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Projetée à Tel-Aviv

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Projetée à Tel-Aviv
Projetée à Tel-Aviv, "La Passion du Christ" déclenche fous rires et colères

LE MONDE | 28.12.04 | 13h38

Jérusalem de notre correspondante

C'est avec indifférence, et parfois dégoût face à ses outrancières effusions d'hémoglobine, que les spectateurs israéliens ont accueilli le film de Mel Gibson La Passion du Christ. Ce même film avait pourtant été dénoncé par de nombreuses organisations juives comme antisémite, car il rend les juifs, plutôt que le Romain Ponce Pilate, responsables de la crucifixion de Jésus-Christ. La Passion du Christ a été projetée à Tel-Aviv la veille de Noël, vendredi 24 décembre, soit presque un an après sa sortie aux Etats-Unis, sur DVD. Le film n'est en effet pas distribué en Israël, non pas pour cause de censure mais parce qu'il n'y a pas suscité d'intérêt commercial.

"Nous tenions à ce que les spectateurs israéliens puissent voir ce film, bien qu'il ait été l'objet d'une controverse, en particulier pour ses aspects antisémites, car nous croyons en la liberté d'expression", a déclaré au Monde Alon Garbuz, le directeur de la Cinémathèque, un complexe de salles public qui a organisé une projection unique et à but non lucratif.

Visiblement révulsée par plus de deux heures de scènes de torture du Christ, la salle s'est aussi esclaffée lorsque Maia Morgenstern (Marie) et Monica Bellucci (Marie- Madeleine) priaient en hébreu, qui, à en croire les fous rires, n'est pas la langue maternelle des deux actrices. Le reste du dialogue, en araméen et en latin, a laissé les spectateurs de marbre.

"UN "SNUFF MOVIE", NI PLUS NI MOINS"

"J'ai trouvé ce film complètement idiot et répugnant. L'utilisation de l'araméen ne m'a pas du tout incitée à entrer dans le film", a estimé Miri Magnus, une retraitée. "Je pense aussi que c'est un film dangereux qui peut influencer les âmes sensibles. Même si les juifs avaient tué Jésus, ce qui en soit n'est pas si important car les juifs peuvent se tuer entre eux, j'ai bien peur que certains chrétiens fondamentalistes voient en ce film la vérité absolue", a-t-elle continué. Pour Amnon Schwartz, un jeune cinéaste, le film de M. Gibson "n'est ni plus ni moins qu'un snuff movie", un film illégal d'un viol ou d'un meurtre réel.

Le film a été suivi par un débat portant davantage sur son manque de rigueur théologique que sur sa représentation des juifs comme déicides. "M. Gibson a fait de la Crucifixion un thème central alors qu'elle n'est mentionnée qu'une seule fois dans le Nouveau Testament. Et quel être humain peut porter une croix qui pèse plus de 150 kilos ?", a remarqué Joe Zias, un anthropologue.

"Aucune source théologique ne décrit de tels actes de torture. Je n'ai reconnu dans ce film ni Jésus l'homme ni Jésus le croyant, mais bien un hamburger", a noté Evyatar Marinberg, un spécialiste en théologie à l'université de Tel-Aviv.

David Satran, qui enseigne l'histoire des religions à l'Université hébraïque de Jérusalem, s'est inquiété de l'impact de ce film sur les non-chrétiens. "Je pense que ce film est tout aussi antichrétien qu'il est antisémite. Comment mes étudiants pourraient-ils éprouver quelque empathie pour Jésus, dont le message n'est absolument pas exposé dans ce film ? Le film de M. Gibson semble ne cautionner que la violence et le martyre." - (Intérim.)

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 29.12.04

© Le Monde 2004


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