“Les réfugiés du silence” retrace l’histoire du
million de Juifs qui ont été contraints de fuir les pays arabes où leur
famille était établie depuis des centaines, voire des milliers années.
Ces personnes qui avaient été dépouillées de tous leurs biens avant leur
départ. Ce qui fit d’eux des réfugiés. Bien qu’ils n’aient jamais
demandé ce statut et n’en aient jamais bénficié. Pas plus qu’ils n’ont
reçu la moindre compensation.
Mais, certains Juifs vivant dans les pays
arabes n’ont malheureusement pas pu quitter leur pays à cette époque.
Une partie d’entre eux a été assassinée, une autre emprisonnée et gardée
en otage. Des femmes, des jeunes filles ont été violées. “Les réfugiés
du silence” ouvre d’ailleurs sur un récit de viol.
Une grande partie de ce million de réfugiés
juifs s’est réfugiée en Israël, pays à peine né dans la guerre. D’autres
ont choisi l’Europe ou les Etats-Unis. Tous se sont intégrés sans causer
le moindre problème dans leur pays d’accueil.
Pierre Rehov utilise des films et photos
d’archives, souvent inédits. Il y mêle le témoignage de témoins qui
sont, soit des personnalités connues, comme l’historienne Bat Yor, ou
des personnes inconnues, qui ont souhaité s’exprimer pour la premire
fois sur un sujet très douloureux.
Deux Sénateurs américains prennent également la
parole, ainsi que l’ancien Président américain Jimmy Carter, par
exemple.
Ces victimes juives évoquent également leur vie
dans les pays concernés bien avant les troubles occasionnés par la
naissance d’Israël. Une vie qui fut rarement idyllique comme cela a pu
être prétendu par la suite. Les Juifs, comme les Chrétiens, d’ailleurs,
étaient soumis, en effet, au statut de dhimmi, des “protégés” qui
subissaient surtout toute une palette de mesures discriminatoires qui
variaient selon les lieux et les époques.
Ces réfugiés venaient d’Egypte, du Maroc, de
Tunisie, d’Irak, de Syrie, de Libye, du Yémen. Pierre Rehov a choisi de
ne pas évoquer le sort des Juifs d’Algérie. Ceux-ci, en effet, étaient
français et, bien que contraints à fuir également, ils furent rapatriés
en France et ne furent donc pas à proprement parler des “réfugiés”, même
si leur départ forcé fut aussi le plus souvent très douloureux.
Pierre Rehov raconte dans ce film cette saga
oubliée qui ne fut jamais relatée en images dans son ensemble.
Le plus souvent ces victimes juives se sont
longtemps tues par pudeur. Ou ont tenté d’oublier le passé en
reconstruisant leur vie dans leur pays d’accueil.
Le film a été slectionné par le Festival du
Film des Droits de L’Homme Paris en mars dernier. Il a également fait
l’objet d’une projection au Palais des Nations Unies à Genève dans le
cadre de la Commission des Droits de l’Homme. Or, comme nous le dit l’un
des témoins du film, si le sort des réfugiés palestiniens a fait l’objet
de plus de cent Résolutions dans cette enceinte internationale, jamais
auparavant le sort de ce million de réfugiés juifs n’y avait jamais été
mentionné.
Cela est désormais chose faite grâce aux
“Réfugiés du silence.”