ALBERT SIMEONI
L' Enfant de la Goulette.
Roman
Le 17/8/2003
Tous les évènements cités dans cette nouvelle sont imaginaires. Et ne peuvent se rapporter à des faits vécus ou réels.
CHAPITRE I
La cervelle éclatée.
Jean-Luc passait le plus clair de son temps, à regarder par la fenêtre. Non point qu'il fut handicapé mais avait de sérieux problèmes psychiques. Des bruits dans sa tête, qui le réveillaient souvent la nuit. Quand ça ne le prenait pas,l allait s'asseoir près de son ouverture sur le monde extérieur sa fenêtre pour jeter un regard sur le même décor, les fenêtres des vis à vis. Non point pour voler quelques images de corps de femmes nues se changeant mais pour deviner les nouveaux venus. Sans plus.
Il tenait comme une sorte de comptabilité des occupants d'immeuble mais il s'arrêtait dés que les maux de tête revenaient.
Il vivait avec son père depuis sa naissance. Sa maman était morte à sa naissance et le bébé à cette époque était presque mal né. On décela quelques irrégularités dans ses neurones. Il suivit une petite scolarité mais devant la dureté de celle ci, son père préféra abréger sa 'souffrance'. Il revenait tous les soirs en pleurant le jeune Jean-Luc en attrapant sa tête tout en se plaignant. Mechkine. Le pauvre.
Il connaissait par cœur le nom de tous les occupants, ceux d'en face. Une dizaine de familles. Il en avait fait un passe temps. Il avait pris même pris l'habitude, pour être à jour dans ses notes, de descendre plus tard, lors d'un changement de locataires, afin de relever l'identité du nouveau ou de la nouvelle venue. Il inscrivait méthodiquement son nom de famille, le nombre d'enfants etc….Sur un cahier d'écolier à deux lignes qu'il tenait minutieusement à jour. Les décès aussi. Heure et date. Sur la marge de la feuille, il annotait le nom et prénom, puis sur une autre colonne, la date d'arrivée et de départ, ensuite venait sa signature. Il y avait ainsi répertorié plus de milles locataires allant et venant ; une véritable main courante d'hôtel. C'était là son secret qu'il n'avait jamais dévoilé à ses amis d'en bas.
Ses camarades de quartier connaissaient son état mental mais aucun d'eux ne s'est moqué de lui ou tourné en dérision, bien au contraire, ils l'invitaient souvent dans leur surprise partie ou à leur rencontre de football entre copains de quartiers riverains, échangeant quelque fois quelques coups de poings mais lui préférait s'esquiver à cause des bruits qui venaient le déranger dans sa tête. Mechquine.
Jean-Luc avait un joli minois, élancé, des cheveux bien coupés et toujours bien mis. Son père, policier, était au petit soin envers lui et ne le laissait manquer de rien car malgré son handicap, le jeune n'était pas dépourvu d'intelligence. Il avait de temps à autres de crise mais comme il le disait à son père ' ne t'inquiètes pas, Papa, ça va passer…!' Et le père faisait confiance à son fils, il ne s'en inquiétait pas.
Puis voilà qu'un matin, il aperçoit par sa fenêtre du quatrième et dernier étage, une voiture de location s'arrêter devant le pâté d'immeuble, d'en face. Un homme en tenue d'officier de marin et une très belle fille descendirent d'un taxi. Ils montèrent dans l'immeuble tandis que les déménageurs s'apprêtaient à faire monter les affaires du jeune couple. La vieille locatrice, Madame Renée, était décédait quelques jours auparavant.
Jean-Luc, par sa fenêtre, regardait les ouvriers installer meubles, tables, lit et chaises. L'appartement avait trois fenêtres au quatrième étage, distant d'une dizaine de mètres, juste à hauteur du sien. Après le départ des manœuvres, il tira les rideaux de la fenêtre, par pudeur, présageant sans doute la suite des évènements avec la jolie dame et son mari, mais tout en laissant une petite ouverture, il voulait, ayant pris l'habitude, par curiosité, surprendre sans doute les deux amoureux en pleins ébats. Il fût déçu car le jeune homme d'une trentaine d'année, se leva, embrassa sa femme sur les deux joues et descendit dans la rue. Une voiture de service l'attendait en bas. Il s'y engouffra et celle ci démarra.
Jean-Luc se sentait moins coupable à présent. Il réouvrit plus largement les rideaux pour mieux apprécier cette nouvelle venue..
Il l'avait lu son nom, une semaine plus tard sur la boite aux lettres. Bizarrement, le nom de son mari n'y figurait pas, il en déduisit que ce dernier était soit son frère soit son petit copain. En réalité son copain. Elle s'appelait Johana Mérèdit
Jean-Luc devant la beauté de la jeune fille, délaissa les autres fenêtres. Il connaissait trop les habitudes des autres locataires et voulait s'attacher qu'aux ouvertures de la belle femme. Il notait ses sorties matinales et ses rentrées nocturnes. Prétextant un jour, un renseignement sur la nouvelle occupante, la concierge, qui le connaissait bien, lui apprit que la demoiselle était dessinatrices aux beaux-arts, qu'elle poursuivait ses études à Paris. Elle était de nationalité anglaise mais maîtrisait parfaitement le Français. Il en était heureux par ces quelques confidences. Et surtout, il réfléchissait sur la façon de l'aborder, sans l'effrayer.
Un soir, alors qu'il était collé à sa chaise et sa vue cachée par les rideaux, il vit ce qu'il n'avait jamais vu de sa vie en 28 ans. La jeune fille se déshabillait devant lui. Sans doute pour se doucher. Il saisit pour mieux la regarder ses jumelles et là il fut éblouit par son corps de déesse. Il ajustait son optique sur toutes les parties de son corps, découvrant pour la première de sa vie, un sexe touffu de femme, des seins arrondis et un galbe à faire frémir le plus récalcitrant des males. Il n'en revenait pas et sentit tout son corps trembler, comme pris par une fièvre. Une chose nouvelle pour lui mais dut se rendre à l'évidence; cette découverte de femme nue lui donna des bourdonnements dans les oreilles et les bruits dans sa tête mirent fin à son spectacle. Il alla se coucher tout en prenant ses médicaments. Il en bavait de n'avoir pas tout vu. Reprochant à ces maux de tête sa déconvenue.
La jeune fille ne se doutait pas des pratiques du jeune homme qui chaque soir attendait, comme un mordu, le déshabillage. Jean-Luc était transformé depuis ce fameux soir. Son père s'était bien rendu compte de son nouveau comportement nerveux mais essayant d'en savoir plus, l'adolescent prétextait de violentes douleurs au crâne pour esquiver toutes conversations futiles. Il ne voulait pas lui dévoiler son secret et d'ailleurs pourquoi le ferait-il aujourd'hui….?
En pleine nuit, alors qu'il sommeillait profondément, il eut une belle érection. Il s'imaginait avoir prit Johana dans ses bras et juste au moment où il l'embrassait, il eut une très belle éjaculation. Pour la première fois de sa vie de jeune homme, Jean-Luc connut la jouissance virtuelle dans sa culotte, inondant les draps par son sperme. Il se réveilla en sursaut, se leva, alluma sa lampe de chevet pour constater de la chose, constater qu'il avait 'pisser' mais un pipi un peu spécial. Visqueux blanc sale, à l'odeur un peu acre. Il poussa la porte de la salle de bain pour se débarrasser de cette chose gluante…..
A suivre….
La cervelle éclatée.
Le lendemain matin, il s'en confia à son ami Bertrand, un peu plus expérimenté. Il lui expliqua la chose….L'autre sans trop rentrer dans les détails lui apprit que tous les hommes, arrives à un certain âge avaient besoin de se désengorger…. Les couilles. Et que lui Jean-Luc était aussi un homme et qu'il fallait qu'il subisse les belles choses de la vie. Il lui souffla la méthode…L'amour du solitaire. Jean-Luc n'en revenait pas, il avait donc fait l'amour sans qu'il le veuille, pendant la nuit dans un rêve avec sa voisine d'en face. Il en ressentit comme une frustration et une certaine culpabilité car après tout son éducation ne lui permettait pas de subir, à l'insu d'autrui, cette forme de plaisir non partagé. Mais devant la beauté de cette jeune femme, il réfléchit pendant des jours et se dit qu'après tout, il ne faisait de mal à personne sauf qu'à se donner du plaisir tout en regardant cette forme. Car, il avait mit en pratique, les conseils de son ami. Il lui arrivait, 'mechquine', de couper son plaisir à cause des maux de tête qui lui écrasaient sa cervelle. Dans ces cas là, il arrêtait tout et montait dormir laissant son bel étalon se faner puis s'endormir.
La providence se présenta un dimanche matin. Johana chargée comme une mule, peinait à monter son caddy. Les paquets trop volumineux l'empêchaient d'avancer. Jean – Paul, ce jour là était assis sur le seuil de l'immeuble quand il vit l'effort de la jeune fille. Il se précipita vers elle….
-'Bonjour, Mademoiselle, voulez -vous que je vous aide, je m'appelle Jean-luc, je suis votre voisin De l'autre côté de la rue …!'
La jeune fille devant la gentillesse du jeune homme accepta son aide.
Ils grimpèrent les quatre étages sans ascenseur. Pour la première fois de sa vie de 28 ans, Jean-Luc était dans un appartement, malgré lui, d'une jeune femme…
Johana…
' Vous m'avez dit être mon voisin Jean-Luc…?'
-Oui j' habite juste derrière cet immeuble…!'
Il mentait afin de ne pas découvrir son secret, ce qui aurait pu mettre la puce à l'oreille de la jeune fille.
Il posa les sacs et s'apprêtait à sortir quand…
-' Attendait Jean-Luc, voulez boire un jus, une boisson….Rafraîchissante…?'
Surprit par l"invitation, Jean-Luc hésita mais la jeune fille était déjà dans la cuisine et s'apprêtait à le servir.
Le jeune adolescent, prit de court, s'assit sur le fauteuil et jeta un œil par la fenêtre, il vit son père dans sa chambre et tourna le dos afin qu'il ne puisse pas être vu.
-'Vous êtes étudiant …! Jean-Luc ' lui dit Johana…
-'Non Mademoiselle….!'
-'Appelle moi Johana…..! Tu veux…?'
Il ne pouvait se soustraire à son envie..
-'Ok …! Johana…! C'est un joli prénom, tu sais…!'
-'A ma naissance, mes parents voulez me nommer Marie, alors je me suis levé sur mes petites jambes de bébé et je leur ai dis qu'il y avait assez de Marie sur la planète…!'
Il en rit de cette plaisanterie….
-Moi, ce fut le contraire, je n'ai pas pu me lever, ma mère décéda à ma naissance et que mes maux de tête m'empêchèrent de dire quoique que se soit…!'
-' Tu es orphelin de mère…?'
-' C'est mon papa qui m'a élevé….!'
Johana se sentit mal à l'aise…Il s'en aperçut..
-'Ne soit pas triste, je ne suis pas le seul, tu sais dans ce monde. Je suis heureux d'avoir au moins quelqu'un qui m'aime dans ma vie…!'
-'En effet tu as raison Jean-Luc, il y a pire …!Que fais-tu dans la vie …?'
Jean-luc, un peu gêné, se refusant de lui dévoiler sa maladie, préféra…
-'Je dois m'en aller, j'ai mal à la tête…!'
-' Jean-Luc, tenez, voilà mon numéro de téléphone, appelle-moi quand tu veux…! Donnes moi le tien…!'
-'C'est qu' aucune fille ne m'appelle Johana, et je crains que mon père…!'
-' Mais tu as le droit d'avoir des amies filles non..????'
-'Oui….! Mais c'est à cause des maux de tête….!' Mechkine'.
Johana ne voulait pas gêner son interlocuteur. Ils échangèrent leurs numéros de téléphone.
Elle lui fit la bise sur les joues avant de se quitter. Et pour la première fois en 28 ans de vie, Jean-Luc sentit sur son visage, un baiser de femme parfume. Il en rougit. Johana s'en aperçut mais comprit que ce jeune homme n'était pas tout à fait conforme aux autres. Il avait quelque chose qu'elle n'arrive pas à déceler.
A suivre….
La cervelle éclatée.
CHAPITRE III
Jean-Luc dévala, les marches des escaliers avec la main collée sur ses joues comme s'il voulait tâter l'empreinte de ces lèvres.
Il regagnât sa chambre sous l'œil intrigué de son père.
-' Tu n'étais pas assis en bas, Jean…?'
-'Non, papa, j'ai fais un tour à la supérette…!'
Puis il regagna sa chambre. Il nota le numéro de la jeune fille qu'il n'appellera jamais. Mais dont il rêvait chaque soir. Le jeune homme discret ne lui avait pas tout dit. Elle ressassa tout ça dans sa tête et se mit à réfléchir, elle voulait le revoir pour en savoir plus car elle estimait son départ ce jour là comme une fuite en avant. Trois semaines plus tard, elle prétexta une futile excuse …
Elle composa son numéro de téléphone …
-'Allo…..! Jean-Luc…? '
Le jeune homme fut surpris d'entendre sa voix, il attendait cet instant avec gravité….
-'Oui….! Mademoisselle….Joahna…!'
-'Johana, tout court, Jean-Luc, tu sais, je ne connais pas très bien le quartier, et je cherche une pharmacie…! Veux- tu m'y accompagner….?'
Il hésita un moment puis….
-'Oui d'accord, je vous accompagne, surtout qu'elle est un peu loin, dans le centre commercial…!'
-'Alors dans un quart d'heure en bas de chez moi….? OK…?'
-'Ok….!'
Il raccrocha et tout ravi de cet appel imprévu, il s'habilla…
Elle l'attendait en bas de chez elle, tandis qu'il sortait par une porte dérobée de l'immeuble en passant par les caves.
Elle lui refit la bise.
-'Ca va Jean-Luc….?'
-'Oui et toi…?'
-'Je viens de terminer un excellent travail pour mes patrons…!'
-'Vous faites quoi dans la vie, Johana….?'
Bien qu'il le savait déjà, pour l'avoir vu à plusieurs reprises dessiner…
-'Je suis maquettiste, et décoratrice d'intérieur …'! Lui dit -elle tout en marchant…
Ils marchèrent jusqu'à la pharmacie en échangeant quelques banalités.
Au retour, il s'apprêtait à prendre congé d'elle quand…
-'Venez …! Monter chez moi….! N'ayez aucune crainte je ne vais pas vous bouffer, je suis très seule, mon copain est en voyage et je ne connais personne ici, vous me semblez calme et je pense n'avoir rien à craindre de vous…!'
-'A quoi le voyez--vous Joahana…?'
-'Un flair de femme, mon ami…!'
Elle prononça le mot d'ami, il était donc devenu son ami sans qu'il ait pensé à ça alors qu'il éprouvait de forts sentiments envers elle. Mais le savait elle..? Et comment pourrait-elle le savoir…!'
Elle le fit pénétrer pour la seconde fois dans son appartement de trois pièces quand le téléphone sonna…
Elle décrocha, c'était son flirt Marc....
-' Allô….! Johana….? Comment vas-tu chéri….?'
Elle prit le combiné portable et alla discuter dans la chambre.
Pendant ce temps, Jean-Luc profitant de cet instant d'intimité avec son copain, jetais un coup d'œil aux esquisses de la jeune fille qui reposaient sur le chevalet. Elle dessinait très bien se dit-il…Mais il ne comprenait pas son style moderne.
Au bout d'un moment, elle rentra dans le salon, trouvant son ami, déchiffrer ses maquettes.
-'Oh….! C'est un style particulier qui s'adresse aux gens un peu bizarres, qui veulent sortir du décor traditionnel. Tu vois ça, c'est un lampadaire qui ressemble à une cruche, ici une table a deux pieds, qui tient par un système caché à la vue des commanditaires, en fait elle tient en équilibre et on ne doit rien poser dessus sinon tout tombe…!
-'Je ne comprends pas une table qui ne sert à rien, pourquoi…?'
-'Oh …! Ne te poses pas de question, c'est l'art dans le décor, les gens aiment tout ce qui sort de l'ordinaire, cela s'adresse à des gens très aisés….!'
-'C'est vrai que les pauvres gens comme nous, nous nous accommodons de tables à quatre pieds pour bouffer dessus…!'
Elle en rit. Elle s'était entre temps change et portait un peignoir fendu par -devant. Elle s'aperçut de sa gêne et …
-' Tu veux que je me change….?'
-'Non, non…! Pas du tout ton peignoir te va à ravir…!' Ecoutez Johana, me permets tu de m'absenter juste quelques instants…?'
-'Tu veux t 'en aller….? Tu as mal à la tête…?'
-'Non pas du tout, pas encore, mais je te promets que je reviens dans dix minutes…!'
-'Ok….! Je t 'attends, je te prépare une recette magique, un breuvage personnel…!'
Il sortit. Johana fut assaillit par le doute, ' Et s'il ne revenait pas…! ' Se dit -elle….
Il tint parole, et sonna à la porte…C'était lui avec un bouquet de roses dans les mains…
Elle n'en revenait pas….
-'Tu es descendu pour ça…..?'
-'Oui…..! Tu sais quand nous sommes passes devant, j'avais l'impression qu'elles commençaient à se faner, alors je me suis dit ' Jean-Luc, c'est dommage de ne pas offrir ces jolies fleurs à ton amie…!'
-'Tu es fou, il ne fallait pas faire ça….!'
-' C'est ce que m'ils m'ont dis à l'hôpital….! Que j'étais fou à cause des maux de tête qui me cassent ma cervelle…!'
-'Mais non….! Excuse-moi je ne voulais pas te dire ça, c'est dans un sens général…!'
-'Je dois partir, Johana, les bruits me reviennent, c'est insupportable…!'
-'Mais non, reste encore un peu, bon tiens viens boire…!'
Il se releva sans rien dire, comme s'il n'entendait plus rien autour de lui…Serra la main de son amie.
Johana s'était sentie coupable par cet incident, ce mot dit sans arrière- pensée pourtant, que Jean-Luc avait pris au premier degré. Sans doute.. Comment pouvait-elle deviner que Jean-Luc était malade et que les médecins avaient diagnostiqué, un début de folie, d'où ces maux de tête qui le dérangeaient, quotidiennement. Elle releva le combiné pour se rassurer que Jean-Luc était bien arrivé, un prétexte de femme pour lui parler.
-'Jean-Luc…! Excuse-moi pour tout à l'heure, je ne voulais pas…!'
-'Mais non, Johana, ce n'est pas de ta faute, je comprends tu sais et….!'
-'Ecoute, j'aimerai que l'on se revoie assez souvent si cela ne te cause pas de problème…!'
-'Mais ton ami verrait ça d'un mauvais œil….!'
-'Tu veux parler de Marc….? Mais l'un n'empêche pas l'autre….!'
A suivre…..
La cervelle éclatée.
CHAPITRE IV
Il parlait avec elle, tout en la regardant à travers les rideaux. Elle était en culotte, allongée sur le lit. Il pouvait la voir ainsi par ses jumelles. Ses yeux descendaient ses belles cuisses. Elle était encore plus belle sans son soutien gorge. Il l'auscultait de haut en bas …A son insu et tout en parlant…
-' Oui…! Mais c'est peut être pas bien, de se voir ainsi…! Non…? Tu sais, je n'ai jamais eu…!'
-'De petite copine…? Et bien moi je serai ta grande copine à qui tu peux tout confier, et puis mon Marc, est aux Baléares et il n'est pas prêt de rentrer si tôt, il a une longue croisière à faire…! Donc tu vois, je me sens un peu délaissée….!'
Il prétexta ses maux de tête pour couper court à la conversation.
Elle se leva par ce lundi tout pluvieux avec la conversation téléphonique de la veille dans ses pensées. Elle n'était pas à l'aise.
Une question revenait sans cesse dans sa tête. Qu'elle est cette étrange sensation qui soudain s'est réveillée en elle ! Commencerait-elle à l'aimer ou à s'attacher à lui…? Et puis est-il normal qu'elle puisse s'amouracher, si cela était le cas, d'un jeune homme, bien sous tous rapports mais malade….? Comment allait -elle gérer ce problème ? Tout ça la mettait mal à l'aise. Elle décida de lui fixer un rendez -vous chez elle afin d'en parler à tête reposée.
Elle lui téléphona de son bureau pour l'inviter le soir même…
-' J'ai une surprise pour toi…!' lui dit' elle…!
-'Ah…! Et c'est pour quand…?'
-'Ecoutes, si tu n'a rien à faire ce soir, monte chez moi, je t'invite à goûter mon curry au poulet…! Et j'ai une surprise pour toi…!'
-'Que vais-je dire à mon père…?
-'Ben..! Dis lui que tu va au cinéma….!'
-'Mais, s'il me pose des questions sur la séance…?'
-'C'est bien simple, je te raconterai le film et tu le lui raconteras au cas où…!'
Johana n'était pas allé voir un film depuis au moins trois ans. Elle était un peu embêtée par ce mensonge.
Bref, elle improvisera, sur le moment se dit-elle…!
Il est 20 heures précises quand Jean-Luc, en costume cravate, bien peigné engloutit les marches de l'immeuble.
Il appréhendait cette soirée. Il avait le cœur serré car il avait décidé entre temps, de tout lui avouer.
Il sonna…
-'Bonsoir Jean-Luc…! Entre donc….! Tu es très chic ce soir….!'
-'Circonstance oblige…..!Mademoiselle Johana….! Vous l'êtes aussi….!'
Elle était habillée d'un joli tailleur en tweed gris zébré qui découvrait ses jambes à hauteur des cuisses, mini, sur une légère chemisette fleurie transparente qui laissait voir son joli soutien. Elle le prit par la main comme l'on conduit un adolescent à sa première communion. C'était la première fois en 28 ans, qu'une douce main de femme lui serraient les siennes. Il se laissa apprivoiser. Ils s'assirent sur le sofa. Deux verres de soda bien frais les attendaient. Elle lui présenta le sien. Il avait les yeux baissés car il redoutait ce qu'il allait lui dire, elle trancha ses pensées par…
-'Tu ne veux pas voir ta surprise…?'
Toujours en lui prenant la main, elle le dirigea vers son chevalet….
-'Alors c'est qui…?'
-'Ben j'ai l'impression que je lui ressemble mais en plus pointu…..!'
-'C'est un style moderne, c'est ainsi que je te vois….! Presque fuyant, c'est l'objet des lignes cassées….! Il est à toi….!'
-'Oh….! Merci, il sera mon compagnon de chevet, plutôt mon ange gardien, je vais l'accrocher au-dessus de mon lit….!'
Il hésita un moment, puis forçant sa timidité, il la bisa tout en rougissant. Son parfum lui titilla les narines. Elle sentit de légers tremblements dans ses lèvres…
-'Soit calme et cool, Jean-Luc, c'est une soirée de détente et chasse tes mauvaises pensées…!'
-'Décidément, tu devines tout…!'
Puis il se lança….Et tout en malaxant ses doigts nerveusement…
-'Johana….! J'ai un secret à te dévoiler. Depuis le premier jour où tu as débarqué, je n'ai fais que t'épier par ma fenêtre, j'habite juste en face de toi…! Regarde, ce sont mes volets fermés….!'
-' Et alors…?'
-'Alors je me sens coupable, comme un voleur de ton intimité. Je connais tous les locataires d'en face, et je passe mon temps, ma vie à noter leurs faits et gestes sur un journal intime, je me sens comme sale moralement…!'
-'Sale de quoi….? Jean-Luc…!'
-' D'avoir découvert tes formes de femme, ton corps à ton insu quand tu te changeais et que tu oubliais parfois de fermer tes cloisons…! Tu comprends….! J'ai mal à la tête, ça me reprends, les bourdonnements, je vais partir….!'
-'Non….! Reste …!'
-'Ma cervelle va exploser…!'
Il prit sa tête entre ses mains et il se mit à pleurer. Mechkine.
A suivre…
La cervelle éclatée.
CHAPITRE V
-'Chuuuuut…..! Laisse moi faire…!'
Elle se positionna derrière lui puis lui ôtant les mains, elle prit sa tête qu'elle posa délicatement sur le dossier du sofa. Ses fines phalanges parfumées, en gestes précis, massaient délicatement ses tempes et sa nuque par des sens giratoires. Il se laissai aller. Elle pouvait dominer à loisir son beau visage. Elle lui faisait du bien….
-'Tu sais, un soir, j'ai rêvé de toi et pour la première fois dans ma vie, j'ai ressenti quelque chose de nouveau…! J'ai fais l'amour avec….!'
-'Chuuut…..! C'est normal….! Ce qui t'est arrivé….! Tous les adolescents et adolescentes passent par cette première expérience, tu as joui tout seul …! Inconsciemment dans ton rêve….!'
-'Je ne suis jamais sortit avec des jeunes filles….!'
-'Chutt….! Repose toi….!'
Elle continuait son massage. Jean-Luc se laissait aller sous ses caresses. Il appréciait ses tournoiements réguliers et doux sur son front. Profitant de cet instant de répit, Johana baissa sa tête à hauteur de son visage. Il sentit son souffle chaud tandis qu'elle baisait ses lèvres. Il ouvrit les siennes et pour la première de sa vie, une jeune fille lui fit découvrir le plus beau des baisers. Il resta bouche bée, les yeux grands ouverts…..
-'Tu ne vas pas tomber dans les pommes…?'
Elle dégrafa habilement les boutons de sa chemise et dénoua sa cravate devenue gênante. Elle se mit à caresser sa poitrine imberbe et ses petits bouts de sein. Il était aux anges, entre de bonnes mains. Jean-Luc sentait monter en lui cette première sensation, qu'il avait connu dans son rêve. Tous ses maux de tête se fondirent comme par miracle. Il semblait voler sur un nuage. Il se rendit compte qu'il était sans chemise. Johana était à moitié nue. Elle le fit lever, et sans rien dire, il se laissa guider vers le lit. En deux heures plus tard, elle fit de lui son second amant. Ils oublièrent le curry au poulet. Il était 23 heures quand il commençait à se rhabiller….
-' Johana ….! Je t'aime….!'
Lui dit - il avant de prendre congé…
-'Chut….! Tu va réveiller tout le quartier….! Ce n'était pas un aussi grand secret, quand même, rien qu'une simple confidence…!'
Il alla se re- pointer devant sa fenêtre pour l'imaginer s'étirant pour s'endormir. Jean-Luc ne ferma l'œil de la nuit. Il repensa à tous ces gestes de sa première nuit d'amour.
Depuis quelque temps, tout le quartier eut vent de la relation.
-'Tu aurais pu quand même me mettre au parfum Jean-Luc…!' Lui dit son père, un soir..
-'Je n'osais pas te le dire, papa, J'en avais presque honte…!'
-'Je comprends….!'
Quelques jours plus tard, Johana s'étonna de ne pas avoir de nouvelles de son nouvel amant. Les volets étaient tristement clos et personne ne répondait au téléphone..
Jean-Luc fut transporté aux urgences à l'hôpital Ste Anne dans le service neurologique.
Elle voulait en avoir le cœur net et alla à son appartement.
-'Monsieur Joseph, vient d'arriver mademoiselle….! Allez-y…!' Lui dit la concierge.
Elle frappa à la porte de Jean-Luc…Son père lui ouvrit…
-'Entrez, Mademoiselle…..! Entrez…!'
Ce qu'elle fit sans trop se faire prier. L'intérieur était meublé modestement, sans goût à l'ancienne. Très sobrement. Seule la télé, par sa présence moderne, échappée à cette vétusté.
-'Il a été admis aux urgences…! Son cas s'est subitement aggravée…! Je m'y attendais les médecins m'en avaient prévenu….!'
Il se laissa déborder par l'émotion…
-'Ne pleurez pas, Monsieur…! Remettez vous, tous va aller pour le mieux….!'
-'La sœur de ma femme était déjà atteinte par le delirium- tremens….! Elle mourut folle à l'hôpital..!'
Elle le laissa parler
-' Demain j'y retourne…!'
-'Puis –je, vous accompagner…?'
A suivre…..
La cervelle éclatée.
CHAPITRE VI
Jean-Luc reposait dans une chambre d'accès interdite aux visiteurs. Elle put le voir à travers le hublot de la porte. Un crucifix en bois portant Jésus, était accroché au -dessus son lit. Il dormait.
-'Il dort Joseph…. ! Il dort sous l'effet des calmants, la crise fut violente cette fois ci. Nous avons du doubler la dose de morphine pour le calmer…'Lui- dit le professeur de service…
-'S'en sortira t' il …? 'lui demanda naïvement Johana…
-'Oui …! A moins d'un miracle…!' Ce n'est que rémission tout ça, mademoiselle..!'
Trois semaines plus tard, Jean-Luc put regagner son domicile. Il était très amaigri par son séjour à l'hosto. La première chose qu'il fit, est d'aller ouvrir sa fenêtre. Le soleil éclaboussa par ses rayons sa chambre qui sentait la naphtaline. Et son beau visage pale. Elle était là, Johana lui souriant et le saluant. Et sans même réfléchir, ils dévalèrent ensemble les quatre étages de leur immeuble pour se retrouver sur le macadam à s'étreindre. Elle l'invita à monter.
-'Je ne m'en sortirai plus, Johana…!'
-'Ne pas cela, tu as une très bonne mine…!'
-'Un zombi a meilleure allure que moi…!'
Ils parlèrent longuement avant de se quitter.
Les semaines passaient mais Jean-Luc redoutait la crise qui ne lui donnerait aucune chance cette fois ci. Les maux de tête ne le lâchaient pas malgré le doublement des doses de calmants qu'il ingurgitait.
Il était midi quand Jean-Luc, ouvre bien grand les volets bleus. Vêtu de son plus beau costume, celui qu'il avait mit pour sa première soirée d'amour, il enjambe la fenêtre. Il est à présent, debout sur le rebord en ciment, au -dessus du vide, à 15 mètres de hauteur. Il sourit tout en regardant le sol. Il a le revolver de son père dans la main droite, allongée sur son côté. Johana, comme elle fait depuis bien longtemps, était toujours à l'affût de son amant. Elle est choquée par ce qu'elle voit mais ne voulant pas montrer son désarroi, s'accoude naturellement sur le rebord en fer forgé de sa fenêtre…
-'Bonjour Jean-Luc… ! Il fait beau n'est ce pas…?'
Joseph père dort dans sa chambre.
Jean-Luc sourit à Johana.. Les bruits dans sa tête l'empêchent d'entendre les paroles de sa maîtresse.
-'Il y a un endroit que j'aimerai bien visiter, mon chéri….! Le Parc Monceau…! Tu veux m'y emmener…?'
Le Parc Monceau…? Jean-Luc ne sait même pas où il se trouve. Il entendait bien sa voix mêlée à tous ces insectes qui bourdonnent dans ses oreilles, mais qui l'empêchaient de comprendre ce qu'elle lui demandait. Il a passé sa vie qu'entre les murs de sa chambre, les volets et les amis du quartier. Mais qui voulaient bien de lui…..De ce fou en sursis…!'
28 ans qu'il guette, assis, quelque chose d'inattendu et quand cette chose est arrivée, son mal a empiré. La seule personne qui lui est montre et appris que le bonheur pouvait exister même pour un laps de temps, fût une femme; Johana.
-'Tu es fâché avec moi, Jean-Luc…?'
28 ans a épié des voisins qui ne se sont jamais intéresses à son mal, alors que lui savait tout d'eux. Et pourquoi devraient-ils se soucier de lui, après tout, ils avaient leur problème, mais ça Jean-Luc ne pouvait pas le savoir. Il ne voyait que des formes, des habitudes qui se répétaient à l'infini mais pas leurs soucis étalés au grand jour.
Aux bourdonnements qui l'assaillent, des secousses sont venues tordre sa tête. Jean-Luc, sous le regard de sa Johana, lève le bras et pointe le canon froid sur sa tempe. Il sourit toujours. Dépassé par les maux de sa folie il n'entend plus rien, plus aucun son ne lui parvient. Il appuie sur le chien mais le coup ne part pas. Aucun coup de feu n'est sortit à sa grande surprise mais il perd l'équilibre et se trouve dans le vide, sous les hurlements de sa maîtresse qui voit son amant chuter comme une masse de plomb. 5 secondes pour en finir avec son mal, 28 ans pour mourir sous un beau soleil sous le regard de sa bien aimée.
Tout son corps s'abat sur le chaud goudron. Un attroupement se forme. Johana se fraye un passage devant tous ces curieux. Elle ne peut se résoudre à voir ce spectacle de sang giclé à 5 mètres à la ronde avec des morceaux de cervelle éclatée, car la tête de Jean-Luc a explosé sous le choc et tous ses bruits sont sortis, étalés sur le pavé. Elle se cache les yeux.
Les mots à cet instant n'ont plus aucun sens mais les sens ont des maux parfois si violents qu'aucun acte réfléchi ne peut être considéré irréfléchi. La folie annihile la raison.
Quelques jours plus tard, on enterra le malheureux.
Johana, touchée par le drame, décida de retourner vivre auprès de ses parents en Angleterre.
Mais avant, elle rendit une dernière visite au père, effondre par le drame. Puis, elle monta dans le taxi qui l'attendait au bas de son étage pour se rendre à l'aéroport Roissy- Charles de Gaulle. Le taxi démarra quand un télégramme arriva à sa concierge.
'…Mademoiselle,
Nous avons le regret de vous informer que Monsieur Marc Chantoux a trouvé la mort dans un accident de voiture. Sincères condoléances.' Signé.' La Compagnie Maritime des Transatlantiques'.
Elle l'apprit plus tard dans les nouvelles du Guardian.
Ceux qu'ils sont devenus.
-'Joseph décéda quelques semaines plus tard de chagrin.
-'Johana reprit ses études de dessinatrice mais ne se maria jamais.
Fin.