A travers les silences et les non-dits à son propos on voudrait mieux comprendre l'être qui se cache derrière le récit biblique.

Ce récit est complexe. Il se compose de brefs passages où, la personnalité étrange qui s'en dégage et qui semble comme une renonciation à agir dans quelque direction que ce soit, nous laissent perplexe.

L'histoire biblique de notre deuxième patriarche peut être divisée en six épisodes fondamentaux:

Sa naissance, son AKEDA, son mariage, le creusement des puits, sa rencontre avec Aviméleh et, la bénédiction de ses fils, Jacob et Esav.

Dans la plupart de ces situations Issac fut passif et n'a fait preuve d'aucune initiative. Sa personnalité semble n'être qu'un faible écho par rapport à celle de son père. La vie d'Issac est brossée très vite.

Dans la Genèse 25 le verset 19 énonce: ceci est l'histoire d'Issac fils d'Abraham, et au verset 20 nous lisons : Issac avait quarante ans quand il épousa Rébecca. Et immédiatement après -comme si c'était la fin de son histoire- qu'Issac âgé de 60 ans eut 2 fils Jacob et Esav.

Il n'est pas seulement le lien généalogique entre Abraham et Jacob et sa personnalité est d'une extrême importance.

Sa place est peu enviable car être le fils d'un tel père est un héritage lourd à porter. L'histoire est pleine de ces pères qui étouffent la personnalité de leur fils en ne leur laissant aucune chance de faire leur preuve. Le rôle de successeur a toujours été l'un des plus ingrats de l'histoire. Mais le verdict de l'histoire (celui qui détermine s'il s'agit d'une victoire éclatante ou d'une simple péripétie) a toujours reposé sur ceux qui devaient stabiliser la révolution de leur pères.

Ils se doivent de creuser à nouveau les puits que leurs pères avaient creusés et qui ont été bouchés et d'en libérer les eaux vives. C'est ainsi qu'il faut comprendre le verset : ceci est l'histoire d'Issac fils d'Abraham…. Abraham engendra Issac.

Dés sa naissance Issac fut choyé, dorloté, et servi par ses parents et par les serviteurs qui l'entouraient. Issac portait la responsabilité de réaliser la prophétie faite à son père: devenir une grande nation. L'inquiétude à lui trouver l'épouse adéquate, à ne pas le voir quitter Israël en est l'illustration.

Issac s'est évertué à sauvegarder l'héritage de son père et a veillé à ce qu'il ne se désagrége pas.

Sa ligature sur l'autel a laissé son empreinte sur toute sa vie. Il restera à jamais lié sur l'autel.

Il n'alla pas chercher une épouse, on la lui amena et même pour bénir ses fils c'est sa femme Rébecca qui tint le rôle décisif.

Issac préférait Esav et il lui réservait sa bénédiction majeure, sans doute parce que Esav représentait son opposé et qu'il était le symbole de l'action débridée, un chasseur, un homme des champs loin de la vie quiète de la tente. Esav représentait tout ce que Issac aurait voulu être mais qu'il ne pouvait être en raison du rôle spécifique qui lui était imparti.

La complexité de l'élection divine de Jacob pressentie par Rébecca où Issac joua le rôle de figurant met en lumière la cécité d'Issac par rapport à son épouse.

La question fondamentale était de savoir qui devait succéder à Issac? Issac préférait Esav parce qu'il lui rappelait la figure forte, entreprenante et triomphante de son père Abraham, et il ne discernait pas les qualités de Jacob qui lui ressemblait trop. Issac avait l'impression qu'il fallait une nouvelle ère de conquêtes et d'élévation et qu'Esav avait l'étoffe d'un homme capable de tels accomplissements.

Lorsque Jacob revêtit les vêtements de Esav, il ne se déguisa pas vraiment. En fait, il montra à son père la dualité de son propre être. Jacob n'était pas la copie d'Issac pas plus que l'image d'Abraham: il en était la synthèse. Il ne laissait transparaître qu'un reflet de ce qu'il serait en mesure de réaliser plus tard: sa capacité à agir, à ruser avec sagesse, à combattre avec les hommes ou avec les anges et qu'il méritait vraiment la bénédiction de son père.

Issac souhaitait que son successeur possédât ces qualités de hardiesse, d'initiative, d'astuce et de ténacité et il crût qu'Esav en était pourvu.

Jacob montra qu'il recelait ces qualités en apportant un plat de viande à son père et qu'il était etre digne de la bénédiction d'Issac.

Lorsque Issac envoya plus tard Jacob quérir une femme, le patriarche était alors convaincu que son fils était assez fort pour quitter les frontières bien protégées d'Israël pour se frayer sa propre voie.

Même lorsque Issac prit connaissance de la ruse dont il avait était victime, il maintint néanmoins" il restera béni…..Jacob conservera ma bénédiction" ( Béréchit 27 - 33).

Joseph GIARMON

jogiarmon@yahoo.fr