Samedi 08 Novembre 2003, aéroport de Roissy-en-France, le vol United Airlines  943 décolle à 21h25 précises avec 16 minutes de retard.

8h42 plus tard, à 23h07 heure locale, le Boeing 777 Jet avec ses 216 passagers, tous officiellement invités par la famille B. originaire de Tunisie, se posait sur la piste 12 du  Chicago O'Hare International Airport 

Rien de ce qui habituellement donne aux cérémonies de mariage de notre communauté ce cachet particulier, cette conviviale atmosphère, cette soudaine intimité avec ceux que la veille nous aurions croisés dans une parfaite indifférence ne manquait, malgré le souffle de froid glacial qui nous atteignit dès la sortie de l’aéroport.

Angèle B., souriante, heureuse, nous invita à nous répartir, selon nos affinités, dans les 4 bus aménagés – télé, pc, portable personnalisé avec dans le répertoire de chacun les numéros de chaque invité ! 850 au total -  qui, dès le lendemain, jour de la cérémonie nuptiale, se retrouveraient dans les salons du très officiel Spertus Museum, lieu privilégié de rencontres de la société juive de la ville.

Sofitel Chicago Water Tower, 20 East Chestnut ST- Downtown, Chicago : c’est dans ce somptueux hôtel, au bord du Lac Michigan, répartis selon de nouveaux critères apparus au fil des conversations dans les bus – les riches et intelligents au quatrième étage ( ? ) les « intellos- bohême » juste un peu plus haut ( ! ) tous les autres, religieux et moins religieux, prétentieux ou, comme ce fut mon cas, sobre et souriant, tous sans exception relégués au sous-sol au demeurant bien aménagée.

Bizarre impression pour chacun au réveil dans cette incroyable brume matinale qui inondait la ville : dimanche matin américain, somptueux petit déjeuner, ambiance hyper détendue, apparition soudaine, inattendue, de Sophie B. la mariée du jour : vilaine à faire peur, malaise de la majeure partie de l’assemblée présente, Angèle B. au bras de son époux chéri, radieuse.

Le nord du lac est pris dans les glaces 4 mois de l'année. A Chicago, on peut se baigner de la mi-juin à début septembre environ. Dommage que le mariage ait eu lieu en Novembre.

Finalement la cérémonie se déroula comme prévu malgré le retard du mari dont on se demandait pourquoi il n’était pas apparu jusqu’alors : à cause du chapeau disait-on dans la salle ; et pourtant la mariée était là, bien là, souriante, heureuse.

La soirée, traditionnelle, s’étira comme toutes les soirées de ce type : à la longue je commençai à m’ennuyer un peu et l’idée de devoir retourner à l’aéroport reprendre l’avion pour rentrer à Paris créa en moi un stress immense. Je me levai alors de table, regardai une dernière fois la mariée, fière, tenant par le bras son mari souriant, lançant un regard hautain et difficilement compréhensible vers une invitée qui ne lui demandait rien !

une grande giguasse à l’air un peu pute passait par là………

- Taxi ! taxi !.....international airport, please, I have a plane at nine PM to Paris because to morrow morning I am working. 

Et dans l’avion du retour je dessinai Sophie et son mari et l’invitée et la giguasse avec son sac et son air de pute.

Et le lendemain, aujourd’hui, j’étais au boulot, un peu en retard, et j’assurai mon cours de fiscalité, comme prévu.

 Bernard Sberro

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