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Mon village en lambeaux

Auteur Maéva 
Mon village en lambeaux
De Judith Weber sur [www.guysen.com]




Culture > Romans, Essais & Séries


MON VILLAGE EN LAMBEAUX

(Par Judith Weber pour Guysen Israël News)

Cette année, au cours des semaines qui vont suivre, jâaimerais vous parler de mon village. Mais je mâaperçois que vous parler de mon village, câest vous raconter cinquante années de vie en Israel. Et ça, câest pas facile.


> Tout l'article

Re: Mon village en lambeaux
Personnellement j'aime beaucoup Judith.Si vous avez envie de lire la suite : [www.guysen.com]



Maéva.
Re: Mon village en lambeaux
Re: Mon village en lambeaux
[www.guysen.com]

Quatrième chapitre .



Maéva.
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Re: Mon village en lambeaux
Dites moi,si la suite de l'autobiographie écrite par Judith vous intéresse ?
Personnellement elle me passionne et j'attends avec impatience la suite.Vous êtes peut-être!comme moi abonnée chez "Guysen"?donc il n'est pas nécessaire ce fil?j'attends vos réponses pour savoir à quoi m'en tenir.Merci beaucoup.



Maéva.
Fichiers:
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Re: Mon village en lambeaux
Pour toi Maeva !!! Bien sur que nous aprecions Judith Weber , et c est sympa de nous donner le lien !!! nous ne sommes peut etre pas tous des habitues de Guysen qui est un site ami , evidemment ...

NOUS, LES BETES...
Par Judith Weber pour Guysen Israël News
16 mai 2004 / 19:21


Monsieur le Rédacteur en chef de Guysen News,
Nous vous prions de bien vouloir nous prêter lâhospitalité de vos colonnes pour publier la protestation suivante et la faire connaitre au monde entier. Car, oui,

NOUS, LES BETES
Nous protestons !


Nous ne voulons plus subir lâoutrage de nous voir comparées à des créatures barbares qui nâont pour but que de donner la mort à tout bout de champ.

Nous ne voulons pas être appelées des âanimaux assoiffés de sangâ. Nous ne sommes pas assoiffées de sang.

Nous, les animaux, nous ne tuons que pour manger. Câest la loi de la nature. Il faut manger pour survivre et nous ne sommes pas tous herbivores. Nos querelles comprennent aussi la possession dâune femelle et nous défendons notre territoire bec et ongles, câest vrai. Mais le vaincu, sâil se soumet et sâen va nâest pas mis à mort.

Nous, les animaux, nous aimons nos petits. Nous les protégeons des prédateurs qui rôdent, nous leur enseignons la défense et lâattaque pour subvenir à leurs besoins quand ils nous quitteront. Si nous sommes à plumes nous ne leur avons jamais appris à haïr ceux qui sont à poil et vice-versa. Nous respectons la vie des autres et jouissons de leur respect.

Où est la soif de sang dans tout cela ?

Câest vous qui avez inventé les chasses sous toutes leurs formes, juste pour le plaisir, câest vous qui nous décimez pour nos peaux (qui ne vous servent pas de nourriture) ou pour nos cornes, nos défenses, notre plumage pour vous en faire des parures ou des bijoux. Câest vous qui enseignez à vos enfants la haine jusquâà la mort pour faire mourir vos frères dans un sacrifice idiot que nous ne pouvons comprendre.

Alors, nous vous en prions, cessez de nous faire lâinsulte de nous comparer à vous.

Nous ne sommes pas des humains, nous.
Re: Mon village en lambeaux
Merci de ta réponse Hajkloufette .Je reçois chaque jour "Guysen Israël News"que j'ai grandement plaisir à lire.Donc,je partagerai la suite de "mon village en lambeaux" avec vous.
Bonne semaine à tous.



Maéva.
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Re: Mon village en lambeaux
Mon village en lambeaux (Cinquième chapitre)

(Par Judith Weber pour Guysen Israël News)

LES PREMIERS TRANSPORTS

Un des plus gros problèmes auquel les habitants devaient faire face était celui du transport. A huit kilomètres environ du centre de Tel-Aviv (en principe, le Kikar Dizengoff), Sheikh Mounès nâétait desservi que par un seul autobus de la compagnie Egged.


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Maéva.
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Re: Mon village en lambeaux
Je vous présente mes excuses,pour mon absence prolongée.

Tout en bas vous trouverez les liens pour les précédents chapitres.




Mon village en lambeaux ( Dixième partie )
Par Judith Weber pour Guysen Israël News
25 août 2004 / 22:52



Les liens menant aux chapitres précédents se trouvent à la fin de celui-ci.

LA MAISON VERTE

La Maison Verte était une élégante bâtisse de trois étages qui dominait le village.
Ancienne demeure du potentat qui régnait sur son petit monde, elle était toute en colonnes élancées et fenêtres en ogives.


Les familles qui sây installèrent en firent un véritable noyau bruyant, bariolé et cosmopolite. Le rez-de-chaussée, à deux marches au-dessus de la route, devint un petit centre commercial.

Il y eut une blanchisserie tenue par un couple de Roumains, les Schwartz, Le mari, Léon, venaient chercher le linge à laver dans les maisons et le rapportait, la tâche terminée. Sa femme, Yetti, elle, était chargée du repassage.
Je passais souvent à la boutique pour bavarder avec elle. Ils habitaient à lâétage au-dessus, et presque tous les vendredis soirs, après mon exclusion des soirées turques, nous faisions de passionnantes parties de rummikub, ce jeu de rami qui se joue avec des plaquettes de couleurs.
Câétait très gai et très animé, tous les Roumains du coin y venaient. Ils étaient tous, plus ou moins, une seule grande et même famille.

Le commerce à côté, était un kiosque tenu dâabord par un couple polonais, puis par des Russes. Boissons, journaux, cigarettes, bonbons, petits pains frais, câétait le rendez-vous des enfants et des désoeuvrés. Le poteau de lâarrêt final de lâautobus se trouvait juste devant et toutes les demi-heures, il y avait affluence.
Câétait excellent pour les affaires. Aussi bien quand le bus arrivait que lorsquâil partait. On attendait le bus pour aller en ville, il y avait toujours du monde, un groupe disparate qui parlait toutes les langues.

Jâavais remarqué, les jours où je me rendais à Tel-Aviv, à la rédaction du journal, une jeune femme très élégante et très jolie qui attendait elle aussi. Elle portat toujours des vêtements dâun chic époustouflant qui détonait quelque peu dans ce groupe asez simpliste de travailleurs ou de voyageurs vers le marché du Carmel.
Elle était immanquablement coiffée dâun bérêt de velours sombre qui allait avec son sac à mains. Elle était mince et grande et se tenait à lâécart, comme dédaigneuse de la compagnie quâelle côtoyait. Je ne savais pas qui elle était et jâaurais bien aimé la connaitre.
Bon, le village nâétait pas tellement peuplé quâon nâaurait pu se rencontrer dans les boutiques, mais je ne lâavais jamais vue dans les réunions locales, ni aperçue en train de faire des courses. Et puis, je ne connaissais pas tout le monde, quoi. Il y avait quand même près de quatre cent familles !

Je posai un jour la question à Yetti. Elle me regarda dâun drôle dâair. Léon qui était présent à lâentretien se mit à rire.

-Tu ne sais vraiment pas qui câest ? Câest la femme de Gustav, celui qui a une barque de pêche. Ils habitent un peu plus haut, près du dispensaire. Ce sont des Autrichiens.

-Bon et alors ? fis-je.Ãa ne me dit toujours rien.

-Ecoute, fit Yetti avec une petite grimace. Tout le monde le sait ici. Elle travaille en maison à Tel-Aviv.

Jâétais très naïve, moi, à lâépoque.

-En maison ? Elle nâa vraiment pas lâair de faire des ménages !

-Oh, ce que tu peux être bornée ! sâexclama Yetti. En maison close, quoi !

Ãa me fit un choc, bien sûr. Mais dâun autre côté cela expliquait la tenue vestimentaire si recherchée, lâair distant que jâavais cru hautain et qui, en fin de compte devait être le résultat du dédain hypocrite dâautrui. Car, comme je lâappris plus tard, bien des hommes de Sheikh Mounès la connaissaient bien alors quâils lâignoraient complètement sur place.
La révélation de sa profession avait été dûe à lâindiscrétion dâun jeune de seize ans que son père avait emmené avec lui pour sa âpremière foisâ et qui la rencontrant un matin à la station de lâautobus, lâavait saluée fort civilement et avait été se vanter de ses prouesses au kiosque à côté. Câest ce que me raconta Yetti en ajoutant:

-Le plus explosif dans lâhistoire, câest la réaction de la mère. Elle ignorait tout des frasques de son mari. Dâapprendre quâil fréquentait régulièment un âlieu de perditionâ, et quâil y entrainait son fils, ça la rendit folle de rage. Plusieurs jours durant, elle insulta et injuria la jeune femme publiquement jusquâà ce que, en fin de compte la femme du rabbin la prit à part et la calma.

A côté du kiosque, il y avait lâépicerie des Buchshtelski. On y parlait principalement le Yddish et la clientèle était Ashkenaze. Ce sont les habitants eux-mêmes qui élevèrent, inconsciemment peut-être, ces barrières ethniques. Question de langue ? Question de produits alimentaires ?
Pourtant on trouvait les mêmes produits dans les trois épiceries du village. Celle de Nadji y ajoutait sans doute des variations dâépices et de farines, des pois chiches dont raffolaient ses clients. Lâépicerie des Fingerhut de trouvait très à lâintérieur du patelin, je ne lâai jamais fréquentée. Et ce fut chez Buchshtelski que je découvris un beau jour quelque chose qui agrémenta délicieusement nos repas quotidiens.

On ne savait guère, à lâépoque ce quâétait le vin sec. Pour les Juifs en général et les Israéliens en particuliers, le vin était une boisson douce et sucrée, quâon dégustait le vendredi soir à la maison ou à la synagogue au moment de la prière. Quand je demandais aux épiciers sâils avaient du vin de table, ils me regardaient dâun air ahuri et me proposaient inévitablement un porto sirupeux. câétait la seule chose quâils avaient.

Un beau matin, chez Buchstelski, levant les yeux vers les étagères supérieures du magasin, jâaperçus quelques bouteilles contenant un liquide pourpre que je ne pus définir car lâétiquette était discrètement tournée vers le mur. Je demandai à lâépicier de me montrer ce que câétait. Il se gratta pensivement la tête.

-Je nâen sais rien moi-même, dit-il. Câest venu avec le fonds de commerce. Attends, on va voir.

Il alla chercher une échelle et descendit une bouteille quâil étudia avec attention.

-Je nây comprends rien, je nâarrive pas à lire, je ne sais même pas quelle langue...

Il me tendit la bouteille.

-Regarde, toi, tu sais ce que câest ?

Je regardai lâétiquette et faillis mâévanouir dâémotion, je lus avec émerveillement
les mots magiques ; âVin de table supérieur. Médoc dâorigine.â Je serrai la bouteille contre mon coeur.

-Câest du vin sec, balbutiai-je. Pas sucré.

-Ah oui ! sâexclama-t-il, je me rappelle... jâen ai gouté une fois avec ma femme pour voir ce que câétait. Quelle horreur, câest aigre, on nâa pas pu le boire. Jâai jeté la bouteille. Jâai gardé les autres à cause de la couleur, ça fait bien sur lâétagère.

Il y avait là six bouteilles et, mâapprit-il un petit stock de 24 autres dans son entrepôt. Quand je lui dis que jâachetais le tout, il me regarda dâun air indigné.

-Jamais je ne te vendrai un truc pareil, dit-il. Tu ne reviendrais plus chez moi ! Tu es une cliente que je veux pas perdre !

Il ne pouvait comprendre mon insistance et mon affirmation quâil me perdrait illico sâil refusait de me céder son stock. Il secoua la tête dâun air perdu.

-Ecoute, dit-il, je ne sais même pas combien je dois te prendre. Je ne sais même pas combien je les ai payées. Tu sais quoi ? Je tâen fais cadeau. Comme ça, tu ne pourras rien me reprocher si ça ne te plait pas. Mon fils va tâamener les caisses chez toi. Et puis, ça fera de la place...

Je nâai jamais oublié la mine ahurie et incrédule de David lorsque je mis la bouteille de vin sur la table du diner.

Le premier et le deuxième étage étaient occupés par des familles disparates et cosmopolites que jâai peu connues.
Une famille par chambre, cuisine et facilités sanitaires en commun, il y avait des frictions, bien sûr. On ne mélange pas impunément des tempéraments aussi différents. Des locataires Yéménites ou pieux cuisinant en commun avec des Polonais ou des athées, les problèmes étaient terribles.
Bon, la cuisine était grande, dâaccord, mais six bonnes femmes sâaffairant autour de six fourneaux, avec six glacières en rang dâoignon, six placards à ravitaillement, lâune strictement cachère, lâautre indifférente aux traditions, ça finit par devenir intenable.
Dans le hall commun, des enfants blonds se disputant avec des enfants bruns et voilà les parents à couteaux tirés, les enfants oubliés et les injures volant dâune famille à lâautre avec inévitablement les allusions à la couleur de la peau. Sâil y a escalade, on en vient aux mains, les voisins de partout interviennent, quelquâun finit au dispensaire, tout cela tandis que les enfants fautifs de tout ce méli-mélo, reprennent leurs jeux comme si de rien nâétait.

Une partie de la terrasse qui était aussi le toit de la Maison Verte était occupée par le rabbin du village et sa famille. Câétait un très bel homme, grand et bien bâti. (Je ne lâai jamais très bien connu, nous nâavons pas fréquenté la synagogue David et moi, malgré les pressions et les nombreuses invitations.)
Je lâappelais âle rabbin aux yeux tristesâ. Il avait des yeux superbes mais il sâen dégageait une telle tristesse quâon aurait dit quâil contemplait intérieurement toute la désolation du monde.
Cet air mélancolique était (dâaprès les cancans féminins) plus prosaïquement dû aux difficultés et insatisfactions de sa vie privée.

Lâautre partie de la terrasse était lâapanage de Ibi et de Tarzan. Câétaient des Hongrois.
Lui, on lâappelait Tarzan (son vrai nom câétait Emil) parce quâil avait la stature, en plus puissant encore, de Johnny Westmuller qui créa le personnage à lâécran et quâil se baladait toujours en petit short et torse nu.
Sa femme Ibi, jolie et mince était dâune jalousie terrible et lorgnait avec hargne ses voisins dont un mur bas seulement les séparait, surtout la femme du rabbin quâelle accusait de porter trop dâintérêt à ses activités.

Nous fûmes assez proches, en tant que voisins (ils avaient une vue plongeante sur mon jardin) et partenaires de Rummikub. Tarzan sâoccupait de vieilles ferailles, un domaine où lâon faisait fortune.
Il avait un entrepôt à Jaffa et une vieille guimbarde toute déclinquée pour son transport de marchandises.
Il partait tôt le matin et revenait en début de soirée, ôtait ses vêtements de travail et paradait à moitié nu sur sa terrasse, un cigare aux lèvres. Souvent Ibi et moi, partagions des tâches diverses en papotant, soit chez elle, soit chez moi, tricotant ou racommodant des vêtements, attendant le retour de nos hommes. Ils quittèrent Sheikh Mounès définitivement un jour pour aller sâinstaller à Los Angelès où sans doute on avait besoin dâun marchand de vieilles ferailles.
Leurs deux enfants, une fille et un garçon revinrent en Israel pour y rester.

En fin de compte la Maison Verte était une véritable ruche bourdonnante et animée, un authentique bouillon de cultures diamétralement opposées, forcées de partager le même évier et la même salle dâeau.
Les logements qui sây libérèrent furent strictement verrouillés par les autorités et peu à peu, la Maison Verte se vida de ses habitants.
Quand la dernière clef fut mise sous le dernier paillasson, figurativement parlant bien sûr, et cela prit des années et des années, nous apprimes à notre grande horreur quâon allait la démolir.
Elle était devenue la propriété de lâUniversité de Tel-Aviv (dont je parlerai dans le prochain chapitre). Lorsquâapparut le premier tracteur avec son gros boulon-frappeur, ce qui restait dâhabitants du village organisa un comité spontané qui fit cesser la démolition et adressa une requête à lâUniversité pour préserver ce reste historique dâun passé pas si lointain que ça mais tellement artistique.

On nous écouta, à lâUniversité et on vint voir. On fut émerveillé et ému.

On restaura autant que peut la Maison Verte.

Elle est devenue le Club des VIP de lâUniversité, avec un excellent restaurant et une architecture à couper le souffle. Des étudiants rieurs et animés sâassoient autour de petites tables élégantes, montent et descendent un escalier autrefois piétiné par de grosses chaussures ou des pieds nus dâenfants mal habillés.

Lâendroit est reposant et calme.

Je lâai connu sous ses deux faces. Vous pouvez imaginer celle qui me tire des larmes aujourdâhui.


[Première chapitre ICI] [Deuxième chapitre ICI] [Troisième chapitre ICI]

[Quatrième chapitre ICI] [Cinquième chapitre ICI] [Sixième chapitre ICI]

[Septième chapitre ICI] [Huitième chapitre ICI] [Neuvième chapitre ICI]



Maéva.
Fichiers:
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Re: Mon village en lambeaux
neuvième partie :

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huitième partie :

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septième partie :

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sixième partie :

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Maéva.
Re: Mon village en lambeaux
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Mon village en lambeaux ( Quatorzième partie )
Par Judith Weber pour Guysen Israël News
30 octobre 2004 / 20:05


Les liens menant aux chapitres précédents se trouvent à la fin de celui-ci.

LES VISITEURS DE LâETRANGER



Mes parents sont venus deux fois en Israel. La première fois en 1951. La seconde fois en 1955 ou 56.

Ce furent deux superbes fiascos.

Entre David et mon père, il nây eut aucune chimie sympathique. Mon père nâaimait pas Israel. Il en parlait avec dédain. Il critiquait sans cesse, trouvait à redire à tout. Il ne pouvait admettre que ses filles qui, dâaprès lui, auraient dû au moins avoir épousé des ambassadeurs â des députés à la rigueur â aient fait leur vie avec des hommes simples et aimants qui travaillaient de leurs mains. Il était surtout outré de nous voir, Denise et moi, heureuses de notre sort dans ce village quâil traitait de primitif, de âshtetel attardéâ et dans les ruelles duquel il se promenait nonchalemment, un cigare aux lèvres, le regard hautain et méprisant. Les gens du village le saluaient pourtant avec beaucoup dâégards, tous les francophones le connaissaient bien. Avec dâautres, il sâentretenait en Yddish, en Polonais, bref ce nâest pas le manque de communication qui le rendit antipathique, câest son attitude arrogante et condescendante.

Les relations ne furent pas meilleures avec la famille. Ma mère avait retrouvé en 1951, en Israel, une soeur quâelle nâavait pas vue depuis trente ans. Elles avaient bien correspondu avant et après la guerre, mais les liens affectifs ne pouvaient être très forts.

Mes parents habitaient chez Denise. Ils faisaient la navette entre nos deux maisons et souvent nous partagions le repas du soir, soit chez ma soeur, soit chez moi. Ils sâinscrivirent pour quelques excursions organisées, visitèrent Jérusalem et Eilat, un kibboutz, Degania, je crois où ma mère avait des cousins.

Entre David et ma mère, ce fut plus facile. Ma mère avait toujours été une femme élégante et distinguée, très séduisante, sachant plaire et sâadaptant à toutes les situations. Et David était si gentil et si désireux dâetre aimé et accepté ! Ils sâentendirent très bien tous les deux.

Lors de leur premier séjour en Israel, Iris nâétait pas encore née et Daniela faisait ses premiers pas. On sâarrangea pour que mon travail au âJournal de Jérusalemâ soit fait chez moi, et au lieu que ce soit moi qui me rende à la rédaction, câest le directeur, Vilensky qui vint chez moi trois jours par semaine. Jâavais une petite machine à écrire sur laquelle nous rédigions nos articles â il dictait, moi jâécrivais, - il les portait ensuite à lâimprimerie et me rapportait les épreuves pour correction.

Le âJournal de Jérusalemâ (écrit, imprimé et publié à Tel-Aviv) était alors le seul hebdomadaire dâexpression française en Israel. (Il y avait bien une publication quotidienne de nouvelles et commentaires tenue par un autre Egyptien Joseph Aélion, mais câétaient trois ou quatre pages dactylographiées et photocopiées pour distribution, quelque chose comme un bulletin dâinformations. Cette publication devint par la suite un quotidien normal âLe Journal dâIsraelâ qui précéda âLâinformation dâIsraelâ.) Vilensky avait vécu toute sa vie en Egypte et était venu en Palestine un peu avant la guerre. Quand je lâai connu, en l949, câétait un grand bel homme, frisant la cinquantaine. toujours souriant et plein de bonne humeur.

Le bureau du journal se trouvait rue Hayarkon, dans une des deux chambres quâil occupait à lâHotel Eilat. Le journal nâavait que deux employés : Vilensky et moi. Lui sâoccupait de lâactualité, de la politique, de lâéconomie, moi je rédigeais des articles plus légers : le point de vue féminin et les petits reportages dâintérêt général. Nous avions quelques reporters indépendants qui nous envoyaient des papiers dâun peu partout en Israel. Le journal marchait bien, était fort apprécié et je crois quâil y avait une subvention gouvernementale pour couvrir les frais.

Mon père et Vilensky devinrent des âpotesâ (expression paternelle). Souvent, ils sâasseyaient dans le jardin pendant que je corrigeais les épreuves, buvant un jus de fruit ou un café, et discutaient un peu de tout. A eux deux, ils ont tranformé le monde, renversé des royaumes et rétabli quelques républiques, tout ça entre les bananiers ou sous la vigne du jardin. Quand mon père demanda à Vilensky pourquoi il faisait cet effort de voyager trois fois par semaine pour venir travailler avec moi, au lieu dâengager une autre secrétaire, plus libre de son temps, Vilensky lui répondit très simplement quâil avait trouvé la perle rare et quâil nâentendait pas la remplacer. Mon père se rembrunit au lieu de se réjouir et marmonna quâil ne savait vraiment pas ce que je foutais ici, au lieu de briller dans les milieux de la presse en France.

Vilensky lui demanda sâil nâétait quand même pas impressionné par cette expérience exaltante que tentait un groupe dâilluminés. Mon père haussa les épaules. Pour lui, câétaient en effet des illuminés ceux qui sâaccrochaient à cet Etat dâIsrael, et il ne voyait pas pourquoi ses filles devaient en faire partie.

-Les Juifs ne sont pas faits pour vivre harmonieusement dâune façon sédentaire, dit-il. Ils naissent quelque part, vivent ailleurs et meurent encore plus loin.

Câétait irritant, cette attitude pleine de mauvaise foi. Nous fûmes soulagés quand il décida dâécourter son séjour et de retourner en France par le premier bateau, malgré les exortations de ma mère qui se plaisait bien avec nous et qui aurait voulu rester plus longtemps.

Leur deuxième voyage, quelques années plus tard nâeut pas de meilleur succès. Lâopinion de mon père nâavait pas changé, nous nous séparâmes sans regrets.


*
Le frère ainé de David, Jacques, vint souvent en Israel. Il vivait à Lens, avec sa famille, y avait un magasin de lingerie et faisait des marchés deux ou trois fois par semaine. Câétait un sioniste convaincu. David était la seule famille quâil avait en Israel, mais sa femme Louise, dâorigine algéroise y avait une ribambelle de frères et de soeurs éparpillés un peu partout dans le pays, surtout à Natanya.

Je nâavais jamais connu de famille de ce genre. Il y avait entre tous ses membres des liens très puissants, câétait presque une tribu. Les réjouissances familiales, (brit, bar-mitsva, mariage) donnaient lieu à des rencontres monstres où tous se connaissaient, sâembrassaient et se tapaient dans le dos avec de grandes exclamations fleuries dans ce style si typique des Nord-Africains. Nous étions toujours conviés à ces fêtes et jâadorais cette atmosphère bonne enfant et ces repas pantagruéliques où je fis connaissance du couscous et du mouton en broche.

Jacques et Louise adoraient Israel.. Chaque occasion leur était bonne pour y venir. Ils achetèrent un appartement à Natanya où ils vinrent chaque année aux vacances avec leurs enfants, passer quelques semaines.

-Bien sûr, disait Louise, il y a du soleil sur la Côte dâAzur aussi, mais celui dâIsrael, câest pas le même.

Ils avaient trois enfants, Annie, Bernard et Georget qui des années durant sâébrouèrent sur les plages de Natanya tous les étés. Nous les y rejoignions parfois et lâambiance était fantastique dâautant plus que mes filles parlaient le français et que la communication entre les cousins était facile.

Je nâai jamais absorbé le qui était le frère de qui ou la soeur de qui ou le beau-frère de qui, dans cette nombreuse et bruyante famille. Je nâai jamais pu les connaitre bien tous. David aussi avait du mal à sây reconnaitre, mais enfin, on savait quâon était de la famille et ça suffisait.

De véritables liens amicaux, je nâen ai eu quâavec Tamar, une nièce de Louise et son mari Illan. Ils habitaient Natanya et y avaient une petite maisonnette dans un quartier périphérique. Ce furent eux qui recueillirent mes filles quand je fus si malade de cette scepticémie généralisée qui faillit mâemporter. Je leur en ai toujours gardé une reconnaisance émue, car lorsque David - alors que jâétais dans le coma â écrivit à son frère quâil ne savait quoi faire, ne pouvant sâoccuper des enfants et aller travailler, câest la famille de Louise qui répondit âprésentâ. Pas la mienne.

Jacques avait, pour Sheikh Mounès, des sentiments mitigés. Il en fit le tour une fois ou deux et fut très étonné du fait que tombant de Paris dans cet environnement tellement différent, nous ayons pu nous y adapter si facilement.

-Ãa fait très biblique, nous dit-il un jour, mais quand même !

Quand je lui dis que nos possibilités financières ne nous permettaient pas de considérer autre chose pour le moment et que nous avions là tous les avantages de propriétaires sans en avoir les inconvénients car le loyer était minime et hors-taxes, et tous les avantages de locataires sans les inconvévients, car lâEtat touchait le prix du loyer et se chargeait des petites réparations nécessaires, il nous dit très simplement :

-Ecoutez, si un jour, vous vous décidez à changer, je verrai ce que je peux faire pour vous aider. Je ne suis pas en mesure de faire grandâchose, jâai trois enfants à élever, mais on finira bien par arranger quelque chose.

Câétait plus que je nâavais entendu de la part de mon père. Ce dernier ne nous avait jamais offert son aide â pourtant il aurait pu ! â et je remercie le ciel de nâavoir jamais eu à la lui demander.

Pour Louise, le village lui rappelait son Algérie natale. Les ruelles étroites où lâon pendait du linge entre deux maisons, les échoppes et boutiques profondes et sombres, les habitants prenant le frais, le soir, sur le seuil de leur porte, les enfants bruyants jouant dans la rue... tout cela était sujet à des souvenirs attendris.

-Jâai passé une partie mon enfance dans un village pareil, nous apprit-elle. Avant de vivre à Alger. Oh, dis donc, ça mâen rappelle des choses ! Câétait le bon temps !

Câest toujours le bon temps, quand lâenfance est insouciante et que lâavenir parait souriant...


*
Parmi les autres visiteurs de lâétranger qui eurent un contact avec Sheikh Mounès, il y eut les passages sporadiques de Fernand, un ami du Mahal, (groupe des volontaires de lâétranger pendant la guerre dâIndépendance) qui pendant quelques années fut stewart chez El Al et participa activement dans les années cinquante à lâimmigration des Juifs dâIran.

-Ils embarquent avec leurs familles et leurs biens, nous racontait-il. Ils sâassoient sur leurs ballots et nâen bougent pas. On dirait, et câest sans doute le cas, quâils ont là de lâor et des bijoux. Ils sont riches, ces Juifs de Perse, (oui, on disait la Perse alors, avant que ça ne devienne lâIran), mais ils ne savent rien du monde extérieur. Il a fallu que je leur explique lâusage des toilettes dont ils ne comprenaient pas lâutilité du siège. Ils croyaient quâils devaient monter dessus pour sâen servir comme à la turque et évidemment, ca leur causait des problèmes.

Chaque fois quâil débarquait chez nous, Fernand nous apportait quelques succulents morceaux de viande fraiche â quelle aubaine en ce temps-là â que nous dégustions ensemble en chantant âChevaliers de la Table ronde..â, ou de petits bibelots finement cisélés et ornés, de véritables chef-dâoeuvres dâart oriental. Il fit sa vie dans lâaviation, fut nommé chef de station à Paris, puis ailleurs, je ne sais plus où. Aux dernières nouvelles, il vit au Canada.

Nous eûmes aussi un jour la visite de mon copain Jacques Nosari qui avait fait lâEcole de Journalisme avec moi à Paris. Il travaillait alors au Figaro et avait été envoyé en Israel pour y couvrir un événement quelconque. Ce fut spectaculaire, cette limousine du Ministère des Affaires Etrangères qui sâarrêta devant la maison. Je crois que tout le village se porta à sa rencontre et que Jacques fut très surpris cet accueil enthousiaste. Nos retouvailles furent pleines de joie et dâémotions. David et lui sympathisèrent rapidement et les deux jours que nous passâmes ensemble furent pleins de souvenirs attendris et nostalgiques. Il sâétait marié, nâavait pas dâenfants et voyageait beaucoup pour le Figaro. Par la suite, nous eûmes une correspondance assez relâchée, mais nous gardâmes toujours le contact, Je le revis lors dâun de mes voyages en France, (jâen parlerai plus loin, dans un autre chapitre) et fis la connaissance de sa femme Michelle. Il avait 64 ans lorsquâil est mort au volant de sa voiture dans la file des automobiles qui attendaient le passage lors dâune réception à lâElysée.

Et puis, il y avait Georges.

Georges, je lâavais connu lors dâun tournoi de bridge à Tel-Aviv. Il était venu seul, ma partenaire habituelle était tombée malade, alors on nous mit ensemble et nous nous entendîmes tout de suite très bien. Il venait en Israel, de Paris où il vivait, deux ou trois fois par an, prenait une chambre dans un hôtel, louait une voiture, et débarquait chez nous, les bras chargés de victuailles, de fleurs et de vins. Câétait, lui aussi, un rescapé de lâHolocauste. Il y avait perdu presque toute sa famille, était célibataire et considérait la possibilité dâacheter un logement à Tel-Aviv. En fin de compte, il resta en France.

Ses visites chez nous donnaient toujours lieu à des virées sensationnelles dans le pays. Nous partions ensemble dans son auto, le samedi matin et revenions le soir ivres de soleil et de beaux paysages. Câest avec lui que nous fimes une randonnée à Yamit, quelques mois avant que Yamit ne disparaisse de la carte dâIsrael.

Je retranscris ici un article que jâai écrit en 1978 pour âIsrael Hebdoâ, un périodique local qui paraissait sous la direction de Julien Zénouda et dont le rédacteur en chef était notre ami Gabriel Roth.

YAMIT DES MERS DU SUD

Il en est des villes comme il en est des princes. Tout dépend des fées qui président à leur naissance. Et les contes lâont bien prouvé, il suffit dâune seule Carabosse pour tout remettre en question..

Mais il semble que toutes les fées bénéfiques étaient là quand fut donné le premier coup de bêche qui devait marquer la fondation de Yamit.

Une boite à bijoux...

Un ciel de saphir, une mer de lapis lazuli, des maisons de nacre dans un décor dâémeraude avec les taches, par ci, par là, des parasols de rubis ou dâambre doux sur un sable dâor, une véritable cassette de pierres précieuses, câest à quoi lâon pense en premier en abordant la ville. A 150km environ au sud de Tel Aviv, passé Gaza, une douzaine dâagglomérations fondées des dernières années, ont porté la présence israélienne vers un désert aride et, comme dâhabitude, ont transformé le vide et la sécheresse en un jardin luxuriant, tirant parti de lâenvironnement sauvage et du pouvoir décoratif des palmiers. Une douzaine de petits villages éparpillés entre Rafiah et El Arish, une douzaine de jalons plantés pour la sécurité du pays.

Avec ses cinq cent familles, Yamit en est devunue le centre et si la ville, ces derniers temps, a fait la âuneâ des journaux, câest parce quâelle a réagi avec le plus de vigueur â et sans doute au nom des autres â au plan du gouvernement renonçant à la souverainteté israélienne sur la région. Les journaux, la radio, la télé, tout le monde en a parlé, tout le monde a soudain découvert Yamit et sa signification .

...et un bijou sous cloche

Il faut franchir un portail pour pénétrer dans Yamit, un portail gardé par des soldats, et ce fait, bien mieux que mille explications montre lâimportance stratégiqe de lâagglomération. Cette dernière nâest pas encore si étendue quâelle ne puisse être entourée dâun grillage, un mur de fils de fer qui fait le périmètre de la ville, protection au fond, plus symbolique que réelle, mais suffisante bien sûr, car câest un fait que la présence du gendarme remplit son office et évite bien des ennuis.

Les premières maisons avaient été construites autour dâune vaste place centrale dallée où les autos nâarrivaient pas. Avec le temps, les constructions ont débordé, mais cela se fit selon un plan bien établi. Un centre commercial moderne aux allées couvertes reliant les magasins entre eux, pourvoit aux besoins de la population : un supermarché, des magasins de vêtements, de livres, de journaux, un cinéma, quelques cafés pour y passer des soirées autour du jet dâeau central, une école jusquâaux dernières classes primaires et un centre culturel pour occuper les jeunes.

Et bien sûr, la plage.

Le sable y est dâune finesse extraordinaire et dâune propreté éclatante. Mais se baigner pose un problème car on nâa pas construit encore de brise-lames et les vagues atteignent parfois trois à cinq mètres mètres de hauteur, ce qui serait excellent pour le surf. Et sur cette vaste plage, les quelques parasols et chaises-longues multicolores ont un petit air perdu.

Dominant le sable et la mer, le âCafé de la plageâ a toutes les allures dâune merveilleuse guinguette des bords de la Marne. Mais ce café est tenu par une jeune Américaine de Miami qui vend aussi des souvenirs et des cartes postales. Et le petit vin blanc quâont boit sous la tonnelle, sur une table de bois, est un pur produit des vignes israéliennes. Point de corned-beef, mais si vous avez faim, on vous y servira un honnête poisson avec des frites et vous aurez ainsi cassé la croûte et vous vous serez désaltéré pour la mirobolique somme de cent lires..

Les habitants

Qui habite à Yamit?

Eh bien, surtout des militaires, des familles dâofficers de carrière stationnés dans la région, les commerçants aussi bien sûr et les membres du corps enseignant de même que les familles dâouvriers travaillant aux quelques entreprises du coin (menuiserie) et aux petites industries artisanales qui trouvent des débouchés dans lâarmée. La moitié de la population est constituée dâenfants de tous les âges. Les natifs de Yamit sont nombreux et leurs parents sont très fiers. Yamit est la paradis de la femme moderne, celle qui passe son temps à se dorer au soleil, à sâocciper de mille petits riens pendant quâune femme de ménage dâune proche agglomération arabe la décharge des travaux quotidiens . Pour mille lires par mois, plus la nourriture, le personnel est abondant.

Yamit nâa pas encore de statut municipal. Câest un comité de notables du cru qui dirige et administre les choses pour le moment. Mais on compte bien en arriver au chiffre de 10.000 habitants dâici 1980.

Le ministère de lâHabitat construit à présent des immeubles ; il y a aussi un projet de villas en chantier. Mais pour habiter à Yamit, il faut dâabord y avoir du travail. De cette façon on espère éviter pour lâavenir des cas sociaux et des familles à problème.

La fée Carabosse

Hélas, elle était présente à la naissance déjà puisque la situation géographique de Yamit est la petite tache noire sur le fruit qui ronge les habitants dâinquiétude. Ils affiment quâils ne quitteront la ville à aucun prix. Ils affirment quâils nâaccepteront jamais aucune souveraineté autre que celle dâIsrael, alors, il faudra bien compter avec eux et les soutenir de tout son coeur. Le fait de leur avoir donné latitude complète pour sâétablir en cet endroit, cela comprend certaines responsabilités. Celle de les aider, par exemple et de les protéger, surtout.


---
Mais ça, câétait en 1978, je le répète et bien des choses sont arrivées depuis. Les habitants de Yamit ont reçu des compensations solides et la ville a été complètment démantelée., sacrifiée aux besoins dâune politique qui laissait espérer quâon arriverait ainsi à cette paix toujours promise et jamais atteinte.

Un des habitants de Yamit avait de la famille à Sheikh Mounès. Il y demeura quelques mois, le temps de se trouver quelque chose. Câétait un Australien jovial et rondelet qui finit par ouvrir un pub à Tel-Aviv. Il nous invita à lâinauguration de son établissement où il coula beaucoup de bière et croqué pas mal de bretzels salés. Notre ami Georges était là, lui aussi.

(à suivre)


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[Quatrième chapitre ICI] [Cinquième chapitre ICI] [Sixième chapitre ICI]

[Septième chapitre ICI] [Huitième chapitre ICI] [Neuvième chapitre ICI]

[Dixième chapitre ICI] [Onzième chapitre ICI] [Douzième chapitre ICI]

[Teizième chapitre ICI]

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Re: Mon village en lambeaux
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Mon village en lambeaux (Quinzième partie)
Par Judith Weber pour Guysen Israël News
21 novembre 2004 / 20:47


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VOYAGES A LâETRANGER



(Premier volet)

Ils ne furent pas nombreux, nos voyages à lâétranger. Nous nâavons jamais eu les moyens financiers de faire de grandes promenades hors dâIsrael. David avait un bon salaire, câest vrai, moi aussi jâavais des rentrées appréciables, mais nous préférions vivre confortablement chez nous, et élever les enfants dans une certaine aisance. Il ne faut pas oublier quâà lâépoque, ça nâexistait pas encore les allocations familiales, et si lâécole était @#$%&, il fallait payer les livres et fournitures scolaires de même que les sorties en groupe organisées par le Ministère de lâEducation. Et puis, nous avions commencé notre vie ensemble, David et moi, avec pratiquement rien, juste le logement à Sheikh Mounès, fourni par lâEtat, deux lits de camp avec matelas et couvertures â courtoisie de lâarmée car notre mariage fut un mariage militaire â un petit colis de victuailles envoyé par mes parents, un peu de linge de maison, cadeau du frère de David et presque pas dâargent. Alors, les voyages....

En l958, mes parents reçurent une grosse somme dâargent, une partie des réparations allemandes. Ils vivaient encore à lâhôtel, quatorze ans après la fin de la guerre et cela leur permit dâacquérir un logement, rue du Faubourg Saint-Martin dans le 10ème. Et en 1963, mon père, me proposa de leur rendre visite, lui nâétant pas en mesure de considérer un déplacement du fait dâune santé déclinante.Il mâenverrait les billets de bateau pour les enfants et pour moi et se chargeait de nos frais de séjour pour les six semaines de vacances scolaires. Jâen demeurai pantoise, il nâétait pas dans les habitudes paternelles de faire preuve dâune telle génosité.

David qui comprit mes réticences mâencouragea à accepter.



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Re: Mon village en lambeaux
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Mon village en lambeaux ( Seizième partie )
Par Judith Weber pour Guysen Israël News
5 décembre 2004 / 01:28


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VOYAGES A LâETRANGER


Deuxième volet

Au début du mois dâAoût, nous rendimes visite à la famile de David, à Lens.

Quel accueil chaleureux et sympathique ! Mes filles retrouvaient des cousins quâelles connaissaient, faisaient la connaissance de personnes intéressées par Israel, qui posaient des questions et écoutaient les réponses. Jacques et Louise avaient, en pleine ville, un magasin de lingerie bien achalandé. Iris devant la porte, interpellait les passantes en les invitant à entrer.

-Entre, madame, disait-elle, entre, y a de belles choses pour toi.

Les gens riaient ; pour les enfants, câétait une véritable aventure. Mais la famille ferma le magasin pour la deuxième quinzaine dâAoût ; ils allaient la passer à Berck-plage. Nous, nous revinmes à Paris.

Une des distractions favorites de mon père, distraction que mes filles partageaient avec enthousiasme, câétait dâaller faire des courses au marché de la rue St Martin.

La première fois quâelles virent ce marché couvert, genre de halle au plafond très haut, elles cherchèrent en vain un équivalent israélien. On ne connassait pas encore les supermarchés, ni les canyons et les deux ou trois marchés de Tel-Aviv fonctionnaient à ciel ouvert. Dans cet espace spacieux et odorant, elles sâen donnèrent à coeur joie, courant dans les travées et émettant une opinion sur tout. A un certain moment, il me sembla quâelles avaient disparu pour un bon bout de temps et je me mis à leur recherche aidée par ma mère. Nous les trouvâmes en arrêt devant un stand de légumes, muettes de ce que je crois être dâadmiration.



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Re: Mon village en lambeaux


Mon village en lambeaux ( Dix septième partie )
Par Judith Weber pour Guysen Israël News
20 décembre 2004 / 00:17


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VOYAGES A LâETRANGER


Troisième volet

Lors des six semaines que je passai à Paris après la mort de mon père, des décisions furent prises en famille, concernant lâavenir. Ma soeur et moi avions renoncé à nos droits dâhéritage en faveur de ma mère qui avait décrété quâelle viendrait vivre en Israel.

Doudou, peu à peu, liquida le bureau de mon père. Il me demanda si je voulais quelque chose et je demandai à ce que la bibliothèque de mon père me soit envoyée. Câétaient de forts beaux livres, bien reliés, des encyclopédies et des dictionnaires, des séries historiques, lourdes et peu maniables mais je les aimais beaucoup. Mais comme Denise et Doudou devaient rentrer en Israel lâannée dâaprès, il fut convenu quâils apporteraient cette bibliothèque dans leurs bagages. Ils avaient lâintention dâacheter un grand appartement à Tel-Aviv et ma mère vivrait avec eux. Que la réalité ne fut pas exactement au niveau de ces projets, câest une autre histoire dont je parlerai plus tard.

Ma mère et moi faisions de longues promenade dans un Paris automnal légèrement pluvieux. mais très agréable. Nous marchions sur les grands boulevards, léchant les vitrines, et un beau jour, nous nous trouvâmes par hasard devant lâimmeuble de la Caisse dâEpargne. Je crois que câétait alors Boulevard Haussman.

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Re: Mon village en lambeaux
Mon village en lambeaux ( Dix huitième partie )
Par Judith Weber pour Guysen Israël News
2 janvier 2005 / 23:23


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NOS COMPAGNONS A QUATRE PATTES....
ET NOS COMPAGNES A QUATRE ROUES


Nous avons toujours aimé les bêtes et nous en avons toujours eu autour de nous le long de notre vie.Des chiens, évidemment, des chats aussi et même une lapine légèrement blessée quâIris avait sauvée du laboratoire expérimental de lâUniversité et apportée à la maison en cachette.

Mais parmi les chiens qui ont partagé notre foyer, il en est certains qui se détachent par leur... eh oui, je peux bien dire personnalité. Lâun dâentre eux, ce fut Cognac.

Il devait son nom à la couleur de son poil. Câétait un mélange de boxer et de berger allemand, un produit des chiens acquis par la Compagnie de lâElectricité pour la garde des lieux. David lâavait obtenu tout jeune chiot, un surplus dâune portée trop nombreuse. Les fillettes lâacueillirent avec des cris de joie et des caresses affectueuses. Jamais chien ne fut plus adulé, soigné, pomponné. Les enfants lâadoraient et il le leur rendait bien.


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Re: Mon village en lambeaux
[www.guysen.com] Mon village en lambeaux ( Dix Neuvième partie)
Par Judith Weber pour Guysen Israël News
20 janvier 2005 / 23:01



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FANNY


Câest avec beaucoup de prudence et dâémotion que jâaborde ici le chapitre concernant Fanny. Oui, il est temps. En relisant tout ce que jâai écrit et raconté à ce jour, je mâaperçois que pas une fois je nâai rédigé son nom, que pas une fois je nâai parlé dâelle. Ai-je sciemment évité cette minute de vérité ou bien est-ce mon subconscient qui me faisait repousser le moment où je ne pourrais plus reculer ?

Car entre Fanny et moi, il y a eu une amitié de quarante ans. Je ne peux pas dire quâelle fut ma meilleure amie, parce que je nâen ai jamais eu dâautre. Elle fut la seule.

Lâamitié est un sentiment qui a des degrés divers. On dit : âJâai passé la soirée avec des amisâ et ces amis ce sont des connaissances avec lesquelles on a des relations plus ou moins sporadiques, des personnes avec lesquelles on partage un moment agréable autour dâune table par exemple, en échangeant des propos dâintérêt commun. On dit : âNous avons eu la visite à nos amis Untelâ alors que les Untel sont juste des gens que lâon connait un peu plus ou un peu mieux que dâautres. Le mot âamitiéâ est très élastique. Du léger au profond il passe par des nuances affectives variées selon les caractères individuels. Câest parfois juste une sympathie réciproque qui ne franchit pas un certain niveau. La vraie, la véritable amitié ne connait pas de niveaux, elle est complète.

Il y a les amitiés enfantines élaborées à lâécole ou avec les enfants des amis des parents. Elles peuvent être durables si le contact ne se rompt pas au cours des ans. Il y a les amitiés juvéniles, celles dâadolescents dans les classes secondaires ou universitaires, elles sont plus sérieuses et peuvent se développer favorablement. Et puis, il y a les amitiés dâadultes, parfois en prolongement dâamitiés plus jeunes, parfois nées spontanément au cours dâune rencontre et basées sur des relations dâaffaires ou de goûts identiques.

De mon côté, je ne me lie pas facilement. Dans ma jeunesse, au Lycée, je nâai eu quâune seule véritable amie, Francine , qui disparut de mon horizon au début de la guerre quand elle partit avec ses parents aux Etats-Unis dâoù ils étaient originaires. Comme elle était revenue en France, plus tard, je la revis au cours de mes deux voyages, mais ce nâétait plus la même chose. Trop dâannées avaient passé, trop dâévénements généraux et personnels. Elle était mariée, avait deux enfants, moi aussi... Nous avions, chacune, notre vie et nous vivions trop loin lâune de lâautre pour que puisse renaitre cette amitié dâétudiantes. La correspondance qui sâétablit entre nous fut sporadique, et, un jour, cessa complètement dâelle même.

Lâamitié vraie nâest pas la fleur délicate quâil faut soigner avec prudence. Lâamitié vraie est celle qui, solide et durable résiste à tous les coups de boutoir, celle qui se joue des mots, des conditions, celle qui permet de tout dire, de tout entendre sans flétrir pour autant. Câest une amitié de ce genre que jâai partagée avec Fanny.

Je crois que nous avons eu le même élan de sympathie lâune envers lâautre quand nous nous sommes vues pour la première fois. Les circonstances mêmes de notre rencontre, si elles furent prosaïques nâen furent pas moins dramatiques. Voici ce qui sâest passé :

Un matin où David était en congé après son équipe de nuit, il mâaccompagna pour faire les courses et porter le filet à provisions. Câétait très prosaique, ça, non ? Jâachetais alors mes légumes chez le marchand de fruits et légumes, au coin de la rue, et en revenant vers la maison, nous croisâmes une jeune femme qui poussait une voiture dâenfant dans laquelle un petit garçon de deux-trois ans, était assis et suçait son pouce. Toujours très prosaïque, nâest-ce-pas ? Et voilà que soudain David sâarrêta, fronça les sourcils et déclara à voix haute :

-Mais je la connais, celle-là !

Et voici le moment dramatique. La jeune femme se retourna. Elle avait lâair furieux. Elle avait compris !

David lâcha le filet à provisions, elle lâcha sa poussette. Soudain ils furent dans les bras lâun de lâautre. Je ne savais pas sâils riaient ou pleuraient, mais ils avaient bien lâair de se connaitre et de sâêtre reconnus.

-David ! sâexclama la jeune femme.

-Fanny ! sâexclama David

Les premiers moments dâémotion passés, les inévitables questions fusèrent.

-Mais quâest-ce que tu fais là ?

-Et toi ?

-Je ne savais pas que tu es en Israel. Tu es là depuis quand ?

Etc , etc..

Ce qui est plutôt incroyable dans cette histoire, câest que la dernière fois quâils sâétaient vus, Fanny et David, câétait en France, à la veille de ce que lâa appelé âlâexodeâ. Elle avait cinq ou six ans. Il en avait près de dix-huit. Il lâavait connue toute bébé, à Berck-Plage. Ses parents à elle, étaient de riches industriels de Pologne qui venaient chaque année passer des vacances à Berck ou à Lille où ils avaient des amis qui de leur côté étaient des amis de la mère de David. Cette dernière aussi venait à Berck à la même époque pour quelques jours de détente avec ses deux fils. Ce petit groupe jeune et joyeux se retrouvait ainsi tous les étés pour trois semaines.

Les parents de Fanny étaient en France quand éclata la guerre en 1939. Ils décidèrent de rentrer en hâte chez eux pour sauver encore ce qui pouvait lâêtre et demandèrent à leurs amis de garder leur petite fille jusquâà ce quâils puissent revenir, un mois ou deux sans doute, pas plus. Mais la Pologne venait dâêtre envahie, et naturellement, ils ne revinrent jamais.

Fanny resta donc avec cette famille de France qui devint en fait sa famille âadoptiveâ. Quand la mère de David décida de quitter Lens devant lâavancée allemande, leur groupe passa par Lille où elle essaya de persuader son amie de se joindre à eux et de partir ensemble vers le sud, proposition qui bien quâappréciée ne fut pas acceptée. On se fit donc de grands adieux et chacun partit vers son destin. Ce fut là que David vit Fanny pour la dernière fois, en France...

...Pour la retrouver à Sheikh Mounès presque vingt ans plus tard.


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Maéva.
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Re: Mon village en lambeaux
Mon village en lambeaux ( Vingtième partie )
Par Judith Weber pour Guysen Israël News
1 février 2005 / 23:10



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MES DIFFERENTS EMPLOIS


Premier volet : MAKOLIT Ltd.

Un jeune habitant de Sheikh Mounès, Robert Cohen, vivait non loin de chez nous, avec ses deux frères et sa mère. La petite famille venait de France, mais les parents étaient originaires du Maroc. (Le père avait été fusillé par les Allemands en 42 ou 43, en représailles aux actes de la Résistance).

Robert venait souvent à la maison pour bavader. Il travaillait, je crois, dans un atelier de mécanique, mais rêvait de devenir chanteur de charme. Il avait une assez jolie voix et nous régalait des airs à la mode en sâaccompagnant dâun banjo. Il mâapprit un jour quâil avait trouvé une maison dâéditions de disques qui lui donnait sa chance et lâoccasion dâenregistrer deux chansons.

Je ne sais plus ce quâil advint des deux chansons quâil enregistra, mais je sais quâil vint me demander un jour si je serais éventuellement intéressée par un emploi sporadique dans cette maison de musique qui cherchait désespérment, comme tous les bureaux importants dâailleurs, une correspondante bilingue à temps partiel.

Et câest ainsi que deux fois par semaine, je prenais ma petite machine à écrire portative et me rendait en bus chez Makolit pour mâoccuper de leur courrier. Câétait au début des années 60. Les bureaux de Makolit se trouvaient au sud de Tel-Aviv, tout au bout de la Rue Herzl. Il y avait là un grand atelier occupé par les frères Antanir. Une partie de cet atelier traitait la vieille feraille. Lâautre partie était occupée par le bureau de la maison dâédition de musique appartenant à lâun des frères , Daniel, et par lâatelier de production de disques. Ce dernier consistait en deux presses manoeuvrées à la main. Sur chacune il y avait une matrice en aluminium, je crois, représentant une face du disque. Un ouvrier déposait un morceau de cire chaude sur la matrice, baissait la presse et écrasait la cire. Cela devenait un disque noir quâil ôtait pour le déposer, de lâautre côté sur la deuxième matrice en enregistrait ainsi la deuxième chanson. Puis le disque encore tiède était remplacé par un autre morceau de cire, et tout recommençait.

Ce procédé était long et fastidieux. Les disques étaient des 75 tours à lâépoque, durs et cassables. Chaque face de disque était un morceau de musique ou une chanson. Les enregistrements avaient été faits dans un salon dâun grand hôtel de Tel-Aviv qui servait de studio puis avait lieu le procédé de production. Les disques, une fois produits étient enveloppés dans leur manchette de papier dont un grand trou central permettait de lire le texte de lâétiquette collée sur la face du disque.

Et ce fut le prétexte, pour nous, dâacheter un phonographe électrique (on ne disait pas tourne-disques encore) et de régaler mes voisins surtout, de musique orientale. Il y avait quelques pièces de chansons françaises, un peu dâEdith Piaf, un peu dâYves Montand, chansons dont jâavais acquis, par correspondance, les droits pour Israel des maisons dâéditions françaises.

Lâindustrie musicale, en Israel, alors, consistait en deux maisons dâédition de musique: la plus importante était Hed Artsi (traduction littérale : Echo de mon pays.) puis Makolit (traduction littérale : la petite voix). Ce qui marchait bien chez Makolit, câétaient surtout les disques pour enfants. On en vendait beaucoup aux écoles, directement ; la musique liturgique aussi avait sa clientèle et des fidèles. Un jour, avant de commencer la production dâune série de disque de âHazanoutâ, Daniel, pour sâassurer, comme pour chaque nouvelle série, quâil nâétait pas défectueux, fit tourner le premier exemplaire sorti des presses sur sa tablette dâessai. Ce fut grandiose. Tout le voisinage arrêta ses activités pour écouter. Dans ce quartier populeux, ouvrier et populaire, tout devint silencieux. Seule sâélevait la voix du chantre qui pendant cinq minutes tint les auditeurs sous son charme.

Ces disques de musique et chansons religieuses avaient un débouché important en Europe et en Amérique. Et câest là que jâintervenais, câétait mon travail que de prendre les commandes, remplir les feuilles dâexpédition et les factures et aussi de composer quelques petits textes publicitaires pour les communautés juives intéressées.

Makolit marchait pas mal. Avec deux presses seulement, on ne sortait pas tellement de disques par jour, puisquâil fallait deux presses pour en sortir un. Recto pour une face, verso pour lâautre. Je demandai à Daniel pourquoi le bras qui sâabaissait sur la cire chaude ne pourrait comporter la matrice complémentaire qui imprimerait la deuxième face du disque en même temps que la première.

Je me souviens encore de la stupeur qui se peignit sur son visage. Ce qui était si flagrant pour moi était une véritable révolution pour lui. Personne nâavait pensé à ça !

Le personnel technique se mit au travail. Après tout, avec lâatelier de feraille et de mécanique sur place, ils avaient tous les instruments nécessaires pour tenter lâopération. Après quelques tâtonnements dâajustement et de stabilité, ils réussirent à sortir leur premier numéro en deux faces en même temps. Je venais de doubler leur production avec une question si bête et si naïve que seul, un amateur qui ne connaissait rien à lâaffaire aurait pu poser. Daniel était si heureux et si enthousiasmé par ce quâil appela mon imagination positive quâil me donna un bonus qui doubla pendant six mois le salaire que je recevais.

Jâavais déjà remarqué ce manque dâimagination des Israéliens dans beucoup dâautres domaines. Leur façon de travailler était plutôt primitive et conservatrice. On gardait les procédés existants qui avaient fait leurs preuves et on ne cherchait guère à faire mieux. Mais avec le temps, les Israéliens se mirent à voyager un peu partout dans le monde. Ils découvraient des techniques et des idées quâils sâefforcèrent, avec beaucoup de prudence, à introduire dans le pays pour voir comment elles seraient accueillies. Comme ceci par exemple :


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Re: Mon village en lambeaux
Mon village en lambeaux ( Vingt et unième partie )

Par Judith Weber pour Guysen Israël News

Dimanche 27 février 2005 à 22:49


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MES DIFFERENTS EMPLOIS Deuxième volet.


Le Musée dâart moderne de Tel-Aviv

Mon travail chez Makolit, sâil était régulier, était un travail complémentaire. Jâavais commencé au début des années 60. Et jâavais aussi de petits jobs de traduction ou comme dactylo temporaire, et il y avait eu aussi Agrexco pendant plus de deux ans, de 1963 à presque 66.

Câest assez paresseusement que je répondis à une annonce demandant une dactylo bilingue anglais-français à plein temps. Comme lâadresse indiquée était une boite postale, je ne savais pas de qui il sâagissait et lorsque je reçus une convocation, je vis sur lâenveloppe quâelle émanait du Musée de Tel-Aviv.

Ah, me dis-je voilà qui doit être intéressant.

Je venais juste de me découvrir une vocation dâartiste ; jâavais acheté tout le matétiel nécessaire et je peignais de petites toiles, comme ça, pour mâamuser ; jâen garnissais les murs de la maison, jâen faisais cadeau à des amis ; je nâen ai jamais vendu car je ne prenais pas cette occupation très sérieux. Câétait juste un passe-temps agréable et coloré. David aussi fut piqué par la mouche artistique et à nous deux, nous nous mîmes à décorer les chambres par des fresques et des peintures à même le mur. David peignit un magnifique joker, dâaprès une carte à jouer, qui fit lâadmiration de tous ceux qui venaient faire un rami avec nous. Alors, lâinvitation du Musée de Tel-Aviv me parut une coïncidence de bon augure.


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