LE WEB DES JUIFS TUNISIENS

MA BAR-MITZVA (Episode # 4)

Je commencerais cet épisode par la fin du Festin, avec toutes ces cuisiniéres plus d'une vingtaine c'était plus que ca, il y avait des tables dans la rue, a la terrace, chez les voisins et dans le patio qui était immense, mon frére s'était donné la charge de voir que tout le monde soit satisfait. et chose rare personne ne s'est plaint de la nourriture. ni de la quantité et de la qualité, d'ailleurs les premiers partis vers minuit ou avant ont emporté avec eux de tout pour ceux qui n'ont pas pu venir, la terrace a commencé a se vider la premiere et les tables et les chaises on fait place aux matelas, oreillers et couvertures, les terraces voisines au meme niveau que la notre, n'ont pas été épargnées pour recevoir ceux qui commencaient a avoir sommeil, des jeunes pour la plupart, qui n'étaient intéréssés ni par la boisson et ni par la musique d'en bas, le phonographe leur a suffi pour créer leur ambiance, donc musique orientale en bas, et dances sur les terraces, c'était la période ou le fox, le slow et la rumba ont commencé a remplacer le Charleston que quelques uns dansaient encore, de toutes facons malgré que nous avions le permis oral de tapage nocturne jusqu'au matin, a 2 heures toutes les musiques et les musiciens devaient cesser, et voila comment le couchage de tout ce monde avait été arrangé, tous les voisins y ont participé en donnant des lits pour les couples avec Bébés, le patio qui a recu pres de 100 personnes a diner est devenu une chambre a coucher géante ou la plupart des jeunes de 12 et 13 ans filles et garcons ont dormi, la plupart cote a cote et tous les autres comme des sardines, en faisant au mieux pour que chaque sardin puisse dormir aux pieds de sa sardine, et au milieu de la nuit plusieurs se transformaient en couleuvres pour retrouver ceux ou celles qu'ils cherchaient., juste pour faire plaisir a Isabelle Miller je dirais que plus de la moitié des jeunes présents a ma Bar Mitzva ont vu leurs reves se réaliser, ils se sont simplement mariés, on n'était pas précoces, mais la plupart des parents étaient plus tolérants, je parle de ma famille ou tout le monde se connaissait depuis leur enfance, et a part moi, la plupart étaient promis ou engagés tres jeunes, personne n'était cachotier, la plupart de mes amis se sont mariés entre eux, comme dans toutes les histoires.
Jeudi 16 Mars 1936, jour de la Bar-Mitzva, il ne restait que la famille, mes amis et ceux qui sont venus de partout et naturellement mon ami Antoine qui a passé la nuit chez nous, ce qui a fait qu'il y a avait en permanence 2 agents de police,  qui avaient a nous escorter a la Synagogue avec la fanfare de la Hara-Hafsia, clairons fait main par Khlafou le ferblantier fils de Rebbi Hakmoun, 2 tambours et une grosse caisse, les memes qui étaient embauchés pour escorter les paniers de Henné, le hammam et toutes les fetes ou il y avait corteges heureux, il y avait a part mon ami Antoine beaucoup de non juifs qui allaient assister pour la premiere fois a une cérémonie dans une Synagogue, ou j'étais habillé comme dans toutes les Bar-Mitzva a Tunis costume bleu marine, chaussures en vernis, je n'ai pas aimé le feutre Borsalino qui était de rigueur en cette période, j'ai préféré juste un beret, j'aurais bien voulu etre en Jebba et chéchia Stamboli comme la veille, tous mes amis ce sont opposés du fait que j'aurais été le seul a etre habillé de la sorte a part mon pere, rien de tres particulier concernant la cérémonie religieuse, a part que c'était a moi de faire tout l'office, la lecture de la Thora et la suite., a la sortie, la premiere récompense était l'orgeat, les Boshkoutous rituels ou Citronnade et croquants, mais de retour a la maison c'était une table de gateaux tunisiens, beignets au miel, makrouds, briks etc. qui nous attendait. et il y avait aussi du café en principe pour les adultes, et en attendant le couscous de midi, avec des boulettes spéciales (Kaabar dar el erss) je vais faire les comptes et l'inventaire des cadeaux, pour ce qui est argent "NIGAT" comme dirait Jaco, donc adieu a mes projets de vacances a Bizerte, une piece d'argent par un de la famille qu'on a oublié d'inviter et des phares pour mon velo.

La piece d'argent a vite ete échangée contre une boite géante d'aquarelle de chez
Lefranc et Bourgeois, que mon pere a de suite retourné contre un cartable en vrai cuir, et le plus beau cadeau un stylo a caligraphie avec plume en or, que la personne est venue reprendre en disant que c'était une erreur le stylo appartenait a son frere et il fallait qu'il le rende ( UN BOUFASNAK ) qui a voulu montrer aux invités qu'il avait offert le plus beau des cadeaux, en réalité a part la visite des amis et de la famille je n'ai rien eu, en ce moment il n'y avait pratiquement pas d'argent en circulation, mais des Bar-Mitzva comme la mienne je n'en ai encore jamais vu, meme chez les gens les plus riches de Tunis, et cela n'a pratiquement rien couté a mon pere, il a planté durant toute sa vie et il a récolté au maximum pour ma Bar-Mitzva= Simon Barouk

SBa1038486@aol.com


P.S. Je n'ai pas eu la boite d'aquarelle de Lefranc et Bourgeois, mais dans les années 70, j'étais devenu le distributeur exclusif de tous leurs produits d'art, peintures, aquarelles, dessin etc..et ce dans tous les USA et ISRAEL

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