! S'authentifier Créer un nouveau compte

LE FRUIT DE MON LABEUR

Auteur albert 
LE FRUIT DE MON LABEUR


LE FRUIT DE MON LABEUR.


Au début, j'étais simple écolier. Arrivé à la fin de mon cursus scolaire, au printemps 1961, c'est à dire à la fin de ma deuxième seconde, le conseil de classe réunit en urgence à l'O.N.U, annota sur la marge de mon carnet scolaire cette phrase sibylline qui me resta clouée dans ma mémoireâ¦'â¦Nouvelle orientationâ¦' Mais on ne me dit pas laquelle. Bref, je fus tout bonnement renvoyé sans ménagement et sans honneur.

Mon papa, grâce à ses connaissances, me dénicha un petit job dans l'entreprise où il travaillait -Les Etablissements de carrelages Boublil Neveux et fils- du côté de Dubosville, dans la banlieue de Tunis, pas très loin de Mégrine. Pour un salaire de 65 Dinars soit environ 700 frs. Le fruit de mon labeur fut donc estimé à sa juste valeur en tant que petit scribouillard.

Ma maman à l'affût, arguant avec force de sentiment, qu'elle me donnait à manger, me logeait, cousait les chaussette neuves etc⦠me préleva tous les mois la moitié de mon 'salaire de la colère'. Je fus le seul, parmi mes frères, à être gratifié de cet honneur. Plus tard, c'est à dire aujourd'hui, ils payent le retard qui leur est dû sans intérêt tandis que moi, croyant être délivré de cette dîme, je pourvois toujours mensuellement aux charges et autres, de ma mère.

Bref, pour ma maman, je me couperai en mille morceaux pour satisfaire ses besoins, bon disons en quatre afin de ne pas faire trop de miettes par terre et du mauvais sang sur le parquet. Les impôts devraient prendre de la graine chez elle car c'est la seule chose qu'elle sait bien tenir; les comptes. Une 'bsal ou loubia' peut brûler mais pas l'oubli de son dû. Elle motive tous les mois sa demande avec beaucoup de justesse puisqu'elle ne bénéficie ni de retraite ni de pension de veuvage. Aujourd'hui, mes frères sont assujettis à payer leur quote-part.

Bref, par la suite le fruit de mon labeur augmenta quand je démissionnais de cette entreprise de bâtiment, trois plus tard, pour aller travailler au journal la Presse en tant qu'aide comptable. Je touchais la modique somme de 75 Dinars. Maman, toujours aux premières loges, réclama la moitié.

Sans broncher, je consentis à ce partage. Quatre ans plus tard, on me proposa quelques cours d'éducation physique à dispenser à l'ORT, de l'Ariana. Entre 12 heures 30 et 14 heures 30.

Ces quelques vacations m'étaient payées pour 45 Dinars. Je ne dis mot à ma mère mais voyons mon train de vie augmenter, me ditâ¦.

'â¦.C'est bizarre, on dirait que tu gagne plusâ¦!'
'â¦.A quoi vois-tu ça mamanâ¦?'
'â¦.L'instinct d'une mère..!'

Qu'elle me rétorquaâ¦.!

Les pépins de la colère montèrent en moi. Elle touchait donc comme une associée, 60 Dinars.

Les besoins d'un jeune de mon âge étaient connus, habillement, sorties le soir, cadeaux anniversaires ont vite fais de 'dilapider' le peu qui me restait. Mes fins de mois en souffraient et je m'adressais à elle, avec beaucoup de réticence quelques fois, pour un prêt remboursable. Ce qui donnait ceciâ¦

'â¦Qu'as tu fais avec ton salaireâ¦?'

Je devais donc justifier mes dépenses, pour ce petit complément qui ne dépassait pas les 5 Dinars.
Je lui inventais donc de faux prétextes.

Ainsi donc, pour éviter les tracasseries douanières, je changeais de prêteur afin de ne pas attirer les remarques de ma progéniture, à mon ami Dédé Journo, le fils du restaurateur célèbre en casse-croûte AZAR, rue Ali Bach Hamba, juste en face du journal.

Dédé était aussi employé dans la même entreprise et nous partagions le même bureau. Cela dura jusqu'en 1971. Suite aux déboires de notre PDG, et au séquestre de la société, je fus contraint quelques mois plus tard, à démissionner de mon poste sans indemnité ni avantage par la nouvelle administration qui ont tout fait pour se débarrasser du dernier mohican juif que j'étais. Entre temps mon papa m'avait demandé d'intégrer sa petite marbrerie qui commençait à prendre de l'ampleur. Il ignorait l'établissement des formalités administratives d'import de matière première et autres paperasseries bancaires.

Maman voyait d'un mauvais Åil cette nouvelle affectation, pour la bonne raison que son petit dû allait lui échapper. Effectivement, je n'avais plus de fiche de paye mais je me servais directement, sans rendre des comptes à mon père, dans la caisse. Le fruit de mon nouveau job était à présent entièrement dévolu, dans ma poche. J'ai donc mis 13 ans pour cesser de partager cette dîme.

Mes besoins se sont donc multiplié proportionnellement, puisque je roulais à présent en 'jet privè' et que je fréquentais la grande 'jet-society' et les dancings branchés de la côte. Plus les filles avec qui j'étais généreux

Aujourd'hui, baroukh achemâ¦Grâce au fruit de mon labeur, gagné honorablement et honnêtement, là où j'ai vécu, et à la pierre surtout, j'ai pu économiser pour le bien de mes enfants car vous n'ignorez pas que les fruits de notre sueur appartiendrons à nos enfants. Un jour.

Je me dis, souvent, merci mon D ieu, comme c'est beau les 'â¦FRUITS DE LA VIEâ¦.!'



ALBERT
Seules les personnes enregistrées peuvent poster sur ce forum. Pas encore enregistré(e) ? cliquez sur S'authentifier ci-dessus.






HARISSA
Copyright 2000-2024 - HARISSA.COM All Rights Reserved