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Refugies juifs des Pays arabes

Envoyé par lapid 
Refugies juifs des Pays arabes
05 avril 2010, 15:22
Les refugies oublies

"Les réfugiés oubliés" - Documentaire 50 minutes

Un film sur le million de réfugiés juifs des pays arabes

Dissimulée derrière les gros titres du conflit au Moyen-Orient, se trouve l’histoire oubliée des communautés juives de la région. En 1945, un million de juifs vivaient au Moyen-Orient en dehors des frontières de la Palestine mandataire et en Afrique du nord. Quelques années plus tard, ils n'étaient plus que quelques milliers.

Voici l’histoire de ces milliers d’individus qui ont fui leur maison, qui ont connu les camps de réfugiés et qui gardent aujourd’hui, en silence, la mémoire d'une civilisation détruite.
Ce film raconte l'histoire et la destruction de ces communautés juives orientales, certaines d'entre elles ayant existé pendant plus de 2500 ans. A travers les témoignages de ces Juifs qui ont fui l'Egypte, la Libye, le Maroc, l'Iraq et le Yémen, les histoires de ces réfugiés sont entrecoupées par des images d'archives exclusives.



Les refugies oublies - partie 1
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Les refugies oublies partie 2
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Les refugies oublies - partie 3
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L’exode des Juifs des pays arabes - Par ELIAS LEVY, Reporter - Pour The Canadian Jewish News - 2 Aout 2010

856000 Juifs ont été expulsés des pays arabes en 1948, quelques mois avant et après la création de l’État d’Israël.

Depuis 1947, le centre des préoccupations de l’Assemblée Générale des Nations Unies a été les réfugiés palestiniens. Les griefs formulés par plusieurs centaines de milliers de réfugiés juifs originaires des pays arabes contraints à l’exil ont été jusqu’ici totalement ignorés par les instances onusiennes et les organismes chargés de gérer le problème des réfugiés du Moyen-Orient.

Sur les 681 Résolutions de l’ONU sur le conflit au Moyen-Orient, 101 ont été consacrées à la question des réfugiés palestiniens.

Des organismes de l’ONU ont été spécialement créés pour protéger et prodiguer de l’aide aux réfugiés palestiniens.

Depuis 58 ans, des dizaines de milliards de dollars ont été alloués par la communauté internationale pour subvenir aux besoins et porter assistance aux réfugiés palestiniens.

“Pendant cette même période, il n’y a eu aucune Résolution de l’ONU, aucune assistance apportée par les Agences de l’ONU, ni aucune assistance financière fournie par la communauté internationale pour améliorer la situation, parfois désespérée, des Juifs réfugiés originaires des pays arabes. Pourtant, dans tous les accords internationaux bilatéraux ou multilatéraux applicables (par exemple, la Résolution 242 de l’ONU, la Conférence de Madrid de 1991, la Feuille de Route…) la référence aux “réfugiés” est générique, ce qui, en principe, doit permettre la reconnaissance et l’inclusion de tous les réfugiés du Moyen-Orient, indépendamment de leur religion et de leur origine ethnique -Juifs, Chrétiens…”, rappellent dans un communiqué commun les responsables de l’Organisation Mondiale des Juifs Originaires des Pays Arabes (WOJAC) et du groupe La Justice pour les Juifs Originaires des Pays Arabes (JJAC).

Ces deux organisations se sont fixé comme mandat de:

-Revendiquer les droits légitimes des réfugiés originaires des pays arabes en menant une campagne internationale qui examinera les violations massives des droits de l’homme dont ces derniers ont été victimes.

-Cataloguer les vastes pertes individuelles et communales subies par les Juifs expulsés des pays arabes.

-Mettre en branle des programmes éducatifs et de sensibilisation pour le public sur le patrimoine spolié et les droits des réfugiés juifs natifs des pays arabes.

-Publier les récits des familles des Juifs bannis des pays arabes.

Quarante pays participent déjà à la Campagne internationale pour les droits et la réparation des réfugiés originaires des pays arabes lancée en novembre 2006 par WOJAC et JJAC.

En 2003, le gouvernement d’Israël a demandé que des efforts soient faits pour “recueillir des informations, des données, les détails des registres des propriétés juives et communales dans les pays arabes, des plaintes déposées pour dommages, des violations des droits dont les Juifs ont été l’objet…”

Si en 1948, l’UNRWA, organisme des Nations Unies chargé d’aider les réfugiés, dénombrait 540000 réfugiés palestiniens, on a dénombré entre 1945 et 1980 856000 Juifs du monde arabe, dont plus de 600000 trouvèrent refuge en Israël et environ 300000 en Europe et dans les Amériques. Bien avant le départ des puissances coloniales et la création de l’État d’Israël, la xénophobie des mouvements nationalistes arabes les avait engagés au départ.

Une série de pogroms avaient éclaté dans plusieurs capitales: en Irak en 1941 (le Farhoud, c’est-à-dire le pogrom), à Tripoli en Libye en 1945, en Syrie en 1944 (la majeure partie des Juifs quitta alors le pays), à Alep et à Aden en 1947…

En 1948, la guerre décrétée contre l’État d’Israël au lendemain de sa proclamation -et perdue- par six États arabes devait conduire à une aggravation de la condition juive. De 1948 à 1949, des centaines de Juifs furent internés dans des camps en Égypte. En 1956, la nationalité égyptienne fut retirée aux “Sionistes” (ainsi définis: “non une religion mais le lien matériel et spirituel entre les Sionistes et Israël”). En 1957, leurs biens furent mis sous séquestre. En Irak, en 1948, le Sionisme fut rangé dans la catégorie des crimes d’opinion, passibles de sept ans de prison et d’une amende. En 1950, les Juifs y furent privés de leur nationalité et, en 1951, dépouillés de tous leurs biens. Cette même année, la Synagogue de Bagdad où ils s’enregistraient pour l’émigration fut la cible d’un attentat. Dans la péninsule arabique, les Juifs furent aussi expulsés par la violence et l’intimidation. Dès le début du XXe siècle, l’exclusion avait durement frappé les Juifs yéménites (16000 émigrèrent de 1919 à 1948). La mise en pratique de la loi islamique prônant l’islamisation forcée des orphelins poussa définitivement les Juifs du Yémen sur les voies de l’exode qui les conduisit vers Israël. Les Juifs du Najran, région voisine annexée par l’Arabie Saoudite, se joignirent à eux (43000 Juifs en 1948-1949). Victimes d’un subterfuge du pouvoir, ils furent dépouillés de tous leurs biens…

C’est ainsi que 129539 Juifs d’Irak, 37395 Juifs d’Égypte, 50619 Juifs du Yémen et d’Aden, 8523 Juifs de Syrie, 4032 Juifs du Liban, 35802 Juifs de Libye, 52118 Juifs de Tunisie, 24067 Juifs d’Algérie, 266304 Juifs du Maroc trouvèrent refuge en Israël, pour la plus grande part entre 1948 et 1958 et en moindre mesure de 1970 à 1980 (statististiques établies par WOJAC).

“Ces centaines de milliers de réfugiés juifs sont les témoins du “péché originel” des États-nations arabes”, estime le philosophe et universitaire français Shmuel Trigano, qui aborde la question des réfugiés juifs des pays arabes dans son excellent essai L’ébranlement d’Israël. Philosophie de l’histoire juive (Éditions du Seuil, 2002).

D’après cet intellectuel, la partie sépharade de la population israélienne fonde la légitimité morale et politique de l’existence de l’État juif, qu’elle incarne autant que d’autres, dans une historicité partagée avec les États arabes et dans laquelle ces derniers n’ont pas la part belle.

“Dans la perspective de l’histoire des Sépharades, les Israéliens ne proviennent pas uniquement d’une population importée d’Europe qui aurait chassé les Palestiniens, mais du processus d’autodétermination d’une minorité, le peuple juif sépharade, opprimé par le monde arabe et se libérant en son sein -la Palestine mandataire-, au moment où s’y créent les États-nations dans leur singularité.”

Pour Shmuel Trigano, loin d’être innocents, les Arabes sont, au contraire, coupables d’un péché congénital, pour avoir chassé ou exclu et dépouillé plus de 850000 Juifs établis dans les contrées arabes depuis plus d’un millénaire et maintenu comme un abcès ouvert 540000 réfugiés palestiniens dans des camps pour les transformer en bombe à retardement contre Israël.

“C’est le seul problème de réfugiés de l’Histoire contemporaine qui n’a pas trouvé de solution dans une époque où l’on en a dénombré 60 millions. Je ne veux ici qu’évoquer les 1300000 Grecs chassés de Turquie et les 400000 Turcs expulsés de Grèce dans les années 1920 ou les 13 millions de personnes déplacées entre l’Inde et le Pakistan. Entend-on parler d’eux aujourd’hui? Comment 540000 réfugiés palestiniens n’ont-ils pas trouvé leur place? Alors que tous les réfugiés du monde dépendaient du Haut-Commissariat pour les réfugiés, les Palestiniens ont même bénéficié d’une Agence spéciale de l’ONU, l’URNWA, entretenant ainsi depuis presque soixante ans une bureaucratie de 17000 employés et engloutissant annuellement plusieurs dizaines de millions de dollars de frais auxquels les États arabes ont toujours très peu cotisé.”


Source : [www.cjnews.com]
Re: Refugies juifs des Pays arabes
05 avril 2010, 15:48
Les réfugiés juifs originaires des pays arabes - Par Maurice Konopnicki *

L'EXODE DES JUIFS DES PAYS ARABES

On comptait en 1948, 800.000 Juifs dans les pays arabes du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Une génération plus tard, en 1976, la plupart des communautés juives de ces pays avaient disparu, ne laissant rien derrière elles que quelques milliers de Juifs dispersés dans un certain nombre de villes de ces régions. La disparition d'une des plus anciennes communautés juives du monde a été provoquée, en grande partie, par l'intolérance, les discriminations, les lois vexatoires et les persécutions violentes qu'elle a dû subir, depuis les conquêtes de l'Islam. A certaines époques, les Juifs ont bénéficié de la tolérance et de la protection des lois; il leur est même arrivé, dans les pays de la mouvance arabe, de s'élever à des fonctions très importantes. Mais ces périodes furent des exceptions. La proclamation de l'indépendance de l'Etat d'Israël, Etat juif indépendant au Proche- Orient, en 1948, fut d'une part, un prétexte nouveau pour l'intensification et la légitimation des règlements anti-juifs dans les pays arabes, d'autre part, une occasion pour ces pays de se débarrasser des Juifs en leur accordant la permission tacite d'émigrer. Plusieurs Etats arabes ont même dans certains cas encouragé indirectement cette émigration.

LA DEGRADATION DE LA SITUATION DES JUIFS

Au moment de la résolution des Nations Unies sur le partage de la Palestine, des émeutes contre de nombreuses communautés juives se sont produites dans tout le monde arabe. Les violences anti-juives se sont répandues : des synagogues, des maisons, des magasins juifs ont été brûlés et pillés; des centaines de Juifs ont été assassinés dans les rues; des milliers furent emprisonnés pendant des mois comme des criminels. La liberté de leurs déplacements fut contrôlée; l'émigration vers Israël interdite et de nombreux Juifs privés de leur citoyenneté. Les Juifs qui étaient dans le commerce furent spoliés de leurs biens, leurs comptes en banque gelés et leurs propriétés évaluées à des millions de dollars, graduellement confisquées. Comme au cours des siècles précédents, les Juifs furent écartés des administrations gouvernementales ou leur accès au fonctionnariat sévèrement limité. Ils étaient ainsi privés de leurs moyens de subsistance et devenaient des otages dans leur pays d'origine. Ils ne pouvaient plus, en conséquence, continuer à vivre dans ces pays. Les traces des communautés juives florissantes et prospères ont ainsi été totalement effacées à mesure que les Juifs étaient contraints d'émigrer en grand nombre. Le tableau ci-dessous résume éloquemment la disparition des communautés juives des pays arabes entre 1948 et 1976 .

POPULATION JUIVE DES PAYS ARABES EN 1948 ET 1976 (Estimation)

1948 -----> 1976

Maroc 265.000 -----> 17.000
Algérie 140.000 -----> 500
Tunisie 105.000 -----> 2.000
Libye 38.000 -----> 20
Egypte 75.000 -----> 100
Irak 135.000 -----> 400
Syrie 30.000 -----> 4.350
Liban 5.000 -----> 500
Yémen 55.000 -----> 1.000
Aden 8.000 -----> 0
(Yémen du sud)

TOTAL 856.000 ------> 25.870

L'EXODE

L'Etat d'Israël a constitué un refuge naturel pour la majorité des Juifs originaires des pays arabes. Certains étaient partis seuls. D'autres ont été transportés en Israël au cours d'opérations massives de sauvetage organisées par les communautés locales et les autorités israéliennes. Les exemples les plus marquants ont été le transfert des Juifs d'Irak et du Yémen, qui ont été transportés en masse au moyen d'un pont aérien entre 1948 et 1951. Il en a été de même pour la communauté juive de Libye, qui a été transportée presque entièrement en Israël. 586.268 Juifs originaires des pays arabes se sont installés en Israël ; plus de 200.000 autres ont émigré vers la France, la Grande- Bretagne et les Amériques. Avec leur descendance, le nombre total des Juifs qui ont quitté leurs foyers dans les pays arabes et qui vivaient en 1977 en Israël était de 1.136.436 soit près de 41% de la population . Au moins 500.000 autres vivaient en France, au Canada, aux Etats-Unis et en Amérique latine. La majorité des réfugiés juifs venus des pays arabes sont arrivés en Israël dans les trois années qui ont suivi son accession à l'indépendance. Sur un total de 586.070 qui sont arrivés jusqu'en 1977, près de 400.000 sont entrés dans le pays entre 1948 et 1951. Les Juifs de ces pays qui immigrèrent en Israël en 1948 étaient inspirés par l'idéal du retour dans la patrie. Toutefois, ils étaient, pour la plupart, des réfugiés chassés de leurs foyers et forcés de quitter une tradition et une culture séculaires du fait de persécutions qui rendaient les conditions d'existence des Juifs dans les pays arabes extrêmement difficiles, voire intolérables. Le tableau ci-dessous montre le nombre de Juifs qui ont quitté les pays arabes pour se rendre en Israël en 1948 et 1972 .

IMMIGRATION EN ISRAEL DES JUIFS ORIGINAIRES DES ETATS ARABES DU 15 MAI 1948 AU 22 MAI 1972

Pays Nombre

Maroc*
Tunisie*
Algérie*330.833
Libye 35.666
Egypte 29.325
Syrie*
Liban* 10.402
Yémen*
Yémen du sud (Aden)* 50.552
Irak 129.292
TOTAL 586.070

* Les statistiques par pays n'ont pas été enregistrées pour ces pays avant 1950; il est donc plus facile de donner le nombre global.

LES COMMUNAUTES JUIVES

Maroc

La communauté juive du Maroc existe depuis l'époque de la destruction du premier Temple (596 av. J.C.). Cette antique communauté, la plus grande d'Afrique du nord, comptait 265.000 âmes. 73% de cette population d'artisans, de changeurs, de commerçants, vivaient dans les villes et constituaient 9% de la population urbaine du Maroc. Casablanca comptait en 1947 une communauté juive importante de plus de 86.000 âmes. Marrakech, Fez, Meknès et Rabat, autres grandes villes du Maroc, comptaient chacune plus de 15.000 habitants juifs en 1947 .

L'émigration vers Israël commença à l'initiative de petits groupes arrivés à l'époque de l'accession d'Israël à l'indépendance. Toutefois, les grandes vagues d'immigrants qui amenèrent en Israël plus de 250.000 Juifs marocains furent le résultat de mesures anti- juives suscitées à l'occasion de la fondation de l'Etat d'Israël. Des émeutes éclatèrent le 4 juin 1948 dans le nord du Maroc; des dizaines de Juifs furent tués ou blessés et les Juifs émigrèrent en masse peu de temps après.

De 1955 à 1957, plus de 70.000 juifs marocains arrivèrent en Israël. En 1956, l'émigration vers Israël fut interdite et en 1959 les activités sionistes furent mises hors la loi. A la même époque, plus de 30.000 juifs partirent pour la France ou les Amériques. L'interdiction d'émigrer vers Israël fut levée en 1963 et 100.000 Juifs quittèrent le Maroc pour s'y installer.

Algérie

En 1948, on comptait 140.000 Juifs en Algérie. Avant 1962, 60 communautés possédaient chacune au moins une synagogue, un rabbin et ses propres écoles. De mai à juillet 1962, presque tous les Juifs d'Algérie ont quitté le pays à la suite des accords d'Evian, qui octroyaient à l'Algérie son indépendance. Moins de 500 Juifs sont restés sur place. Pendant la guerre d'Algérie des pressions furent exercées sur les Juifs pour qu'ils soutiennent la cause nationaliste. Un porte-parole du F.N.L. déclarait en 1960 : "Les Juifs supporteront les conséquences de leurs hésitations quand l'Algérie sera indépendante." Les Juifs subissaient les pressions de la part des autorités françaises également. En conséquence, 14.000 d'entre eux émigrèrent en Israël, tandis que 125.000 partaient pour la France, ne laissant derrière eux que qu'une infime fraction de la deuxième en importance des communautés juives d'Afrique du nord.

Tunisie

Comme en Algérie, l'émergence du nationalisme tunisien suscita une législation anti-juive qui provoqua une émigration importante en 1961. La communauté juive de Tunisie comptait, en 1948, 105.000 personnes dont 65.000 à Tunis. En 1961, on n'en comptait plus que 70.000; et en 1968, 12.000 seulement. Les émeutes et les mesures anti-juives suscitées à l'époque de la guerre des Six jours (1967) avaient amené le départ de 7.000 Juifs pour la France.

La communauté juive de Tunisie était prospère et son statut assez prestigieux pour envoyer un député au Parlement. L'évolution de la politique gouvernementale a suscité l'inquiétude et l'insécurité, et a poussé les Juifs à émigrer en grands nombres. Plus de 50.000 se sont établis en Israël. Le conseil de la communauté juive avait été supprimé en 1958. En 1977, deux mille Juifs vivaient en Tunisie.

Libye

La communauté juive de Libye comptait 38.000 personnes en 1948; les mesures anti-juives ont amené sa liquidation totale. Les émeutes anti-juives de 1945 et 1948 suscitèrent des pogroms, des meurtres et la destruction des biens de la communauté. Avec l'accession de la Libye à l'indépendance et son admission dans la Ligue Arabe en 1951, la situation empira.

Les Juifs furent forcés d'émigrer en masse. La plupart, 35.612 immigrèrent en Israël, et 30.000 y étaient déjà arrivés en 1951. L'émigration illégale vers l'Italie, commença dès 1949; elle amena finalement 2.107 Juifs libyens en Israël. Des communautés entières furent déracinées : celle de Zliten (604 personnes) arriva en Israël en juillet 1949. D'autres communautés encore, comme celles de Tripoli et, notamment, celles des antiques cités de Garian-Trigina et Jefren (près de 15.000 personnes) arrivèrent en Israël en 1950 . Il ne restait en Libye en 1960 que quelques centaines de Juifs. L'hostilité croissante après la guerre des Six Jours les obligea à fuir en abandonnant tous leurs biens. En 1977, il restait une vingtaine de Juifs en Libye.

Egypte

Le nombre des Juifs établis en Egypte en 1948 était évalué à 75.000. En 1956, ils n'étaient plus que 40.000; dix ans après, ils étaient 2.500 et en 1977 il n'en restait qu'une centaine. L'exode des Juifs d'Egypte a été suscité par une suite ininterrompue de mesures anti- juives. Les débouchés économiques et l'emploi des Juifs fut restreint en 1947. Leurs biens furent confisqués en 1948 et ils furent arrêtés par milliers.

Les Juifs furent donc forcés de fuir en abandonnant tous leurs biens. 25.000 Juifs égyptiens étaient arrivés en Israël en 1957. 10.000 autres s'étaient enfuis à Alexandrie. Toutefois, les institutions juives de bienfaisance, les écoles et les synagogues avaient été fermées dans la plupart des cas .

Irak

La communauté juive d'Irak est l'une des plus anciennes et des plus grandes du monde arabe; elle comptait 135.000 personnes en 1948. Plus de 77.000 vivaient à Bagdad, c'est à dire un quart de la population de la capitale. C'était une communauté prospère et prestigieuse. Les Juifs occupaient, avant la seconde Guerre Mondiale, des positions importantes dans le commerce et l'administration .

En 1977, il restait 400 Juifs en Irak. La grande majorité de cette population a été intégrée en Israël après qu'elle eut quitté l'Irak à la suite des persécutions anti-juives qui se sont intensifiées à partir du vote de l'ONU sur la partition de la Palestine, en 1947, et qui se sont poursuivies même après la signature des accords d'armistice en 1949. Des centaines de Juifs furent tués ou emprisonnés au cours d'émeutes anti-juives. Les biens juifs furent confisqués et le sionisme déclaré délit majeur.

Les Juifs furent ainsi forcés de fuir en abandonnant leurs biens. De 1949 à 1952, 123.371 Juifs irakiens furent transférés en Israël par un pont aérien au cours de l'"Opération Esdras et Néhémie" . Peu de Juifs sont restés en Irak et ils sont en butte aux vexations et aux menaces continuelles des autorités.

Syrie

Il y avait en Syrie, en 1943, 30.000 Juifs, répartis essentiellement à Alep (17.000) et Damas (11.000). Des émeutes anti-juives éclatèrent dès 1945 et 1947 et furent suivies de la suppression des droits civils de la population juive. L'émigration avait été limitée dès 1945.

Les biens juifs furent pillés et détruits et les comptes en banque bloqués en 1949. 15.000 Juifs avaient quitté la Syrie dès 1948; 10.000 vers les Etats-Unis, 5.000 vers Israël. En 1977, il restait 4.350 Juifs en Syrie : 3.000 à Damas, 1.000 à Alep et 350 à Kamishli. Leurs déplacements étaient limités et les contacts avec le monde extérieur interdits. Ceux qui possédaient de la famille en Israël étaient souvent en butte aux vexations des autorités.

Liban

L'émigration des Juifs du Liban a suivi un cours assez différent de celui des Juifs des autres pays arabes, dirigé par des Arabes chrétiens, le Liban et ses structures politiques permettaient une tolérance relative à l'égard des Juifs.

Malgré cette situation relativement favorable, les Juifs se sentaient en danger et émigrèrent vers la France, l'Italie, la Grande-Bretagne ou l'Amérique; une partie s'est établie en Israël en 1967.

En 1974, il restait 1.800 Juifs au Liban, en majorité à Beyrouth. En décembre 1976, une source informée évaluait leur nombre à 500.

Yémen

L'Opération "Tapis volant", le pont aérien qui amena 48.818 Juifs yéménites en Israël en 430 vols de 1949 à 1950, est un autre exemple de l'exode d'une communauté juive toute entière évacuée de son milieu d'origine dans le monde arabe. 55.000 Juifs vivaient en 1948 dans deux grandes villes et 150 agglomérations rurales. Quelques centaines seulement y sont restés.

L'émigration des Juifs du Yémen vers la Palestine a commencé en 1881, année où 2.000 d'entre eux y arrivèrent. Près de 15.000 les rejoignirent de 1919 à 1948, poussés par leurs convictions sionistes ou leur foi religieuse. Ceux qui vinrent en 1950 fuyaient la persécution et les difficultés croissantes de la condition qui leur était faite.

Aden

L'histoire moderne des persécutions subies par les Juifs à Aden est longue et douloureuse. Le 2 décembre 1947, les Arabes proclamaient une grève de solidarité contre la résolution de l'ONU sur le partage de la Palestine. Une centaine de Juifs furent assassinés, la grande synagogue incendiée, les biens juifs pillés et détruits. Ces émeutes se reproduisirent en 1958, 1965 et 1967.

Les 8.000 Juifs d'Aden furent forcés de fuir. En 1959, 3.000 d'entre eux se trouvaient en Israël. Beaucoup avaient fui vers les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Aucun n'est resté à Aden.

Conclusion

L'évolution du climat politique au Moyen-Orient après la seconde Guerre Mondiale, et la fondation de l'Etat d'Israël ont poussé les communautés juives qui vivaient dans cette région de si longue date, à chercher un refuge contre les persécutions et la sujétion auxquelles elles avaient été soumises de tout temps. Avant cette époque, peu de Juifs avaient quitté les pays arabes malgré l'insécurité et les explosions périodiques de violence de la populace. L'émigration même vers la Palestine, alors sous la domination ottomane, n'assurait pas la sécurité. Tout aussi important était le sentiment d'une affinité profonde avec la culture autochtone, partagé par la majorité des Juifs de ces pays, tout comme le sentiment d'un lien organique avec l'environnement, lien élaboré au cours des siècles et qui éloignait le désir de chercher refuge ailleurs. C'est l'intensification des persécutions, à la suite du nouveau climat suscité par la guerre, qui avait provoqué d'immenses déplacements de populations, et la création de l'Etat d'Israël, qui rendaient inévitable l'exode des Juifs des pays arabes.

Cependant, il convient de dénoncer le mythe selon lequel l'antisémitisme du monde arabe ne serait que l'expression d'une opposition au sionisme. Albert Memmi dénonce ce mythe dans l'introduction de son ouvrage Juifs et Arabes (Gallimard, Paris, 1974, p.8.) : "Les propagandistes arabes musulmans proclament que ces conflits sont la conséquence du sionisme... D'un point de vue historique, c'est un pur non-sens, le sionisme ne fut pas à la source de l'antisémitisme arabe. La vérité est tout à fait à l'opposé, comme ce fut le cas en Europe. Israël est la réponse à la répression que les Juifs ont rencontré dans le monde entier, y compris la répression que nous, les Juifs des pays arabes, eûmes à endurer."

LES EPREUVES DE L'EXODE VERS ISRAËL

Ainsi, la très grande majorité des 856.000 Juifs qui vivaient dans les pays arabes en 1948 se sont réfugiés en Israël. Le reste s'est dispersé dans le monde entier. Dans leurs pays d'origine, beaucoup étaient prospères et considérés dans leurs communautés. Ils furent, en fait, expulsés de force et durent abandonner leurs biens personnels et ceux de leurs communautés. La majorité d'entre eux se sont retrouvés en Israël dénués de tout.

Quand les Juifs quittèrent les pays arabes, ces gouvernement s'empressèrent de promulguer les décrets appropriés qui leur permettaient de confisquer leurs biens. De sorte qu'à leur arrivée en Israël, ils étaient dépourvus de tout moyen de subsistance et ils dépendaient entièrement du nouvel Etat qui, lui-même, luttait à cette époque pour sa survie. Le jeune Etat, pauvre et dépourvu de ressources naturelles, en butte à de graves difficultés économiques, était également attaqué quotidiennement par des voisins hostiles.

Les immigrants arrivaient par centaines de milliers (et beaucoup étaient les rescapés épuisés des camps de la mort nazis et des camps des personnes déplacées). En 1949 seulement, 240.000 immigrants furent accueillis en Israël . De 1948 à 1951, un total de 687.739 immigrants sont entrés dans le pays, c'est-à-dire pratiquement l'équivalent de la population de l'Etat en 1948.

Contrairement aux Etats arabes qui avaient laissé aux soins de l'ONU les réfugiés qu'ils auraient dû prendre en charge, Israël et les Juifs du monde s'employèrent, tant bien que mal, à leur intégration. Toutefois, du fait des circonstances, le processus de cette intégration fut long et pénible. Les immigrants étaient dénués de tout et il fallait tout leur fournir. Arrivés en grandes masses, ils durent attendre que les logements pour les abriter et qui faisaient défaut puissent être construits.

La ma'abara, le camp de transit (chez les Arabes les mêmes camps étaient nommés "camps de réfugiés ") était la forme la plus fréquente de logement temporaire. Des milliers d'immigrants furent entassés dans des camps étroits composés de baraquements, et de tentes de toute sorte. Souvent les immigrants ne trouvaient à leur arrivée qu'un terrain vide.

Le manque de main-d'œuvre à cette époque retarda la construction de logements pour les énormes masses d'immigrants. Ceux-ci n'avaient pas d'autre choix que de construire leurs propres logements avec les moyens du bord. Des familles de dix personnes ou plus furent obligées de s'entasser à l'étroit. Les vivres manquaient aussi et les maladies étaient fréquentes en ces années de détresse .

La relation ci-dessous décrit un des aspects des épreuves endurées par les réfugiés juifs venus des Etats arabes, à leur arrivée en Israël.

La grande majorité des réfugiés originaires des Etats arabes étaient logés dans des tentes détrempées par les pluies et inondées durant le dur hiver 1949-1950. Les prévisions envisageaient un séjour de quelques semaines seulement dans les camps d'immigrants ; après quoi, les immigrants devaient être transférés à leur domicile définitif. En réalité, toutefois, du fait du très grand nombre des immigrants qui étaient arrivés en Israël, le rythme de ces transferts était insuffisants et la durée du séjour se prolongeait à trois, quatre, puis six ou huit mois…

Un des principaux camps d'accueil des immigrants était celui de Roch-Ha'ayin, où se trouvaient au moment du plus haut taux d'occupation, en 1950, quelque 15.000 immigrants étaient yéménites. Ils étaient tous logés dans des tentes, à quinze par trente. Les quelques bâtiments du camp abritaient l'hôpital et les dispensaires, la crèche, la cuisine, le réfectoire et l'école. Beaucoup de ces immigrants étaient arrivés dans un état de faiblesse extrême et la mortalité était élevée ; on comptait parfois jusqu'à 20 morts en un jour. De ce point de vue, la situation s'améliora rapidement ; la mortalité baissa et les gens reprirent des forces. Presque tous souffraient du trachome (98% exactement) au moment où ils sont arrivés au camp de Roch-Ha'ayin. Après quatre mois de séjour et de soins constants, qui étaient souvent administrés contre le gré des parents, cette proportion tomba à 20%. L'état de santé des enfants était également très insuffisant. Beaucoup d'adultes et d'enfants souffraient de maladies vénériennes.

En 1951, on comptait encore 256.000 immigrants dans les camps de transit ; c'est-à-dire, le cinquième de la population d'Israël qui comptait alors 1.400.000 habitants.

Conclusion

La présence ininterrompue des Juifs en Palestine couvre 33 siècles ; au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Arabie, 25 siècles. Cette présence a suscité des liens moraux et matériels très profonds avec ces pays : 25 siècles de naissances, de mariages, de morts ; de communautés créées, développées puis quittées par décret de déportation ou par la ruine économique ; de foyers, synagogues, écoles, boutiques, construits et reconstruits après chaque pogrome ou catastrophe naturelle ; de routes de commerce parcourues ; de légendes, contes chansons, maximes sur les villes et les villages ; de fêtes et commémorations et solennités distinctes ; de coutumes diététiques, de vêtements, de folklore ; 25 siècles de communautés de docteurs, marchands, artisans, fermiers, poètes, médecins ; de communautés qui représentaient des années de labeur productif et d'amour ; de services rendus au pays ; de création de commerces, de presse d'imprimeries, de banques, de branches entières de l'économie.

C'est aussi 25 siècles de combat livrés par les Juifs aux côtés des non-Juifs pour repousser les envahisseurs : aux côtés des musulmans contre les croisés ; aux côtés de Turcs contre Napoléon, des Algériens contre les Espagnols (17e siècle) ; aux côtés de leurs compatriotes de France et de Grande-Bretagne dans les deux guerres mondiales, et dans les luttes de libération nationale des peuples parmi lesquels ils vivaient.

Après vingt-cinq siècles de présence juive dans ces pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, 95% des communautés juives ont disparu en l'espace d'une seule génération. En fait, cela n'a été possible que parce que pendant 13 siècles le monde arabe a refusé d'intégrer les Juifs. Les Juifs ont, au contraire, toujours été rappelés à leur statut d'infériorité par des mesures discriminatoires et par la violence ouverte. Ainsi s'est détruit tout sentiment d'égalité ou de sécurité qui aurait dû naître du fait d'une aussi longue cohabitation.

LES PERSECUTIONS ANTI-JUIVES DANS LES PAYS ARABES

Les Juifs des pays musulmans étaient une minorité tolérée, et la tolérance est loin d'être l'égalité . Depuis l'apparition de Mahomet, le Coran et la loi islamique ont proclamé hautement le statut d'infériorité qui devait revenir aux Juifs ; l'humiliation était, en fait, la condition de l'octroi du statut de "sujet protégé" et de la survie physique dans ces pays.

Les Juifs, comme dhimmis, encouraient la peine de mort s'ils injuriaient le Coran, l'Islam ou Mahomet, s'ils épousaient une musulmane, s'ils convertissaient des musulmans, s'ils portaient atteinte à la vie ou à la propriété d'un musulman, s'ils aidaient l'ennemi ou hébergeaient des espions. Ils leur était interdit, sous peine de condamnation guère moins sévère, de construire des maisons plus élevées que celles des musulmans, de monter un cheval (et plus tard, une mule), de boire du vin en public et de prier ou de déplorer leurs morts à voix haute, voire de les enterrer d'une manière qui porterait atteinte aux sentiments des musulmans. Ils devaient porter des vêtements distincts ou des fragments de tissu coloré. Leur conduite en public, leur accoutrement, leurs demeures mêmes, devaient refléter leur infériorité et l'accentuer . Il leur était interdit de porter des armes, leur serment était invalidé par le serment d'un musulman et qui n'était pas recevable devant un tribunal, la peine infligée pour le meurtre d'un dhimmi était toujours inférieure à celle infligée pour le meurtre d'un musulman .

L'oppression des Juifs par les Arabes n'est pas un phénomène né en 1948. Elle a ses racines dans l'Islam et est un trait ineffaçable des relations entre Juifs et Arabes depuis Mahomet. La persécution des Juifs dans les pays arabes au 20e siècle n'est que le prolongement intensifié d'une tradition séculaire. Les Juifs, de statut social et religieux inférieur, ont enduré la cruauté et le mépris des masses musulmanes et celle des politiques arbitraires suscitées par les difficultés financières des souverains arabes.

"L'antisionisme islamique récuse tout caractère national - langue, histoire, civilisation - du peuple israélien et ne reconnaît que les droits religieux du dhimmi. Cette ambiguité entre guerre et tolérance a induit en erreur nombre d'analystes qui ignoraient le contexte de la dhimmitude" (Bat Ye'or, Le dhimmi, Anthropos, Paris, 1980, et L'antisionisme euro-arabe, Nouveaux Visages de l'Antisémitisme, NM7 Edition, Paris, 2001.)

Quel a été le processus qui a amené 96% des Juifs "arabes" à quitter les pays où leurs ancêtres avaient vécu depuis 2.500 ans, malgré les dangers auxquels ils étaient exposés eux et leurs biens ?

Le gouvernement irakien a commencé à promulguer des mesures anti-juives depuis l'accession du pays à l'indépendance. En 1934, l'enseignement de l'hébreu fut interdit et l'accès aux écoles supérieures limité pour les étudiants juifs. Les fonctionnaires juifs furent exclus de certaines fonctions. Les agressions contre les Juifs de Bagdad, les meurtres parfois, se multiplièrent à partir de 1936. Le régime, ouvertement pro-nazi et antisioniste, diffusait la propagande antisémite. La tension et les persécutions voilées débouchaient sur la violence dans d'autres villes aussi, où les dirigeants musulmans locaux exploitaient la situation pour extorquer de l'argent aux Juifs. Les 1er et 2 juin 1941, le jour de la Pentecôte juive, des foules d'émeutiers armés attaquèrent, au su des autorités, les Juifs de Bagdad. 170 à 180 Juifs furent massacrés, des centaines blessés ; 14.500 subirent des dommages matériels. La police et l'armée se joignirent aux émeutiers et aux pillards .

A partir de 1936, la Syrie servit de quartier général au Haut-commandement des Arabes palestiniens et de centre de propagande ; celle-ci s'intensifia après la visite, en 1937, d'officiers nazis. A partir de 1938, les manifestations et les émeutes anti-juives, qui allaient jusqu'au meurtre, dans les rues de Damas, se firent de plus en plus fréquentes ; en 1944, le quartier juif fut attaqué deux fois .

En Egypte, certains partis nationalistes poussèrent au boycottage contre les Juifs, en 1938 ; en juillet 1939, des bombes furent découvertes, avant qu'elles n'explosent, dans trois synagogues du Caire. Elles étaient enveloppées dans des tracts qui engageaient les Juifs à ne pas soutenir leurs coreligionnaires de Palestine .

La guerre de Six-Jours marqua un nouveau tournant dans la situation des Juifs des pays arabes. Des émeutes éclatèrent en Tunisie, en Algérie, en Libye, où elles furent particulièrement sanglantes, et à Aden. Ces émeutes et la haine croissante des Juifs au Maroc les fit fuir en Israël, en Europe et en Amérique. Les Juifs d'Egypte furent arrêtés en masse, y compris les malades et les vieillards, dont certains ne furent libérés qu'en 1970, après trois ans de tortures et d'humiliations. Certains furent conduits directement à l'aéroport, avec une demi-heure pour se séparer de leurs familles, signer un acte de renonciation à leurs biens et à leur nationalité et emporter quelques objets personnels .

En Syrie et en Irak, la guerre fut le signal d'arrestations massives, de tortures, d'une insécurité croissante et de violentes campagnes officielles contre les Juifs, exaltant la persécution et le meurtre et vengeant la défaite sur les Juifs sans défense. Les autorités religieuses musulmanes justifièrent l'extermination des Juifs au nom de l'Islam. Le Congrès islamique mondial d'Amman (Jordanie) déclarait, le 22 septembre 1967 :

"Juifs des pays arabes : le Congrès est persuadé que les Juifs résidants dans les pays islamiques n'apprécient pas la bienveillance et la protection que les musulmans leur ont octroyées au cours des siècles… La Congrès proclame que les Juifs qui résident dans les Etats arabes et qui ont des contacts avec les cercles sionistes ou l'Etat d'Israël ne méritent pas la protection et la bienveillance que l'Islam octroie aux sujets non-musulmans libres qui vivent dans les pays islamiques. Les gouvernements islamiques musulmans doivent les traiter comme des combattants ennemis. De même, les peuples islamiques doivent, individuellement et collectivement, les boycotter et les traiter comme des ennemis mortels. "

Conclusion

"Quoique les Juifs du Moyen-Orient appartiennent à cette région tout autant que les musulmans, la domination de ces derniers ne leur a jamais permis de vivre que dans des conditions de minorité tolérée dans un cadre discriminatoire". Les Juifs ont toujours été considérés comme appartenant à l'échelon le plus bas de la société, ils étaient désignés sous le nom d'asfal al-salfilin, les plus bas parmi les plus bas.

Or, les relations entre musulmans et juifs auraient pu être amicales et cordiales. Là où les deux groupes vivaient indépendants, des relations sociales et commerciales se sont nouées. Les Juifs ont souvent joué un rôle important dans les économies de leurs pays et parfois dans leur vie politique. Ils partageaient largement leurs coutumes alimentaires, leurs traditions et leurs croyances; certains saints étaient vénérés par eux en commun. Les souverains musulmans et les autorités religieuses, qui promulguaient les décrets humiliants et d'où venaient les incitations à la violence et à la destruction, prenaient parfois des mesures importantes pour protéger "leurs" Juifs. Mais l'héritage et les structures légales de la discrimination sont toujours présents. Les dispositions de l'Alliance d'Omar ont inspiré toute la législation jusqu'à nos jours et "sont destinés à convaincre les musulmans que les Juifs sont une race inférieure qu'il n'est nécessaire d'accepter et de respecter à un certain degré que pour rester fidèle à l'enseignement du Prophète."

Au cours des douze siècles de domination musulmane, les Juifs d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient ont subi des massacres, conversions forcées, confiscations et impôts arbitraires, agressions, accusations fabriquées, lois vexatoires et humiliantes, ainsi que le mépris des masses musulmanes du fait de leur statut inférieur et précaire. Ils ont pourtant survécu. Selon Bernard Lewis : "La situation des Juifs… sous la domination musulmane était très éloignée de l'utopie interconfessionnelle imaginée par les apologistes contemporains aux idées romantiques ; mais elle leur permettait de survivre et parfois de prospérer. Les persécutions contemporaines des juifs dans les pays arabes, sont légitimées par l'Islam ; elles résultent de la xénophobie nationaliste, et sont nourries par une propagande antisémite intense ; elles ont rendu la vie des Juifs, et certainement leur bien- être, impossibles dans la plupart des pays musulmans. " "L'ancienne tolérance a disparu et la nouvelle légalité s'est révélée être une tromperie. "

Dans certains pays, les gouvernements eux-mêmes sont responsables de la diffusion d'une propagande virulente et de la dégradation de la situation sociale, économique et politique des Juifs, qui se sont trouvés soumis à des restrictions de plus en plus sévères et à des humiliations ; ils ont aussi été victimes d'agressions brutales et fréquentes de la population excitée.

Même les pays arabes où les autorités étaient libérales ne pouvaient garantir entièrement la sécurité des Juifs face aux attaques de la populace, ou les protéger contre les nationalisations et les réformes économiques qui les privaient de leur place dans la vie économique. Les juifs pouvaient également constater le sort réservé aux autres minorités non-musulmanes et non-arabes dans les pays arabes qui étaient devenus indépendants. "L'année même où l'Irak avait obtenu son indépendance entière fut marquée par le massacre des Assyriens (1933)… Celui-ci fut suivi par des expéditions contre les Kurdes et par des exactions contre le petit peuple Yezedi qui vivait dans les montagnes de l'Irak du Nord depuis des siècles. " Le demi-million de Kurdes qui vivent en Syrie sont en butte à des nombreuses restrictions de leurs droits civiques, depuis 1962.

Annexe :

La valeur de la propriété appartenant aux Juifs en provenance de pays arabes estimée à 30 milliards de dollars

de Yair Sheleg Ha'aretz 03.01.2001

La valeur de la propriété privée et publique appartenant à des Juifs qui soit furent expulsés, soit quittèrent les pays arabes entre les années 1922 et 1982, est estimée à une somme d'environ 30 milliards de dollars, a déclaré l'ancien ministre Moshe Shahal, l'actuel président de la présidence mondiale de l'Organisation des Juifs des pays arabes (OJAL), lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

Shahal a ajouté qu'il parlait de la propriété appartenant aux 850.000 Juifs qui quittèrent les pays arabes durant la période ci-dessus. Quelque 600.000 d'entre eux immigrèrent alors en Israël.

Shahal déclare que l'OJAL est en train d'intenter une action de réparations pour faire contrepoids à la demande de compensation à payer aux réfugiés palestiniens, réclamée pendant les négociations menées actuellement par les Palestiniens avec Israël, et que tout accord politique au Moyen-Orient ne peut ignorer le droit de ces Juifs à recevoir des réparations.

Shahal est d'avis que les Juifs doivent eux aussi recevoir des compensations du fait qu'ils furent exilés des pays arabes, en particulier d'Irak, de Syrie, du Liban, d'Egypte, de Libye, de Tunisie, d'Algérie et du Maroc.

Selon Shahal, aucun accord politique au Moyen-Orient ne pourra ignorer les 850.000 Juifs qui vivaient dans ces pays et dont la plupart furent expulsés sans leurs biens suite à la création de l'Etat d'Israël en 1948, mais aussi en raison de la montée du nationalisme arabe au cours du XXe siècle et de la naissance d'Etats arabes indépendants au Moyen-Orient.

Environ 600.000 Juifs vinrent en Israël en provenance des pays arabes. Le reste d'entre eux émigrèrent dans d'autres pays. Lors de la conférence de presse, Shahal affirma que l'OJAL a l'intention de publier un rapport sur la propriété juive publique dans les pays arabes qui sera fondée, entre autres, sur les déclarations de personnes qui à l'époque avaient participé à la vie des communautés juives.

Un pas important en vue de réaliser les revendications des réfugiés juifs est la déclaration faite par le Président des Etats-Unis, Bill Clinton, pendant la Conférence de Camp David en juillet 2000. Cette déclaration parlait de la nécessité de trouver une solution au problème des Juifs vivant actuellement en Israël et ailleurs qui étaient devenus réfugiés suite à la déclaration de l'établissement de l'Etat d'Israël.


* Prof. M. Konopnicki Directeur du CID Centre d'Information et de Documentation Département Israël - Moyen-Orient Département Racisme et Antisémitisme

Extraits de : "Les Juifs originaires des pays arabes : un problème méconnu" par
Maurice M. Roumani, WOJAC (Organisation mondiale des Juifs originaires des pays
arabes), Tel-Aviv, 1977.

Basé sur : recensements officiels de chacun des pays; annuaires des communautés
juives; la question juive devant la commission d'enquête anglo-américaine,
1946; Haïm Cohen, 1952 et 1973; David Sitton, 1974; André Chouraqui, 1952;
Joseph B. Schechtman, 1961; David Littman, 1975. Gouvernement d'Israël. Office
central des statisitiques, 1975. Ce chiffre n'inclut pas les Juifs originaires
de pays islamiques non-arabes, comme l'Iran, la Turquie, ni ceux originaires du
Kurdistan.

Ibid.
Office central des statistiques, 1974.
Joseph B. Schechtman, On Wings of Eagles, p.273.
Schechtman, op. cit., p.143.
American Jewish Congress, op. cit. , p. 47.
Schechtman, op. cit. , p. 104
Shlomo Hillel, Le souffle du levant - Mon aventure clandestine pour sauver les Juifs d'Irak 1945-
1951, Collection Grands Documents, Didier Hattier, Bruxelles, 1989.
Government of Israel, Immigration to Israel 1948-1972 (Jerusalem : Central Bureau of Statistics,
1974), p.4.
Raphael Patai, Between East and West, pp. 207-208.
Morroe Berger, The Arab World, p.251.
Landshut S., Jewish Communities in the Muslim Countries of the Middle-East; A Survey. London,
The Jewish Chronicle, 1950, p.6.
Nehemia Robinson, The Arab Countries of the Near East and their Jewish Communities, pp. 50-51.
Chouraqui A., Marche vers l'Occident-Les Juifs d'Afrique du Nord. Paris, PUF, 1952, p.5.
Hayyim J. Cohen, Les Juifs du Moyen-Orient, (héb), pp.33-35.
Ibid., pp. 49-50.
Ibid., p. 52.
Dafna Alon, Arab Radicalism, p.76; International Conference for the Deliverance of Jews in the
Middle-East, pp.32, 67, 79.
Students' Committee for Human Rights in the Middle-East, Persecution of Jews in Arab Lands,
p.11.
Landshut, op.cit., p.23
Chouraqui, op. cit. , p. 47.
Lewis, Islam in History, p.165.
"Dès 1952, une vaste littérature antisémité - et non antisioniste ou anti-israélienne uniquement - a
été publiée dans les pays arabes; elle utilisait des arguments politiques, des thèmes raciaux,
théologiques et démonologiques..."(Lewis, ibid., p. 317) "Les thèmes religieux sont exploités pour
intensifier et approfondir la haine d'Israël et des Juifs..."(Harkabi, op. cit. , p. 263)
Lewis, op. cit. , p.145.
Re: Refugies juifs des Pays arabes
05 avril 2010, 16:08
ET LES RÉFUGIÉS JUIFS DES PAYS ARABES ? - Nouvel Observateur - 1 mars 2010



Réfugiés contre réfugiés dit la Knesset ! Le monde arabe abritait environ 900 000 juifs en 1945. Il en reste désormais 4.500.

À peine un demi pour cent. Il y a eu une épuration quasi parfaite de la composante juive du monde arabe. Cette population a été expulsée des pays arabes ou contrainte à l'exil. L'historique et l'analyse de cet exil constituent le coeur de l'ouvrage de Nathan Weinstock, Une si longue présence. Comment le monde arabe a perdu ses Juifs (1947-1967). Il y retrace pays par pays le parcours de ces communautés juives du monde arabe qui étaient des autochtones puisque elles étaient ancrées dans ces lieux depuis plusieurs siècles avant la naissance de l’islam.

Selon l'organisation internationale Justice pour les Juifs de Pays arabes (JJPA), quelque 850 000 Juifs ont été expulsés après 1948. Il s'agit d'individus originaires de Syrie, de Transjordanie, d'Egypte, du Liban, du Yémen, d'Iran, d'Irak, d'Algérie, de Tunisie, du Maroc, et d’Iran (bien qu’il ne soit pas un pays arabe).



Il faudrait aussi mentionner les Juifs expulsés de Jérusalem en 1948, dont les maisons ont été mises à sac par l'armée arabe, ce dont témoignent ces quelques images extraites d'un reportage photographique du magasine Life.







Le 24 février 2010, la Knesset vote une loi donnant le droit aux Juifs expulsés des pays arabes de demander une compensation pour les biens laissés derrière eux. (lire : [fr.jpost.com] )

Selon de nombreux députés israéliens, cette loi devrait faire partie intégrante de tout futur accord de paix.

Le projet de loi stipulait que "l'Etat d'Israël ne signera, ni directement ni via un intermédiaire, aucun traité de paix avec un pays dans lequel les droits des réfugiés juifs n'ont pas été respectés conformément au traité de l'ONU". "Dans toute discussion concernant le sort des réfugiés palestiniens", poursuit le texte, "le gouvernement israélien exigera la compensation des expulsés juifs".

L’article du Jerusalem Post ne dit pas si ces clauses ont été incluses dans le texte voté par la Knesset hier.

Il est évident qu’un mutisme a longtemps enveloppé la question de l’exode total de la population juive de l’aire arabo-musulmane. Ces Juifs qui ont opté pour les Etats-Unis, Israël, la France ou d’autres pays encore, se sont progressivement intégrés à leur pays d’accueil et ne sont pas des réfugiés héréditaires entretenus par l’ONU.

Pourquoi ce silence qui contraste curieusement avec la ferveur qui caractérise l’engagement de ceux qui militent pour la cause des réfugiés palestiniens ? Est-ce une vérité qu’on refuse d’entendre ou une situation qui relève de la normalité du Juif fondamentalement obligé de fuir pour l’éternité ?




The Silent Exodus, extrait du film de Pierre Rehov

Pour en savoir plus :

[www.nuitdorient.com]

[www.nuitdorient.com]

[www.amitiesquebec-israel.org]

[www.objectif-info.com]

[www.viejuive.com]

[www.cjc.ca]

[www.terredisrael.com]

[www.sefarad.org]
Re: Refugies juifs des Pays arabes
04 septembre 2010, 15:09
Les réfugiés juifs, une question centrale - Par Hélène Keller-Lind - 4 septembre 2010

Dîtes « réfugiés » dans le contexte du conflit israélo-arabe la plupart comprendront d’une manière pavlovienne : « palestiniens ». C’est que le travail de propagande, financé par la communauté internationale, a fait son œuvre....Or, la question des réfugiés juifs qui ont dû fuir en plus grand nombre les pays où leurs communautés étaient implantées depuis des siècles ne pourra être laissée de côté lors des négociations actuelles. Un point d’ores et déjà reconnu par les États-Unis


Réfugiés juifs des pays arabes et réfugiés palestiniens : la réalité historique

Dans son documentaire exceptionnel « Les réfugiés du silence » Pierre Rehov montre dans quelles conditions souvent dramatiques la plupart des Juifs des pays arabes, voire la quasi totalité dans certains cas, ont dû fuir leur pays { [www.pierrerehov.com] }Et il montre comment un grand nombre d’entre eux ont été accueillis dans l’État d’Israël qui venait tout juste d’être établi dans la guerre et ne disposait d’aucun moyen. Il montre, par exemple, ces camps de toile rudimentaires, les Maabarot, où des réfugiés qui avaient tout perdu ont vécu dans une grande précarité. Israël ne pouvait alors compter que sur la solidarité des Juifs dans le monde.

Pour que l’on dispose de tous les éléments Pierre Rehov a réalisé un documentaire parallèle tout aussi exceptionnel, « Les Otages de la Haine » { [www.pierrerehov.com] },dans lequel on voit comment la communauté internationale a donné des millions à ces réfugiés au statut héréditaire, ce qui est exceptionnel. Et démontre qu’il n’y a eu aucune volonté de leurs frères arabes de les accueillir et les intégrer. On sait que ce n’est qu’en août de cette année que le Liban, par exemple, leur a donné le droit d’exercer des professions « ouvertes aux étrangers » qui leur étaient interdites jusqu’ici... { [www.tdg.ch] }



Le double DVD mérite amplement d’être vu et revu { [www.amazon.fr] }alors que la question des réfugiés palestiniens va être mise sur le tapis des négociations directes qui viennent de débuter et très largement utilisée.
Avec une exigence de « droit au retour » des réfugiés et de leurs descendants à l’intérieur même d’Israël, comme on l’a déjà entendu ici et là. Mahmoud Abbas, lui-même, laisse planer le doute lorsqu’il s’exprime pour des interlocuteurs occidentaux { [www.spiegel.de] } en refusant de reconnaître jusqu’ici qu’Israël est un État juif – l’une des demandes réitérées à la rencontre de Washington par Benyamin Netanyahou – et en continuant à avoir une lecture inexacte des résolutions de l’ONU – voir plus bas-. Et ce n’est plus de doute qu’il s’agit lorsqu’il s’adresse à sa population par le biais des institutions de l’Autorité palestinienne { [www.palwatch.org] } Il affirme alors ou fait affirmer que les Juifs n’ont aucune place dans la région.

Israël s’exprime sur le sujet par la voix de Danny Ayalon

Dans son film « Les Réfugiés du Silence » Pierre Rehov a choisi de ne pas aborder le volet algérien. En effet, les Juifs d’Algérie étaient devenus français et Pierre Rehov, lui-même natif d’Algérie, estime qu’à ce titre, ils ne pouvaient être considérés comme réfugiés. Même si leurs familles avaient vécu en Algérie depuis des siècles et bien avant l’arrivée de la France.

Opinion que ne partage pas Danny Ayalon, vice-ministre des Affaires étrangères israélien et dont le père était originaire d’Algérie, qui évoque cette question des réfugiés juifs des pays arabes – tous les pays arabes- dans un éditorial publié le 2 septembre dans le Jérusalem Post [www.mfa.gov.il]

– voir la traduction ci-dessous -. Mais cette différence d’appréciation sur un point ne remet guère en question l’essentiel de son analyse qu’il partage avec le réalisateur et que ne contredisent nullement les résolutions 194 et 242 des Nations unies qui font référence en la matière. Il y a bel et bien eu près d’un million de réfugiés juifs des pays arabes et que leur sort et les spoliations dont ils ont été victimes sont à prendre en compte dans tout règlement du conflit israélo-arabe.


Éditorial de Danny Ayalon vice-ministre des Affaires étrangères - Le Jerusalem Post, le 2 septembre 2010

Etant donné que je suis membre d’un gouvernement démocratique, cela pourrait sembler étrange de dire que je suis un réfugié. Cependant, mon père, ses parents et sa famille n’ont été quelques-uns des Juifs, près d’un million d’entre eux, qui ont été expulsés ou contraints de quitter des terres arabes. Mon père et sa famille étaient algériens, appartenant à une communauté juive vieille de milliers d’années qui existait avant la conquête arabe de l’Afrique du Nord et même avant l’islam. Lors de son indépendance, l’Algérie n’a permis qu’aux musulmans d’acquérir la citoyenneté et a chassé la communauté juive autochtone et le reste de ma famille.

Bien que nombreux sont ceux qui font constamment référence aux réfugiés arabes ou palestiniens, très peu savent qu’il y a des réfugiés juifs originaires de pays arabes.

S’il y a eu environ 750.000 Arabes qui ont fui ou quitté la Palestine mandataire et Israël, il y a eu environ 900.000 réfugiés juifs venus de pays arabes. Avant que l’État d’Israël ait été rétabli en 1948 il y avait près d’un million de Juifs dans les pays arabes, aujourd’hui il y en a 5.000 environ.

Une distinction importante entre les deux groupes est le fait que de nombreux Arabes palestiniens ont été activement impliqués dans le conflit engagé par les nations arabes voisines, tandis que les Juifs des pays arabes ont vécu paisiblement, même avec un statut de soumission qui était celui de dhimmi, dans les pays qui avaient été le leur pendant des siècles sinon des millénaires.

En outre, les réfugiés juifs, qui étaient plutôt des citadins et des professionnels, par opposition aux Palestiniens, d’origine plus rurale, avaient amassé beaucoup plus de biens et de richesses qu’ils ont dû laisser dans ce qui avait été leur pays.

Des économistes financiers ont estimé que, si l’on prend les chiffres d’aujourd’hui, le montant total des biens perdus par les réfugiés juifs des pays arabes, y compris les biens communaux comme les écoles, les synagogues et les hôpitaux, est presque le double de celui des actifs perdus par les réfugiés palestiniens. En outre, il faut se souvenir que dans les années 1950 Israël a rendu plus de 90 % des comptes bancaires bloqués, des coffres-forts et autres éléments appartenant à des réfugiés palestiniens.

Même si le nombre de réfugiés juifs et la quantité de leurs biens sont plus importants que celui des Palestiniens, la communauté internationale semble n’être au courant que de la situation de ces derniers.

Il existe de nombreuses grandes organisations internationales consacrées aux réfugiés palestiniens. Une conférence annuelle se tient aux Nations Unies et une agence pour les réfugiés a été créée uniquement pour les réfugiés palestiniens. Alors que les réfugiés du monde entier ne disposent que d’un seul organisme, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), les Palestiniens sont placés sous les auspices d’un autre organisme, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).

Le budget de l’UNRWA pour 2010 est de près de la moitié du budget du HCR.

Tout aussi impressionnant est le fait que le HCR se targue d’avoir trouvé des "solutions durables" pour "des dizaines de millions" de réfugiés depuis 1951, année de sa création. Toutefois, l’UNRWA ne prétend même pas avoir trouvé de "solutions durables" pour qui que ce soit.

Si la situation n’est pas déjà assez faussée comme ça, examinons les définitions et la façon dont elles sont appliquées : normalement la définition de réfugié s’applique uniquement à la personne qui a fui et cherché refuge, tandis qu’un réfugié palestinien est la personne qui a fui ainsi que tous ses descendants pour tous les temps. Donc, selon la définition de l’UNRWA qui confère le statut de réfugié aux descendants, je serais aussi un réfugié.

Cependant, je ne me considère pas ainsi, je suis un fier citoyen de l’État d’Israël. Les réfugiés juifs ont trouvé leur expression nationale en Israël et un État palestinien devrait donc satisfaire les aspirations nationales des réfugiés arabes.

Des négociations directes sont sur le point de reprendre entre Israël et les Palestiniens, cette question sera à nouveau mise en avant. Le droit des Palestiniens dite « au retour » est une fiction juridique. La Résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations Unies, censée être la source de ce « droit » ne mentionne pas ce terme, n’est pas juridiquement contraignante et, comme toutes les autres résolutions pertinentes des Nations Unies utilise le terme volontairement ambigüe de « réfugiés » sans qualification.

La Résolution 242 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, qui est toujours considérée comme le principal cadre juridique pour résoudre le conflit israélo-arabe affirme qu’un règlement global de paix au Moyen-Orient doit nécessairement inclure "un règlement juste du problème des réfugiés."

Aucune distinction n’est faite entre les réfugiés arabes et les réfugiés juifs.

En fait, l’un des rédacteurs principaux de la résolution, le juge Arthur Goldberg, délégué principal des États-Unis auprès des Nations Unies, a déclaré : « La résolution s’attelle à l’objectif qui est de ’trouver un juste règlement du problème des réfugiés.’ Cette formulation renvoie sans doute à la fois aux réfugiés arabes et juifs. »

En outre, chaque conférence de paix et accord signé ou suivi entre Israël et ses voisins arabes utilise le terme de « réfugiés » sans qualification.

Au cours des célèbres discussions de Camp David en 2000, le Président Clinton, le facilitateur et hôte de ces négociations, a déclaré : « Il devra y avoir une sorte de fonds international mis en place pour les réfugiés. Il y a, je crois, un certain intérêt, et, ce qui est intéressant, des deux côtés, à ce qu’il y ait aussi un fonds d’indemnisation pour les Israéliens qui sont devenus des réfugiés de la guerre qui a eu lieu après la naissance de l’État d’Israël. Israël est plein de gens, de Juifs, qui vivait dans des pays essentiellement arabes et qui sont venus en Israël parce qu’ils étaient devenus des réfugiés dans leur propre pays ".
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