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Auteur Suggest.1 
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En toute avant première!
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Avant tout monde
Un article qui va paraître dans le prochain numéro de lâArche
Un article de lâautre.................... Sitbon :
Le frère de max!............... ;;;Claude Sitbon

Perso ? Je me sens très honoré par cette nouvelle en primeur
suggest.1
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De Tunis à Yad-Vashem.

Lâhistoire des Juifs de Tunisie reste aujourdâhui encore relativement mal connue du grand public. Plus encore leur histoire pendant lâOccupation nazie. Pour réparer cette quasi-ignorance, Yad Vashem, à lâinitiative de lâhistorien Claude Sitbon, a décidé pour la première fois depuis sa création de commémorer la rafle des Juifs de Tunis. 9 décembre 1942 : une nouvelle date à rajouter, comme un nouveau nom, à notre histoire collective dans sa période la plus sombre.
La Tunisie, à lâépoque protectorat français, est le seul pays dâAfrique du Nord à avoir connu lâOccupation. Si les lois de Vichy étaient entrées en vigueur depuis 1940, câest en 1942 que les troupes allemandes font leur arrivée brutale en Tunisie. Comme lâécrira Albert Memmi, lâhistoire du monde, et cette guerre presque lointaine qui ensanglantait lâEurope, rattrapent violemment les Juifs de Tunisie. Et la même histoire, cent fois répétée en Europe, commence : rationnements, port de lâétoile jaune dans les villes intérieures, réquisitions, spoliations, clausus numeris, amendes infligées aux Communautés, le tout sous les bombardements intensifs des forces alliées. Le jour de la rafle, 2 000 hommes sont arrêtés, que les allemands iront parfois ramasser jusque dans les synagogues. En six mois dâoccupation, de décembre 1942 à Mai 1943, sur une population de 75 000 Juifs, 4 000 hommes seront envoyés aux travaux forcés dans des camps. Sans compter les « tunisiens de France » qui seront déportés à Auschwitz. Le grand organisateur, le Colonel Walter Rauff, qui dirige les troupes SS, sâest déjà fait un nom : le concepteur des chambres à gaz mobiles, où les gaz dâéchappement étaient rejetés à lâintérieur du camion, provoquant ainsi la mort par asphyxie dâune cinquantaine de personnes, câest lui. 100 000 victimes en Ukraine, Biélorussie, Yougoslavie. Claude Sitbon, qui prépare la sortie dâun livre sous la direction de Yad Vashem, explique : « la présence des SS aux côtés de la Weihrmart prouve que les Juifs de Tunisie faisaient partie de la solution finale. La défaite des forces de lâAxe à El Alamein et lâenlisement des allemands à Stalingrad, ce concours de circonstances historiques, expliquent que les Juifs de Tunisie nâaient pas connu le même sort que ceux de Salonique. Car finalement, Varsovie-Salonique-Tunis sont un même destin. Il nây a pas à faire de différence entre Sépharades et Ashkénazes : tous les Juifs sont des survivants ».
Et ils sont là, ces survivants. Debout dans la Crypte du Souvenir du Mémorial de lâHolocauste. Un homme leur fait face, debout lui aussi au milieu de la Crypte, vêtu de son Talith devenu point de lumière au milieu de cette ombre. Lâhomme chante un psaume : câest le rav Eric Bellaïche, le petit fils du rav Haïm Bellaïche, le Grand Rabbin de Tunisie qui avait courageusement accompagné sa communauté pendant lâOccupation. Le petit fils récite le Kaddish, et la famille tunisienne, accourue depuis tous les coins dâIsraël, habituellement bavarde, ironique et fantasque, se tait. Il y a dans lâassistance des rescapés des camps de travail. Il y a des rescapés tout court. Ils sont là, avec enfants, et parfois petits enfants. Après la prière pour les morts, câest avec émotion et gravité que tout le monde chante la Ha-Tikva : prière pour les vivants.
Lâinitiative de Claude Sitbon a été chaudement accueillie par la direction de Yad Vashem. Avner Shalev, le Président du Comité directeur de Yad Vashem, prend la parole dans la salle de lâAuditorium. Son discours sera suivi par ceux du député David Tal, dont la famille est originaire de Tunisie, et de Mordechai Paldiel, Directeur du Département des Justes des Nations. Monsieur Shalev, manifestement très heureux dâêtre présent, commente : « lâarrivée des allemands a complètement bouleversé lâéquilibre social qui avait été trouvé dans la société tunisienne. Lâexpérience de vie commune entre Juifs et Musulmans se décompose avec lâarrivée des allemands, ce qui nous rappelle que nous ne devons jamais dépendre de personne mais ne compter que sur nous même. Câest cette nécessité qui est aussi à lâorigine de lâEtat dâIsraël et chacun, à sa façon, doit continuer à porter ce projet nourri par notre mémoire». Lâinfluence ravageuse de la propagande antisémite du grand Mufti de Jérusalem, qui indiquait à Hitler quelles devaient être ses cibles dans le monde arabe et musulman, devait aussi produire ses effets dans la société tunisienne qui serait pourtant la première à payer le prix de son identité originale en voie de création. Monsieur Paldiel reprend : son département, en collaboration avec Monsieur Sitbon, est en train de travailler sur le dossier du Bey Moncef qui avait autorité sur la Tunisie pendant la période de lâOccupation. Plus encore que le roi du Maroc, qui avait également pris sous sa protection les Juifs du Maroc, le Bey Moncef avait déclaré que tous les tunisiens étaient ses enfants. Et de citer dâautres témoignages : des tunisiens non-juifs â arabes, italiens, maltais â qui, au prix de leur sécurité et parfois de leur vie, ont aidé des Juifs. Ainsi de ce témoignage reçu il y a à peine deux semaines dâAnnie Bokris, décédée depuis, qui nommait la famille arabe chez qui les siens avaient trouvé refuge. Madame Margalit Uzzan, dont le mari était un cousin dâAnnie Bokris, explique à ses voisins dans lâassistance : quand la maison familiale fut réquisitionnée par les allemands, et que tout le monde se retrouva à la rue, un propriétaire terrien, un fellah, mit en effet mis à leur disposition sa grange. Plusieurs familles juives vinrent sây cacher.
Claude Sitbon le dira en conclusion : « on croit que tout est dit et que tout est trouvé ». Son expérience dâhistorien lui a prouvé quâen matière historique, la complétude nâest jamais un fait : plus de soixante ans après les événements, il reste beaucoup dâhistoires à raconter. De noms à collecter. De mémoires à restaurer. Parfois, un souvenir, un objet, un document, qui peuvent paraître insignifiants pour leur dépositaire, revêtent une importance capitale pour la mémoire collective qui doit se conserver pour pouvoir se transmettre. Câest pourquoi Yad Vashem demande aux Juifs tunisiens de lâaider à compléter cette partie de notre histoire qui nâappartient à personne mais dont tout le monde est dépositaire. Tel est aussi le sens de la Commémoration de la Libération des Juifs de Tunis qui aura lieu désormais tous les 7 Mai à Yad Vashem. Rendez-vous est pris : la mémoire des Juifs de Tunisie est devenue une responsabilité pour tous les Juifs.

Yaël, le 10 Décembre 2006.



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