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Michel Drucker

Envoyé par lapid 
Michel Drucker
19 mars 2010, 18:00
"Moi Michel Drucker juif Tunisien"



Belle leçon de patriotisme de Michel Drucker et Gad Elmaleh qui ont tous deux participé à la Tsedeka (l'aumône en hébreu) à l'initiative du Fonds social juif unifié en 2007.

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Michel Drucker inaugure des studios de radio au nom de son frère Jean - Par Christine Rinaudo - Pour Nice-Matin - 9 février 2009



Michel Drucker, producteur, animateur vedette, mais d'abord, dépositaire d'une histoire familiale intense.

Une petite radio qui a démarré dans une cassette. Qui a vécu des années dans une cave. Et qui, désormais, diffuse ses ondes cultuelles, mais citoyennes, depuis de vrais locaux tout neufs, près de la place Masséna à Nice. ça méritait une belle inauguration (1). Et un nom de baptême à sa hauteur. Voilà qui est fait. Depuis hier, Radio Chalom Côte d'Azur, radio associative juive, mais généraliste, s'appelle « Studios Jean-Drucker », du nom du président de la SFP et d'Antenne 2 et président fondateur de M6, disparu brutalement.



Jean Drucker, le brillantissime. La star de la saga Drucker. Le premier en tout. Séduisant, persuasif, intègre, sachant négocier tout en étant convivial. Celui que Michel Drucker appelle son jumeau (13 mois seulement les séparaient). Il était là, hier, Michel. Malgré un genou opéré il y a 5 jours à peine. Avec une disponibilité, une simplicité, une gentillesse hors du commun. Emouvant dans ses propos, le plus populaire des présentateurs du petit écran français.

« J'aurais aimé que mon frère, ma mère, mon père soient là... Jean et moi avions décidé de faire route ensemble en créant une société de conseil en communication. »


Son livre ? Un succès

Réunir les deux noms sur la même carte de visite... « C'était le rêve de nos parents. » Michel, « le vilain petit canard », comme il se définit, comme sa famille le considérait entre deux frères top-niveau, Michel l'autodidacte, avait tendu la main à son aîné. Mais il y eut ce week-end du 18 avril 2003, emportant Jean, foudroyé par une crise d'asthme.

Faire le deuil ? Difficile. Mais le livre, « Qu'est-ce qu'on va faire de toi ? », apaisa quelques tourments. Vendu à 500 000 exemplaires. Un succès. Enfance, adolescence... Tout est remonté à la surface. « Ceux qui ont lu le livre ne me regardent plus de la même façon. On a souvent dit que j'étais gentil, complaisant, sans aspérité... » Depuis le livre, qui fera d'ailleurs l'objet d'une fiction réalisée par Jean-Daniel Verhaeghe, on découvre un être en souffrance, jamais tranquille. « Je n'ai jamais vu de psy, mais ce livre m'a fait du bien. Il est un tournant dans ma vie. Il m'a permis de boucler la boucle. »

Dépositaire d'une histoire

Enfin, presque, car un second ouvrage est en cours. Un ouvrage sur les signes de la vie, les faux hasards. Michel y reparlera de son père. Ce père « intransigeant, tellement attaché à la réussite de ses enfants », qui ne voulait pas reparler de la Shoah « car cela ravivait trop de douleurs ». Il reparlera de l'épisode complet de Compiègne. Là où Abraham Drucker fut interné avant de partir pour les camps nazis. Là, où, quelques années plus tard, dans le même baraquement, dans la même chambrée, Michel effectua son service militaire !

Aujourd'hui, c'est Michel qui porte la mémoire des siens. Il est le dépositaire d'une histoire de Juifs aux origines slaves : « Ce que vous voyez à la télé, c'est une part de la famille Drucker. » Une part à savourer pour longtemps encore. Promis : « J'ai 67 ans, je suis à l'antenne depuis 46 ans. J'ai connu trois générations de sportifs, acteurs, chanteurs... Je n'ai jamais autant travaillé que maintenant, mes émissions ont beaucoup de succès, je n'arrêterai jamais... »


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Les parents de Michel Drucker – Abraham Drucker, natif du village de Davideni, près de la ville de Czernowitz, alors située en Autriche-Hongrie, et Lola Schafler, d'origine viennoise – sont des Juifs arrivés en France en 1925 et naturalisés Français en 1937. Son père s’installe comme médecin de campagne dans le département du Calvados, à Saint-Sever-Calvados, puis à Vire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, arrêté suite à une dénonciation en 1942, il sera prisonnier à Compiègne, puis il sera médecin-chef du camp de Drancy. De ses trois années de captivité, Abraham Drucker gardera de très mauvais souvenirs, et il n'ira jamais voir son fils Michel à Compiègne lorsque celui-ci y fera son service militaire. Le 23 février 2008, Michel Drucker assiste à l'inauguration du Mémorial de l'internement et de la Déportation, que l'on a créé dans cet ancien camp.

Après l'arrestation d'Abraham Drucker, son épouse, enceinte (de Michel), accompagnée de Jean (son fils aîné), se fait contrôler sur le quai de la gare de Rennes par un officier de la Gestapo. Intervient alors un homme qu'elle ne connaît pas, Pierre Le Lay (père de Patrick Le Lay), chargé d'aller la chercher, qui, dans un allemand impeccable, discute avec l'officier allemand et lui dit qu'il s'agit de son épouse, lui sauvant ainsi probablement la vie.

Michel Drucker a deux frères : Jean Drucker, dirigeant de télévision, et Jacques, professeur de médecine à Washington. La journaliste Marie Drucker (fille de Jean) et l’actrice Léa Drucker (fille de Jacques) sont ses nièces. Son frère aîné, Jean Drucker, est décédé d'une crise cardiaque le 18 avril 2003.


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MICHEL DRUCKER «FILS D’ABRAHAM ET DE LOLA»

Bon sang ne saurait mentir. Quarante-trois ans de télévision et une surexposition parfaitement maîtrisée ont laissé dans l’ombre une partie de l’identité de Michel Drucker. Une autobiographie, des interviews, dont celle de Benjamin Petrover pour TJ, dévoilent aujourd’hui ce qu’il faut bien appeler le patrimoine familial de l’animateur préféré des Français.

Tribune Juive : Ce livre s’ouvre sur votre enfance. Vous avez grandi à Vire, en Normandie. Qui étaient vos parents ?

Michel Drucker : Ma famille vient des Carpates, entre la Roumanie et l’Autriche, plus précisément de Czernowitz, aujourd’hui Tchernivtsi en Ukraine. Mon père s’appelait Abraham Drucker, ma mère, Lola Schafler. Mes parents sont arrivés en France dans les années 1930 et ne parlaient pratiquement pas français. Ils parlaient yiddish, roumain, allemand. Mon père était médecin mais il n’a été naturalisé qu’en 1937. Il n’a donc pas pu exercer son métier facilement. En 1942, l’année de ma naissance, il a été arrêté après avoir été dénoncé et a passé trentesix mois de captivité dans le camp de Drancy puis à Compiègne. Il s’est rendu utile pour les Allemands car il était médecin et parlait leur langue. C’est ça qui l’a sauvé des wagons plombés pour Auschwitz-Birkenau. Après la guerre, il a voulu découdre à jamais l’étoile jaune, oublier Drancy, oublier l’antisémitisme. Il a alors posé ses valises dans un petit coin de Basse-Normandie pour devenir un grand médecin généraliste.

TJ : Vous écrivez que vous avez grandi « dans une famille d’Europe centrale avec son lot d’inquiétude et d’inaptitude au bonheur ». C’était la situation de beaucoup d’ashkénazes à l’époque.

M. D. : Tous les ashkénazes qui ont connu la Shoah ont gardé ça en eux jusqu’à maintenant. Dans cette diaspora, il y avait deux sortes d’inquiétude : silencieuse et bruyante. Mon père était un grand angoissé, caractériel, colérique, impatient, sonore. Ma mère était le contraire. À la maison, on vivait dans un climat électrique. Mon père avait de la patience pour ses malades mais pas avec ses propres enfants. Il voulait que l’on réussisse à tout prix. C’était obsédant. Quant à sa captivité, il n’en parlait presque jamais. La plupart des rescapés des camps ou ceux qui y ont échappé n’aiment pas en parler. Soit parce que les douleurs sont encore là, soit par culpabilité d’avoir sauvé leur peau alors que les autres n’en sont pas revenus.

TJ : Comment se comportait-il avec vous ?

M. D. : Il voulait que ses enfants soient les premiers partout. Tout se serait bien passé pour lui si parmi ses trois fils ne s’était trouvé un vilain petit canard, un cancre, qui n’a pas eu envie de rentrer dans le moule et faire des études supérieures. Mon père a transmis son ambition à mes deux frères, mais la greffe n’a pas pris sur moi. J’ai fait un rejet total de ce discours et j’ai rapidement pris en grippe les intellectuels et les grandes études. Cette rébellion m’a poussé à prendre le train pour Paris et à entrer dans la vie active à 17 ans. J’ai essayé de m’en sortir en fabriquant mes propres prothèses, sans diplôme, sans culture et sans études. J’ai été moniteur pour enfants difficiles, photographe de plage, j’ai nettoyé les avions à Orly. J’ai ensuite fait mon service militaire à Compiègne et je me suis retrouvé dans un baraquement, là où presque vingt ans auparavant mon père avait été interné. À cent mètres de la gare, d’où partaient les convois. Je me souviens encore de la tête de mon père lorsqu’il a vu ma convocation. Mais de tout ça, il parlait très peu. Il voulait qu’on soit intégrés, que l’on soit plus français que les Français.

TJ : Il vous a même fait baptiser...

M. D. : Au grand dam de ma mère ! Nous n’avons pas été élevés dans la tradition. C’était le cas pour beaucoup d’enfants juifs à l’époque. Pour ma mère, c’était un drame car elle était beaucoup plus sioniste et concernée par ce problème que mon père. Son frère était en Israël, il avait fait partie de la vague d’immigration qui avait précédé l’indépendance du pays. Mon père avait aussi une sœur là-bas, mais la vie au kibboutz était dure pour une femme de 50 ans. Elle est morte de chaleur et d’épuisement.

Après la guerre, la famille a posé ses valises à Vire (ici, en 1952)

TJ : Chez vous, y avait-il une fierté d’être juif ?

M. D. : Pour ma mère, oui, bien sûr ! Même si on en parlait peu. Elle collectionnait les articles de Jean Daniel sur le Proche-Orient. Quand elle est venue habiter à Paris, elle allait chaque semaine rue des Rosiers pour faire ses courses chez Goldenberg. La carpe farcie ou le struddle, c’est ce qui nous ramenait à l’Europe centrale. Et puis, il y avait le yiddish à la maison. Quand ma mère écoutait la musique d’Europe centrale ou portait ses blouses roumaines, quand mon père s’essayait à jouer du violon ou ma mère, de la mandoline. Évidemment que nous étions juifs, même si je n’allais pas à la synagogue, que je ne fêtais pas Kippour et que je n’ai pas été élevé dans la tradition religieuse. Mais je le suis de plus en plus. J’ai envie d’aller à Czernowitz, à Kiev, voir d’où je viens et faire un retour aux sources.

TJ : Le mois dernier, France 3 diffusait Comme un Juif en France, le documentaire d’Yves Jeuland sur la communauté d’hier et d’aujourd’hui. Vous êtes-vous reconnu dans ce portrait ?

M. D. : Ce documentaire était à la fois brillant et équilibré. Son mérite, c’est de ne pas avoir tranché entre les joies et les douleurs. J’y ai reconnu ma famille. Mes parents ont connu l’antisémitisme, même après la guerre. Ma génération est totalement intégrée, mais il y a toujours cette vigilance en moi. Mon identité s’est davantage révélée après la mort de mes parents. Cela correspondait aussi à l’époque de l’affaire Bousquet. Aujourd’hui les actes antisémites sont minoritaires, mais il faut rester vigilant. On n’anéantira pas la bêtise du jour au lendemain. C’est bien que la télévision allume de temps en temps une lumière pour ceux qui seraient frappés d’amnésie.

TJ : Même si vous n’avez jamais caché votre judéité, vous l’avez rarement évoqué ouvertement.

M. D. : Je l’ai dit chaque fois qu’on me l’a demandé. Avec un père qui s’appelle Abraham Drucker et une mère, Lola Schafler, c’est difficile à cacher. Je suis juif et je le resterai toute ma vie. Quand on a un père qui a été dénoncé et a porté l’étoile jaune, comment ne pas être juif jusqu’au bout des ongles? Mais j’appartiens aussi à une génération qui a été le témoin d’autres drames épouvantables. Il ne faudra jamais oublier la Shoah. La première fois que je suis allé en Allemagne, c’était à l’occasion de la Coupe du monde de football en 1974. Je voyais des gens et je me disais « leurs pères étaient des nazis ». J’ai fait un grand effort pour comprendre qu’ils ne pouvaient pas porter toute leur vie ce que leurs parents avaient fait. Mais j’étais vraiment mal à l’aise. Je n’ai pas encore eu le courage d’aller à Auschwitz, mais je le ferai un jour.

TJ : Et Israël ? Vous connaissez peu le pays. Vous n’y êtes allé que deux fois et c’était à l’occasion de tournages.

M. D. : J’ai rencontré Sylvester Stallone qui tournait Rambo dans le Néguev. Quand je suis rentré, ma mère m’a dit : « J’espère qu’au moins tu t’es recueilli sur les tombes de Golda Meir et de Ben Gourion. » J’ai dû lui expliquer que je n’avais pas eu le temps.
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