John Galliano ne se souvient de rien
Le ministère public a requis une amende qui ne sera « pas inférieure » à 10 000 €
Un défilé... de gros mots en anglais et en français, ainsi qu'une star de la mode qui s'excuse pour des faits qu'il ne se souvient pas avoir commis. Le procès hier à la 17e chambre correctionnelle de Paris de John Galliano avait un sacré look. Le créateur britannique est poursuivi par trois victimes présumées et cinq associations pour injures à caractère raciste et antisémite. Les faits reprochés remontent au 24 février. A la terrasse d'un café branché du 3e arrondissement parisien, le styliste aurait insulté en anglais Géraldine Bloch, une trentenaire, en évoquant sa « sale face de juive ». Son ami Philippe Virgitti se serait fait, lui, traiter d'« enculé de bâtard d'Asiatique ». Une autre plaignante reproche à John Galliano de l'avoir traiter, au même endroit en octobre 2010, d'« enculée de pute juive ».
En cure de désintoxication
Costume sombre et l'air chétif, l'ancien directeur de création de la maison Dior entre dans la salle d'audience par une porte dérobée. Echappant aux nuées de caméras et de photographes postés devant la chambre. Les yeux constamment dans le vide, il prévient d'emblée : « Je ne me souviens d'aucune insulte, je ne me souviens pas bien de la façon dont la situation a dégénéré. » Il avoue : « Je suis encore en cure de désintoxication. » John Galliano raconte sa descente aux enfers qu'il date de 2007 à cause du surmenage au travail. Plus tard, il s'excuse « pour les choses pour lesquelles il est accusé ». Sans les reconnaître. « Je voudrais aider le tribunal, mais je ne me souviens de rien. » Face à cette dualité, Me Stéphane Lilti, avocat d'une partie civile, perd patience : « Qui jugeons-nous aujourd'hui ? » Côté accusation, la démonstration du caractère antisémite des insultes n'est pas évidente. Si deux témoins de l'accrochage du 24 février ont entendu des propos sur l'origine asiatique du jeune homme, aucune n'a entendu le mot « jewish » (juif en anglais). Dans la soirée, le ministère public a requis une amende qui ne sera « pas inférieure » à 10 000 €. La défense a plaidé la relaxe au motif notamment de l'état d'alcoolémie de Galliano. Le jugement du tribunal correctionnel sera rendu le 8 septembre.
Alexandre Sulzer
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