Si vous ne connaissez pas Tbib Chalom, je pense que vous allez etre completement epate par cet homme absolument extraordinaire, ce heros que l'on doit tous essayer d'emuler. Quand, etant enfant, je le voyais se deplacer comme s'il etait toujours presse dans les rues de Tunis, je me demandais ce qui pouvait le mouvoir et ce qu'etait sa vie. Cet homme que certains appellaient le medecin des pauvres ou le medecin de la Hara, a passe sa vie a soigner le tout-Tunis. Il fut un vrai medecin et un sage, consulte par les grands et les humbles, travaillant toute sa vie dans la tradition de charite et de tolerance qui font les grands hommes. Je crois que l'on devrait lui rendre hommage en creant la "Tbib Chalom Award" que nous remettrons aux Tunes qui passent leur vie a dispenser le bien, l'amour et la charite autour d'eux. Je vous laisse decouvrir l'evocation merveilleuse qu'en fait sa petite fille Eliane Ganem (Grand merci a Rene Haiat pour ses efforts.)   

Mon grand pere David Scialom ne le 5 Mai 1880 A Tunis, mort A 86 ans excercait jusqu'a son demier jour.

Il habitait et excercait au 8 Rue des tanneurs. Il fit ses etudes a Montpellier.

Orphelin tres jeune, boursier, il envoyait une grosse partie de sa bourse a sa more juive italienne, qui eleva ses 2 filles grace a la bourse du Grand Pere, qui vivait miserablement avec la partie de sa bourse qui lui restait.

Quand il revient a Tunis, medecin, on le surnomma tres vite "Le medecin du ghetto" "TBIB CHALOM" comme I'appelaient ses malades juifs et arabes.

Grand pere s'est marie avec une fille Boccara, IDA, ma grand mere. Ils eurent deux enfants Yvette, ma mere, belle, douce, studieuse, et Fernand, I'artiste de la famille (L'essor).

Grand Pere s'occupait de ses clients comme de ses propres enfants, et devint le Medecin des pauvres.

On savait qu’il ne demandait pas d'honoraires, et qu'il donnait ce qu'il avait sur lui, raisins secs, des KAKIS, des dattes etc....

L'oncle Fernand m'a souvent dit qu'enfant, il partageait une orange avec ma mere comme dessert.

Malgre ce manque d'argent, Grand pere etait tres actif, toujours souriant. Il considerait avoir eu la chance de pouvoir faire ses etudes, d'avoir marie ses deux soeurs et eleve ses enfants.

Quand maman, (sa fille) est morte a 36 ans, sa vie a bascule ... Pourquoi un si grand malheur pour un homme si bon? Il a continue a faire le bien mais il n'etait plus souriant et heureux. La maison etait devenue une pharmacie en desordre avec tous les echantillons ... Il y en avait partout.....

Quand un malade venait, il repartait souvent avec les medicaments qu'il n'aurait pu acheter. Quand il venait chez moi, il me demandait toujours si j'avais des chaussures ? Le fils de ma voisine travaille bien, mais ne va plus a 1'ecole car il n'a plus de chaussures.

Quand nous sommes parties a Paris, il est venu nous voir et voir nos enfants. Il y est reste 48 heures et reparti car disait il, mes malades ont besoin de moi.

Grand Pere donnait des consultations dans la rue, toujours a pied. On l'interpellait pour un conseil, et il faisait ses ordonnances sur des morceaux de papier donnes par un client imprimeur.

Un peu plus loin, un charretier l'interpelle et lui expose son probleme, un probleme de sante en arabe, et mon grand pere examine sa gorge et lui fait son ordonnance comme toujours sur un bout de papier et il se tourne vers moi en me disant (< tu vois, ils sont si pauvres, comment veux tu leur demander des sous; et il ajoutait -Quand ils deviennent riches, ils me quittent, ca ne fait pas chic de venir chez moi ... et il riait de bon coeur.

Un jour il arrive chez une cliente pauvre qui lui dit << Docteur, je suis pauvre, pas belle comme mes soeurs bien mariees>> ... et elle pleure. Grand - pere nous raconte lui avoir dit < Si j'etais plus jeune , je t'aurai epousee, et il lui fait faire un tour de valse, et quand il est parti, elle riait, se sentait heureuse et belle.

Les dernieres annees, il allait faire sa tournee a I'Ariana, dejeunait ou il se trouvait, faisait sa sieste la ou il etait et repartait. C'etait un homme merveilleux, et hors du commun.

LE JOUR DE SA MORT, JE ME SUIS SENTIE ISOLEE DEVANT CETTE FOULE QUI PLEURAIT, ET QUI SE LAMENTAIT D'AVOIR PERDU SON DOCTEUR.

SON CERCUEIL A ETE PORTE A BOUTS DE BRAS (comme pour les saints) JUSQU'AU BORGEL OU ON LANCAIT DES PAILLETTES DOREES SUR SON CERCUEIL. 

J'AURAIS VOULU QU'IL ASSISTE A SON ENTERREMENT. ILS ETAIENT TOUS LA. IL LEUR APPARTENAIT, IL LEUR AVAIT CONSACRE TOUTE SA VIE. IL LES AVAIT AIDES NON SEULEMENT DANS LA MALADIE MAIS DANS TOUS LEURS PROBLEMES.

IL EST RESTE CETTE FIGURE INOUBLIABLE, CET HOMME GENEREUX, LARGE D'ESPRIT, ACCEPTANT TOUTES LES IDEES.

Nous avons ete fieres de lui, et nous sommes heureuses d'en parler. Merci de vous d'etre souvenu de lui ; Tant qu'il y aura des gens comme vous, il ne sera pas completement mort.

BRAVO POUR L'INITIATIVE D'HARISSA. C'EST GENIAL.

MERCI MILLE FOIS.

ELIANE GANEM