Rallye de la Paix : Microvision au milieu de l'infini…
Rallye de la Paix : Microvision au milieu de l'infini…
Par Meïr Azoulay pour Guysen Israël News
Mardi 29 mai 2007 à 08:15
Il y a quelques mois de cela, notre rédacteur en chef nous a annoncé que Guysen était co-organisateur avec Sauveteurs Sans Frontières du Rallye de la Paix. Pour nous, journalistes ce n'était qu'un évènement de plus à couvrir. La routine. En moins de 48h, mes pronostics ont été balayés par une marée de sensations et de sentiments forts. Impressions.
Mon périple aura commencé dès samedi soir dernier, obligé que j'étais de rejoindre Tibériade pour couvrir les préparatifs du départ. Vous dire que la nuit a été courte est superflu, vous l'aurez deviné par vous-même.
Dès 8h, j'ai rejoins le point de départ avec toute l'équipe Guysen. Moi qui croyais avoir affaire à une promenade un peu évolué je suis resté coi. Les véhicules des premiers participants étaient alignés sur le parking du centre de la jeunesse et des sports de Kyriat Chemona.
Les équipages collaient leurs numéros sur les voitures. Moi je passais entre les monstres… car c'est bien de cela dont il s'agissait. Des pneus énormes, des moteurs rugissants et des conducteurs sortis tout droit du dernier Indiana Jones.
Je n'en dirai pas plus sur cette matinée agitée où chacun se préparait. Les musulmans faisaient leur prière sur la gazon, les Juifs mettaient leur tefilin… chacun implorait D. de les faire réussir. A qui répondrait-Il favorablement… Lui seul le sait !
Du départ, je garde juste une impression forte : le maire de Kiryat Chemona, dont la ville a été bombardé pendant un mois par le Hezbollah, qui appelait les Libanais à se joindre à l'édition 2008 du Rallye de la Paix. Je me suis dit au fond de moi-même que tout n'était pas perdu. Que le monde avait encore la possibilité d'être sauvé et que peut-être demain, grâce à des amoureux de la paix comme Haïm Barbibaï, nous pourrions goûter librement aux trésors de la terre, à l'unisson avec tous les hommes.
Mais n'étions nous pas au Rallye de la Paix ?
De ma première journée dans les 4 x 4, je garderais un souvenir diffus de la course. Pierres volcaniques, petits chemins… En fait, j'étais trop occupé à regarder alentour. Pour ma première escapade dans le Golan, j'en ai pris plein la vue. Sensation d'être en Suisse mais avec un je ne sais quoi de particulier qui t'attrape au ventre et qui te fais dire que tu es dans un petit paradis.
Enfin, je dis cela mais l'étape n'a pas été de tout repos. Avec un moteur cassé en prime que les mécaniciens du rallye on remis sur pied, allez donc savoir comment…
Je ne sais pas non plus comment décrire la sensation que l'on a dans une voiture lancée à 90km/h sur les pierres et qui vole littéralement un mètre au dessus du sol. On finit le dos en marmelade, le cœur battant la chamade.
Et puis cette odeur de café au "el" préparé par l'équipage de Naplouse. Une simple goutte vous fait l'effet d'une bombe dans le cerveau et vous laisse pendant un long moment un goût de prairie dans la bouche.
Deuxième jour : les pierres, la farine (cette poussière blanche qui s'incruste partout), les oueds et le paysage. Impossible à décrire. C'est beau, c'est fort. Tu as l'impression d'être au centre du monde, invincible et en parallèle tu te sens tout petit, perdu dans ce désert de Judée qui à certains égards deviens même effrayant.
Et là encore, j'ai compris ce que voulait dire Rallye de la Paix. Perdus au milieu de nulle part, notre groupe a subi les pires avatars. Pneu déjanté, pot d'échappement arraché… Et tous étaient là, ensembles, solidaires. Comme ce père de famille qui a perdu toute sa famille dans un attentat terroriste et qui riait comme un enfant avec les Jordaniens, alors que les Palestiniens de Naplouse lui faisait des farces. Tous riaient de bon cœur et des larmes de joie coulaient sur les joues du jeune garçon, handicapé à vie (il a perdu une jambe dans l'attentat) qui voyait son père reprendre goût à la vie. Si ce rallye n'avait servi qu'à cela, cela serait déjà un pas énorme de franchi vers la compréhension entre les hommes.
Après 12h de voiture, c'est vermoulu que je me suis affalé sur mon lit. Et ce matin, j'ai voulu témoigné et dire merci. Merci à ces visionnaires que sont Guy Senbel et Arié Lévy qui ont lancé ce pari d'unir les hommes, ne serait-ce que pour quelques heures. Merci à ces participants qui ont donné le maximum d'eux-mêmes et qui sont bien décidés à aller encore plus loin. Avec un tout petit pincement au coeur car au moment où j'écrivais ces lignes j'ai appris que 14 des particpants avaient déclaré forfait pour la suite de l'épreuve. On peux les comprendre compte tenu de la difficulté du circuit... En tout cas, bravo à ces équipages pour leur comportement exemplaire et leur courage.
La paix est certes encore loin, mais nous, nous avons déjà pris la route…
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