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La
Douda ( Agence
Chronique d’El-Fenech : Les ferrés de la Beyia.
Son Eminence El Fenech, pour avoir porté des jugements fort critiques sur la
Brie-Comtesse du Djoudjoura, s'est attiré une vive antipathie de la part de
celle-ci.
Dès lors son objectif est de rentrer en grâce auprès d'elle.
Le naïf El-Fenech fait connaissance d'une aventurière descendante d'un
batard de Baba Aroudj (Clone de Barbe Rousse), qui se fait appeler Jehane de
Hak El Ouet.
Celle-ci aidée par son mari et un charlatan vénitien le Brie-Comte
Alessandro de Cagliostro, entre autre amant de la Brie-Contesse (de son vrai
nom, Giuseppe Balsamo), profite de la crédulité de celui-ci pour faire
croire qu'elle est une intime de la Beyia, et qu'elle œuvre en sa faveur pour
le faire rentrer en grâce.
Sur les douze coups minuit, elle lui fait croire à une entrevue avec la Beyia
dans le Bosquet de Vénus du parc de Bab El Khadra. En réalité, le couple a
trouvé une petite prostituée, dénommée « La Grotte des Mille Révélations
« qui présente une forte ressemblance avec la Beyia.
Ils l'habille d'une robe de mousseline blanche semblable à celle de la
souveraine et la coiffe d'un chapeau à large bord.
Dans l'obscurité du Bosquet de Vénus, l'illusion est parfaite. Quand la
fausse Beyia tend à Son Eminence une rose avant de disparaître dans le parc,
l'homme est éperdu de bonheur.
Pas un instant il ne soupçonne que cet invraisemblable rendez-vous est un
leurre.
A la suite de cette "Entrevue Beylicale", la Brie-Comtesse du
Djoudjoura, à plusieurs reprise, se fait verser par Son Eminence de fortes
sommes d'argent "destinées au bonnes oeuvres de la Beyia".
Quelque temps après, le hasard permet aux La Brie-Comtesse de tenter un coup
d'éclat.
En effet deux joailliers Goulettois ont confectionné une rivière de diamants
de 2.300 carats, espérant vendre ce fabuleux bijou à la Beyia.
Mais devant le prix demandé( Cent millions de Dinars), la souveraine refuse.
La Brie-Comtesse complice des deux filous, conçoit alors un plan diabolique.
Elle confie à El-Fenech que la reine désire acheter ce joyau en cachette de
son mari et qu'elle lui demande de servir d'intermédiaire.
Sur la foi d'un billet signé « La Beyia », son Eminence, toujours sans méfiance,
achète à crédit la parure, qu'il remet à Jéhane la complice de la Brie
Comtesse. Celle-ci dessertit les diamants et les fait vendre en Venise par son
mari.
Evidemment, à aucun moment la Beyia n'a eu connaissance de ces tractations.
Lorsque au jours prévu pour la première échéance du paiement, les
joailliers se présentent au Palais, tout est découvert et Notre Bey (Le
Salut est sur Lui) pour venger l'honneur de sa Digne Epouse, se résout à
l'arrestation spectaculaire de son grand serviteur El-Fenech Jurisconsult de
son état.
Le 15 août, alors qu'il s'apprête à célébrer la sortie de la Madona Di
Trapani devant la cour ,
Son Eminence est arrêté et embastillé. Ainsi s'achève une rocambolesque
affaire dont la première victime est le Jurisconsult de la cour, mais qui
entache la réputation de la Beyia, pourtant totalement étrangère à
l'affaire.
L'affaire des diamants de la Beyia qui touche à la Couronne Beylicale, va
bien au-delà d'une escroquerie montée par deux filous particulièrement
habiles. Elle est déjà un prélude à une fin possible du régime.
La journée du 15 août est toujours à Hak El Ouet une grande fête, car on y
célèbre conjointement la cérémonie religieuse de l'Assomption et
l’anniversaire de la Beyia.
Toute la noblesse Goulettoise est rassemblée pour assister à la cérémonie
que doit célébrer Son Eminence, le Jurisconsult de Hak El Ouet, que notre
Bey avait nommé Grand Maistre des Cérémonies . Celui-ci, paré de ses
splendides habits d’officiant, s'apprête à accueillir le Couple Royal,
lorsqu'on l'informe que Notre Bey le demande dans son cabinet.
El Fenech, très surpris, trouve Notre Bey en compagnie de la Beyia, du garde
des sceaux de Hak El Ouet, ministre de la maison royale. Notre Bey, en lui
tendant la lettre des bijoutiers qui fait état de l'achat d'un collier de
diamants effectué par El-Fenech soi-disant pour le compte de la Beyia, lui
demande des explications.
Effondré, Son Eminence rédige une déclaration que lui dicte Notre Bey et
sort du cabinet. Alors qu'il traverse la galerie des Dattes, au milieu de la
foules des courtisans qui attend la cérémonie, retentit la voix du Garde des
sceaux : "Qu'on arrête El-Fenech ZZZZZ!".
Son Eminence est conduit à la prison et l'instruction révèle petit à petit
au public la stupéfiante escroquerie dont Son Eminence s'est rendu complice
malgré lui.
Mais le Bey commet alors une grave erreur, au lieu d'exiler discrètement La
Brie-Comtesse dans sa province lointaine il porte l'affaire devant le
Parlement.
Le scandale publiquement déclenché rejailli sur Notre Bey et la Beyia.
L'instruction est longue et compliquée.
La Brie-Comtesse et sa complice Jéhane, arrêtées le 16 août font une déposition
contraire à celle du Jurisconsult.
Les Goulettois prennent fait et cause pour le Jurisconsult, qui les a toujours
éclairés de sa science juridique. Le Peuple ressent ainsi l'arrestation du
Jurisconsult comme une atteinte à son égard.
C'est la Beyia qui a accusé El-Fenech, mais c'est le procès de la Beyia qui
se prépare : caricatures, pamphlets, libelles présentent la pauvre Beyia
comme ………. Je ne peux en dire plus ZZZZZ !
Quand le procès s'ouvre, devant les 64 magistrats de la Grand-Chambre et de
Hak El Ouet.
Dix jours durant, les interrogations se succèdent.
Enfin le procureur général prononce un réquisitoire fort dur où il demande
la condamnation du Jurisconsult.
Son discours entraîne une tempête de protestations dans l'assistance et de
violentes altercations entre les magistrats. Les délibérations des jurés
durent 16 heures, tandis qu'une foule de plus de 10 000 personnes est massée
autour du Palais des Dattes dans l'attente du verdict.
Chaque conseiller doit voter à haute voix. A 9 heures du soir, le verdict
tombe : à la majorité, le Jurisconsult est déchargé des plaintes et
accusations portées contre lui, mais chassé de la cour et exilé à Aïn
Zaghouan son fief, où il devra mener une vie de felah et d’ermite.
Jehane et son filous de mari sont condamnée à être fouettés en public,
marqués au fer rouge et emprisonnés à perpétuité dans l’Île Schikly,
pour crime de lèse Majesté (Jéhane s'en évada par la suite). Son mari pas
stupide, reste à Venise très enrichi, et devient contumasse.
La Brie-Contesse est condamnée, est condamnée à rembourser El-Fenech, payer
le Tribunal, et l’immense préjudice porté à la Couronne. De plus elle est
exilée chez ses sujets les Djaouras, cousins bien connus des Jurassiens dans
les Aurès.
Une ovation accueille le verdict, El-Fenech est devenu un héros que le peuple
en délire acclame.
Au Palais c'est la consternation car le jugement laisse supposer que la Beyia
est impliquée dans l'escroquerie.
La monarchie vacille, El Fenech sentant qu’elle pourrait ne plus se relever
du discrédit qu'a jeté sur elle la rocambolesque affaire des diams, demande
alors audience à notre Bey, qui le reçoit.
- La Paix est avec toi Ya Baba, je suis très malheureux de cette vilaine
aventure dans laquelle je me suis fait prendre. Je vais confesser la naïveté
avec laquelle je me suis conduit, dans cette lamentable affaire, tous les
Goulettois vont le savoir et te garderont leur affection.
- Va fils, va en Paix, car il y a toujours un temps pour la frustration, un
temps pour la colère, et un temps pour l’oubli, je sais que tu es sincère,
La Beyia m’a chargé de te dire qu’Elle te garde son amitié, et que tu
revienne vivre à Hak El Ouet !
- Ô merci Prince ! Je ne suis pas fait pour vivre comme un Fellah à Aïn
Zaghouan, et je m’ennuis trop de Hak El Ouet, dont l’atmosphère me manque
!ZZZZZ!
Extrait du livre : Le Grand Fourbi.
Ciao Figli del Hak-El-Ouet,
Berdah
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