A lire avant le debat
La guerre de Gaza aura bien lieu
Par Eytan Ellenberg pour Guysen Israël News
Dimanche 17 juillet 2005 à 10:48
Ce que nous avions prédit il y a quelques mois trouve, malheureusement, la réalité comme confirmation : la guerre de Gaza aura bien lieu.
Une guerre étrange en réalité puisqu’elle n’oppose pas deux Etats mais une armée conventionnelle à différents autres acteurs : terroristes, guérilleros, hommes politiques, idéologues ou simples habitants.
Car il faut bien se résoudre à cette évidence, la guerre qui s’annonce à Gaza (et ailleurs par la même occasion) est une première du genre.
Car voyez-vous, dans cette région du monde, rien ne se déroule comme par ailleurs : une armée d’un Etat qui veut se désengager d’une partie de son territoire discuté par, non pas un, mais trois ennemis : l’autorité palestinienne, le Hamas et le Djihad.
Mais plus troublant encore, elle fait face à d’autres éléments complicateurs – qu’elle a elle-même placés en cet endroit pour l’aider à défendre ce bout de territoire… - à savoir les habitants juifs des implantations bien décidés – on le serait à moins, que l’on soit d’accord ou non avec leur vie, opinions, idéologie – à combattre, pacifiquement pour la plupart, leurs frères venus les déloger.
Ariel Sharon face à ses démons
Il faut revenir au départ : la guerre des 6 jours. En quelques jours – ou quelques heures selon certains sources militaires – le jeune Etat israélien venait à bout des armées arabes environnantes bien décidées à en finir avec cet « Etat fantoche », ces « sionistes » venus « souiller » la terre des Arabes.
Pour asseoir sa domination et protéger encore plus ses fragiles frontières, on favorise l’implantation d’Israéliens à Gaza et ailleurs en Judée-Samarie, juste retour sur leur terre sainte pour certains, emménagements facilités et peu chers pour d’autres, positionnement géopolitique pour les décideurs.
Les gouvernements se succèderont mais un seul leitmotiv sera à la base du déploiement permanent de forces armées et civiles dans ces régions inhabitées : protéger Israël, faire « rempart ».
Un homme y sera toujours favorable : Ariel Sharon. En dépit de la situation sur le terrain et de ses discours, soyons certains d’une chose : il n’a pas réellement changé d’opinion.
Mais Ariel Sharon n’est pas le dernier à savoir lire sur une carte militaire et à apprécier les changements militaires et géopolitiques qui se sont opérés depuis plus de 30 ans.
Pour lui, une seule revendication tient aujourd’hui la route : garantir l’avenir d’Israël, c’est construire une frontière qui ne soit pas une chimère. Et cela passe par l’érection d’une barrière de sécurité et l’évacuation des avants-postes trop difficiles et dangereux à protéger.
Tout cela aussi pour ne pas avoir à abandonner les plus grosses implantations.
Hier, ils faisaient office de dernier rempart ; aujourd’hui, ils demandent plus de soldats qu’il n’y a de familles malgré leur courage et leur persévérance.
Ariel Sharon a donc décidé d’évacuer unilatéralement cette bande de Gaza. Bien ou mal lui en a pris. De l’autre côté de la frontière, les nouveaux démons – Hamas, Djihad et AP (Autorité palestinienne) – s’entretuent et rivalisent de cruauté envers les Israéliens pour asseoir leur pouvoir.
Le Hamas ou la vision d’Etat
Il va sembler curieux à nos lecteurs que l’on puisse conférer au Hamas une stratégie d’Etat mais les preuves ne manquent pas pour en attester. Une évidence d’abord : le Hamas est le parti le plus fort à Gaza.
Autre évidence : le Hamas a mis de côté pour le moment ses campagnes d’attentats-suicides pour préférer des attaques incessantes faites de roquettes Qassam tout aussi dangereuses.
(Les différentes vidéos de GIN sont assez explicites sur le sujet.)
Ils sont aidés pour cela par les brigades Al-Aqsa qui semblent n’avoir pour d’autres stratégies que l’affrontement avec le Fatah – qui est pourtant son parti d’origine – tuant des juifs mais aussi, voire surtout à maints égards, démontrant la corruption de l’AP comme le crie le Hamas à longueur de journée, de marches, de manifestations et de communiqués.
Le Hamas cherche à démontrer deux points : le premier est que c’est lui qui a fait partir les Israéliens de Gaza ; le deuxième est qu’il est le patron de Gaza.
Sa guerre de Gaza est donc, pour ce qui le concerne, une guerre d’Etat presque classique.
Le Djihad ou tuer pour tuer
On a tous en tête encore ces images de l’attentat de Netanya. Encore ces corps déchiquetés sur l’autel de la haine, de la mort, de la nécrophilie palestinienne.
Si à Londres, on s’interroge sur ce qui peut pousser quatre britanniques à s’exploser dans le métro et le bus, ici, en Israël, on a bien compris que c’est la haine anti-juive et l’amour de la mort (la théorie de la nécrophilie est une thèse que je défends depuis au moins 2 ans…) qui poussent ces jeunes Palestiniens à actionner leur bombe.
Quand ce n’est pas simplement la drogue…et les médicaments ?
Le Djihad islamique voit son influence diminuer dans les territoires aux dépens du Hamas et la seule stratégie qui ait un sens partagé par l’ensemble des Palestiniens est bien celle de tuer du juif…pour tuer…sans but.
Dans un récent éditorial du New York Times, on insistait sur la stratégie du Hamas de laisser les Palestiniens, fatigués de l’Intifada, se reposer. Le Djihad, en revanche, met le feu aux poudres.
L’Autorité palestinienne perdra la guerre de Gaza
Il ne fait désormais plus aucun doute que Tsahal recevra dans les prochaines heures ou jours l’ordre d’attaquer la Bande de Gaza et d’y remettre l’ordre, de « nettoyer » les infrastructures terroristes du Hamas. (voir “Top news” de GIN)
L’opération “rempart bis”, prévue pour démarrer dans quelques jours, devra mettre un terme à la menace des roquettes Qassam qui terrorisent les habitants juifs (et non juifs…) de Gaza et d’Israël dans sa frontière avec Gaza.
Elle devra également montrer au Hamas que le désengagement de Gaza n’est pas sa victoire mais la décision courageuse d’un pays qui souhaite la paix…à tout prix ?
Rien n’y fera : le Hamas proclamera sa victoire au lendemain du dernier Juif parti de Gaza et trouvera, dans les maisons laissées aux oubliettes de l’histoire, le moyen d’assouvir sa vengeance.
Pendant ce temps, la communauté internationale et Israël continuent à faire pression sur Mahmud Abbas pour qu’il commence sa guerre de Gaza.
Certaines images envoyées sur les chaînes occidentales nous montrent des tirs inter-palestiniens opposant le Hamas à l’AP.
Quel crédit donner à ces images ?
On peut toutefois se demander si, désormais que la date du désengagement avance à grands pas, l’AP ne va pas commencer à affronter son pire ennemi – le Hamas – pour ne pas perdre son pouvoir dans ce qui constituera sans doute la première étape d’un Etat palestinien.
Mais l’AP, par manque de courage politique et militaire, par manque de patience des dirigeants israéliens, par l’absence de confiance des soldats de Tsahal, par défaut d’initiative tout simplement, finira par perdre cette guerre et un Etat islamiste pur et dur s’installera aux abords d’Israël…
Responsabilité des habitants du Goush
Dissipons tout d’abord un malentendu : les habitants du Goush ont probablement raison de s’opposer pacifiquement à leur évacuation. Rien au monde ne peut empêcher des gens que l’on fait sortir de chez eux par l’armée et la police – pour des raisons politiques que l’on peut discuter, comme toute décision politique – de montrer leur désaccord.
Mais deux limites à ceci : la première est symbolique, la deuxième est celle de la responsabilité.
La récente décision d’un groupe d’extrémistes d’apposer leur numéro de carte d’identité sur leur bras pour rappeler des terribles moments de l’histoire juive et opérer un rapprochement plus que douteux avec leur propre histoire est tout simplement à vomir…
Restent aux autres habitants du Goush d’affirmer, et de réaffirmer leur détestation de telles pratiques. Mais pourquoi avoir accueilli ce type d’imbéciles pour soutenir leur cause ?
Rien de mieux pour décrédibiliser un combat que certains soutiennent.
La deuxième est celle de la responsabilité : quand des milliers de soldats et de policiers viendront les déloger, les terroristes palestiniens en profiteront pour perpétrer d’autres attentats en Israël.
Responsabilité partagée par les dirigeants israéliens et ceux du Yesha (habitants de Gaza, Judée et Samarie) d’empêcher que la guerre civile à Gaza ne laisse libre Israël aux véritables ennemis d’israël.