Maurice Papon dit n'avoir ni remords, ni regrets dans une interview au Point
AFP | 18.02.04 | 18h03
Maurice Papon, condamné pour complicité de crimes contre l'humanité, dit n'avoir ni remords, ni regrets dans une interview accordée au Point alors que son dossier doit être étudié jeudi par la commission de réexamen.
"Je ne me suis jamais trouvé dans la position d'engendrer un événement qui porte au remords, je ne vois pas dès lors pourquoi j'en exprimerais.Exprimer des regrets,(...) c'est que j'avais fait quelque chose de regrettable. Donc, c'était un aveu", explique Maurice Papon dans le premier entretien accordé depuis sa condamnation en avril 1998 à dix ans de prison pour avoir été complice d'arrestations, de séquestrations arbitraires et d'organisation de convois de déportation alors qu'il était secrétaire général de la préfecture à Bordeaux.
A 93 ans, l'ancien préfet de police de Paris préfère exprimer la "pitié qu'a pu inspirer (...) des événements de cette taille et de cette sauvagerie.
Je persiste et signe pour condamner un génocide auquel la France et les Français sont tout à fait étrangers".La commission de réexamen, composée de magistrats de la Cour de cassation, doit étudier le dossier de Maurice Papon jeudi après la condamnation de la France par la cour européenne des droits de l'Homme en juillet 2002.
La commission devrait renvoyer ce dossier devant la cour de cassation même si sa défense va plaider pour un autre procès devant une cour d'assises. Maurice Papon, "oeil vif" et teint de marbre selon Le Point, rappelle d'ailleurs que sa condamnation n'est plus définitive.
L'ancien ministre de Charles de Gaulle - qui reste la figure historique qu'il admire le plus - égratigne une bonne partie de la droite, y compris le président de la République avec qui les "rapports se sont dégradés", après "un incident survenu alors que j'étais trésorier national du mouvement gaulliste".
"Maintenant je constate qu'il est animé d'une espèce de haine", ajoute M. Papon qui refuse d'en dire plus. "Il est président de la République. Je respecte la fonction. S'il y a prescription, elle est juridique. Pas morale".
Il critique aussi le président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, coupable selon lui d'"abus de pouvoir" pour avoir refusé de lui rétablir sa pension d'ancien parlementaire.
Il évoque enfin ses trois années de détention à la maison d'arrêt parisienne de la Santé et un colis de Noël partagé avec Jean-Christophe Mitterrand, le fils de l'ancien président de la République, placé quelques semaines en détention provisoire.
Il n avait pas ete libere car mourrant ??? il se porte bien me semble t il ???