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SALLE CAMUS *****EN DIRECT CHEZ CAMUS *****.

Envoyé par albert 
Re: SALLE CAMUS *****EN DIRECT CHEZ CAMUS *****.
30 mars 2008, 01:08

Nouvelle de Reuven (Roger) Cohen sur l'assassinat d'Itshak Rabin


"Non bis in idem"






– La desuetude - III (suite et fin).

Elle en avait parle avec ses parents et ses freres, dont l’avis lui importait beaucoup. Son pere, soutenait que tous les malheurs qui s’abattaient sur le pays, decoulaient de l’abandon des valeurs qui guidaient jadis son mode de vie. Il etait ne dans les annees trente, a l’epoque ou les valeurs du Gdoud Ha Avoda, le Bataillon du Travail, qui se consacra a la construction d’Israel et du Socialisme, regnaient en Israel. Ses freres voyaient, dans le style de vie de la grande ville et dans ses loisirs, la source de la perte de l’harmonie, qui regnait dans la Societe israelienne a l'apoque ou les valeurs simples de la vie a la campagne donnaient le ton, meme a la ville.

Elle leur avait raconte comment la Ville, qu'ils mesestimaient, avait pourtant reagi a l'assassinat. Elle leur avait decrit comment les jeunes avaient manifeste leur douleur sincere, eux qui avaient cependant recu leur education en ville, de parents aises et jouissant du style au niveau de vie eleve - certains utilisaient le terme de "corrompu" pour caracteriser ce style que la grande ville avait developpe.


"Ils avaient, de leur propre chef, leur raconta-t-elle, fait un travail de deuil et lance une grande campagne d'eveil et de protestation, alors que les hommes politiques, encore sous le coup, n'avaient fait que suivre. Elle leur avait decrit comment l’universite s'etait videe et comment la Place s'etait remplie. Un autre style et une autre mentalite les faisaient agir.

Les adolescents de la Place, pleuraient d’avoir perdu celui qui pour eux apparaissait, comme un bon patriarche qui veillait a leur securite depuis des decennies, et qui dans ce but, etait passe de la guerre a la paix, leur expliquait-elle avec force details. Les mythes profonds du Judaisme reapparurent a travers leur discours et leurs sentiments. Dans les interviews de presse, ils disaient qu'ils subissaient ce crime comme un crime perpetre contre leur propre famille.

Pour eux, les valeurs nobles du Judaisme en furent ainsi touchees. La vieille Maxime des Peres, inscrite au Pirkei Avot, qui recommandait “Sages prenez garde a vos paroles”, n’avait jamais ete, pour eux, aussi pertinente. Ce que tout le monde avait compris, c'est que des slogans et des paroles avaient tue le Premier Ministre lors de cette grande manifestation pour la Paix. Certes la main fut celle de l’assassin, mais l’esprit fut celui des hommes politiques de droite, religieux et laiques, qui l’avaient accuse de trahison".

Ils l'ecoutaient avec intéret. Son pere hochait la tete, lui signifiant que ses analyses etaient solides.


Ils l'ecoutaient avec interet. Son pere hochait la tete, lui signifiant que ses analyses etaient solides.
"Mais la cause n'est pas politique ou educative comme tu le soutiens, lui faisait-il remarquer, elle est, avant tout, morale. La ville a rejete les valeurs morales d'une conduite honnete, geree par une vie de simplicite qui ne peut engendrer la corruption.

C'est la corruption, ajoutait-il, qui est la mere de tous les maux, sociaux comme politiques. Avec elle tout est permis, jusqu'aux mensonges ehontes dont ses adversaires politiques l'ont accuse !"

"Ce que tu dis, Papa est juste, lui repondit Neta. D'ailleurs, les 'Adolescents de La Place' l'ont soutenu, avant meme que le soutint la presse de gauche. Ils soutenaient que la main de l’assassin avait ete guidee par les milliers de portraits mensongers, par les affiches qui couvraient les murs des villes. Rabin y apparaissait en uniforme de S/S, ou coiffe d’une kaffia, comme Arafat. Ils rappelaient les stickers qui faisaient de Rabin un traitre dangereux.

Les etudiants et la presse insistèrent eux aussi, par la suite, que ce qui avait determine l'assassin a accomplir son acte criminel, ce furent les paroles des pseudo ‘Sages’, les paroles des rabbins extremistes, qui s’opposaient a l'accord d'Oslo. Ceux-ci s’appuyaient sur des concepts que l’on retrouvait dans certaines sentences du Talmud, exprimes il y a des siecles. On se souvint de ce converti recent au Judaisme, qui dans son zele de neophyte, avait tire des poubelles de l’histoire une vieille sentence Juive, jamais appliquee, qui engageait les fideles a assassiner celui qui etait considere comme un traitre a la Nation Juive, s’il livrait les terres qui appartenaient historiquement au peule juif, le livrant ainsi aux sevices de ses ennemis.


Plus que les arguments ideologiques et politiques, ce qui avait persuade l’assassin dans son geste, soutenaient-ils, c'etait certains mythes mal interpretes et incrustes profondément dans les Ecrits qui composaient le vaste corpus canonique de la Culture Juive Ecrite.

Or, tout le long de l’histoire spirituelle du peuple juif, ces mythes ont toujours ete corriges, reinterpretes par les Sages, equilibres par les pratiques, par d'autres mythes et adages exprimes sous forme de fables et contenus dans La Haggada.
Ce sont ces derniers qui ont structure la Culture Juive Orale.
Et c’est cette Culture Orale et ‘populaire’, juive dans sa verite la plus profonde et proche du peuple, qui a determine les normes du ‘vecu’ juif. C'est a sa lumiere, que le peuple avait interprete et juge pendant les differentes periodes de son Histoire, la realite mouvante.

C’est elle qui a cristallisee la Tradition Juive, cette fameuse Massoreth, respectee par les religieux, comme par les nombreux laics qui y voient les vecteurs des forces spirituelles et gestuelles qui caracterisent leur identite..

Cette Massoreth a toujours ete, pour le Juif existentiel, plus sacree encore que les textes canoniques. C’est elle qui fait que le Juif ‘est’ tel qu’il ‘est’. Il s’y reconnaît ; elle represente a ses yeux l'essence de l’Ethos Juif. En ce sens, on peut dire que dans la lutte menee par les Saducéens contre les Pharisiens, les Tzedukim contre les Prouchim, ce furent les Prouchim, defenseurs de la Culture Orale, aimes du Peuple, qui triompherent.

Or, c’est contre cette Culture, contre cette Massoreth, contre ces normes, contre cet Ethos, que les extremistes Juifs, dont faisait partie l’assassin, se souleverent. Or, meme chez la plupart des orthodoxes, leur dit-elle, c’est cet equilibre, c’est cette tension fertile en creativite spirituelle entre ‘La Parole Ecrite’ et ‘La Parole Orale’- les deux etant Paroles transmises à Moise sur le Mont Sinai - qui fait office de Regle.

Et seul un esprit ‘faible’, pour ne pas dire un tant soit peu dérange, pouvait ignorer cette sacralite du Vecu Juif, reconnue et admise par les Sages. Seuls des esprits faibles pouvaient voir dans l'assassin du Premier Ministre ‘Un Fou de Dieu’, alors qu’il n’etait, tout simplement, qu'un ‘fou’, et tel que la Massoreth definit ce concept ‘un demeure’, dépourvu de raison, explosa-t-elle ".

Ses freres et son pere hochaient la tete, sceptiques. Ils appreciaient sa vaste culture judaique, mais n'en demordaient pas. Le mal, en profondeur, soutenaient ses freres, venait de la Ville qui s'etait eloignee des valeurs humanistes, celles que la campagne avait su preserver.
"Mais ce n'est pas avec du 'vieux qu'on fait du neuf', leur repondait-elle.

Au contraire, il faut s'appuyer sur les nouvelles forces qui tendent vers un meilleur avenir, afin de ne pas forger de nouveau les memes processus que nous avons connus. Vous voulez ignorer l'imagination, et vous recreer les conditions du "Bis in Idem" ! Il s'agit de changer de direction, de style de vie, de mentalite, de système !"

Seule sa mere l’encourageait dans son choix de vie. Elle lui dit, qu’elle etait heureuse qu’elle ait choisi d’être independante des diktats de la communaute et du parti politique qui l'identifiait. Elle lui dit qu'elle était fiere d'elle qu’elle ait su rompre avec la "routine d'esprit", quelle ait su fuir l’ennui qui regne dans les campagnes.

Elle pensait, quant a elle, que le manque de solidarité sociale et culturelle qui blessait la Societe israélienne, etait la consequence normale de son rapide developpement et enrichissement. « Le reajustement a de nouvelles normes humanistes prendra encore du temps, soutenait-elle, et je suis heureuse que tu vives avec ton temps et que tu contribues à ce réajustement ! »

Ils roulent en silence dans Wadi Milek vers Bat Shlomo.


Perdue dans ses penseees, une certaine tristesse remue son esprit : elle se dit que ‘statistiquement parlant’, elle fait partie de la moyenne qui contribue a ce que ses freres nomment le style corrompu mais de bon ton de la Ville. "Car, il est de bon ton, pour une etudiante, se dit-elle, de s’eprendre de son prof, comme cela, tout betement. Je vis donc avec mon temps, comme ma mere le souhaite, pense-t-elle, navree."

D’après les statistiques estudiantines, en effet, a la rubrique ‘Le Coeur" de leur periodique, pres de cinquante pour cent des eleves de maitrise de sexe feminin, avaient declare avoir cherche a ‘frayer sexuellement’ avec leurs jeunes profs.
De correspondre ainsi a la moyenne statistique la geene.
Elle se dit qu’elle avance dans ce domaine sur des sentiers battus, sans aucune originalite ; et comme il etait dit plus loin dans cet article que moins d'un pour cent seulement de ces etudiantes devenait leur compagne, elle se dit que cet amour qu’elle pense vivre, ne peut etre qu’ephémère : la statistique, en fin de compte le vaincra.

Et cependant, cette pensee ne convient pas a son caractere. ‘Si mon amour n’a aucune chance, se dit-elle, alors il faut arreter de suite ; s’il a la moindre chance, il faut alors lutter et vaincre ! »


En arrivant à Bat-Shlomo, elle pense a ce que lui avait encore dit sa mere.

Malgre le soleil et le ciel bleu, la grisaille regne de partout.
"Les maisons sont vieilles et sans ame, se dit-elle, les gens sont pales et sans verve, les haies sans couleur.

Tout respire l’ennui et le mal de vivre, que j'ai quittes voila plus de cinq ans. La longue rue bordee des batisses qui composent les fermes des paysans, avec leur domicile sur la facade, et sur l’arriere l’etable, les differents elevages, les machines agricoles et les hangars, le petit jardin potager et plus loin encore le verger, tout sent le passe et la desuetude."

Elle a soudain un haut le corps et prise par une colere qu'elle ne se connait pas, elle chasse toutes les pensees de defaite qui l'assaillaient un instant plus tot, comme on balaie les feuilles mortes. Elle se raidit et refuse d'accepter que tournoie en elle toute tristesse mal avenue.

Elle est prise alors d'un tremblement, qu'elle ne parvient pas à controler.

Comme un clair, une idee lancinante lui traverse l'esprit, une revelation : "Je ne me suis pas trompee, se dit-elle, j'ai fait les bons choix !
Elle ressent alors une serenite profonde, et un sentiment de profonde securite inonde son cœur.
Elle comprend qu'elle "prend part" a ce changement qui conduira la societe israelienne, blessee par l'assassinat de Rabin, vers plus de moralite. Elle est partie prenante de ce "reajustement" dont avait parle sa mere. Elle sait qu'elle s'engage dans la "voie etroite" ou seuls les "elus" avancent. Elle sait qu'elle fait partie de ceux que l'Histoire a choisis pour changer le cours des choses.
Une plenitude l'envahit.

Enlaçant celui auquel elle reve depuis le debut de ses etudes a l'universite, elle sent couler dans ses veines comme un grand bonheur.
Une profonde quietude l'enveloppe.

Elle se sait libre dans ses pensees et dans son corps de tous les prejuges qui l'avaient freinee dans sa prime jeunesse. Elle jubile dans son for intérieur d'avoir réussi a supplanter aupres de Rafy toutes les autres, celles qui grimacent de jalousie, quand il lui adresse la parole en souriant.
Elle respire profondement, lui sourit, le prend par la main et l'entraine vers la voiture. "La vie est ailleurs, lui dit-elle, je t'emmene dejeuner a Dalya el Carmel"!

Fin de la nouvelle.

J'ai recopie ce texte sans les accents aigus ou graves, ainsi que les tremas et les cedilles. Il est possible de lire cette nouvelle dans son etat original, dans mon blog Amit France (Chercher dans Google).

Re: SALLE CAMUS *****EN DIRECT CHEZ CAMUS *****.
15 avril 2008, 12:09
DEPLACE.


Moshe Berrebi n'est plus.
Auteur: Camus (IP enregistrée)
Date: 1 January 2008, 12:51


J'ai ete triste d'apprendre le deces de Moshe Berrebi Ben Rivka, apres une longue et grave maladie. Moshe le Hazan de la Synagogue Le Mynian, au 9eme arrondissement, n'a pas voulu rater les Selihot, ni les prieres de Rosh Hashana et de Yom Kippour qu'il a toujours menees.
Chaque samedi, il etait devant sa Teva a la Synagogue.
Moshe Berrebi, cet homme si courageux et si plein de valeurs a rendu son dernier soupîr. Il est enseveli a Kiryat Shaul, a Jerusalem ou il repose depuis aujourd'hui, le 1er Janvier 2008, a 9 heures.

Yehi Zikhro Barukh ! Que son ame repose en paix.
Re: SALLE CAMUS *****EN DIRECT CHEZ CAMUS *****.
15 avril 2008, 12:12
DEPLACE.

Shabbat Shalom ! nouveau
Auteur: Camus (IP enregistrée)
Date: 26 October 2007, 11:02



Shabbat Shalom ! Paracahat Hashavoua Vayera : [187385.aceboard.net]



Pièces jointes:
shabbatgiftbasket1pa2.gif
Re: SALLE CAMUS *****EN DIRECT CHEZ CAMUS *****.
01 mai 2008, 22:36
Le grand nettoyage.
Auteur: Camus (IP enregistrée)
Date: 31 March 2008, 14:30


Le grand nettoyage.



Que de courage faut-il afin d’executer le grand nettoyage de Pessah ! Quelqu’un affirmera-t-il qu’il n’ait pas la nausee d’avance ? L’agaala, consiste a ebouillanter Les ustensiles et de les rafraichir apres, afin qu’ils soient cacher, et d’effacer toute trace de hamets.

D’après le livre de Rabbi Haim Ha Cohen, il est necessaire de tremper dans l’eau bouillante, puis dans l’eau fraiche, tous les ustensiles et faire attention a ce que les marmites soient plongees dans tous leurs sens. Meme les tables basses qui servaient nos grands-parents au Seder de Paques, quand on le celebrait allonges sur des nattes et soutenus par des coussins, devaient etre ébouillantees. On posait sur elles des pierres chauffees a haute temperature. Ces gros galets etaient tournées de part en part sur le meuble afin de l'assainir de toutes parts, tout en ajoutant de l’eau bouillante.
Les engins aux quels il n’est pas possible de faire l’agaala, doivent etre annules et changes, comme les cafetieres par exemple qui ont des surfaces cachees.

Les bouchers doivent changer leurs couteaux et divers dispositifs de travail, et faire l’agaala a leurs tables et etablis.
On recommande le trempage des nouveaux couverts et marmites, sans agaala. Cette action doit être faite par une grande personne, cependant on doit lacher les doigts de l’ustensile afin que l’eau le recouvre en entier.
Les assiettes et marmites recouvertes, d’email par exemple, doivent etre changees.

De nos jours, dans la plupart des maisons se trouvent a l’abri des ustensiles "cacher le Pessah", et on les sort au moment venu de s’en servir, les ustensiles journaliers sont mis de cote, dans une armoire sur laquelle on colle une inscription "Hamets, ne pas ouvrir."

Le nettoyage de la maison est beaucoup plus difficile. Chaque armoire est videée, nettoyee, Les vetements propres y sont introduits. Toute chambre est astiquee et on n’y mange plus le pain ou n’importe quel hamets jusqu’apres les Paques. Ma toute jeune fille Shir a imprime des petits ecriteaux sur lesquelles est inscrit "cacher le pessah", qu’elle place sur chaque porte des chambres preêtes. Enfin on nettoie partout sans oublier aucun meuble. C’est un travail lent, et chaque anneée, les menageres demandent au grand rabbinat de constituer des reformations, pour rendre leur labeur plus facile.




Enlever tooute trace de Hamets


Beaucoup de menages vont jusqu’a refaire les peintures, acheter des nouveaux meubles, des rideaux ou des lustres, mais chacun selon ses moyens.

Treès nombreux sont ceux qui passent ces fetes a l’hotel, en excursion, ou a l’etranger. Les plus riches qui veulent rester chez eux, ont deux cuisines, une pour tous les jours, la seconde pour les Paques, et meme une deuxieme salle a manger. Je parle des religieux, bien sur, surtout a Jerusalem et Bnei Brak.

Mon avis ? Apres l’hiver, après ce nettoyage a fond, la restauration des murs et de toute la maison, il est tres agreable de celebrer Pessah qui sera le bienvenu. Pessah est aussi la fete du printemps qu’on attend avec patience.
Re: SALLE CAMUS *****EN DIRECT CHEZ CAMUS *****.
23 mai 2008, 06:52
Et quant a moi, je n'accuse pas les Tunisiens.

Eux, ils cherchaient a atteindre leur but, qui etait la pleine Independance.

C'est le Gouvernement français que j'accuse.

C'est par lui que nous avons ete trompes".









LE DERNIER CAFE A TUNIS :


Nouvelle de Reuven (Roger) Cohen






J'avais laisse mes parents et ma jeune sœur attristes de ce depart, a l'hotel, a leurs derniers preparatifs, avais promis a ma mere de ne pas tarder et filai vers l'Avenue de Carthage pour gagner Le Lion D'or, ce Cafe a la mode, face au Palmarium.

J'avais le cœur leger, heureux de ce changement qui se dessinait dans ma vie, soulage de quitter ce pays où je suis ne et qui devenait un biotope a angoisse, tant ses appareils d'Etat me paraissaient oppressants.

Je me frayais un passage vers le bar afin de savourer mon dernier cafe à Tunis.

Dans ce brouhaha "du cafe de dix heures", du fond de la salle, on cria mon nom.

Ils me firent signe de les rejoindre.

Je bondis de joie. Je croyais qu'ils etaient deja partis. Je les avais quittes, eux et de nombreux autres camarades, dans une ceremonie d'adieu qui se voulut desinvolte, dans ce meme cafe, voila plus de quinze jours. Nous nous etions promis, en cranant, comme de bons camarades de classe a L'Institut des Hautes Etudes, de ne pas nous perdre de vue, de nous revoir.

Je les avais quittes en riant, mais les larmes aux yeux. J'etais retourne a Sousse pour aider mes parents a se préparer au grand depart. Dans la "micheline" qui m'emmenait, je fis deja mon deuil d'eux, et me dis que depuis plus de deux ans la vie dans ce pays devenait si rude, si arbitraire et morne, que toute bonne surprise tenait du miracle.
Ils devaient embarquer la semaine derniere, qui pour Marseille, qui pour l'Italie.

Et voila que, miracle, Messina, Sebag et Chanu etaient encore la.
"Problemes administratifs me dit Sebag avec son acidite habituelle. Ils veulent tout garder pour eux et que nous quittions ce pays, comme dit ma mere, 'une main devant, une main derriere'. "

"Mes parents ont decide de repousser leur depart, ajouta Messina. Tu sais que nous avons achete un petit domaine a Assise, et maintenant qu'il est a nous, mon pere a decide d'attendre, afin de vendre notre ferme à meilleur prix. Je lui ai dit que je me tirerai à la fin du mois, car ici on ne respire plus ! Bien sur il y a encore Sebag et Chanu, et le Lion d'Or, mais ce n'est plus pareil, toutes les filles se sont tirees ! Avec qui allons-nous "frayer", comme dit si joliment Chanu pour évoquer la "chose" ?

Chanu, lui, comme a son habitude, n'intervenait dans la discussion qu'en temps d'urgence. Lorsque nous declamions des "vérites" qui l'hérissaient.

Je le reveillai a dessein de son silence : "Que veux-tu, répondis-je a Sebag, ils se refusent a continuer a se faire spolier. Ils exigent que des gros benefices que ton pere a faits, il en reste une part en Tunisie pour nourrir les ouvriers qui ont perdu leur boulot avec ce depart massif des Europeens !

"De nouveau tes conneries de communiste, bondit Chanu ! Tu ne changeras donc jamais ? Meme a la veille de ton depart tu debites encore ces betises !

En France tu vas te faire taper sur les doigts, mon pauvre Sfez !"
Nous partîmes tous d'un grand rire. Cela ne ratait jamais.

Chanu nous expliqua de son ton docte, que dans les pays democratiques on appelle cela du vol, et que si Mendes France avait imagine le dixieme du mal qu'il nous faisait pour voir son nom inscrit dans le grand Livre de l'Histoire du de-colonialisme, il y aurait reflechi a deux fois, mais que dans son ignorance des choses, il avait agi comme il avait agi en Indochine.

"Or, ajouta-t-il, en Tunisie il n'y a pas eu de Dien Bien Phu et il n'y en aurait jamais eu" !

Malgre les inexactitudes qui encombraient son discours, nous aimions l'ecouter.

La plupart de ses propos nous reconfortaient, calmaient un peu nos doutes et nos angoisses. Avec lui, tout était clair et certain.
Messina disait que Chanu employait la methode chere a Mussolini : entre ce qui est et ce qui devrait etre, il n'y avait que le choix de la decision juste. Rien d'autre. Toutes les structures economiques, sociologiques, demographiques, n'etaient pour Chanu que bavardages de materialistes marxistes qui ne comprenaient rien a la force de l'Esprit. En deux mots Schopenhauer et la Volonte de Puissance.

Chanu s'appuyait sur le livre d'Henri Pirenne "Mahomet et Charlemagne", qu'il commentait a sa manière pour soutenir sa these. La lutte pour l'hegemonie dans le monde, comme dans le passe, disait-il, se deroule entre les adeptes de Mahomet et ceux de Charlemagne.

"Ce que l'Occident avait conquis par decision juste, par la force de l'Esprit, pour que se developpe la Civilisation dans le monde, repetait-il, le Pan Arabisme se l'annexe par fanatisme et obscurantisme. Si l'elite des peuples civilises n'est plus capable d'entraîner les masses apres elle, si elle renonce au rôle que l'Esprit exige d'elle, la chose est fichue !"

Hegel n'aurait pas dit mieux.

Entre le reel et le desirable, point de place chez Chanu a l'erreur et a l'illusion.

"L'analyse juste et le juste choix. Voila la clef de l'evolution de l'Esprit. Vous savez bien qu'en politique, tout depend de la force de l'Esprit, insista Chanu. Or, Mendes France a foire dans ses analyses, parce que sa vue etait voilee par de fausses conceptions et par l'utilisation de concepts errones. Aussi il a fait les mauvais choix.

Il les a faits parce qu'il manquait de foi dans le role civilisateur de la France dans le monde, et dans ses moyens de l'assumer. Meme Bourguiba croyait en la France, plus qu'il y croyait lui-même ! Mendes a brade la Tunisie, il l'a pratiquement donnee a Bourguiba sans rien recevoir en retour, et a abandonne a leur sort les non indigenes. C'est du jamais vu en politique !"

C'est vrai que Bourguiba avait plus d'une fois clame sa confiance dans la grandeur de la France et dans son respect des droits des peuples. Il acceptait le passage a l'Independance "en douceur", par etapes convenues entre les deux equipes politiques representatives de la volonte de leur peuple respectif, bannissant l'utilisation de la force pour regler les contentieux.

Deja en fevrier 1937, un peu plus de vingt ans avant notre depart, lors de la venue de Vienot a Tunis, Bourguiba avait souligne que la divergence entre la vue des deux delegations ne traitait que d'un but lointain : "Le Protectorat, par son regime juridique, insista-t-il, est un regime de transition qui doit prendre fin avec les pretextes qui l'ont fait naitre et sont l'aboutissement normal et ineluctable de l'emancipation des peuples". Mais les delegations francaises qui se succedaient et se suivaient dans leur echec depuis dix ans, jouaient a " tout ou rien", ce qui conduisit a la violence et a la decision de Mendes France d'accepter, craignant le pire, le "rien".

Aussi, et la Chanu avait raison, le proces qu'il intentait au gouvernement de Mendes France avait sur quoi s'appuyer.

"Pendant ces vingt ans, reprit Chanu, rien n'a ete fait afin que lorsque l'emancipation ait lieu, les droits des Francais et des autres Europeens ou des communautes qui, comme la communaute juive, ne se reconnaissaient pas en tant qu'"indigenes", puissent voir leurs droits assures et leurs interets respectes. Rien n'a ete fait afin que ceux qui le desirent puissent continuer a vivre en Tunisie dans le calme et dans l'honneur. C'est vrai que precipitamment, vers la fin du Protectorat, des protocoles d'accord en ce sens furent signes entre les delegations, protocoles qui furent bafoues de suite par manque de courage de la part du Gouvernement de la France de reagir 'manu militari'.

Sur ce point, Sebag a completement raison : on a dépouille son pere des fruits de son travail.




Et quant a moi, je n'accuse pas les Tunisiens.

Eux, ils cherchaient a atteindre leur but, qui etait la pleine Independance

C'est le Gouvernement français que j'accuse.

C'est par lui que nous avons ete trompes".

(Attendez la suite)
Re: SALLE CAMUS *****EN DIRECT CHEZ CAMUS *****.
27 mai 2008, 06:46
"Non, pas adieu mais au revoir, me repondit-il. Te souviens-tu de notre prof de francais, Monsieur Charles, qui disait : 'Ne dites jamais, fontaine, je ne boirai pas de ton eau' ? Tu verras, tu reviendras. Les choses changeront et tu y retrouveras ton coin."






LE DERNIER CAFE A TUNIS

Une nouvelle de Reuven (Roger) Cohen


Suite et fin


C'est vrai, me dis-je, qu'entre la signature des Conventions entre la France et la Tunisie, le 3 juin 1955 à Paris, sur l'Autonomie interne de la Tunisie, ou, afin de calmer la crainte des Europeens de Tunisie, il était souligne que "Etant entendu que dans les domaines de la defense et des affaires etrangeres, l'etat de choses actuel demeurera…", et le Protocole d'accord sur l'Independance, signe le 20 mars 1956, ou il était declare que "La France reconnait solennellement l'Independance de la Tunisie" et qu'il en decoule : "L'exercice de la Tunisie de ses responsabilites en matiere d'affaires exterieures, de securite et de defense, ainsi que la constitution d'une armee nationale tunisienne", moins d'un an s'etait ecoule !

Le changement etait trop rapide pour qu'il ne revele un manque de loyaute de la part du Gouvernement francais a l'egard de ses compatriotes de Tunisie, qui s'attendaient a ce que l'Autonomie dure assez longtemps afin que soient regles, comme il se doit, la question des biens des particuliers.

A part les biens des colons français, sur lesquels s'étaient engages des pourparlers afin d'arriver (sur la pression de Colonna qui les representait et qui menacait le Gouvernement francais dermeutes violentes) a un accord dument signe avec les autorites tunisiennes, le Gouvernement francais ne s'etait contente, quant aux biens des particuliers, qu'a de vagues promesses. Mais tres vite, meme cet accord qui stipulait le rachat par le Gouvernement tunisien des terres appartenant aux colons, selon le protocole franco-tunisien du 8 mai 1957, ne fut pas respecte.

C'est ce que Chanu entendait, quand il accusait le Gouvernement francais de faiblesse d'esprit pour n'avoir pas reagi "manu militari". L'affaire de Sakiet Sidi Youssef, le 8 mai 1958, fut brandie par le Gouvernement Tunisien comme la raison a tous ces manquements et a son rejet des protocoles signés. Une loi du 7 mai 1959, permit au Secretaire d'Etat a l'Agriculture de confisquer les terres des colons, sous pretexte qu'elles n'etaient pas exploitees, depossedant ainsi 101 proprietaires francais de pres de 45.000 hectares.

"Toute ces histoires d'indemnites que le Gouvernement francais nous propose, est une grosse blague et une honteuse tromperie, s'ecria Chanu emporte par la verve de son discours et pique soudain par notre silence qui lui parut condescendant".

Mais moi, j'étais deja au-dela de toute cette polemique. J'etais ailleurs.

Je me voyais deja sur le bateau, je me voyais a Paris ou mon oncle, ma tante et mes cousins nous attendaient, je me voyais a l'Universite, avec d'autres camarades et d'autres etudiantes.

Et je sirotais mon dernier cafe a Tunis, les yeux dans le vague, tout au plaisir de mon palais.

Messina me secoua "Mais reponds donc, on te demande pour quand est fixe votre depart ?"

"Mais pour demain matin, lui repondis-je."

"Ah ! Je voudrais etre a ta place, me dit Sébag, cette attente me met les nerfs a bout ! "

"Moi aussi, ajouta Messina, maintenant que tout est fini, que tout est perdu, a quoi cela rime, dis-moi Chanu, de s'empoisonner les sangs avec ces regrets et ces accusations ? On s'est joue de nous, voila tout !"
"Mais pour l'Histoire, s'ecria Chanu ! Et pour la morale de cette fable immonde ! Croyez-vous que les Francais d'Algérie vont se laisser faire comme nous ?

Detrompez-vous mes amis !"

Et il partit de nouveau sur des declarations historiosophiques dont il se delectait.

"Bon ce n'est pas tout, leur dis-je, apres avoir savoure la derniere goute de mon cafe,

mais il faut que j'aille donner un coup de main a mes parents qui m'attendent a l'hotel.

Nous nous levames pour une dernière etreinte amicale.
Et, sans un mot, nous separames.

Je remontais l'Avenue Jules Ferry en direction de la Cathedrale. Dans un des immeubles se trouvait le restaurant universitaire, et tout a cote les bureaux de l'Association des Etudiants Tunisiens. J'avais promis a mon camarade Nour, qui y remplissait un des roles de responsable de section, de passer le saluer avant mon depart.

Nous etions de vieux amis, depuis Le lycee francais a Sousse. Malgre les evenements et nos jugements contraires sur ce qui arrivait, malgre son patriotisme souligne et sans appel, il comprenait " ce grand malheur qui frappait les Juifs de Tunisie contraints d'abandonner leur patrie ancestrale et de s'exiler ".

Il pensait que la chose n'etait pas irreparable, et que les "Decrets malheureux que le Gouvernement Tunisien, et Bourguiba en tete, s'etaient vus obliges de prendre afin de contenter l'opposition et les Youssefistes, ces partisans de Ben Youssef gagnes au pan arabisme et a Nasser, il pensait qu'avec le temps, ces decrets seraient modifies en faveur des Juifs, qui etaient indispensables a la bonne marche de la societe tunisienne et dont la presence en Tunisie nous aideraita a nous preserver du pan islamisme".

Il me vit venir et avanca vers moi pour me serrer la main. Notre amitie avait toujours ete sincere et ni notre religion, ni nos conceptions politiques ne l'avaient eraflee.

"Je suis venu te dire adieu, nous embarquons demain pour Marseille".

"Non, pas adieu mais au revoir, me repondit-il. Te souviens-tu de notre prof de francais, Monsieur Charles, qui disait : 'Ne dites jamais, fontaine, je ne boirai pas de ton eau' ? Tu verras, tu reviendras. Les choses changeront et tu y retrouveras ton coin."

Nour avait quitte le Lycee francais de Sousse avant le bac pour se consacrer a l'activite politique. A Tunis, il s'etait inscrit au Lycee Sadiki pour bien marquer la difference, et par solidarite avec Bourguiba qui y avait fait ses etudes secondaires. C'etait un fan de Bourguiba. Il s'efforcait d'imiter son style, "sa classe, disait-il, et son savoir faire avec les masses".

Nour et moi avions joue ensemble dans l'equipe de foot du Lycre. A la fin de chaque entrainement nous allions boire une grenadine a la buvette du stade et menions de longues conversations, toujours sur les Juifs et les Arabes. Et nous n'avions pas encore 17 ans. Autour de nous, grondaient la colere et la haine, et nous, nous parlions calmement, sans passion, de nos communautes, de nos croyances, de notre style de vie, de nos coutumes et des motivations qui nous agitaient.
"Vois-tu, me disait Nour, toi, dans l'equipe, tu exiges le poste d'avant centre. Et pourquoi ? Tu me l'as dit, pour marquer des buts. Chez vous, les Juifs, il vous faut vous distinguer, etre les meilleurs. C'est a la maison, dans la famille, qu'on vous y encourage. Vous refusez de vous fondre dans la masse. Chez nous par contre, point de tout cela. Au contraire, il nous est demande de rester dans le rang. Et le fait de jouer au centre du terrain ou à l'arrière ne me derange pas du tout !"

Il fit signe au chaouch qui etait a la porte.

"Nous allons boire ensemble ton dernier cafe a Tunis, me dit-il".

"Ah ! La classe, le taquinai-je, monsieur ne se derange pas, il se fait servir ! Mais j'ai déjà bu mon dernier cafe a Tunis, avec une bande de copains de l'Institut, au Lion d'or, il n'y a pas une demie heure !"
"Tu ne vas pas comparer le cafe de la machine italienne avec le cafe tunisien prepare dans sa petite bouilloire, non ? Et puis voil encore une preuve qu'on ne doit jamais dire 'le dernier' ! N'oublie jamais Monsieur Charles."

Nour croyait que les processus pouvaient être reversibles. Une philosophie orientale qui s'inspirait des mouvements cycliques de la lune et des etoiles et de leur influence sur les conduites humaines. Moi, je croyais en la philosophie juive qui soutenait que l'Histoire est lineaire et qu'elle avance vers un but que le Tout Puissant a fixe d'avance, malgre "le libre arbitre".

"Dis-moi Nour lui dis-je, crois-tu vraiment, qu'il sera possible de revenir au status quo ante, par exemple sur la loi du 27 septembre 1957, qui rendit le Code du Statut personnel applicable aux Tunisiens israelites et qui stipula la suppression du Tribunal rabbinique ? Et comment revenir, a ton avis, sur le decret qui effaca les traces du cimetièere israelite du centre ville de la capitale pour en faire un parc (6.5 hectares qui etaient consideres depuis toujours comme la propriete de la communaute juive) ? Comment revenir sur ce decret qui, sans appel, fit transferer les ossements, pas tous, mais ceux des rabbins dont la population juive honorait la memoire, au cimetiere juif du Borgel, hors de Tunis ?

Et je ne dis rien de cette politique d'integration forcee des Juifs a la nation tunisienne, par la loi du 11 juillet 1958, qui mit sur place une reforme des institutions communautaires, qui jusqu'alors fonctionnaient a la satisfaction des Juifs et des autorites du Protectorat, et ce depuis la fin du 19ème siecle ?
Tu vois bien que la chose est impossible, lui dis-je, tout en sirotant mon second dernier café à Tunis. Il faut convenir que les adages de Monsieur Charles n'ont pas toujours raison. Tu sais bien que c'est le propre des adages intelligents !"



Il hocha la tete en souriant tristement, et me demanda : "Comment est le cafe ?"
Re: SALLE CAMUS *****EN DIRECT CHEZ CAMUS *****.
27 juillet 2008, 08:22
Re: SALLE CAMUS *****EN DIRECT CHEZ CAMUS *****.
27 juillet 2008, 11:44
Rafy,Yaïr, Néta et Noêmie. Une nouvelle de Reuven (Roger) Cohen


Il était un peu plus de quatorze heures, l’heure où, le vendredi après midi, les Tel-Avivois en couples ou en groupes emplissent les cafés et les restaurants. Lui était seul.
Il se rendit chez Néta.

Il dut attendre une bonne minute avant qu’elle ne répondît et qu’elle n’entrouvrit sa porte. Elle portait un léger peignoir qu’elle avait qu’elle avait du mal à tenir fermé, cherchant en vain d’y nouer la ceinture. Elle lui sourit, le remercia des fleurs qu’elle avait reçues une heure plus tôt, lui dit qu’elles étaient magnifiques et que son geste l’avait émue. Et toujours dans l’entrebâillement de sa porte, d’un air désolé, elle lui dit qu’elle n’était pas seule. Il reçut le coup sans broncher. La série continuait dans sa lancée.

Il la fixa méchamment dans les yeux, comme si elle était coupable de ses échecs précédents, et ne prononça, exaspéré, qu’un seul mot, « Dommage ! »

Il dévala les marches des étages deux à deux, la laissant, espérait-il, dans sa stupéfaction, si ce n’est dans sa peine, goûtant par-là une revanche stupide.

On supporte difficilement sa souffrance si elle n’est partagée. Que quelqu’un d’autre porte le même fardeau, est souvent un véritable soulagement ; le lui imposer devient une délectation. Sade aurait-il pu imaginer toutes ces tortures sexuelles si, enfermé à La Bastille, il n’avait souffert de solitude et d’amour frustré ?


D’une humeur massacrante, ne tenant plus en place, il roula vers le sud, vers la chaleur et le soleil, tandis qu’il commençait à pluvioter sur Tel-Aviv.

Son aîné de cinq ans, Yaïr, habitait dans une des colonisations du Mouvement ‘Goush Emounim’, ce mouvement composé de laïcs et de religieux, qui voyait la Cisjordanie comme partie intégrante du ‘Grand Israël’. On avait accusé ses membres d’être eux aussi liés idéologiquement à ceux qui avaient armé la main de l’assassin du Premier Ministre. Il s’en défendait avec fermeté ; il portait la ‘Kippa Srouga’, qui était le signe des modérés.

Il vivait avec sa femme et ses quatre enfants non loin de Hebron, au-delà de ce que l’on nommait encore ‘La ligne Verte’. « Pas celle des Vosges qui, à l’époque où Bismarck avait "volé" à la France l'Alsace et La Lorraine, était, elle, Bleue, plaisantait-il souvent, mais celle que l’O.N.U. avait fixé arbitrairement comme frontière, entre Israël et la Jordanie. »

Rafy se pressa d’y arriver avant la tombée de la nuit, surtout avant l’entrée du shabbat, afin de ne pas froisser les colons. Il s’arrêta à Rishon, acquis quelques disques pour ses neveux et un puzzle pour la dernière-née, qui devait avoir quatre ans, acheta des fleurs pour Noêmie, sa belle sœur qui était une ‘guéra’, une convertie au Judaïsme. ‘Par amour, la taquinait-il." "Par amour et par foi, le corrigeait-elle". Depuis sa conversion elle était plus stricte sur les préceptes de la Thora et des pratiques que son mari, répondant en cela au nom, qu’elle avait choisi depuis. Ils s'étaient rencontrés à l'institut Weizman où Yaïr, brillant mathématicien, avait reçu une bourse pour parachever ses recherches. Elle avait elle aussi reçu une bourse dans le cadre du Jumelage des Instituts Pasteur Weizman, et comptait parmi les jeunes chercheurs français qui avaient choisi de passer deux ans à Weizman. Elle s'en félicitait. Les conditions y étaient excellentes et l'atmosphère conviviale la changeait des manières guindées et de l'écart qui existait entre les jeunes chercheurs et les pontes de Pasteur.

Yaïr parlait français, ils sympathisèrent, se rapprochèrent l'un de l'autre, parlèrent philosophie et culture, quand Yaïr fut soudain mobilisé lors de la guerre du Liban. Elle fut sans nouvelles de lui pendant plus de deux semaines, tandis que la liste des victimes s'allongeait de jour en jour. Elle ne dormait plus, ne mangeait plus, ne parvenait plus à se concentrer dans sa recherche. Elle comprit qu'elle l'aimait, et se mit à l'étude des "Révélations" du Judaïsme, "Pour honorer sa mémoire, dit elle à ses collègues". Yaïr réapparut au bout d'un mois, blessé, transformé par l'épreuve qu'il venait de subir, défait par la mort de ses compagnons. Il lui demanda de l'épouser de suite; elle refusa avant que sa conversion ne fût achevée.

Rafy l'aima de suite comme une sœur; il se félicitait de leur bonheur et leur rendait souvent visite, la taquinant sur ses idées et ses convictions politiques qu'elle s'appliquait à transmettre à ses enfants. Sa conversion fit qu'elle changea d'activité, qu'elle abandonna ses recherches et s'adonna toute entière à l'éducation de la jeune génération, tandis que Yaïr se rendait régulièrement à l'Institut pour continuer ses recherches et enseigner.

Il ralentit. Les routes devenaient plus étroites et tortueuses. Il s'approchait de ce havre de paix qu'était le point de colonisation où vivaient son frère et sa famille.
Les conditions matérielles y étaient rudes, le niveau de vie encore précaire, mais la qualité de vie était sans mesure supérieure à celle de Tel Aviv.

Il se dit que cette question de qualité de vie n'était pas seulement due à cet air pur qu'on respirait sur ces collines, à ce calme pastoral qu' y régnait, à ces paysages bibliques qui le ramenait à la Nature, cette Mère Nature dont rêvaient les écologistes, mais aux relations humaines qu'avaient sues "aménager" les habitants de cette colonie. Elles étaient "gérées" par les normes que le judaïsme pratique animé par la Thora y avait instituées.

Il pensait à cet amour respectueux qui liait le couple de Yaïr et de Noêmie. Il pensait à cette relation d'affection respectueuse, et dans un certain sens, soumise, que ses neveux portaient à leurs parents. Tout cela répondait aux normes et aux valeurs qu'enseignait la Thora et que pratiquait la "maisonnée" de son frère. Il en conclut que tout y était prévu d'avance et que tout y répondait à un programme de conduite sans surprise.

Il en voulut aux écologistes pour qui Gaia à l'état pur, stérilisée, était le but et la finalité de leurs aspirations, alors que Mère Nature est une entité dont la cruauté n'est plus à décrire.

Il leur en voulait de poursuivre un but où la qualité des relations humaines n'apparaissait pas. Car celles-ci impliquaient le respect de la personne humaine, de ses besoins, d'une certaine mesure d'égalité matérielle entre les hommes, chose que repoussaient les écologistes comme les obligeant à être moins égoïstes, moins individualistes. Chose qui entre toutes ils exécraient.

Il se gara sur l'aire du parking fleuri qui se trouvait éloigné de la maison de son frère, à coté de sa voiture.
Ils lui firent fête. Il les aimait et aimait le calme avec lequel ils défendaient leurs idées face aux siennes. Le résultat se résumait toujours au fait que les deux parties se cambraient sur leurs positions, qu’ils parvenaient à les approfondir, aiguisant tel argument ou tel autre. Les parents demandaient à leurs deux grands garçons de prendre part au débat, conscients qu’il représentait le meilleur atelier et séminaire idéologique auxquels ils auraient pu participer. Comme chaque fois, le grand garçon lui céda sa chambre dont la fenêtre donnait sur le paysage biblique qui s’étendait à perte de vue au-delà de la colonie.

Il comprenait que tous ces activistes de Goush Emounim, comme les ‘Cananéens’ des années trente et cinquante, où brillaient le poète Yonathan Ratosh et l’écrivain Amos Keinan, avaient cristallisé leur vision du monde autour de ces paysages et sur les pages de la Bible.


Tôt le matin il s’éveilla ; la maisonnée se préparait à gagner la synagogue pour l’office du matin ; son frère lui proposa en vain, pour la nième fois, de les accompagner ; il préféra, comme d’habitude, après un café qui fut servi d’un grand thermos, fureter dans la bibliothèque.

Il ouvrit un livre sur le philosophe Rav Saadya Gaon, qui soutenait, contre tout mysticisme, que Dieu était tenu de respecter, comme l’homme, les valeurs absolues de la Morale. Il marchait donc dans les pas d’Abraham, lorsque celui-ci pour sauver Sodome, s’était adressé à Dieu en ces termes : « Loin de toi d’agir ainsi, de frapper l’innocent avec le coupable, les traitant tous deux de même façon ! Loin de toi ! Celui qui juge toute la terre serait-il un juge inique ? »
Le commentateur s’appuyait sur la polémique qui opposa, à deux siècles de distance, Descartes et Shelling.

Descartes soutenait, qu’étant donné que Dieu avait créé les lois des mathématiques, il pouvait donc les défaire, les changer, et faire que deux et deux fassent trois et non quatre. Cette idée laissait le passage libre, à l’insu de Descartes, aux faux messies qui prétendraient avoir reçu la parole de Dieu pour enfreindre les lois de la Morale.

Schelling, deux siècles plus tard, à l’époque des Lumières, s’éleva contre cette pensée de Descartes : ‘Comment peut-on penser que Dieu, écrit Schelling, s’il eut voulu, aurait pu ordonner à l’homme d’exécuter des lois contraires aux dix commandements ? (…) Aurait-il pu ordonner à l’homme de le haïr et de haïr son prochain ? » "Aurait-il pu, ajouta Rafy, ordonner à l’homme de violer le ‘Tu ne tueras point’. Quel Dieu, invoquaient donc ces rabbins, quand ils prétendaient que l’assassinat du Premier Ministre était permis, car celui-ci, selon leur vision des choses, avait péché ?"


Il s'approchait de la mégalopolis.
Les bouchons commençaient à être plus denses, la circulation plus lente.

Il se mit à comparer les sentiments qui l'animaient la veille, dans les derniers kilomètres qui le conduisaient vers la colonie égarée de son frère et ceux qui le ramenaient à la réalité. Il avait vécu chez son frère une journée de paix et de sérénité. Calme et reposante, mais trop passive à son goût. De ces journées qui, se disait-il, ramollissent l'âme humaine, détruisent le tonus dont l'homme a besoin pour continuer à créer la "culture humaine". Et non seulement à cause du Shabbat.

Cette vie paisible où tout était prévu à l'avance, ou tout était géré par les normes de la pratique du judaïsme qui imposaient à l'individu un style de journée et un rythme de semaine bien réglés, lui semblait coercitif et étranger à son tempérament. Il se dit qu'en fin de compte il préférait cette liberté de modeler sa vie à sa manière, dont il jouissait, plutôt que la sérénité de Yaïr qui s'appuyait sur un modèle prévu d'avance.

Il préférait cette émancipation dont jouissait Néta et ses compagnes, à la routine qu'était devenue la vie de Noêmie. Il savait que la souffrance et la douleur accompagnaient cette liberté, que les imprévus y étaient nombreux et souvent insurmontables. Que ses amours étaient incertaines et exigeaient une conquête de chaque jour, comme la mer "Chaque jour renouvelée". Et cependant, il préférait cet amour et cette liberté, où rien n'est assuré, plutôt que ces répétitions gestuelles que pratiquait son frère. Il pensa à Rousseau qui disait que l'homme ne peut pas passer sa vie au berceau. Malgré son envie. Il revint à Nietzsche qui soutenait que le bonheur n'est pas une valeur pour l'homme qui désire modeler sa vie et "inventer" la Culture. Il optait pour lui.

Il arriva tard dans la soirée à Tel-Aviv, sous la pluie. Ce shabbat passé au sein de sa famille, entre la longue promenade au soleil qu’ils avaient fait en fin de matinée et la longue sieste silencieuse, après le déjeuner où trônait le ‘khamin’, ce fameux plat traditionnel qui mijotait toute la nuit sur la plaque électrique spéciale du shabbat, l’avait remis d’aplomb. Il parvint à replacer les choses dans leurs proportions, et comme Valéry, il se dit qu’il avait donné plus d’importance qu’ils ne méritaient aux évènements qui l’avaient hersé. Valéry soutenait que ‘les évènements étaient comme l’écume des choses ; ce qui l’intéressait c’était la mer !’ Il revint donc vers l’essence des choses, vers la mer, et minimisa ce qui lui était arrivé entre ce jeudi et ce vendredi, pour ne s’accrocher qu’à ce samedi excellent et serein qu’il venait de passer. C'est le but du repos hebdomadaire, se dit-il. Presque toutes les cultures le pratiquent. Et la culture juive aussi. Dorénavant, se dit-il, je m'évaderai toutes les fins de semaines pour conclure la semaine, remettre les choses au point et préparer la nouvelle semaine. Comme le font Yaïr et Noêmie. Et de préférence avec cette "traîtresse" de Néta. Et oui, se dit-il, en se souvenant de la fameuse 'Pensée' de Pascal "Le cœur a ses raisons que la raison ne comprend pas".

Son répondeur n’avait pas chômé pendant cette fin de semaine. En plus d’un de ses collègues proches qui l’invitait à une réception chez lui pour la sortie de son nouveau livre, sa jeune sœur lui avait téléphoné de Miami, où son mari l’avait entraînée, Néta, Taly et Myriam lui avaient laissé un message. ‘Mes trois Grâces se dit-il en souriant ! Elles attendront jusqu’à demain ! Qu’elles mijotent dans leur jus en attendant ! De toute façon elles n’oseront pas appeler de nouveau jusqu’alors.’
Il se trompait. Néta rappela.

Il était près de vingt-deux heures. Elle lui demanda de l’excuser pour la veille. « Je n’y croyais plus, lui dit-elle, et j’avais organisé mon Week-end en conséquence avec un ami. J’aurai tant voulu que ce soit différent ! J’étais d’humeur morose toute cette fin de semaine. J’ai lu plus que je n’ai ri. » De nouveau cette satisfaction, en sachant qu’elle avait, elle aussi, souffert, le remplit d’aise ! Il la rejeta rapidement avec un certain dégoût, et admira le sens pratique de Néta, « Ainsi sont-elles toutes faites, se dit-il ; et ainsi agissent-elles toutes. 'Cosi fan tutte !'. Leur sens de survie est plus fort que le nôtre, les mâles. Nous sombrons dans la douleur et ne trouvons rien de mieux que d’y entraîner les autres, comme dans la guerre, alors qu’elles, elles trouvent toujours une solution pratique pour s’en sortir ! » Il ne l’écoutait plus et lui dit : « Je t’attends. » Elle fut interloquée et lui demanda de répéter ce qu’il avait dit. Il lui dit sans ambages : "J'ai besoin d’amour".

Elle arriva emmitouflée dans son manteau, les cheveux ébouriffés par la brise, trempée par la pluie qui ne cessait de tomber sur Tel-Aviv. « Ces éclairs et ce tonnerre sont effrayants, lui dit-elle. » Il lui servit un Whisky, un double pour lui, et lui sécha les cheveux dans une serviette, avec un brin de tendresse, comme si elle était une toute petite fille qui jouait à la Pompadour. Il avait vu à Barcelone, lors de son dernier voyage à un colloque sur la ‘kabbale ancienne’, qui s’était tenu à Gérone, une revue musicale, La ‘Camicia de la Pompadour’ ; l’actrice principale lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Elle se laissa faire, puis se blottit contre lui, et en sécurité, se mit à sangloter comme si elle déversait un gros chagrin. Il en fut ému, et regretta sa conduite de la veille ; il le lui dit en le chuchotant à son oreille, ce qui ne fit que redoubler ses sanglots.
Il s’en voulut sincèrement et fut jaloux de la candeur de sa réaction.



Re: SALLE CAMUS *****EN DIRECT CHEZ CAMUS *****.
28 juillet 2008, 07:14
Faites vos déclarations d'amour discrètement !



1. Et bien les femmes, comme nous ne pouvons pas enfanter nous-mêmes, nous avons besoin d’elles mais nous ne pourrons jamais leur faire admettre une faute, une erreur ou une culpabilité. Elles sont capables de nous donner l’impression d’être fautifs, d’un coup d’œil lancé de manière bien calculée. On n’apprend pas ça a l’école, c’est une valeur féminine, plus même, c’est presque de la poésie.

Je me lèves tôt, et tout de suite après la syna, je fais une petite trotte a pieds et je sors Bouli le chien qui aime bien la marche de bon matin. Tous les arbres qu’il rencontre sont arrosés gracieusement, il flaire les buissons, renifle et tourne autour du pot avant de s’asseoir dessus.

Arrivé à la hauteur de la maison, j’aperçois Léon surnommé Caméléon, pour la bonne raison qu’il change chaque jour de couleur : s’il porte un costume noir, il est de noir habillée, depuis les chaussures, les socquettes, la cravate et jusqu’au chapeau melon. S’il choisit le kaki, et bien ses bottines, ses chaussettes, son short, sa chemise et son casque colonial sont de couleur kaki.

J’essaie de l’éviter, sans succès, car le chien Bouli choisit le sens inverse que moi. Ca y est, la journée va y passer, j’ai justement des affaires à régler avec mon assureur et ma banque. Que faire ? Quand Léon Caméléon vous aborde, c’est pour le petit déjeuner, le café, l’assida aux harengs a midi, le thé a la menthe a deux heures et le deuxième café a 16 heures servi avec des petits fours. Bon ! Faisons bon cœur devant ce perd de temps et écoutons le...

Le petit déjeuner terminé, le café espresso que Léon a trouvé bon aussi, notre ami aujourd’hui vêtu de vert, prend la parole pour un long monologue.

— Vous savez les femmes sont incompréhensibles ! (Un long silence suit afin de susciter notre curiosité.)

1. Et bien les femmes, comme nous ne pouvons pas enfanter nous-mêmes, nous avons besoin d’elles mais nous ne pourrons jamais leur faire admettre une faute, une erreur ou une culpabilité. Elles sont capables de nous donner l’impression d’être fautifs, d’un coup d’œil lancé de manière bien calculée. On n’apprend pas ça a l’école, c’est une valeur féminine, plus même, c’est presque de la poésie.

2. Une collègue, continue Léon, a reçu de son mari un S.M.S. dans lequel il écrit : "Ma Lisou, cette nuit je te couvrirai de bisous." La femme enchantée de cette marque d’amour de la part de son mari, a souri et a trouvée la vie belle. Son amie a qui elle a montré ce message, est devenue morose, voire nerveuse. Elle appela son conjoint, lui fit des "hum !", émit grimaces en silence, fit des "ah !", des nouveaux "hum !", exhala des grognements, tandis que son mari ne comprenant rien finit par demander. "Mais Bon Sang, qu’est ce que je t’ai fait ? Rien ? Alors quoi ? N’ai-je pas sorti la poubelle, promené le caniche, lavé la vaisselle et préparé le petit déjeuner avec le café au lait ?" Aucune réponse ne fut fournie. Il n’a fait aucune faute, et ce qu’il a fait, était bien fait. Son seul malheur, c’est qu’un autre illuminé par une petite lumière a fait une chose très, très, belle. Bellissima. C’est tout.

Alors écoutez moi bien, mes petits cons, si vous voulez prouver votre amour a votre épouse, faites le discrètement. Si vous voulez lui faire une déclaration, lui envoyer un bouquet de fleurs hors des jours d’anniversaire ou de fêtes, avertissez les autres maris des collègues de votre femme ! Sinon une étincelle allumée dans votre foyer, éteindra des dizaines d’autres ailleurs.

3. Bon ! dit Léon, comme j’ai entendu la conversation téléphonique de ma voisine de table, sans le vouloir, je lui ai dit qu’en somme, les qualités de son époux ne font pas de doutes, ce qu’elle lui reproche c’est qu’un autre a eu une soudaine illumination que lui n’a pas eue ? Elle reconnaît.

4. je suis obligé de vous dire, vous les gens mariés et les autres qui le seront bientôt, ou plus tard : Des fois dans la vie, on fait des fautes, d’autres fois nous sommes coupables de n’avoir fait aucune bonne action, mais il existe une nouveau pan au problème de la vie conjugale : on peut être fautifs pour la bonne raison qu’un autre a été inspiré d’une excellente idée, d’envoyer un message S.M.S. a sa femme pour lui dire : "Claire, ton sourire m’éclaire." Alors pas d’initiatives sans avertir les copains, sinon gare a nous, car nous aurons droit à ce regard d’acier qui nous bouleversera le cœur.

5. Une nuit que je me suis attardée au travail, nous confie Léon, en entrant a la maison et avant de dormir, je suis entré aux toilettes pour faire pipi. En plein milieu de mon urine action, j’entends "Chuuuuuttt". Je crois rêver, mais je perçois un nouveau "Chuuuuuttt" prolongé et plus sonore que le précédent.

Je me mets au lit et demande a ma femme s’il n’est plus permis de faire ce petit besoin si légitime, elle me refait "chut" sans ouvrir les yeux pour autant. Je répète ma question tout en m’excusant de la déranger, car je sais qu’une femme doit se reposer, mais elle me refait son "chut" bien connu.

N’en pouvant plus j’éclate de rire, d’un rire de bon cœur, d’un rire des bons jours et je la voie sourire, les yeux fermés. J’ai compris qu’elle m’a pardonné, chose rare chez une femme. Elle a décidé que ne suis coupable d’aucun péché. Je suis si heureux que mon épouse m’a innocenté de mon pipi strident, j’ai sûrement une chance merveilleuse.

6. Je vous dirai seulement que depuis ce jour du grand pardon conjugal, j’ai pris pour habitude de faire pipi à la station d’essence ou je m’arrête, deux km avant d’arriver chez moi.

7. Freddy le sournois demande :
— Dis moi Léon, tu stoppes faire le plein a ta bicyclette ?
— Non, je ne fais pas le plein, je fais le vide.

Re: SALLE CAMUS *****EN DIRECT CHEZ CAMUS *****.
07 février 2009, 13:52
LES MEMOIRES D’UN GOULETTOIS
L’ENFANT DE LA GOULETTE
PAR ALBERT SIMEONI (BEBERT)



Dans la série des aventures…..


Entendu lors d’une émission télé…
‘J'aime la France, ce pays de la liberté de la truie…’
Quant à autrui…il n’a qu’à s’entendre avec l’autre ouie…


‘…. LE NEPTUNIA…’

Ce café restaurant situé au coin de l’avenue de L’Estérel et du Bd Wilson, à proximité de la roue de la Fortune- un sens giratoire surnommé ainsi par la populace juive - est le lieu de rassemblement de toute une faune envahissante de belles dames au-dessus de tous soupçons.

Cette invasion matinale, qui trouve une pose entre midi et 18 heures et son apogée quand les indélicats pigeons bien repus, s’autorisent à chier vers les 19 heures sur les têtes de toute cette noble communauté de belles juives bien en chair.

Cette année surprise… ! le patron a dénoncé cette tradition estivale ‘conviviale’ qui a étonné plus d’un de nos ‘compatriotesses’ pour une raison fort simple .Nuisance. Scandale.


L’espace étriqué qui leur était résérvè de facto n’est plus. A la place, quelques bacs à fleurs sans fleurs fanées ; piètres sentinelles muets , sans âme. Ni chaise ni zamara (sifflet).
Les rendez-vous galants ..Olè..olè…finisch….and good bye John. Un règne sans partage s’est achevé dans l’indifférence générale. Et le bruit des clapotis des vagues ‘Juan- Les- Pénistes ‘qu’on n’entendait plus. Couvert par leur chahut.

Revenons quelques années lumière, en arrière, du temps où le site était pris d’assaut par des bandes d’immigrées bien structurées de Belleville qui s’en donnaient à cœur joie et surtout bien généreuses, ne lançant qu’un regard plein de dédain sur la dépense puisque pour cinq ou six cafés soit 40 frs, ils squattaient l’aire et l’air frais quatre heures durant sans gène et sans pudeur. Grosses et grasses fesses, jambes croisées en forme de boudin tortillé à la sauce couscous– et pas du bâton berger- , elles s’en donnaient à cœur joie avec leurs grosses voix tonitruantes, débordantes de vitalité.

Les ‘indétronnables’ des lieux, pourvues de délicatesse, tenaient un langage si châtié qui ne ressemblât en rien aux stances du Cid…..Encore moins à Mac Bête ni Mac Cacher puisque leur élan gutturale, ‘gosifère’ plein d’ardeur, souvent entrecoupé de blasphèmes, faisaient honneur à la communauté juive des basse classes, que je croyais disparu.

Le Zoo de Vincennes avec toutes leurs guenons , serait plus présentable. Cette galerie d’artistes , sortie tout droit d’un chaudron diabolique, car elle pouvait bronzer sans aller à la plage, et d’où l’on pouvait voir s’élevait de la vapeur en gouttes, comme un ballon d’azote, de leurs gros derrières, furent ce que furent les ‘troglo-tigresses’ mignonnes à leur ère de désespoir. Un spectacle dérangeant , affligeant, qui aurait pu attirer, non pas la foudre, mais un nombre assez conséquent d’ Helvètes en mal de mer et de vacances tant le décor cadrait avec ses rocambolesques mitoyennes de la rue Brika et consorts. Nous sommes bien en France à Juan-Yupin. Ces femmes à particule, d’un autre âge, ne s’émerveillaient qu’entres elles..

Un échantillon de dialogue haut et sur talons.

‘Yè…Mèrie… ! Ouken areft…. ! .Kent nèbyat rajli fi colis postal èl Bèrije bchouiyè féstèk fi méktoubou…Il est chiant. ’.Sic. In yaddin raddou… !’ Resic… !’
(‘Hè Marie….si je savais que c’était comme ça j’aurai envoyé mon mari à Paris en colis postal avec une poignée de pistaches dans ses poches.)

Ni plus ni moins.

Bis….
‘Yèh Gini…chnouè èl mayo hèddèèèè .. ! Yamèlt èl yar…. ! Fradèk mékchoufin…ou…’
(‘Hè Gini…qu’est ce donc cette tenue… ! Tu nous fais honte .. ! Tes entre jambes sont étalées ..et….’

Riposte de l’ingénue en dentier…

-‘ Et quoi…je ne suis pas à poil dis- donc… !’

Rebis

-Lyabt èl baréh fèl cajinou…. ! j’ai perdu 120 frs…Quédni èl chéy.. !
(‘J’ai joué au casino…. ! j’ai eu de la peine... !
-Mooooi…la vérité j’ai gagné 555 fers …… ! Jeudi… !’

-Yallah euchkoun quââdèh thaouèt… ? C’est démodé ça aujourd’hui…. ! Ma chérie.. !
(Pour qui tu veux épargner l’œil……... ?

Lili hèle son mari en short, portant deux pastèques…

-Roger… ! Roger… ! Regarde- le …il ne veut pas me parler….Roger… ! Roger….yâtik
kâtrâ….( qu’il t’arrive une apoplexie) ….sritli tarf hlalèm…. ! ‘ Tu m’as acheté un peu de pâtes.. ?’

-Emchi..nèyék…. !Enti tètnéchém ouénèh nèmchi néssrilèk.. !
-(Va te faire ni…..toi tu prends le frais et moi je vais t’acheter.. !)

Fritnè se plaint.

-Dommage…j’ai joué le 5 le 6 et le 9 …qu’est ce qui rentre ? le 7 à la place du 6 jetni aptah..( paralysie) …bijamè ketlou èl rajli …èlyab ‘Zaboura’..lyabli St Martin….c’est un cheval st Martin….Ginette…hâââ… !’
……………………..j’ai pourtant dis à mon mari va jouer ‘Zaboura’..il a joué …

Le garçon arrive.
-‘Mesdames..s’il vous plait… ! Qu’est- ce que je vous sers… ?

-’Qu’est ce qu’il a celui là…. ? Qu’est-ce tu veux… ! On a déjà consommé…. ! Itiah châddèk…( que sa chance tombe)… ! Tu crois que je vais travailler pour ton patron moiiiii…s’il n’est pas content on s’en va…. !’

Le tout dit avec une aisance à faire fuir les locataires du grand pin qui se dresse devant et au-dessus d’eux, les pigeons.

Vous savez, je commence à avoir la nostalgie, vraiment, car depuis ce départ forcé de toutes ces contemporaines médiévales, je sens comme un manque. Boire un café sans entendre ces voix vociférant c’est comme me voler un bout de spectacle et mon noir est plus amer que sucré.
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