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A la Goulette nous avions 2 ou 3 bonnes qui venaient aider ma mere, qui avait 9 enfants, a
laver le linge et nettoyer la maison pour 3 ou 4 francs par jour et a manger pendant
qu'elles travaillaient comme des harsennees avec ma mere.
Elles mettaient le voile blanc et l'enlevaient lorsqu'elles arrivaient chez
nous. On avait pendant des annees juste 2 grandes chambres, une cuisine avec un primus et
un canoon et un cabinet. Pas de salle de bains. On faisait chauffer l'eau sur le primux et
on prenaient des douches dans des bassines mais surtout on allaient au Hamem, les bains
publiques ou l'on payait un franc ou deux par personne d'apres l'endroit ou l'on se
changeait et aussi on payait quelqu'un pour nous enlever la crasse (et les peaux mortes)
avec un gant si on voulait.
Les bonnes etaient illetrees et tres pauvres. Il y avait une bonne qui
laissait son bebe par terre chez elle dans une sorte de sous-sol pour faire les menages
dans trois ou 4 maisons par jour. Elle etait tres dynamique. Un jour je suis allee la
chercher chez elle. le bebe etait malade et elle n'avait pas de quoi le soigner, il est
mort d'une infection a la gorge. Une autre venait aussi du Kram et elle avait aussi
des enfants et venait d'avoir un bebe, (une fille) le bebe mourut aussi car elle n'etait
jamais a la maison pour l'allaiter. Ca ce sont les deux evenements qui m'ont le plus
marques : de voir des meres abandonner leur bebe pour aller faire les menages pour nourrir
leurs autres enfants.
Un autre evenement touchant. Elles etaient tellement pauvres qu'elles
n'avaient pas assez d'argent pour acheter des culottes.
Une fois la fille d'une des bonnes etait devenue jeune fille (elle commencait a avoir ses regles) alors la bonne a pris toutes les culottes que je venais
d'acheter pour moi avec un travail d'ete et lorsque je lui ai demande ou etaient mes
culottes j'avais vu tellement de peine dans ses yeux que j'ai compris et je n'ai plus rien
dit.
L'autre bonne disait a sa fille de venir a la fenetre et elle lui donnait du
manger qu'elle trouvait chez nous pour ses freres et soeurs. Comme il n'y avait aucun
service social pour les meres, toutes les bonnes faisaient la meme chose. Et les meres
juives commeraient que telle et telle bonne avait voler du linge ou autre chose.
Les autres annecdotes, plus joyeuses, c'etait les marchands de bomboloni
qui venaient a notre porte en ete et on achetait des beignets, aussi toute
sortes d'autres marchands: marchand de sidre, de legumes.
Marchand de maquillage : ma mere achetait la poudre Lancome d'un marchand qui venait la
voir une fois par an our par six mois. des fois aussi elle achetait un rouge a levre et a joues. Et elle lui payait petit a petit un peu chaque
mois.
Ma mere achetait tout a credit sans credit card. ELle avait des notes immense chez
l'epicier et chez tous les marchands de legumes, de tissus ou meme chez le boucher.
ALINEDI@aol.com
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