L AFP en question !!!

LâAFP, vecteur dâune certaine recherche en gĂ©opolitique
Par le Professeur David Ruzié pour Guysen Israël News
2 juin 2004 / 21:48


Au lendemain des Ă©vĂ©nements sanglants survenus en Arabie saoudite, durant le dernier week-end, lâAFP a diffusĂ© (lundi 31 mai â 18h 45) un communiquĂ© indiquant que selon des « analystes » : « le Moyen-Orient est entrĂ© dans un engrenage sanglant qui ne peut que sâaggraver », comme en tĂ©moignent : « otages Ă©gorgĂ©s, dĂ©capitation filmĂ©e, cadavres mutilĂ©s et exhibĂ©s, sĂ©vices contre les prisonniers » (prĂ©cisons que les cadavres en question ne sont pas ceux des militaires israĂ©liens dans la Bande de Gaza, mais ceux dâoccidentaux tuĂ©s en Irak).


Au passage, on relèvera, dès lâabord, que lâagence de presse française met sur le mĂŞme plan les atrocitĂ©s commises par des terroristes en Arabie saoudite et en Irak et les « sĂ©vices » (tiens, on ne parle plus â provisoirement - de torturesâ¦) imputables aux forces amĂ©ricaines.

Mais, ce qui est plus affligeant, câest la complaisance avec laquelle lâAFP sert de vecteur Ă  la pensĂ©e de chercheurs arabes.

Tout dâabord, et longuement, lâAFP donne la parole Ă  un politologue Ă©gyptien, Diaa Rachwane.
Selon ce « spĂ©cialiste des mouvements islamistes », « cette violence qui franchit Ă  chaque fois un nouveau palier dans lâhorreur sâexplique par le fait que la guerre ouverte entre les Etats-Unis » (car, sans doute, les autres Etats ne sont pas concernĂ©s) « et leurs adversaires, notamment islamistes » (tiens, il nây aurait pas que les islamistesâ¦) « semble ne plus obĂ©ir Ă  aucune règle ».
Il est vrai â et lâon va de dĂ©couverte en dĂ©couverte â « quâaprès le 11 septembre, les Etats-Unis ont proclamĂ© la guerre contre un ennemi numĂ©ro un, le terrorisme, qui nâest pas clairement dĂ©fini » (câest nouveauâ¦).

De plus, pour ce chercheur dâun centre dâĂ©tudes stratĂ©giques Ă©gyptien, « le théâtre des opĂ©rations nâest pas non plus limitĂ©, contrairement aux guerres conventionnelles, lâobjectif nâest pas clair et, surtout, cette guerre nâest pas rĂ©gie par les lois internationales ou toutes autres règles Ă©thiques » (bref, de lĂ  Ă  dire que les Etats-Unis nâont « ni foi, ni loi »â¦.).
Il nây a « pas de règles contrĂ´lant la violence, de part et dâautre » et « la situation sâapparente au chaos ».

Pour ce brillant chercheur (qui a fait, effectivement, des dĂ©couvertes ahurissantes) « la violence est devenue structurelle et ne peut que sâintensifier ».
Câest ce qui explique, selon lui, « les sĂ©vices et les humiliations et tortures » (ah ! quand mĂŞme) « infligĂ©s par les forces amĂ©ricaines aux dĂ©tenus en Irak » ainsi que la « violence hystĂ©rique des groupes anti-amĂ©ricains» (voilĂ  que notre analyste se montre bien sĂ©vère).

Il est vrai que du cĂ´tĂ© des mouvements islamistes Ă©galement, « lâennemi nâest pas clairement dĂ©fini ; il peut ĂŞtre lâOccident en gĂ©nĂ©ral, les Etats-Unis ou IsraĂ«l » et « leurs objectifs sont en outre peu clairs et le théâtre de leurs opĂ©rations sâĂ©tend au monde entier ».

On ne pourra que rendre hommage au souci de maintenir, ainsi, la balance Ă©gale entre les Etats-Unis et leurs adversaires, dâautant plus que « ces mouvements islamistes se sentent menacĂ©s et dans le mĂŞme temps impuissants, câest pourquoi ils choisissent des objectifs faciles, comme les civils occidentaux ou les installations pĂ©trolières, car ils ne peuvent sâen pendre Ă  leur vĂ©ritable ennemi ».

Bien que lâaffrontement entre IsraĂ©liens et terroristes palestiniens ne soit pas Ă©voquĂ©, on relèvera la mĂŞme accusation de disproportion entre le prĂ©judice subi et la rĂ©action de lĂ©gitime dĂ©fense : la mutilation et lâexhibition des corps de deux civils amĂ©ricains, tuĂ©s, le 31 mars dernier, dans la « ville rebelle sunnite » de Falloujah ont provoquĂ© « un siège de la localitĂ© par les forces amĂ©ricaines et des combats qui ont fait plus de 280 tuĂ©s du cĂ´tĂ© irakien » (On ne peut sâempĂŞcher dâĂ©voquer les accusations de disproportion lancĂ©es contre IsraĂ«l, après la cinquante de tuĂ©s palestiniens, dont seulement une dizaine de civils, au bout de 15 jours de ratissage dans la Bande de Gaza, Ă  la suite de la mort de 13 militaires israĂ©liens).

Enfin, au nom, sans doute de la paritĂ©, câest une sociologue libanaise, Dalal Bizri, basĂ©e au Caire, qui livre le fruit de sa rĂ©flexion. Elle estime que « la symbolique spectaculaire comme dans le cas de lâexĂ©cution au sabre filmĂ©e en vidĂ©o sert Ă  compenser la faiblesse de ces groupes islamistes » (on ne peut sâempĂŞcher de penser Ă  ce pauvre David contre Goliath, mais on est loin de la frondeâ¦).

Cette sociologue sait Ă©galement compter, ce qui lui permet de dire que « la symbolique spectaculaire compense le nombre restreint de victimes ». « Ils cherchent Ă  faire peur en tuant une seule personne, mais dâune manière atroce » (concède-t-elle). Le Caire Ă©tant loin de New York, elle oublie, sans doute, alors que son collègue Ă©gyptien a, lui, Ă©voquĂ©, le 11 septembre, que les Etats-Unis ont rĂ©agi après la mort de plus de 3 000 civilsâ¦.

Bien Ă©videmment, face Ă  la faiblesse de ces groupes islamistes, les Etats-Unis « agissent en toute impunitĂ© », car « lâĂ©quilibre des forces est faussĂ© ». Et cet esprit pacifiste ne peut que dĂ©plorer ce « cercle vicieux de la violence », dans lequel « il nây a aucune force capable de dire arrĂŞtez, rĂ©flĂ©chissez, aucune voix qui appelle au dialogue ou Ă  la rĂ©flexion ».

Pour notre part, nous suggĂ©rons que lâAFP, entreprise publique, dont le dĂ©ficit est comblĂ© par le contribuable français, dĂ©gage, toutefois, quelques crĂ©dits pour parrainer une rencontre entre Bin Laden et George W. Bush. Mais, on nous reprochera de plaisanter alors que lâAFP ne faisait que rendre compte des rĂ©flexions dâesprits brillants qui, sans elle, risquaient dâĂŞtre ignorĂ©s du public francophone.


[www.guysen.com]