Ary manie l'humour à l'orientale avec éclat
A LE VOIR débouler en gesticulant sur une musique orientale, vif, nerveux, grimaçant, on pense forcément à Louis de Funès dans « Rabbi Jacob ». La comparaison rend fou de joie Ary, dont le premier one-man-show au Temple draine un public enthousiaste. « De Funès, c'est le génie absolu de la profession.
Il ne se passe pas une semaine sans que je regarde ses films. Aujourd'hui encore, c'est mon idole », confie ce jeune humoriste de 30 ans. Né en banlieue parisienne dans une famille d'origine juive tunisienne, Ary a puisé dans son entourage haut en couleurs la matière des sketches qu'il interprète. Une galerie de personnages hilarants qu'il restitue avec justesse, drôlerie et jubilation. On y croise une mère juive envahissante, un dragueur de boîte de nuit mythomane, un hypocondriaque, un ex-toxicomane repenti, des douaniers israéliens paranoïaques, l'oncle Jojo qui ne jure qu'en arabe...
« J'ai découvert qu'avec le rire, on pouvait amadouer tout le monde » S'il épice ses textes d'expressions et d'intonations typiquement tunisiennes, il sait faire rire tout le monde, au-delà du cadre communautaire. « Quand je glisse un mot en arabe, c'est souvent un juron, et je m'efforce d'expliquer tout de suite ce dont il s'agit », explique-t-il. Et ça marche ! A l'instar d'un Elie Kakou ou d'un Michel Boujenah, qui lui a prodigué de précieux conseils au début de sa carrière, Ary a le don de rendre universel son comique à l'orientale.
C'est d'ailleurs en faisant rire une institutrice avec un poème de Baudelaire récité à sa sauce que le p'tit gars de Sarcelles prend conscience un jour de sa vocation. « J'ai découvert qu'avec le rire, on pouvait amadouer tout le monde », se souvient-il. Adolescent, armé de ses premiers sketches, Ary se produit dans les clubs de région parisienne. « J'entendais Michel Boujenah parler de sa famille, je me suis dit que j'avais moi aussi des choses à raconter ». Pour gagner sa croûte, à 19 ans, il se fait chauffeur de taxi, une autre école du rire. « J'observais les gens, je discutais avec eux dans la voiture et je leur jouais parfois des sketches en conduisant ».
L'impresario Eddie Marouani lui met alors le pied à l'étrier. Le public des cafés-théâtres parisiens accroche, le one-man-show se rôde, Ary s'épanouit. « Pour moi, constate-t-il, c'est un bonheur de jouer et d'être sur scène ». Un plaisir qu'il va d'ailleurs peut-être ressentir bientôt au cinéma. En découvrant son faux air d'Aldo Maccione, Philippe Clerc, qui réalisa plusieurs films avec le comique italien, lui a en effet proposé un rôle dans son prochain long métrage.
« Ary fait son spectacle », le dimanche et le lundi à 20 h 30 au théâtre Le Temple, 18, rue du Faubourg-du-Temple, Paris X e . Prix : 30 â¬. Réservations : 01 43 38 23 26. Jusqu'au 28 juin.
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