|
|
Le fabuleux destin d'Abraham Livni
Envoyé par lapid
|
Le fabuleux destin d'Abraham Livni 03 janvier 2010, 15:03 |
Le fabuleux destin d'Abraham Livni - Par Stéphane Amar - Pour Jerusalem Post edition francaise - 22 decembre 2009
Le Retour d’Israël et l’espérance du monde, d’Abraham Livni, le livre qui a bouleversé la vie de nombreux Juifs et Chrétiens.
Dans ses archives, Nelly Livni conserve soigneusement des dizaines de lettres adressées à son mari. Certaines sont très récentes, d'autres remontent à la sortie du livre, il y a déjà plus de 20 ans. Lecteurs juifs ou chrétiens de Le Retour d'Israël et l'espérance du monde disent presque tous la même chose : cet ouvrage a changé leur existence. "Ce livre marque une date dans ma vie", a ainsi écrit une lectrice française. "Je l'ai déjà lu deux fois. C'est une œuvre lumineuse, un vrai trésor pour moi." L'ouvrage d'Abraham Livni a même conduit une partie de ses lecteurs à bouleverser le cours de leur existence. Des Chrétiens se sont convertis au judaïsme et sont venus habiter en Israël. Des Juifs ont renoué avec la pratique des commandements.
Paru pour la première en 1985, un an seulement avant la disparition de l'auteur, le livre a déjà été réédité trois fois et traduit en hébreu. Peu à peu, il trouve son public. Et fait l'objet de conférences. En Israël, plusieurs enseignants de Torah proposent à leurs élèves de l'étudier en profondeur tout au long de l'année.
Pour comprendre la puissance de cette œuvre unique, il faut retracer le parcours d'Abraham Livni, intellectuel hors norme qui a consacré sa vie à rendre justice au judaïsme et au peuple juif.
De Chambon-sur-Lignon au Maroc
Livni est né à Marseille en 1925, mais c'est dans un village de Haute-Loire qu'il traverse la Seconde Guerre mondiale. Il a une quinzaine d'années quand ses parents, un couple d'instituteurs protestants, s'installent avec leurs enfants au Chambon-sur-Lignon. Appelés par le pasteur Trocmé, ils sont venus sauver des Juifs. Sous l'occupation allemande, les habitants du Chambon, et beaucoup d'autres Français protestants, se sont illustrés pour prêter main-forte aux victimes du nazisme en cachant et sauvant du massacre 5 000 Juifs dissimulés sous de fausses identités. Fait exceptionnel, en 1991 tout le village se verra décerner la médaille des Justes par Yad Vashem.
En ces heures troubles, le Chambon-sur-Lignon est pour celui qui ne s'appelle pas encore Abraham Livni l'occasion d'un premier contact avec le peuple juif et sa souffrance. Mais ce n'est qu'au sortir de la guerre qu'il découvre l'ampleur de la catastrophe et entame un examen de conscience qui le conduira à se convertir, à s'installer à Jérusalem et à devenir un des plus éminents penseurs du monde juif.
Abraham Livni a vingt ans lorsque le monde découvre l'abominable industrie exterminatrice nazie. Dans son livre, il décrit les sentiments qu'il éprouve à l'époque : "La honte et le dégoût éprouvés par ceux qui n'avaient point été pourchassés, du fait qu'ils n'étaient point juifs, n'étaient pas moins insupportables que la détresse de ceux qui avaient été les victimes directes de la chasse aux Juifs. Eux, comme victimes, pouvaient au moins se penser innocents. Mais que dire des jeunes Chrétiens ?"
Car, pour Abraham Livni, la Shoah signe la faillite d'une civilisation chrétienne basée sur le mensonge et l'usurpation de l'identité d'Israël. Dans l'étude des textes juifs, et dans la théologie chrétienne, il va trouver les clefs de cet échec monumental et les livrer à ses lecteurs. "Comme il connaissait très bien le christianisme, il possédait des éléments d'explication que n'avaient pas la plupart des Juifs", explique Nelly Livni. "Il a donc senti qu'il avait le devoir de témoigner."
L'extraordinaire courage intellectuel d'Abraham Livni va donc le conduire à s'écarter de la religion chrétienne pour se tourner vers le judaïsme. A Paris, brillant étudiant en philosophie à la Sorbonne, il remet radicalement en cause les dogmes chrétiens. Mais son véritable éveil au judaïsme se fera au Maroc, alors sous protectorat français, où il est nommé pour enseigner la philosophie dans un lycée. "Au Maroc il a découvert le vrai judaïsme : les fêtes, la pratique scrupuleuse des commandements, la chaleur humaine. Il voyait enfin une communauté vivante. A Paris à cette époque, il ne restait plus guère de structures communautaires."
Rencontre avec le Rav Kook
Cette rencontre avec le judaïsme marocain, surgie au terme d'une intense quête spirituelle, va naturellement le conduire à entamer un processus de conversion. Nous sommes au milieu des années 1950. Il croise alors le chemin de Nelly Benhaïm, enseignante dans le même établissement que lui. Devenu juif, il l'épouse et le jeune couple décide de prendre une année sabbatique pour se rendre en Israël. "Nous avions prévu de ne rester qu'une année", se souvient Nelly. "Il est parti un mois avant moi pour chercher un appartement. Mais quand je suis venue le rejoindre avec notre fils Michaël, il m'a dit : 'on ne repart plus'. En un mois, il avait tout compris."
Abraham Livni avait fait une découverte majeure : l'enseignement du Rav Kook. A Jérusalem, il étudie à la yeshiva du Merkaz Harav et reçoit l'enseignement direct du Rav Tsvi Yehouda Kook, le fils du Grand Rav Kook. Avec l'obstination et la rigueur intellectuelle qui le caractérisent, Livni va plonger, 20 ans durant, au cœur de la tradition biblique et talmudique. A la lumière de la révélation divine, il va dégager le sens profond du retour du peuple juif sur sa terre. Et expliquer - le titre de son livre y fait explicitement référence - en quoi ce retour est essentiel à l'humanité tout entière. Cette dimension universaliste, indissociable du particularisme du peuple juif, explique le succès rencontré par le livre dans les milieux chrétiens.
Il est impossible de résumer en quelques lignes la teneur de l'ouvrage d'Abraham Livni tant son propos est dense. Chaque paragraphe pourrait faire l'objet d'un commentaire approfondi et, dans le même temps, la fascinante fluidité du style en fait un livre prenant et accessible pour le profane. Au fil des pages, l'auteur démontre de façon éclatante la vacuité des dogmes chrétiens et analyse en quoi le "meurtre théologique" commis envers le judaïsme a nourri l'antisémitisme pour finalement conduire à la Solution finale. "Je sais avec certitude que le crime commis contre le peuple juif n'a été possible que parce que l'humanité est victime d'une civilisation qui continue à être bâtie sur ce mensonge qui a finalement produit le fruit monstrueux d'Auschwitz", écrit-il.
Le réquisitoire contre le christianisme est implacable, percutant même, mais jamais outrageant. Pour l'auteur, il s'agit avant tout de tendre la main aux Chrétiens en leur faisant prendre conscience de l'impasse dans laquelle les a conduits leur théologie. Fidèle à l'esprit du judaïsme, il ne fait montre d'aucun prosélytisme mais conseille aux Chrétiens de s'en tenir au respect des sept lois noachides.
Cinglant démenti à la théorie chrétienne du peuple témoin, condamné à errer s'il s'obstine à ne pas reconnaître le christ, le retour des Juifs en Israël a déstabilisé toute la chrétienté, qui peut désormais difficilement prétendre incarner le Verus Israël (véritable Israël). Comme pour consoler les Chrétiens de leur formidable échec, Abraham Livni affirme, textes prophétiques à l'appui, que la renaissance de l'Etat juif bénéficiera à toute l'humanité et annonce les temps messianiques.
Les années n'ont rendu que plus précieuse son analyse, époustouflante de clarté et de justesse. Comme beaucoup de grands maîtres du judaïsme, Abraham Livni a pris de court sa génération. Précurseur, il n'a pu constater de son vivant l'impact considérable de son enseignement. A travers son livre, il continue de vivre parmi ses heureux lecteurs. Et de guider leurs pas.
Le Retour d’Israël et l’espérance du monde, d’Abraham Livni, le livre qui a bouleversé la vie de nombreux Juifs et Chrétiens.
Dans ses archives, Nelly Livni conserve soigneusement des dizaines de lettres adressées à son mari. Certaines sont très récentes, d'autres remontent à la sortie du livre, il y a déjà plus de 20 ans. Lecteurs juifs ou chrétiens de Le Retour d'Israël et l'espérance du monde disent presque tous la même chose : cet ouvrage a changé leur existence. "Ce livre marque une date dans ma vie", a ainsi écrit une lectrice française. "Je l'ai déjà lu deux fois. C'est une œuvre lumineuse, un vrai trésor pour moi." L'ouvrage d'Abraham Livni a même conduit une partie de ses lecteurs à bouleverser le cours de leur existence. Des Chrétiens se sont convertis au judaïsme et sont venus habiter en Israël. Des Juifs ont renoué avec la pratique des commandements.
Paru pour la première en 1985, un an seulement avant la disparition de l'auteur, le livre a déjà été réédité trois fois et traduit en hébreu. Peu à peu, il trouve son public. Et fait l'objet de conférences. En Israël, plusieurs enseignants de Torah proposent à leurs élèves de l'étudier en profondeur tout au long de l'année.
Pour comprendre la puissance de cette œuvre unique, il faut retracer le parcours d'Abraham Livni, intellectuel hors norme qui a consacré sa vie à rendre justice au judaïsme et au peuple juif.
De Chambon-sur-Lignon au Maroc
Livni est né à Marseille en 1925, mais c'est dans un village de Haute-Loire qu'il traverse la Seconde Guerre mondiale. Il a une quinzaine d'années quand ses parents, un couple d'instituteurs protestants, s'installent avec leurs enfants au Chambon-sur-Lignon. Appelés par le pasteur Trocmé, ils sont venus sauver des Juifs. Sous l'occupation allemande, les habitants du Chambon, et beaucoup d'autres Français protestants, se sont illustrés pour prêter main-forte aux victimes du nazisme en cachant et sauvant du massacre 5 000 Juifs dissimulés sous de fausses identités. Fait exceptionnel, en 1991 tout le village se verra décerner la médaille des Justes par Yad Vashem.
En ces heures troubles, le Chambon-sur-Lignon est pour celui qui ne s'appelle pas encore Abraham Livni l'occasion d'un premier contact avec le peuple juif et sa souffrance. Mais ce n'est qu'au sortir de la guerre qu'il découvre l'ampleur de la catastrophe et entame un examen de conscience qui le conduira à se convertir, à s'installer à Jérusalem et à devenir un des plus éminents penseurs du monde juif.
Abraham Livni a vingt ans lorsque le monde découvre l'abominable industrie exterminatrice nazie. Dans son livre, il décrit les sentiments qu'il éprouve à l'époque : "La honte et le dégoût éprouvés par ceux qui n'avaient point été pourchassés, du fait qu'ils n'étaient point juifs, n'étaient pas moins insupportables que la détresse de ceux qui avaient été les victimes directes de la chasse aux Juifs. Eux, comme victimes, pouvaient au moins se penser innocents. Mais que dire des jeunes Chrétiens ?"
Car, pour Abraham Livni, la Shoah signe la faillite d'une civilisation chrétienne basée sur le mensonge et l'usurpation de l'identité d'Israël. Dans l'étude des textes juifs, et dans la théologie chrétienne, il va trouver les clefs de cet échec monumental et les livrer à ses lecteurs. "Comme il connaissait très bien le christianisme, il possédait des éléments d'explication que n'avaient pas la plupart des Juifs", explique Nelly Livni. "Il a donc senti qu'il avait le devoir de témoigner."
L'extraordinaire courage intellectuel d'Abraham Livni va donc le conduire à s'écarter de la religion chrétienne pour se tourner vers le judaïsme. A Paris, brillant étudiant en philosophie à la Sorbonne, il remet radicalement en cause les dogmes chrétiens. Mais son véritable éveil au judaïsme se fera au Maroc, alors sous protectorat français, où il est nommé pour enseigner la philosophie dans un lycée. "Au Maroc il a découvert le vrai judaïsme : les fêtes, la pratique scrupuleuse des commandements, la chaleur humaine. Il voyait enfin une communauté vivante. A Paris à cette époque, il ne restait plus guère de structures communautaires."
Rencontre avec le Rav Kook
Cette rencontre avec le judaïsme marocain, surgie au terme d'une intense quête spirituelle, va naturellement le conduire à entamer un processus de conversion. Nous sommes au milieu des années 1950. Il croise alors le chemin de Nelly Benhaïm, enseignante dans le même établissement que lui. Devenu juif, il l'épouse et le jeune couple décide de prendre une année sabbatique pour se rendre en Israël. "Nous avions prévu de ne rester qu'une année", se souvient Nelly. "Il est parti un mois avant moi pour chercher un appartement. Mais quand je suis venue le rejoindre avec notre fils Michaël, il m'a dit : 'on ne repart plus'. En un mois, il avait tout compris."
Abraham Livni avait fait une découverte majeure : l'enseignement du Rav Kook. A Jérusalem, il étudie à la yeshiva du Merkaz Harav et reçoit l'enseignement direct du Rav Tsvi Yehouda Kook, le fils du Grand Rav Kook. Avec l'obstination et la rigueur intellectuelle qui le caractérisent, Livni va plonger, 20 ans durant, au cœur de la tradition biblique et talmudique. A la lumière de la révélation divine, il va dégager le sens profond du retour du peuple juif sur sa terre. Et expliquer - le titre de son livre y fait explicitement référence - en quoi ce retour est essentiel à l'humanité tout entière. Cette dimension universaliste, indissociable du particularisme du peuple juif, explique le succès rencontré par le livre dans les milieux chrétiens.
Il est impossible de résumer en quelques lignes la teneur de l'ouvrage d'Abraham Livni tant son propos est dense. Chaque paragraphe pourrait faire l'objet d'un commentaire approfondi et, dans le même temps, la fascinante fluidité du style en fait un livre prenant et accessible pour le profane. Au fil des pages, l'auteur démontre de façon éclatante la vacuité des dogmes chrétiens et analyse en quoi le "meurtre théologique" commis envers le judaïsme a nourri l'antisémitisme pour finalement conduire à la Solution finale. "Je sais avec certitude que le crime commis contre le peuple juif n'a été possible que parce que l'humanité est victime d'une civilisation qui continue à être bâtie sur ce mensonge qui a finalement produit le fruit monstrueux d'Auschwitz", écrit-il.
Le réquisitoire contre le christianisme est implacable, percutant même, mais jamais outrageant. Pour l'auteur, il s'agit avant tout de tendre la main aux Chrétiens en leur faisant prendre conscience de l'impasse dans laquelle les a conduits leur théologie. Fidèle à l'esprit du judaïsme, il ne fait montre d'aucun prosélytisme mais conseille aux Chrétiens de s'en tenir au respect des sept lois noachides.
Cinglant démenti à la théorie chrétienne du peuple témoin, condamné à errer s'il s'obstine à ne pas reconnaître le christ, le retour des Juifs en Israël a déstabilisé toute la chrétienté, qui peut désormais difficilement prétendre incarner le Verus Israël (véritable Israël). Comme pour consoler les Chrétiens de leur formidable échec, Abraham Livni affirme, textes prophétiques à l'appui, que la renaissance de l'Etat juif bénéficiera à toute l'humanité et annonce les temps messianiques.
Les années n'ont rendu que plus précieuse son analyse, époustouflante de clarté et de justesse. Comme beaucoup de grands maîtres du judaïsme, Abraham Livni a pris de court sa génération. Précurseur, il n'a pu constater de son vivant l'impact considérable de son enseignement. A travers son livre, il continue de vivre parmi ses heureux lecteurs. Et de guider leurs pas.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.
