ILS ONT FAILLI MâAVOIR
Par Judith Weber pour Guysen Israël News
12 avril 2004 / 23:30
Oui, câest vrai, ils ont failli mâavoir. Ils ont failli réussir à éradiquer ce qui me restait de confiance en moi-même, ce qui me restait dâespoir en la nature humaine. Ce raz-de-marée mondial de haine et de violence mâavait laissée sans souffle, mâavait complètement submergée dans une stupéfaction pleine de désespoir et dâincompréhension.
Jâai été pendant un certain temps complètement paralysée moralement par ces coups de boutoir répétés et mortels qui ne reculaient pas à utiliser des enfants dans leur oeuvre de mort.
Mais oui, ils ont failli mâavoir. Parce que jâen suis arrivée à me dire âA quoi bon lutter ? A quoi bon écrire ? A quoi bon protester ? A quoi bon ruer dans les brancards ? On piétine dans de lâeau en fin de compte !â En ce qui me concerne, la vie décente, lâavenir rose, le monde insouciant, câétait foutu.
Mais qui suis-je donc pour tout ramener à mes considérations personnelles et prendre sur mes épaules toutes les souffrances du monde? Je ne suis, après tout quâune petite voix enrouée parmi tant dâautres, juste un petit pion sur le grand échiquier galactique, juste un infime grain de sable anonyme sur la grande plage de lâocéan universel. Alors?
Alors, câest justement sur une plage que je me suis réveillée. Hier, au cours dâune réunion fortuite avec des amis de France qui ont réussi à me trainer dans un restaurant au bord de la mer, jâai émergé de ce gouffre obscur où jâavais plongé. Et jâai regardé autour de moi avec stupeur. Des bateaux, toutes voiles dehors, voguaient pas très loin, des enfants faisaient des châteaux de sable sur la plage, des jeunes gens se lançaient un ballon avec des cris de joie, des cerfs-volants décrivaient des arabesques bariolées dans le ciel, des familles attablées sur les terrasses dégustaient des plats parfumés dans un joyeux brouhaha de vaisselle et de conversations animées⦠Câétait sympathique tout ça. Câétait même mieux que ça. La vie continuait. Et, ô suprême spectacle, un tas de drapeaux bleu et blanc claquaient dans le vent.
Jâai dû mettre des lunettes noires pour cacher mes larmes. Je me suis soudain sentie tellement fière dâappartenir à ce peuple que rien ne semble abattre, qui réagit aux coups de poignard avec - si dans le coeur une profonde souffrance, - une insouciance affectée qui ne trompe personne.
Alors, me revoilà . Ma petite voix enrouée jointe à toutes les autres voix enrouées aidera dans son humble mesure à produire le cri qui montera vers le ciel. Le petit pion que je suis fera avec tous les autres petits pions que nous sommes lâeffort nécessaire pour assurer lâ âéchec et matâ de cette cruciale partie dâéchecs. Et le petit grain de sable anonyme, avec tous les autres petits grains de sable, prendra soudain une importance incontestable. Et je continuerai à lutter, à protester, à écrire, à ruer dans les brancards. Pour que les enfants puissent continuer à bâtir des châteaux de sable sur la plage, pour que les jeunes puissent continuer à jouer au ballon, pour que les cerfs-volants continuent à jeter des notes multicolores dans le ciel et surtout, surtout pour que les drapeaux bleu et blanc puissent continuer à claquer dans le vent.
Vous vous rendez compte ? Ils ont failli mâavoir !
NON ILS NE NOUS AURONT PAS NOUS CONTINUERONS A VIVRE , A VOIR TOUT CE QUI EST BEAU ET PUISSANT DANS NOTRE MAGNIFIQUE PAYS !!! NON ILS NE REUSSIRONT PAS A NOUS ENLEVER CETTE ENVIE DE VIVRE NI MEME CETTE JOIE DE VIVRE !!! NON ILS NE REUSSIRONT PAS A NOUS TRAINER VERS CETTE CULTURE DE MORT !!! NOUS AIMONS LA VIE ET QUE LA VIE !!! LEHAYM !!!
