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( indagine sopra un cittadino « al di sotto » di ogni sospetto )

Direction des Services Secrets Tunisiens                .

16 Rue Pierre de Coubertin

Tunis-Ville

                                                                                                            Fondation Harissa

                                                                                                            Amérique

Monsieur le Président,

Depuis plusieurs semaines voire quelques mois, nos services sont quasi quotidiennement  penchés sur une opération classée « secret-total » qui risque de compromettre bon nombre d’individus et certains organismes, opération dont pas à pas nous tentons de reconstituer le long cheminement considérant qu’en cas de succès – ce dont nous ne doutons plus, du moins à moyen terme – de lourdes et fâcheuses conséquences risquent de nous obliger à impliquer votre site – Harissa.com – ainsi que nombre de personnes y concernées.

Si nous nous décidons à nous manifester auprès de vous, c’est d’une part en raison du lieu de votre siège ( loin de la Méditerranée ) d’autre part parce que nous pensons que votre attachement – affectif et peut-être financier – à certains de vos correspondants pourrait contribuer à éviter « vagues et murmures » autour de ladite affaire.

Notre Chef des Renseignements, qui ne sera nommé qu’à la fin de la rédaction de ce texte pour simple raison d’anonymat  ( nous le nommerons donc Ali pour l’instant ) a entre autres pour mission de repérer sur les sites étrangers tout ce qui de près ou de loin est en relation avec la Tunisie ; Tunisie d’aujourd’hui certes mais Tunisie d’hier aussi. Vous ne serez pas surpris d ‘apprendre que votre site a, depuis sa création, donné lieu de ce seul fait à la lecture scrupuleuse de l’ensemble des rubriques, celles de mémoire et celles d’actualité. De fréquents soupçons ont de longue date fait l’objet de houleuses réunions, et, ne seraient de lourds événements politiques et socio-économiques nous ayant obligés à nommer régulièrement un nouveau  Directeur, depuis un certain temps déjà nous aurions pu mettre un terme à cette épuisante affaire et ainsi « innocenter l’innocent et condamner le coupable ».

Une diversion sur la personnalité d’Ali vous permettra nous en sommes convaincu de prendre fait et cause pour sa noble démarche : Ali est très petit et très vilain ce qui lui permet de se faufiler un peu partout sans que nul lui prête la moindre attention ; Ali flotte aussi ce qui lui permet en cas de naufrage de recueillir toutes sortes d’informations sur les futurs naufragés et sur leurs familles respectives ; Ali fume la pipe.

Mis à part ces quelques traits physiques, Ali a une connaissance des milieux financiers européens et c’est en cette qualité que la mission sous-désignée lui a été confiée.

LES FAITS

• Le 1^er Juin dernier, aux environs de 10 heures, un couple de touristes descendait du T.G.M. à la gare de Goulette Vieille, en provenance de la banlieue tunisoise puisque la rame les y ayant déposés poursuivit alors son chemin vers la station Le Bloc et enfin Tunis-Marine son terminus. Après s’être arrêtés devant une boutique de la Ville et avoir acheté quelques paquets de chewing-gum ils se firent héler par un taxi alors qu’ils s’acheminaient vers le Port en faisant ( volontairement ? ) cahoter une légère mallette sur un chariot déglingué acquis vraisemblablement une bonne décennie plus tôt sur un marché de New-York. L’insistance avec laquelle le chauffeur de taxi les invita à prendre place pour les déposer au bateau, eux qui semblaient éprouver un  plaisir certain à déambuler une dernière fois dans l’antique cité intrigua Ali dont la filature avait – vous l’aurez deviné – commencé dès l’arrivée du couple sur le sol tunisois 5 jours auparavant. Nos services disposent d’une cassette sur laquelle on aperçoit l’homme, touristiquement vêtu, descendant du taxi, s’approchant d’une ou deux personnes ( il semblerait qu’il s’agissait de membres du personnel naviguant ) à la recherche de quelques dinars, feignant de vouloir rémunérer le chauffeur de taxi, celui-là même qui les avait « forcés » à les déposer devant le « Carthage » qui s’apprêtait à appareiller.

• Le 27 Juin dans la page « NOUVEAUTES » de votre site, un article intitulé             « à bâbord fell babour » par Bernard Sberro semblait relater un périple qui d’une certaine façon pouvait être rapproché d’un précédent « périple » accompli par J.O’Dawan dont l’apparition soudaine et la disparition consécutive à la période qui  suivit l’attentat des Twin Towers avait néanmoins intrigué nos services sans que dans un premier temps nous y prêtâmes l’attention qui eût due lui être portée. Dans ce reportage, une photographie représentant « L’homme à la Burka » ainsi baptisé par Ali a aussitôt mis en alerte nos services techniques : de nombreuses manipulations informatiques ont permis, avec l ‘aide de nos délateurs, de reconstituer sous forme de portrait-robot, un semblant de la silhouette du prétendu passager ; le décor est identique à celui de l’original, la position du passager aussi ; seules les cornes du Bou-Kornine semblent avoir été exagérées, faisant davantage songer à celles d’un mouton sauvage ou à celles d’un bélier multicornes qu’à celles du célèbre mont ! peut-être pourrait-on penser à ce type d’astuce dont Ali a le secret, n’hésitant pas à teinter d’une note de fantaisie l’ensemble de ses investigations dans le seul souci d’y adjoindre un surplus d’authenticité.

Nous joignons à ces deux premières constatations les pièces à conviction ayant pour but de justifier s’il en était besoin le sérieux de notre démarche. L’enquête en cours nous oblige cependant à ce devoir de réserve propre à nos méthodes d’investigation. Dès que les habituels soucis familiaux cesseront de nous préoccuper – en particulier le énième changement d’adresse de notre siège social, l’approche du quatorze juillet et du discours présidentiel et enfin les histoires du comité olympique pour les jeux de 2012 sans oublier l’histoire des loups qui semble vous laisser indifférent – nous reprendrons bien évidemment contact avec vous.

Ne vous inquiétez pas pour autant, Monsieur le Président, et recevez avec ce courrier, l’expression de notre hypocrite et néanmoins amicale considération.

Raffik Elwafar

                                                                                                 ( alias  Ali  )

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