Dinah mâa raconté â Le voeu de lâaveugle
Par Paule-Hélène Szmulewicz pour Guysen Israël News
Mardi 9 mai 2006 Ã 23:30
Dinah mâa raconté une histoire, deux histoires, trois histoires⦠dix histoires, et jâen ai retenu uneâ¦
Câest lâhistoire dâun aveugle qui vivait dans un petit village il y a une bonne centaine dâannées.
Il vivait modestement avec sa femme.
Dans beaucoup dâhistoires, tout commence modestement.
Tôt le matin, été comme hiver, il se rendait à la synagogue, une simple synagogue avec des bancs en bois rangés autour de la Téva. Il ne manquait pas un jour.
Ni les pluies du mois de heshvan (novembre) ni le grand froid de tévèth (janvier), ni les torrides chaleurs de tamouz et av (juillet-août) ne lâempêchaient de se rendre à la maison de prière.
Il priait le matin, il priait minha en début dâaprès-midi, et il retournait le soir pour maariv. Il ne demandait rien, il priait lâEternel, il remerciait et il sortait.
En voyant tant dâassiduité, lâEternel voulut lui octroyer un voeu.
Un jour, en fin dâaprès midi, au moment où le soleil va disparaître sous la ligne de lâhorizon, lâaveugle sortit de la synagogue en tâtonnant de son bâton le trottoir dont il connaissait chaque pavé.
Eliahou HaNavi lui apparut et lui dit :
-âlâEternel veut te récompenser de tout lâamour que tu mets dans tes prières, tu peux faire un voeu et il se réaliseraâ.
-âTu imagines, lui dit lâaveugle, le voeu que je voudrais formuler. Ce serait pour moi une joie immense de voir le monde, les arbres qui mâentourent, les couleurs des fleurs, les rues où je passe chaque jour, les hommes qui prient dans cette synagogue⦠mais laisse-moi réfléchir, je te donnerai la réponse demain.â
Eliahou HaNavi accepta dâattendre le lendemain que lâaveugle formule son voeu.
Sur le chemin de la maison, lâaveugle plongé dans ses réflexions savait quâil ne pouvait penser quâà lui-même, il fallait quâil demande lâavis de sa femme sinon elle le lui reprocherait. Certes son souhait de découvrir le monde le remplissait de joie et dâémotion, mais son épouse saurait le conseiller.
-âTu es fou, lui dit-elle. Comment est-ce que tu peux demander la vue alors que nous nâavons pas dâenfant. Voilà déjà plusieurs années que nous sommes mariés et que nous attendons⦠et les années passent. Si tu as un voeu à faire câest celui de dâavoir un enfant.â
La femme sans doute avait raison, câétait sûrement plus important dâavoir un enfant que de demander la vue.
Soudain, lâaveugle se mit à penser à la mère de sa femme. âOÿ va voÿâ se dit-il, que dira-t-elle si je ne la met pas au courant de ce voeu?
Le voilà donc en route pour aller sâenquerrir de son avis, dâailleurs sâil ne le faisait pas celle-ci se fâcherait.
Il alla donc lui parler de son voeu de recouvrer la vue et celui de sa femme dâavoir un enfant.
La bonne vieille lui dit: -âToi tu es un imbécile et ma fille aussi. Recouvrer la vue? Avoir un enfant? Ce nâest pas ça quâil faut demander. Regarde comme tu es pauvre. Tu as de vieux habits, ta maison se délabre de jour en jour, et tu as tout juste de quoi manger. Ce que tu dois demander câest la richesseâ.
En sortant de chez sa belle-mère, lâaveugle se trouvait bien embarrassé.
Il devait donner sa réponse le lendemain matin et il ne savait quoi décider.
-âMon D-ieu, viens-moi en aide, je ne sais pas quel voeu choisir, viens-moi en aide pendant mon sommeil, mets en moi lâintelligence et la raison qui me permettront de formuler le voeu le plus sageâ.
Sur cette prière, lâaveugle sâendormit.
Le lendemain matin, sur le chemin de la synagogue, lâaveugle avec son bâton qui le précédait, marchait lentement pour aller trouver Eliahou HaNavi.
-âTu as réfléchi, tu as dormi, peux-tu maintenant dire quel voeu souhaiterais-tu voir se réaliser? Lui demanda Eliahou HaNavi.
Lâaveugle put répondre avec toute la sagesse qui brillait dans ses yeux :
-â Je veux voir mon enfant manger avec une cuillère en orâ.
Eliahou HaNavi lui dit :
-âBrave homme, tu es très fort et plein de sagesse, tu as réussi à formuler trois voeux en un seul.
Tu dis que tu veux âvoirâ, tu verras⦠âton enfantâ, tu auras un enfant⦠âmanger avec une cuillère en orâ, tu auras la richesse.
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