Ok nobody ne semble frappé de lâun de ces symptômes :
Et de ce syndrome ??
par Sandra Hanna Elgherabli
Phénomène unique et largement incompris, le syndrome de Jérusalem affecte principalement des touristes venus sâimmerger dans lâatmosphère spirituelle spéciale qui imbibe la Ville sainte, et qui vont exhiber un comportement hallucinant peu après leur arrivée à Jérusalem. Ils vivent alors une véritable désintégration de leur personnalité.
à lâheure où la lumière crépusculaire pose ses derniers rayons sur les blocs de pierres du Kotel, le mur occidental, un halo diffus rend la place irréelle.
Les derniers visiteurs se pressent vers la sortie. Restent les intimes du lieu : des hommes en noirs qui se balancent au rythme millénaire de la prière, des femmes âgées qui cessent soudain de tendre la main vers la charité et... dâétranges visiteurs attirés vers le mur : un homme immense vêtu dâune étrange et large tunique, à la barbe très longue, tend les mains vers le ciel et chante comme un ange. De petits enfants, les siens (?), sâagrippent aux vêtements et dâautres, assis en tailleur sur les dalles fraîches de lâesplanade, lâentourent, subjugués. Le chant emplit lâespace, la voix monte, limpide, et les rares visiteurs écoutent fascinés.
Non loin, une dame trottine, entourée de tissus qui astique les dalles... Un autre, qui, visiblement, a depuis longtemps oublié la couleur de lâeau, distribue des gaufrettes. Une faune disparate â des illuminés en tout genre â aiment graviter autour du centre de la terre, lieu saint sâil en faut que les grandes figures du judaïsme ne puissent approcher quâavec crainte et mesure.
Car le Mur occidental, dernier vestige du Temple de Jérusalem, fut le lieu de résidence de la Shérina (la Présence di vine).
Ici la proximité avec Dieu atteint une autre dimension.
Lâatmosphère spirituelle attire des milliers de touristes venus découvrir la splendeur passée du judaïsme ou épancher leur coeur. Des quatre coins du globe, ils livrent leur âme, bourrent les fissures des énormes blocs de pierres de voeux inscrits sur de minuscules bouts de papiers, se photographient en famille et repartent, lâesprit en paix.
Trois catégories de personnes frappées par le syndrome
Pour certains touristes, la rencontre avec le Mur est une expérience surnaturelle. Au point de provoquer une rupture. Rupture avec le temps, la mémoire et la raison. Induisant une transformation radicale de leur personnalité. Ils sont frappés du syndrome de Jérusalem.
Le phénomène a été identifié dans les années 1930 par le docteur Heinz Herman, le père de la psychiatrie en lsraél. Mais il fut décrit comme « Syndrome de Jérusalem » à la suite des travaux du docteur Yaïr Bar El, psychiatre, ancien directeur de lâhôpital de Kfar Shaiji, sur la base dâune enquête menée entre 1979 et 1993 auprès de 470 touristes momentanément aliénés. Dâaprès le docteur Bar El, il existe bien. « Il y a ceux qui manifestaient déjà dans leur pays des troubles mentaux. Ils débarquent à Jérusalem avec des idées psychotiques. Les symptômes disparais sent quand on leur prescrit leur ancien traitement.
Les seconds, la catégorie la plus importante, ce sont des touristes et des pèlerins qui viennent animés de convictions religieuses profondes. Ils arrivent en pensant devoir accomplir une mission précise : provoquer la venue du Messie, la guerre dâArmageddon (celle qui signera la fin des temps) ou la résurrection de Jésus ». Et Bar El de pour suivre: « Nous avons un troisième groupe de personnes, le plus petit, qui développent réellement le syndrome de Jérusalem. Ces personnes sont saines, sans passé psychiatrique, ne prennent pas de drogues et arrivent psy chrologiquement dans le même état que les autres touristes. En lsraèl, ils vont développer une réaction psychotique qui est le syndrome de Jérusalem ».
Les premiers symptômes du syndrome de Jérusalem anxiété, nervosité, besoin de visiter les lieux saints
Le même tableau clinique va émerger. Les premiers symptômes sont lâanxiété, la nervosité et le besoin impérieux de visiter les lieux saints. Ils vont pratiquer une série de rituels de purification : épiler entièrement leurs corps, raser leurs sourcils, se laver souvent et troquer leurs vêtements contre des tuniques et des calottes blanches. Ils ne vont pas hésiter à prêcher haut et fort et à chanter des chants religieux. ILS de mandent à lâhumanité de se calmer, de se purifier et de devenir moins matérialiste. Le personnage incarné qui a la préférence des hommes atteints du syndrome de Jérusalem est Jean Baptiste, et pour les femmes la vierge Marie. Sur les 470 cas étudiés, 42 nâavaient aucun antécédent psychiatrique!
Rien dâétonnant à ce que les autorités de la mairie de Jérusalem, les experts médicaux et le clergé, à lâapproche du nouveau millénium, furent sur le pied de guerre, inquiets devant la recrudescence des cas. « Dès 1998, sur 40 000 pèlerins qui visitaient Jérusalem, entre
600 et 800 ont requis une hospitalisation, affectés par le syndrome de Jérusalem, raconte le docteur Yaïr Bar El. Deux ans auparavant, 20 touristes étaient hospitalisés par an, en
1999 câétait 50 par mois. Et certains pouvaient être dangereux! >.
Communauté Nouvelle n° 144 - mai 06 83
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