Bienvenu(e)! Identification Créer un nouveau profil

Recherche avancée

Gad Elmaleh en Israel

Envoyé par lapid 
Gad Elmaleh en Israel
03 septembre 2007, 09:07
Le monde selon Gad… - Caroll Azoulay - pour Guysen Israël News - Jeudi 9 février 2006 -

"Ce sont à travers les différences de chaque Israélien que l’on peut comprendre ce qui fait l’unicité d’Israël".

EXCLUSIF : Souriant, disponible et chaleureux, c’est en toute simplicité que Gad Elmaleh a accepté de répondre en exclusivité aux questions de Guysen Israël News, à l’occasion de son premier spectacle en Israël, "L’autre c’est moi", le 22 février prochain. Il évoque tour à tour son amour pour Israël, ses relations avec les médias, ou le scandale liés aux caricatures danoises…

Qu’est ce qui vous a décidé à venir vous produire en Israël ?

C’est un projet que je caressais depuis longtemps. Mais parfois il y a des choses que l’on a envie de faire et qui ont du mal à se réaliser pour des histoires de planning. Concernant Israël, on a tendance à attendre le moment qui nous semble le plus 'approprié' pour présenter un spectacle. Mais au fil des événements, ce moment semble malheureusement s’éloigner chaque fois un peu plus.

Un beau jour, on se dit alors qu’il ne faut plus attendre la bonne période, le moment idéal etc. il faut le faire et puis c’est tout. Je pense de toute façon qu’il n’y a a pas de moment spécifique pour rire. Il faut rire quoiqu’il arrive. Et même si ce moment semble incongru pour le faire, ou bien qu’il n’existe carrément pas, il faut avoir l’audace de le créer au risque de ne plus jamais rire.

C’est d’ailleurs ce que font la plupart des grands humoristes israéliens. Ces derniers font leur boulot quoiqu’il arrive.

Selon vous le rire est-il source de liberté ?

Il représente un moment de répit. Ce qui est formidable c’est que le rire est imprévu, même lorsque l’on se rend à un spectacle comique. Se faire cueillir par le rire, c’est comme se faire cueillir par une sieste, il n’y a rien de plus agréable selon moi.

Vous vous êtes largement inspiré du folklore judéo-marocain pour écrire certains de vos meilleurs sketches. Pourrait-on imaginer que vous inspiriez du folklore israélien que vous semblez parfaitement maîtriser ?

Il y a en effet une matière particulièrement féconde en Israël pour les humoristes. J’ai récemment assisté au spectacle d’Israël Katorza, un observateur particulièrement brillant de la société israélienne, dont la lucidité m’a littéralement scotché. À cette occasion, je me suis dit que si un humoriste juif français faisait le quart de ses vannes, la communauté juive française serait horrifiée.

Pourtant je considère que cette courageuse autodérision témoigne justement de ce qu'Israël est un pays comme les autres, avec ses complexités mais également avec sa réalité qu’il faut affronter.

Les Israéliens se moquent également et très ouvertement de leurs leaders politiques…
Oui effectivement et avec la plus grande des audaces. Mais cela, les autres pays l’ignore ou font semblant de l’ignorer.

Comment avez-vous eu le courage de prendre comme base de vos premiers spectacles un horizon aussi particulier que la culture judéo-marocaine, et d’en présenter les traits les plus drôles dans les salles parisiennes ? Le pari était audacieux, non ?

Aujourd’hui je suis convaincu, que ce qui est très personnel est universel. Il est vrai qu’il faut une certaine inconscience, mais à l’époque c’était de cet horizon dont je pouvais le mieux parler.

Vous nous faites beaucoup rire, mais vous véhiculez également une grande émotion. Vous en avez notamment témoigné lors de votre interprétation du personnage de 'Chouchou'.

L’émotion que je véhicule est liée à ce que je ressens et au regard que je porte sur la vie en général. Un regard où le rire et les larmes sont intimement mêlés.

Concernant Chouchou, c’est un personnage que j’ai quasiment trouvé dans la rue et qui m’a immédiatement séduit artistiquement. C’est comme si j’avais découvert un trésor unique. Il y a des personnages réels que l’on rencontre dans la vie et qui constituent des points de départ fascinants pour un artiste. Coco fait aussi partie de cette extraordinaire galerie…

Vous vivez en harmonie avec ces personnages ?

Parfois ils m’énervent, mais ils m’accompagnent toujours un peu.

Aurons-nous l’occasion de voir les plus célèbres d’entre eux dans votre spectacle à Jérusalem ?

Je ne peux pas vous révéler les surprises que je dévoilerais lors de cette représentation unique, mais je peux vous affirmer que le public aura l’impression de se retrouver en famille…

Quelles relations entretenez-vous avec le monde artistique israélien, et Israël en général ?

Je suis proche du milieu artistique, que je considère avec beaucoup d’intérêt, et de respect car il est très doué. Les artistes israéliens sont généralement à la pointe et ils vont toujours très loin quel que soit leur mode d’expression.

Je me rends fréquemment en Israël, où j’ai de la famille, et à Tel-Aviv en particulier, ville dans laquelle je me sens comme un poisson dans l’eau. Pour moi le lien avec Israël s’exprime avant tout par la connaissance que l’on a des Israéliens. S’attacher à Israël c’est avant tout s’attacher aux gens qui font Israël. Ce sont à travers les différences de chaque Israélien que l’on peut comprendre ce qui fait l’unicité d’Israël.

Connaissez-vous la communauté francophone d'Israël ?

Ce sont aussi les témoignages chaleureux, et l’affection qu’elle m’a manifestée lors de mes voyages en Israël qui m’ont décidé à présenter mon spectacle. En dépit des choses complexes que l’on vit en France, et bien que de nombreux juifs aient décidé de quitter la France pour des raisons que je respecte totalement, j’ai ressenti au travers des différentes rencontres une nostalgie tout à fait naturelle pour leur culture. D’où ma volonté de répondre à cet appel. Ma mère est complètement excitée par ce spectacle. C’est comme si je jouais pour la première fois sur les planches, c’est vous dire à quel point cette 'Première' est importante pour moi…

Êtes-vous prêt à parler politique ?

Pourquoi pas ? Depuis cette fameuse et étrange émission Ardison, les médias juifs ou israélo-francophones m’interrogent sur Israël avec milles égards. Je ne vois pas de raisons valables à cette attitude.

Justement, l’épisode Ardison vous a-t-il atteint ?

Non pas particulièrement. Cela n’a rien changé de mon rapport et de ma vision d’Israël. Vous savez je n’ai attendu ni Thierry Ardison ni la communauté juive de France pour savoir que j’étais Juif et que j’avais des liens extrêmement étroits avec Israël.

Serait-ce désormais Ardison qui décide qui est un bon Juif et qui entretient ou non des relations convenables avec Israël ? Il s’agit là d’un phénomène pervers et dangereux dans lequel je ne veux pas entrer.

Ce qui m’a attristé, c’est l’acharnement que certains ont manifesté pour me mettre au pilori. Si je peux comprendre que ma réaction ce soir-là sur le plateau a déplu, je n’ai pas compris que les gens puissent inventer des paroles que je n’ai pas prononcées lors de l’émission.

Vous dénoncez l’effet 'mouton de Panurge', et le côté pervers que les médias peuvent avoir sur la société. Que pensez-vous des fameuses caricatures danoises qui ont déclenché un mouvement de violence quasi international ?

Je crois honnêtement que nous sommes en plein délire. Les réactions sont scandaleuses. S’en prendre aux ambassades, comme si c’était le Danemark qui avait soudain pris une position officielle contre l’Islam, brûler le drapeau d’Israël, ou encore incendier le centre culturel français de Gaza sont des réactions typiques du danger que représente l’entraînement de masse.

Pourquoi ne pas aller tant qu’on y est, mettre le feu à l’amicale de la pétanque des agriculteurs de Saint Brice ?

Jusqu’à peu, et peut-être encore aujourd’hui, les milliers de gens qui défilaient dans les rues en brûlant des drapeaux n’avaient pas encore vu les caricatures en question.

La Norvège et le Danemark n’ont jamais été mêlés à quoi que ce soit jusqu’à présent, et ce soulèvement me révolte. Je souhaiterais aujourd’hui que certains leaders spirituels musulmans s’expriment et rappellent que l’Islam ce n’est pas ce déferlement violent et aveugle auquel on assiste en ce moment. Ils sont où ces leaders ?

Que doit-on cependant répondre à ceux qui se sentent insultés par ces caricatures ?

J’accepte la contestation de ceux qui refusent que l’on s’en prenne à des symboles sacrés. Cette contestation pourrait par exemple s’exprimer lors d’un discours prononcé par un imam, en attirant suffisamment l’attention des médias pour que l’atteinte soit effacée. Mais de là à déclencher un mouvement de cette ampleur, il y a une grosse différence. Que devraient dire alors les Juifs, qui ont probablement inspiré le plus grand nombre de caricatures offensantes de tous les temps ? Il y a encore peu de temps, était diffusée une série télévisée caricaturale des plus insultantes qu’il soit sur une chaîne égyptienne. Les différentes communautés juives ont réagi par des moyens légaux et non par la violence.

Etes-vous optimiste concernant la situation au Moyen-Orient ?

Nous sommes contraints à l’espoir. Nous n’avons pas d’autres choix.

Votre spectacle s’annonce comme un succès. Pensez-vous renouveler ce type d’événement ?

Que D-ieu vous entende ! Si c’est le cas, j’aimerais, une fois rentré en France, entraîner dans mon sillage d’autres artistes à organiser des concerts et des spectacles en Israël. Et pas uniquement des artistes juifs…

Qu’est ce qui vous ferait vraiment plaisir aujourd’hui sur le plan artistique ?

C’est d’être profondément compris par tout le monde, dans ce que je ressens et à travers ce que je véhicule. J’aimerais parfois qu’on saisisse profondément ce que je suis. Mais c’est quasiment impossible car chacun est libre d’interpréter à sa manière ce qu’il voit et entend.

Qu’est ce qui est fondamental pour vous ?

Ca réside pour beaucoup dans le titre de mon spectacle : "L’autre c’est moi", qui fait aussi, mais indirectement, référence au fameux commandement : "Aimes ton prochain comme toi-même".

En général, c’est déjà assez difficile d’être compris par son compagnon, par ses parents ou ses enfants, quel est le motif pouvant inciter un être humain à vouloir être compris de milliers de personnes ?
Il s’agit là d’une question intéressante… Pour choisir la facilité, je vous répondrais que c’est de la mégalomanie, pour le reste je vous laisse imaginer…
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter






HARISSA
Copyright 2000-2024 - HARISSA.COM All Rights Reserved