Il m'est difficile d'ecrire un article exhaustif sur la communaute Juive Tune de Marseille. Certes, elle a eu d'illustres representants (Maitre Charles Haddad, qui haranguait les salles de reunion au moment de la guerre des 6 jours, et Jo Sitruk, grand rabbin de Marseille avant d'etre celui de France. Certes, arrivee en 60-61 elle a precede la grande vague d'immigration Algerienne et a contribue au renouveau du Judaisme Marseillais (par exemple, explosion du nombre des boucheries casher et du nombre d'oratoires et salles de prieres, avec en particulier pour Yom Kippour, mise a disposition de grands hotels).  Mais la communaute juive tunisienne de Marseille ne parait pas aussi structuree qu'a Paris: si 90% de nos amis sont juifs, ils ne sont pas tous tunes (turcs, saloniciens, marocains, algeriens, juifs du comtat venaissin et ashkenazes sont bien representes). Seule une petite synagogue (rue Tapis Vert) est specifiquement tune.
La grande Synagogue (ou officiait il y a peu de temps Jo Sitruk) est de rite sepharade (Afrique du Nord, mais pas seulement tunisien).Elle comporte au rez-de chaussee plusieurs oratoires de rites differents:
-Ashkenaze (Hachnassat Ohrim), animee par le Docteur Heiselbec, fils d'un grand rabbin de Metz, Psychiatre et ministre officiant devoué. Il y a celebre mon mariage il y a exactement 30 ans en compagnie du rabbin Marciano (pere des celebres jeans GUESS de Los Angeles). Une parenthese: les grands parents de mon epouse, ashkenaze, avaient cree en 1933 le seul restaurant casher de Marseille, le restaurant FRANT. Ferme pendant la guerre et reouvert par la grand mere apres la deportation de son mari (rafle dans une synagogue), il a fonctionne jusqu'en 1950.
-Turc (OzerDalim)
-Oranais.
Les restaurants specialises en cuisine tunisienne ne manquent pas, mais la majorite n'est pas casher.
Au niveau familial et individuel, les coutumes persistent, comme par exemple le couscous-boulettes du Vendredi soir ou l'aricha au ble du Samedi, le boulou et le Mseki de Kippour. De meme que la lueur dans les yeux de mes parents a la simple prononciation du mot "Tunisie".
Que restera-t-il de tout cela dans quelques annees? Surtout si Harissa.com n'existait pas...

PS: il serait interessant d'ouvrir, a la maniere du livre de Georges Perec "Je me souviens..", un theme du meme nom dans les commentaires, ou chacun pourrait decrire d'une simple phrase des souvenirs personnels (heureux ou malheureux) en rapport avec la Tunisie: par exemple:
-je me souviens des boites rondes en fer blanc de nepha (tabac a priser)
-je me souviens du bruit des epluchures de glibettes sous mes pas en entrant au cinema Rex
-je me souviens des enormes mottes de beurre sur le comptoir de l'epicier et des mouches vire-voltant autour des etalages de viande-je me souviens des tas de goudron et des escourtins a l'usine d'huile Halfon et des grandes plateformes ou les camions pesaient leur chargement
-je me souviens de mes premieres boums avec ONLY YOU (Platters), YOU ARE MY DESTINY (Paul Anka), PETITE FLEUR (Bechet) et du concert de Sydney Bechet a Sfax.
-je me souviens des promenades en velotaxi et de leurs derapages avec ma
grand mere dans les rues de Sfax,
-je me souviens du cortege des prostituees venant de la casbah, accompagnees par un jeune garcon, pour faire leurs achats de vetements
au magasin de mon pere
-je me souviens de l'ecrivain Georges Perec (qui a sejourne a Sfax et en
parle dans ses ecrits), attable au cafe la Regence de Sfax avec des enseignants juifs de gauche, lisant un des premiers numeros de l'Express
contre la guerre d'Algerie, etc...