,
Min gros rogin !
Te m’fras du chagrin
Si te n’dors poin chqu’à dmain.


Dors, mon petit bébé,
Mon petit poussin,
Mon gros raisin !
Tu me feras du chagrin
Si tu ne dors pas jusqu’à demain.

Ainsi l’aute jour unne pauve dintelière,
In amiclotant sin ptit garchon
Qu’i, dpui tros carts d’eure, ene faijot qu’brère,
Tachot d’l’indormir par unne canchon.
Èle li dijot : Min Narcisse,
Dmain t’aras du pain d’épice,
Du chuke à gogo
Si t’es sache et qu’te fais dodo…
Dors, min ptit kinkin


Ainsi l’autre jour une pauvre dentellière,
En berçant son petit garçon
Qui, depuis trois-quarts d’heure, pleurait sans arrêt,
Tachait de l’endormir par une chanson.
Elle lui disait : Mon Narcisse,
Demain tu auras du pain d’épice,
Du sucre à gogo
Si tu es sage et que tu fais dodo…

Et si te m’laiches faire unne bonne semainne,
J’irai dégager tin biau sarau,
Tin pantalon d’drap, tin gilliet d’lainne,
Comme un ptit milord te sras faraud !
J’tacatrai, l’jour del ducasse,
Un polichinel cocasse,
Un turlututu
Pour juer l’air du Capiau-pointu.
Dors, min ptit kinkin …


Et si tu me laisses faire une bonne semaine,
J’irai dégager ton beau sarrau,
Ton pantalon de drap, ton gilet de laine,
Comme un petit milord tu seras faraud !
Je t’achèterai, le jour de la fête paroissiale,
Un polichinelle cocasse,
Un turlututu
Pour jouer l’air du Chapeau-pointu.

Nous irons din l’cour Jannète-as-Vakes
Vir les marionnètes. Conme te riras,
Quant t’intindras dire : “Une doupe pou Jake !”
Pa l’polichinel qu’i parle maga.
Te li metras din s’menote,
Au lieu d’doupe, un rond d’carote !
I t’dira merci,
Pinse conme nous arons du plaisi !
Dors, min ptit kinkin …


Nous irons dans la cour de Jeannette-aux-Vaches
Voir les marionnettes. Comme tu riras,
Quand tu entendras dire : "Un sou pour Jacques !"
Par le polichinette qui parle en zézayant
Tu mettras dans sa menotte
Au lieu de sou, un rond de carotte !
Il te dira merci,
Pense comme nous aurons du plaisir !

Et si par asard sin maite I s’fache,
Ch’est alor, Narcisse, que nous rirons.
San nn’avoir invie, j’prindrai mn’air mache,
J’li dirai sin nom et ses sournoms !
J’li dirai des fariboles,
I m’in répondra des droles,
Infin, un chacun
Vera deus pestakes au lieu d’un …
Dors, min ptit kinkin …


Et si par hasard son maître se fâche,
C’est alors, Narcisse, que nous rirons.
Sans en avoir envie, je prendrai mon air mèchant,
Je lui dirai son non et ses surnoms !
Je lui dirai des fariboles,
Il en répondra des drôles,
Enfin, chacun
Verra deux spectacles au lieu d’un …

Alor, sère tes ieus, dors min bononme,
J’va dire une prière à Ptit-Jésus
Pour qu’i vyinne ichi, pindan tin sonme,
T’faire réver qu’jai les mains plainnes d’écus !
Pour qu’i t’aporte une cokile
Avec du chiro qu’i guile
Tout l’long d’tin minton,
Te t’poulèkras tros eures de long !
Dors, min ptit kinkin …


Alors, ferme tes yeux, dors, mon bonhomme,
Je vais dire une prière à Petit-Jésus
Pour qu’il vienne ici, pendant ton somme,
Te faire rêver que j’ai les mains pleine d’écus !
Pour qu’il t’apporte une brioche
Avec du sirop qui dégouline
Le long de ton menton,
Tu te pourlèchras pendant trois heures !

L’mos qu’i vyint, d’Saint-Nicola ch’est l’fiète,
Pour sûr, au soir, i vyindra t’trouver.
I t’fra un sermon et t’laichra mète
In-dzou du balo un grand painnié …
I l’rimplira, si t’es sache,
D’séquois qu’is t’rindront bénache,
San cha, sin baudet
T’invoira un grand martinet.
Dors, min ptit kinkin …


Le mois prochain, de Saint-Nicolas c’est la fête,
Pour sûr, le soir, il viendra te trouver,
Il te fera un sermon et te laissera mettre
Sous la cheminée un grand panier …
Il le remplira, si tu es sage,
Des choses qui te rendront heureux,
Sinon, son âne
T’enverra un grand martinet.

Ni les marionnètes, ni l’pain d’épice,
N’ont produit d’éfet, mais l’martinet
A vite rapagé l’petit Narcisse
Qu’i crainiot d’vir ariver l’baudet.
Il a dit s’canchon dormoire,
S’mère l’a mis din sn’ochinnoire,
A rpis sin coussin
Et répété vint fos che rfrain :
Dors, min ptit kinkin …


Ni les marionettes, ni le pain d’épice
N’ont produit d’effet, mais le martinet
A vite calmé le petit Narcisse
Qui craignait de voir arriver l’âne.
Il a dit sa berceuse,
Sa mère l’a mis dans son berceau,
A repris son coussin
Et répété vingt fois ce refrain.

Dors, min ptit kinkin …
Re: Etude sur "Les berceuses" par viviane scemama lesselbaum
16 décembre 2009, 10:02
Cette étude sur les berceuses est très interessante, Viviane, elle dit à la fois l'amour, la douceur...et les circonstances geographiques, politiques, économiques...

Désir de protection, espoir d'un avenir meilleur, récompense de la sagesse...et du devoir accompli plus tard.

Merci Viviane, c'est un angle très interessant d'étude.
Re: Etude sur "Les berceuses" par viviane scemama lesselbaum
16 décembre 2009, 10:22
Une berceuse en yiddish, traduite en hébreu, illustrée par un dessin animé.

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