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*****SALLE LENA...RECIT LE BILLET DE I A XXXI...LE FILM..Timothée Herbert Harrison...*****

Envoyé par albert 
*****SALLE LENA...RECIT LE BILLET DE I A XXXI...LE FILM..Timothée Herbert Harrison...*****
06 avril 2008, 11:08
BIENTÔT ICI LE '...LE BILLET...!'



Pièces jointes:
KANDIL.gif
Albert SIMEONI

Paris le 8/3/2005.

Tous les évènements narrés dans cette nouvelle sont imaginaires et ne peuvent constituer un plagiat d’aucune œuvre connue.


Dans les principaux rôles……Par ordre de rentrée.

Pierre Berthier…………..Cheminot à la S.N.C.F.
Andréa …………………..Sœur aînée de Pierre.
Alfred……………………Le cadet de Pierre.
Aurèlie Berthier…….La maman de Pierre.
Dédé Berthier…….Ancien cheminot, le papa de Pierre décède.
Adèle Parmentier….La fiancée et future femme de Pierre. Epouse Berthier.
Meyer Leïbovici……Fabricant de vêtements à Marseille.
Elie Leïbovici……Frère de Mr Meyer, fabricant de moumoutes au Sentier à Paris.
Les enfants de Elie………..Jonathan, Rachel,Yoschua.
Fred Boutboul……Patron du café ‘…Les Montants qui chantent…’
Georgette Gallois………La cousine de Adèle. 26 ans. Comptable.
Fortunée Hattab……….La concierge de l’immeuble de Mlle Galois.
Irène Smadja………La cheftaine de l’atelier chez Monsieur Meyer.
Maturin Arnaud………Le chef de service de Mr Pierre Berthier.
Camille Lévy………….La petite fille cachée. 6 ans.
José Riberole………Le conducteur de train. 38 ans.
Colonel Bertrand……..Le chef du réseau ‘…VOIE ET LIBERTE…’
Eugénie Blanchard…….La voisine de Monsieur Elie Leïbovici.
Jean-Luc Morton……….L’inspecteur de Police de la rue des Morillons.
Victoria Loiseau…… …La dame de la rue des Annelets. Alias Victoria.
Yvette Lebrun……….La concierge de l’immeuble des Berthier.
Gilles Lefranc……… Barman de la Brasserie ‘..Au petit Annelet…’
Alphonse Pingeon………Le receleur.
Francis Girard………...Le chauffeur.
Le père Amédée………Abbé franciscain du prieuré de l’Enfant Jésus de Prague.……A Ferté en Amont..
Cecile……………………La poupée de Camille.
Les enfants de Camille…. Ruben, Hanna-Henriette et Chlomo .
Monsieur Pascal………….Gardien d’immeuble de M. Leïbovici.


Le BILLET.

Camille et les autres.



Il est 5 heures 30 en ce lundi matin, d’une certaine année, lorsque le réveil de M. Pierre Berthier, sonne.
Cela fait plus de 22 ans, qu’il sonne toujours à la même heure semblable à un rituel qui se répète depuis pour ce cheminot de père en fils contrôleur des ballasts des voies ferrées de la S.N.C.F sur un large périmètre dans la région parisienne.

Autant d’années à surveiller ces rails qui n’en finissent pas et qui crèvent l’horizon.
Ayant pour seuls compagnons, un grand Te à tête d’écrou en acier, qu’il porte en bandoulière, vêtu de sa combinaison couleur bleue sombre et portant sacoche en toile élimée sous le bras dans laquelle repose son déjeuner, au fond de sa gamelle en aluminium.

22 ans sans se faire porter absent par tout temps, tenant parfois sa lanterne à pétrole qui se balance au grès de sa démarche par les jours de forte brume.
Il traîne son fardeau sans jamais protester, ni gémir parce que chez les Berthier on aime ce métier.

L’homme est à ses rails comme le sont les racines aux arbres.

Pierre l’a apprit sur le tas en suivant à la trace son défunt père dans sa jeunesse.
C’est un dur métier, facile en apparence, que de superviser ces longues parallèles en acier trempé, le regard accroché sur chaque traverse en bois
Il faut avoir l’œil et surtout le bon ; celui qui sursaute sur la moindre faille ; le boulon mal vissé, le gros caillou qui entrave la voie ou l’animal perdu immobile en travers des voies, qui risque de se faire catapulter par surprise par les grosses locomotives à charbon. Ajoutez à cela, ces longues marches qui n’en finissent plus sous les vents soufflants des quatre points cardinaux et vous avez une idée de cette fonction, sans oublier les chutes de neige et le verglas qui s’accrochent pareils à des arpètes sur ces barres couleur gris-acier.

Pierre est le troisième enfant d’une famille qui en compte trois…. Il est le plus jeune après sa sœur aînée Andréa, et le cadet Alfred.

Son papa Dédé décéda lorsque Pierre avait 18 ans, laissant sa femme Aurélie accompagnée dans sa solitude par le benjamin car ses deux frères sont mariés.

Il se retrouve donc du jour au lendemain chef de famille avec sa maman bien malade. Elle porte dans son corps de rhumatismaux parasites qui la clouent sur une chaise la moitié du temps. Malgré son handicap, la courageuse quinquagénaire trouvait la force de s’occuper de son tout dernier.

La S.C.N. F. compatissante, proposa au fils, la place du défunt père d’autant plus que le jeune homme avait fait ses premières armes auprès de son géniteur.
Il abandonna donc ses maigres études pour se consacrer à sa nouvelle tache.

A Suivre....
2°.

Pierre entretient donc une portion de voie ferrée comprise entre DRANCY et PARIS ; la même voie que celle de son papa. Il la connaît par cœur et il s’en vante auprès des autres cheminots qui voient ce jeune fils ‘ des voies ferrées’, débutant, prendre son boulot au sérieux. Il disait qu’il connaissait le nom, pour les avoir touchées, de chaque pierre noircie par les passages des trains roulants à vive allure. De temps à autre, les mécaniciens, accoudés aux ‘ hublots’ de leur grosse ‘locos’, ‘les gueules sales aux mains noires’, crachant la houille en fumée épaisse, le saluaient par un large signe de la main.

La guerre de 14/18 éclate et il ne fut pas mobilisé pour cause de soutien de famille.
Il se présenta aux armés pour son engagement. Son dossier médical en plus de cela, ne parle pas en sa faveur. Il est donc recalé.

Quatre ans plus tard, l’Armistice sonne le glas de cette boucherie. Et de ses espérances. Il à 22 ans.
Passent les années.
Pierre, vers l’âge de 40 ans, décide de prendre épouse sur les conseils de sa maman. Il se faisait vieux selon ses dires. Il épouse donc en cette fin d’été, 1938, une lointaine cousine du nom de Adèle…. Adèle Parmentier qui habite Marseille dans le quartier de la Roquette pas très loin du port de Marseille. De famille modeste, Adèle a 25 ans et travaille chez un fabricant juif dans la confection des vêtements.

A suivre…….
3°.





Adèle est première couturière depuis son jeune âge, chez ce brave homme religieux, d’origine polonaise du nom de Meyer Leïbovici. Un nom de famille assez courant à Varsovie. La famille Meyer immigra en France, à Paris, dans les années 1915.

Adèle pour son bonheur du le quitter pour cause de justes noces.
Son patron, emballe par le sérieux de la jeune fille et apprenant la nouvelle de son futur mariage à Paris, la recommanda à son frère Elie, fabricant de fourrures dans le quartier du Sentier à Paris.

Meyer lui remit une lettre de recommandation afin de faire valoir ses bonnes qualités auprès d’Elie, une fois celle ci installée.

Elle avait fait part de son projet d’union à son patron deux mois à l’avance et c’est avec un grand regret que M. Meyer dû se résigner au départ de cette belle fille douce, sérieuse et ne répliquant jamais.

-‘…Le mariage est important chez nous, ma fille et je suis heureux que cela soit le seul motif valable à mes yeux pour compenser ma peine. Soyez heureuse et surtout donnez-moi de vos nouvelles. De toutes les manières, mon frère me les donnera, vous allez voir, il est aussi brave que je le suis, c’est une tare chez nous la gentillesse … !’
-‘…Je constate que vous êtes un homme merveilleux, bon, M. Meyer… !’ Dit- elle en baissant les yeux et rougissant de honte dans son bureau rempli de patrons de papier éparpilles dans tous les coins.
-‘…Je souhaite que vous y mettiez de l’ordre M. Meyer … !’ Réplique la jeune fille avec un sourire malicieux aux coins des lèvres… !’
-‘…Oh… ! Ceux ne sont que des patrons de papier, je ne m’en fais pas outre mesure, ce sont les seuls qui ne me commandent pas… !’ Répondit-il avec le même sourire.
-‘…Je suis désolée de vous quitter, M. Meyer … !’ Dit -elle d’une voix triste…
-‘…Mais vous me quittez pour une juste cause, enfin, ma petite… !’

Les yeux d’Adèle brillaient par l’émotion...

A Suivre...
LE BILLET.





4°.

-‘…Et surtout ne pleurez pas, vous savez que je monte assez souvent à Paris et que j’aurai mille occasions de vous voir, il n’est pas bon de pleurer, il faut toujours être souriant et surtout ne jamais se morfondre, sinon vous gâcheriez l’instant serein dans lequel nous sommes … !’

Elle essuie un début de larmes qui ne demandait qu’à couler sur ses joues avec son revers de manche et serra longuement la main du religieux.

-‘….Vous avez ma bénédiction… !’

La jeune fille, munie de sa recommandation, se ploie aux exigences que la courtoisie impose dans ces moments là, et prit définitivement congé de son patron, M. Meyer.

Trois jours plus tard, Adèle s’installe à Paris chez une cousine germaine, Georgette. Cette dernière habite un appartement composé de deux pièces du côté de la Rue de Ménilmontant.
Georgette est heureuse de retrouver Adèle, d’autant plus que sa cousine vit toute seule dans ces deux chambres avec fenêtres sur cour, cuisine et salon non compris, qu’elle trouvait trop grandes.

Georgette lui fait visiter dés son arrivée, ce coquet logis où tout est en ordre.
Sa chambre était déjà prête.
Adèle, quelques jours plus tard, eut tout le loisir à flâner et faire ainsi connaissance avec les gens de son nouveau quartier. Elle découvre son nouvel environnement. Elle se prend d’amitié avec la concierge de son immeuble, Madame Hattab, une dame courte et de forte corpulence venue de son pays natal, la Tunisie, il y a des années de cela. Madame Hattab, en femme avertie, comprit la gentillesse de cette jeune demoiselle débarquée de sa province marseillaise et elle rigole de cet accent chantant du sud…

-‘…Va falloir que vous vous y mettiez pour changer votre accent, avec la grisaille que nous avons ici, il risque fort de s’enrhumer Mlle Adèle… !’
-‘…Il est encore trop tôt, Madame Hattab pour cela, laissez-moi encore deux mois et je serai une vraie parisienne, et puis tutoyons-nous… !’
-‘….Ah….. ! Là vous commencez à perdre vos bonnes habitudes, bien alors comme il te plaira.. !’

Elles se mirent à rire ensemble par cette nouvelle convenance.

A Suivre.


Adèle avait hâte de connaître son futur fiancé. Elle s’empresse de lui téléphoner à partir d’une cabine téléphonique installée dans une brasserie car Pierre avait une vague idée du jour de l’arrivée de sa promise, et c’est dans un café ‘ …Les Montants qui chantent…..’ Situé dans le Bd de Belleville, chez Fred, qu’ils se rencontrent pour la première fois, le dimanche suivant.

Comme convenu, nos deux jeunes gens se retrouvent dans ce lieu, fort bien connu par les habitués du quartier, d’autant plus que FRED, le patron, organise des après- midi dansant dans une arrière salle. Il y règne dans ses bals dominicaux, une ambiance toute parisienne et les accordéonistes s’en donnent à cœur joie pour emporter les adeptes de ‘musettes’, dans des danses entraînantes, choisies dans des répertoires d’époque. Un certain Maurice Chevalier, y vient même chanter, à l’improviste par amitié pour Fred, ‘ …Et respirer un peu d’air frais de mon quartier …’ Comme aimait à le dire M. Canotier, avec son large sourire, à ses admirateurs.

La rencontre, entre les deux jeunes gens fut très agréable et le courant passa. Adèle lui parue charmante, c’est du moins ce qu’elle écrit à ses parents restés à Marseille, dans une longue lettre. Elle le trouve aussi beau et surtout plein d’humilité. Agréable de compagnie convenant et fort modeste. Elle reproche même à ses géniteurs cette cachotterie de cousinage écrite dans un esprit de plaisanterie.

De son côté, Pierre se laisse aller à des confidences avec sa maman. Il est tombé sous le charme de cette jeune fille à l’accent méditerranéen. Il vient d’entendre la voix toute chaude d’une Marseillaise. Il en est ravi. Il ne tari pas d’éloges sur Adèle. Sa maman, l’écoutait attentivement.

-‘…Je vois que tu es emballe par cette jeune fille, et je suis heureuse pour toi … ! Les Parmentier sont des gens sobres, de la campagne. De bons chrétiens: Adèle a été élevée dans la foi chrétienne. Ce sera une bonne mère pour tes futurs enfants…. ! Pierre... !’
-‘…Merci maman…. ! Tu seras près de nous, ne t’inquiètes pas… ! Nous avons discuté de tout cela ensemble, sans rien nous cacher. Elle est d’accord sur le principe et nous allons vivre dans un coquet appartement, tous les trois réunis, pas loin d’ici… ! Le père Mourron, mon chef de service vient de me proposer sa maison ; la grande direction va le transférer dans le centre de la France, à Orléans. Il est promu directeur dans un grand secteur. Il en est tout fier ….. !’
-‘…Mon fils, tu ne crois pas que je suis bien ici et que je peux m’occuper de ma personne, je ne veux être à la charge de personne... !’
-‘…Pour une fois, tu vas m’écouter, c’est soit tu viens habiter chez moi, soit je ne me marrie pas, c’est bien compris et ne me répète plus ce genre de chose…’ Conclu Pierre légèrement contrit par les propos de sa maman.

Aurèlie, sans polémiquer sur la décision de son fils, baisse la tête et rentre dans sa cuisine en tenant sa béquille.

Pierre ressent un léger remord. Il va vers elle et la prend dans ses bras, en l’embrassant sur le front.

-‘…Je t’aime maman... !’

Elle lui sert son dîner, puis va se coucher.

A suivre….



Musique du film en arriéré fond.




Pierre ressasse dans sa tête la rencontre de ce dimanche. Il revoit sa future bien aimée dans le fond de ses pensées et essaye de visionner toutes les images de ce merveilleux rendez-vous dominical.
Les rencontres entre les deux jeunes gens deviennent de plus en plus assidues jusqu’au jour où, Pierre décide de présenter sa future fiancée à sa maman qu’elle connaît pour l’avoir prise dans ses bras, à sa naissance, il y a fort longtemps.

Aurèlie avait préparé un bon dîner pour cette visite.
Elle est tout heureuse du choix pour son fils.
Adèle, plus belle que jamais, est très attentive aux paroles de sa tante, durant le repas. Elle la trouve plein d’esprit et se remémore ce que sa maman lui avait dit avant qu’elle ne monte à Paris..

-‘…Tu verras ma fille, Aurèlie est une femme hors-paire, courageuse et surtout pleine d’esprit… !’

La maman d’Adèle ne se trompait pas car malgré son handicap, Aurèlie est une vraie magicienne des mots amusants et des réflexions pertinentes, doublée d’un vrai cordon bleu…Ce qui fit dire à Adèle.

-‘…Et bien, avec vous, une fois installés, je ne sais pas si Pierre va aimer ce que je vais lui préparer… !’
-‘…Il aimera, même si cela ne n'est pas à son goût, car je pense qu’il vous aime déjà… !’

Pierre rougit. Il ne dit mot par respect pour sa maman.

Plus tard, Adèle et Pierre, comme tous les amoureux du monde, échangent leurs premiers baisers furtivement dans le patio de l’immeuble au moment où Madame Hattab, la concierge, sort avec son sceau et sa serpillière pour laver le carrelage cabossé du couloir….Ils sont surpris sous son regard…

-‘…Oh, faites comme si je ne suis pas là et d’ailleurs, je vais rentrer, j’essuierai plus tard, l’amour ne peut attendre… !’

Ils se mettent à rire sur cette expression toute juive et méditerranéenne.

Elle se décide enfin, après ces quelques journées de farniente d’aller à la rencontre de M. Elie, le frère de M. Meyer, fourreur à Paris dans le quartier du Sentier. Au n° 36. Son atelier de confection se trouvait dans le fond d’une cour, facilement reconnaissable aux bruits des machines Singer. Adèle n’eut aucun mal à reconnaître l’endroit. Une grande enseigne, posée au-dessus de la porte à deux battants, indique
‘…Etablissement ELIE LEÏBOVICI, FABRICANT DE FOURRURES…36 RUE DU SENTIER…PARIS 9 ième. TEL. 436 538…’

Adèle se présente donc, devant l’établissement et sonne. Elle répète l’opération une seconde fois, lorsqu’un Monsieur d’un certain âge se présente devant elle…

A suivre…
7°.


‘…Bonjour Monsieur… !
‘…Ah… ! Vous devez être sans doute Adèle, mon frère m’avait averti de votre visite. ! Rentrez ma fille et surtout ne faites pas attention au désordre… ! J’ai tout de suite compris que vous étiez Mlle Adèle, mon frère m’a tellement parlé de vous que j’avais hâte de vous connaître…. !’ Lui dit-il dans son accent français, mâtiné de yiddish.
‘…Je suis très touchée par vos paroles et je ne sais que dire… !’
‘…Ne dites rien… ! Venez, je vais vous montrer l’atelier.. !’
‘…J’ai sur moi la recom... !’
‘…Oh, mais je n’en ai pas besoin, les éloges intarissables de mon frère sur vous, vous dispense de me présenter quoi que se soit, ma fille… ! Allez venez… !’

Il lui fait visiter le grand atelier où s’affairent une dizaine d’employés pour la plupart des femmes.

‘…Regardez celle là, c’est Tilda, une bonne et vieille machine mais robuste. Je donne toujours un surnom à mes piqueuses, comme un fermier envers ses vaches après tout ne sont t’elles pas mes pies à lait… ? Celle ci c’est Yvonne, en souvenir de ma vieille tante, elle était sourde mais pas celle là, elle vous entend et vous obéit au doigt et à l’œil. Celle que vous voyez là bas, recouverte d’un tissu blanc c’est Gilda, elle a trépasse depuis deux ans mais je me suis tellement attaché à elle qu’il m’en coûte de m’en débarrasser… ! Je n’ai pas le cœur de m’en défaire… ! Vous, vous aurez Ernestine, mon meilleur modèle, haute technologie et surtout fidélité ; une dure à cuire, la maison Singer me là offerte en signe de bons et loyaux services envers sa marque… ! Vous convient-elle… ?’
‘…Oui, bien sur et j’ai même hâte de l’entendre susurrer ... !’
‘…Ah ah… ! Et bien elle va vous enchanter, vous commencerez demain si vous êtes libre.. !
‘…Je le suis… ! Je vous suis très reconnaissant M. Elie… !’
‘…Vous serez selon votre vœu, payée à la semaine ou au mois au prix de 13 frs de la journée pour votre production, d’autre part vous aurez une prime de 3 frs par pièce terminée après la 7 ième… ! Ici certaines ouvrières me confectionnent plus de 12 fourrures/ jour.. !’ (NDLR. Un franc d’époque équivaut à 1 franc 40 avant l’arrivée de l’Euro, salaire moyen 280 Frs … selon le calcul de ….M. Meyer)

A Suivre...
8°.


‘…Oh, cela me convient parfaitement, Monsieur Elie, l’important est que je vous satisfasse… !’
‘…Bon alors à demain, ne faites pas attention à Madame Irène, la cheftaine, elle est un peu dure mais au fond c’est un très bon cœur, je la laisse commander mais c’est moi qui décide en dernier recours… !’
‘…Je la respecterai quoiqu’il arrive… !’
‘…Voilà ma fille, donc à demain matin, nous commençons à 8 huit heures précise. Déjeuner entre 13 et 14 heures. Nous terminons à 18 heures… !’

Adèle remercie son nouveau patron. Elle est satisfaite des modalités de son embauche et elle espérait gagner assez d’argent grâce à son savoir-faire.

Sur le chemin du retour, elle fait ses comptes en multipliant les heures par le prix convenu et escompte faire tout au plus deux moumoutes dans les premiers jours nonobstant les 7 demandées, et augmenter ainsi son pécule journalier. En route, elle fait part de sa nouvelle embauche à Pierre lors d’une nouvelle entrevue chez Fred. Il partage sa joie.
Chez elle, elle informe sa cousine sur l’évènement et lui propose de partager le loyer dés sa première paye, ainsi que ses frais de bouche et autres petites charges.

Tout va donc pour le mieux pour Adèle Parmentier.

Quelques mois plus tard, le jeune couple se marie en présence des deux familles et de leurs proches, dans une salle louée pour la circonstance, du côté de la Chapelle, à Paris. Ils emménagent dans un appartement de trois pièces du côté de Belleville et comme promis, la maman de Pierre se résout, presque manu militari, à les suivre emportant avec elle tous les souvenirs de famille. Une chambre lui est attribuée. Les premiers jours sont pénibles pour elle, par la suite elle se résigne et prend goût à l’ambiance familiale. Elle retrouve même une certaine envie de sortir pour se changer les idées. Elle se fait quelques amies au café de Belleville, La Vielleuse, là où un quatuor de bonnes femmes venues juives d’Afrique du nord viennent palabrer, sans fin. Elle commence à les apprécier et c’est souvent sous les petites boutades de sa bru qu’elle sort chaque dimanche, sans coquetterie, pour aller rencontrer ‘ ces belles femmes pieds noirs toutes natures et plaisantes’ comme elle le disait.

Un an plus tard, Adèle tombe enceinte. Malgré cela, elle demande à son patron de continuer à travailler sur sa machine. Monsieur Elie, bon père, consent sous la seule condition, qu’elle mette un bémol à sa production afin ne pas être trop surmenée car durant toute cette année, elle produisit bien plus que les autres employées allant jusqu’à confectionner plus de 9 moumoutes dépassant largement la norme établie.
Monsieur Elie était satisfait par cette jeune femme travailleuse, sobre, qui s’attelait sérieusement à sa tache au point qu’il lui fait, un jour, une confidence dans son bureau…

-‘…Adèle, je suis satisfait de votre travail, et je compte vous nommer cheftaine à la place de madame Irène, elle se fait vieille et en plus elle semble épuiser sur sa machine… ! Je ne veux pas précipiter les choses et je souhaite que cela vienne de sa part, licencier une femme qui fait partie des meubles, depuis plus de 40 ans me donne mauvaise conscience…. ! Je vous apprends aussi que vous serez augmentée de 0,50 Frs de l’heure sur votre salaire mensuel…. ! ’
-‘…Oh ...! Merci.... Mr Elie….. ! En ce qui concerne Madame Irène, vous avez raison, attendez qu’elle fasse le premier pas, après tout, vaut mieux que cela vienne d’elle que de chez vous.. !’

C’est ce qui arrive quelques mois plus tard, Irène démissionne à 58 ans après de bons et loyaux services.

Tout va pour le mieux dans le foyer des Berthier.

A suivre…
SUITE.

Le BILLET V.


Adèle et Pierre sont à l’abri du besoin. Ils ont même fait de substantielles économies qu’ils placent en banque.
Le couple fait part à l’aïeule de leur vœu de changer une nouvelle fois d’appartement, au vu de leur futur et nouvelle situation…. La maman est désappointée par ce projet.

‘…Ne craignez rien, belle maman, nous n’irons pas bien loin, et vous verrez toujours vos amies… !’
-‘…Dans ce cas je suis d’accord, mais pas loin du Métro de Belleville…. !’
-‘…Nous irons nous installer du côté de Télégraphe, nous avons une petite idée, et vous serez encore mieux installée. Nous aurons une baignoire et des toilettes personnelles, plus une vue
admirable sur la rue de Belleville….Alors cela vous convient t’il … ? Puis il faut penser aussi au bébé, ici ce n’est plus possible… !’
-‘…Je n’ai pas le choix Adèle, je vous suis, je suis si heureuse…Avec vous.. !’
-‘…Nous aussi, et je suis fière d’avoir une belle-maman comme vous… !’

Edouard- Dédé, un joli garçon naquit donc en 1940.

C’est la guerre.

Les évènements se précipitent et les Allemands envahissent la France. Paris est occupé.
Les Allemands sont partout. Le haut commandement allemand réquisitionne certains bâtiments pour installer leurs sbires. La police nazie commence sa traque aux juifs avec la complicité de certains collaborateurs français. Des milices françaises, sous les ordres de la gestapo, sont chargées de la surveillance de Paris et de sa couronne. Petit à petit, les nazis tissent leurs toiles et s’infiltrent de partout.

Quelques semaines plus tard, la capitale est sous la coupe des ‘fritz’.
Les premières rafles avec leurs convois de malheur et de misère commencent dans certains quartiers de Paris. Les Parisiens, peu habitués à ce genre de vécu, prennent peur et leur mal en patience. Le rationnement dans la capitale encourage le marché noir.

Les juifs sont obligés de porter l’étoile jaune et les dénonciations commencent. La peur du voisin s’installe partout.
Paris vit les heures les plus sombres de son histoire. La ligne de démarcation coupe la France en deux, jusqu’en 1942, comme on le sait. Elle sépare le nord du sud, en passant par le centre. Ce qu’on appelle la zone libre. Le gouvernement de Vichy est né sous la présidence du Maréchal Pétain.

On ne compte plus les rafles et les regroupements d’individus dans des camps en région parisienne, la gestapo les reconnaît comme étant des ennemis à leur cause.
Les communistes et les juifs sont les premières victimes à être déportés vers des destinations inconnues. La police de Vichy redouble d’excès bien au-delà qu’espèrent les nazis.

Pierre regarde, lors de ses longs trajets à pieds sur les voies, ces wagons plombés qui partent sous un dernier coup de sifflet vers le centre de l’Europe. Il est sidéré par ce qu’il voit et entend, au point de se confier un soir à sa femme et à sa maman en ce mois de juin. Il ne comprend rien à toute cette délation qui fait tache d’encre. Le couple apprend que toute la famille Hattab, la concierge de son ancien logis et ses 5 enfants, tous en bas âges, fut embarqués pendant une froide nuit, avec quelques baluchons , dans des camions remplis de concitoyens.

Fred, le cafetier avait fermé boutique, lui aussi déporté.

La chasse aux juifs prend sa vitesse de croisière et c’est par camions entiers que la gestapo, sous l’œil vigilant et consentant des miliciens à la solde des nazis, les engouffre, avec un simple baluchon ou une vétuste valise, vers ce qu’on appellera plus tard les camps de la mort.

Personne n’y croyait mais le secret entretenu par les nazis était bien gardé.

Des groupes français de patriotes, sous l’impulsion du Général du Gaule, commencent à se former en réseau.
L’armée de l’ombre prend naissance, sous la forme de résistance à l’occupant. Elle fait son apparition dans les milieux communistes.

Les Parisiens sont sous pression.

A suivre…
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