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LE WEB DES JUIFS TUNISIENS

 

"LES EMBRUNS DE MA MEDITERRANEE:"

"MON VOYAGE EN TUNISIE"

Par ISABELLE TAHAR MILLER

5eme Partie

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La grotte de La Ghriba

 

  5eme Jour:

Jeudi: Jour des Sefers Torah et de notre pelerinage a la Ghriba!

Apres le petit dejeuner tres copieux du matin, nous nous engouffrons dans un taxi. La Ghriba est plantee au centre de l’ile et a a peu pres vingt kilometres de la zone touristique, zone qui je trouve, ressemble a un ghetto chic pour touristes.

J’admire les paysages alors que la radio du taxi nous berce de melodies arabes. Nous passons a proximite de la Hara Kebira, un quartier qui nous est desormais familier, et nous nous dirigeons vers Er-rhiad.

Justin, tout fier, me montre les chemins sablonneux et visiblement peu praticables qu’il a emprunte la veille a velo pour arriver a destination.

Voila que se dessine au loin l’imposant edifice aux murs badigeonnes de bleu ciel. Il tranche par rapport aux batiments blancs qui parsement l’ile. C’est d’ailleurs le seul batiment bleu ciel de l’ile comme si la Ghriba voulait revendiquer encore plus fort sa specificite. Le drapeau tunisien est peint a l’entree du caravenserail. Beaucoup d’ouvriers macons s’affairent a la mise en oeuvre de travaux-peut-etre des travaux de renovation-qui precedent le pelerinage de Lag Baomer tres attendu, et qui doit avoir lieu onze jours plus tard. La Ghriba a ete decrite des milliers de fois sur le site et je ne le referais pas.

Justin est mon guide. Il me montre le caravenserail avec sa cour interieure. L’architecture est simple et belle. Je regarde peu rassuree les chambres aux lits precaires qui doivent servir de logis temporaire pour les pelerins. Je ne me verrais pas du tout passer une nuit la dedans. J’imagine cafards, scorpions et serpents grouillant partout. Peut-etre suis-je trop snob?

Nous entrons dans la synagogue. Quand on me disait qu’elle etait tres belle, je me disais toujours "bon combien peut-elle etre belle?" mais en fait c’etait sous-estimer mon impression! La Ghriba est une synagogue magnifique. En fait, je n’ai jamais vu une synagogue semblable et qui degage une telle spiritualite.

J’apercois un rabbin en train de distribuer des chales aux epaules trop decouvertes. Les batlanim sont la, immuables, un livre de priere a la main, leur chechia rouge vissee sur leur crane burine. Ils font naturellement partie du decor et semblent colles aux bancs recouverts de natte tressee. Je n’imagine pas la Ghriba sans leur presence car tout le charme s’envolerait. Ici, il faut enlever ses chaussures et je me plie volontiers a ce rituel.

Des bougies brulent dans un coin et je m’empresse d’allumer les miennes. Les bougies sont une denree recherchee. Des dames francaises, inquietes d’avoir oublie d’en apporter, me demandent de leur en donner, ce que je fais bien volontiers.

Je suis tres emue, tres touchee par cette synagogue malgre le bruit en fond sonore des bavardages d’autres touristes. La grotte ou les femmes infertiles et les jeunes filles qui desirent se marier viennent faire bruler un oeuf et doivent le consommer -on dit qu’elles trouveront un mari dans l’annee, les autres enfanteront- est sombre et minuscule. Une jeune fille mince s’est recroquevillee sur elle-meme et s’est nichee a l’interieur, pleine d’espoir! Ouf, je n’ai plus a faire ca! Je prie avec ferveur pour ma famille, fille et mari, mes parents, mes soeurs, pour les malades, pour celles qui doivent accoucher…

Je reste assise la a contempler ces murs charges d’histoire et couverts de magnifiques plaques en argent. La presence divine souffle dans chaque coin. C’est tres intense et ma gorge se noue. Je n’ai jamais ressenti cela avant dans une synagogue. En fait, la Ghriba est plus qu’une simple synagogue: c’est un lieu saint.

Je lis quelques psaumes puis distribue la seouda de raisins secs et amandes que maman m’a donne. En quelques minutes, celle-ci disparait mais je reussis a en sauver pour mes parents et mes soeurs! Les batlanim s’enfilent quelques rasades de boukha. Vient le moment incontournable de la brakha et le batlan maugree tres vite nos noms en hebreu, ses mains poses sur notre tete. Nous y allons de notre donation que l’on depose dans la tsedaka posee sur la table.

Une queue se forme rapidement pour la brakha du batlan, un homme assez fort. Il a l’air d’etre celui qui donne les brakhot aux pelerins. Je recupere mes bougies a peine consumees pour les rapporter a ma famille comme le veut la coutume. Enfin je l’ai vue cette fameuse Ghriba!

Dehors des taxis prepayes attendent leurs clients. Nous en trouvons un de disponible et repartons vers Houmt Souk. Le chauffeur est berbere et il nous montre les amandiers et les oliviers plantes le long de la route. Il se pame aussi devant la beaute de la Ghriba comme un joyau national protégé par tous. En fait, la Ghriba est le fleuron de Djerba.

 

HOUMT SOUK:

Sans hesiter, nous allons a la boutique d’Ilan. Il est la vetu d’un tee shirt jaune qui sied si bien a son beau teint bronze et a ses yeux vert amande. Ilan est un joli garcon comme on dit et les filles de notre synagogue craquaient d’ailleurs, toutes, pour lui. Il fait tres Israelien. J’achete a ma fille une petite main en argent.

Soula, son employe, nous embarque vers le souk. C’est le jour du marche a la criee. Quelle cacophonie! Des hommes en djellabas blanches sont juches sur des chaises hautes et scrutent la foule qui surencherit a chaque poisson presente. Justin trouve cela tres pittoresque et je me demande si le poisson est vraiment bon marche. En tout cas, il semble tres frais!

Soula est tres fier de nous montrer le souk. Je cours a droite, a gauche fascinee par tout ce qu’il y a a decouvrir. Le marche aux legumes est plus propre que celui de Sousse, qui m’avait choque par sa crasse repoussante (impossible d’utiliser un autre qualificatif!). J’en profite pour acheter des amandes vertes que ma mere adore, des citrons pour papa (quel est le Tunisien qui n’aime pas le citron?) et de superbes courgettes. Je ne peux m’empecher de faire a nouveau une viree chez le marchand d’epices (harissa, olives-les meilleures olives que j’ai mangees-, piquantes a souhait, loukoum parfume a la rose…). Grace a la complicite de notre jeune guide, nous payons les prix reglementaires.

Il me faut rapporter quelques souvenirs. La poterie est lumineuse. Les plats decores de poissons jaunes et bleus luisent sous le soleil de l’apres midi. En fait, cela ressemble beaucoup a la vaisselle de Genevieve Lethu (une marque a la mode a Paris) et cela semble etre fait sur mesure plus pour plaire au touriste que pour temoigner de l’artisanat local. Je me decide a acheter des ceramiques decorees de poissons et oeil pour la chance et contre l’ayin ara. Nous sommes assez superstitieux, nous les Tunes, ce qui desarme souvent Justin.

Apres avoir fait affaire, le marchand s’empresse d’aller nous chercher des rafraichissements. Justin, dans un premier temps, refuse mais je lui explique que cela offenserait son sens de l’hospitalite. Apres avoir sirote un verre de the, le marchand se propose tres spontanement de nous mener a la boulangerie principale et chez le grossiste en dattes (comme si j’allais y acheter des cageots!). Le pain italien sort tout chaud du four et je le devore en marchant. Le pain en Tunisie est excellent et tres varie. A l’hotel le matin, on en trouve jusqu’a quarante sortes de toutes les formes et de toutes les tailles et que l’on coupe et consomme a sa guise. Je peux dire avoir fait une cure de pain pendant ce voyage!

Ilan nous invite chez lui pour Shabbat. Mais il nous faudrait prendre un hotel proche du centre ville pour marcher jusqu’a chez ses parents car nous sommes shomer shabbat. Cette idee, bien que genereuse de la part de notre jeune hote ne m’emballe guere, car notre hotel est tres confortable et je n’ai pas envie d’avoir a prendre un hotel de ville non classe et a la proprete douteuse. Nous nous mettons d’accord pour revenir le lendemain apres-midi recuperer le repas de shabbat que sa mere nous aura prepare et que nous prendrons a notre hotel.

Il est deja dix-neuf heures et temps de rentrer. Par curiosite, je regarde a une station service du coin, le cout du litre d’essence. On est loin des 7 francs de France. Si ma memoire est bonne, le litre coute moins d’un dinar! Heureux automobilistes tunisiens!

Suite au prochain numero.


 

 

    Ornement de La Ghriba

 


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