LE WEB DES JUIFS TUNISIENS

SIDRA VAYICHLAH 

 
  Ayant quitté Lavane, son oncle et beau-père, Jacob entama son retour vers Canaan, la Terre Promise par D.eu à Avraham et Itzhak. La même promesse lui a été faite au moment où il fuyait devant son frère Esaü.
 

  Il lui fallait maintenant, après 22 ans, affronter à nouveau Esaü . La meilleure manière, pensa-t-il, était de lui faire un cadeau . Il s'est dit [Genèse XXXII, 21] : " Je veux rasséréner son visage par le présent qui me devance, et puis je regarderai son visage, peut-être deviendra-t-il bienveillant pour moi ".
 

 Avant de revoir son frère, Jacob passa la nuit à lutter avec l'ange -scène plusieurs fois figurée par les Maîtres de la peinture classique-, qui finit par lui dire qu'il s'appellerait désormais ISRAEL, " car tu as jouté contre des puissances célestes et humaines, et tu es resté fort ", et il le bénit alors.
 

 La rencontre avec Esaü fut précédée d'une grande peur chez notre patriarche Jacob-Israël. Cependant, le texte de la sidra qui décrit le contact des deux jumeaux, ne laisse rien paraître d'une quelconque hostilité : " Esaü courut à sa rencontre, l'embrassa, se jeta à son cou et le baisa ; et ils pleurèrent " [Genèse XXXIII, 4], mais les commentateurs disent que chaque terme employé trahit un geste assassin non accompli du fait de l'émotion qui a étreint Esaü.
 

 Cette haine que la postérité d'Esaü portera à la postérité de Jacob-Israël à travers les générations JUSQU'A NOS JOURS est incarnée par AMALEK, fils d'ELIPHAZ, lui-même fils d'Esaü. Le verset 12 du chapitre XXXVI de la Genèse relate " Timna' devint concubine d'Eliphaz, fils d'Esaü : elle lui enfanta Amalek " Cette naissance du fondateur de l'antisémitisme, nous fournit l'occasion d'analyser les causes et les racines de cette haine inextinguibles qu'AMALEK voue à ISRAEL, selon nos Sages.
 

 J'ouvre une parenthèse à ce niveau pour illustrer cette analyse : dans le film " Les Derniers Jours " de Steven SPIELBERG, il est notamment dit par l'un des témoins : si les nazis, au lieu de déporter les juifs, avaient consacré leurs énergies à faire la guerre, ils auraient pu limiter l'ampleur de leur défaite, voire même gagner la guerre ; leur haine des juifs n'était pas rationnelle ; elle leur a valu une chute totale, qui s'est traduite par le suicide de Hitler, l'arrestation et la condamnation de la plupart de ses proches, et surtout la capitulation " sans conditions " de l'Allemagne et sa division jusqu'en 1989.
 

 Les antisémites, de tous temps, s'acharnent à persécuter les Juifs, sans raison, gratuitement. Ils paient, d'ailleurs, souvent très cher cette haine, mais leur nature les empêche de raisonner, même s'ils savent qu'ils ne pourront jamais venir à bout de Juifs. C'est le seul peuple resté vivant alors que tous les empires ont connu leur apogée et leur disparition.
 

 Revenons donc à notre évocation d'AMALEK, père de tous les antisémites de toutes les générations.
 

Dans le Talmud (Sanhédrin 99 b), nous lisons : " Timna' était une princesse, sœur de Lotan. Elle a voulu se convertir à la religion d'Avraham, Itzhak et Yaakov ; sa demande a été rejetée. Comme Agar [souvenez-vous : princesse Egyptienne], elle a préféré être une servante dans cette famille plutôt qu'une princesse chez elle. Aussi, est-elle devenue la concubine d'Eliphaz, fils d'Esaü, qui est effectivement descendant de cette famille spirituelle , connue pour sa crainte du péché. De cette union est né AMALEK, qui a fait souffrir ISRAEL et lui a fait subir les pires traitements. Ceci, car ils n'auraient pas dû l'éloigner (du monothéisme) ". 
 

     Ainsi, les patriaches, en l'éloignant de la confession d'Avraham, ont provoqué la haine terrible d'AMALEK, fils de TIMNA', durant toutes les générations. Cela appelle une explication : dans le midrache TANHOUMA (Vayétsé 11), nous lisons : " l'Eternel s'est promis d'accepter tout candidat sincère à la conversion au Judaïsme, A L'EXCEPTION DE LA POSTERITE D'AMALEK. Nous nous trouvons ici face à un paradoxe : d'un côté, on explique que la haine d'AMALEK est la conséquence du refus des patriarches de recevoir TIMNA' sous les ailes de la Providence Divine ; d'un autre côté, le midrache parle du serment de l'Eternel de ne jamais accepter des convertis de la postérité d'AMALEK.
 

     L'explication pourrait se trouver dans un verser de I Chroniques I, 36 : " Enfants d'Eliphaz : Têmân, Omar, Cefi, Gâtam, Kenaz, TIMNA' ET AMALEK ". Il en ressort que TIMNA' était la fille d'Eliphaz et que celui-ci a épouse sa fille. Il se trouve donc que la venue au monde d'AMALEK a eu lieu dans la souillure du sexe, de l'inceste, de la débauche et de l'abomination. Ces vices ont enfoui au fond de son âme, de son être et de son caractère les dispositions naturelles de l'absence de vergogne, de l'impiété et de la cruauté et se sont perpétués de génération en génération.
 

     Face à l'ignominie fondamentale d'AMALEK, qui n'a pas su pardonner l'erreur commise par les patriarches à l'égard de sa mère [qui était en même temps sa sœur], nous trouvons les qualités essentielles qui caractérisent les enfants d'Israël : ils sont sensibles, ont de la modestie et ont une propension à aimer le prochain sans en attendre une compensation.
     Cette différence fondamentale ne connaîtra jamais de solution : ISRAEL SE SOUMET A LA PAROLE ET AUX DECRETS DIVINS, TANDIS QU'AMALEK LES REJETTE EN BLOC.
 
CHABBATH CHALOM ! 

Leon Masliah

Pour toutes informations, critiques et commentaires, envoyez un email a : jhalfon@harissa.com 

copyright 1999. J. Halfon. All rights reserved.