Une œuvre semi Artisanale semi artistique; réalisée par la collaboration de 3 Harissiens; vient d'être offerte à la Synagogue Tune de Acco.

Les trois, Victor Cohen (Paris), Avraham Bar-Shay (Haïfa) et Benny Narkis (Miami) ont fait don de leur temps, talent, connaissance et argent pour réaliser ce projet.

Cette création unique fut terminée et montée, dans la merveilleuse Synagogue Tune, le 19 septembre 2007, pour être inaugurée deux jours plus tard, à Kippour.

Le projet n'aurait jamais pu naître sans l'Internet et sans son fils Tune, le site de Harissa.com.

C'est une poutre de bois dur, de plus de 2 mètres 50 de long, de 20 cm de haut, et d'une section assez compliquée. L'ensemble est monté sur une poutre existante de la Teiva.

La poutre est peinte d'un noir dépoli pour mettre en relief des figures en filigrane d'argent qui y seront apposées. Ces figures sont des lettres hébraïques, de plus de 8 cm de hauteur, qui composent des sentences sacrées, telles qu'on trouve dans des synagogues.

Les deux phrases sacrées ont été appliquées, une de chaque coté de la poutre. A chaque extrémité de la phrase on a ajouté  des éléments décoratifs avec des motifs juifs et tunisiens, et des colombes à la branche d'olivier ainsi que des plaques commémoratives aux noms de nos parents z"l.

Même les extrémités de la poutre ont reçu leur élément décoratif en filigrane.

Toutes ces figures sont montées sur des "Pilotis" (comme les pieds d'une table) qui les gardent à une distance de plus d'un cm de la surface de la poutre. L'espace ainsi crée, ajouté à la technique du filigrane, donnent aux lettres d'argent une légèreté  et un  effet céleste de nuages qui flottent. Chaque pilotis se termine par un "clou" qui se plante dans la poutre.

Pour des raisons de sécurité et de propreté, toutes les figures, montées sur la poutre,  se trouvent  enfermées dans un espace clos formé de plates de plexiglas (4 mm d'épaisseur.).

Ces plates sont à une distance de quelques mm des lettres et ne les touchent pas.

La poutre est montée sur la Teiva, une des sentences fait face du H'azan. L'autre est plutot vue par le public.

Revenons au début du projet et à Harissa.

Un jour je reçus un mail d'un certain Victor Cohen de Paris, à propos d'un des articles que j'avais publié sur Harissa. Par la suite il y eut un échange de messages et mon invitation de visiter la Synagogue de Acco dès qu'il serait en Israël. Ce qui se réalisa assez vite.

La visite et la rencontre avec l'extraordinaire personnalité de Tsion Baddache, le fondateur de cette Synagogue, lui firent une très grande impression. Il me dit tout de suite qu'il désirait faire une contribution à ce magnifique Lieu, mais qu'il fallait quelque chose qui ne se perdrait pas dans toute la richesse qui existe déjà.

Je lui dis que j'avais aussi pensé à ça, il y a longtemps et que j'avais esquissé le projet: d'ajouter des sentences sacrées, en grandes lettres, qui décoreront la Teiva.

Dans mes dessins, ces lettres devaient être placées dans un enchevêtrement géométrique, qui les mettrait en relief. Le tout sera découpé au Laser a partir de bandes d'acier inoxydable qui seront montées sur une poutre de bois.

Quand il vit mes dessins, il proposa de passer de l'inox découpé au filigrane l'argent, artisanat qu'il connaissait très bien. Ce projet m'a paru très coûteux, mais il insista en disant que la main d'œuvre ne coûterait pas très cher et qu'il avait, en Afrique, un atelier spécialisé en la matière.

Je refis donc le design en prenant compte des nouvelles données et lui envoya le nouveau projet par Email. Comme je n'avais aucune expérience en filigrane et que ma formation d'ingénieur m'avait mené à dessiner des motifs "trop géométriques", il conseilla de contacter un troisième Harissien, Benny Narkiss, un tunisien qu'il connaissait et qui vit à Miami; un designer qui a bien réussi et qui s'y connaît en ornementation et en filigrane. Celui-ci remodela les figures (lettres et éléments décoratifs) et prouva que sa renommée était bien méritée.

Apres plusieurs échanges de messages (téléphone et Internet) entre Israël, Paris et Miami, on arriva au dessin final des éléments en filigrane. Au premier voyage de Victor en Afrique, ils furent réalisés et il m'en envoya les photos. J'avais le souffle coupé quand je vis le résultat sur mon ordinateur.

Ensuite il fit souder tous les éléments décoratifs sur une bande d'argent (2 mètres et demi sur 15 cm). L'effet était médiocre et les très belles lettres se perdaient dans la plaque de fond, "froissée" par les soudures. Elle attirait la vue plus que les figures de filigranes.

Par un travail méticuleux et titanique, les figures furent dessoudées et on décida de les   monter séparément; une à une; et sans qu'elle reposent sur la poutre. Elles seront surélevées par des "pilotis fins", de plus d'un cm de hauteur qui les tiendront à une bonne distance de la poutre. La délicatesse de ces pilotis et les exigences de propreté et de sécurité nous mena à les "enfermer" dans une cage de Plexiglas.

Il fallait redessiner plus de 4 fois le projet (bois et Plexiglas) afin de l'adapter aux possibilités de travail des ateliers en Israël.

Le bois choisi pour la poutre doit être un bon bois dur et stable (Box en Anglais ou Bouq en Hébreu). Ceci rendit l'usinage du profil plus cher et difficile. Les dimensions de la poutre et la précision requise n'étaient pas celles auxquelles notre menuisier était habitué. Il a fallu que j'emploi toute mon expérience technique et que je l'assiste pendant quatre jours entiers pour arriver à un résultat assez proche des dessins.

Pour avoir une idée du travail, le tracé et le perçage des petits trous dans lesquelles on  introduit la  partie fine du Pilotis (près de quatre cent trous) avaient pris une journée de travail de deux personnes.

La poutre fut montée sur la Teiva, à la joie de notre ami Tsion, qui ne s'arretait pas de nous bénir et promit de le faire à la prière de Kippour.

Ainsi pour moi ce fut la fermeture d'un cercle qui débuta il y a plus de 60 ans.

Mon père était considérée comme l'"artiste local" des Synagogues de Gabès. Je me rappelle, j'avais moins de 9 ans, quand il découpait les lettres de ces mêmes phrases sacrées dans des fonds de caisses de carton, Ensuite, il couvrait les surfaces échancrées avec des carrés de papier Cellophane (pris sur des bonbons), de toutes les couleurs. La caisse, ouverte du coté opposé aux lettres, était posée sur une ou plusieurs lampes électriques. L'illumination multicolore de la phrase sacrée faisait un effet de néons multicolores, qui n'étaient pas encore très connus dans le Sud du pays.  

La contribution de Victor Cohen fut considérable. Grâce à son esprit d'entreprise, sa patience, sa générosité et son courage (transport de près de deux kg d'argent travaillé, d'Afrique en France et de Paris en Israël), le projet a pu être réalisé avec succès.

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Autres liens pour cette Synagogue.

http://www.harissa.com/D_Communautes/Israel/synadestunesaacco.htm

http://www.harissa.com/D_Communautes/Israel/lasynadestunesaccolelivre.htm

Texte et photos, a part #6 (Benny) et # 7 , # 8 (Victor), sont de:

Avraham Bar-Shay (Benattia)

absf@netvision.net.il