Oueld echkoun? H'fid echkoun? De qui es tu le fils? De qui es tu le petit-fils? Le fils de Raymond qui avait une bonneterie à la rue Es-Sadikia? Le fils de Joseph, qui etait à la Marseillaise de Credit?

Cette question nous a souvent ete posee. Le premier reflexe passe de refus de ceder a l'indiscretion, on devine derriere ces questions le besoin de l'interlocuteur de nous retrouver, de nous situer dans cette longue chaine des familles juives qui ont la coquetterie de faire remonter leur histoire à la reine Didon, il y a 2000 ans deja. On devine ce besoin d'ecrire, sans en avoir l'air, un bout de l'histoire de la vie au quotidien des Tunes. On devine ce besoin fort de retrouver ses reperes.

Et puis, en retour, cette question en appelle une autre, plus personnelle, plus forte, plus lancinante. Qui suis-je? Qui sont mes grands-parents paternels? Qui sont mes grands-parents maternels? Que faisaient-ils? Quelle est cette chaine qui me relie a mes ancetres?

Nous avons tous eu, à un moment ou un autre, cette tentation, ce desir de reconstituer cette chaine. Et, pour certains, la vie trepidante de la grande metropole et le souci du quotidien ont eu raison de cette envie qui n'etait pas une envie de boutargue, de casse-croute chez Nanou ou de pizza chez Memmi.

Ces questions nous devons nous les poser, nous devons en chercher les reponses; pas seulement pour satisfaire un besoin egoiste mais aussi pour repondre à ce devoir collectif de memoire sur la vie de la Communauté juive de Tunisie. Il ne s'agit pas simplement d'etablir des listes de noms et de dates de naissance; il faudrait les enrichir de photos, de sons, d'informations sur les conditions de vie de nos parents, sur les quartiers ou ils vivaient, sur les metiers qu'ils exerçaient.

Il s'agit de jeter un pont entre l'Histoire globale et macroscopique écrite par les historiens de la vie juive en Tunisie et l'histoire au quotidien des Juifs de ce pays. Il s'agit d'enrichir cette Histoire des histoires de ceux qui l'ont vecue.

Il faut faire vite, tres vite! Le temps passe et les etres chers qui, aujourd'hui, sont les depositaires de cette richesse, ces bibliotheques vivantes, ne sont pas éternels. Il ne faudrait pas qu'ils emportent avec eux le secret et nous en privent à tout jamais. Le travail ne serait que plus complique.

Ne cedons pas aux motifs de découragement. Et ils peuvent etre nombreux: il n'y avait pas d'etat-civil, une grande partie des Juifs de Tunisie étaient de nationalité tunisienne, seul, je ne pourrai pas ...

Les archives publiques existent et elles sont multiples:

- enregistrement des mariages Touansas par les Tribunaux rabbiniques,

- registres matrimoniaux des Granas de 1754 à 1917; il faut, ici, rendre hommage à notre regretté ami Lucien BOUCCARA et à son frere Clément BOUCCARA qui ont permis à Robert ATTAL de publier en français 2 des 10 volumes de ces registres,

- listes de circoncisions etablies par les mohalim,

- ouvrages historiques ou litteraires sur les juifs de Tunisie; depuis 1970, plus de 100 livres ont été publies, source d'une importante richesse biographique,

- archives economiques et diplomatiques du Ministère des Affaires Etrangeres,...

En groupe, en équipe ce sera plus facile. On partagera les travaux de recherche, on echangera des informations, on pourra reunir tous les GUEZ, HADDAD, LUMBROSO, ... et ce qui est fait n'est plus a faire. Et surtout, parce que, avec le Psalmiste on dira: "Qu'il est bon et agréable d'etre assis ensemble, entre freres" à la recherche de ces histoires qui ont fait l'Histoire des Juifs de Tunisie.

Ce programme de recherche vous interesse? Peut on commencer un echange sous les auspices de Harissa et de son dynamique Jaco? Ecrivez moi a anobtis@hotmail.com

Je recherche SITBON, SETBON, GOZLAN, HADDAD, GUEZ, NIZARD, BOUBLIL.

Merci.