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Il y a 50 ans : LES ÉVÈNEMENTS DE BIZERTE

Envoyé par MeYeR 
Il y a 50 ans : LES ÉVÈNEMENTS DE BIZERTE
27 juillet 2011, 16:03
Cela fait exactement 50 ans que se produisaient ce qu'on appela par la suite LES ÉVÈNEMENTS DE BIZERTE.

Cette période eut des conséquences importantes sur la situation des Juifs de Tunisie puisqu'elle fut suivie de très nombreux départs définitifs plus ou moins précipités selon les possibilités de chaque famille.

J'ai raconté dans l'article "Mon ami Henri Bellicha" comment lui et moi avions vécu cet épisode dramatique. Je le reproduis à nouveau ci-dessous.

Depuis la naissance de HARISSA, ce sujet a été soit traité directement, soit seulement évoqué par ses conséquences.

A l'aide de la rubrique Recherche j'ai trouvé plusieurs références. Cette liste n'est sûrement pas exhaustive car elle n'a pas pris en compte toutes les interventions de l'ancien forum "ADRA : LES COMMENTAIRES D'HARISSA ".

J'ai pensé qu'il serait utile de regrouper ces documents et de faire appel à de nouveaux témoignages, comme celui que shochote a récemment donné dans la rubrique
L'anniversaire du décés de Henri Bellicha z'al
Auteur: shochote (IP enregistrée)
Date: 23 July 2011, 04:38


Voici donc la liste des références trouvées sur HARISSA


BIZERTE
[www.harissa.com]

Le Mossad a sauvé les Juifs de Bizerte
[www.harissa.com]

A LA GORDONIA DURANT LA GUERRE DE BIZERTE EN 61
[www.harissa.com]

Mon ami Henri Bellicha
[www.harissa.com]

Montée des mouvements nationalistes Arabes
[www.harissa.com]

MAYA NAHUM : Les Gestes
[www.harissa.com]

LA LETTRE DE PAULO A MOURAD, 20 ANS APRES
[www.harissa.com]

L'AVENUE BOURGUIBA A TUNIS
[www.harissa.com]
Re: Il y a 50 ans : LES ÉVÈNEMENTS DE BIZERTE
27 juillet 2011, 16:05
Article publié en 2009.

Mon ami Henri Bellicha

Cela fait cinq ans que mon ami Henri Bellicha a disparu. Il apparaissait souvent dans ses publications et dans le chat du Café des Dattes sous le pseudo de Raphaël.

J'avais rencontré Henri Bellicha, plus jeune que moi, à l'Hashomer Hatzair à Tunis, à la fin des années 1950.

Nous nous étions retrouvés grâce à une annonce qu'il avait fait paraître dans Harissa, au début de sa création. C’est ma fille qui m’avait signalé cette parution, car je lui avais raconté les faits décrits plus loin.

Voici le texte de cette annonce :
« Je recherche les anciennes et anciens de L'HACHOMER HATZAIR Tunis de 1955 à 1961, et en particulier ceux du makhané de Bizerte. ceux qui sont allés en ville et ceux qui sont restés dans la forêt. merci par avance. »

Nous avions participé ensemble à plusieurs makhanot (camps). En particulier ceux du R’mel, en 1960 et en juillet 1961, dans une forêt de pins au bord de la mer, près de Bizerte. Ce séjour avait failli se terminer tragiquement pour plusieurs d’entre nous car nous avions été pris dans les combats violents entre les forces tunisiennes et l’armée française.

Ceux qui sont allés en ville : la plus grande partie des jeunes était partie à Bizerte avec une partie de l’encadrement pour prendre le train et rentrer à Tunis car nous avions constaté que la tension montait dangereusement entre les autorités tunisiennes et les forces françaises.
Ceux qui sont restés dans la forêt : un petit groupe de jeunes, accompagné de moniteurs, avait démonté le matériel, et attendait l’arrivée de véhicules dans lesquels tout le monde embarquerait avec le matériel,.

Malheureusement le train n’avait pas pu partir vers Tunis car la voie de chemin de fer passait le long de la base aérienne française, et des combats violents avaient commencé dans l’après-midi du 19 juillet 1961. Ceux de la ville, une soixantaine de jeunes avec quelques adultes dont je faisais partie, restèrent bloqués en ville nouvelle jusqu’au 23 juillet, alors que ces combats continuaient dans les rues, jusqu’à l’occupation d’une partie de la ville européenne par la Légion Etrangère.

Après plusieurs jours d’incertitude et de difficultés de ravitaillement nous fûmes reconduits à Tunis par un convoi de voitures particulières venu de Tunis. Nous étions restés sans nouvelles de l’autre groupe, craignant le pire.

Ce sont ceux de la forêt, auxquels appartenait Henri, qui furent le plus en danger.

Je reproduis un extrait du livre de Patrick-Charles Raynaud qui relate ces évènements, La Bataille de Bizerte, publié chez L’Harmattan en 1996.
« Situé le plus à l’est, le fort du R’mel est tenu par une poignée de marins qui y entretiennent des batteries de 105 allemandes Krupp, installées par l’Afrikakorps du maréchal Rommel durant la dernière guerre mondiale. Fixes, ces tourelles sont pointées sur la baie mais peuvent être orientées vers d’autres objectifs. Au cours de la nuit, le quartier-maître chef armurier, ancien d’Indochine, a déplacé des silhouettes en contreplaqué de sa conception pour faire croire aux Tunisiens qu’ils étaient nombreux. En fait cinq marins en tout et pour tout assurent la défense du R’mel aidés par des chiens de guerre lâchés, pour la circonstance, dans l’enceinte du fort. Dans la nuit, des camions ont déposé des soldats tunisiens qui ont pris position dans le bois environnant, menaçant sérieusement la modeste garnison française. Une première fois l’aéronavale intervient et mitraille les environs du fort, à titre préventif. Mais vers11 heures, deux compagnies tunisiennes commandées par le capitaine Boubaker El Bekri se rapprocheront. Avec sa mâchoire lourde et ses cheveux noirs bouclés collés sur le front par la sueur, cet ancien sous-officier de l’armée française ressemble à un imperator romain. Il a combattu sous bien des latitudes, en Flandres en 1940 jusqu’en Indochine. Son expérience du combat lui a permis d’accéder à l’épaulette dans l’armée de Bourguiba. Alertés, les Corsair et les Aquilon de la flotille 11 F reviendront, piqueront et sèmeront quelques roquettes. Des camions brûleront. Les Tunisiens se replieront en emmenant leur capitaine blessé à l’épaule. Le bois du R’mel, à l’ombre duquel les bizertiens aimaient tant venir pique-niquer, flambera tout le reste de la journée. La position ne sera plus menacée. »

Ce récit donne une idée précise de l’enfer dans lequel s’étaient retrouvés Henri et ses camarades.

Lors de notre rencontre en avril 2002 je lui avais apporté ce livre qu’il ne trouvait pas à Nice. Il m’a dit que des roquettes avaient explosé très près de son groupe qui, vu d’avion à travers les pins, ne se différenciait pas du reste des troupes tunisiennes. Il m’a confirmé qu’ils avaient rencontré la compagnie tunisienne et qu’ils avaient eu de grandes craintes avec le capitaine Boubaker El Bakri qui, méfiant sur les causes de leur présence en ce lieu, les avait interrogés longuement avant de leur permettre de repartir librement. C’est un miracle que tous les membres de ce groupe soient sortis indemnes physiquement, mais pas moralement, de cet épisode tragique qui avait profondément marqué Henri pour toujours.

Peu après tous les mouvements sionistes en Tunisie s’étaient volontairement dissous.

Il avait relancé plus tard son appel dans HARISSA pour retrouver d’autres anciens :
« ANCIENS DE L'HACHOMER HATZAIR DE TUNIS: Meier,Yoel,Yoav et Reouven se sont retrouves grace a Harissa. Qu'attendent les autres pour nous écrire afin de nous réunir ou correspondre, échanger des souvenirs et des photos. Alors, Giza, Jeannot, Shimchon, Avi, Simone, André, Ilana, Ruthi, Yeoudith, et tous les autres, ou êtes vous et qu'êtes vous devenus. »

C'est avec un plaisir réciproque que nous avions échangé sans réserve nos souvenirs, nos photos et nos documents. En dehors du café des dattes, nous étions restés régulièrement en contact par mails et par téléphone.

Malgré la longue période durant laquelle nous nous étions perdus de vue, nos échanges avaient été rapidement chaleureux et ce passé commun avait permis une complicité implicite et constante. Chaque fois que l’un d’entre nous retrouvait des documents de cette époque, il en faisait part à l’autre et les lui communiquait.

Il m’avait informé qu’il entreprenait la réalisation d’un plan de la ville de Tunis à partir des plans antérieurs et des photos aériennes qui avaient paru dans HARISSA. Peu avant sa disparition il m’avait annoncé qu’il avait des nouveautés à me transmettre prochainement. Malheureusement je ne les ai jamais reçues.

Depuis cette date je pense souvent à lui et je ressens le vide créé par son absence.

Albert a bien décrit le rôle important et la contribution continue d’Henri dans HARISSA jusqu’à sa brusque disparition qui a été vécue comme une tragédie par tous les harissiens.

Voici deux photos dans lesquels Henri et moi sommes ensemble.

La première a été prise au camp du R’mel, autour du drapeau. Henri est le 2ème à partir de la droite, tenant le drapeau à deux mains. Il avait été très content lorsque je la lui avais transmise car il ne l'avait pas.

La seconde date d’avril 2002, sur la terrasse du café-restaurant où il aimait rencontrer ses amis parmi lesquels il y avait de nombreux artistes.

Pièces jointes:
Henri B-120709.jpg
Re: Il y a 50 ans : LES ÉVÈNEMENTS DE BIZERTE
27 juillet 2011, 16:07
Voici les pages 1 et 4 de couverture du livre que je cite, publié chez L’Harmattan en 1996. .


Pièces jointes:
Bataille de Bizerte-P-C-Renaud.jpg
Re: Il y a 50 ans : LES ÉVÈNEMENTS DE BIZERTE
27 juillet 2011, 16:25
Voici le montage de deux photos que j'ai trouvées sur Internet.

La première est celle d'un avion Corsair de l'aéronavale qui décollait du porte-avions en rade de Bizerte, commandé par l'amiral Aman. C'est probablement un de ceux qui ont lancé des roquettes sur le groupe resté en forêt, dans lequel se trouvait Henri. Ils passaient aussi à très basse altitude au-dessus de la ville et on pouvait voir le pilote à l'intérieur du cockpit.

La photo du bas montre un groupe de la Légion Étrangère au repos après la prise de la ville européenne, tel que nous en avons vus lorsque nous sommes enfin sortis du lieu où nous étions restés confinés pendant quatre jours, sortant seulement la nuit (les adultes) pour nous approvisionner.

Ce que nous craignions le plus était que des fuyards viennent se réfugier dans notre bâtiment, près duquel nous avions vu des soldats tunisiens morts. Nous avions une radio avec laquelle nous écoutions les nouvelles en français sur Kol Israel.
Re: Il y a 50 ans : LES ÉVÈNEMENTS DE BIZERTE
28 juillet 2011, 02:43
La Crise de Bizete 1961

Pour en savoir plus :

[fr.wikipedia.org]

[www.ina.fr]

[www.ina.fr]

[www.ina.fr]

[www.ina.fr]

[www.ina.fr]









[www.harissa.com] Le Mossad a sauvé les juifs de Bizerte

C’est ainsi que le Mossad a sauvé les Juifs de Bizerte

Extraits d'un article paru sur Israel Magazine N° 102 :

[www.israelmagazine.co.il]

La nuit de ce samedi soir de septembre 1961 ne s’effacera jamais du cœur de Maurice Matok en photo). Ce fut la nuit de l’exode, « de l’obscurité vers la lumière » exactement comme la sortie des Hébreux d’Egypte. Sortie pour être plus exact, de la terreur, de Bizerte, ville portuaire tunisienne en guerre, partagée entre Français et Tunisiens qui se battent entre eux. Et au milieu, quelques centaines de Juifs menacés, qui entendent leurs voisins arabes dire : « Attendez, dès que les Français seront partis, on s’occupera de vous ».

Avec le départ des Français, et l'Indépendance de la Tunisie en1956, seule la grande base navale de Bizerte était restée entre leurs mains. A coté, il y avait une base anti-nucléaire. En 1961, les Tunisiens avaient exigé l’évacuation des Français de Bizerte, l’été de cette même année vit le début des combats en ville entre Français et Tunisiens. Il y a eut des centaines de morts.

Les Tunisiens échouèrent dans leur tentative de conquérir le port de Bizerte et les parachutistes français reprirent même la nouvelle ville. Les quelques 1.200 Juifs de Bizerte se trouvaient dans une situation difficile car les Tunisiens les accusaient d’avoir coopéré avec les Français...

Au début de septembre 1961, la situation empirait. Le départ des Français n’était qu’une question de temps et les Indigènes menaçaient de se venger sur les Juifs tout de suite après le départ des français. Avant même leur départ, quelques Juifs furent arrêtés et accusés d’espionnage et de menées subversives.

Haïm Yaïche, peintre en bâtiment à la retraite, à Ashdod, se souvient : « Le samedi matin, on nous a dit : Soyez prêts, préparez vos valises, le soir nous viendrons vous chercher. A plusieurs reprises, nous fumes sur le point de partir, mais il y avait de la confusion et tout est tombé à l’eau. Mais le samedi soir, on a réquisitionné toutes les voitures appartenant à des Juifs et on nous a ramassés chez nous. Dans nos valises, on n’avait que le strict nécessaire. J’ai verrouillé la maison et j’ai pris les clés. A qui l’aurais-je confiée ?...

Re: Il y a 50 ans : LES ÉVÈNEMENTS DE BIZERTE
28 juillet 2011, 03:49
La Presse de Tunisie

Spécial
Il y a cinquante ans …la guerre de Bizerte… la bataille pour l’Evacuation ( 19 juillet 1961)

Par Le colonel (r) Boubaker BENKRAÏEM *

Quels étaient, en 1961, les évènements importants qui ont retenu notre attention‑?
D’abord, la guerre froide entre les deux blocs, les pays occidentaux menés par les USA et l’ex-Bloc de l’Est conduit par l’ex-Union Soviétique, qui était à son paroxysme : en effet, la construction du Mur de Berlin, divisant la ville en deux, a failli être le détonateur de la 3e guerre mondiale.

En Europe, la France était enlisée, depuis 1954, dans la guerre de libération algérienne. Elle était dirigée, depuis 1958, par le Général de Gaulle, arrivé au pouvoir suite à l’instabilité chronique des gouvernements et à un putsch qui a failli plonger le pays dans une guerre civile. Ce fut, par ailleurs, la cause de l’instauration de la 5e République. C’est de Gaulle qui, après le bombardement de Sakiet Sidi Youssef, le 8 février 1958, par l’aviation française venant d’Algérie et la bataille de Remada avec les troupes françaises encore implantées au sud tunisien le 25 mai 1958, négocia avec le gouvernement tunisien l’évacuation de l’armée française de tout le territoire tunisien, à l’exception de Bizerte.

Ensuite, notre pays est indépendant depuis cinq ans. Après avoir aboli la royauté et proclamé la République en 1957, il a élu comme premier président, le leader Habib Bourguiba, président du parti du Néo-destour et «Combattant Suprême».

Enfin, à nos frontières ouest, nos frères algériens se battaient, depuis sept ans, contre la France, pour leur liberté. Avant la proclamation de l’indépendance de la Tunisie, les moujahidine algériens, qui avaient commencé leur révolution armée le 1er novembre 1954, étaient confinés dans leurs djebels, et avaient beaucoup de difficultés à recevoir armes et équipements de l’étranger, leurs frontières est et ouest étant bouclées et interdites par l’armée française. Plusieurs tentatives de débarquement de petits matériels sur les côtes algériennes s’étaient souvent soldées par des échecs. La Tunisie, gouvernement et peuple, ont fourni à l’ALN le gîte, l’assistance et la liberté de manœuvre nécessaires, lui permettant de s’organiser, de se préparer, de s’équiper et de s’entraîner en toute sécurité pour continuer le combat dans les meilleures conditions. Elle était implantée essentiellement dans les régions montagneuses, dans une trentaine de camps qui parsemaient, le long de la frontière, les gouvernorats de Souk Larbaa(surtout dans la zone du Bec de canard dans la région de Ghardimaou),du Kef et de Kasserine. Armes, munitions et équipements militaires commençaient à être introduits par nos frontières sud. Officiellement destinés à notre armée, transportés par nos véhicules militaires, ils étaient transbordés de nuit et emmenés jusqu’aux bases de l’ALN implantées le long de la frontière. Avec trois bases logistiques à Tunis, le Kef et Tajerouine, un hôpital de campagne au site archéologique de Chemtou, une école des cadres à la ferme Beni près de Mèllegue non loin du Kef, et le poste de commandement à Ghardimaou, son organisation et ses capacités opérationnelles se sont nettement améliorées depuis la désignation en 1959, du Colonel Haouari Boumedienne à la tête de l’état-major Est, en remplacement du Colonel Mohamedi Saïd (Colonel Nasseur). Le Colonel Boumedienne a eu l’intelligence d’avoir utilisé une pléiade d’officiers algériens, capitaines pour la plupart, qui servaient dans l’armée française et qui ont déserté, en 1958, depuis la France, pour se mettre à la disposition de la révolution algérienne. Ces brillants officiers dont les capitaines Mohamed Zerguini, Abdelkader Chabbou, Bouthella, Abdelmoumen, Sliman Hoffman, et Ben Chérif ont été, dès leur arrivée, l’objet de suspicion et de réserve de la part du FLN et n’avaient pas été désignés dans des fonctions dignes de leur grade et de leur expérience . Ils ont été rejoints, quelques mois plus tard, par une douzaine de jeunes lieutenants algériens qui étaient nos camarades de promotion à St Cyr et qui servaient à titre français dont Abdelmajid Lellahom, Khelil, Bou Zada, Aggoun. Il y a lieu de signaler qu’ils avaient déserté et quitté la France avec des passeports tunisiens. Nous les avons retrouvés, ceux-ci et ceux là, à la frontière tuniso-algérienne et nous avons été témoins de leurs très grandes qualités opérationnelles, de leur patriotisme et de leur sens développé du sacrifice. Certains d’entre eux sont morts au champ d’honneur, mais la plupart ont assumé, à l’indépendance, de grandes responsabilités nationales.

La France n’étant pas encore une puissance atomique bien qu’elle ait procédé aux premiers essais de sa bombe à Reggane ( sud algérien) en 1960, tenait à garder Bizerte dont l’importance était pour elle vitale car elle était l’une des bases du triangle stratégique formé par Bizerte-Toulon et Mers el Kebir et qui contrôlait le bassin occidental de la mer Méditerranée.

Cependant, l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle, laissait espérer au gouvernement tunisien que l’accord transitoire, signé en 1958, devait conduire, par la négociation, à la conclusion d’un accord définitif, allant dans le sens logique des choses, c'est-à-dire à l’évacuation de la base de Bizerte. Mais il n’en fut rien et cette évolution négative résultait de la forte personnalité des deux chefs d’Etat tunisien et français, Bourguiba et de Gaulle, que tout opposait : le tempérament, la formation politique et la culture.

Il y a lieu de rappeler que les adversaires et opposants de Bourguiba, et surtout les youssefistes, soulignaient toujours le caractère illusoire de l’indépendance tant que des troupes étrangères étaient toujours implantées sur notre sol. Ce point noir était souvent rappelé et mis en relief dans le but de gêner l’action de Bourguiba et nuire à sa politique.

Tout au long de cette crise, Bourguiba s’est trouvé face à une classe politique française qui lui était entièrement étrangère. Lui qui était habitué aux hommes politiques de la IVe République tels que Edgar Faure, Guy Mollet, Pineau, Mendès France, Alain Savary et d’autres, avait perdu, en quelque sorte, ses repères et par conséquent il lui était très difficile d’établir un véritable dialogue avec Paris.

Il ne faut pas oublier que dans le monde arabe, auquel Bourguiba était toujours sensible, Nasser qui, sept ans plus tôt, avait chassé le roi Farouk d’Egypte, avait nationalisé, en 1956, le canal de Suez pour financer la construction du haut barrage d’Assouan et avait affronté et tenu tête à l’agression tripartite (la Grande-Bretagne, la France et Israël 31 oct…6 nov.1956) qui s’en suivit, imposait au nom du nationalisme arabe un leadership absolu. Bourguiba ne pouvait accepter ce qu’il appelait une hégémonie égyptienne sur le reste du monde arabe. En s’opposant à cet état de fait, il s’est trouvé isolé sur le plan arabe. Tout cela inquiétait beaucoup le «Combattant suprême». D’autre part, la radio du Caire, le fameux Saout El Arab (la Voix des Arabes), radio très écoutée partout dans le monde arabe et notamment au Maghreb, avec son speaker le célèbre Ahmed Saïd, ne laissait passer aucune occasion pour critiquer le régime tunisien et surtout son chef Bourguiba. Celui-ci était traité de valet de l’Occident, d’allié de l’impérialisme et de « traître à la cause arabe ». Tout cela offensait et offusquait beaucoup Bourguiba, lui qui a réalisé l’indépendance de la Tunisie, lui qui a aboli la monarchie, lui qui a émancipé la femme, lui qui a généralisé l’enseignement et le rendit obligatoire pour les garçons comme pour les filles.

L’extension des pistes d’atterrissage de la base de Sidi Ahmed qui était certainement programmée depuis longtemps a débuté au mois de juin 1961. Perçu par Bourguiba comme une sorte de provocation inadmissible et inacceptable, elle était, en fait, le véritable détonateur qui a mis le feu aux poudres.

Pour Bourguiba, qui a toujours favorisé l’action politique à l’épreuve de force, qui a toujours été modéré dans ses revendications, qui a toujours recherché le compromis avec la puissance occupante, la confrontation devenait inévitable même si les rapports de force étaient très largement en faveur de la France. N’oublions pas que l’Armée tunisienne n’avait, à cette époque, que cinq ans d’existence, et que l’Occident, par solidarité avec la France, ne voulait pas lui fournir l’armement et l’équipement nécessaires. Ses officiers sont dans leur majorité encore très jeunes car ils n’avaient que près de trois ans d’expérience.

Bourguiba qui était, à ce moment-là, le maître incontesté du pays, disposait d’un parti politique très fort, puissant et efficace, le Néo-Destour. Excellent appareil d’encadrement et de mobilisation, le parti maintiendra tout le peuple tunisien sous tension, et le sensibilisera sur les objectifs tracés par son Président. Bourguiba voulait faire participer le peuple à la bataille en vue de rendre la France, aux yeux de l’opinion publique internationale, coupable d’agression contre un peuple désarmé. Avec cette mobilisation des masses, avec cet engouement de volontaires parmi la jeunesse destourienne, croyait-il jouer, avec la France, une partie de poker dans laquelle il userait de ses coups de bluff en vue d’intimider son adversaire pour qu’il se refuse à tirer sur des jeunes citoyens sans armes ?

Les volontaires parmi la jeunesse destourienne affluaient de tous les gouvernorats du pays. Depuis le 6 juillet, des manifestations groupant entre cinq et dix mille personnes encadrées étaient organisées quotidiennement dans la ville et même devant la base de Sidi Ahmed; elles réclamaient l’évacuation.

C’est dans ce contexte que Bourguiba prononce, devant l’Assemblée nationale le 17 juillet, un discours dans lequel il affirme que la Tunisie reprendra à partir du 19 juillet à 0h00 la lutte pour l’évacuation. Ainsi les dés étaient jetés.

L’armée tunisienne dépêchera, en toute hâte, quelques renforts sur Bizerte, et commencera des travaux d’organisation du terrain : des tranchées, des trous individuels, des postes de tir et des barrages sont aménagés à tous les carrefours importants, autour de la Base ainsi que près des implantations des troupes françaises dans toute la zone.
Bourguiba croyait jusqu’au dernier moment qu’il allait, comme toujours, avoir le dernier mot et que la France, avec sa puissance et son extraordinaire armada et ses moyens incomparables à ceux dont disposait la Tunisie, ne tirerait pas sur des foules sans armes. Cela était une très grave erreur d’appréciation de sa part. Bourguiba semblait ne rien connaître du Général de Gaulle et de son idée sur «la grandeur de la France». La deuxième erreur de Bourguiba qui était d’ordre militaire et stratégique était qu’il n’avait pas averti, en temps opportun et suffisamment à l’avance, son armée de l’éventualité d’une possible confrontation militaire. Il n’avait même pas demandé l’avis du commandement militaire sur les moyens disponibles, sur les risques à courir, sur les pertes éventuelles, sur la logistique nécessaire, ni sur les objectifs à atteindre. C’est la raison pour laquelle l’Armée tunisienne a dû faire face, à cette situation inattendue, avec les seules unités implantées dans la région alors qu’elle aurait pu renforcer le secteur avec des forces ramenées de la frontière et rapatrier toute une brigade (trois mille hommes) mise à la disposition de l’ONU au Congo ex-Belge. D’autre part, si l’Armée tunisienne avait été impliquée bien à l’avance, la conduite de la guerre et des opérations aurait été différente et les dégâts et les pertes en personnels ne seraient pas aussi élevés.

L’Occident vivait à ce moment précis la grave crise du mur de Berlin et «la guerre froide commençait à se réchauffer» . C’est pourquoi, de Gaulle voulant démontrer que la France demeure, malgré tout, une grande puissance qui a son mot à dire ordonna, dès qu’il a été averti du déclenchement de la bataille «de frapper vite et fort», pensant donner une leçon aux Tunisiens avant que le monde entier, par ses divers organismes (Assemblée générale des Nations-unies et Conseil de sécurité) ne prenne fait et cause pour la Tunisie, obligeant ainsi la France à stopper son agression.

Certains diront, plus tard, que Bourguiba cherchait à faire cette guerre, tout en étant sûr de son résultat négatif, uniquement pour se refaire une virginité par rapport à l’Orient arabe et surtout à son grand concurrent et rival politique, le Président Nasseur qui considérait Bourguiba comme étant acquis à l’Occident, il était, par conséquent, anti-arabe.

Il y a lieu de préciser que les rapports de force en présence étaient disproportionnés entre les deux antagonistes. L’armée française, implantée dans la base de Bizerte, disposait d’effectifs importants et était dotée d’avions de combat, d’hélicoptères, d’unités de chars, d’artillerie classique et anti-aérienne et d’unités navales. L’armée tunisienne disposait dans la région de très peu d’unités, ainsi que de quelques groupes de gardes nationaux.

Cependant, le 19 juillet à 14h00, la Radio tunisienne diffuse un communiqué du gouvernement tunisien interdisant aux aéronefs militaires français le survol de la région de Bizerte et ordonnant aux forces tunisiennes d’ouvrir le feu sur tout avion français survolant nos positions. Cela a été fait dans le but d’empêcher toute possibilité de renforcement de la Base par des éléments venant de l’extérieur et surtout d’Algérie.

L’après-midi du même jour, une section de mortiers 81mm commandée par notre camarade de promotion, le lieutenant Saïd El Kateb a pris position à la gare de Sidi Ahmed. Ses tirs occasionneront le soir même, dans la nuit du 19 au 20 juillet, des dégâts importants aux installations de Sidi Ahmed et de Karrouba , incendiant un avion Nord-Atlas et endommageant plusieurs avions de liaison. Il a été pris à partie d’abord par des tirs de contre-batterie et au petit matin du 20 juillet par l’aviation, utilisant roquettes et canons. Il a fallu l’intervention des avions Corsaire avec des bombes de cinq cents livres lâchées à près de cinq cents mètres de leurs paras pour arriver à déloger notre vaillante unité.

En fin d’après-midi, un groupe d’avions Nord-Atlas français largue sur la Base deux compagnies de parachutistes, venant d’Algérie. Ils ont été aussitôt pris à partie par nos mitrailleuses. Notre camarade le lieutenant Ismaiel Bey est allé, avec sa compagnie renforcer le barrage de la Pêcherie, non loin de la base navale.

L’armée française a riposté par des tirs de contre-batterie sur nos différentes positions, occasionnant une rupture dans nos liaisons radio, ce qui nous gênera beaucoup pour la poursuite des opérations. Des avions et des hélicoptères ont effectué des survols intenses sur nos unités.
Le soir même, des éléments du génie tunisien ont mis en place des câbles en travers du canal et des canons et des armes automatiques ont été positionnés sur les berges.

L’aviation française a bombardé nos positions qui ont été installées autour de la base ; celles-ci ont été aussi prises à partie par les armes des forces terrestres françaises, et comme nos liaisons ne fonctionnaient pas en permanence, nous ignorions tout sur leur sort. Le même soir, tous nos canons antichars du groupe d’artillerie ont été mis hors d’usage par l’aviation.

Au cours des premières heures de la journée du 20 juillet, à Menzel Bourguiba et vers la porte de Tunis, un échange nourri de rafales d’armes automatiques eut lieu avec les éléments d’infanterie. Au même moment, la porte de l’Arsenal ou porte de Bizerte est attaquée à coups de grenades incendiaires et de charges explosives par nos hommes. Ceux-ci essayaient de la détruire pour pénétrer dans l’arsenal provoquant, vers 05h00 du matin, une riposte généralisée.

Très tôt le matin, vers 05h00, notre camarade de promotion le lieutenant Taieb Ben Aleya, positionné au carrefour de Teskraya et chargé de guider la batterie d’artillerie de 105 venant de Medjez El Bab et devant se rendre à Bizerte, a subi un bombardement intense de l’aviation qui a détruit sa jeep. L’officier a été porté disparu. C’est le deuxième martyr de la promotion, mort au champ d’honneur. La batterie, n’ayant pas été informée de la réelle situation qui prévalait et de la bataille qui faisait rage, passa normalement devant la base de Sidi Ahmed. Elle a été prise à partie, et par les armes de défense de la Base et par les avions Corsaire, Mistral et Aquilon qui lui causèrent énormément de pertes. Son commandant, notre camarade de promotion le lieutenant Béchir Ben Aissa, arriva au P.C. de l’Etat-Major tactique avec très peu d’hommes.

Au lever du jour, toutes nos positions étaient attaquées par l’aviation et la compagnie positionnée près de la Pêcherie a été disloquée. Nos tirs anti-aériens, de faible intensité du fait de nos moyens limités, n’ont pas été très efficaces. Compte tenu de tout cela, l’ordre de resserrement du dispositif vers la ville a été donné.

Nos éléments commandés par nos camarades les lieutenant Saïd El Kateb qui, attaqué par l’aviation, a été obligé de changer de position, et ceux du lieutenant Taoufik El Jemai, ont opposé une vive résistance aux éléments d’infanterie et de la marine, chargés de la défense de la Kharrouba. Ceux-ci, appuyés d’auto-mitrailleuses ont quitté leur position pour se diriger vers Tindja mais ont été contraints d’arrêter leur progression.

Les compagnies commandées par nos camarades le lieutenants Mohamed Benzerti, positionnées au Djebel Rhara, et par le lieutenant Tahar Ben Tanfous, harcelées par l’artillerie de marine, ont reçu l’ordre de se replier sur la ville de Bizerte.

Nos vaillants soldats qui tenaient la position stratégique du marabout de Sidi Zid, surplombant la grande piste de Sidi Ahmed, assez bien protégés par leurs tranchées en zigzags, feront preuve d’un très grand courage. Ils se battront comme des lions face aux paras qui ne prendront la position qu’après un corps à corps meurtrier.

L’Etat-Major tactique installé à la caserne Japy à Bizerte, composé du Lt Colonel Ali Kortas (commandant le 5e bataillon), du Commandant Mohamed Salah Mokaddem (chef d’Etat-Major tactique), du Commandant Bechir Hamza (commandant le détachement du Génie), du Commandant Mohamed Bejaoui (commandant le groupe d’artillerie), du Lieutenant Abdelhamid Escheikh (officier Opérations), du Lieutenant Salah Bouhelal (officier Logistique), du S/Lt Meftah (officier génie), du S/Lt Hedi Ouali (officier transmissions), ayant appris que les troupes françaises avaient forcé les barrages et avaient poursuivi jusqu’à son terme l’opération destinée à dégager la base de Sidi Ahmed, devait se replier sur Zhana. Il s’est rendu auparavant chez le gouverneur. C’est alors que le gouvernement tunisien, ne souhaitant pas que des officiers supérieurs soient faits prisonniers, leur ordonna ainsi qu’au gouverneur de quitter Bizerte et de se replier sur Tunis.

C’est alors que nos camarades de promotion, la 1ère promotion d’officiers de l’indépendance, ainsi que quelques autres officiers présents, ne voulant pas céder à la panique et dans le but de défendre l’honneur de l’armée et celui du pays s’étaient réunis à la caserne Japy pour faire l’évaluation de la situation. Ils décidèrent de continuer le combat coûte que coûte. Ils avaient constitué un état-major provisoire comprenant: les lieutemants Noureddine Boujellebia, Hamida Ferchichi, Abdelhamid Escheikh, Bechir Ben Aissa, Salah Bouhelel, Abbes Atallah et le S/Lt Hedi Ouali.. D’autres camarades et officiers commandants d’unités ont assisté à cette réunion dont les Lieutenants Ammar Kheriji, Mohamed Benzerti, Abdelhamid Lajoued, Tahar Ben Tanfous, les S/Lts Abderrahman Chihi, Boualem, Salem, Aziz Tej et Naji.

Au large et à vue d’œil, se trouvaient les croiseurs Colbert, De Grasse, l’Arromanche et plusieurs escorteurs d’escadre.

Le vendredi 21 juillet vers midi, les troupes françaises s’approchaient de la ville. Elles étaient près du cimetière de Bab Mateur  et attaquaient les casernes Farre et Japy avec l’appui de l’aviation qui avait la maîtrise absolue de l’air du fait de l’inexistence d’armes anti-aérienne pouvant la gêner. Toutefois, une vive résistance a été opposée à ces attaques causant des pertes sérieuses à l’ennemi. Le harcèlement des installations françaises continuait et des blindés ont été détruits.

En début d’après-midi, des éléments blindés français progressaient pour occuper le centre-ville.

Vers 15h00, tous nos éléments s’étaient repliés sur la ville et le combat de rues s’organisait. L’axe principal, l’avenue Habib-Bourguiba, était tenu par nos éléments à la tête desquels se trouvaient le Commandant Bejaoui, les Lts Ben Aissa, Khriji, et le S/Lt Ouali. D’autres axes importants étaient tenus par les Lts Lajoued et Boujellabia.

Vers 19h00 le Commandant Mohamed Bejaoui, très affecté par la destruction de son groupe d’artillerie, a tenu à aider les jeunes officiers dans ce combat inégal mais héroïque. Il a été touché par une rafale de mitrailleuse tirée par un char qui débouchait non loin de lui. Il a été mortellement atteint et, une demi-heure plus tard, il est mort au champ d’honneur, son arme à la main non sans avoir recommandé aux officiers présents de continuer à se battre.

Devant la puissance de feu des troupes françaises qui avaient utilisé tous les moyens en leur disposition (paras, blindés, avions de combat, unités de marine, etc. ), nos unités avaient reçu l’ordre, vers 19h30, de décrocher sur la médina de Bizerte où le combat ne peut être effectué que par des hommes à pied, c'est-à-dire par l’infanterie. Ainsi, le combat ne serait plus aussi inégal.

La nuit tombée, nos unités ont installé un dispositif resserré dans la ville arabe, laquelle était dominée par l’immeuble de l’OTLA, haut de plus de dix étages et qui était occupé par les familles de militaires français. Le 22 juillet à l’aube, des tirs nourris provenant de cet immeuble visaient nos combattants se trouvant sur les terrasses de la médina.
Plusieurs tentatives d’assaut de la médina ont été repoussées, l’ennemi subissant des pertes sévères. Tous nos hommes étaient décidés à continuer le combat jusqu’à épuisement des munitions.

Il y a lieu de signaler que les sous-lieutenants Mohamed Aziz Tej ( 2e promotion) et Hedi Ouali (3e promotion) qui ont été admirables de courage et de bravoure ont été mortellement blessés, à près de vingt quatre heures d’intervalle, et sont morts au champ d’honneur.
Le plan de défense de la médina élaboré par nos camarades s’est avéré efficace. En effet, le dispositif tunisien était basé sur un déploiement équilibré permettant de faire face aux attaques françaises d’où qu’elles viennent.

Nos camarades de promotion se sont battus vaillamment. Parmi eux, personne ne pouvait prétendre être un super héros par rapport à ses camarades car tous étaient des héros. Cependant, du fait de leur jeune âge, la moyenne étant de vingt cinq- vingt six ans, et de leur mince expérience, ils n’avaient que cinq ans de service, ils ont eu des moments d’incertitude, d’angoisse et de peur mais ils n’ont jamais eu de doute. Et c’est grâce à leur solidarité, à leur union et à leur détermination qu’ils avaient décidé, tant qu’ils avaient avec eux ces jeunes et braves soldats et ces remarquables sous-officiers ainsi que des armes et des munitions, de se battre jusqu’à la dernière cartouche.
Vers 20h30 le secrétaire d’Etat à la Défense nationale donnait l’ordre du cessez le feu, lequel a été bien observé par nos hommes ainsi que du côté français.

Que doit-on retenir de ces quatre jours de combat, de cette guerre d’un genre particulier, de cette guerre où les jeunes citoyens avec et sans armes étaient disposés devant la troupe, l’empêchant de manœuvrer et de tirer sur l’ennemi ?

D’abord, la détermination d’un groupe de très jeunes officiers courageux dont nous sommes très fiers, onze au total qui, bien que n’ayant pas encore assez d’expérience, mais animés par cet esprit patriotique, par le sens de l’honneur et du devoir, et convaincus de leurs droits, n’ont pas baissé les bras et ont relevé le défi : celui de tenir coûte que coûte la médina, malgré le déséquilibre des forces en présence et ont tous juré de se battre jusqu’à la mort.

Ensuite, beaucoup de pertes en vies humaines, pertes inutiles en comparaison des résultats obtenus: près de 1.000 morts, 1.500 blessés, 600 disparus ou prisonniers.

Enfin,
1- L’anarchie indescriptible provoquée par l’intrusion de milliers de jeunes destouriens, citoyens sans arme pour la plupart, sans aucune préparation militaire et qui n’ont servi qu’à gêner les opérations de nos troupes ;
2 - Le manque manifeste de planification et de préparation de pareille opération militaire ;
3 - La nécessité pour tout Chef politique, quels que soient son charisme et ses compétences de demander et d’écouter, dans pareille situation, l’avis du commandement militaire. 
4-Bourguiba s’est-il trompé dans son appréciation de la situation ? en tout cas, il a démontré qu’il ne connaissait pas du tout de Gaulle, très différent des Hommes politiques de la IVe République dont il était familier et dont il connaissait l’esprit et la démarche politique.

Bourguiba a-t-il eu tort ou raison de chercher «la bagarre» avec la France, à ce moment précis ? Aurait-il dû essayer de régler cette question par d’autres moyens politiques tels que les pressions qu’auraient pu exercer sur la France les grandes puissances occidentales dont il était très proche ? A-t-il vraiment voulu se refaire une virginité par rapport au monde arabe dont le leader de l’époque, Abdennaceur, usant de sa forte propagande, gênait Bourguiba en le traitant de valet de l’Occident et de traître à la cause arabe? Dans un cas comme dans l’autre, l’Histoire portera, certainement un jour, son jugement !

La bataille de Bizerte est perçue par beaucoup de monde comme un point noir dans l’extraordinaire épopée de Bourguiba qui restera dans la mémoire collective comme étant un grand homme politique, le Zaim visionnaire, et le leader du mouvement de libération nationale qui marquera, d’une manière indélébile, l’Histoire de notre pays.

Bizerte sera évacuée le 15 octobre 1963.
Gloire éternelle à tous nos martyrs parmi la jeunesse destourienne, les forces de sécurité intérieure (garde nationale et police) et les militaires qui ont irrigué de leur sang le sol sacré de notre pays et qui sont tombés au champ d’honneur pour l’indépendance et la Liberté de notre chère Tunisie.

Cinquante années plus tard, notre pays fête la commémoration de la Guerre de Bizerte dans une nouvelle ère de liberté et de dignité, fruit de la Révolution du peuple et de sa jeunesse, la Révolution du 14 janvier 2011. Les jeunes et les moins jeunes doivent être, à plus d’un titre, fiers de leur Armée, Nationale et Républicaine : en effet, commençant à peine à faire ses premiers pas, en 1961, puisque n’ayant que cinq ans d’existence, et grâce à une poignée de très jeunes officiers courageux, talentueux et déterminés, ayant presque le même âge que les jeunes qui ont fait la Révolution du 14 janvier, l’armée tunisienne a tenu tête à la toute-puissante armée française. C’est la même qui, malgré la tentative honteuse, diabolique et criminelle de sa décapitation, en 1991, par son inculpation d’un complot imaginaire ourdi par la Sûreté de l’Etat et connu sous le vocable de complot de «Barraket Essahel», dans lequel 244 militaires, dont une centaine d’Officiers, représentant l’élite et la fine fleur de nos cadres, ont été injustement humiliés, dégradés, maltraités et même torturés, n’a pas perdu ses repères. Croyant fermement aux valeurs morales et patriotiques que lui ont léguées les anciens, ceux qui ont combattu les forces françaises à Bizerte et ceux qui ont défendu nos frontières durant la guerre d’Algérie, elle a démontré, comme elle l’a toujours fait, son «dévouement à la Patrie et sa fidélité au régime républicain», et a soutenu, sans hésitation ni murmure, la Révolution du peuple et de sa jeunesse et l’a protégée.

Que Dieu protège notre pays, son peuple et sa Révolution.

B.B.
*(Issu de la 1ère promotion d’officiers de St Cyr, ancien sous-chef d’état-major de l’Armée de terre)

[www.lapresse.tn]
Ajouté le : 19-07-2011

Re: Il y a 50 ans : LES ÉVÈNEMENTS DE BIZERTE
28 juillet 2011, 04:14
La Presse de Tunisie

Il y a cinquante ans se terminait la bataille de Bizerte…… Et le sang n’a pas encore séché

• Le questionnement reste intact sur l’utilité d’une bataille imposée par les événements et qui a coûté la vie à des milliers de Tunisiens sans armes face à une armée française suréquipée et dirigée par des chefs sanguinaires.

Après avoir fait couler beaucoup de sang…tunisien surtout, la bataille de Bizerte (19-23 juillet 1961) continue, cinquante ans après, de faire couler beaucoup… d’encre, cette fois-ci.

A côté des récits plus ou moins précis, sont venues, en effet, s’ajouter des questions aussi bien préoccupantes que pressantes. Les réponses sont de leur côté aussi bien ambiguës que claires ou insuffisantes.
La bataille de Bizerte était-elle utile‑? Etait-elle évitable‑? Etait-ce un coup de tête de Bourguiba et une pierre à l’aide de laquelle il voulait faire plusieurs coups à la fois‑? Combien de Tunisiens et de Tunisiennes ont perdu la vie au cours de cette violente confrontation avec l’armée française‑? 670 entre civils et militaires comme l’assure le bilan officiel ou bien plus‑?

Questions qui nous ont poussé à consulter bon nombre de documents, mais aussi à rendre visite à la ville martyre.
Bizerte. Mardi 19 juillet 2011 vers midi. Rien dans la ville plusieurs fois millénaire ne laisse croire que l’on se rappelle qu’il y a 50 ans jour pour jour une bataille sanglante se déroulait dans ses rues. Une bataille contre l’occupant pour la souveraineté, la liberté et l’honneur.

Au centre-ville comme partout ailleurs aucune banderole, aucune affiche ne vient contredire cette impression. Pas même le déploiement d’une forêt de drapeaux comme lors des événements nationaux. Sauf quelques posters et oriflammes annonçant les galas du festival de la ville. Rien aussi dans l’espace du mémorial des martyrs à l’avenue Bourguiba. Rien aussi du côté de la bibliothèque régionale. Idem pour les bâtiments militaires.

Devant le carré des martyrs au nord de la ville, aucun signe de vie. Derrière la grille fermée, il n’y avait qu’un ouvrier s’affairant à arroser le gazon.

«C’est vrai» reconnaît ce jeune vendeur des fameux sandwichs «lablebi». «Il n’y a rien qui rappelle ce jour mémorable. Mais c’est surtout le 15 octobre qui est fêté».

Le 15 octobre 1963 fermait, en effet, la parenthèse de la présence française dans la ville qui a duré 82 ans. Une date qui semble assez éloignée de celle de la bataille déclenchée pour fermer en effet cette parenthèse. Mais fallait-il occulter pour autant ce cinquantième anniversaire, occasion entre autres pour rendre hommage à nos martyrs‑? Certainement pas. Voilà une autre question qui vient s’ajouter aux premières.

L’évacuation, une revendication légitime

Objectif des plus légitimes, moyens mis pour l’atteindre des plus rudimentaires, moment lui aussi mal choisi. Le tout avec une riposte française à la fois inattendue et largement disproportionnée. Voilà résumées les principales caractéristiques de l’ultime confrontation armée avec l’ancienne puissance coloniale, qui s’est soldée par une hécatombe du côté tunisien et la défaite diplomatique, morale et politique de la France.

«Sans évacuation, l’indépendance était illusoire», écrivait bien plus tard Béji Caïd Essebsi, bras droit diplomatique du «Combattant suprême» lors de cette bataille (Habib Bourguiba‑: le bon grain de l’ivraie, p.124).

En effet, l’indépendance clairement acquise et proclamée le 20 mars 1956 était quelque part boiteuse à cause de la présence militaire française dans plusieurs points névralgiques de notre pays. Cela sans compter les avantages et les droits dont jouissaient à cette époque bien précise et durant plusieurs années plus tard, les Français en termes de propriété immobilière et foncière.

Cette souveraineté à terme agaçait les Tunisiens et surtout Bourguiba, accusé par son rival, le leader Salah Ben Youssef, de jouer le jeu du colonisateur, et ce, depuis juin 1955, date des accords sur l’autodétermination.

L’agression de l’aviation française sur le village frontalier de Sakiet Sidi Youssef le 8 février 1958 sous prétexte que les Tunisiens s’étaient impliqués du côté des moujahidine algériens et les pertes civiles énormes enregistrées suite à cet acte lâche, permit au gouvernement tunisien de faire monter la pression contre la présence militaire française en Tunisie. Cela se traduisit par la bataille de Remada en mai de la même année et la conclusion le 17 janvier, soit quelques jours plus tard, d’un accord sur l’évacuation. Un accord qui cependant excluait la base navale et aérienne de Bizerte. Cette dernière était, selon les autorités françaises, d’une importance capitale pour leur sécurité et celle du monde libre, guerre froide oblige.

Intérêts contradictoires et aussi changement à l’époque à la tête du pouvoir en France avec l’investiture du Général de Gaulle au poste de Président de la République.

Fidèle à sa démarche par paliers, Bourguiba ne tarda pas à soulever la question de l’évacuation de Bizerte. Elu président sans partage en novembre 1959, il était cependant harcelé par Ben Youssef, basé au Caire où il jouissait d’une grande sympathie de la part de Nasser, à l’époque leader incontesté du monde arabe et même du tiers monde (cofondateur du Mouvement des non-alignés).

De l’autre côté, de Gaulle était confronté à la guerre en Algérie et à ceux qui voulaient sa peau pour que ce pays reste français.

La rencontre le 26 février 1961 à Rambouillet en France, entre les deux chefs d’Etat ne laissa aucune lueur d’espoir pour le règlement du différend dans des délais clairs et précis. De Gaulle avait promis de rétrocéder le territoire tunisien une année au plus tard après que la France se serait dotée de l’arme atomique.

Mais tout du côté des Français signifiait clairement que ces derniers ne comptaient pas tenir leur promesse. Surtout que le Général de Gaulle était habité par l’idée de restaurer le prestige‑de la France et de raffermir l’autonomie sécuritaire de son pays. «S’il faut que la France ait une épée, il faut que ce soit la sienne» (Pour l’avenir, p. 226).
Pour lui, l’ordre guerrier et tout ce qui s’y rapporte continue plus que jamais d’être essentiel à la nation et à l’Etat (Idem - le 3 novembre 1959, p. 216).

La France récolte la honte

C’est cette logique belliqueuse qui allait conditionner la relation entre les deux pays en différend. Pire ! de Gaulle accusa Bourguiba de vouloir négocier à travers les pourparlers de Rambouillet l’«annexion» de territoires du Sahara du côté de l’Algérie prometteurs en termes de pétrole. Ce que Bourguiba nia catégoriquement en précisant que si négociations il y a, elles seront avec les autorités algériennes une fois leur pays libéré (voir Omar Khlifi : Bizerte la guerre de Bourguiba p. 104 et suivantes).

La tension était donc à son comble. Et des travaux ayant nécessité de la part de l’armée française l’empiètement sur le territoire hors de la base déclenchèrent les hostilités fin juin 1961.
Bourguiba sonna alors le rassemblement et mobilisa le peuple. Il pensait sans doute user de sa bonne vieille méthode. Faire pression sur l’ennemi jusqu’à ce qu’il perde patience puis raison et l’acculer à l’irréparable afin que les victimes deviennent le porte-parole de la cause et que l’opinion internationale soit saisie.

La riposte de l’armée française se fit très rapide et très douloureuses ce 19 juillet et jours suivants sur recommandation même de De Gaulle. Des centaines de Tunisiens surtout ceux mobilisés à travers les régions se transformèrent rapidement en vraie chair à canon pour l’armée française.
De la pure improvisation car l’armée tunisienne encore mal équipée par rapport à l’armée ennemie était totalement prise au dépourvu par le déclenchement de la boucherie et était même mal positionnée. Cela n’a pas empêché nos soldats de tenir tête aux troupes françaises soutenues par des renforts en hommes et en matériel.

Bourguiba «a voulu cet affrontement mais n’a jamais pensé à aucun moment que la réplique française pouvait être aussi violente. Si le sang lui paraît parfois nécessaire, il y en a beaucoup trop cette fois-ci» (Sophie Bessis et Souhayr Belhassen - Bourguiba, Un si long règne. tome 2 p.32).

Sur le plan militaire, la France avait triomphé sans gloire, mais sur le plan moral elle en sortira déshonorée. Son armée ayant massacré des centaines de civils sans armes, bon nombre d’entre eux après avoir été faits prisonniers, et ayant utilisé des armes prohibées telles que les bombes au napalm. Cela sans oublier les exactions menées par ses paras envers les habitants en les agressant jusque chez eux.
Certains témoins parlent de plusieurs milliers de victimes du côté tunisien (27 soldats français seulement ont trouvé la mort).

D’où la défaite diplomatique de la France aux Nations unis. La Tunisie ayant porté l’affaire devant les instances de ladite organisation et pour des motifs cumulatifs à partir du 22 juillet. Cependant aucune avancée sur le fond du problème n’eut lieu. Et «de Gaulle comme il l’avait voulu ne rendra Bizerte qu’après le règlement du problème algérien. Et les Tunisiens se demanderont longtemps à quoi auront servi tant de morts» (Bourguiba, un si long règne - p.35).

Bourguiba ayant créé la consternation totale en déclarant le 8 septembre qu’il acceptait «le pari d’engager la discussion pour normaliser la situation» et fait savoir qu’il acceptait le fait que la France continue d’utiliser la base en attendant d’entamer les négociations du retrait.
Mais Caïd Essebsi voit dans cette bataille «l’une des étapes nécessaires de la grande guerre de libération qui s’était imposée à la Tunisie longtemps avant l’avènement de Bourguiba. Pour sa part, Bourguiba a endossé cet impératif et posé l’évacuation de Bizerte comme une conséquence logique et indiscutable de l’indépendance». (Habib Bourguiba… p. 93). Et d’ajouter à la fin du chapitre consacré à la question‑: «Dans notre culture il n’y aura plus d’ultimatum et c’est à Bizerte que devait sonner le glas de l’occupation» (p. 124). Sachant que Bizerte a été occupée dès le 1er mai 1881 soit 12 jours avant le traité du Bardo, signé par le Bey suite à un ultimatum de l’occupant français.
Aussi logique soit-elle cette réflexion, d’ailleurs à connotation romantique, ne peut en aucun cas justifier le caractère précipité de la décision de Bourguiba. «Kennedy dira d’ailleurs que le moment était mal venu et que le problème de Bizerte était créé de toutes pièces par Bourguiba». Une décision improvisée donc et sans préparation aucune ayant exposé les civils tout comme les militaires à des agressions inutiles. Une preuve supplémentaire de la tendance autocratique de Bourguiba — d’ailleurs relevée à temps par certains de ses compatriotes — qui profita des événements pour donner le feu vert à l’élimination de son rival Salah Ben Youssef, assassiné le 12 août 1961 à Francfort. Dérive autoritaire devenue flagrante et qui aura de lourdes conséquences pour le peuple tunisien.

Auteur : Foued ALLANI
Ajouté le : 23-07-2011

Re: Il y a 50 ans : LES ÉVÈNEMENTS DE BIZERTE
28 juillet 2011, 04:52
La Crise de Bizerte

[archives.tsr.ch]

Journaliste, écrivain, réalisateur, Serge Moati, qui anime l'émission Ripostes sur France 5, est l'invité du site des archives à l'occasion de la parution de son livre Du côté des vivants*. Dans ce roman largement autobiographique, il relate son enfance à Tunis, dans la «Villa Jasmin», et son arrivée en France après la perte tragique de ses parents, à l'âge de onze ans. Nous lui avons présenté ce document de Continents sans visa consacré à la crise de Bizerte, qui, en 1961, opposa militairement la Tunisie d'Habib Bourguiba et la France.

Le site des archives. La crise de Bizerte s'inscrit dans le contexte de la décolonisation de l'Afrique du Nord, marquée par la guerre d'Algérie. On parle moins de la Tunisie.

Serge Moati: oui, la Tunisie était au second plan. C'était un petit protectorat, les enjeux étaient très différents de l'Algérie. Mais une question était vraiment importante, celle de Bizerte, qui était considérée comme la clé stratégique de la Méditerranée.

Dans les accords d'indépendance de la Tunisie de 1956, Bizerte, qui se trouve au nord du pays, devait rester française pour un temps non défini. Il faut se souvenir que la France avait intérêt à garder sa présence à Bizerte, d'où partaient ses avions militaires pour l'Algérie.

Bourguiba était poussé par l'opinion publique arabe. Les frères algériens l'accusaient d'héberger les bases militaires françaises tandis que la Ligue arabe le considérait comme un traître. Pour un part de l'opinion publique tunisienne, il était le valet des Français. Entre Bourguiba et de Gaulle, il y eut un problème d'égo. Ils se haïssaient. Ils ne se rendaient pas compte qu'ils étaient liés l'un à l'autre. Tous les deux avaient raison, mais ce sont de pauvres gens qui se sont fait massacrer.

Les événements de Bizerte ont légitimé l'indépendance de la Tunisie. Bourguiba passa dans le clan des héros de la nation arabe. Pour de Gaulle, c'était un coup d'amour propre et pour nous tous, ça a été le début du départ.

C'est en effet après ces événements que l'exode s'accélère.

Du sang d'innocents avait coulé. Et de nombreuses familles étaient déchirées, comme dans la mienne où des cousins portèrent les deux uniformes, français et tunisiens, et craignaient de se tirer dessus.

Un traumatisme s'est emparé de la population. Les Français ont eu peur, ils sont partis massivement et cela a poussé d'autres communautés à l'exode, comme les Italiens. Les Juifs tunisiens, eux, sont surtout partis après la guerre de Kippour.

Et puis il y eut les actes de violence des fellagas et de la Main rouge, une organisation réactionnaire semblable à l'OAS, qui a d'ailleurs fait sauter notre maison car mon père militait pour une indépendance dans un lien fort avec la France.

Il faut aussi dire que les événements de Bizerte ont poussé la France à avoir une force de frappe nucléaire. C'était une manière d'assurer sa défense sans devoir tenir compte de lieux stratégiques et cela a soulagé l'amertume gaullienne.


Propos recueillis par Claude Zurcher


*Serge Moati, Du côté des vivants, Editions Fayard
Re: Il y a 50 ans : LES ÉVÈNEMENTS DE BIZERTE
31 juillet 2011, 06:06
Crise de Bizerte

La crise de Bizerte est un conflit diplomatique et militaire opposant, durant l'été 1961, la France et la Tunisie devenue indépendante le 20 mars 1956. Il se joue autour du sort de la base navale militaire de Bizerte restée en mains françaises et de sa rétrocession à la Tunisie.
Très relayé par la presse française et internationale de l'époque, le conflit est presque tombé dans l'oubli au xxie siècle. Pourtant, pour Noureddine Boujellabia, colonel à l'époque, il constitue « de toute évidence, un événement majeur de l'histoire contemporaine de la Tunisie »3. La crise de Bizerte s'inscrit dans le contexte de la guerre d'Algérie qui se poursuit et de la guerre froide.

La suite du long article sur [fr.wikipedia.org]

Pour autant que je m'en souvienne, le bâtiment où nous nous étions réfugiés était situé dans une rue proche de la mer qui n’était pas visible depuis la rue. Cela pourrait être la rue en courbe au centre de la photo, qui part du chenal vers le port intérieur. Il s'agit de la rue de Tunis qui a gardé son nom. Je n'ai pas de certitude, c'est pourquoi le témoignage d'autres personnes serait utile.

Vue aérienne de la ville de Bizerte en 1961.
On voit sur l'autre rive le bac qui permettait la traversée des véhicules et des piétons. Il a été remplacé par un pont.


Pièces jointes:
Bizerte_1961-Wikipedia-medium--comp.jpg
Re: Il y a 50 ans : LES ÉVÈNEMENTS DE BIZERTE
31 juillet 2011, 06:16
Voici une vue actuelle de Bizerte, copiée sur Google Earth.

J'ai essayé de la positionner à peu près sous le même angle et avec la même échelle que ceux de la photo aérienne précédente qui date de 1961.

On voit bien le nouveau pont qui a remplacé le bac.

P.S. le 12 août 2020 :
après une nouvelle recherche sur le site MAPS il est très probable que l'école où nous nous sommes réfugiés est celle de la rue de Grèce.
[www.google.com]
Meyer



Pièces jointes:
Bizerte_2011-Google-310711.jpg
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